Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-08-03
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 03 août 1913 03 août 1913
Description : 1913/08/03 (A4,T12,N93). 1913/08/03 (A4,T12,N93).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62480787
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 3 AOUT 1913 M 93 >
Editorial
3 Août igij
Une inquiétante fissure semblait s'être produite
dans les points de contact des deux nations "amies
et alliées". Kavala, adjugé à la Grèce malgré le voeu
unanime de notre diplomatie et de l'opinion natio-
nale en Russie, apparaissait comme un premier pas
de rapprochement entre Paris et Berlin contre l'inté-
rêt slave dans les Balkans. Malheureusement pour
tous ceux qui croient comme nous à l'efficacité de
l'Alliance, on pouvait aisément démontrer qu'il
ne s'agissait pas d'une "gaffe" commise au Quai d'Or-
say, mais d'une orientation nettement anti-slave, que
fomentait d'ailleurs une partie importante de la
presse française. Un vent d'atavisme paraissait souf-
fler dans la mentalité politique de la France, ressusci-
tant des sentiments et des points de vue que l'on
croyait enterrés sous les glacis de la "Tour Malakoff"
et les remparts de Sébastopol. On expliquait diver-
sement cette évolution pour le moins étrange d'un
esprit public que l'on voyait d'autre part disposé à
approuver même la reprise d'Andrinople par les Turcs.
C'était, disait-on, le produit de deux facteurs essen-
tiels: la finance en pays français avait beaucoup placé
d'argent en Grèce; d'autre part, l'accroissement de
l'Italie dans les eaux de la Mer Egée donnait à crain-
dre un trouble dans l'équilibre de la Méditerranée.
Cette dernière idée aboutissait à l'encouragement pré-
sumé de la France aux rêveries de la "Mégalé Idéa",
à l'impérialisme grec.
Une note tranquillisante, probablement officieuse,
a paru depuis dans les colonnes du Matin. On
nous dit: que ne parliez vous pas? Si M. Sazonoff
avait dit un mot à M. Delcassé, si M. Izvolsky avait
crié "cassecou" au Quai d'Orsay, nul doute que la
France n'eût soutenu la Russie dans la question
de Kavala. La Bulgarie n'aurait pas été amputée
d'un port nécessaire qui n'était qu'un faible équi-
valent pour les nombreuses populations slaves qui
seront dorénavant la proiee de l'Hellénisme mili-
tant.
Là-dessus le Novoyé Vrémia, commentant cette
note française, s'exprime dans son éditorial du 29
Juillet (11 Août) à peu près de la manière suivante:
,,Comment? une fois de plus c'est encore notre pro-
pre diplomatie qui nous a mis dedans par son inca-
pacité et son incurie notoire?" Laissons à notre diplo-
matie le soin de répondre à ces attaques et celui de
se disculper. Pour nous, à l'instant présent l'intérêt
poignant est ailleurs. Nous voyons un attrait de
premier ordre à la question suivante que pose le
courant même des choses: Comment se fait-il que la
diplomatie française se soit trouvée en collision absolue
avec la chancellerie russe la seule fois, où celle-ci était
en accord avec l'opinion publique de la Russie tout
entière? Car enfin, il faut bien accorder ce bon point
à nos diplomates: "ce merle blanc de nos rêves", nous
paraissions enfin le tenir. Ce que ces messieurs de-
mandaient, ce n'était ni "criminel Il, ni "lâche" au point
de vue de l'esprit national; ce n'était pas même "er-
roné"; bien plus, chose bien rare dans nos précé-
dents balkaniques, c'était juste, voire même néces-
saire. Et c'est précisément ce moment rarissime de
coïncidence entre l'esprit de la Russie et les tâtonne-
ments de sa diplomatie que le Gouvernement fran-
çais a choisi pour dire non!
L'élément capital au point de vue de l'Alliance
est, dans l'intérêt des deux pays, de pouvoir expli-
quer comment cela a bien pu se passer ainsi?
La raison en est dans les procédés surannés
de toute Ambassade; nous ne voulons pas du tout
parler spécialement de celle de France à St-Péters-
bourg; encore moins de l'éminent homme d'Etat qui
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIÈME ANNÉE SAMEDI 3 AOUT 1913 M 93 >
Editorial
3 Août igij
Une inquiétante fissure semblait s'être produite
dans les points de contact des deux nations "amies
et alliées". Kavala, adjugé à la Grèce malgré le voeu
unanime de notre diplomatie et de l'opinion natio-
nale en Russie, apparaissait comme un premier pas
de rapprochement entre Paris et Berlin contre l'inté-
rêt slave dans les Balkans. Malheureusement pour
tous ceux qui croient comme nous à l'efficacité de
l'Alliance, on pouvait aisément démontrer qu'il
ne s'agissait pas d'une "gaffe" commise au Quai d'Or-
say, mais d'une orientation nettement anti-slave, que
fomentait d'ailleurs une partie importante de la
presse française. Un vent d'atavisme paraissait souf-
fler dans la mentalité politique de la France, ressusci-
tant des sentiments et des points de vue que l'on
croyait enterrés sous les glacis de la "Tour Malakoff"
et les remparts de Sébastopol. On expliquait diver-
sement cette évolution pour le moins étrange d'un
esprit public que l'on voyait d'autre part disposé à
approuver même la reprise d'Andrinople par les Turcs.
C'était, disait-on, le produit de deux facteurs essen-
tiels: la finance en pays français avait beaucoup placé
d'argent en Grèce; d'autre part, l'accroissement de
l'Italie dans les eaux de la Mer Egée donnait à crain-
dre un trouble dans l'équilibre de la Méditerranée.
Cette dernière idée aboutissait à l'encouragement pré-
sumé de la France aux rêveries de la "Mégalé Idéa",
à l'impérialisme grec.
Une note tranquillisante, probablement officieuse,
a paru depuis dans les colonnes du Matin. On
nous dit: que ne parliez vous pas? Si M. Sazonoff
avait dit un mot à M. Delcassé, si M. Izvolsky avait
crié "cassecou" au Quai d'Orsay, nul doute que la
France n'eût soutenu la Russie dans la question
de Kavala. La Bulgarie n'aurait pas été amputée
d'un port nécessaire qui n'était qu'un faible équi-
valent pour les nombreuses populations slaves qui
seront dorénavant la proiee de l'Hellénisme mili-
tant.
Là-dessus le Novoyé Vrémia, commentant cette
note française, s'exprime dans son éditorial du 29
Juillet (11 Août) à peu près de la manière suivante:
,,Comment? une fois de plus c'est encore notre pro-
pre diplomatie qui nous a mis dedans par son inca-
pacité et son incurie notoire?" Laissons à notre diplo-
matie le soin de répondre à ces attaques et celui de
se disculper. Pour nous, à l'instant présent l'intérêt
poignant est ailleurs. Nous voyons un attrait de
premier ordre à la question suivante que pose le
courant même des choses: Comment se fait-il que la
diplomatie française se soit trouvée en collision absolue
avec la chancellerie russe la seule fois, où celle-ci était
en accord avec l'opinion publique de la Russie tout
entière? Car enfin, il faut bien accorder ce bon point
à nos diplomates: "ce merle blanc de nos rêves", nous
paraissions enfin le tenir. Ce que ces messieurs de-
mandaient, ce n'était ni "criminel Il, ni "lâche" au point
de vue de l'esprit national; ce n'était pas même "er-
roné"; bien plus, chose bien rare dans nos précé-
dents balkaniques, c'était juste, voire même néces-
saire. Et c'est précisément ce moment rarissime de
coïncidence entre l'esprit de la Russie et les tâtonne-
ments de sa diplomatie que le Gouvernement fran-
çais a choisi pour dire non!
L'élément capital au point de vue de l'Alliance
est, dans l'intérêt des deux pays, de pouvoir expli-
quer comment cela a bien pu se passer ainsi?
La raison en est dans les procédés surannés
de toute Ambassade; nous ne voulons pas du tout
parler spécialement de celle de France à St-Péters-
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