Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-08-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 août 1913 31 août 1913
Description : 1913/08/31 (A4,T12,N97). 1913/08/31 (A4,T12,N97).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480824
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
UEVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
----- -- _u -- - -------- ---
QUATRIÈME ANNÉE
SAMEDI 31 AOUT 1913
N2 97
Editorial
JI Août IÇIJ
Il y a quelques jours, le télégraphe apportait la
nouvelle d'une échauffourée entre troupes russes et
ottomanes sur la frontière turco-persane. Cet inci-
dent, au fond, ne fait que prolonger la série déjà
longue d'incidents semblables. Il ne constitue d'au-
cune façon un événement inédit. Aussi, s'il s'était
produit il y a un an ou même il y a quelques mois,
nous serions-nous bornés à déplorer une fois de plus
une manifestation nouvelle de turbulente anarchie
de la part des autorités militaires turques. L'incident
serait allé enrichir le catalogue d'aventures de fron-
tière où se complaît l'indiscipline de l'armée otto-
mane. Aujourd'hui ce sang-froid ne manquerait point
de paraître déplacé. Un fait, si spontanément brutal
qu'il soit, n'a, au point de vue politique, de valeur
que par les causes auxquelles il se rattache, par sa
filiation mystérieuse à des raisons lointaines et à des
mobiles secrets. Envisagé sous cet angle, le dernier
incident de frontière russo-turque devient éminem-
ment symptômatique. Il est défendu de l'enregistrer
sans commentaires.
La Turquie, il ne faut pas se le dissimuler,-
a remporté sur l'Europe une victoire éclatante. Il
suffit, pour s'expliquer la psychologie politique
actuelle de la Turquie, de se rapporter à la série de
tentatives stériles qui se sont, l'une après l'autre,
brisées contre les remparts d'Andrinople. C'est que
ces remparts, bâtis sur le plus solide des fondements,
l'absence de solidarité européenne, pouvaient défier
tous les efforts isolés. De nuance en nuance, l'inter-
vention de l'Europe a fini par perdre toute sa con-
sistance d'action coercitive. Des atermoiements, dus
à une sourde résistance des uns, à l'opposition sans
ambages des autres, ont fait avorter le seul moyen
de ramener la Turquie à la raison: celui de la force.
Tant qu'il n'y avait que deux ou trois escadrons d'ir-
réguliers commandés par un politicien aventureux,
Enver-Bey, dans les murs d'Andrinople, il eût suffi
de l'apparition d'une escadre en vue de Tchataldja
pour apporter au traité de Londres violé par les
Turcs la possibilité élégante d'une rapide exécution.
Mais le temps des manifestations navales quelque
peu efficaces est définitivement passé. D'action coer-
citive, calquée sur le précédent européen envers le
Monténégro, l'intervention européenne s'est ravalée
au projet de boycottage financier du Trésor ottoman,
projet mort - né grâce à l'attitude résolument hostile
des marchés tripliciens. L'envoi de délégués officiels
par la Bulgarie à Constantinople acheva le triomphe
de la Turquie. Il ne reste, des apothéoses bulgares
à Lozengrad et Lule-Burgas, que les cendres amères
d'un bonheur à peine entrevu. Mais les Bulgares ne
sont point les seuls vaincus de la crise orientale:
l'Europe également a battu en retraite sur tout le
front balkanique.
Il était un principe consacré par l'histoire en vertu
duquel tout territoire arraché à l'Empire Ottoman par
le Christianisme était considéré comme une conquête
définitive de la civilisation europénne sur l'Islam: cet
axiome se trouve abandonné avec la reprise d'Andri-
nople par les Turcs. Il était un principe dont le
Monténégro a douloureusement subi l'intransigeante
application, celui de la force obligatoire des arrêts
rendus par l'Europe: la légalisation au profit des
Turcs de la possession d'Andrinople infirme défini-
tivement l'imprescriptible autorité des décisions euro-
péennes. Faut-il s'étonner dès lors que la Turquie -,
brave les Puissances sur la rive droite de la Ma-,
ritza et que ses troupes, sur la frontière persane,
prennent pour cible des soldats russes? Les officiers
turcs ont beau présenter des excuses: elles sont
l'équivalent des filandreux salamalecs du grand Vizir
en réponse aux protestations des ambassadeurs contre
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
----- -- _u -- - -------- ---
QUATRIÈME ANNÉE
SAMEDI 31 AOUT 1913
N2 97
Editorial
JI Août IÇIJ
Il y a quelques jours, le télégraphe apportait la
nouvelle d'une échauffourée entre troupes russes et
ottomanes sur la frontière turco-persane. Cet inci-
dent, au fond, ne fait que prolonger la série déjà
longue d'incidents semblables. Il ne constitue d'au-
cune façon un événement inédit. Aussi, s'il s'était
produit il y a un an ou même il y a quelques mois,
nous serions-nous bornés à déplorer une fois de plus
une manifestation nouvelle de turbulente anarchie
de la part des autorités militaires turques. L'incident
serait allé enrichir le catalogue d'aventures de fron-
tière où se complaît l'indiscipline de l'armée otto-
mane. Aujourd'hui ce sang-froid ne manquerait point
de paraître déplacé. Un fait, si spontanément brutal
qu'il soit, n'a, au point de vue politique, de valeur
que par les causes auxquelles il se rattache, par sa
filiation mystérieuse à des raisons lointaines et à des
mobiles secrets. Envisagé sous cet angle, le dernier
incident de frontière russo-turque devient éminem-
ment symptômatique. Il est défendu de l'enregistrer
sans commentaires.
La Turquie, il ne faut pas se le dissimuler,-
a remporté sur l'Europe une victoire éclatante. Il
suffit, pour s'expliquer la psychologie politique
actuelle de la Turquie, de se rapporter à la série de
tentatives stériles qui se sont, l'une après l'autre,
brisées contre les remparts d'Andrinople. C'est que
ces remparts, bâtis sur le plus solide des fondements,
l'absence de solidarité européenne, pouvaient défier
tous les efforts isolés. De nuance en nuance, l'inter-
vention de l'Europe a fini par perdre toute sa con-
sistance d'action coercitive. Des atermoiements, dus
à une sourde résistance des uns, à l'opposition sans
ambages des autres, ont fait avorter le seul moyen
de ramener la Turquie à la raison: celui de la force.
Tant qu'il n'y avait que deux ou trois escadrons d'ir-
réguliers commandés par un politicien aventureux,
Enver-Bey, dans les murs d'Andrinople, il eût suffi
de l'apparition d'une escadre en vue de Tchataldja
pour apporter au traité de Londres violé par les
Turcs la possibilité élégante d'une rapide exécution.
Mais le temps des manifestations navales quelque
peu efficaces est définitivement passé. D'action coer-
citive, calquée sur le précédent européen envers le
Monténégro, l'intervention européenne s'est ravalée
au projet de boycottage financier du Trésor ottoman,
projet mort - né grâce à l'attitude résolument hostile
des marchés tripliciens. L'envoi de délégués officiels
par la Bulgarie à Constantinople acheva le triomphe
de la Turquie. Il ne reste, des apothéoses bulgares
à Lozengrad et Lule-Burgas, que les cendres amères
d'un bonheur à peine entrevu. Mais les Bulgares ne
sont point les seuls vaincus de la crise orientale:
l'Europe également a battu en retraite sur tout le
front balkanique.
Il était un principe consacré par l'histoire en vertu
duquel tout territoire arraché à l'Empire Ottoman par
le Christianisme était considéré comme une conquête
définitive de la civilisation europénne sur l'Islam: cet
axiome se trouve abandonné avec la reprise d'Andri-
nople par les Turcs. Il était un principe dont le
Monténégro a douloureusement subi l'intransigeante
application, celui de la force obligatoire des arrêts
rendus par l'Europe: la légalisation au profit des
Turcs de la possession d'Andrinople infirme défini-
tivement l'imprescriptible autorité des décisions euro-
péennes. Faut-il s'étonner dès lors que la Turquie -,
brave les Puissances sur la rive droite de la Ma-,
ritza et que ses troupes, sur la frontière persane,
prennent pour cible des soldats russes? Les officiers
turcs ont beau présenter des excuses: elles sont
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