Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1889-01-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 janvier 1889 23 janvier 1889
Description : 1889/01/23 (A4,N245). 1889/01/23 (A4,N245).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62319888
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
.- - ~~MM~m~~m~~M
N - 245. Quatrième Année 5 CENTIMES
Mercredi, 23 Janvier 1889
Le Patriote Algérien
( Rédaction: JO, Rue des Consuls ) L'AVENIR ti E L'ALG,ERIE tion 10, Rue des Consuls )
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI x — : .—~
ABONNEMENTS
Trois nais Six mois Un an
ALGÉRIE. 3 fr 6 fr. 12 f.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration doit être adressé
à la Direction:
10, Rue des Consuls, 10
LES MANUSCRITS NON INSÉRÍS NE SONT PAS RENDUS
INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,35 — Réclames, 1 fr.
-Je-
Le PATIIOTE n'a traité nec AUCUIE AGENCE
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 21 Janvier 1889
■ I Entêtement tapA
•î. ■
Il y a quelque temps, M. Jeanmaire
introduisait dans l'enseignement des
modifications qui parurent à tout le
monde malheureuses. M. Jeanmaire,
pour lequel l'esprit saint semble en-
core avoir des bontés, se garda bien
de consulter qui que ce soit. Il opéra
iui-même, fit ceci, défit cela, bref, dé-
traqua tout.
Je ne veux pas faire de mon article
un long réquisitoire. Les longs réqui-
sitoires - me font peur. Mais je veux
étudier, entre plusieurs, une mesure
dont l'application a été discutée dans
la presse, que je croyais universelle-
ment condamnée; et pour laquelle
j'ai vu surgir soudainement un défen-
seur inattendu.
Gardons-nous du surmenage, a
pensé M. Jeanmaire. Et pour combat-
tre le surmenage, notre recteur a jugé
à propos d'intercaler entre les deux
• heures de classe une heure de récréa-
tion. Cette heure de récréation se
passe dans les cours du Lycfce : inter-
nes et externes se trouvent pêle-mêle
entassés dans un espace tel que tout
exercice réellement hygiénique est
impossible.
Les parents ont protesté. Une péti-
tion - s'est couverte de signatures.
Mais comme elle était adressée au
recteur lui-même, celui-ci, qui était
juge et partie, n'a pas jugé à propos
de s'octroyer à lui-même une con-
- damnation.
Et les choses sont demeurées en
l'état. Et pourtant les plaintes sont
unanimes, tout le monde est mécon-
tent.
Les. professeurs, qui se rendaient
jadis une fois pour toutes au lycée,
sont obligés de perdre leur temps
dans de continuelles allées et venues.
Les parents perdent la surveillance
qu'ils ont entendu conserver sur leurs
enfants, et les enfants ne sont pas du
tout enthousiasmés d'une récréation
qui se traduit pour eux en brimades.
Toutes ces causes sont bonnes,
mais celle des parents est sacrée.
J'ai un fils. Je le mets au lycée pour
lui donner l'instruction qui lui est né-
cessaire, mais j'entends me réserver
son éducation, et cette réserve s'ex-
pliqué d'autant plus que l'éducation
n'est pas comprise dans les program-
mes du baccalauréat, du moins au
point de vue pratique.
J'ai fait de mon fils un externe libre;
C'est. moi qui vais le conduire au
lycée le matin, moi qui vais le cher-
cher à la sortie. Je sais pertinemment
qu'il y a dans sa classe deux ou trois
mauvais sujets, mauvais travailleurs,
dont les conseils et les exemples ne
peutent être que préjudiciables. ;:.'
Comme il est défendu de parler-suf
Jes rangs, comme il est défendu égale-,
jntnl de parler eo classe, je suie ras-
suré, mon fils n'aura aucune mauvaise
fréquentation.
Eh bien, les mesures prises par M.
Jeanmaire rendent mes précautions
inutiles. Le contact que je voulais évi-
ter se produit pendant les heures de
récréations. Mon fils, qui travaillait
jusqu'à ce jour, manque maintenant
d'assiduité. Ses manières ont changé.
Il a appris des mots qui me surpren-
nent. Avant peu ce sera un galopin
insupportable qui fumera en cachette
des cigarettes qu'on lui aura fait pas-
ser., et qui compromettra sa santé en
même temps que son avenir.
Cereus in vitium flecti, monsieur
Jeanmaire 1 Vous me paraissez quel-
que peu avoir oublié vos auteurs. Il y
a quelques siècles que la chose a été
écrite, et bien qu'elle ait été écrite en
latin, vous devez la comprendre.
Vous n'avez pas le dr oit de m'em-
pêcher d'élever mon enfant comme je
l'entends et de substituer à l'éducation
de famille l'éducation mutuelle que
vous savez.
,, On a parlé aussi d'œil poché, de pu-
gilats, de brimades. Un journal a élevé
la voix pour protester et A juste rai-
son -".,': - ,:.,
Et il a fallu que la défense ait été
prise par un élève de 7* ou de S., au-
quel on a peut-être tenu la main et
dont le devoir a été expurgé des fautes
d'orthographe qu'il contenait.
, Ce singulier morceau littéraire parle
d'éducation physique et met en avant
les mœurs de la libre Angleterre.
C'est beaucoup d'érudition, il faut
l'avouer,'pour un débutant qui feuil-
lette Lhomond et en est aux premières
pages !
Mais si mon enfant est chétif, mon-
sieur Jeanmaire, s'il relève à peine de
maladie et n'a repris ses cours que
pour ne pas doubler sa classe à la fin
de l'année, qui le protègera ?
Faudra-t-il que dès la dixième an-
née j'apprenne à mon fils que la force
prime le droit et qu'à cet âge il com-
mence le combat pour la vie en faisant
saigner le nez de ses camarades ?
Monsieur Jeanmaire, la mesure que
vous avez prise est mauvaise. Vous
ne voulez pas en convenir. Vous la
maintenez malgré les protestations
unanimes des parents. C'est fort bien.
Nous ferons mieux. Nous nous adres-
serons au ministre lui-même, qui
nous accordera ce que vous nous re-
fusez. Et cette démarche que nous
ferons aura un avantage sensible,
elle démontrera à vos chefs hiérarchi-
ques combien d'entêtement s'unit ô
votre incapacité.
BRUNAY.
CANDIDAT DE BICETRE
Sous ce titre, notre confrère Emile Cère
publie dans la France un excellent article
duquel nous extrayons le passage sui-
vant:
- Dans presque toutes les adminis-
trations publiques, dans les établisse-
ments d'assistance publique même, la
pression officielle s exerce en faveur
de M. Jacques. Nous pourrions en
citer mille exemples ; un seul, qui a
le mérite d'être gai et amusant, suffira
pour aujourd'hui.
Tous les parisiens connaissent, de
nom bien entendu, Bicêtre : là réside,
aux frais de contribuables, une popu-
lation considérable de fous, de gâteux
et de vieillards ; ces braves gens sont
électeurs et, par les temps qui courent,
un millier de voix en faveur de Jac-
ques n'est pas à dédaigner. On s'est
donc mis à la conquête des suffrages
de Bicètre. Avant hier on a convoqué
les malheureux hospitalisés pour leur
dénoncer la dictature, on leur a chanté
les mérites de M. Jacques, qui a des
titres à BicêLre, car, en sa qualité de
distillateur, il a certainement fait plus
pour le delirium rumens que le géné-
ral Boulanger. Jusqu'à onze heures
du soir, et avec la permission des
gardiens et des infirmiers, on a cha-
pitré ces pauvies gens et, le 27 jan-
vier, on les conduira aux sections,
comme on mène un troupeau.
Vous riez ! le fait vous paraît drôle
et vous inspire les réflexions les plus
réjouissantes 1 les nôtres sont moins
gaies parce que nous avons souvent
visité Bicêtre et que nous savons com-
ment le pape des fous, le docteur
Bourneville. un des députés qui sou-
tiennent a.vac le plus d'ardeur la can-
didature Jacques entend la liberté 1
^î^fe?;iste à Paris qu'un seul établis-
sement d'aliénés où- les malheureux
soient encore mis en cage ; partout
on a brisé les chaînes; à Bicêtre on
a trouvé encore « la sûreté », où les
fous, derrière les barreaux, sont trai-
tés comme des tigres. Si les fous fu
rieux seuls étaient mis en cage ! Mais
la sûreté n'est pas seulement - un lieu
de punition pour les malades récalci-
trants. Y mettra-t-on ceux qui ne vo
teront pas pour M. Jacques ? Le fait
d'une conférence autiboulangiste don-
née aux pensionnaires de Bicêtre
nous autorise à toutes les supposi-
tions.
Et l'on s'étonne que le « boulan-
gisme » recueille de nouvelles adhé-
sions I Mais tous ces petits inci-
dents font à l'ancien ministre de la
guerre plus de partisansqueles « Pas
de Sedan ! » de M. Jacques ne lui
créent d'adversaires. Vous parlez de
la dictature de Boulanger aux pen-
sionnaires de Bicélre, à ces malheu-
reux qui subissent celle de M. Bour-
neville ! La belle plaisanterie ! Elle
n'aura même pas d'influence sur ces
esprits affaiblis. Jugez par là de l'effet
qu'elle produit sur la partie saine du
corps électoral.
corps électoral.
La Loi sur les Faillies
Lu loi sur les faillites est enfin vo-
tée.
Le Sénat a adopté la rédaction sui-
vante proposée à titré de dispositions
transitoires par la commission :
Le tribunal pourra accorder le bénéfice
do la liquidation judiciaire au commer-
çant en état de cessation de paiement
dont la faillite n'aura pas été déclarée à
la date de la promulgation de la présente
loi. Va requête devra être présentée dans
les huit juitrs de la promulgation, les fail-
lites déclarées antérieurement à cette pro-
mulgation continueront à être réglées
par les dispositions du Code de commerce.
Sont toutefois applicables à ces faillites
les dispositions de la présente loi concer-
nant l'institution des contrôleurs;
Le Jugement qui homologuera le con-
qordat obtenu par le débiteur dont la fail-
lite aura été déclarée antérieurement k la
promulgation de la présente loi, ou qui
déclarera celui-ci excusable, pourra déci-
der que le failli ne sera soumis qu'aux in-
capacités édictées par l'article 21 contre
les débiteurs admis à la liquidation judi-
ciaire. Cette disposition sera applicable
à tout ancien failli qui aura obtenu son
concordat ou qui aura été déclaré excu-
sable. II devra saisir par requête le tribu-
nal de commerce qui a déclaré sa faillite
et produire son casier judiciaire. Cette
requête sera affichée pendant un mois
dans l'au iitoire. Le Tribunal statuera en
chambre du Conseil. Sa décision n'est
susceptible d'aucun recours.
LA LICENCE EN DROIT
M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique a déposé au Conseil des Minis-
tres un projet de réorganisation de la
licence en droit, projet élaboré sur
sa d mande par la Faculté de Paris.
Un rédacteur du Matin a eu, à ce
sujet, une conversation avec M. le
ministre de l'instruction publique, qui
a exposé ainsi son projet :
Le principe de la réforme est de
donner aux candidats à la licence en
droit, qui ne se destinent ni à la ma-
gistrature ni au barreau, mais aux
fondions administratives et politi-
ques et-aux carrières commerciales et
industrielles un enseignement con-
forme à ce» spécia lisa Lion s. - ;.
Nos licenciés ignorent absolument
le droit inlernarional public, la législa-
tion et la science financières, la légis-
lation et l'économie coloniales, la lé-
gislation industrielle.
- Or, les études actuelles sont peut-
être excellentes pour former un esprit
juridique, mais elles sont notoirement
insuffisantes pour les licenciés qui se
destinent à d'autres carrières que la
magistrature et le barreau.
On trouve les licenciés en droit
dans toutes les branches de l'activité
humaine, dans l'industrie, dans le
commerce, dans les grandes adminis-
trations, dans la presse, etc.
L'enseignement qu'ils ont reçu à
l'Ecole de droit ne les a préparés que
très insuffisamment à remplir ces
fonctions. t ;
L'étranger a déjà compris depuis
longtemps l'importance de la réforme
proposée.
Si elle aboutit, il y aura, comme
par le passé, un grade unique : la
licence en droit, et deux types d'études
y aboutiront également ; dans les
deux types d'études, les matières se-
raient groupées suivant leurs affini-
tés naturelles et cadreraient avec les
aptitudes et les carrières.
La répartition des enseignements
se ferait ainsi :
Première année : droit romain, co-
de civil, économie politique, droit
constitutionnel.
Deuxième année : Enseignement
commun : code civil, droit administra-
tif. Enseignement à option ; droit ro-
main procédure science et législation
financières, organisation judiciaire et
procédure civile, droit criminel.
Troisième année : Enseignement
commun : code civil, droit commer-
cial. Enseignement à option ; droit
criminel, droit international, droit des
gens, droit administratif approfondi,
législation coloniale, économie colo-
niale, législation industrielle,
AUX SOURDS
Une personne guérie de 23 années de
surdité et de bruits d'oreilles par un
remède simple en enverra gratis la des-
cription à quiconque en fera la demande
4 M. NICHOLSON, 4, rue Drouot, Paris. -
JÉSUITE!!
Nos lecteurs se rappellent qu'à l'au-
dience correctionnelle du 4 janvier
dernier — audience à laquelle une
assignation du ridicule M. Brocks de
Milianah nous avait convoqué — M.
Roubière, substitut du Procureur de
la République, faisant fonctions de
ministère public, s'était permis de
qualifier nos explications de jésuiti-
ques, avant même de les avoir en-
tendues.
Jésuite !!! Mais toute la collection
du Patriote est là pour prouver que
nous n'avons jamais hésité à cracher
notre façon de penser au visage même
de ceux que nous avions tout intérêt
à ménager, et ce, parce que nous
faisons paitie de la catégorie des
gens, heureusement très nombreux
en France et en Algérie, qui mettent
la patrie et l'intérêt public au-dessus
de leur propre intérêt.
Jésuite Il Mon attitude à l'audience
a-t-èlle été celle d'un homme à dou-
ble face t Ai-je mendié un acquitte-
ment ? Jésuite, nous!!! allons donc !
Jésuite, oui, le magistrat qui, le
lendemain de la mort de son pere,
promene en voiture la maîtresse de
celui-ci, dont il fait ensuite la sienne,
quelques mois plus tard s'attache à
une femme que le tout Alger de la dé-
bauche connait, s'affiebe avec elle .et
demande sans rougir, au Tribunal, v-
une condamnation des plus sévères
pour un malheureux seulement cou-
pable d'une petite entorse à la morale.
Jésuite aussi, le magistrat pilier de
tripots, qui, du haut de son siège,
tonnera contre les infâmes croupiers
et leurs complices !
, Jésuite encore, le magistrat dont la
signature se trouve entre les mains
d'usuriers, d'agents d'aftaires véreux,
ou ue négociants plus véreux encore,
qui savent parfaitement que l'argent
prêté ne leur sera pas remboursé,
mais ont la ferme conviction que la
haute situation occupée par leur débi-
teur lui permettra de les dédommager
au centuple des sacrifices qu'ils se
sont imposés - magistrat qui vien-
dra ensuite poser pour l'honnêteté,
l'impartialité, etc. !
- Il y a mille personnes à Alger qui, ,.'
en lisant ces lignes, devineront le per-
sonnage à qui nous faisons allusion :
M. Roubières le connaît intimement,
et M. le Procureur général n'aurait
pas besoin, pour ie découvrir, en sup-
posant qu'il ne le connaisse pas déjà,
de mettre toute la police sur pied.
VIDAL.
Traître à la Patrie
Divers journaux rapportent uu acte de
haute trahison qui jette une émotion très
vive dans les bureaux du ministre de la
guerre :
Il y a quelques jours, M. X., ex-
péditionnaire dans un important mi-
nistère, écrivait à un personnage alle-
mand que, si l'on voulait lui donner
une rétribution suffisante, il pourrait
communiquer des documents précieux
sur des questions militaires. A l'appui
de cet offre il adressait en même
temps la copie d'un rapport qu'il avait
eu en sa possession pour en faire une
expédition et qui portait sur un sujet
d'ordre militaire. Ce document avait
une certaine importance.
La lettre de M. X. n'arriva pas à
destination, car la police ayant connu
l'objet de la lettre, établit une souri-
cière.'; , > - ? ¡ .,,:' -"
bt X. avait prié qu'on lui répon-
N - 245. Quatrième Année 5 CENTIMES
Mercredi, 23 Janvier 1889
Le Patriote Algérien
( Rédaction: JO, Rue des Consuls ) L'AVENIR ti E L'ALG,ERIE tion 10, Rue des Consuls )
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI x — : .—~
ABONNEMENTS
Trois nais Six mois Un an
ALGÉRIE. 3 fr 6 fr. 12 f.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration doit être adressé
à la Direction:
10, Rue des Consuls, 10
LES MANUSCRITS NON INSÉRÍS NE SONT PAS RENDUS
INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,35 — Réclames, 1 fr.
-Je-
Le PATIIOTE n'a traité nec AUCUIE AGENCE
Insertions des Annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats
Alger, le 21 Janvier 1889
■ I Entêtement tapA
•î. ■
Il y a quelque temps, M. Jeanmaire
introduisait dans l'enseignement des
modifications qui parurent à tout le
monde malheureuses. M. Jeanmaire,
pour lequel l'esprit saint semble en-
core avoir des bontés, se garda bien
de consulter qui que ce soit. Il opéra
iui-même, fit ceci, défit cela, bref, dé-
traqua tout.
Je ne veux pas faire de mon article
un long réquisitoire. Les longs réqui-
sitoires - me font peur. Mais je veux
étudier, entre plusieurs, une mesure
dont l'application a été discutée dans
la presse, que je croyais universelle-
ment condamnée; et pour laquelle
j'ai vu surgir soudainement un défen-
seur inattendu.
Gardons-nous du surmenage, a
pensé M. Jeanmaire. Et pour combat-
tre le surmenage, notre recteur a jugé
à propos d'intercaler entre les deux
• heures de classe une heure de récréa-
tion. Cette heure de récréation se
passe dans les cours du Lycfce : inter-
nes et externes se trouvent pêle-mêle
entassés dans un espace tel que tout
exercice réellement hygiénique est
impossible.
Les parents ont protesté. Une péti-
tion - s'est couverte de signatures.
Mais comme elle était adressée au
recteur lui-même, celui-ci, qui était
juge et partie, n'a pas jugé à propos
de s'octroyer à lui-même une con-
- damnation.
Et les choses sont demeurées en
l'état. Et pourtant les plaintes sont
unanimes, tout le monde est mécon-
tent.
Les. professeurs, qui se rendaient
jadis une fois pour toutes au lycée,
sont obligés de perdre leur temps
dans de continuelles allées et venues.
Les parents perdent la surveillance
qu'ils ont entendu conserver sur leurs
enfants, et les enfants ne sont pas du
tout enthousiasmés d'une récréation
qui se traduit pour eux en brimades.
Toutes ces causes sont bonnes,
mais celle des parents est sacrée.
J'ai un fils. Je le mets au lycée pour
lui donner l'instruction qui lui est né-
cessaire, mais j'entends me réserver
son éducation, et cette réserve s'ex-
pliqué d'autant plus que l'éducation
n'est pas comprise dans les program-
mes du baccalauréat, du moins au
point de vue pratique.
J'ai fait de mon fils un externe libre;
C'est. moi qui vais le conduire au
lycée le matin, moi qui vais le cher-
cher à la sortie. Je sais pertinemment
qu'il y a dans sa classe deux ou trois
mauvais sujets, mauvais travailleurs,
dont les conseils et les exemples ne
peutent être que préjudiciables. ;:.'
Comme il est défendu de parler-suf
Jes rangs, comme il est défendu égale-,
jntnl de parler eo classe, je suie ras-
suré, mon fils n'aura aucune mauvaise
fréquentation.
Eh bien, les mesures prises par M.
Jeanmaire rendent mes précautions
inutiles. Le contact que je voulais évi-
ter se produit pendant les heures de
récréations. Mon fils, qui travaillait
jusqu'à ce jour, manque maintenant
d'assiduité. Ses manières ont changé.
Il a appris des mots qui me surpren-
nent. Avant peu ce sera un galopin
insupportable qui fumera en cachette
des cigarettes qu'on lui aura fait pas-
ser., et qui compromettra sa santé en
même temps que son avenir.
Cereus in vitium flecti, monsieur
Jeanmaire 1 Vous me paraissez quel-
que peu avoir oublié vos auteurs. Il y
a quelques siècles que la chose a été
écrite, et bien qu'elle ait été écrite en
latin, vous devez la comprendre.
Vous n'avez pas le dr oit de m'em-
pêcher d'élever mon enfant comme je
l'entends et de substituer à l'éducation
de famille l'éducation mutuelle que
vous savez.
,, On a parlé aussi d'œil poché, de pu-
gilats, de brimades. Un journal a élevé
la voix pour protester et A juste rai-
son -".,': - ,:.,
Et il a fallu que la défense ait été
prise par un élève de 7* ou de S., au-
quel on a peut-être tenu la main et
dont le devoir a été expurgé des fautes
d'orthographe qu'il contenait.
, Ce singulier morceau littéraire parle
d'éducation physique et met en avant
les mœurs de la libre Angleterre.
C'est beaucoup d'érudition, il faut
l'avouer,'pour un débutant qui feuil-
lette Lhomond et en est aux premières
pages !
Mais si mon enfant est chétif, mon-
sieur Jeanmaire, s'il relève à peine de
maladie et n'a repris ses cours que
pour ne pas doubler sa classe à la fin
de l'année, qui le protègera ?
Faudra-t-il que dès la dixième an-
née j'apprenne à mon fils que la force
prime le droit et qu'à cet âge il com-
mence le combat pour la vie en faisant
saigner le nez de ses camarades ?
Monsieur Jeanmaire, la mesure que
vous avez prise est mauvaise. Vous
ne voulez pas en convenir. Vous la
maintenez malgré les protestations
unanimes des parents. C'est fort bien.
Nous ferons mieux. Nous nous adres-
serons au ministre lui-même, qui
nous accordera ce que vous nous re-
fusez. Et cette démarche que nous
ferons aura un avantage sensible,
elle démontrera à vos chefs hiérarchi-
ques combien d'entêtement s'unit ô
votre incapacité.
BRUNAY.
CANDIDAT DE BICETRE
Sous ce titre, notre confrère Emile Cère
publie dans la France un excellent article
duquel nous extrayons le passage sui-
vant:
- Dans presque toutes les adminis-
trations publiques, dans les établisse-
ments d'assistance publique même, la
pression officielle s exerce en faveur
de M. Jacques. Nous pourrions en
citer mille exemples ; un seul, qui a
le mérite d'être gai et amusant, suffira
pour aujourd'hui.
Tous les parisiens connaissent, de
nom bien entendu, Bicêtre : là réside,
aux frais de contribuables, une popu-
lation considérable de fous, de gâteux
et de vieillards ; ces braves gens sont
électeurs et, par les temps qui courent,
un millier de voix en faveur de Jac-
ques n'est pas à dédaigner. On s'est
donc mis à la conquête des suffrages
de Bicètre. Avant hier on a convoqué
les malheureux hospitalisés pour leur
dénoncer la dictature, on leur a chanté
les mérites de M. Jacques, qui a des
titres à BicêLre, car, en sa qualité de
distillateur, il a certainement fait plus
pour le delirium rumens que le géné-
ral Boulanger. Jusqu'à onze heures
du soir, et avec la permission des
gardiens et des infirmiers, on a cha-
pitré ces pauvies gens et, le 27 jan-
vier, on les conduira aux sections,
comme on mène un troupeau.
Vous riez ! le fait vous paraît drôle
et vous inspire les réflexions les plus
réjouissantes 1 les nôtres sont moins
gaies parce que nous avons souvent
visité Bicêtre et que nous savons com-
ment le pape des fous, le docteur
Bourneville. un des députés qui sou-
tiennent a.vac le plus d'ardeur la can-
didature Jacques entend la liberté 1
^î^fe?;iste à Paris qu'un seul établis-
sement d'aliénés où- les malheureux
soient encore mis en cage ; partout
on a brisé les chaînes; à Bicêtre on
a trouvé encore « la sûreté », où les
fous, derrière les barreaux, sont trai-
tés comme des tigres. Si les fous fu
rieux seuls étaient mis en cage ! Mais
la sûreté n'est pas seulement - un lieu
de punition pour les malades récalci-
trants. Y mettra-t-on ceux qui ne vo
teront pas pour M. Jacques ? Le fait
d'une conférence autiboulangiste don-
née aux pensionnaires de Bicêtre
nous autorise à toutes les supposi-
tions.
Et l'on s'étonne que le « boulan-
gisme » recueille de nouvelles adhé-
sions I Mais tous ces petits inci-
dents font à l'ancien ministre de la
guerre plus de partisansqueles « Pas
de Sedan ! » de M. Jacques ne lui
créent d'adversaires. Vous parlez de
la dictature de Boulanger aux pen-
sionnaires de Bicélre, à ces malheu-
reux qui subissent celle de M. Bour-
neville ! La belle plaisanterie ! Elle
n'aura même pas d'influence sur ces
esprits affaiblis. Jugez par là de l'effet
qu'elle produit sur la partie saine du
corps électoral.
corps électoral.
La Loi sur les Faillies
Lu loi sur les faillites est enfin vo-
tée.
Le Sénat a adopté la rédaction sui-
vante proposée à titré de dispositions
transitoires par la commission :
Le tribunal pourra accorder le bénéfice
do la liquidation judiciaire au commer-
çant en état de cessation de paiement
dont la faillite n'aura pas été déclarée à
la date de la promulgation de la présente
loi. Va requête devra être présentée dans
les huit juitrs de la promulgation, les fail-
lites déclarées antérieurement à cette pro-
mulgation continueront à être réglées
par les dispositions du Code de commerce.
Sont toutefois applicables à ces faillites
les dispositions de la présente loi concer-
nant l'institution des contrôleurs;
Le Jugement qui homologuera le con-
qordat obtenu par le débiteur dont la fail-
lite aura été déclarée antérieurement k la
promulgation de la présente loi, ou qui
déclarera celui-ci excusable, pourra déci-
der que le failli ne sera soumis qu'aux in-
capacités édictées par l'article 21 contre
les débiteurs admis à la liquidation judi-
ciaire. Cette disposition sera applicable
à tout ancien failli qui aura obtenu son
concordat ou qui aura été déclaré excu-
sable. II devra saisir par requête le tribu-
nal de commerce qui a déclaré sa faillite
et produire son casier judiciaire. Cette
requête sera affichée pendant un mois
dans l'au iitoire. Le Tribunal statuera en
chambre du Conseil. Sa décision n'est
susceptible d'aucun recours.
LA LICENCE EN DROIT
M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique a déposé au Conseil des Minis-
tres un projet de réorganisation de la
licence en droit, projet élaboré sur
sa d mande par la Faculté de Paris.
Un rédacteur du Matin a eu, à ce
sujet, une conversation avec M. le
ministre de l'instruction publique, qui
a exposé ainsi son projet :
Le principe de la réforme est de
donner aux candidats à la licence en
droit, qui ne se destinent ni à la ma-
gistrature ni au barreau, mais aux
fondions administratives et politi-
ques et-aux carrières commerciales et
industrielles un enseignement con-
forme à ce» spécia lisa Lion s. - ;.
Nos licenciés ignorent absolument
le droit inlernarional public, la législa-
tion et la science financières, la légis-
lation et l'économie coloniales, la lé-
gislation industrielle.
- Or, les études actuelles sont peut-
être excellentes pour former un esprit
juridique, mais elles sont notoirement
insuffisantes pour les licenciés qui se
destinent à d'autres carrières que la
magistrature et le barreau.
On trouve les licenciés en droit
dans toutes les branches de l'activité
humaine, dans l'industrie, dans le
commerce, dans les grandes adminis-
trations, dans la presse, etc.
L'enseignement qu'ils ont reçu à
l'Ecole de droit ne les a préparés que
très insuffisamment à remplir ces
fonctions. t ;
L'étranger a déjà compris depuis
longtemps l'importance de la réforme
proposée.
Si elle aboutit, il y aura, comme
par le passé, un grade unique : la
licence en droit, et deux types d'études
y aboutiront également ; dans les
deux types d'études, les matières se-
raient groupées suivant leurs affini-
tés naturelles et cadreraient avec les
aptitudes et les carrières.
La répartition des enseignements
se ferait ainsi :
Première année : droit romain, co-
de civil, économie politique, droit
constitutionnel.
Deuxième année : Enseignement
commun : code civil, droit administra-
tif. Enseignement à option ; droit ro-
main procédure science et législation
financières, organisation judiciaire et
procédure civile, droit criminel.
Troisième année : Enseignement
commun : code civil, droit commer-
cial. Enseignement à option ; droit
criminel, droit international, droit des
gens, droit administratif approfondi,
législation coloniale, économie colo-
niale, législation industrielle,
AUX SOURDS
Une personne guérie de 23 années de
surdité et de bruits d'oreilles par un
remède simple en enverra gratis la des-
cription à quiconque en fera la demande
4 M. NICHOLSON, 4, rue Drouot, Paris. -
JÉSUITE!!
Nos lecteurs se rappellent qu'à l'au-
dience correctionnelle du 4 janvier
dernier — audience à laquelle une
assignation du ridicule M. Brocks de
Milianah nous avait convoqué — M.
Roubière, substitut du Procureur de
la République, faisant fonctions de
ministère public, s'était permis de
qualifier nos explications de jésuiti-
ques, avant même de les avoir en-
tendues.
Jésuite !!! Mais toute la collection
du Patriote est là pour prouver que
nous n'avons jamais hésité à cracher
notre façon de penser au visage même
de ceux que nous avions tout intérêt
à ménager, et ce, parce que nous
faisons paitie de la catégorie des
gens, heureusement très nombreux
en France et en Algérie, qui mettent
la patrie et l'intérêt public au-dessus
de leur propre intérêt.
Jésuite Il Mon attitude à l'audience
a-t-èlle été celle d'un homme à dou-
ble face t Ai-je mendié un acquitte-
ment ? Jésuite, nous!!! allons donc !
Jésuite, oui, le magistrat qui, le
lendemain de la mort de son pere,
promene en voiture la maîtresse de
celui-ci, dont il fait ensuite la sienne,
quelques mois plus tard s'attache à
une femme que le tout Alger de la dé-
bauche connait, s'affiebe avec elle .et
demande sans rougir, au Tribunal, v-
une condamnation des plus sévères
pour un malheureux seulement cou-
pable d'une petite entorse à la morale.
Jésuite aussi, le magistrat pilier de
tripots, qui, du haut de son siège,
tonnera contre les infâmes croupiers
et leurs complices !
, Jésuite encore, le magistrat dont la
signature se trouve entre les mains
d'usuriers, d'agents d'aftaires véreux,
ou ue négociants plus véreux encore,
qui savent parfaitement que l'argent
prêté ne leur sera pas remboursé,
mais ont la ferme conviction que la
haute situation occupée par leur débi-
teur lui permettra de les dédommager
au centuple des sacrifices qu'ils se
sont imposés - magistrat qui vien-
dra ensuite poser pour l'honnêteté,
l'impartialité, etc. !
- Il y a mille personnes à Alger qui, ,.'
en lisant ces lignes, devineront le per-
sonnage à qui nous faisons allusion :
M. Roubières le connaît intimement,
et M. le Procureur général n'aurait
pas besoin, pour ie découvrir, en sup-
posant qu'il ne le connaisse pas déjà,
de mettre toute la police sur pied.
VIDAL.
Traître à la Patrie
Divers journaux rapportent uu acte de
haute trahison qui jette une émotion très
vive dans les bureaux du ministre de la
guerre :
Il y a quelques jours, M. X., ex-
péditionnaire dans un important mi-
nistère, écrivait à un personnage alle-
mand que, si l'on voulait lui donner
une rétribution suffisante, il pourrait
communiquer des documents précieux
sur des questions militaires. A l'appui
de cet offre il adressait en même
temps la copie d'un rapport qu'il avait
eu en sa possession pour en faire une
expédition et qui portait sur un sujet
d'ordre militaire. Ce document avait
une certaine importance.
La lettre de M. X. n'arriva pas à
destination, car la police ayant connu
l'objet de la lettre, établit une souri-
cière.'; , > - ? ¡ .,,:' -"
bt X. avait prié qu'on lui répon-
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