Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1886-08-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2430 Nombre total de vues : 2430
Description : 07 août 1886 07 août 1886
Description : 1886/08/07 (A1,N2). 1886/08/07 (A1,N2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62318759
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/02/2013
4 Première Année; — N° 2
~i .,..
- i m "- Wi'm"mm
ut - -- - d h-4 m i,
Mnaiiftlio?Awi4^6
Rédaction: PITftIOTEALBERIEM21. ftne Socmmah lie
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI Direction : 21. lie Sugmah
ABONNEMENTS,
trois mois six mois un an
ALGÉRIE 3 fr. Ô fr. 18 fr.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
:, doit être adressé à
M. VIDAL-CHALOM Directeur-Gérant.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
INSERTIONS
Légales, 0 f. 18— Diverses, 0 f. 25— Réclames, 1 f.
Le PATRIOTE n'a traité avec aucune Agence
ALGER, LE 7 AOUT 886. ,
La revanche du 4 octobre.
Les élections départementales qui
viennent d'avoir lieu en France se
sont faites dans des conditions telles et
au milieu de circonstances si excep-
tionnellement graves, qu'il ne sera pas
inutile de nous y arrêter un moment.
Grisés par les succès relatifs qu'ils
avaient obtenus le 4 octobre dernier,
les réactionnaires qui les devaient en
grande partie au langage hypocrite de
leurs professions de foi où la Républi-
que semblait être au-dessus de toute
attaque, ont cru pouvoir cette fois ;
monter à l'assaut du scrutin aux cris
énergiquement poussés de : « A bas la
République ! »
L'état de nos finances, la crise qui
sévit sur le commerce et l'industrie du
pays, le malaise dont se plaignent nos
agriculteurs, la récente loi sur l'expul-
sion des prétendants, tout cela perfide-
ment exploité par tous les partis en-
nemis unis par la haine commune que
, leur inspire le régime actuel, devait à
leur» yeux produire un effèt décisif
les masses électorales que leur dupli- j
cité était parvenue à égarer, il y a »
quelques mois. )
.;; Mal en a pris aux coalisés: le bon ¡,
sens public et le patriotisme ont vite
repris leur empire et fait oublier le mo-
ment d'effarement qui, par des causes
multiples inavouables, s'était emparé
d'une partie des électeurs.
La manifestation imposante et solen-
nelle à laquelle la réaction avait brus-
quement convié le pays, a tourné à sa
confusion. Bonapartistes, cléricaux et
monarchistes de toutes nuances ont
perdu leurs dernières illusions au fond
des urnes d'où vient de sortir la ré-
ponse la plus éclatante que puissent
provoquer leurs rodomantades, leurs
insolences et leurs mensonges.
insolences et leurs mensonges.
S'il est vrai que grâ à la défection
de certains maires qui n'ont pas craint
de couvrir de leur écharpe des candi-
dats hostiles à nos institutions et à la
pression malsaine et coupable de quel-
ques membres du clergé qui poussent
l'imprudence jusqu'à mettre l'influence
et l'argent qu'ils tiennent du gouver-
nement au service de ses ennemis les
plus avérés. S'il est vrai, disons-nous,
que les républicains ont perdu 5 ou 6
sièges, il faut reconnaître que ces per-
tes n'affectent en rien la composition
actuelle des conseils généraux dont
l'immense majorité reste républicaine.
Il convient aussi de faire ressortir
que dans bon nombre de départements
qui semblaient inféodés à la réaction,
nos candidats ont évincé leurs adver-
saires et ouvert ainsi une large brèche
par laquelle les républicains ne tarde-
ront pas à passer pour se rendre maî-
tres de la place. -
Enfin, plus de 150 scrutins dé bal-
lotage vont avoir lieu dans quelques
jours et Ton peut affirmer sans témé-
rité, eu égard aux résultats du pre-
mier tour, qu'une victoire éclatante
attendis nôtres.. --y
partisans du (^u^^jft&'Paris/ dë Victor
et de Don Carlos; pour uvoir été a la
fois audacieuse et tapageuse, aura été
éloquente, caractéristique et significa-
tive.
Si c'est là ce que nos ennemis de
l'intérieur ont voulu, ils peuvent re-
venir à la charge.
L'ESPRIT « DES SOTS
Deux actrices se prennent aux cheveux. On
les regarde avec cette curiosité indiscrète,
mais compréhensible, lorsqu'il s'agit d'un
spectacle aussi affriolant. Tout-à-coup un
homme s'élance et sépare les belligérantes.
La galerie proteste. On s'écrie :
— Il fallait les laisser faire. Ça allait se
corser.
Le monsieur indigné :
■— On voit bien que ce n'est pas à vous, les
perruques!
C'était le coiffeur du théâtre.
*
* *
Au C tfé des bains de l'Agha:
Avez-vous remarqué cette blonde ravis-
sante ?. Je la vois partout accompagné de
de deux gommeux laids et ridicules.
— La pauvre enfant, comme elle doit souf-
rir!. c'est là Marguerite à la fontaine: elle
est entre deux sots !.
*
* *
Champoireau rencontre un de ses amis re-
tour du Tonkin.
Ce dernier, tout heureux de retrouver une
figure de connaissance, se précipite sur lui et
le serre si vigureusement dans ses bras qu'il
manque de l'étouffer.
- Qb là! fait champoireau, en se dégagean
avec peine de l'étreinte, je commence à com-
prendre les inconvénients de l'expansion co-
loniale.
Aux champs :
- Dites-moi, ma1 pauvre femme, vous n'a-
vez que cette vache ?
Oui.
— Combien vous, donne-t-elle de lait par
jour ? ,. -
;' - Dix litres.
— Et là-dessus combien en vendez vous ?
— Tous les matins cinquantes litres !
X. passe à juste titre pour médisant.
Toutefois comme il n'a pas volé non plus sa
réputation d'imbéciiité et que les calomnies
sont encore plus bêtes que méchantes, ses
ennemis l'ont surnommé le serpent à Sor-
nettes.
*
+ *
— Votre maître est donc bien malade, Bap-
tiste ?
— Mais, Monsieur, oui, il est bien malade,
le pauvre homme.
- Quel est son médecin ?
Son médecin c'est un nommé Hopathe.
t Informations et Faits divers
LE GÉNÉRAL BOULANGER. — Le
ministre de la guerre a reçu une pla-
que de grand-officier orné de diamants.
Ce magnifique présent lui a été offert
par ses camarades de Saint-Cyr.
Sur l'écrin sont gravés ces mots :
« La promotion de Crimée.Sébastopol
au camarade Boulanger. - Juillet
1886. » '.,
LE PRIX DE ROME. - Le prix de
Rome pour l'architecture vient d'être
décerné à M.. Defrasse, élève de M. An-
dré.
1er second grand prx : M. Louvet,
élève de MM. Louvet et Ginain.
2e second grand prix : M. Sortais,
élève de MM. Daumet et Giraud.
L'exposition reste ouverte diman-
che, de dix heures à quatre heures.
1 LE FUSIL A RÉPÉTITION. — On télé-
graphie de Cassel que six régiments
d'infanterie du lie corps sont déjà
pourvue du nouveau fusil à répétition.
En ce qui concerne notre propre ar-
mement, disons que la transformation
se poursuit avec la plus grande acti-
vité.
LE ROI GEORGES. - On mande
d'Athènes que le roi de Grèce, qui
vient de s'embarquer à bord de l'Am-
pliitrite, débarquera à Gènes et se ren-
dra d'abord à Paris., où il a l'inten.
phitrite, à Paris, où il a l'inten-
tion de passer quelques jours incognito
avant d aller aux eaux de Wiesbaden.
1 Le roi Georges évitera de se ren-
- contrer avec aucun souverain, en rai-
son dos derniers événements. ',- ,',
UNE EXPLOSION A DIEPPE. -JLundi
matifii: à onze heures, la chaudière
A» Ory- ——'' 'ij W — rl
u a Sut explosion dans le
bassin. 1
La partie supérieure, qui ne pesait 1
pas moins de deux mille kilogrammes, {!
a été projetée sur le quai à une dis-
tance de cent vingt mètres. La chemi-
née a été lancée à trois cents mètres.
Le chef dragueur, le mécanicien et
un mousse ont été également projetés
au loin ; quand on les a ramassés, ils 1
étaient morts. Le chauffeur a disparu ;
sous les débris de la drague.
Trois autres personnes qui se
trouvaient sur l'appareil ont été bles-
sées, dont une grièvement ; quatre
sont sauvées. De ces dernières, une a
été lancée sur un chaland placé dans
le bassin, non loin de la drague.
OUTRAGE AU DRAPEAU NATIONAL. —
Le préfet des Vosges vient de suspen-
dre, par arrêté en date du 27 juillet,
M. Marchai, maire de Lamarche, le-
quel, pendant la journée du 15 juillet,
Feuilleton du Patriote
AUGUSTE MANETTE
-
PREMIÈRE PARTIE
L'ASSASSINAT
de la rue Neuve-Saille-Geneviève
Par (Alexis Bouvier
1
LA MAISON DU CRIME
Par cette pluie fine et froide d'hiver,
qui perce les habits, froidit les chairs
et fèle les moelles. un matin de
janvier que le ciel était gris, et qu'il
faisait triste; à l'heure où,tibubant sur
les pavés gluants et gras, les ouvriers
se rendent à l'atelier, un groupe nom-
breux stationnait curieusement devant
la porte bâtarde d'une maison de mo-
deste apparence de la rue Neuve-Sainte- ;
Geneviève. ",n, :.
Battant des pieds, soufflant dans
ses doigts, chacun s'interrogeait.
Les plus renseignés racontaient que
depuis le 25 décembre, — c'est-à-dire
une quinzaine de jours environ, — M.
Gabriel Boysson qui avait été curé à
Montléry et professeur dans un sémi-
naire, le locataire du premier étage,
n'ayant pas paru, les voisins inquiets
avaient prié le propriétaire de prévenir
l'autorité.
C'est l'autorité qu'on attendait.
Le rassemblement grossissait, les
cancans et les médisances allaient leur
train. La circulation était presque in-
terdite, et c'est en jouant des coudes
et en distribuant des horions, qu'un
crieur parvint à trouer le groupe au
milieu duquel il glapit d'une voix rau-
que et avinée :
— Demandez, demandez. le récit
complet et détaillé de la bataille d'Aus-
terlitz ;. la grande victoire rempor-
tée par l'armée française sur les trou-
pes russes et autrichiennes, comman-
dées par les trois empereurs. Le nom-
bre des morts et des blessés.. les canons
et drapeaux pris à l'ennemi, la sou-
mission des empereurs de Russie et
d'Autriche. Le traité de paix, signé à
Presbourg. les nouvelles conquêtes,.
demandez : deux sous !
On était au 7 janvier .1807, un peu
plus d'un mois après la grande bataille,
et chacun s'en arrachait le bulletin.
Il était dix heures environ lors-
qu'une voix dit :
— Voilà le commissaire!
La foule s'écarta; le commissaire,
accompagné du propriétaire, d'un ser-
rurier, et suivi de quelques agents,
entra dans la maison, et la porte se
referma sur le nez des curieux désap-
pointés.
Triste maison. escalier sombre
aux marches grasses, murs suants.
et je ne sais quelle clarté lugubre je-
tée par la fenêtre borgne d'une cour
qui prenait jour dans le ciel.
Les assistans étaient muets.
Quant le commissaire heurta deux
fois la porte, rien ne répondit.
Frappant alors du poing, il dit:
— Au nom de la loi ouvrez.
La voix se perdit dans l'escalier
noir, et l'écho revint glacer d'effroi les
voisins et le propriétaire.
Tout resta silencieux.
Après avoir consulté les assistants
du regard, le commissaire dit au ser-
rurier.
- Ouvrez!
: Une pesée, et ce fut fait.
La pièce où l'on entra était propre,
tout était en ordre: on eût pensé vo-
lontiers que le matin même la ména-
gère avait accompli sa besogne jour-
nalière. Cependant, l'atmosphère de la
chambre était viciée et, avant d'aller
plus loin., un des agents dut ouvrir
une fenêtre.
La salle à manger, dans laquelle on
entra ensuite, était plus en désordre.
La table portait encore les restes d'un
souper, les serviettes étaient jetées
sur les assiettes comme si les convi-
ves venaient de se lever, et n'est la
poussière dont les porcelaines étaient
couvertes, on eût pu croire que le cou-
vert n'était là que de la veille au
soir.
On arrive enfin devant la porte de
la chambre.
Le commissaire frappa d'abord, et
ne recevant pas de réponse il saisit le
bouton.
La porte était fermée à double tour;
le serrurier se mit à l'œuvre.
Quelques secondes après, ils en-
traient; mais aussitôt chacun recula
voyant le tableau horrible qu'il avait
devant lesyeux.
Le corps de Gabriel Boysson était
étendu sur le lit, presque nu: le cràne
ouvert, le visage sanglant, les mem-
~i .,..
- i m "- Wi'm"mm
ut - -- - d h-4 m i,
Mnaiiftlio?Awi4^6
Rédaction: PITftIOTEALBERIEM21. ftne Socmmah lie
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI Direction : 21. lie Sugmah
ABONNEMENTS,
trois mois six mois un an
ALGÉRIE 3 fr. Ô fr. 18 fr.
FRANCE et ETRANGER. Port en sus.
Tout ce qui concerne la Rédaction et l'Administration
:, doit être adressé à
M. VIDAL-CHALOM Directeur-Gérant.
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
INSERTIONS
Légales, 0 f. 18— Diverses, 0 f. 25— Réclames, 1 f.
Le PATRIOTE n'a traité avec aucune Agence
ALGER, LE 7 AOUT 886. ,
La revanche du 4 octobre.
Les élections départementales qui
viennent d'avoir lieu en France se
sont faites dans des conditions telles et
au milieu de circonstances si excep-
tionnellement graves, qu'il ne sera pas
inutile de nous y arrêter un moment.
Grisés par les succès relatifs qu'ils
avaient obtenus le 4 octobre dernier,
les réactionnaires qui les devaient en
grande partie au langage hypocrite de
leurs professions de foi où la Républi-
que semblait être au-dessus de toute
attaque, ont cru pouvoir cette fois ;
monter à l'assaut du scrutin aux cris
énergiquement poussés de : « A bas la
République ! »
L'état de nos finances, la crise qui
sévit sur le commerce et l'industrie du
pays, le malaise dont se plaignent nos
agriculteurs, la récente loi sur l'expul-
sion des prétendants, tout cela perfide-
ment exploité par tous les partis en-
nemis unis par la haine commune que
, leur inspire le régime actuel, devait à
leur» yeux produire un effèt décisif
les masses électorales que leur dupli- j
cité était parvenue à égarer, il y a »
quelques mois. )
.;; Mal en a pris aux coalisés: le bon ¡,
sens public et le patriotisme ont vite
repris leur empire et fait oublier le mo-
ment d'effarement qui, par des causes
multiples inavouables, s'était emparé
d'une partie des électeurs.
La manifestation imposante et solen-
nelle à laquelle la réaction avait brus-
quement convié le pays, a tourné à sa
confusion. Bonapartistes, cléricaux et
monarchistes de toutes nuances ont
perdu leurs dernières illusions au fond
des urnes d'où vient de sortir la ré-
ponse la plus éclatante que puissent
provoquer leurs rodomantades, leurs
insolences et leurs mensonges.
insolences et leurs mensonges.
S'il est vrai que grâ à la défection
de certains maires qui n'ont pas craint
de couvrir de leur écharpe des candi-
dats hostiles à nos institutions et à la
pression malsaine et coupable de quel-
ques membres du clergé qui poussent
l'imprudence jusqu'à mettre l'influence
et l'argent qu'ils tiennent du gouver-
nement au service de ses ennemis les
plus avérés. S'il est vrai, disons-nous,
que les républicains ont perdu 5 ou 6
sièges, il faut reconnaître que ces per-
tes n'affectent en rien la composition
actuelle des conseils généraux dont
l'immense majorité reste républicaine.
Il convient aussi de faire ressortir
que dans bon nombre de départements
qui semblaient inféodés à la réaction,
nos candidats ont évincé leurs adver-
saires et ouvert ainsi une large brèche
par laquelle les républicains ne tarde-
ront pas à passer pour se rendre maî-
tres de la place. -
Enfin, plus de 150 scrutins dé bal-
lotage vont avoir lieu dans quelques
jours et Ton peut affirmer sans témé-
rité, eu égard aux résultats du pre-
mier tour, qu'une victoire éclatante
attendis nôtres.. --y
partisans du (^u^^jft&'Paris/ dë Victor
et de Don Carlos; pour uvoir été a la
fois audacieuse et tapageuse, aura été
éloquente, caractéristique et significa-
tive.
Si c'est là ce que nos ennemis de
l'intérieur ont voulu, ils peuvent re-
venir à la charge.
L'ESPRIT « DES SOTS
Deux actrices se prennent aux cheveux. On
les regarde avec cette curiosité indiscrète,
mais compréhensible, lorsqu'il s'agit d'un
spectacle aussi affriolant. Tout-à-coup un
homme s'élance et sépare les belligérantes.
La galerie proteste. On s'écrie :
— Il fallait les laisser faire. Ça allait se
corser.
Le monsieur indigné :
■— On voit bien que ce n'est pas à vous, les
perruques!
C'était le coiffeur du théâtre.
*
* *
Au C tfé des bains de l'Agha:
Avez-vous remarqué cette blonde ravis-
sante ?. Je la vois partout accompagné de
de deux gommeux laids et ridicules.
— La pauvre enfant, comme elle doit souf-
rir!. c'est là Marguerite à la fontaine: elle
est entre deux sots !.
*
* *
Champoireau rencontre un de ses amis re-
tour du Tonkin.
Ce dernier, tout heureux de retrouver une
figure de connaissance, se précipite sur lui et
le serre si vigureusement dans ses bras qu'il
manque de l'étouffer.
- Qb là! fait champoireau, en se dégagean
avec peine de l'étreinte, je commence à com-
prendre les inconvénients de l'expansion co-
loniale.
Aux champs :
- Dites-moi, ma1 pauvre femme, vous n'a-
vez que cette vache ?
Oui.
— Combien vous, donne-t-elle de lait par
jour ? ,. -
;' - Dix litres.
— Et là-dessus combien en vendez vous ?
— Tous les matins cinquantes litres !
X. passe à juste titre pour médisant.
Toutefois comme il n'a pas volé non plus sa
réputation d'imbéciiité et que les calomnies
sont encore plus bêtes que méchantes, ses
ennemis l'ont surnommé le serpent à Sor-
nettes.
*
+ *
— Votre maître est donc bien malade, Bap-
tiste ?
— Mais, Monsieur, oui, il est bien malade,
le pauvre homme.
- Quel est son médecin ?
Son médecin c'est un nommé Hopathe.
t Informations et Faits divers
LE GÉNÉRAL BOULANGER. — Le
ministre de la guerre a reçu une pla-
que de grand-officier orné de diamants.
Ce magnifique présent lui a été offert
par ses camarades de Saint-Cyr.
Sur l'écrin sont gravés ces mots :
« La promotion de Crimée.Sébastopol
au camarade Boulanger. - Juillet
1886. » '.,
LE PRIX DE ROME. - Le prix de
Rome pour l'architecture vient d'être
décerné à M.. Defrasse, élève de M. An-
dré.
1er second grand prx : M. Louvet,
élève de MM. Louvet et Ginain.
2e second grand prix : M. Sortais,
élève de MM. Daumet et Giraud.
L'exposition reste ouverte diman-
che, de dix heures à quatre heures.
1 LE FUSIL A RÉPÉTITION. — On télé-
graphie de Cassel que six régiments
d'infanterie du lie corps sont déjà
pourvue du nouveau fusil à répétition.
En ce qui concerne notre propre ar-
mement, disons que la transformation
se poursuit avec la plus grande acti-
vité.
LE ROI GEORGES. - On mande
d'Athènes que le roi de Grèce, qui
vient de s'embarquer à bord de l'Am-
pliitrite, débarquera à Gènes et se ren-
dra d'abord à Paris., où il a l'inten.
phitrite, à Paris, où il a l'inten-
tion de passer quelques jours incognito
avant d aller aux eaux de Wiesbaden.
1 Le roi Georges évitera de se ren-
- contrer avec aucun souverain, en rai-
son dos derniers événements. ',- ,',
UNE EXPLOSION A DIEPPE. -JLundi
matifii: à onze heures, la chaudière
A» Ory- ——'' 'ij W — rl
u a Sut explosion dans le
bassin. 1
La partie supérieure, qui ne pesait 1
pas moins de deux mille kilogrammes, {!
a été projetée sur le quai à une dis-
tance de cent vingt mètres. La chemi-
née a été lancée à trois cents mètres.
Le chef dragueur, le mécanicien et
un mousse ont été également projetés
au loin ; quand on les a ramassés, ils 1
étaient morts. Le chauffeur a disparu ;
sous les débris de la drague.
Trois autres personnes qui se
trouvaient sur l'appareil ont été bles-
sées, dont une grièvement ; quatre
sont sauvées. De ces dernières, une a
été lancée sur un chaland placé dans
le bassin, non loin de la drague.
OUTRAGE AU DRAPEAU NATIONAL. —
Le préfet des Vosges vient de suspen-
dre, par arrêté en date du 27 juillet,
M. Marchai, maire de Lamarche, le-
quel, pendant la journée du 15 juillet,
Feuilleton du Patriote
AUGUSTE MANETTE
-
PREMIÈRE PARTIE
L'ASSASSINAT
de la rue Neuve-Saille-Geneviève
Par (Alexis Bouvier
1
LA MAISON DU CRIME
Par cette pluie fine et froide d'hiver,
qui perce les habits, froidit les chairs
et fèle les moelles. un matin de
janvier que le ciel était gris, et qu'il
faisait triste; à l'heure où,tibubant sur
les pavés gluants et gras, les ouvriers
se rendent à l'atelier, un groupe nom-
breux stationnait curieusement devant
la porte bâtarde d'une maison de mo-
deste apparence de la rue Neuve-Sainte- ;
Geneviève. ",n, :.
Battant des pieds, soufflant dans
ses doigts, chacun s'interrogeait.
Les plus renseignés racontaient que
depuis le 25 décembre, — c'est-à-dire
une quinzaine de jours environ, — M.
Gabriel Boysson qui avait été curé à
Montléry et professeur dans un sémi-
naire, le locataire du premier étage,
n'ayant pas paru, les voisins inquiets
avaient prié le propriétaire de prévenir
l'autorité.
C'est l'autorité qu'on attendait.
Le rassemblement grossissait, les
cancans et les médisances allaient leur
train. La circulation était presque in-
terdite, et c'est en jouant des coudes
et en distribuant des horions, qu'un
crieur parvint à trouer le groupe au
milieu duquel il glapit d'une voix rau-
que et avinée :
— Demandez, demandez. le récit
complet et détaillé de la bataille d'Aus-
terlitz ;. la grande victoire rempor-
tée par l'armée française sur les trou-
pes russes et autrichiennes, comman-
dées par les trois empereurs. Le nom-
bre des morts et des blessés.. les canons
et drapeaux pris à l'ennemi, la sou-
mission des empereurs de Russie et
d'Autriche. Le traité de paix, signé à
Presbourg. les nouvelles conquêtes,.
demandez : deux sous !
On était au 7 janvier .1807, un peu
plus d'un mois après la grande bataille,
et chacun s'en arrachait le bulletin.
Il était dix heures environ lors-
qu'une voix dit :
— Voilà le commissaire!
La foule s'écarta; le commissaire,
accompagné du propriétaire, d'un ser-
rurier, et suivi de quelques agents,
entra dans la maison, et la porte se
referma sur le nez des curieux désap-
pointés.
Triste maison. escalier sombre
aux marches grasses, murs suants.
et je ne sais quelle clarté lugubre je-
tée par la fenêtre borgne d'une cour
qui prenait jour dans le ciel.
Les assistans étaient muets.
Quant le commissaire heurta deux
fois la porte, rien ne répondit.
Frappant alors du poing, il dit:
— Au nom de la loi ouvrez.
La voix se perdit dans l'escalier
noir, et l'écho revint glacer d'effroi les
voisins et le propriétaire.
Tout resta silencieux.
Après avoir consulté les assistants
du regard, le commissaire dit au ser-
rurier.
- Ouvrez!
: Une pesée, et ce fut fait.
La pièce où l'on entra était propre,
tout était en ordre: on eût pensé vo-
lontiers que le matin même la ména-
gère avait accompli sa besogne jour-
nalière. Cependant, l'atmosphère de la
chambre était viciée et, avant d'aller
plus loin., un des agents dut ouvrir
une fenêtre.
La salle à manger, dans laquelle on
entra ensuite, était plus en désordre.
La table portait encore les restes d'un
souper, les serviettes étaient jetées
sur les assiettes comme si les convi-
ves venaient de se lever, et n'est la
poussière dont les porcelaines étaient
couvertes, on eût pu croire que le cou-
vert n'était là que de la veille au
soir.
On arrive enfin devant la porte de
la chambre.
Le commissaire frappa d'abord, et
ne recevant pas de réponse il saisit le
bouton.
La porte était fermée à double tour;
le serrurier se mit à l'œuvre.
Quelques secondes après, ils en-
traient; mais aussitôt chacun recula
voyant le tableau horrible qu'il avait
devant lesyeux.
Le corps de Gabriel Boysson était
étendu sur le lit, presque nu: le cràne
ouvert, le visage sanglant, les mem-
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