Titre : Le Petit Alger : journal républicain indépendant : paraissant les lundi, mercredi et samedi
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1893-02-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32835457x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 février 1893 08 février 1893
Description : 1893/02/08 (A8,N62). 1893/02/08 (A8,N62).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6241306m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 04/07/2013
I' Huitième année (Nouvelle' série), n° 62. CINQ CENTIMES r ..1-.1 Mercredi 8 Février 1893.
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PETIT ALGER
JOURNAL POLITIOUE, INDEPENDANT, LITTÉRAIRE & COMMERCIAL
PARAISSANT LES MARDI, JEUDI ET SAMEDI
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Les manuscrits non insérés ne seron
pas rendus.
D. BERMIS, secret, de'la Rédact
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AVIS IMPORTANT
Le PETIT ALGER a organisé
un service télégraphique qui lui per-
mettra, le journal étant régulière-
ment mis en vente sur la voie pu-
blique d orne heures, de donner les
dernières dépêches du matin, qui
ne sont publiées que par les jour-
naux du soir.
Lire notre service télégraphi-
que à la am. page.
ALGER, LE 7 FÉVRIER 1892
La Boarse du Travail
Le Conseil municipal a consacré une
bonne partie de* sa séance d'hier a la
Bourse du travail. Le Maire a pu cons-
tater que la paix semblait enfin rétablie
dans cet établissement, ou il faut le
reconnaître, elle avait été assez pro-
fondément troublée pour faire craindre
un résultat des plus regrettables qui
eut porté un coup fatal à l'une des
institutions les plus démocratiques et
les plus utilitaires que nous possédions
à Alger.
M. Guillemin en faisant cette heu-
reuse constation à laquelle tout le
monde applaudira, est d'avis que la
municipalité doit s'immiscer le moins
possible
"** aux intérrêts et aux rapports des ou-
vriers entre-eux.
C'est aussi notre avis ; mais dans
ce cas particulier, et vu le degré d'à.
cuité pris par le conflit dont on peut
prévoir aujourd'hui la solution, l'in-
tervention municipale pouvait seule
rétablir la bonne harmonie au sein
des nombreux syndicats ouvriers qu'a-
brite la Bourse du travail.!
La municipalité avait quelque droit
à remp!ir ce rôle en raison de la solli-
citude qui jusqu'alors s'est traduite
par une subvention importante ; elle
en avait aussi le devoir dans l'intérêt
du bon ordre qui pouvait être grave-
ment troublé si cette situation anor-
male s'était continuée quelque temps
encore.
Je n'insisterai pas sur les causes et
sur les circonstances du conflit que
tous nos lecteurs connaissent, et par
la presse et par les délibérations du
Conseil municipal durant trois séan-
de cette assemblée, me bornant à les
rappeler sommairement,
Vingt-sept syndicats représentant
diverses corporations d'Alger-Musta-
se réunissent à tour de rôle aux jours
et heures fixés par leurs règlements,
dans un local du Palais consulaire,
mis à leur disposition par la Ville, afin
d'y discuter leurs intérêts généraux et
collectifs, comme aussi d'assurer du
travail à chacun de leurs membres
adhérents.
Cette institution n'aurait-elle pour
résultat que la suppression des bureaux
de placement, faute d'aliments à ces
derniers, qu'elle serait amplement jus-
tifiée.
On sait, en effet, que les bureaux
de placement constituent un impôt
très lourd sur la misère, souvent abusif,
quand ce n'est pas une honteuse ex-
ploitation des travailleurs et des mi-
séreux
La Bourse du travail est dirigée
par un conseil d'administration élu
par les syndicats et ses décisions sont
exécutées par un secrétaire généra
dont les pouvoirs sont forcément assez
étendus.
M. Rappelin, le titulaire de ce poste,
exercerait ses fonctions avec des allu-
■ i&e8^d&-'<'-ceffta&âf
groupes, et qui, pouc donner une sanc-
tion à leur protestation, se sont réunis
dans un autre local où ils ont voté la
révocation du secrétaire général. ,,
Cette décision des dissidents a été
transmise au maire qui ne pouvait que
se borner à en donner acte, et le cas a
été soumis au Conseil municipal. Celui.
ci a nommé une commission chargée
de procéder à une enquête et de faire
un rapport.
M. Mercier rapporteur, a conclu que
la majorité des syndicats était favora-
ble au maintien du Conseil d'adminis-
tration actuel et, partant, de son secré.
taire général M. Rappelin. Il a con-
clu aussi à la continuation des men-
sualités de 300 fr. alloués par la ville
d'Alger à la Bourse du travail.
-
En l'état, les dissidents n'auraient
eu qu'à se soumettre, mais le rappor-
teur, dans une sage pensée de conci-
liation, et vu l'importance de la mino-'
rité dissidente est d'avis de demander
aux ouvriers de recommencer l'élec-
tion du conseil d'administration en
présence des délégués de la munici-
palité.
C'est sur les conclusions de ce rap-
port que le Conseil munioipal avait
hier à se prononcer. Elles ont été adop-
tées.
Nous avons donc tout lieu de sup-
poser que le conflit est terminé et que
les incidents regrettables de ces jours
derniers ne se renouvelleront pas.
Les dissidents ne peuvent avoir d'au-
tres visées que le bon fonctionnement
d'une œuvre commune, et l'opinion pu-
blique ne serait point avec eux s'ils ne
s'inclinaient pas dévant le résultat de
nouvelles élections, quel qu'il soit.
Au moment où tous les travailleurs
se groupent, en France comme dans
tous les pays, non-soulement par cor-
poration, mais par tendances fédérati-
ves pour conquérir leur émancipation
sociale, les ouvriers algériens ne vou-
dront pus que leurs divisions intesti-
nes soit un avœu d'impuissance.
PIERRILLON.
————— ———,
Echos de partout
^iâiéSa^&c^up au peo nain
voyage du Tsarewitch en France.
Le prince héritier de Russie serait
à Paris après les fêtes de Pâques et y
terait un assez long séjour.
C'est pour ne pas donner à ce voyage
un caractère politique trop marqué
que l'empereur de Russie aurait décidé
que le prince se rendit d'abord à Ber-
lin.
La Commission chargée d'examiner
la demande en autorisation de pour-
suites contre le député Dezerbi a dé-
cidé à l'unanimité d'accepter la de-
mande du procureur du roi. Un rap-
port dans ce sens sera présenté ce soir
au président de la Chambre. La dis-
cussion de ce rapport aura lieu de-
main.
Il ressort des documents qui ac.
compagnent la demande en autorisa-
tion de poursuites que M. Dezerbi a
touché de fortes sommes.
Parmi ces papiers, on remarque beau-
coup un document écrit de la main
même de M. Tanongo et disant ; a J'ai
également donné aux différents prési-
dents du Conseil de portés sommes pour
divers besoins. »
Un musée peu connu.
M. Oscar Forkenbek a eu, il y a huit
ans, l'idée de fonder, à Aix-la-Cha-
pelle, un musée de journaux.
Pendant quarante ans, il avait em-
ployé toute sa fortune à se procurer la
plupart des gazettes qui paraissaient
dans le monde entier, et il recevait,
tous les matins, des monceaux de
feuilles écrites en trente langues,. Dès
1885, il se trouvait à la tête de dix
mille volumes formés par ses collec-
tions. C'est alors que lui vint l'idée de
fonder un musée exclusivement con-
sacré à la Presse. Ces archives de l'his-
toire contemporaine seront précieuses
à consulter pour les écrivains qui vou.
dront raconter la seconde moitié du
dix-neuvième siècle.
A-t-on songé aux fâcheuses consé-
ouences. économiques, pourrait-on
ire, de la récente mise à la mode de
l'envoûtement ?
C'est à qui, en ce moment, se procu-
rera un crapaud, histoire de se débar-
rasser d'un être abhorré : créancier
belle-mëre, juge d'instruction, etc.
Il eu résulte que ces repoussants
batraciens font prime, et qu'il faut
payer bon aux maraîchers pour s'en
procurer un.
Or nul n'ignore que les crapauds
sont les plus utiles auxiliaires de la cul-
ture maraîchère, en raison des bêtes
.ftuisibles quljsdétruisent,
~,.Ï~ de crapauds les potagers
vont donner des rendements dérisoires.
Et on nous veridra les légumes un prix
fou ! --'
Les Anglais méritent de moins en
moins le reproche qu'on leur faisait ja-
dis de ne pas se soucier de l'art.
D'après le dernier rapport du dépar-
tement de l'art et de lalscience, il n'exis-
tait sous ces hospices en 1891, pas
moins de 207 écoles d'art, avec 52,715
élèves et 6,212 écoles élémentaires
dans lesquelles on enseigne le dessin à
1 million 170,340 enfants et institu-
teurs.
-
Les timbrophiles de la Réunion sont
en ce moment en grand émoi par suite
du vol chez l'un deux de seize timbres
rares de la colonie, datés de 1852.
Le public, dit à ce sujet le Petit
Journal de la Réunion, comprendra
l'importance de ce vol quand il saura
qu'un seul des timbres dont il s'agit
vaut la jolie somme de 1.200 à 1,500
francs suivant que la vignette est plus
où moins bien conservée. C'est aonc
une valeur de 20 à 24,000 francs qui
a été soustraite.
———— ————
Lus scandales du Panamino
Les accusations vont grand train et il n'est
malheureusement pas possible de les arrêter.
Ainsi, la Banque romaine en faillite est accu-
sée d'avoir été une vraie banque électorale,
où on a puisé à pleines mains, surtout pour
faire les élections dans le Midi. D'autre part,
MM. les hauts personnages du monde politi-
que avaient la faculté d'es compter leurs bil-
lets sans qu'on se montrât exigeant pour les
signatures ; ou savait bien qu'aucun d'eux ne
pourrait laisser ses billets en souffrance, et
en effet un caissier mystérieux a fait une
tournée dans les banques de Rome et a levé
pour 4 à 5 millions de ces billets et lettres de
change.
On assure que Monzilli en sait long à pro-
pos de tous les hauts personnages qui ont été
favorisés. Il déclare que si le Gouvernement
osait faire une enquête, c'est par douzaines
que les dignitaires iraient aux galères.
Monzilli allait être nommé directeur général
au ministère en remplacement de M. Mira-
glia, il n'a que 43 ans.
Des agents en bourgeois surveillent depuis
plusieurs jours un certain nombre de person-
nages.
SI M. Tanlongo peut mettre à exécution sa
menace de vengeance, de nouveaux et plus
graves scandales sont probablea, c'est surtout
la plublication de son fameux Livre d'or que
l'on craint dans certaines sphères. Ce livre,
que l'ex-directcur de la Banque romaine te-
nait pour son propre - - *
des personages politiques et des journalistes -
à qui il escomptait des lettres de change pour
de grosses sommes, de même ceux des pro-
tecteurs qui lui recommandaient ou ordon-
naient d'escompter.
On parie d'un certain placard qui serait
déjà tout prêt d'être affiché et qui pourrait
bien se voir une nuit ou l'autre sur les murs
de la ville, lequel placard donnerait un extrait
des indications les plus précieuses du Livre
d'or. En même temps que l'affichage s'effec-
tuerait, des circulair s seraient lancées dans
toute l'Italie, reproduisant le placard même.
La police a FœH ouvert pour empêcher cette
publication.
Malgré les articles de journanx officieux
pour rassurer le public au sujet de la caisse
d'épargne, nombreuses sont les personnes
qui, ces jours-ci, se sont présentées aux gui-
chets de ladite caisse pour retirer leurs dé*
pôts. On s'explique facilement la panique
d'ailleurs, à la suite des scandales de la Ban-
que romaine et des grosses soustractions
commis, s au Banco de Napies.
FEUILLETON DU PETIT ALGER
60
LES ROUGON-MACQUART
JlÍlltlir, naturelle et sociale d'une famille sous
le second empire.
LA
BÊTE HUMAINE
L'hiver finissait, le mois de février
était très doux. Ds prolongeaient leurs
promenades, marchaient pendant des
heures, 4 travers les terrains vagues
de la gare; car lui évitait de s'arrêter,
et lorsqu'elle se pendait à ses épaules,
qu'il était forcé de s'asseoir et de la
posséder, il exigeait que ce fût sans
lumière, dans sa terreur de frapper,
eil apercevait un coin de sa peau nue :
tant qu'il ne verrait pas, il résisterait
peut-être. '*"
A Paris, ou elle le suivait toujours,
chaque vendredi, il fermait soigneu-
sement les rideaux, en racontant que
la pleine clarté lui coupait son plaisir.
Ce voyage hebdomadaire, elle le faisait
maintenant sans même donner d'expli.
cation à son mari. Pour les voisins,
l'ancien prétexte, son mal au genou,
servait ; et elle disait aussi qu'elle al-
lait embrasser sa nourrice, la mère
Victoire, dont la convalescence traî-
nait à l'hôpital. Tous deux encore y
prenaient une grande distraction, lui
très attentif ce jour-là à la bonne con-
duite de sa machine, elle ravie de le
voir moins sombre, amusée elle-même
par le trajet, bien qu'elle commençât
à connaître les moindres coteaux, les
moindres bouquets d'arbres du par-
cours. Du Havre à Motte ville, c'étaient
des prairies, des champs plats, coupés
de haies vives, plantés de pommiers;
et, jusqu'à Rouen ensuite, le pays se
bossuait, désert. ,
Après Rouen, la Seine se déroulait.
On la traversait à Sotte ville, à Oissel,
à Pont-de-l'Arche ; puis, au [travers
des vastes plaines, sans cesse elle re-
paraissait, largement déployée. Dès
Gaillon, on ne la quittait plus, elle
coulait à gauche, ralentie entre ses
rives basses, bordée de peupliers et de
saules. On filait à flanc de coteau, on
ne l'abandonnait à Bonnières, que
pour la retrouver brusquement à Ros-
ny, au sortir du tunnel de Rolleboise.
Elle était comme la compagne amicale
du voyage. Trois fois encore, on la
franchissait, avant l'arrivée. Et c'était
Mantes et son clocher dans les arbres,
Triel avec les taches blanches de ses
plâtrières, Poissy que l'on coupait en
plein cœur, les deux murailles vertes
de la forêt de Saint-Germain, les talus
de Colombes débordant de lilas, la
banlieue enfin, Paris deviné, aperçu
du pont d'Asnières, l'Arc de triomphe
lointain, au-dessus des constructions
lépreuses, hérissées de cheminées d'u-
sine.
La machine s'engouftmit sous les
Bàtignolles, on débarquait dans la ga-
re retentissante ; et, jusqu'au soir, ils
s'appartenaient ils étaient libres. Au
retour, il faisait nuit, elle fermait lies
yeux, revivait son bonheur. Mais, le
matin comme le soir, chaque fois
qu'elle passait à la Croix-de-Maufras,
elle avançait la tête, jetait un coup
d'œil prudent, sans se montrer, cer-
taine de trouver là, devant la barrière,
Flore debout, présentant le drapeau
dans sa gaine, enveloppant le train de
son regard de flamme.
Depuis que cette fille, le jour de la
neige, les avait vus s'embrasser, Jac-
ques avait averti Séverine de se méfier
d'elle. Il n'ignorait plus de quelle pas-
sion d'enfant sauvage elle le poursui-
vait, du fond de sa jeunesse, et il la
sentait jalouse, d'une énergie virile,
d'une rancune débridée et -meurtrière.
D'autre part, elle devait connaître
beaucoup trop de choses, car il se rap.
pelait son allusion aux rapports du
président avec une demoiselle, que
personne ne soupçonnait, qu'il avait
mariée. Si elle savait cela, elle avait
sûrement deviné le crime : [sans doute
allait-elle parler, écrire, se venger par
une dénonciation. Mais les journées,
les semaines s'étaient écoulées, et rien
ne se produisait, il ne la trouvait tou-
jours que plantée à son poste, au bord
de la voie, avec son drapeau raidie.
Du plus loin qu'elle apercevait la ma-
chine, il avait sur lui la sensation de
ses yeux ardents.
Elle le voyait malgré la fumée, le
prenait tout entier, l'accompagnait
dans l'éclair de la vitesse, au milieu
du tonnerre des roues. Et le train, en
même temps, était sondé, transpercé,
visité, le la première à la dernière
voiture. Toujours, elle découvrait rau.
tre, la rivale, que maintenant elle sa-
vait là, chaque vendredi. L'autre avait
beau n'avancer qu'un peu la tête, par
un besoin impérieux de voir : elle
était vue, leurs regards à toutes deux
se croisaient comme des épées. Déjà le
train fuyait, dévorant, et il y en avait
une qui restait par terre, impuissante
à le suivre, dans la rage de ce bon-
heur qu'il emportait.
Elle semblait grandir, Jacques la
retrouvait plus haute, à chaque voyage,
inquiet désormais de ce qu'elle ne fai-
sait rien, se demandant quel projet al.
lait mûrir dans cette grande fille som-
bre, dont il ne pouvait éviter l'immo-
bile apparition.
(A «utur*/ EMILE ZOLA
ABONNEUENTS :
Un an. 12 fr. »
Six mois. 6 fr. »
Trois mois. 3 fr. 30
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20 et 30 de chaque mois ut sont r(çus
sans frais dans tous les Bureaux de
Poste.
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pas rendus.
D. BERMIS, secret, de'la Rédact
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mettra, le journal étant régulière-
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dernières dépêches du matin, qui
ne sont publiées que par les jour-
naux du soir.
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ALGER, LE 7 FÉVRIER 1892
La Boarse du Travail
Le Conseil municipal a consacré une
bonne partie de* sa séance d'hier a la
Bourse du travail. Le Maire a pu cons-
tater que la paix semblait enfin rétablie
dans cet établissement, ou il faut le
reconnaître, elle avait été assez pro-
fondément troublée pour faire craindre
un résultat des plus regrettables qui
eut porté un coup fatal à l'une des
institutions les plus démocratiques et
les plus utilitaires que nous possédions
à Alger.
M. Guillemin en faisant cette heu-
reuse constation à laquelle tout le
monde applaudira, est d'avis que la
municipalité doit s'immiscer le moins
possible
"** aux intérrêts et aux rapports des ou-
vriers entre-eux.
C'est aussi notre avis ; mais dans
ce cas particulier, et vu le degré d'à.
cuité pris par le conflit dont on peut
prévoir aujourd'hui la solution, l'in-
tervention municipale pouvait seule
rétablir la bonne harmonie au sein
des nombreux syndicats ouvriers qu'a-
brite la Bourse du travail.!
La municipalité avait quelque droit
à remp!ir ce rôle en raison de la solli-
citude qui jusqu'alors s'est traduite
par une subvention importante ; elle
en avait aussi le devoir dans l'intérêt
du bon ordre qui pouvait être grave-
ment troublé si cette situation anor-
male s'était continuée quelque temps
encore.
Je n'insisterai pas sur les causes et
sur les circonstances du conflit que
tous nos lecteurs connaissent, et par
la presse et par les délibérations du
Conseil municipal durant trois séan-
de cette assemblée, me bornant à les
rappeler sommairement,
Vingt-sept syndicats représentant
diverses corporations d'Alger-Musta-
se réunissent à tour de rôle aux jours
et heures fixés par leurs règlements,
dans un local du Palais consulaire,
mis à leur disposition par la Ville, afin
d'y discuter leurs intérêts généraux et
collectifs, comme aussi d'assurer du
travail à chacun de leurs membres
adhérents.
Cette institution n'aurait-elle pour
résultat que la suppression des bureaux
de placement, faute d'aliments à ces
derniers, qu'elle serait amplement jus-
tifiée.
On sait, en effet, que les bureaux
de placement constituent un impôt
très lourd sur la misère, souvent abusif,
quand ce n'est pas une honteuse ex-
ploitation des travailleurs et des mi-
séreux
La Bourse du travail est dirigée
par un conseil d'administration élu
par les syndicats et ses décisions sont
exécutées par un secrétaire généra
dont les pouvoirs sont forcément assez
étendus.
M. Rappelin, le titulaire de ce poste,
exercerait ses fonctions avec des allu-
■ i&e8^d&-'<'-ceffta&âf
groupes, et qui, pouc donner une sanc-
tion à leur protestation, se sont réunis
dans un autre local où ils ont voté la
révocation du secrétaire général. ,,
Cette décision des dissidents a été
transmise au maire qui ne pouvait que
se borner à en donner acte, et le cas a
été soumis au Conseil municipal. Celui.
ci a nommé une commission chargée
de procéder à une enquête et de faire
un rapport.
M. Mercier rapporteur, a conclu que
la majorité des syndicats était favora-
ble au maintien du Conseil d'adminis-
tration actuel et, partant, de son secré.
taire général M. Rappelin. Il a con-
clu aussi à la continuation des men-
sualités de 300 fr. alloués par la ville
d'Alger à la Bourse du travail.
-
En l'état, les dissidents n'auraient
eu qu'à se soumettre, mais le rappor-
teur, dans une sage pensée de conci-
liation, et vu l'importance de la mino-'
rité dissidente est d'avis de demander
aux ouvriers de recommencer l'élec-
tion du conseil d'administration en
présence des délégués de la munici-
palité.
C'est sur les conclusions de ce rap-
port que le Conseil munioipal avait
hier à se prononcer. Elles ont été adop-
tées.
Nous avons donc tout lieu de sup-
poser que le conflit est terminé et que
les incidents regrettables de ces jours
derniers ne se renouvelleront pas.
Les dissidents ne peuvent avoir d'au-
tres visées que le bon fonctionnement
d'une œuvre commune, et l'opinion pu-
blique ne serait point avec eux s'ils ne
s'inclinaient pas dévant le résultat de
nouvelles élections, quel qu'il soit.
Au moment où tous les travailleurs
se groupent, en France comme dans
tous les pays, non-soulement par cor-
poration, mais par tendances fédérati-
ves pour conquérir leur émancipation
sociale, les ouvriers algériens ne vou-
dront pus que leurs divisions intesti-
nes soit un avœu d'impuissance.
PIERRILLON.
————— ———,
Echos de partout
^iâiéSa^&c^up au peo nain
voyage du Tsarewitch en France.
Le prince héritier de Russie serait
à Paris après les fêtes de Pâques et y
terait un assez long séjour.
C'est pour ne pas donner à ce voyage
un caractère politique trop marqué
que l'empereur de Russie aurait décidé
que le prince se rendit d'abord à Ber-
lin.
La Commission chargée d'examiner
la demande en autorisation de pour-
suites contre le député Dezerbi a dé-
cidé à l'unanimité d'accepter la de-
mande du procureur du roi. Un rap-
port dans ce sens sera présenté ce soir
au président de la Chambre. La dis-
cussion de ce rapport aura lieu de-
main.
Il ressort des documents qui ac.
compagnent la demande en autorisa-
tion de poursuites que M. Dezerbi a
touché de fortes sommes.
Parmi ces papiers, on remarque beau-
coup un document écrit de la main
même de M. Tanongo et disant ; a J'ai
également donné aux différents prési-
dents du Conseil de portés sommes pour
divers besoins. »
Un musée peu connu.
M. Oscar Forkenbek a eu, il y a huit
ans, l'idée de fonder, à Aix-la-Cha-
pelle, un musée de journaux.
Pendant quarante ans, il avait em-
ployé toute sa fortune à se procurer la
plupart des gazettes qui paraissaient
dans le monde entier, et il recevait,
tous les matins, des monceaux de
feuilles écrites en trente langues,. Dès
1885, il se trouvait à la tête de dix
mille volumes formés par ses collec-
tions. C'est alors que lui vint l'idée de
fonder un musée exclusivement con-
sacré à la Presse. Ces archives de l'his-
toire contemporaine seront précieuses
à consulter pour les écrivains qui vou.
dront raconter la seconde moitié du
dix-neuvième siècle.
A-t-on songé aux fâcheuses consé-
ouences. économiques, pourrait-on
ire, de la récente mise à la mode de
l'envoûtement ?
C'est à qui, en ce moment, se procu-
rera un crapaud, histoire de se débar-
rasser d'un être abhorré : créancier
belle-mëre, juge d'instruction, etc.
Il eu résulte que ces repoussants
batraciens font prime, et qu'il faut
payer bon aux maraîchers pour s'en
procurer un.
Or nul n'ignore que les crapauds
sont les plus utiles auxiliaires de la cul-
ture maraîchère, en raison des bêtes
.ftuisibles quljsdétruisent,
~,.Ï~ de crapauds les potagers
vont donner des rendements dérisoires.
Et on nous veridra les légumes un prix
fou ! --'
Les Anglais méritent de moins en
moins le reproche qu'on leur faisait ja-
dis de ne pas se soucier de l'art.
D'après le dernier rapport du dépar-
tement de l'art et de lalscience, il n'exis-
tait sous ces hospices en 1891, pas
moins de 207 écoles d'art, avec 52,715
élèves et 6,212 écoles élémentaires
dans lesquelles on enseigne le dessin à
1 million 170,340 enfants et institu-
teurs.
-
Les timbrophiles de la Réunion sont
en ce moment en grand émoi par suite
du vol chez l'un deux de seize timbres
rares de la colonie, datés de 1852.
Le public, dit à ce sujet le Petit
Journal de la Réunion, comprendra
l'importance de ce vol quand il saura
qu'un seul des timbres dont il s'agit
vaut la jolie somme de 1.200 à 1,500
francs suivant que la vignette est plus
où moins bien conservée. C'est aonc
une valeur de 20 à 24,000 francs qui
a été soustraite.
———— ————
Lus scandales du Panamino
Les accusations vont grand train et il n'est
malheureusement pas possible de les arrêter.
Ainsi, la Banque romaine en faillite est accu-
sée d'avoir été une vraie banque électorale,
où on a puisé à pleines mains, surtout pour
faire les élections dans le Midi. D'autre part,
MM. les hauts personnages du monde politi-
que avaient la faculté d'es compter leurs bil-
lets sans qu'on se montrât exigeant pour les
signatures ; ou savait bien qu'aucun d'eux ne
pourrait laisser ses billets en souffrance, et
en effet un caissier mystérieux a fait une
tournée dans les banques de Rome et a levé
pour 4 à 5 millions de ces billets et lettres de
change.
On assure que Monzilli en sait long à pro-
pos de tous les hauts personnages qui ont été
favorisés. Il déclare que si le Gouvernement
osait faire une enquête, c'est par douzaines
que les dignitaires iraient aux galères.
Monzilli allait être nommé directeur général
au ministère en remplacement de M. Mira-
glia, il n'a que 43 ans.
Des agents en bourgeois surveillent depuis
plusieurs jours un certain nombre de person-
nages.
SI M. Tanlongo peut mettre à exécution sa
menace de vengeance, de nouveaux et plus
graves scandales sont probablea, c'est surtout
la plublication de son fameux Livre d'or que
l'on craint dans certaines sphères. Ce livre,
que l'ex-directcur de la Banque romaine te-
nait pour son propre - - *
des personages politiques et des journalistes -
à qui il escomptait des lettres de change pour
de grosses sommes, de même ceux des pro-
tecteurs qui lui recommandaient ou ordon-
naient d'escompter.
On parie d'un certain placard qui serait
déjà tout prêt d'être affiché et qui pourrait
bien se voir une nuit ou l'autre sur les murs
de la ville, lequel placard donnerait un extrait
des indications les plus précieuses du Livre
d'or. En même temps que l'affichage s'effec-
tuerait, des circulair s seraient lancées dans
toute l'Italie, reproduisant le placard même.
La police a FœH ouvert pour empêcher cette
publication.
Malgré les articles de journanx officieux
pour rassurer le public au sujet de la caisse
d'épargne, nombreuses sont les personnes
qui, ces jours-ci, se sont présentées aux gui-
chets de ladite caisse pour retirer leurs dé*
pôts. On s'explique facilement la panique
d'ailleurs, à la suite des scandales de la Ban-
que romaine et des grosses soustractions
commis, s au Banco de Napies.
FEUILLETON DU PETIT ALGER
60
LES ROUGON-MACQUART
JlÍlltlir, naturelle et sociale d'une famille sous
le second empire.
LA
BÊTE HUMAINE
L'hiver finissait, le mois de février
était très doux. Ds prolongeaient leurs
promenades, marchaient pendant des
heures, 4 travers les terrains vagues
de la gare; car lui évitait de s'arrêter,
et lorsqu'elle se pendait à ses épaules,
qu'il était forcé de s'asseoir et de la
posséder, il exigeait que ce fût sans
lumière, dans sa terreur de frapper,
eil apercevait un coin de sa peau nue :
tant qu'il ne verrait pas, il résisterait
peut-être. '*"
A Paris, ou elle le suivait toujours,
chaque vendredi, il fermait soigneu-
sement les rideaux, en racontant que
la pleine clarté lui coupait son plaisir.
Ce voyage hebdomadaire, elle le faisait
maintenant sans même donner d'expli.
cation à son mari. Pour les voisins,
l'ancien prétexte, son mal au genou,
servait ; et elle disait aussi qu'elle al-
lait embrasser sa nourrice, la mère
Victoire, dont la convalescence traî-
nait à l'hôpital. Tous deux encore y
prenaient une grande distraction, lui
très attentif ce jour-là à la bonne con-
duite de sa machine, elle ravie de le
voir moins sombre, amusée elle-même
par le trajet, bien qu'elle commençât
à connaître les moindres coteaux, les
moindres bouquets d'arbres du par-
cours. Du Havre à Motte ville, c'étaient
des prairies, des champs plats, coupés
de haies vives, plantés de pommiers;
et, jusqu'à Rouen ensuite, le pays se
bossuait, désert. ,
Après Rouen, la Seine se déroulait.
On la traversait à Sotte ville, à Oissel,
à Pont-de-l'Arche ; puis, au [travers
des vastes plaines, sans cesse elle re-
paraissait, largement déployée. Dès
Gaillon, on ne la quittait plus, elle
coulait à gauche, ralentie entre ses
rives basses, bordée de peupliers et de
saules. On filait à flanc de coteau, on
ne l'abandonnait à Bonnières, que
pour la retrouver brusquement à Ros-
ny, au sortir du tunnel de Rolleboise.
Elle était comme la compagne amicale
du voyage. Trois fois encore, on la
franchissait, avant l'arrivée. Et c'était
Mantes et son clocher dans les arbres,
Triel avec les taches blanches de ses
plâtrières, Poissy que l'on coupait en
plein cœur, les deux murailles vertes
de la forêt de Saint-Germain, les talus
de Colombes débordant de lilas, la
banlieue enfin, Paris deviné, aperçu
du pont d'Asnières, l'Arc de triomphe
lointain, au-dessus des constructions
lépreuses, hérissées de cheminées d'u-
sine.
La machine s'engouftmit sous les
Bàtignolles, on débarquait dans la ga-
re retentissante ; et, jusqu'au soir, ils
s'appartenaient ils étaient libres. Au
retour, il faisait nuit, elle fermait lies
yeux, revivait son bonheur. Mais, le
matin comme le soir, chaque fois
qu'elle passait à la Croix-de-Maufras,
elle avançait la tête, jetait un coup
d'œil prudent, sans se montrer, cer-
taine de trouver là, devant la barrière,
Flore debout, présentant le drapeau
dans sa gaine, enveloppant le train de
son regard de flamme.
Depuis que cette fille, le jour de la
neige, les avait vus s'embrasser, Jac-
ques avait averti Séverine de se méfier
d'elle. Il n'ignorait plus de quelle pas-
sion d'enfant sauvage elle le poursui-
vait, du fond de sa jeunesse, et il la
sentait jalouse, d'une énergie virile,
d'une rancune débridée et -meurtrière.
D'autre part, elle devait connaître
beaucoup trop de choses, car il se rap.
pelait son allusion aux rapports du
président avec une demoiselle, que
personne ne soupçonnait, qu'il avait
mariée. Si elle savait cela, elle avait
sûrement deviné le crime : [sans doute
allait-elle parler, écrire, se venger par
une dénonciation. Mais les journées,
les semaines s'étaient écoulées, et rien
ne se produisait, il ne la trouvait tou-
jours que plantée à son poste, au bord
de la voie, avec son drapeau raidie.
Du plus loin qu'elle apercevait la ma-
chine, il avait sur lui la sensation de
ses yeux ardents.
Elle le voyait malgré la fumée, le
prenait tout entier, l'accompagnait
dans l'éclair de la vitesse, au milieu
du tonnerre des roues. Et le train, en
même temps, était sondé, transpercé,
visité, le la première à la dernière
voiture. Toujours, elle découvrait rau.
tre, la rivale, que maintenant elle sa-
vait là, chaque vendredi. L'autre avait
beau n'avancer qu'un peu la tête, par
un besoin impérieux de voir : elle
était vue, leurs regards à toutes deux
se croisaient comme des épées. Déjà le
train fuyait, dévorant, et il y en avait
une qui restait par terre, impuissante
à le suivre, dans la rage de ce bon-
heur qu'il emportait.
Elle semblait grandir, Jacques la
retrouvait plus haute, à chaque voyage,
inquiet désormais de ce qu'elle ne fai-
sait rien, se demandant quel projet al.
lait mûrir dans cette grande fille som-
bre, dont il ne pouvait éviter l'immo-
bile apparition.
(A «utur*/ EMILE ZOLA
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