Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1889-04-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 avril 1889 07 avril 1889
Description : 1889/04/07 (A4,N266). 1889/04/07 (A4,N266).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62319977
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
7 AvTfi t m -:
N* 2#
-¡ ;-, 'JJ!!~ ~M~ Jtt!~
-A~~M yMt y m" ~t. J~ V~' ~W -
Le Patriote Algérien >
'~w~ttNf .~NN~ t ~tF mNMttNfitt~ ~t~ ~t~~ttf jttt~ ~Nt~ ~ttMNt~ -
Rédaction :4, place t -tieuit- sterg PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI En face la Préfecture.
En face la Préfecture. ---.' En face la Préfecture.
ABONNEMENTS
< • - , - Trois mois. Six mois. Un an.
ALGÉRIE ; » 6 12
FRANCE ET ÉTRANGER Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration doit être adressé
à la Direction :
4, Place Soult-Berg (en face la Préfecture).
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SERONT PAS RENDUS
INSERTIONS
Légales, 0,18. — Diverses, 0,35. — Réclames, * Ir.:: -
Le PtTIIOTE n'a trailé avec illCDSe ifiEN€l
Insertions des Annonces légales, judiciares et antres exiérées pour la validité des procédures et -- contrats
Alger, le 6 avril 4889.
L'HÉGIRE
Le général Boulanger a fui, le géné-
ral Boulanger s'est sauvé, le général
• Boulanger s'est honteusement dérobé,
c'est un pleutre, un lâche, un couard ;
il a laissé en plan se débattre comme ils
pouvaient devant la police correction-
nelle les soldats qui avaient cru en lui ;
il a eu peur de la loi ; il a tremblé de-
vant le tricorne du gendarme simple-
ment évoqué ; ce jouisseur, vidé par
toutes les noces, a été épouvanté à
l'idée qu'il pourrait être mis en prison,
qu'il rre pourrait plus banqueter, et que
trois choses lui manqueraient d'un coup
auxquelles il était habitué : les femmes,
les festins et la morphine ; il a pris le
chemin de fer, le train de Bruxelles-
"comme un caissier qui emporte la caisse
— et, sans doute, l'emporte- t il. Il a
pensé, puisque Jacques Meyer était ex-
tradé, qu'il fallait le remplacer par un
Jacques Meyer de la politique Voilà
, les aménités — j'en passe pourtant, et
des meilleures — qui s'écrivent couram-
- ment dans les journaux anti-boulangis-
tes, et que chacun peut lire depuis qua-
rante-huit heures.
D'autres, moins habitués aux gros
mois, ou qui ne veulent pas s'en servir,
ont feuilleté leur histoire et se sont fi-
," -,' vrés Mdes1 comparaisons. Ils ont établi
que Deleclose, que Blanqui ne s'étaient
pas dérobés, n'avaient pas abandonné
leurs fidèles et, par conséquent au pre-
mier rang, ils étaient demeurés au pre-
mier rang, même quand l'heure du pé-
ril avait sonné.
*
* *
On comprendra sans peine pourquoi
je ne répondrai pas aux premiers. Les
i njures ne sont pas des arguments et il
ne convient pas de répondre aux injures.
Mais les seconds m'invitent à les suivre
sur le terrain de la discussion et je les
y suivrai.
Et tout d'abord je leur dirai : d'au-
tres temps, à'autres moeurs.
Oui, elle a été héroïque la conduite
de ceux qui n'ont pas reculé d'une se-
melle, qui n'ont pas lâché pied, qui ont
tenu tête jusqu'au dernier moment, qui,
ayant été les premiers à la peine, ont
voulu être les premiers à 'l'honneur, à
l'houoeur de la condamnation.
Mais nous dirons alors : à une autre
époque et dans ce temps-là les mœurs
politiques n'avaient pas subi la singu-
lière dépravation qu'elles ont en ce mo-
ment.
Alors c'était le droit qui s'insurgeait
contre la force. Et cette lutte se pour-
suivait entre deux camps tellement bien
tranchés qu'il ne pouvait y avoir de
confusion et qu'on ne cherchait même
pas l'équivoque. On combattait visière
levée. Le pouvoir n'avait changé que la
formule du bon plaisir, mais personne
ne se faisait illusion. On savait perti
nemment que ceux qui commandaient
se moquaient de la loi comme de la
légalité et n'agissaient qu'en vertu de
leur désir personnel.
Il était bon qu'alors des hommes se
levassent de toute leur hauteur frappant
aux portes où se consommait un perpé-
tuel adultère et criant : au nom de la
loi I
Ils pouvaient souffrir pour leur cause,
ils pouvaient aliéner leur vie, leur liberté,
faire abandon du peu qu'ils possédaient.
On ne prenait même pas la peine de
travestir leur pensée, et le pays, qui la
connaissait entière, était en mesure
d'apprécier et de juger. Oui, de juger.
les juges eux-mêmes.
*
* *
Maison a changé nos mœurs politi-
ques. '.--
Où est la franchise dans le gouverne-
ment? v;. ,
Où est le cynisme dés règnes anté-
rieurs ?
Le gouvernement actuel affecte de se
couvrir de la loi, il affecte d'en appeler
au pays —et se garde bien de le faire
— il affecte de dire qu'il détient le man-
dat dont il se sert du pays lui-même, de
ce pays qui l'a pourtant renié !
On a affaire à des aigres fins de la
politique.
Les coups dont ils menacent atteignent
comme des chausses-trapes.
Tomber entre leurs mains, ce n'est
pas seulement être condamnés, c'est être
souillés. Si ces gens-là recouraient à la
guillotine, ils feraient souffleter la tête
de leurs victimes.
Et vous voulez qu'on les attende de
pied ferme ? Vous voulez qu'on tombe
dans leurs embuscades ? Qu'on se prête
bénévolement à leurs projets ?
Allons donc 1
Il faut jouer au plus fin avec eux. Il
faut opposer ruse à ruse. N'est-ce pas la
République française qui parlait der-
nièrement de duel sauvage, de guerre
aii couteau ?
C'est ce qu'a compris le Comité na-
tional de Paris. Il a conseillé au général
— non pas de fuir, non pas de se dérober
— mais de ne pas se laisser prendre, ce
qui n'est pas la même chose.
L'arrestation du général devait être le
commencement de la partie engagée.
C'est en Il le fourrant à Mazas qu'on de-
vait marquer les premiers atouts.
Eh bien, le général n'est pas à Mazas,
il est en sécurité de l'autre côté de la
frontière
La première partie est perdue pour le
Gouvernement.
Attendons la manche avec confiance.
A ceux qui, trop prompts à prendre
leur désir pour la réaitte, interprètent
les événements au mieux de leurs espé-
rances, nous dirons simplement qu'il y
a un millier d'années le prédicateur
d'une religion nouvelle partit de la Mec-
que, où il était menacé par ses enne-
mis, pour Médine, et il n'y avait pas de
chemin de fer. Ce fut de cette retraite de
cet Hégire qne data la marche du parti
qu'il constituait.
Je n'ai pas besoin de rappeler l'his-
toire à nos lecteurs pour leur dire de
suivre sur la carte quelle a été et quelle
est actuellement l'extension du Mahomé-
tisme.
: VIDAL.
IPS0F8S if-ÊHDÉMlE
Ce n'est pas sans plaisir que nous avons
vu que la Municipalité partageait notre fa-
çon de voir en ce qui concerne l'insalubrité
de certains logements.
A deux reprises nous avons appelé son
attention sur le caractère antihygiénique
que présentaient des taudis du quartier de
la Préfecture, loués comme chambres à des
locataires nécessiteux par des propriétaires
dont l'âpretô au gain était le moindre dé-
faut.
Aujourd'hui, on nous adresse de l'Hôtel
de Yille la communication suivante :
c Depuis plusieurs jours des visites sont
faites par des agents du Service des travaux
communaux, concurremment avec le Servi-
ce de la police, dans les Maisons de la ville
qui sont notoirement réputées pour être
insalubres. Ces visites ont pour but la re-
cherche des différentes causes d'insalubrité
qu'ils peuvent présenter, telles que défauts
de siphons aux égoûts particuliers et aux
cabinets d'aisance, défaut de blanchiment,
de désinfection, d'aération, motifs sérieux
d'inhabitabitité, curage des citernes, etc.
» A la suite des rapports faits par ces
agents, des arrêtés d'injonctions sont noti-
j onctions sont noti-
fiés aux propriétaires pour l'exécution im-
médiate des travaux d'assainissement re-
connus nécessaires.
• Cent quarante-trois de ces injonctions
ont déjà été notifiées à différents propriétai-
res des quartiers de la Préfecture, de la
Casbah et de la place de Chartres.
» Dans le cas où les propriétaires n'exé-
cuteraient pas dans les délais impartis les
travaux de salubrité imposés par la Muni-
cipalité, ils seront exécutés à leurs frais,
sans préjudice des poursuites correction-
nelles dont ils pourront être l'objet.
» Nous espérons qu'il deviendra inutile
de recourir à ces moyens rigoureux et que
les. propriétaires se feront une obligation
étroite d'exécuter des prescriptions com-
mandées par des raisons d'hygiène et de
salubrité.
o La Mairie recevra avec plaisir à ce su-
jet toutes les indications qui pourront lui
être fournies par les habitants. »
Nous ne pouvons qu'engager la Munici-
palité à persévérer dans cette voix.
Cent quarante-trois injonctions, c'est déjà
très beau, mais ce n'est pas sans doute suf-
fisant.
Mais que les locataires facilitent la tâche
des autorités. Qu'eux-mêmes aillent à la
Mairie déclarer les défectuosités de leurs
logements. Nous sommes certains qu'il leur
sera donné satisfaction.
D'un autre côté, nous appelons spéciale-
ment l'attention du Service des travaux com-
munaux sur la condition dans laquelle se
trouvent bien des citernes du quartier de la
Préfecture.
Il en est qui doivent avo r besoin d'un
curage sérieux, car depuis plusieurs mois,
et malgré les rigueurs de l'hiver, les habi-
tants d'une partie de ce quartier subissent
une véritable invasion de moustiques.
Nous espérons qu'il y sera mis bon or -
dre. ; x,- : T-~- •
Pour terminer, puisque nous avons à plu- ,-
sieurs reprises parlé de l'épidémie de va-
riole, disons que les rapports médicaux
constatent qu'elle est eu décroissance dans
la ville. Les nombreux malades qui sont
journellement transportés au Fort de l'Em-
pereur proviennent des environs.
PLICK.
M. MUSTON ET LA PRESSE
M. MUSTON ET LA arSSE
-
Je commence par déclarer qu'en écri-
vant cet article je n'ai aucun parti-
pris. Je ne suis propriétaire d'aucune
feuille politique, commerciale, artisti-
que ou financière. C'est vous dire que je
suis indépendant, que je n'ai traité avec
aucune agence, même matrimoniale, et
que si j'ai l'intention d'attaquer un jour-
nal algérien, je vous prie de croire que
ce n'est pas par jalousie.
Le journal en question est une honte
pour la presse d'Alger. Ceux de nos
confrères de France qui reçoivent ce
torchon doivent se tordre. Je doute pour-
tant qu'il aille aussi loin et qu'il puisse
supporter la traversée ; il se contente de
s'étaler sur tous les fauteuils des dé-
crotteurs des arcades Bab-Azoun et de la
place du gouvernement. Est-ce parce
qu'il est d'une bêtise indécrottable?.
Ce n'est pas un journal, c'est. je
vous demande pardon, mais je ne pois
imprimer le mot (ce qui prouve que nous
sommes plus bégueules que nos devan-
ciers), mais vous le trouverez dans Ra-
belais, qui lui a consacré tout un cha-
pitre, et non des moins émouvants. Si
l'auteur de Gargantua revenait au mon-
de, il ajouterait la Dépêche a la liste
pourtant très longue de ces objets de
première nécessité. Je crois même qu'il
lui donnerait la préférence. Du reste,
vous n'avez qu'à faire une courte visite
au chalet du square Bresson pour vous
convaincre que la titulaire ae cet éta-
blissement se croirait déshonorée aux
yeux de ses clients si elle ne leur don-
nait pas de petits carrés de papier jaune
dont on devine aisément la provenance.
Je dis de petits carrés, car la lecture
d'une feuille entière, bien qu'elle spit
d'un format modeste, pourrait produire
un effet des plus désastreux. A moins
d'avoir affaire à une personne atteinte
de constipation, il serait dangereux d'en
faire avaler plus de dix à quinze lignes
d'un coup. H
Jusqu'ici, rien à dire : La Dépêche va
où elle doit aller, où va toute cpose, la
feuille de laurier et surtout la feuille. de
rose. Mais où elle est étonnante, c'est
quand elle nous la fait à l'information.
Je vous recommande son service télé*-
graphique et notamment ses télégram-
mes d'Algérie et de Tunisie, découpés,
le plus souvent, dans les journaux de
la vieille. Néanmoins, il y a encore des
gêM qui coupe M. ~w~ -
aèrent Muston comme un grand homme.
Ce qui m'amuse le plus, c'est de voir
certains donner dans le panàeaa.
Il faut être naïf comme Gribouille pour
ne pas s'apercevoir que Muston, ce Mar-
seillais fumiste, est en train de tuer la
presse quotidienne. Cela vous fait sou-
rire, n'est-ce pas ? Vous vous demandez
la raison de cette boutade. Je vous vois
déjà hausser les épaules, disant : Est-ce
assez bète !
Eh bien, je vais mettre les points sur
les i. Je sais d'autant plus à l'aise que
le Patriote se contente de paraître deux
fois par semaine et que, par conséquent,
il est désintéressé de la question.
On voudra bien reconnaître que la
première condition, pour les journaux
d'Alger, est d'être rapidement informés
et de donner les nouvelles quarante-huit
heures- avant les journaux de Paris- Cela
est si vrai que ceux qui ont un abonne-
ment à l'Havas ont encore des corres- -
pondants particuliers. De là une grosse
dépense et, en somme, peu de nouvel-
les. L'agence Muston encaisserait mille
francs par jour qu'elle ne donnerait. pas
une dépêche de plus pue d'habitude.
.(41) F?itiiaet0n DU Patriote Algérien.
MADAME MARGAMT
HISTOIRE PARISIENNE
Par ARMAND LAPOINTE.
(Suite) ;
;¡ Madame Bernard se leva et dit : *
motra allons nous
fairçremarquer.
„ £ !est bien dommage 1 murmura
Faustine,: trahissant ainsi le sentiment
qu'elle éprouyait.,
— Vraiment,M.:Margaret,n'estpas
raisonnable, reprit Madame Bernard,
n osant, s'attaquer à sa fille.
Maïs, dèjà Faustine, sans quitter le ;
bras Alexis, s'était emparée clu bras de
Madame Lambert et le groupe avait pris
les devants. ,q-
'Madame Bernard et Lambert le sui-
virent.
Votre méré est mécontenté, ce soir,'-
ma chère Faustine soyez douté et sbùf-
mise avèc elle. ,'.
— Même* si die est injuste ? demanda
— Même si elle est- iajattd
— Oh l je sais ce que e'est,répliqua
Faustine et je connais le moyen de la
c';"'Ji. connais un aussi, moi.
— Lequel ? demanda curieusement
Alexis. - ,
— C'est de né plus aller nous prome-
ner au Luxembourg.
- Quel mal y a-t-il à cela ?
- Aucun, à coup sûr ; mais Madame
Bernard a des susceptibilités qu'il faut
savoir respecter. Suivez mon conseil,
vous vous en trouverez bien tous les
deux.
1 — Soit ! dit Faustine. Aussi bien, la
; promenade de ce soir me suffit.
— Et pour vous récompenser de votre
grande raison, reprit Madame Lambert,
;je vais inviter Madame Bernard à dîner
| pour dimanche. Alexis sera de nôtres ;
; vous passerez une douce soirée, et nous
aussi.
— Vous êtes bonne, et je vous aime
-bien, répondit la jeune fille. ,
On arriva à la rue de l'Abbaye. -
— Voulez-vous entrer pour vous repo-
ser un peu ? demanda Madame Bernard
à ses amis.
, — Non, répondit Madame Lambert, il
: est tard, et vous êtes fatiguée. Nous nous
reverrons dimanche. Venez dîner chez
nous avec Faustine ; venez de bonne
nous ferons un peu de musique.
—
heure, C'est entendu, répliqua Madame
Bernard, très heureuse, de voir que les
promenades ne se renouvelleraient pas
les jours suivants. ,
Les dames s'embrassèrent, et Faustine,
après évoir glissé sa main dans cielle
d'Aléxis, lui dit avec un doux sourire :
; —A demain.
VI
Madame Bernard dormit mal cette
nuit-là ; elle cherchait une combinaison,
un moyen, un prétexte pour quereller,sa
fille et être désagréable à Alexis. Elle ne
trouva rien de bon, et, comme elle était
devenue prudente, elle porta sa pensée
sur un autre sujet. Elle se demanda si
c'était bien le hasard qui avait amené
M. et Madame Lambert au jardin du
Luxembourg. Bientôt elle arriva à cette
conviction que cette rencontre était pré-
méditée, qu'elle avait eu pour but de
saper son autorité et de ménager un tête-
à-tête aux fiancés. De cette pensée à un
sentiment de haine envers M. et Madame
Lambert il n'y avait qu'un pas ; elle le
franchit à l'instant et se promit de met-
tra toutes sortes d'obstables à la conclu-
t sion du mariage, si, d'une part, elle
parvenait à avoir la preuve que ses sup-
positions étaient vraies et si, d'autre
part, Faustine aimait Alexis. ,
Elle commença son œuvre dès le jour
suivant; 1..
; — N'as-tu pas trouvé bien extraordi-
naire, demanda-t-elle à sa fille, larencon-
Itre que nous avons faite hier au soir de
M. et de Madame Lambert dans le jardin
du Luxembourg?
Mais Faustine était sur ses gardes.
- Cette rencontre m'a un peu surprise,
répondit-elle, mais Madame Lambert
m en a appris la cause.
— Ah f et quelle est-elle ?
- Oh 1 très simple : une visite que
, :..
son mari avait à faire chez un des pein-
tres de la rue de Fleurus. Madame Lam-
bert a accompagné son mari, et, comme
la soirée était très belle,ils en ont profité
pour faire une promenade dans le jardin.
Le lecteur sait qu'il n'y avait pas un
mot de vrai dans cette version, mais
Faustine était certaine que Madame Lam-
bert ne la trahirait pas.
- J'espère bien que ces promenades
ne se renouvelleront plus.
— De quelles promenades veux-tu
parler ? demanda Faustine du ton le plus
indifférent, des nôtres ou de celles de
M. et Madame Lambert ?
— Nos amis Lambert sont libres de
leurs actions.
- C'est ce que je pensais. Si tu fais
allusion à notre sortie d'hier soir avec
M. Margaret, je suis de ton avis ; il est
inutile de recommencer pareille prome-
nade. Ir.,
Madame Bernard fut bien étonnée en
entendant ces paroles.
- Ah 1 fit-elle.
Puis elle ajouta vivement :
— Est-ce que M. Margaret aurait eu
un langage déplacé ? Il faut le dire ; tu
n'es pas encore mariée avec lui, Dieu
merci ! et tu sais que je ne suis pas folle
de ce bellâtre.
— M. Margaret n'a rien dit que je ne
puisse entendre, et son langage a été.
convenable en tou& points. ':
— Ces gens-là sont si habitués à vivre
avec des créatures qu'il est permis de
tout supposer de leur part.
Les joues de Faustine se colorèrent
d'une teinte cramoisie.
— J'espère, dit-elle, que tu ne parles
pas de M. Margaret !
Il y avait dans sa voix comme un
accent de dépit, de reproche et dé coléré.
acce dt de'dépit, de Fepioche et de,46M
Madame Bernard, au lieu de répondre,
contempla un instant sa fille, et, recevant
le gant mie celle-ci semblait lui avoir
jeté, elle dit : -
- - Tu serais-tu, par hasard, engouée
de ce personnage ?
— Peu importe, répondit, Faustine ;
il suffit, ce me semble, que M. Margaret
soit mon fiancé pour que de pareilles
suppositions ne soient point faites sur
son compte. J'admets volontiers que je
l'épouse par ambition, par calcul, par'
intérêt; - je te fais, sur ce point, toute
espèce de concessions ; mais je né suis
pas assez aveugle pour méconnaltfe se*:
qualités, et j'estime qu'il est de-mon
devoir. de les proclamer bien haut.
Oui-da ! s'écria Madame Bernard.
Alors, veux-tu bien m'expliquer pour-
quoi toi-même tu te refuses àdenou-
velles promenades en sa compagnie ?
Faustine ouvrit la bouche pour répon-
dre ; mais elle s'arrêta à çropos,V Com-
prenant que sa réponse allait tôut gpter.
Ti»ùâ,. mère, dit-elle, ne -
plus de cela. Je t'ai dit mon senÇmigpjt.
et mon désir relativement à ce mariage ;
tu m'as approuvée; restons-en à cette:,
situation. Je fassure que c'est la jneft*
leure pour toi et pour moi. -,
; (1 soin#
N* 2#
-¡ ;-, 'JJ!!~ ~M~ Jtt!~
-A~~M yMt y m" ~t. J~ V~' ~W -
Le Patriote Algérien >
'~w~ttNf .~NN~ t ~tF mNMttNfitt~ ~t~ ~t~~ttf jttt~ ~Nt~ ~ttMNt~ -
Rédaction :4, place t -tieuit- sterg PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI En face la Préfecture.
En face la Préfecture. ---.' En face la Préfecture.
ABONNEMENTS
< • - , - Trois mois. Six mois. Un an.
ALGÉRIE ; » 6 12
FRANCE ET ÉTRANGER Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration doit être adressé
à la Direction :
4, Place Soult-Berg (en face la Préfecture).
LES MANUSCRITS NON INSÉRÉS NE SERONT PAS RENDUS
INSERTIONS
Légales, 0,18. — Diverses, 0,35. — Réclames, * Ir.:: -
Le PtTIIOTE n'a trailé avec illCDSe ifiEN€l
Insertions des Annonces légales, judiciares et antres exiérées pour la validité des procédures et -- contrats
Alger, le 6 avril 4889.
L'HÉGIRE
Le général Boulanger a fui, le géné-
ral Boulanger s'est sauvé, le général
• Boulanger s'est honteusement dérobé,
c'est un pleutre, un lâche, un couard ;
il a laissé en plan se débattre comme ils
pouvaient devant la police correction-
nelle les soldats qui avaient cru en lui ;
il a eu peur de la loi ; il a tremblé de-
vant le tricorne du gendarme simple-
ment évoqué ; ce jouisseur, vidé par
toutes les noces, a été épouvanté à
l'idée qu'il pourrait être mis en prison,
qu'il rre pourrait plus banqueter, et que
trois choses lui manqueraient d'un coup
auxquelles il était habitué : les femmes,
les festins et la morphine ; il a pris le
chemin de fer, le train de Bruxelles-
"comme un caissier qui emporte la caisse
— et, sans doute, l'emporte- t il. Il a
pensé, puisque Jacques Meyer était ex-
tradé, qu'il fallait le remplacer par un
Jacques Meyer de la politique Voilà
, les aménités — j'en passe pourtant, et
des meilleures — qui s'écrivent couram-
- ment dans les journaux anti-boulangis-
tes, et que chacun peut lire depuis qua-
rante-huit heures.
D'autres, moins habitués aux gros
mois, ou qui ne veulent pas s'en servir,
ont feuilleté leur histoire et se sont fi-
," -,' vrés Mdes1 comparaisons. Ils ont établi
que Deleclose, que Blanqui ne s'étaient
pas dérobés, n'avaient pas abandonné
leurs fidèles et, par conséquent au pre-
mier rang, ils étaient demeurés au pre-
mier rang, même quand l'heure du pé-
ril avait sonné.
*
* *
On comprendra sans peine pourquoi
je ne répondrai pas aux premiers. Les
i njures ne sont pas des arguments et il
ne convient pas de répondre aux injures.
Mais les seconds m'invitent à les suivre
sur le terrain de la discussion et je les
y suivrai.
Et tout d'abord je leur dirai : d'au-
tres temps, à'autres moeurs.
Oui, elle a été héroïque la conduite
de ceux qui n'ont pas reculé d'une se-
melle, qui n'ont pas lâché pied, qui ont
tenu tête jusqu'au dernier moment, qui,
ayant été les premiers à la peine, ont
voulu être les premiers à 'l'honneur, à
l'houoeur de la condamnation.
Mais nous dirons alors : à une autre
époque et dans ce temps-là les mœurs
politiques n'avaient pas subi la singu-
lière dépravation qu'elles ont en ce mo-
ment.
Alors c'était le droit qui s'insurgeait
contre la force. Et cette lutte se pour-
suivait entre deux camps tellement bien
tranchés qu'il ne pouvait y avoir de
confusion et qu'on ne cherchait même
pas l'équivoque. On combattait visière
levée. Le pouvoir n'avait changé que la
formule du bon plaisir, mais personne
ne se faisait illusion. On savait perti
nemment que ceux qui commandaient
se moquaient de la loi comme de la
légalité et n'agissaient qu'en vertu de
leur désir personnel.
Il était bon qu'alors des hommes se
levassent de toute leur hauteur frappant
aux portes où se consommait un perpé-
tuel adultère et criant : au nom de la
loi I
Ils pouvaient souffrir pour leur cause,
ils pouvaient aliéner leur vie, leur liberté,
faire abandon du peu qu'ils possédaient.
On ne prenait même pas la peine de
travestir leur pensée, et le pays, qui la
connaissait entière, était en mesure
d'apprécier et de juger. Oui, de juger.
les juges eux-mêmes.
*
* *
Maison a changé nos mœurs politi-
ques. '.--
Où est la franchise dans le gouverne-
ment? v;. ,
Où est le cynisme dés règnes anté-
rieurs ?
Le gouvernement actuel affecte de se
couvrir de la loi, il affecte d'en appeler
au pays —et se garde bien de le faire
— il affecte de dire qu'il détient le man-
dat dont il se sert du pays lui-même, de
ce pays qui l'a pourtant renié !
On a affaire à des aigres fins de la
politique.
Les coups dont ils menacent atteignent
comme des chausses-trapes.
Tomber entre leurs mains, ce n'est
pas seulement être condamnés, c'est être
souillés. Si ces gens-là recouraient à la
guillotine, ils feraient souffleter la tête
de leurs victimes.
Et vous voulez qu'on les attende de
pied ferme ? Vous voulez qu'on tombe
dans leurs embuscades ? Qu'on se prête
bénévolement à leurs projets ?
Allons donc 1
Il faut jouer au plus fin avec eux. Il
faut opposer ruse à ruse. N'est-ce pas la
République française qui parlait der-
nièrement de duel sauvage, de guerre
aii couteau ?
C'est ce qu'a compris le Comité na-
tional de Paris. Il a conseillé au général
— non pas de fuir, non pas de se dérober
— mais de ne pas se laisser prendre, ce
qui n'est pas la même chose.
L'arrestation du général devait être le
commencement de la partie engagée.
C'est en Il le fourrant à Mazas qu'on de-
vait marquer les premiers atouts.
Eh bien, le général n'est pas à Mazas,
il est en sécurité de l'autre côté de la
frontière
La première partie est perdue pour le
Gouvernement.
Attendons la manche avec confiance.
A ceux qui, trop prompts à prendre
leur désir pour la réaitte, interprètent
les événements au mieux de leurs espé-
rances, nous dirons simplement qu'il y
a un millier d'années le prédicateur
d'une religion nouvelle partit de la Mec-
que, où il était menacé par ses enne-
mis, pour Médine, et il n'y avait pas de
chemin de fer. Ce fut de cette retraite de
cet Hégire qne data la marche du parti
qu'il constituait.
Je n'ai pas besoin de rappeler l'his-
toire à nos lecteurs pour leur dire de
suivre sur la carte quelle a été et quelle
est actuellement l'extension du Mahomé-
tisme.
: VIDAL.
IPS0F8S if-ÊHDÉMlE
Ce n'est pas sans plaisir que nous avons
vu que la Municipalité partageait notre fa-
çon de voir en ce qui concerne l'insalubrité
de certains logements.
A deux reprises nous avons appelé son
attention sur le caractère antihygiénique
que présentaient des taudis du quartier de
la Préfecture, loués comme chambres à des
locataires nécessiteux par des propriétaires
dont l'âpretô au gain était le moindre dé-
faut.
Aujourd'hui, on nous adresse de l'Hôtel
de Yille la communication suivante :
c Depuis plusieurs jours des visites sont
faites par des agents du Service des travaux
communaux, concurremment avec le Servi-
ce de la police, dans les Maisons de la ville
qui sont notoirement réputées pour être
insalubres. Ces visites ont pour but la re-
cherche des différentes causes d'insalubrité
qu'ils peuvent présenter, telles que défauts
de siphons aux égoûts particuliers et aux
cabinets d'aisance, défaut de blanchiment,
de désinfection, d'aération, motifs sérieux
d'inhabitabitité, curage des citernes, etc.
» A la suite des rapports faits par ces
agents, des arrêtés d'injonctions sont noti-
j onctions sont noti-
fiés aux propriétaires pour l'exécution im-
médiate des travaux d'assainissement re-
connus nécessaires.
• Cent quarante-trois de ces injonctions
ont déjà été notifiées à différents propriétai-
res des quartiers de la Préfecture, de la
Casbah et de la place de Chartres.
» Dans le cas où les propriétaires n'exé-
cuteraient pas dans les délais impartis les
travaux de salubrité imposés par la Muni-
cipalité, ils seront exécutés à leurs frais,
sans préjudice des poursuites correction-
nelles dont ils pourront être l'objet.
» Nous espérons qu'il deviendra inutile
de recourir à ces moyens rigoureux et que
les. propriétaires se feront une obligation
étroite d'exécuter des prescriptions com-
mandées par des raisons d'hygiène et de
salubrité.
o La Mairie recevra avec plaisir à ce su-
jet toutes les indications qui pourront lui
être fournies par les habitants. »
Nous ne pouvons qu'engager la Munici-
palité à persévérer dans cette voix.
Cent quarante-trois injonctions, c'est déjà
très beau, mais ce n'est pas sans doute suf-
fisant.
Mais que les locataires facilitent la tâche
des autorités. Qu'eux-mêmes aillent à la
Mairie déclarer les défectuosités de leurs
logements. Nous sommes certains qu'il leur
sera donné satisfaction.
D'un autre côté, nous appelons spéciale-
ment l'attention du Service des travaux com-
munaux sur la condition dans laquelle se
trouvent bien des citernes du quartier de la
Préfecture.
Il en est qui doivent avo r besoin d'un
curage sérieux, car depuis plusieurs mois,
et malgré les rigueurs de l'hiver, les habi-
tants d'une partie de ce quartier subissent
une véritable invasion de moustiques.
Nous espérons qu'il y sera mis bon or -
dre. ; x,- : T-~- •
Pour terminer, puisque nous avons à plu- ,-
sieurs reprises parlé de l'épidémie de va-
riole, disons que les rapports médicaux
constatent qu'elle est eu décroissance dans
la ville. Les nombreux malades qui sont
journellement transportés au Fort de l'Em-
pereur proviennent des environs.
PLICK.
M. MUSTON ET LA PRESSE
M. MUSTON ET LA arSSE
-
Je commence par déclarer qu'en écri-
vant cet article je n'ai aucun parti-
pris. Je ne suis propriétaire d'aucune
feuille politique, commerciale, artisti-
que ou financière. C'est vous dire que je
suis indépendant, que je n'ai traité avec
aucune agence, même matrimoniale, et
que si j'ai l'intention d'attaquer un jour-
nal algérien, je vous prie de croire que
ce n'est pas par jalousie.
Le journal en question est une honte
pour la presse d'Alger. Ceux de nos
confrères de France qui reçoivent ce
torchon doivent se tordre. Je doute pour-
tant qu'il aille aussi loin et qu'il puisse
supporter la traversée ; il se contente de
s'étaler sur tous les fauteuils des dé-
crotteurs des arcades Bab-Azoun et de la
place du gouvernement. Est-ce parce
qu'il est d'une bêtise indécrottable?.
Ce n'est pas un journal, c'est. je
vous demande pardon, mais je ne pois
imprimer le mot (ce qui prouve que nous
sommes plus bégueules que nos devan-
ciers), mais vous le trouverez dans Ra-
belais, qui lui a consacré tout un cha-
pitre, et non des moins émouvants. Si
l'auteur de Gargantua revenait au mon-
de, il ajouterait la Dépêche a la liste
pourtant très longue de ces objets de
première nécessité. Je crois même qu'il
lui donnerait la préférence. Du reste,
vous n'avez qu'à faire une courte visite
au chalet du square Bresson pour vous
convaincre que la titulaire ae cet éta-
blissement se croirait déshonorée aux
yeux de ses clients si elle ne leur don-
nait pas de petits carrés de papier jaune
dont on devine aisément la provenance.
Je dis de petits carrés, car la lecture
d'une feuille entière, bien qu'elle spit
d'un format modeste, pourrait produire
un effet des plus désastreux. A moins
d'avoir affaire à une personne atteinte
de constipation, il serait dangereux d'en
faire avaler plus de dix à quinze lignes
d'un coup. H
Jusqu'ici, rien à dire : La Dépêche va
où elle doit aller, où va toute cpose, la
feuille de laurier et surtout la feuille. de
rose. Mais où elle est étonnante, c'est
quand elle nous la fait à l'information.
Je vous recommande son service télé*-
graphique et notamment ses télégram-
mes d'Algérie et de Tunisie, découpés,
le plus souvent, dans les journaux de
la vieille. Néanmoins, il y a encore des
gêM qui coupe M. ~w~ -
aèrent Muston comme un grand homme.
Ce qui m'amuse le plus, c'est de voir
certains donner dans le panàeaa.
Il faut être naïf comme Gribouille pour
ne pas s'apercevoir que Muston, ce Mar-
seillais fumiste, est en train de tuer la
presse quotidienne. Cela vous fait sou-
rire, n'est-ce pas ? Vous vous demandez
la raison de cette boutade. Je vous vois
déjà hausser les épaules, disant : Est-ce
assez bète !
Eh bien, je vais mettre les points sur
les i. Je sais d'autant plus à l'aise que
le Patriote se contente de paraître deux
fois par semaine et que, par conséquent,
il est désintéressé de la question.
On voudra bien reconnaître que la
première condition, pour les journaux
d'Alger, est d'être rapidement informés
et de donner les nouvelles quarante-huit
heures- avant les journaux de Paris- Cela
est si vrai que ceux qui ont un abonne-
ment à l'Havas ont encore des corres- -
pondants particuliers. De là une grosse
dépense et, en somme, peu de nouvel-
les. L'agence Muston encaisserait mille
francs par jour qu'elle ne donnerait. pas
une dépêche de plus pue d'habitude.
.(41) F?itiiaet0n DU Patriote Algérien.
MADAME MARGAMT
HISTOIRE PARISIENNE
Par ARMAND LAPOINTE.
(Suite) ;
;¡ Madame Bernard se leva et dit : *
motra allons nous
fairçremarquer.
„ £ !est bien dommage 1 murmura
Faustine,: trahissant ainsi le sentiment
qu'elle éprouyait.,
— Vraiment,M.:Margaret,n'estpas
raisonnable, reprit Madame Bernard,
n osant, s'attaquer à sa fille.
Maïs, dèjà Faustine, sans quitter le ;
bras Alexis, s'était emparée clu bras de
Madame Lambert et le groupe avait pris
les devants. ,q-
'Madame Bernard et Lambert le sui-
virent.
Votre méré est mécontenté, ce soir,'-
ma chère Faustine soyez douté et sbùf-
mise avèc elle. ,'.
— Même* si die est injuste ? demanda
— Oh l je sais ce que e'est,répliqua
Faustine et je connais le moyen de la
c
— Lequel ? demanda curieusement
Alexis. - ,
— C'est de né plus aller nous prome-
ner au Luxembourg.
- Quel mal y a-t-il à cela ?
- Aucun, à coup sûr ; mais Madame
Bernard a des susceptibilités qu'il faut
savoir respecter. Suivez mon conseil,
vous vous en trouverez bien tous les
deux.
1 — Soit ! dit Faustine. Aussi bien, la
; promenade de ce soir me suffit.
— Et pour vous récompenser de votre
grande raison, reprit Madame Lambert,
;je vais inviter Madame Bernard à dîner
| pour dimanche. Alexis sera de nôtres ;
; vous passerez une douce soirée, et nous
aussi.
— Vous êtes bonne, et je vous aime
-bien, répondit la jeune fille. ,
On arriva à la rue de l'Abbaye. -
— Voulez-vous entrer pour vous repo-
ser un peu ? demanda Madame Bernard
à ses amis.
, — Non, répondit Madame Lambert, il
: est tard, et vous êtes fatiguée. Nous nous
reverrons dimanche. Venez dîner chez
nous avec Faustine ; venez de bonne
nous ferons un peu de musique.
—
heure, C'est entendu, répliqua Madame
Bernard, très heureuse, de voir que les
promenades ne se renouvelleraient pas
les jours suivants. ,
Les dames s'embrassèrent, et Faustine,
après évoir glissé sa main dans cielle
d'Aléxis, lui dit avec un doux sourire :
; —A demain.
VI
Madame Bernard dormit mal cette
nuit-là ; elle cherchait une combinaison,
un moyen, un prétexte pour quereller,sa
fille et être désagréable à Alexis. Elle ne
trouva rien de bon, et, comme elle était
devenue prudente, elle porta sa pensée
sur un autre sujet. Elle se demanda si
c'était bien le hasard qui avait amené
M. et Madame Lambert au jardin du
Luxembourg. Bientôt elle arriva à cette
conviction que cette rencontre était pré-
méditée, qu'elle avait eu pour but de
saper son autorité et de ménager un tête-
à-tête aux fiancés. De cette pensée à un
sentiment de haine envers M. et Madame
Lambert il n'y avait qu'un pas ; elle le
franchit à l'instant et se promit de met-
tra toutes sortes d'obstables à la conclu-
t sion du mariage, si, d'une part, elle
parvenait à avoir la preuve que ses sup-
positions étaient vraies et si, d'autre
part, Faustine aimait Alexis. ,
Elle commença son œuvre dès le jour
suivant; 1..
; — N'as-tu pas trouvé bien extraordi-
naire, demanda-t-elle à sa fille, larencon-
Itre que nous avons faite hier au soir de
M. et de Madame Lambert dans le jardin
du Luxembourg?
Mais Faustine était sur ses gardes.
- Cette rencontre m'a un peu surprise,
répondit-elle, mais Madame Lambert
m en a appris la cause.
— Ah f et quelle est-elle ?
- Oh 1 très simple : une visite que
, :..
son mari avait à faire chez un des pein-
tres de la rue de Fleurus. Madame Lam-
bert a accompagné son mari, et, comme
la soirée était très belle,ils en ont profité
pour faire une promenade dans le jardin.
Le lecteur sait qu'il n'y avait pas un
mot de vrai dans cette version, mais
Faustine était certaine que Madame Lam-
bert ne la trahirait pas.
- J'espère bien que ces promenades
ne se renouvelleront plus.
— De quelles promenades veux-tu
parler ? demanda Faustine du ton le plus
indifférent, des nôtres ou de celles de
M. et Madame Lambert ?
— Nos amis Lambert sont libres de
leurs actions.
- C'est ce que je pensais. Si tu fais
allusion à notre sortie d'hier soir avec
M. Margaret, je suis de ton avis ; il est
inutile de recommencer pareille prome-
nade. Ir.,
Madame Bernard fut bien étonnée en
entendant ces paroles.
- Ah 1 fit-elle.
Puis elle ajouta vivement :
— Est-ce que M. Margaret aurait eu
un langage déplacé ? Il faut le dire ; tu
n'es pas encore mariée avec lui, Dieu
merci ! et tu sais que je ne suis pas folle
de ce bellâtre.
— M. Margaret n'a rien dit que je ne
puisse entendre, et son langage a été.
convenable en tou& points. ':
— Ces gens-là sont si habitués à vivre
avec des créatures qu'il est permis de
tout supposer de leur part.
Les joues de Faustine se colorèrent
d'une teinte cramoisie.
— J'espère, dit-elle, que tu ne parles
pas de M. Margaret !
Il y avait dans sa voix comme un
accent de dépit, de reproche et dé coléré.
acce dt de'dépit, de Fepioche et de,46M
Madame Bernard, au lieu de répondre,
contempla un instant sa fille, et, recevant
le gant mie celle-ci semblait lui avoir
jeté, elle dit : -
- - Tu serais-tu, par hasard, engouée
de ce personnage ?
— Peu importe, répondit, Faustine ;
il suffit, ce me semble, que M. Margaret
soit mon fiancé pour que de pareilles
suppositions ne soient point faites sur
son compte. J'admets volontiers que je
l'épouse par ambition, par calcul, par'
intérêt; - je te fais, sur ce point, toute
espèce de concessions ; mais je né suis
pas assez aveugle pour méconnaltfe se*:
qualités, et j'estime qu'il est de-mon
devoir. de les proclamer bien haut.
Oui-da ! s'écria Madame Bernard.
Alors, veux-tu bien m'expliquer pour-
quoi toi-même tu te refuses àdenou-
velles promenades en sa compagnie ?
Faustine ouvrit la bouche pour répon-
dre ; mais elle s'arrêta à çropos,V Com-
prenant que sa réponse allait tôut gpter.
Ti»ùâ,. mère, dit-elle, ne -
plus de cela. Je t'ai dit mon senÇmigpjt.
et mon désir relativement à ce mariage ;
tu m'as approuvée; restons-en à cette:,
situation. Je fassure que c'est la jneft*
leure pour toi et pour moi. -,
; (1 soin#
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