Titre : Revue contemporaine
Éditeur : [s.n.?] (Saint-Pétersbourg)
Date d'édition : 1915-05-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328566919
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1915 01 mai 1915
Description : 1915/05/01 (A6,N129)-1915/05/31. 1915/05/01 (A6,N129)-1915/05/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6237359b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-18251
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/12/2012
REVUE
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES MOIS .1
SIXIÈME ANNÉE MAI 1915 iNS 129.
L'amoralité EDITORIAL
allemande.
Pour juger un peuple, il faut rechercher, avant
tout, quels sont les éléments primordiaux de sa conscience
morale.
Nous voulons aujourd' hui, en face de l'Allemagne
contemporaine, rechercher son véritable caractère, suivre
son évolution et en dégager les principes qui ont abouti
à la guerre actuelle.
C'est un fait historique et irréfutable, qu'il y eut
jadis une bonne Allemagne, mais que depuis longtemps,
celle du XXe siècle n'a plus rien de commun avec celle
des Kant, des Hegel et des Goethe. C'est en vain que
l'on cherche aujourd'hui, des disciples des grands génies
d'autrefois. Un rationalisme avide, règne sur l'esprit
allemand: en philosophie, comme en littérature, en reli-
gion, comme en toutes choses, l'Allemand semble s'ima-
giner qu'il suffit de comprendre pour être supérieur. Or,
comprendre n'est pas créer: la culture spéciale de l'éru-
dit n'est qu'un stade primaire; la conviction fondamen-
tale que l'érudition est une fin en soi est une erreur,
et l'analyse n'a en somme qu'une valeur négative.
Le degré d'assimilation par analyse est le plus
détestable qui soit. Il est par excellence le facteur
de la culture amorale et conduit fatalement à
une déformation du jugement et du bon sens. Ne voyons
nous pas en effet, le chimiste Oswald, exprimer cette
opinion en faisant l'éloge de la Germanie devant un
public suédois, qu'en Allemagne, on laisse volontiers
Dieu le Père à l'usage de l'empereur seul. On le voit
ici la croyance est peu de chose et cet état d'esprit a
pour effet la constitution de trois croyances: l'une pour
l'empereur, une autre pour l'élite et une troisième pour
le peuple. L'Allemagne toute entière, a donc vécu de
nos jours, par le consentement tacite de son élite
dans l'hypocrisie, dont l'Etat a fait un dogme.
Elle a accepté d'analyser le dogme et de l'appro-
prier à ses besoins ainsi qu'à sa mentalité. Nous avons
appris, ailleurs, dans d'autres pays, à accepter ou à ;
renier le dogme, mais jamais il n'est venu à l'idée d'
aucun peuple de discuter la personnalité du Père et son
adaptation sociale!
Ne voyons nous pas encore, halluciné par analyse,
Adolf Lasson, définir l'Allemagne comme «la création
politique la plus parfaite que l'Histoire eût connue»
et écrire que le peuple allemand est «moralement
et intellectuellement supérieur à tous, hors de pair».
Ce mirage, qui permet à des savants de juger la
valeur véritable de la culture germanique est exclusive-
ment le résultat de l'état d'esprit d'une race. Elle est
de l'époque de Schelling.
Elle est de l'époque de Fichte et subsiste aujourd'
hui. Elle subsiste malgré H. Heine qui s'est révolté
contre cette déformation de la culture véritable. Mais
H. Heine a été désavoué: il est considéré par les Alle-
mands comme leur pire ennemi. Ils l'ont renié et ses
protestations sont restées vaines.
Ils l'ont renié et baffoué pour avoir tracé selon son
bon sens, le parallèle des deux civilisations allemande
et française et avoir dégagé leur sens et leur rôle: le
conservatisme de l'Allemagne qui s'oppose à l'initiative
de la France, à son esprit audacieux et novateur; un
individualisme moral et intellectuel, qui est l'antithèse'
du caractère social de la civilisation française et enfin,
le développement des instincts et des sentiments, alors
que chez le français prédomine la raison.
Hummel, qui fut l'ennemi le plus acharné de Heine,
écrivait en 1876, que l'Allemagne est vraiment le cœur
de l'Europe, et, comme dans l'organisme, le cœur a pour
fonction de faire circuler, à travers les membres, un
sang qui renouvelle les parties vieillissantes et fortifie
les plus jeunes, ainsi, l'Allemagne a pour mission, dans
l'histoire, de rajeunir parla diffusion du sang germanique
les membres épuisés de la vieille Europe.
Quel serait le sort réservé à l'Europe d'abord, puis
CONTEMPORAINE
PARAISSANT TOUS LES MOIS .1
SIXIÈME ANNÉE MAI 1915 iNS 129.
L'amoralité EDITORIAL
allemande.
Pour juger un peuple, il faut rechercher, avant
tout, quels sont les éléments primordiaux de sa conscience
morale.
Nous voulons aujourd' hui, en face de l'Allemagne
contemporaine, rechercher son véritable caractère, suivre
son évolution et en dégager les principes qui ont abouti
à la guerre actuelle.
C'est un fait historique et irréfutable, qu'il y eut
jadis une bonne Allemagne, mais que depuis longtemps,
celle du XXe siècle n'a plus rien de commun avec celle
des Kant, des Hegel et des Goethe. C'est en vain que
l'on cherche aujourd'hui, des disciples des grands génies
d'autrefois. Un rationalisme avide, règne sur l'esprit
allemand: en philosophie, comme en littérature, en reli-
gion, comme en toutes choses, l'Allemand semble s'ima-
giner qu'il suffit de comprendre pour être supérieur. Or,
comprendre n'est pas créer: la culture spéciale de l'éru-
dit n'est qu'un stade primaire; la conviction fondamen-
tale que l'érudition est une fin en soi est une erreur,
et l'analyse n'a en somme qu'une valeur négative.
Le degré d'assimilation par analyse est le plus
détestable qui soit. Il est par excellence le facteur
de la culture amorale et conduit fatalement à
une déformation du jugement et du bon sens. Ne voyons
nous pas en effet, le chimiste Oswald, exprimer cette
opinion en faisant l'éloge de la Germanie devant un
public suédois, qu'en Allemagne, on laisse volontiers
Dieu le Père à l'usage de l'empereur seul. On le voit
ici la croyance est peu de chose et cet état d'esprit a
pour effet la constitution de trois croyances: l'une pour
l'empereur, une autre pour l'élite et une troisième pour
le peuple. L'Allemagne toute entière, a donc vécu de
nos jours, par le consentement tacite de son élite
dans l'hypocrisie, dont l'Etat a fait un dogme.
Elle a accepté d'analyser le dogme et de l'appro-
prier à ses besoins ainsi qu'à sa mentalité. Nous avons
appris, ailleurs, dans d'autres pays, à accepter ou à ;
renier le dogme, mais jamais il n'est venu à l'idée d'
aucun peuple de discuter la personnalité du Père et son
adaptation sociale!
Ne voyons nous pas encore, halluciné par analyse,
Adolf Lasson, définir l'Allemagne comme «la création
politique la plus parfaite que l'Histoire eût connue»
et écrire que le peuple allemand est «moralement
et intellectuellement supérieur à tous, hors de pair».
Ce mirage, qui permet à des savants de juger la
valeur véritable de la culture germanique est exclusive-
ment le résultat de l'état d'esprit d'une race. Elle est
de l'époque de Schelling.
Elle est de l'époque de Fichte et subsiste aujourd'
hui. Elle subsiste malgré H. Heine qui s'est révolté
contre cette déformation de la culture véritable. Mais
H. Heine a été désavoué: il est considéré par les Alle-
mands comme leur pire ennemi. Ils l'ont renié et ses
protestations sont restées vaines.
Ils l'ont renié et baffoué pour avoir tracé selon son
bon sens, le parallèle des deux civilisations allemande
et française et avoir dégagé leur sens et leur rôle: le
conservatisme de l'Allemagne qui s'oppose à l'initiative
de la France, à son esprit audacieux et novateur; un
individualisme moral et intellectuel, qui est l'antithèse'
du caractère social de la civilisation française et enfin,
le développement des instincts et des sentiments, alors
que chez le français prédomine la raison.
Hummel, qui fut l'ennemi le plus acharné de Heine,
écrivait en 1876, que l'Allemagne est vraiment le cœur
de l'Europe, et, comme dans l'organisme, le cœur a pour
fonction de faire circuler, à travers les membres, un
sang qui renouvelle les parties vieillissantes et fortifie
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