Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-09-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 septembre 1913 28 septembre 1913
Description : 1913/09/28 (A4,T12,N101). 1913/09/28 (A4,T12,N101).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248086s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 28 SEPTEMBRE 1913 M 101
Editorial
28 Septembre igij
De récents événements ont précisé l'orientation
de l'amitié franco-espagnole vers une alliance politi-
que, et l'opinion russe n'a pu que saluer, avec une
profonde satisfaction, cette première ébauche de la
solidarité latine. Une entente positive intervenue entre
l'Espagne et la France, accord cimenté par la parti-
cipation de l'Angleterre avait apparu déjà, il y a
quelque temps, aux yeux du grand homme d'Etat
qu'était Edouard VII, un complément indispensable
et logique de l'entente cordiale. Maritime par essence,
l'entente cordiale devait, de cette manière, s'étendre
dans la Méditerranée: après l'Espagne, l'Italie était
appelée à prolonger d'un chaînon de plus le système
politique que la presse allemande de l'époque quali-
fiait de chaîne anglaise, destinée à "encercler" l'Alle-
magne. Au cours d'une croisière méditerranéenne, !
faite, en apparence, pour charmer des loisirs royaux,
le souverain britannique avait jeté les bases de toute
une combinaison d',,ententes cordiales": des boule-
versements internationaux n'ont pas permis à ce
vaste plan de se réaliser d'emblée et dans toute son
ampleur; les complications marocaines avaient me-
nacé un moment d'altérer les bons rapports de l'Es-
pagne et de la France, et du .,tour de valse" franco-
italien il ne reste aujourd'hui que le souvenir des
illusions qui naissent, s'épanouissent et se dissipent
à la fin d'un bal. Ainsi, la solidarité latine intégrale
relève du domaine des espérances défuntes. Le rêve
politique d'Edouard VII et de bien des hommes
d'Etat français s'est arrêté aux frontières triplicien-
nes. Et, si l'Espagne est définitivement entrée dans
l'orbite diplomatique de la France et de l'Angleterre,
l'Italie, plus que jamais, à la suite de la crise bal-
kanique, resserre ses liens avec l'Allemagne. L'entre-
vue de Kiel, ce n'est que trop probable, a dû solida-
riser, sous une forme encore peut-être vague, les
visées germaniques et romaines sur l'Asie - Mi-
neure.
Il ne s'agit pas, ici, de rechercher les causes de
la dissonance, toujours plus accentuée, sur laquelle
s'est terminé le fameux "tour de valse": il ne nous
appartient qu'à formuler des regrets sincères au spec-
tacle de la faillite latine et qu'à énoncer un modeste
espoir de voir, un jour, la solidarité méditerranéenne
grouper les intérêts français, espagnols et italiens. A
exprimer ces regrets et ces vœux, il n'y a pas d'hé-
résie politique pas plus que de paradoxe internatio-
nal. L'Italie et la France ont beau faire partie de
deux systèmes radicalement distincts, opposés au
besoin, créés, d'ailleurs, pour assurer l'équilibre eu-
ropéen par leur opposition même: a priori aucune
cloison étanche ne sépare les puissances des deux
groupements internationaux pour esquisser entre
elles des rapports spéciaux; une éphémère entente
avait amené la Russie et l'Autriche à collaborer, en
1897, dans les Balkans, et cet exemple, au reste,
n'est que purement théorique—exemple de duo pos-
sible, alors même qu'il laisse subsister des diver-
gences en sourdine. Pratiquement, il est permis d'af-
firmer, sans la moindre exagération, que pour l'Italie
et la France, les perspectives d'une communauté
d'intérêts se déploient encore aujourd'hui, beaucoup
plus vastes qu'elles ne l'ont jamais été pour d'autres
puissances de la Duplice et de la Triplice. L'har-
monie franco-italienne n'est pas une chimère.
Il suffit d'envisager les points de contact pour
constater qu'ils ne constituent aucunement des points
de frottement ou de choc. En Afrique, l'action italienne
est nettement canalisée dans la Tripolitaine. En Al.
banie, elle se brise contre des résistances autrichien-
nes et, partiellement, grecques. Dans la question des
Iles, elle est en opposition violente avec les intérêts
helléniques. Et, par là, elle ne touche, en définitive,
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 28 SEPTEMBRE 1913 M 101
Editorial
28 Septembre igij
De récents événements ont précisé l'orientation
de l'amitié franco-espagnole vers une alliance politi-
que, et l'opinion russe n'a pu que saluer, avec une
profonde satisfaction, cette première ébauche de la
solidarité latine. Une entente positive intervenue entre
l'Espagne et la France, accord cimenté par la parti-
cipation de l'Angleterre avait apparu déjà, il y a
quelque temps, aux yeux du grand homme d'Etat
qu'était Edouard VII, un complément indispensable
et logique de l'entente cordiale. Maritime par essence,
l'entente cordiale devait, de cette manière, s'étendre
dans la Méditerranée: après l'Espagne, l'Italie était
appelée à prolonger d'un chaînon de plus le système
politique que la presse allemande de l'époque quali-
fiait de chaîne anglaise, destinée à "encercler" l'Alle-
magne. Au cours d'une croisière méditerranéenne, !
faite, en apparence, pour charmer des loisirs royaux,
le souverain britannique avait jeté les bases de toute
une combinaison d',,ententes cordiales": des boule-
versements internationaux n'ont pas permis à ce
vaste plan de se réaliser d'emblée et dans toute son
ampleur; les complications marocaines avaient me-
nacé un moment d'altérer les bons rapports de l'Es-
pagne et de la France, et du .,tour de valse" franco-
italien il ne reste aujourd'hui que le souvenir des
illusions qui naissent, s'épanouissent et se dissipent
à la fin d'un bal. Ainsi, la solidarité latine intégrale
relève du domaine des espérances défuntes. Le rêve
politique d'Edouard VII et de bien des hommes
d'Etat français s'est arrêté aux frontières triplicien-
nes. Et, si l'Espagne est définitivement entrée dans
l'orbite diplomatique de la France et de l'Angleterre,
l'Italie, plus que jamais, à la suite de la crise bal-
kanique, resserre ses liens avec l'Allemagne. L'entre-
vue de Kiel, ce n'est que trop probable, a dû solida-
riser, sous une forme encore peut-être vague, les
visées germaniques et romaines sur l'Asie - Mi-
neure.
Il ne s'agit pas, ici, de rechercher les causes de
la dissonance, toujours plus accentuée, sur laquelle
s'est terminé le fameux "tour de valse": il ne nous
appartient qu'à formuler des regrets sincères au spec-
tacle de la faillite latine et qu'à énoncer un modeste
espoir de voir, un jour, la solidarité méditerranéenne
grouper les intérêts français, espagnols et italiens. A
exprimer ces regrets et ces vœux, il n'y a pas d'hé-
résie politique pas plus que de paradoxe internatio-
nal. L'Italie et la France ont beau faire partie de
deux systèmes radicalement distincts, opposés au
besoin, créés, d'ailleurs, pour assurer l'équilibre eu-
ropéen par leur opposition même: a priori aucune
cloison étanche ne sépare les puissances des deux
groupements internationaux pour esquisser entre
elles des rapports spéciaux; une éphémère entente
avait amené la Russie et l'Autriche à collaborer, en
1897, dans les Balkans, et cet exemple, au reste,
n'est que purement théorique—exemple de duo pos-
sible, alors même qu'il laisse subsister des diver-
gences en sourdine. Pratiquement, il est permis d'af-
firmer, sans la moindre exagération, que pour l'Italie
et la France, les perspectives d'une communauté
d'intérêts se déploient encore aujourd'hui, beaucoup
plus vastes qu'elles ne l'ont jamais été pour d'autres
puissances de la Duplice et de la Triplice. L'har-
monie franco-italienne n'est pas une chimère.
Il suffit d'envisager les points de contact pour
constater qu'ils ne constituent aucunement des points
de frottement ou de choc. En Afrique, l'action italienne
est nettement canalisée dans la Tripolitaine. En Al.
banie, elle se brise contre des résistances autrichien-
nes et, partiellement, grecques. Dans la question des
Iles, elle est en opposition violente avec les intérêts
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