Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-06-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 juin 1913 08 juin 1913
Description : 1913/06/08 (A4,T11,N85). 1913/06/08 (A4,T11,N85).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248070x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATLUKMM ANNÉE
SAMEDI H JUIN 1 î) 13
N2 H 5
Editorial
8 Juin igij
Tandis que, du moins au moment où nous écri-
vons ces lignes, le projet d'une Conférence Balkanique
à St-Pétersbourg n'a pas encore acquis des adhésions
solidaires, la Conférence de Paris a la chance de
mettre en lumière une identité de vues entre les alliés
des Balkans. Vérité à Paris, erreur à St-Pétersbourg:
ce contraste suffirait pour révéler, sous un jour par-
ticulièrement cru, ce qu'il y a de douloureux et de
pénible dans les dissentiments entre deux pays que
rivent l'un à l'autre des intérêts indissociables.
A l'exigence d'une indemnité de guerre, réclamée
à la Turquie par la Confédération Balkanique, il est
difficile d'opposer des arguments convainquants. Il
importe assez peu, au point de vue de la justice
intrinsèque des réclamations balkaniques, que les ter-
ritoires annexés soient supérieurs aux projets les
plus ambitieux: il semble, au contraire, que plus une
victoire est considérable, plus la contribution de guerre
doit être onéreuse. Aussi, les nouvelles acquisitions
territoriales ne peuvent-elles logiquement et équitable-
ment compenser l'absence d'une contribution. Des
arguments de cette nature n'ont pas de valeur juridi-
que ni de portée morale.
Il est vrai qu'on invoque contre les prétentions
des Etats Balkaniques également la situation de fait
où se débat un pays épuisé, ravagé, ruiné, mais qui
constitue en même temps un gage de créances euro-
péennes. Sans doute, les Etats Balkaniques seraient
en droit de repousser par une fin de non recevoir
absolue les objections tirées d'intérêts étrangers. Mais
un non possumus aussi intransigeant ne serait qu'une
maladresse: il n'appartient pas pratiquement à de pe-
tits Etats du taire table rase de la politique financière
des grandes puissances. La meilleure des méthodes,
dans des cas où trop d'intérêts se heurtent à des
plaidoyers fondés sur le droit pur, consiste à se pla-
cer sur le même terrain essentiellement empirique et
à disséquer soigneusement jusqu'aux arguments a
priori les plus inacceptables.
Il convient tout d'abord d'insister sur le fait que
la détresse financière de la Turquie, en tant que pro-
voquée par la perte de ses vilayets européens, est un
leurre, une simple apparence, si l'on prend la peine
de se reporter la situation budgétaire de l'Empire
Ottoman avant sa défaite actuelle. Une débâcle mili-
taire n'est pas toujours nécessairement une débâcle
financière à proprement parler et, si paradoxal que
puisse sembler une affirmation de cet ordre, la Tur-
quie, au point de vue financier pur, a plutôt gagné à
laisser ses possessions européennes se détacher de
son tronc asiatique. Ces possessions n'ont jamais été
que des territoires parasites qui vivaient aux dépens
de la Turquie d'Asie dont elles drainaient, dans des
buts étrangers à la Turquie, les ressources devenues
actuellement libres. Ce n'est pas sur la Macédoine
que s'échaffaudait le budget ottoman. Il a toujours eu,
pour base unique et exclusive, les riches terrains de
l'Asie mineure, appelés, si la Turquie guérie de ses
aventures politiques, y concentre ses efforts, à deve-
nir un des pays les plus productifs de l'univers. Dans
ces conditions, il est permis de dire, sans la moindre
exagération, que la perte de ses territoires européens,
abstraction faite bien entendu de la blessure militaire,
de la meurtrissure d'amour-propre national, c'est-à-
dire envisagée exclusivement sous l'angle financier,
le seul, du reste, qui intéresse la Conférence de Pa-
ris, constitue un véritable allégement budgétaire
pour les finances de la Turquie. Les défaites turques
auront pour résultat de consolider le budget, de
l'affecter essentiellement aux besoins des vilayets d'où
se trouvent tirées les ressources.
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATLUKMM ANNÉE
SAMEDI H JUIN 1 î) 13
N2 H 5
Editorial
8 Juin igij
Tandis que, du moins au moment où nous écri-
vons ces lignes, le projet d'une Conférence Balkanique
à St-Pétersbourg n'a pas encore acquis des adhésions
solidaires, la Conférence de Paris a la chance de
mettre en lumière une identité de vues entre les alliés
des Balkans. Vérité à Paris, erreur à St-Pétersbourg:
ce contraste suffirait pour révéler, sous un jour par-
ticulièrement cru, ce qu'il y a de douloureux et de
pénible dans les dissentiments entre deux pays que
rivent l'un à l'autre des intérêts indissociables.
A l'exigence d'une indemnité de guerre, réclamée
à la Turquie par la Confédération Balkanique, il est
difficile d'opposer des arguments convainquants. Il
importe assez peu, au point de vue de la justice
intrinsèque des réclamations balkaniques, que les ter-
ritoires annexés soient supérieurs aux projets les
plus ambitieux: il semble, au contraire, que plus une
victoire est considérable, plus la contribution de guerre
doit être onéreuse. Aussi, les nouvelles acquisitions
territoriales ne peuvent-elles logiquement et équitable-
ment compenser l'absence d'une contribution. Des
arguments de cette nature n'ont pas de valeur juridi-
que ni de portée morale.
Il est vrai qu'on invoque contre les prétentions
des Etats Balkaniques également la situation de fait
où se débat un pays épuisé, ravagé, ruiné, mais qui
constitue en même temps un gage de créances euro-
péennes. Sans doute, les Etats Balkaniques seraient
en droit de repousser par une fin de non recevoir
absolue les objections tirées d'intérêts étrangers. Mais
un non possumus aussi intransigeant ne serait qu'une
maladresse: il n'appartient pas pratiquement à de pe-
tits Etats du taire table rase de la politique financière
des grandes puissances. La meilleure des méthodes,
dans des cas où trop d'intérêts se heurtent à des
plaidoyers fondés sur le droit pur, consiste à se pla-
cer sur le même terrain essentiellement empirique et
à disséquer soigneusement jusqu'aux arguments a
priori les plus inacceptables.
Il convient tout d'abord d'insister sur le fait que
la détresse financière de la Turquie, en tant que pro-
voquée par la perte de ses vilayets européens, est un
leurre, une simple apparence, si l'on prend la peine
de se reporter la situation budgétaire de l'Empire
Ottoman avant sa défaite actuelle. Une débâcle mili-
taire n'est pas toujours nécessairement une débâcle
financière à proprement parler et, si paradoxal que
puisse sembler une affirmation de cet ordre, la Tur-
quie, au point de vue financier pur, a plutôt gagné à
laisser ses possessions européennes se détacher de
son tronc asiatique. Ces possessions n'ont jamais été
que des territoires parasites qui vivaient aux dépens
de la Turquie d'Asie dont elles drainaient, dans des
buts étrangers à la Turquie, les ressources devenues
actuellement libres. Ce n'est pas sur la Macédoine
que s'échaffaudait le budget ottoman. Il a toujours eu,
pour base unique et exclusive, les riches terrains de
l'Asie mineure, appelés, si la Turquie guérie de ses
aventures politiques, y concentre ses efforts, à deve-
nir un des pays les plus productifs de l'univers. Dans
ces conditions, il est permis de dire, sans la moindre
exagération, que la perte de ses territoires européens,
abstraction faite bien entendu de la blessure militaire,
de la meurtrissure d'amour-propre national, c'est-à-
dire envisagée exclusivement sous l'angle financier,
le seul, du reste, qui intéresse la Conférence de Pa-
ris, constitue un véritable allégement budgétaire
pour les finances de la Turquie. Les défaites turques
auront pour résultat de consolider le budget, de
l'affecter essentiellement aux besoins des vilayets d'où
se trouvent tirées les ressources.
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