Titre : Patriote algérien : paraissant les mardi et samedi / directeur-gérant M. Vidal-Chalom
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1891-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32833915w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mars 1891 01 mars 1891
Description : 1891/03/01 (A6,N492). 1891/03/01 (A6,N492).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62315543
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-87303
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/01/2013
IN* 492 — Sixième année. ..1 CINQ CENTIMES Dimanche Ier Mars 1891
1 LE PATRIOTE ALGÉRIEN
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI
ABONNEl\iEN"j'S
Trois mois Six mois Un un
ALGÉRIE.: 3 fr. 6 fr. 12 fr.
FRANCE ET ETRANGER.. Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,85 — Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avec AUCUNE AGENCE
ALGER, LE 28 FÉVRIER 1891
IMBECILES j GREDINS
La lutte est engagée : voilà l'Algérie
franchement attaquée.
M. Dide, le pasteur Dide, comme l'ap-
pelle M. Tirman, ne nous a rien appris
de nouveau ; il a tout simplement récité
une page d'histoire banale et montré ses
connaissances en arithémétique. Lui
aussi a subi le prestige bête de la culotte
de peau. Il estime que l'Algérie n'a été
vraiment heureuse que sous le régime
militaire.
Parlant des « templiers » de funeste
mémoire, il s'écrie : « On a mis en cause
l'administration militaire ; on a dit que
l'Algérie avait souffert d'une situation
qui a trop duré : celle des bureaux ara-
bes. Cette situation a eu des faiblesses,
mais lorsqu'elle .avait à administrer, à
combattre, à défendre, à étendre le ter-
ritoire, elle a produit des résultats admi-
rables. » * ".:' "-
Farceur! questionnez-donc les indi-
gènes vous-même sur les bienfaits de
l'institution rouge et vous saurez quelle
sainte horreur elle leur inspire.
Les bureaux arabes ! mais ils n'ont
servi qu'à aviver la haine du musulman
contre le chrétien en général, et contre
le civil en particulier, et à entretenir les
ferments de révolte parmi les popula-
tions placées sous leur autorité. Ce sys-
tème d'administration découlait, d'ail-
leurs, d'une logique toute militaire, car
la présence de l'armée n'étant néces-
saire que sur les points troublés, il n'y
avait, dès lors, aucun intérêt à pacifier
un pays si propice à la culture de la ca-
rotte.
Mais revenons au Sénat.
M. Pauliat, dans son long réquisitoire
contre l'Algérie, prétend « que nous
avons aggravé les impôts que lts Turcs
— et Abde:kader — avaient laissés. Et
pendant ce temps-là, qut-' paient les" co-
lons? aj. utê-i).
Est il pocsibl qu'un homme de la va-
leur de M. Pauliat ose dire de pareilles
absurdités !
Est-ce pour attirer en Algérie les cul-
tivateurs français que l'honorable séna-
teur les voudrait voir imposés comme
les indigènes ? M. de Lanessan, qui a
plus de bon sens, disait avec raison :
« on reproche aux colons algériens de ne
pas payer autant d'impôts que les culti-
vateurs de la métropole ; mais il faut
considérer aussi qu'ils ne jouissent pas
des mêmes avantages : ils n'ont ni la
sécurité, ni les voies de communication
qui existent en France. »
Et puis encore : en admettant que
l'on puisse supprimer l'impôt arabe,
par quoi le remplacerait-on ? Par l'im-
pôt foncitr, sans doute ?
Quel colonisateur que ce M. Pauliat !
« L'Arabe meurt de faim, fulmine t-il,
en fixant sur la représentation algé-
rienne des yeux terribles.
Mais ignore-t-il donc qu'imposé ou
non, l'Arabe, esprit fataliste, nature
paresseuse et insouciante, crèvera tou-
jours de faim à côté d'une terre fertile
qu'il lui suffirait de remuer un peu pour
la couvrir de moissons. L'Arabe ne
travaillera pas plus dans un siècle qu'il
ne travaille aujourd'hui. — Voyez-le
dans ses champs ; il laboure ou plutôt il
égratigne la surface du sol. av,gc une
perche de bois tirée par deux bœufs
étiques ; un caillou, un rocher se pré-
sente devant le soc de sa charrue, il le
contournera, mais il ne l'arrachera pas.
A quoi bon !
Le citl se couvre de nuages chargés de
pluie ou de grêle ; croyez-vous qu'il
construira le moindre abri pour remiser
ses troupeaux ? Point. Il laissera à la
Bonté Divine le soin de les garantir
contre les intempéries.
La sécheresse arrive, l'herbe est rare
et les oueds sont sans eau. ILincendiera
les forêts domaniales pour qae bientôt,
sous les cendres encor tièdes, naissant
de verts bourgeons qui nourriront ses
bestiaux.
Et quand il n'aura plus rien à se
mettre sous la dent, il ira, armé, voler
le roumi, dévaster sa maison, saccager
ses champs, ses jardins, ses vergers.
Que l'on nous parle de faire quelque
chose en faveur des kabyles, nous l'ad-
mettons encore : le kabyle est laborieux,
intelligent, et souvent honnête. Peut-
être pourrions-nous en lui concédant
quelques privilèges en faire un sérieux
allié contre l'Arabe qui est à jamais ré-
fractaire à toute civilisation, et nous
aider à l'anéantir ou à le refouler dans
le sud.
Mais non. Les Don-Quichottes parle-
mentaires rêvent d'une Algérie sans di-
visions de races, de eroyanses, d'ins-
tincts. Ils veulent passer le rabot de la
philantropie officielle sur toutes les di-
fficultés d'ordre financier, économique,
social dont la question algérienne est
hérissée.
Ils parlent d'instruire l'Arabe, de le
militariser, d'en faire un 'citoyen fran-
çais, alors que l'indigène ne vit qu'avec
l'espoir de nous chasser un jour d'un
sol qu'il croit être le sien pour repren-
dre librement sa vie d'aventure et d'in-
dépendance.
Ah ! tenez ! pour clouer le bec à tous
ces bavards, on devrait leur faire passer
une nuit dans un café maure. Ils ap-
prendraient là comment l'arabe entend
l'assimilation.
BBUNAY.
PETITE CHRONIQUE
Apologie de la Statuomanie
On no. so contente plus Je protester con-
lie ! ils nouvelles statues, on
wu;. ieuoulomK-r celles qui" sont érigées :
ce le le M.-irat entre autres. Aussi laissez-
moi vous exprimer une bonne fois que, con-
trairement à tous mes confrères, j'applau-
dis a la statuomanie.
La France est atteinte, dit-on, de cette
maladie. Bientôt le peuple des vivants cir-
culera autour d'un peuple aussi nombreux
d'hommes de marbre ou d'airin. Et, à ce
sujet, journalistes de gémir, de déplorer
que l'on prodigue les plus beaux blocs de
Carrare, les plus belles coulées de bronze,
pour la déification de « petits grands hom-
mes ». Eli bien ! dùt-on m'accuser d'être
un esprit paradoxal, j'avoue que cette pas-
sion dont ie peuple français est possédé ne
m'inspire aucun regret, et, qu'au contraire,
elle me ravit. Et je ne serai pas à court de
raisons pour prouver que la logique est de
mon côté.
Vous avouerez, en premier lieu, que les
villes ne tarderont pas à oiïrir un spectacle
ne manquant pas de pittoresque. Ce peuple
de statues blanches ou bronzées cachées
dans la verdure des jardins pnblics domi-
nant de leur Immobilité silencieuse la foule
grouillante et bourdonnante de nos places,
fera le plus heureux effet. Vous n'avez pour
vous en convaincre qu'à visiter un de nos
squares par un beau soleil.
Vous serez enthousiasmé particulièrement
par les nymphes de ma'bre, vêtant leur
nudité de rayons d'or.
Mais le charme sera plus grand, une nuit
de pleine lune. Les statues de nos jardins
publics, sous la lueur fantastique de la pàle
Phébé, à demi couvertes par une pluie de
feuilles qui se découpent en ombres indé-
cises et flottantes, vous plongent dans une
délicieuse rêverie et sont pleines d'un
attrait. indescriptible — ce qui m'évite
l'embarras de le décrire 1 La clarté mélan-
colique, sans vie de la lune, semble faite
pour éclairer la foule morte des statues,elle
lui donne l'apparence d'un peuple vapo-
reux de fantômes.
L'émotion est plus vive encore, si quel-
que orchestre vous envoie, durant votre
contemplation, les accents atlaiblis d'une
suave mélodie de Faust ou de la Tra-
viata.
Or, si les quelques rares hommes de
bronze ou de marbre qui ornent nos villes,
produisent tant d'effet, jugez donc lorsque
chaque square aura ses statues,lorsque aux
quatre coins de chaque place, le long des
boulevards et des avenues, se dresseront
tous nos héros, menaçant de leur épée un
ennemi invisible, ou immobiles, sur un fou-
geux cheval, dans la folie de la charge,
tous nos grands hommes aux attitudes rê-
veuses, cherchant encore la p risée remon-
tée aux cieux. On édifierait des statues de
toutes les tailles , de toutes les couleurs,
de toutes les substances, ce qui permettrait
d'établir une hiérarchie de nos illustrations
et de rendre concrète, pour ainsi dire, leur
valeur inégale. On récompenserait tout le
mode sans faire tort à personne.
Victor Hugo, par exemple, aurait une
statue gigantesque d'or enrichi de pierre-
ries, et M. Belmootet, une name statue en
terre cuite.
Voilà donc une première raison de ne pas
s'opposer à la statuomanie ; en voici une
seconde : les sculpteurs subissent le contre-
coup de la crise économique.Commandons -
leur des hommes de marbre, et du coup, ils
pourront désintéresser leurs créanciers.Ceux-
ci, barbares, farouches, ne souscrivent ja-
mais pour l'érection d'une statue à Lamar-
tine ou à Balzac, mais quand ils se verront
intéressés à le faire, ils seront les premiers
à apporter leur obole pour la glorification-
de nos morts.
.,. D'autre part, nos. économistes vous di-
ront que toutes les branches de l'activité
humaine sont solidaires : qu'un métier mar-
che, tous vont ! Chaque profession nourris-
sant son homme, les impôts sont mieux
payés, et rapportent davantage au Trésor.
Elevez d'innombrables statues, et le budget
se soldera par des excé ients de recettes.
Nous venons d'effleurer d'ailleurs la
question d'intérêt pour ceux qui passent, à
faire revivre en bronze ceux qui ont passé :
appuyons en ce point, l'intérêt c'est la corde
sensible de notre époque !
Quelle excellente occasion pour la vanité
d'un vivant que l'apothéose d'un mort ! Ce
sont d'abord des discours à prononcer, tout
un flot d'éloquence à répandre pour le
baptême de la statue. Les discours sont
analysés, ou reproduits dans les journaux.
Si l'illustre défunt n'en est pas diminué, les
orateurs en sont singulièrement populari-
sés. Puis les poètes arrivent i la curée, ils-
veulent aussi « leur part de royauté » ; ils
écoulent leurs alexandrins à la gloire du
déifié et à leur propre gloire. Et les journa-
listes donc ! c'est de la copie pour eux,
c'est un nombre plus considérable de numé-
ros vendus.
ZETTB
Six heures sonnaient. La nuit était
venue, le froid était vif, et par groupes
les ouvriers sortaient, la journée finie,
l'air heureux, pressant le pas et faisant
sonner dans leurs poches l'argent de la
semaine. A la porte de 1 atelier, sous les
deux becs de gaz qui, de chaque côté,
dessinaient sur le trottoir comme une
large taohe claire, des femmes atten-
daient; quelques-unes tenaient par la
main un enfant, qui, chaudement enve-
loppé dans un grand fichu de lame,
frappait ses petits pieds l'un contre
l'autre en demandant si « papa » n'al-
lait pas bientôt venir. Et quand celui
au'on attendait paraissait, c'étaient des
cris de joie et des battements de mains.
L'homme serrait la main aux cama-
rades, courait à la femme qu'il embras-
sait, puis, prenant entre ses deux bras
le gQSW qui lui grimpait le long des
jambes, tendant vers lui ses deux lèvres
goulues, il l'enlevait de terre et mettait
bur ses joues rouges deux gros baisers
bien bruyants. Et tous trois, la femme
au bras de son mari, celai-ci portant
sur ses épaules ou sur son braa le ga-
min qui gazouillait comme un petit pin-
son, ils remontaient la longue avenue,
causant de la journée écoulée se serrant
l'un contre l'autre marchant vite, ayant
hâte de regagner la chambre bien close,
où, sur la l'oêle, la soupe odorante fu-
mait.
A côté de l'atelier les vitres d'un mar-
chand de vins, brouillées de fumee,
fhinbaient derrière leurs rideaux blancs.
Sur le seuil quelques ouvriers e étaient
arrêtés, et l'un deux, la main sur le
loquet de la porte d'entrée, se tournant
vers celui qui etaic à ses côtés, lui dit :
— Alors, c'est décidé, tu ne veux
même pas venir prendre un verre avec
nous ?
— Non, répondit tranquillement
l'autre. Le cabaret et moi nou-i sommes
brouillés depuis longtemps. J'ai fait un
serment et je l'ai tenu- Oh ! ajouta-t-il,
sur un geste des autres, ce n'est pas
que je trouve mauvais d'aller de temps
en temps, entre camarades, faire une
partie de cartes, en attendant l'heure du
diner. Mais, vous le savez, je ne suis
pas libre. Zette m'attends ; et je ne veux
pas me faire gronder par ma petite mé-
nagère.
— Alors, adieu, Claude firent-ils
tous !
— Adieu les amis !
Et Claude leur serrant une dernière
fois la main, se mit en marche, sifflant
entre ses dents une chanson d'amour.
C'est qu'il y a loin du boulevard Saint-
Marcel à la Villette ; et Rose (Zette
comme il avait pris l'habitude de l'ap-
peler depuis longtemps) n'aimait pas
qu'il fut en retard, surtout quand le
dîner était prêt. - ..,
Pour sûr elle devait déjà regarder
l'heure à la pendule, cette bell.. pendule
toute dorée dont il lui avait fait présent
l'été dernier, pour sa fête. Une surprise
qu'il lui ménageait depuis longtemps,
et qui lui avait mis des larmes de joie
plein les yeux. Et comme elle l'avait
embrassé, tout en le grondant le satis-
faire ainsi ses caprices de petite fille I
Ses caprices ! Mais il eut donné son
sang pour la voir seulement sourire.
N'était-elle pas tout son bonheur ? Ne
lui devait-il pas les plus douces et les
plus chères heures de sa vie ? Et ses
beaux dix-huit ans n'étaient-ils pas la
gaieté et le soleil de la maison ? C'était
presque son enfant, après tout. Et il se
rappelait toute cette histoire.
- Il y avait douze ans de cela. C'éait,
un soir, à pareille époque ; il rentrait
chez lui, seul, le cœur comme las, mar-
chant lentement, peu pressé de rega-
gner sa chambre solitaire, si triste et si
froide durant ses longues heures d'hiver.
Aussi, le travail fini, les passait-il le
plus souvent avec les camarades, dans
l'arrière-salle fumeuse du restaurant,
jouant aux cartes ou buvant pour tuer
le temps.
On s ennuyait ferme aussi là-dedans ;
on y laissait de plus un peu de sa santé
et de sa bourse ; mais enfin on n'était
pas seul ; il faisait chaud et on avait
des camarades autour de soi. Se marier,
il y avait bien pensé quelquefois. Mais
VGilà. il avait pris maintenant certaines
habitudes et il lui en coûtait de s'en
sevrer brutalement.
Puis il n'avait guère eu le temps
d'aimer. A la mort de ses parents, jeté
au hasard sur le pavé de Paris, il avait
dû, tout jeune encore, gagner son pain
de chaque jour. Et la lutte avait été
dure ; le cœur lui en avait saigné plus
d'une fois. Toujours il avait vécu seul ;
jamais il n'avait senti autour de lui une
de ces tendresses qui font les joits plus
douces et les peines moins amères.
Ce soir-là, il venait précisément de
quitter ses camarades ; il n'avait pas
eu de chance au jeu, et il était sortit de
très méchante humeur. La pluie com-
mençait à tomber, une de ces pluies
froides de décembre, qui semblent vous
pénétrer jusqu'à l'àme. Et voilà que
devant sa porte, il trouvait tapie dans
l'ombre, grelottant de froid, une petite
fille de cinq à dix ans qui doucement.
tendant vers lui ses mains suppliantes,
murmur&it :
— Dis, monsieur, ne me fais pas de
mal.
Tout surpris, il s'arrêtait, pris de
pitié, et comme l'enfant tremblait tou-
jours, claquant des dents, mourant de
faim, il la faisait entrer dans la loge de
la concierge, à qui il expliqoait en deux
mots l'aventure. La brave femme es-
sayait aussitôt devant le feu la petite
fille ; et celui-ci, comme subitement
réveillée par la fbmwe, leur racontait
sa douloureuse histoire. Son père et sa
mère étaient morts, une veille femme
l'avait recueillie : mais elle ne rappor-
tait rien, si bien que, profitant de son
absence, elle s'était enfuie de l'horrible
maison. Elle avait marché toujours
droit devant elle, jusqu'au moment où,
brisée de fatigue, n'en pouvant plus,
elle était venue s'abriter sous cette
porte, et elle demandait en grâce qu'on
ne l'a ramenât pas auprès de son bour-
reau.
Et tandis qu'elle mang ait avidement
un peu de soupe que la concierge lui
avait en toute hât = préparée regardant
ses pauvres joues maigries et ses yeux
noirs d'enfant qui s'emblaient déjàa voie
tant pleuré, il se disait que cette histoire
était la sienne. Il se revoyait petit et
malheureux comme elle. Mais, lui du
moins, était un homme. Il avait lutté.
ïaadtë «ju'çllç ! Et comme la pluie tOlq".
1 LE PATRIOTE ALGÉRIEN
PARAISSANT LES MARDI ET SAMEDI
ABONNEl\iEN"j'S
Trois mois Six mois Un un
ALGÉRIE.: 3 fr. 6 fr. 12 fr.
FRANCE ET ETRANGER.. Port en sus.
RÉDACTION ET ADMINISTRATION
5, RUE CHARLES-QUINT, 5
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus.
Toute communication doit être adressée à l'Administration
INSERTIONS
Légales, 0,18 — Diverses, 0,85 — Réclames, 1 fr.
Le PATRIOTE n'a traité avec AUCUNE AGENCE
ALGER, LE 28 FÉVRIER 1891
IMBECILES j GREDINS
La lutte est engagée : voilà l'Algérie
franchement attaquée.
M. Dide, le pasteur Dide, comme l'ap-
pelle M. Tirman, ne nous a rien appris
de nouveau ; il a tout simplement récité
une page d'histoire banale et montré ses
connaissances en arithémétique. Lui
aussi a subi le prestige bête de la culotte
de peau. Il estime que l'Algérie n'a été
vraiment heureuse que sous le régime
militaire.
Parlant des « templiers » de funeste
mémoire, il s'écrie : « On a mis en cause
l'administration militaire ; on a dit que
l'Algérie avait souffert d'une situation
qui a trop duré : celle des bureaux ara-
bes. Cette situation a eu des faiblesses,
mais lorsqu'elle .avait à administrer, à
combattre, à défendre, à étendre le ter-
ritoire, elle a produit des résultats admi-
rables. » * ".:' "-
Farceur! questionnez-donc les indi-
gènes vous-même sur les bienfaits de
l'institution rouge et vous saurez quelle
sainte horreur elle leur inspire.
Les bureaux arabes ! mais ils n'ont
servi qu'à aviver la haine du musulman
contre le chrétien en général, et contre
le civil en particulier, et à entretenir les
ferments de révolte parmi les popula-
tions placées sous leur autorité. Ce sys-
tème d'administration découlait, d'ail-
leurs, d'une logique toute militaire, car
la présence de l'armée n'étant néces-
saire que sur les points troublés, il n'y
avait, dès lors, aucun intérêt à pacifier
un pays si propice à la culture de la ca-
rotte.
Mais revenons au Sénat.
M. Pauliat, dans son long réquisitoire
contre l'Algérie, prétend « que nous
avons aggravé les impôts que lts Turcs
— et Abde:kader — avaient laissés. Et
pendant ce temps-là, qut-' paient les" co-
lons? aj. utê-i).
Est il pocsibl qu'un homme de la va-
leur de M. Pauliat ose dire de pareilles
absurdités !
Est-ce pour attirer en Algérie les cul-
tivateurs français que l'honorable séna-
teur les voudrait voir imposés comme
les indigènes ? M. de Lanessan, qui a
plus de bon sens, disait avec raison :
« on reproche aux colons algériens de ne
pas payer autant d'impôts que les culti-
vateurs de la métropole ; mais il faut
considérer aussi qu'ils ne jouissent pas
des mêmes avantages : ils n'ont ni la
sécurité, ni les voies de communication
qui existent en France. »
Et puis encore : en admettant que
l'on puisse supprimer l'impôt arabe,
par quoi le remplacerait-on ? Par l'im-
pôt foncitr, sans doute ?
Quel colonisateur que ce M. Pauliat !
« L'Arabe meurt de faim, fulmine t-il,
en fixant sur la représentation algé-
rienne des yeux terribles.
Mais ignore-t-il donc qu'imposé ou
non, l'Arabe, esprit fataliste, nature
paresseuse et insouciante, crèvera tou-
jours de faim à côté d'une terre fertile
qu'il lui suffirait de remuer un peu pour
la couvrir de moissons. L'Arabe ne
travaillera pas plus dans un siècle qu'il
ne travaille aujourd'hui. — Voyez-le
dans ses champs ; il laboure ou plutôt il
égratigne la surface du sol. av,gc une
perche de bois tirée par deux bœufs
étiques ; un caillou, un rocher se pré-
sente devant le soc de sa charrue, il le
contournera, mais il ne l'arrachera pas.
A quoi bon !
Le citl se couvre de nuages chargés de
pluie ou de grêle ; croyez-vous qu'il
construira le moindre abri pour remiser
ses troupeaux ? Point. Il laissera à la
Bonté Divine le soin de les garantir
contre les intempéries.
La sécheresse arrive, l'herbe est rare
et les oueds sont sans eau. ILincendiera
les forêts domaniales pour qae bientôt,
sous les cendres encor tièdes, naissant
de verts bourgeons qui nourriront ses
bestiaux.
Et quand il n'aura plus rien à se
mettre sous la dent, il ira, armé, voler
le roumi, dévaster sa maison, saccager
ses champs, ses jardins, ses vergers.
Que l'on nous parle de faire quelque
chose en faveur des kabyles, nous l'ad-
mettons encore : le kabyle est laborieux,
intelligent, et souvent honnête. Peut-
être pourrions-nous en lui concédant
quelques privilèges en faire un sérieux
allié contre l'Arabe qui est à jamais ré-
fractaire à toute civilisation, et nous
aider à l'anéantir ou à le refouler dans
le sud.
Mais non. Les Don-Quichottes parle-
mentaires rêvent d'une Algérie sans di-
visions de races, de eroyanses, d'ins-
tincts. Ils veulent passer le rabot de la
philantropie officielle sur toutes les di-
fficultés d'ordre financier, économique,
social dont la question algérienne est
hérissée.
Ils parlent d'instruire l'Arabe, de le
militariser, d'en faire un 'citoyen fran-
çais, alors que l'indigène ne vit qu'avec
l'espoir de nous chasser un jour d'un
sol qu'il croit être le sien pour repren-
dre librement sa vie d'aventure et d'in-
dépendance.
Ah ! tenez ! pour clouer le bec à tous
ces bavards, on devrait leur faire passer
une nuit dans un café maure. Ils ap-
prendraient là comment l'arabe entend
l'assimilation.
BBUNAY.
PETITE CHRONIQUE
Apologie de la Statuomanie
On no. so contente plus Je protester con-
lie ! ils nouvelles statues, on
wu;. ieuoulomK-r celles qui" sont érigées :
ce le le M.-irat entre autres. Aussi laissez-
moi vous exprimer une bonne fois que, con-
trairement à tous mes confrères, j'applau-
dis a la statuomanie.
La France est atteinte, dit-on, de cette
maladie. Bientôt le peuple des vivants cir-
culera autour d'un peuple aussi nombreux
d'hommes de marbre ou d'airin. Et, à ce
sujet, journalistes de gémir, de déplorer
que l'on prodigue les plus beaux blocs de
Carrare, les plus belles coulées de bronze,
pour la déification de « petits grands hom-
mes ». Eli bien ! dùt-on m'accuser d'être
un esprit paradoxal, j'avoue que cette pas-
sion dont ie peuple français est possédé ne
m'inspire aucun regret, et, qu'au contraire,
elle me ravit. Et je ne serai pas à court de
raisons pour prouver que la logique est de
mon côté.
Vous avouerez, en premier lieu, que les
villes ne tarderont pas à oiïrir un spectacle
ne manquant pas de pittoresque. Ce peuple
de statues blanches ou bronzées cachées
dans la verdure des jardins pnblics domi-
nant de leur Immobilité silencieuse la foule
grouillante et bourdonnante de nos places,
fera le plus heureux effet. Vous n'avez pour
vous en convaincre qu'à visiter un de nos
squares par un beau soleil.
Vous serez enthousiasmé particulièrement
par les nymphes de ma'bre, vêtant leur
nudité de rayons d'or.
Mais le charme sera plus grand, une nuit
de pleine lune. Les statues de nos jardins
publics, sous la lueur fantastique de la pàle
Phébé, à demi couvertes par une pluie de
feuilles qui se découpent en ombres indé-
cises et flottantes, vous plongent dans une
délicieuse rêverie et sont pleines d'un
attrait. indescriptible — ce qui m'évite
l'embarras de le décrire 1 La clarté mélan-
colique, sans vie de la lune, semble faite
pour éclairer la foule morte des statues,elle
lui donne l'apparence d'un peuple vapo-
reux de fantômes.
L'émotion est plus vive encore, si quel-
que orchestre vous envoie, durant votre
contemplation, les accents atlaiblis d'une
suave mélodie de Faust ou de la Tra-
viata.
Or, si les quelques rares hommes de
bronze ou de marbre qui ornent nos villes,
produisent tant d'effet, jugez donc lorsque
chaque square aura ses statues,lorsque aux
quatre coins de chaque place, le long des
boulevards et des avenues, se dresseront
tous nos héros, menaçant de leur épée un
ennemi invisible, ou immobiles, sur un fou-
geux cheval, dans la folie de la charge,
tous nos grands hommes aux attitudes rê-
veuses, cherchant encore la p risée remon-
tée aux cieux. On édifierait des statues de
toutes les tailles , de toutes les couleurs,
de toutes les substances, ce qui permettrait
d'établir une hiérarchie de nos illustrations
et de rendre concrète, pour ainsi dire, leur
valeur inégale. On récompenserait tout le
mode sans faire tort à personne.
Victor Hugo, par exemple, aurait une
statue gigantesque d'or enrichi de pierre-
ries, et M. Belmootet, une name statue en
terre cuite.
Voilà donc une première raison de ne pas
s'opposer à la statuomanie ; en voici une
seconde : les sculpteurs subissent le contre-
coup de la crise économique.Commandons -
leur des hommes de marbre, et du coup, ils
pourront désintéresser leurs créanciers.Ceux-
ci, barbares, farouches, ne souscrivent ja-
mais pour l'érection d'une statue à Lamar-
tine ou à Balzac, mais quand ils se verront
intéressés à le faire, ils seront les premiers
à apporter leur obole pour la glorification-
de nos morts.
.,. D'autre part, nos. économistes vous di-
ront que toutes les branches de l'activité
humaine sont solidaires : qu'un métier mar-
che, tous vont ! Chaque profession nourris-
sant son homme, les impôts sont mieux
payés, et rapportent davantage au Trésor.
Elevez d'innombrables statues, et le budget
se soldera par des excé ients de recettes.
Nous venons d'effleurer d'ailleurs la
question d'intérêt pour ceux qui passent, à
faire revivre en bronze ceux qui ont passé :
appuyons en ce point, l'intérêt c'est la corde
sensible de notre époque !
Quelle excellente occasion pour la vanité
d'un vivant que l'apothéose d'un mort ! Ce
sont d'abord des discours à prononcer, tout
un flot d'éloquence à répandre pour le
baptême de la statue. Les discours sont
analysés, ou reproduits dans les journaux.
Si l'illustre défunt n'en est pas diminué, les
orateurs en sont singulièrement populari-
sés. Puis les poètes arrivent i la curée, ils-
veulent aussi « leur part de royauté » ; ils
écoulent leurs alexandrins à la gloire du
déifié et à leur propre gloire. Et les journa-
listes donc ! c'est de la copie pour eux,
c'est un nombre plus considérable de numé-
ros vendus.
ZETTB
Six heures sonnaient. La nuit était
venue, le froid était vif, et par groupes
les ouvriers sortaient, la journée finie,
l'air heureux, pressant le pas et faisant
sonner dans leurs poches l'argent de la
semaine. A la porte de 1 atelier, sous les
deux becs de gaz qui, de chaque côté,
dessinaient sur le trottoir comme une
large taohe claire, des femmes atten-
daient; quelques-unes tenaient par la
main un enfant, qui, chaudement enve-
loppé dans un grand fichu de lame,
frappait ses petits pieds l'un contre
l'autre en demandant si « papa » n'al-
lait pas bientôt venir. Et quand celui
au'on attendait paraissait, c'étaient des
cris de joie et des battements de mains.
L'homme serrait la main aux cama-
rades, courait à la femme qu'il embras-
sait, puis, prenant entre ses deux bras
le gQSW qui lui grimpait le long des
jambes, tendant vers lui ses deux lèvres
goulues, il l'enlevait de terre et mettait
bur ses joues rouges deux gros baisers
bien bruyants. Et tous trois, la femme
au bras de son mari, celai-ci portant
sur ses épaules ou sur son braa le ga-
min qui gazouillait comme un petit pin-
son, ils remontaient la longue avenue,
causant de la journée écoulée se serrant
l'un contre l'autre marchant vite, ayant
hâte de regagner la chambre bien close,
où, sur la l'oêle, la soupe odorante fu-
mait.
A côté de l'atelier les vitres d'un mar-
chand de vins, brouillées de fumee,
fhinbaient derrière leurs rideaux blancs.
Sur le seuil quelques ouvriers e étaient
arrêtés, et l'un deux, la main sur le
loquet de la porte d'entrée, se tournant
vers celui qui etaic à ses côtés, lui dit :
— Alors, c'est décidé, tu ne veux
même pas venir prendre un verre avec
nous ?
— Non, répondit tranquillement
l'autre. Le cabaret et moi nou-i sommes
brouillés depuis longtemps. J'ai fait un
serment et je l'ai tenu- Oh ! ajouta-t-il,
sur un geste des autres, ce n'est pas
que je trouve mauvais d'aller de temps
en temps, entre camarades, faire une
partie de cartes, en attendant l'heure du
diner. Mais, vous le savez, je ne suis
pas libre. Zette m'attends ; et je ne veux
pas me faire gronder par ma petite mé-
nagère.
— Alors, adieu, Claude firent-ils
tous !
— Adieu les amis !
Et Claude leur serrant une dernière
fois la main, se mit en marche, sifflant
entre ses dents une chanson d'amour.
C'est qu'il y a loin du boulevard Saint-
Marcel à la Villette ; et Rose (Zette
comme il avait pris l'habitude de l'ap-
peler depuis longtemps) n'aimait pas
qu'il fut en retard, surtout quand le
dîner était prêt. - ..,
Pour sûr elle devait déjà regarder
l'heure à la pendule, cette bell.. pendule
toute dorée dont il lui avait fait présent
l'été dernier, pour sa fête. Une surprise
qu'il lui ménageait depuis longtemps,
et qui lui avait mis des larmes de joie
plein les yeux. Et comme elle l'avait
embrassé, tout en le grondant le satis-
faire ainsi ses caprices de petite fille I
Ses caprices ! Mais il eut donné son
sang pour la voir seulement sourire.
N'était-elle pas tout son bonheur ? Ne
lui devait-il pas les plus douces et les
plus chères heures de sa vie ? Et ses
beaux dix-huit ans n'étaient-ils pas la
gaieté et le soleil de la maison ? C'était
presque son enfant, après tout. Et il se
rappelait toute cette histoire.
- Il y avait douze ans de cela. C'éait,
un soir, à pareille époque ; il rentrait
chez lui, seul, le cœur comme las, mar-
chant lentement, peu pressé de rega-
gner sa chambre solitaire, si triste et si
froide durant ses longues heures d'hiver.
Aussi, le travail fini, les passait-il le
plus souvent avec les camarades, dans
l'arrière-salle fumeuse du restaurant,
jouant aux cartes ou buvant pour tuer
le temps.
On s ennuyait ferme aussi là-dedans ;
on y laissait de plus un peu de sa santé
et de sa bourse ; mais enfin on n'était
pas seul ; il faisait chaud et on avait
des camarades autour de soi. Se marier,
il y avait bien pensé quelquefois. Mais
VGilà. il avait pris maintenant certaines
habitudes et il lui en coûtait de s'en
sevrer brutalement.
Puis il n'avait guère eu le temps
d'aimer. A la mort de ses parents, jeté
au hasard sur le pavé de Paris, il avait
dû, tout jeune encore, gagner son pain
de chaque jour. Et la lutte avait été
dure ; le cœur lui en avait saigné plus
d'une fois. Toujours il avait vécu seul ;
jamais il n'avait senti autour de lui une
de ces tendresses qui font les joits plus
douces et les peines moins amères.
Ce soir-là, il venait précisément de
quitter ses camarades ; il n'avait pas
eu de chance au jeu, et il était sortit de
très méchante humeur. La pluie com-
mençait à tomber, une de ces pluies
froides de décembre, qui semblent vous
pénétrer jusqu'à l'àme. Et voilà que
devant sa porte, il trouvait tapie dans
l'ombre, grelottant de froid, une petite
fille de cinq à dix ans qui doucement.
tendant vers lui ses mains suppliantes,
murmur&it :
— Dis, monsieur, ne me fais pas de
mal.
Tout surpris, il s'arrêtait, pris de
pitié, et comme l'enfant tremblait tou-
jours, claquant des dents, mourant de
faim, il la faisait entrer dans la loge de
la concierge, à qui il expliqoait en deux
mots l'aventure. La brave femme es-
sayait aussitôt devant le feu la petite
fille ; et celui-ci, comme subitement
réveillée par la fbmwe, leur racontait
sa douloureuse histoire. Son père et sa
mère étaient morts, une veille femme
l'avait recueillie : mais elle ne rappor-
tait rien, si bien que, profitant de son
absence, elle s'était enfuie de l'horrible
maison. Elle avait marché toujours
droit devant elle, jusqu'au moment où,
brisée de fatigue, n'en pouvant plus,
elle était venue s'abriter sous cette
porte, et elle demandait en grâce qu'on
ne l'a ramenât pas auprès de son bour-
reau.
Et tandis qu'elle mang ait avidement
un peu de soupe que la concierge lui
avait en toute hât = préparée regardant
ses pauvres joues maigries et ses yeux
noirs d'enfant qui s'emblaient déjàa voie
tant pleuré, il se disait que cette histoire
était la sienne. Il se revoyait petit et
malheureux comme elle. Mais, lui du
moins, était un homme. Il avait lutté.
ïaadtë «ju'çllç ! Et comme la pluie tOlq".
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