Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1913-03-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 mars 1913 16 mars 1913
Description : 1913/03/16 (A4,T11,N73). 1913/03/16 (A4,T11,N73).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6248058g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/06/2013
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIEME ANNÉE
SAMEDI 16 MARS 1913
Ne 73 >
Editorial
16 Mars igi3
L'incident qui vient de surgir récemment, à pro-
pos du communiqué concernant la démobilisation
austro-russe, entre le comte Berchtold, ministre des
Affaires Etrangères d'Autriche-Hongrie et le comte
Thurn-Valsassina, ambassadeur d'Autriche-Hongrie à
Saint-Pétersbourg, est peut être bien sans précédent
dans les annales diplomatiques.
Il est à espérer qu'il n'aura pas de suites fâ-
cheuses pour le comte Thurn et que celui-ci, malgré
les menaces viennoises, demeurera à son poste.
Il n'en reste pas moins vrai que le désaveu mo-
ral infligé par la Ballplatz à son représentant en
Russie est un événement infiniment significatif et qui
jette un jour singulier sur la mentalité de la diplo-
matie autrichienne, mentalité dont on pouvait peut-
être se douter, mais qu'on aurait, en tout cas, aimé
pouvoir ignorer officiellement. En quoi consiste exacte-
ment l'incident?
La Russie, désireuse de donner suite aux solli-
citations autrichiennes concernant une diminution des
effectifs, subordonnait—on le comprend sans peine -
son adhésion à la promesse que le cabinet de Vienne
étendrait sa „démobilisation" aux frontières serbo-
monténégrines. L'Autriche prétendait ne pas pouvoir
acquiescer à ce désir "pour de graves raisons d'ordre
intérieur".
C'est alors que le gouvernement russe, ne pou-
vant discuter ces raisons, par cela même que le ca-
binet de Vienne les qualifiait d'inférieures, et pour-
tant très disposé à la conciliation, se contenta de de-
mander au gouvernement autrichien de donner l'as-
surance qu'il ne nourrissait pas de desseins agres-
sifs contre ses voisins du Sud.
Pratiquement, la question fut posée au comte
Thurn par M. Sazonoff qui demanda au représentant
de l'Autriche-Hongrie s'il avait quelque objection à
faire à l' "addition" par laquelle le gouvernement
russe se proposait de compléter le communiqué
arrêté par Vienne et Saint-Pétersbourg.
L'ambassadeur répondit loyalement que rien,
dans les actes ni dans l'attitude de son gouverne-
ment, n'avait jamais pu éveiller de soupçon à cet
égard et qu'en vertu de ses pouvoirs, il adhérait for-
mellement à l'interprétation de M. Sazonoff.
Le comte Thurn était même si intimement con-
vaincu des intentions sincèrement pacifiques de son
gouvernement qu'il ne crut pas devoir en référer à
Vienne et qu'il prit de lui même l'initiative d'accep-
ter le point de vue de M. Sazonoff.
Or, le comte Berchtold ne l'entendait pas ainsi.
Désavouant, ou laissant ouvertement désavouer par
ses organes le comte Thurn, il proclama ainsi, pro-
bablement sans s'en apercevoir, qu'en dépit de toutes
les assurances solennelles qu'il n'avait cessé de don-
ner à l'Europe, il poursuivait des buts agressifs.
Pour la première fois, on a pu assister à ce spec-
tacle singulièrement pénible de voir un ambassadeur
désavoué pour avoir affirmé que son gouvernement
ne voulait pas la guerre. Nous ne qualifierons pas
cette attitude. Nous nous bornons à en appeler à
l'Europe consciente. Pour la première fois, la diplo-
matie autrichienne s'est prise dans ses propres filets;
elle pourra se retrancher derrière tous les sophismes:
elle n'effacera pas ce qui est aujourd'hui un fait: la
Ballplatz n'avait entendu proposer à la Russie une
diminution des effectifs que pour pouvoir menacer
avec efficacité les Serbes et les Monténégrins.
Il adviendra ce qui adviendra. L'aveu du comte
Berchtold restera et il est à espérer que la diplo-
matie de la Triple Entente saura ne pas l'oublier.
La loyauté n'est pas permise aux disciples de
Metternich. C'est un crime impardonnable que d'a-
baisser ses cartes devant un partenaire qui a abaissé
les siennes. Le comte Thurn a commis ce crime:
pour cela, Vienne réclame sa tête et le comte Berchtold
n'impose pas silence aux accusateurs.
C'est la deuxième équivoque qui, depuis le dé-
but de la redoutable crise que nous traversons, vient
jeter le doute et l'incertitude. La première avait été
celle de la mobilisation autrichienne. Aujourd'hui
c'est celle de la démobilisation. Dans les deux cas,
le comte Berchtold a perdu complètement le sang-
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS
QUATRIEME ANNÉE
SAMEDI 16 MARS 1913
Ne 73 >
Editorial
16 Mars igi3
L'incident qui vient de surgir récemment, à pro-
pos du communiqué concernant la démobilisation
austro-russe, entre le comte Berchtold, ministre des
Affaires Etrangères d'Autriche-Hongrie et le comte
Thurn-Valsassina, ambassadeur d'Autriche-Hongrie à
Saint-Pétersbourg, est peut être bien sans précédent
dans les annales diplomatiques.
Il est à espérer qu'il n'aura pas de suites fâ-
cheuses pour le comte Thurn et que celui-ci, malgré
les menaces viennoises, demeurera à son poste.
Il n'en reste pas moins vrai que le désaveu mo-
ral infligé par la Ballplatz à son représentant en
Russie est un événement infiniment significatif et qui
jette un jour singulier sur la mentalité de la diplo-
matie autrichienne, mentalité dont on pouvait peut-
être se douter, mais qu'on aurait, en tout cas, aimé
pouvoir ignorer officiellement. En quoi consiste exacte-
ment l'incident?
La Russie, désireuse de donner suite aux solli-
citations autrichiennes concernant une diminution des
effectifs, subordonnait—on le comprend sans peine -
son adhésion à la promesse que le cabinet de Vienne
étendrait sa „démobilisation" aux frontières serbo-
monténégrines. L'Autriche prétendait ne pas pouvoir
acquiescer à ce désir "pour de graves raisons d'ordre
intérieur".
C'est alors que le gouvernement russe, ne pou-
vant discuter ces raisons, par cela même que le ca-
binet de Vienne les qualifiait d'inférieures, et pour-
tant très disposé à la conciliation, se contenta de de-
mander au gouvernement autrichien de donner l'as-
surance qu'il ne nourrissait pas de desseins agres-
sifs contre ses voisins du Sud.
Pratiquement, la question fut posée au comte
Thurn par M. Sazonoff qui demanda au représentant
de l'Autriche-Hongrie s'il avait quelque objection à
faire à l' "addition" par laquelle le gouvernement
russe se proposait de compléter le communiqué
arrêté par Vienne et Saint-Pétersbourg.
L'ambassadeur répondit loyalement que rien,
dans les actes ni dans l'attitude de son gouverne-
ment, n'avait jamais pu éveiller de soupçon à cet
égard et qu'en vertu de ses pouvoirs, il adhérait for-
mellement à l'interprétation de M. Sazonoff.
Le comte Thurn était même si intimement con-
vaincu des intentions sincèrement pacifiques de son
gouvernement qu'il ne crut pas devoir en référer à
Vienne et qu'il prit de lui même l'initiative d'accep-
ter le point de vue de M. Sazonoff.
Or, le comte Berchtold ne l'entendait pas ainsi.
Désavouant, ou laissant ouvertement désavouer par
ses organes le comte Thurn, il proclama ainsi, pro-
bablement sans s'en apercevoir, qu'en dépit de toutes
les assurances solennelles qu'il n'avait cessé de don-
ner à l'Europe, il poursuivait des buts agressifs.
Pour la première fois, on a pu assister à ce spec-
tacle singulièrement pénible de voir un ambassadeur
désavoué pour avoir affirmé que son gouvernement
ne voulait pas la guerre. Nous ne qualifierons pas
cette attitude. Nous nous bornons à en appeler à
l'Europe consciente. Pour la première fois, la diplo-
matie autrichienne s'est prise dans ses propres filets;
elle pourra se retrancher derrière tous les sophismes:
elle n'effacera pas ce qui est aujourd'hui un fait: la
Ballplatz n'avait entendu proposer à la Russie une
diminution des effectifs que pour pouvoir menacer
avec efficacité les Serbes et les Monténégrins.
Il adviendra ce qui adviendra. L'aveu du comte
Berchtold restera et il est à espérer que la diplo-
matie de la Triple Entente saura ne pas l'oublier.
La loyauté n'est pas permise aux disciples de
Metternich. C'est un crime impardonnable que d'a-
baisser ses cartes devant un partenaire qui a abaissé
les siennes. Le comte Thurn a commis ce crime:
pour cela, Vienne réclame sa tête et le comte Berchtold
n'impose pas silence aux accusateurs.
C'est la deuxième équivoque qui, depuis le dé-
but de la redoutable crise que nous traversons, vient
jeter le doute et l'incertitude. La première avait été
celle de la mobilisation autrichienne. Aujourd'hui
c'est celle de la démobilisation. Dans les deux cas,
le comte Berchtold a perdu complètement le sang-
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