Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1888-03-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2430 Nombre total de vues : 2430
Description : 18 mars 1888 18 mars 1888
Description : 1888/03/18 (A3,N163). 1888/03/18 (A3,N163).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6231909n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
N* 163. — Troisième Année.
CïNQ Centimes te Numeb
Dimanche, 18 Mars 1888. i.
Il 1^1 * '^1 ; II II Mil■ 'Il U ll ■Si M| || ||- -. : ,;
Il H| IB S-.1; ^ÊwÊ '^1 - ; ^1 II II ll - '^HM| -'' l^ll Il 11 -'Il ÊgÊ ^1- ■■ 11.11 >
Rédaction: 10, rue des Consuls i '* PARAIS'SANT LES MARDI ET SAMEDI ™ Direction: 10, rue des Cessais
ABONNEMENTS ,
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE. 3 fr. 6fr. 18 f.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
.','"> doit être adressé à "#':'' .,'
M. VIDAL-CHALOM, Directeur-Gérant
LES MANUSCRITS NON INsms NE SONT PAS RENDUS
1 INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,35 — Réclames, il fr. ;
-..-
Le PATBIOTE l'a traité mt AUCUNE AGENCE
Alger, le 17 Mars 1888
MITilMTilSTE
Le général Boulanger est mis en
retrait d'emploi. Après la maladie du
Kronprinz, la mort de l'empereur
Guillaume, la proclamation du nouvel
empereur d'Allemagne, il ne fallait
plus que cette dernière nouvelle pour
surexciter l'attention et troubler au
plus haut point la conscience publi-
que.
On aurait tort, en effet, de considé-
rer comme unïait de peu d'importance
la mesure disciplinaire qui vient de
frapper l'ancien ministre de la guerre,
resté populaire en dépit des attaques
et des manœuvres opportunistes.
Les faits invoqués contre lui sont
de ceux, parait-il, qui tombent sous le
coup de la discipline militaire et qu'un
ministre quel qu'il soit ne saurait to-
lérer.
Nous savons tous, en effet, que la
discipline militaire ne dépend pas du
chef ni du ministre chargé de la met-
tre en vigueur et qu'elle existe pour
tous comme une loi dure et nécessaire
qu'il importe de faire respecter.
Voilà pourquoi, dit-on, le général Bou-
langer était répréhensible et passible,
comme un simple caporal ou un sim-
ple fusillier, soit d'une réprimande,
soit d'une punition.
Nous ne discuterons pas ce point
sur lequel d'ailleurs la lumière ne pa-
rait pas être bien faite. Pourquoi le
général Logerot a-t-il cru devoir in-
fliger le retrait d'emploi à son subor-
donné, et ce, pour une faute évidem-
ment exagérée, quels conseils a-t-il
suivis, quelle pression a-t-il subie,
c'est ce qui reste encore dans le do-
maine de l'incertain. Ce qui parait
toutefois résulter clairement de cette
détermination et de ce coup inattendu,
c'est qu'on ne cherchait qu'un pré-
texte pour frapper celui que les der-
nières élections avaient signalé comme
un ri /al dangereux aux opportunistes
de tous les partis. Avoir obtenu sans
les avoir cherchés 50,000 suffrages,
voilà son crime impardonnable. Deve-
nir malgré soi un homme politique,
tout en restant à son poste de guerre,
cela ne pouvait pas être et portait sin-
gulièrement ombrage à nos politiciens
au petit pied. Jules Ferry, le tragique,
: en avait frémi de rage, lui le grand
J homme manqué, le blak-boulé dtt rfer»
h'. -~ ''-.
nier suffrage et cela ne pouvait pas
être, qu'un homme aussi dangereux
fut plus favorisé que lui. Comment
done,un général de café-concert resté
l'idole de la population, le vivant et
ferme espoir de la revanche prochaine
et maintenu à son poste de Clermont-
Ferrand, cela dépassait toutes les
bornes de l'opportunisme I Voilà pour-
quoi le gouvernement actuel, entraîné
par la même idée, obéissant en cela
aux suggestions Ferrystes, a cru de-
voir faire du général Boulanger une
victime et l'offrir en holocauste sur
l'autel de la patrie.
On n'a pas réfléchi si le moment de
sévit était plus ou moins bien choisi,
il s'agissait de satisfaire, avant tout,
une animosité de vieille data et l'on
n'a pas hésité à froisser d'un seul
coup les cinquante mille sympathies
qui s'étaient accumulées sous le nom
du général.
ON n'a pas refléchi que d'autres
sympathies viendraient peut-être s'a-
jouter à celles-là et que les mécon-
tents., les indécis, les transfuges de
tous les partis trouveraient l'occasion
bonne pour créer au sein de la Répu-
blique l'un des entraînements qui con-
duisent quelquefois à des troubles,
à des agitations regrettables et que le
plus grand nombre, par un sentiment
patriotique que nous comprenons,
répugnerait à suivre dans leurs me-
sures de proscriptions, les faibles et
inhabiles politiciens qui dans leurs
craintes et leurs incertitudes perpé-
tuelles, ont la terreur instinctive de tout
ce qui s'élève et ne voient autour d'eux
qu'embûches et despotisme, sans s'a-
percevoir qu'ils se perdent eux-mêmes
et que le terrain va manquersousleurs
pas.
Ne serait-ce pas le cas de repéter
à leur sujet ce proverbe si connu :
quos mit perdere Jupiter dementat 1
Au lieu de laisser à l'armée l'un de
ses plus puissants soutiens au mo-
ment où la guerre est imminente ils
ont préféré employer contre un géné-
ral l'une des peines les plus sévères
édictées dans le code militaire.
Comme corollaire de cet acte vio-
lent et impolitique ils n'ont pas hésité
à envoyer à Berlin un autre général
et son état-major pour assister aux
obsèques de l'empereur Guillaume
comme si l'on devait à ses pires enne-
mis uii pareil abaissement et une pa-
reille flatterie. La France jugera s'il
était opportun d'agir ainsi et l'opinion
publique s'élèvera, nous l'espérons,
contre une politique aussi peu confor-
me à ses intérêts et à ses sentiments.
EDOUARD MOLLAT
NGUS reprenons aujourd'hui nos
Chroniques de Paris interrom-
pues par une indisposition de notre
Correspondant parisien.
CHRONIQUEDEPARIS
(De notre correspondant spécial)
Paris, le 10 Mars 1888.
Mi-Carême nécrologique. - Confédération
du Rhin. — L'Exposition de 1889.- Jean
Aicard chez M. Claretie.
Le temps, cet extrait de Saturne, n'a
pas favorisé le Carnaval qui avait eu,
jeudi, des velléités de résurrection.
De tous côtés, les Gervaises des lavoirs,
avaient organisé dès cavalcades, dans les.
quelles les Louis XIV côtoyaient les
Charles X : de ci, de là, un typ3 quelcon-
que déguisé en Wilson accompagné d'une
vieille édentée, boiteuse, simulant la Li-
mouzin !
Bref, le peuple de Paris, ce grand bon
enfant, s'amusait agréablement, malgré
la pluie qui avait transformé nos joyeux
boulevards en une vaste forêt de riflards.
Tout-à-coup, vers six heures, comme
une traînée de poudre, le bruit de la mort
de l'Empereur Guillaume se répandit de
la Madeleine à la Bastille.
Il faut accorder au caractère français
cette qualité exceptionnelle, qu'il sait,
en présence d'un évènement grave, se re-
cueillir, même quand il s'agit de la mort
d'un ennemi.
Enmoins d'une heuro, la nouvelle avait
fait le tour de Paris, et, dans tous les
bals, dans tous les théâtres, on s'interro-
geait, on calculait, on cherchait à savoir
si cette disparition du Grand Monarque
serait un bien ou un mai pour la France.
Il y a un an, le jour de la mi-carême.
Parie était sous le coup de l'émotion cau-
sée par le triple crime de Pranzini, l'as-
sassin de Marie Régnault, dont on vend
ces jours-ci, à la salle de Drouot, les
meubles et les bijoux.
Cette année, autre émotion, mais plus
terrible, car cette mort découvre un ave-
nir insondable,..
*
Depuis jeudit les esprits se sont calmés
et la presse parisienne, s'est montrée fort
digne en la circon. tance.
Que sortira-t-il de tout cela ?
Est-ce, comme le croit le vulgaire, le
retour du règne belliqueux ?
Si le Kronprinz vient à mourir aussi,
est-ce à l'avènement du manchot de 4859,
la déclaration de guerre à la France ?
On n'ignore pas que le jeune et fougueux
Guillaume a déclaré qu'il ne boirait du
Champagne que le jour où Epernay et
Reims seront villes allemandes.
Tout doux, Monsieur l'héritier l
Je ne suis pas de cet avis : je pense au
contraire que la couronne va être bien
lourde pour votre tête écervelée, et il se
pourrait que la confédération du Rhin,
cette union d'une foule de petits états,
qui a bien voulu accepter la domination
prussienne, par déférence pour un empe-
reur vieux et vainqueur, il se pourrait,
dis-je, que ces Etats secouassent le joui
pesant qui les opprime.
Car, à part le prince Luitpold de
Bavière, qui est un sujet de Bismarck,
dans toute l'acception du mot, je ne vois,
parmi les princes, que des esciaves par
force, qui ont assez du chancelier de fer,
et qui n'attendent peut-être qu'un signe
pour lever l'étendard de la révolte !
Ce que je vous écris là, est mon avis
personnel, mais il est partagé par la ma-
jeure partie des hommes politiques, et,
hier, à la Bourse, comme dans les consu-
lats où j'ai que!ques amis, le thème de
toutes les conversations était invariable.
Il serait évidemment à souhaiter que la
Kronprinz résistât à la faucheuse qui la ;
menace depuis si longtemps ; ce serait la -
paix, car ce 1. monarque n'aime pas Bis-
marck, et le Richelieu Allemand ne
tarderait pas à tomber en disgrâce.
Ensuite, par sa femme il tient lAngle.
terre, et nous aurions des chances de
repos, tant que le trône serait occupé
par lui.
Mais ce sont là des hypothèses, et le
prince de Bismarck, qui ne recule devant
aucun crime quand on le gêne, saura bien
trouver un médecin pour hâter les effets
pernicieux du cancer impérial.
Il y a malheureusement encore, auprès
des cours, des êtres "de la trempe de
Milady de Winter ; gagez que le chance*
lier saura bien en découvrir un.
*
* »
Naturellement, avec cet événement
dont on ne saurait supporter les oonÿ.
quences, l'Exposition Universelle de 1889
sera peut-être renvoyée aux càlende.
grecques.
J'ai fait récemment une promenade sur
le Champ-de-Mars, le jour même où on
malheureux gamin de quatorze ans
tombait des 60 mètres de la tour Eiffel et
venait se briser le crâne sur le sol I
Première victime 1.
Pourvu qu'il n'y en ait pas d'autres avec
cette œuvre hardie comme conception,
gigantesque comme exécution, mais abso-
lument nulle comme - but ! - 1.
Les travaux marchent vite : on devine
déjà l'harmonie de l'ensemble, et les
galeries s'étendent de chaque côté du
pont d'Austerlitz, dominées au loin par
le Trocadéro, d'un effet fort pittoresque.
Certes — si rien ne contrarie les projeta
du Gouvernement — Paris célébrera
dignement le centenaire de notre glorieuse
révolution !
Maist qui sait, qui sait ?. >,'
L'avenir est aussi incertain que la durée
du ministère Tirard, ce qui n'est pas peu :'5"
dire. J
*
♦ ♦
Vous vous souvenez certainement du
poète Jean Aicard, ce charmeur qui, il y
a près d'un an, déclama ses strophes so-
nores et ciselées au pied de la statue dl
général Margueritte, à Kouba,
CïNQ Centimes te Numeb
Dimanche, 18 Mars 1888. i.
Il 1^1 * '^1 ; II II Mil■ 'Il U ll ■Si M| || ||- -. : ,;
Il H| IB S-.1; ^ÊwÊ '^1 - ; ^1 II II ll - '^HM| -'' l^ll Il 11 -'Il ÊgÊ ^1- ■■ 11.11 >
Rédaction: 10, rue des Consuls i '* PARAIS'SANT LES MARDI ET SAMEDI ™ Direction: 10, rue des Cessais
ABONNEMENTS ,
Trois mois Six mois Un an
ALGÉRIE. 3 fr. 6fr. 18 f.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
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M. VIDAL-CHALOM, Directeur-Gérant
LES MANUSCRITS NON INsms NE SONT PAS RENDUS
1 INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,35 — Réclames, il fr. ;
-..-
Le PATBIOTE l'a traité mt AUCUNE AGENCE
Alger, le 17 Mars 1888
MITilMTilSTE
Le général Boulanger est mis en
retrait d'emploi. Après la maladie du
Kronprinz, la mort de l'empereur
Guillaume, la proclamation du nouvel
empereur d'Allemagne, il ne fallait
plus que cette dernière nouvelle pour
surexciter l'attention et troubler au
plus haut point la conscience publi-
que.
On aurait tort, en effet, de considé-
rer comme unïait de peu d'importance
la mesure disciplinaire qui vient de
frapper l'ancien ministre de la guerre,
resté populaire en dépit des attaques
et des manœuvres opportunistes.
Les faits invoqués contre lui sont
de ceux, parait-il, qui tombent sous le
coup de la discipline militaire et qu'un
ministre quel qu'il soit ne saurait to-
lérer.
Nous savons tous, en effet, que la
discipline militaire ne dépend pas du
chef ni du ministre chargé de la met-
tre en vigueur et qu'elle existe pour
tous comme une loi dure et nécessaire
qu'il importe de faire respecter.
Voilà pourquoi, dit-on, le général Bou-
langer était répréhensible et passible,
comme un simple caporal ou un sim-
ple fusillier, soit d'une réprimande,
soit d'une punition.
Nous ne discuterons pas ce point
sur lequel d'ailleurs la lumière ne pa-
rait pas être bien faite. Pourquoi le
général Logerot a-t-il cru devoir in-
fliger le retrait d'emploi à son subor-
donné, et ce, pour une faute évidem-
ment exagérée, quels conseils a-t-il
suivis, quelle pression a-t-il subie,
c'est ce qui reste encore dans le do-
maine de l'incertain. Ce qui parait
toutefois résulter clairement de cette
détermination et de ce coup inattendu,
c'est qu'on ne cherchait qu'un pré-
texte pour frapper celui que les der-
nières élections avaient signalé comme
un ri /al dangereux aux opportunistes
de tous les partis. Avoir obtenu sans
les avoir cherchés 50,000 suffrages,
voilà son crime impardonnable. Deve-
nir malgré soi un homme politique,
tout en restant à son poste de guerre,
cela ne pouvait pas être et portait sin-
gulièrement ombrage à nos politiciens
au petit pied. Jules Ferry, le tragique,
: en avait frémi de rage, lui le grand
J homme manqué, le blak-boulé dtt rfer»
h'. -~ ''-.
nier suffrage et cela ne pouvait pas
être, qu'un homme aussi dangereux
fut plus favorisé que lui. Comment
done,un général de café-concert resté
l'idole de la population, le vivant et
ferme espoir de la revanche prochaine
et maintenu à son poste de Clermont-
Ferrand, cela dépassait toutes les
bornes de l'opportunisme I Voilà pour-
quoi le gouvernement actuel, entraîné
par la même idée, obéissant en cela
aux suggestions Ferrystes, a cru de-
voir faire du général Boulanger une
victime et l'offrir en holocauste sur
l'autel de la patrie.
On n'a pas réfléchi si le moment de
sévit était plus ou moins bien choisi,
il s'agissait de satisfaire, avant tout,
une animosité de vieille data et l'on
n'a pas hésité à froisser d'un seul
coup les cinquante mille sympathies
qui s'étaient accumulées sous le nom
du général.
ON n'a pas refléchi que d'autres
sympathies viendraient peut-être s'a-
jouter à celles-là et que les mécon-
tents., les indécis, les transfuges de
tous les partis trouveraient l'occasion
bonne pour créer au sein de la Répu-
blique l'un des entraînements qui con-
duisent quelquefois à des troubles,
à des agitations regrettables et que le
plus grand nombre, par un sentiment
patriotique que nous comprenons,
répugnerait à suivre dans leurs me-
sures de proscriptions, les faibles et
inhabiles politiciens qui dans leurs
craintes et leurs incertitudes perpé-
tuelles, ont la terreur instinctive de tout
ce qui s'élève et ne voient autour d'eux
qu'embûches et despotisme, sans s'a-
percevoir qu'ils se perdent eux-mêmes
et que le terrain va manquersousleurs
pas.
Ne serait-ce pas le cas de repéter
à leur sujet ce proverbe si connu :
quos mit perdere Jupiter dementat 1
Au lieu de laisser à l'armée l'un de
ses plus puissants soutiens au mo-
ment où la guerre est imminente ils
ont préféré employer contre un géné-
ral l'une des peines les plus sévères
édictées dans le code militaire.
Comme corollaire de cet acte vio-
lent et impolitique ils n'ont pas hésité
à envoyer à Berlin un autre général
et son état-major pour assister aux
obsèques de l'empereur Guillaume
comme si l'on devait à ses pires enne-
mis uii pareil abaissement et une pa-
reille flatterie. La France jugera s'il
était opportun d'agir ainsi et l'opinion
publique s'élèvera, nous l'espérons,
contre une politique aussi peu confor-
me à ses intérêts et à ses sentiments.
EDOUARD MOLLAT
NGUS reprenons aujourd'hui nos
Chroniques de Paris interrom-
pues par une indisposition de notre
Correspondant parisien.
CHRONIQUEDEPARIS
(De notre correspondant spécial)
Paris, le 10 Mars 1888.
Mi-Carême nécrologique. - Confédération
du Rhin. — L'Exposition de 1889.- Jean
Aicard chez M. Claretie.
Le temps, cet extrait de Saturne, n'a
pas favorisé le Carnaval qui avait eu,
jeudi, des velléités de résurrection.
De tous côtés, les Gervaises des lavoirs,
avaient organisé dès cavalcades, dans les.
quelles les Louis XIV côtoyaient les
Charles X : de ci, de là, un typ3 quelcon-
que déguisé en Wilson accompagné d'une
vieille édentée, boiteuse, simulant la Li-
mouzin !
Bref, le peuple de Paris, ce grand bon
enfant, s'amusait agréablement, malgré
la pluie qui avait transformé nos joyeux
boulevards en une vaste forêt de riflards.
Tout-à-coup, vers six heures, comme
une traînée de poudre, le bruit de la mort
de l'Empereur Guillaume se répandit de
la Madeleine à la Bastille.
Il faut accorder au caractère français
cette qualité exceptionnelle, qu'il sait,
en présence d'un évènement grave, se re-
cueillir, même quand il s'agit de la mort
d'un ennemi.
Enmoins d'une heuro, la nouvelle avait
fait le tour de Paris, et, dans tous les
bals, dans tous les théâtres, on s'interro-
geait, on calculait, on cherchait à savoir
si cette disparition du Grand Monarque
serait un bien ou un mai pour la France.
Il y a un an, le jour de la mi-carême.
Parie était sous le coup de l'émotion cau-
sée par le triple crime de Pranzini, l'as-
sassin de Marie Régnault, dont on vend
ces jours-ci, à la salle de Drouot, les
meubles et les bijoux.
Cette année, autre émotion, mais plus
terrible, car cette mort découvre un ave-
nir insondable,..
*
Depuis jeudit les esprits se sont calmés
et la presse parisienne, s'est montrée fort
digne en la circon. tance.
Que sortira-t-il de tout cela ?
Est-ce, comme le croit le vulgaire, le
retour du règne belliqueux ?
Si le Kronprinz vient à mourir aussi,
est-ce à l'avènement du manchot de 4859,
la déclaration de guerre à la France ?
On n'ignore pas que le jeune et fougueux
Guillaume a déclaré qu'il ne boirait du
Champagne que le jour où Epernay et
Reims seront villes allemandes.
Tout doux, Monsieur l'héritier l
Je ne suis pas de cet avis : je pense au
contraire que la couronne va être bien
lourde pour votre tête écervelée, et il se
pourrait que la confédération du Rhin,
cette union d'une foule de petits états,
qui a bien voulu accepter la domination
prussienne, par déférence pour un empe-
reur vieux et vainqueur, il se pourrait,
dis-je, que ces Etats secouassent le joui
pesant qui les opprime.
Car, à part le prince Luitpold de
Bavière, qui est un sujet de Bismarck,
dans toute l'acception du mot, je ne vois,
parmi les princes, que des esciaves par
force, qui ont assez du chancelier de fer,
et qui n'attendent peut-être qu'un signe
pour lever l'étendard de la révolte !
Ce que je vous écris là, est mon avis
personnel, mais il est partagé par la ma-
jeure partie des hommes politiques, et,
hier, à la Bourse, comme dans les consu-
lats où j'ai que!ques amis, le thème de
toutes les conversations était invariable.
Il serait évidemment à souhaiter que la
Kronprinz résistât à la faucheuse qui la ;
menace depuis si longtemps ; ce serait la -
paix, car ce 1. monarque n'aime pas Bis-
marck, et le Richelieu Allemand ne
tarderait pas à tomber en disgrâce.
Ensuite, par sa femme il tient lAngle.
terre, et nous aurions des chances de
repos, tant que le trône serait occupé
par lui.
Mais ce sont là des hypothèses, et le
prince de Bismarck, qui ne recule devant
aucun crime quand on le gêne, saura bien
trouver un médecin pour hâter les effets
pernicieux du cancer impérial.
Il y a malheureusement encore, auprès
des cours, des êtres "de la trempe de
Milady de Winter ; gagez que le chance*
lier saura bien en découvrir un.
*
* »
Naturellement, avec cet événement
dont on ne saurait supporter les oonÿ.
quences, l'Exposition Universelle de 1889
sera peut-être renvoyée aux càlende.
grecques.
J'ai fait récemment une promenade sur
le Champ-de-Mars, le jour même où on
malheureux gamin de quatorze ans
tombait des 60 mètres de la tour Eiffel et
venait se briser le crâne sur le sol I
Première victime 1.
Pourvu qu'il n'y en ait pas d'autres avec
cette œuvre hardie comme conception,
gigantesque comme exécution, mais abso-
lument nulle comme - but ! - 1.
Les travaux marchent vite : on devine
déjà l'harmonie de l'ensemble, et les
galeries s'étendent de chaque côté du
pont d'Austerlitz, dominées au loin par
le Trocadéro, d'un effet fort pittoresque.
Certes — si rien ne contrarie les projeta
du Gouvernement — Paris célébrera
dignement le centenaire de notre glorieuse
révolution !
Maist qui sait, qui sait ?. >,'
L'avenir est aussi incertain que la durée
du ministère Tirard, ce qui n'est pas peu :'5"
dire. J
*
♦ ♦
Vous vous souvenez certainement du
poète Jean Aicard, ce charmeur qui, il y
a près d'un an, déclama ses strophes so-
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