Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1903-10-28
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 octobre 1903 28 octobre 1903
Description : 1903/10/28 (Numéro 14915). 1903/10/28 (Numéro 14915).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6165995
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/10/2008
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MERCREDI 28 - OCTOBRE 1903
301
SAINTS. JUDE ET SIMON
64
QUARANTE ET
14,915)
3
Dernière Edition
LES KOTERIESETRANGÈRES
Le parquet de la Seine vient de faire
saisir chez un imprimeur {qui semble
n'avoir péché que par ignorance) des
prospectus relatifs à une loterie étrangère.
Les mesures prises par l'autorité judi
ciaire pour mettre un terme à une pro
pagande dangereuse pour l'épargne fran
çaise et rigoureusement interdite par la loi
apparaissent vraiment trop tardives. Voici
de longs mois déjà que les courtiers de la
loterie en question répandent impuné
ment dans toute la France leur insidieuse
circulaire. Je me souviens, pour ma part,
de l'avoir reçue à Paris en mars ou en
avril dernier; je l'ai retrouvée l'autre
jour chez un ami, à quatre cents kilo
mètres de la capitale, d'où elle avait été,
d'ailleurs, expédiée par quelque intermé
diaire interlope.
A combien de milliers d'exemplaires
a-t-elle été distribuée durant ces six
mois d'intervalle ? Combien y a-t,-il de
naïfs à s'être laissé prendre a ses falla
cieuses promesses ? Tout cela par suite
... de l'invraisemblable inertie des pouvoirs
publics ! ,
«- Nul n'est censé ignorer la loi-I. » En
core faudrait-il que ceux qui ont charge
de l'appliquer ne soient pas lès premiers
à la méconnaître.
Depuis des années s'exerce, en France,
une publicité active en faveur d'une
autre loterie, qui procure de très sérieux
bénéfices... à la grande « ville libre »
d'Allemagne qui l'a instituées Or, jamais
la justice n.'est intervenue !
Il suffirait cependant, pour remédier à
de pareils abus, que le garde des sceaux
prescrivît aux parquets dès divers res
sorts. d'appeler par un communiqué offi
cieux. l'attention des intéressés sur la
lourde responsabilité- que leur fait en
courir la moindre infraction à des prohi
bitions légales,— qu'ils ont presque, en
ce moment, le droit de dédaigner puis
qu'on les a laissées tomber en désuétude.
Il serait bon aussi que lé ministre des
affaires étrangères recommandât à ses
agents de ne plus, tomber dans le piège
souvent tendu à leur bonne foi par cer
taines banques exotiques.
Celles-ci réclament à nos consuls un
certificat constatant qu'elles sont effecti
vement chargées du placement des bil
lets de telle loterie étrangère.
Une fois eette-attestation obtenue, ou
s'efforce de la transformer aux yeux du
public français, en une caution complète
d'honorabilité et de véracité. De tels cer
tificats, si banaux qu'ils soient en prin
cipe, doivent être impitoyablement refu
sés par nos agents consulaires, comme
ayant un but illicite, celui de faciliter les
actes prohibés par la loi.
Lorsque tout le monde sera prévenu, il
n'y aura plus de raison d'apporter le moin
dre ménagement dans l'application de la
loi du 21 mai 1836, dont les. prescriptions
sont, comme on va le voir, d'une sévérité
draconienne.
***
D'après cette loi, sont prohibées en
France les loteries « de toute espèce ». Il
n'y a d'exception que pour les « loteries
d'objets mobiliers exclusivement desti
nées à des œuvres de bienfaisance ou à
Y encouragement des' arts » lorsqu'elles
auront été autorisées dans les formes dé
terminées par les règlements d'adminis
tration publique (à Paris, par le préfet de
police, — dans les départements, par les
préfets sur la proposition des maires).
Par ailleurs, sont « réputées loteries,
toutes opérations offertes au public pour
faire naître l' espérance d'un gain acquis
•par la voie du sort ». Comme on voit, il
n'y a point d'équivoque possible.
voici maintenant les pénalités en
courues:
« Les auteurs, entrepreneurs ou agents
des loteries françaises ou étrangères, ou
des opérations qui leur sont assimilées »
seront punis des peines édictées par l'ar
ticle 410 du code pénal ( emprisonnement
de deux mois à six mois, amende de cent
francs à six mille francs, peine pouvant
être portée au double en cas de réci
dive-Oe plus, même pour une première
infraction, les coupables pourront être
pr ivés, en tbut ou en partie, de l'exercice
de leurs droits civiques, civils et de fa
mille, pour cinq ans au-moins ét dix ans
au plus, à dater de Fexpiration de leur
peine).
'Quant à ceux « qui auront colporté ou
distribué les billets, ceux qui par des
avis, annonces, affighes , ou par tout autre
moyen de publicité, auront fait connaître
l'existence de ces loteries ou facilité l'é
mission des billets », ils seront punis des
peines portées en l'article 411 du Gode
Ijénal [emprisonnement de quinze jours
a trois mois, amende de cent francs à
deux mille francs).
La sévérité de ces textes s'explique ai
sément étant donnés les mobiles du lé
gislateur. En supprimant la loterie d'Etat
qui fonctionnait depuis de longues années
et procurait au Trésor d'appréciables res
sources, le gouvernement obéissait à des
considérations morales, mais il n'enten
dait pas que ses scrupules devinssent une
cause indirecte de bénéfices pour l'étran
ger. Il eût été insensé de permettre
qu'à la place de la loterie d'Etat pussent
fonctionner des institutions analogues,
ayant les mêmes inconvénients, présen
tant lés mêmes' dangers, pour l'épargné
"populaire, v 6ajis offrir les garanties du
contrôle officiel. Les pénalités édictées
furent telles qu'elles découragèrent toute
initiative de ce genre.Il a fallu qu'elles ces
sassent d'être appliquées avec vigilance,
pour qu'une audacieuse propagande ten
tât de s'exercer à nouveau.
*** -
Au surplus, nos compatriotes auraient
grand tort d'envier le triste privilège dont
jouissent les habitants des pays où fonc
tionne encore une loterie d'Etat. L'appât
d'un gain hypothétique y détermine des
familles entières à se priver du néces
saire pour « tenter la chance ». Il suffit,
pour mesurer les ravages que produit la
passion du jeu, de voir ce qui se passe
par exemple à Naples où chaque tirage
annoncé donne lieu aux pires pratiques
superstitieuses et aux plus folles dilapi
dations. " r
II faut aussi comprendre qué les Etats
qui ont recours à ce lamentable expédient
budgétaire, poursuivent exclusivement
un but fiscal. La loterie n'est pour, eiix
qu'un impôt supplémentaire frappé sur
les convoitises et les illusions populaires.
-La prix.d.u billet est d'ailleurs trèà él«v£.
Dans l'opération dé ce genre, dont j'ai
reçu le prospectus, on doit verser 168 fr.
pour participer aux six tirages.
S'il fallait payer d'un coup ces 168 francs,
le mal serait moindre. Bien peu de gens
en France consentiraient à envoyer cette
spmme à une banque étrangère qu'ils ne
connaissent pas, sur laquelle ils nk»nt au
cun moyen efficace de contrôle. Le péril
est que l'on étage adroitement les mises.
Le prix du billet pour le premier tirage
est de 12 francs seulement ; il est de 21
pour le second, de 33 pour le troisième,
etc :.. Les metteurs en scène de' cette
trop ingénieuse combinaison escomptent
l'entêtement des joueurs qui, après une
première perte, veulent à toute force « se
refaire ». Ils sont au contraire
plus « refaits » et voilà tout I
■ • •*
* *
La conclusion de tout ceci se tire d'elle-
même.
Que nos compatriotes qui éprouvent le
besoin de tenter eux aussi « la veine »,
profitent simplement de l'occasion que
leur offrent, de temps à autre, les lote
ries qu'autorise l'Etat français pour venir
en aiae à des institutions de bienfaisance.
Le prix du billet n'en dépasse jamais un
franc; son achat ne ruinera personne.
Les^ rêves de fortune seront tout aussi
aisés à faire. Et, lorsqu'un seul porteur
de billet gagnera le gros lot, les autres
auront du moins la consolation d'avoir
aidé à une bonne œuvre et ne regrette
ront point leur argent.
En dehors de cela, il n'y a pour le pu
blic français qu'à fermer l'orenle aux bo
niments éhontés des courtiers exotiques
et, pour le gouvernement français, qù'à
un peu
réprimer leur propagande comme la loi
le lui commande et comme l'intérêt na-
tionalJ'y oblige. ' v
' Thomas Grimrû.
v -a ' i f, li'i ' \ m--,/ i 'm f, ^ — -•.
CONSEIL DES M INISTRES
.Les ministres se sont réunis, hier matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M; Loubet.
Le projet de loi relatif à la presse
Le garde des sceaux a exposé au conseil les
dispositions générales du projet de loi qu'il
prépare ën vue d'interdire, ainsi que nous
l'avons annoncé hier, les loteries déguisées or
ganisées par des journaux.
La manufacture d'armes de Châtellerault
Le minière de la guerre a proposé au conseil
de mettre en adjudication, d'ici à quélques
mois, la location de la manufacture d'armes de
Châtellerault. Le cahier des charges fixant les
conditions auxquelles cette adjudication pourra
être consentie sera prochainement porté à la
connaissance du public.
L'AGITATION EN ESPAGNE
Bilbao en état de siège. -— Collisions s an-
glantes. — Anarchistes et grévistes.
La dynamite entre en jeu. '!•
' ■ Madrid, 27'octobre.
A la Chambre, le ministre de l'intérieur, ré
pondant àuae question dit que la situation s'est
aggravée à Bilbao. Le gouvernement a pris des
mesures d'ordre et il est décidé, s'il est néces
saire, à proclamer l'étatde siège.
D'autre part, les dépêches privées signalent
de graves collisions et la force publique au
rait fait feu sur les manifestants.
Barcelone, 27 octobre.
La police a arrêté,' à leur arrivée de Gênes,
les anarchistes Amédée Jena ^et Antoine
Almozara.
Bilbao, 27 octobre.
L'administration de plusieurs mines a payé
aux ouvriers sur les salaires anciens.
Les grévistes ont fait cesser le travail sur les
chantiers de l'hôpital civil de Basurto ; ils me
nacent d'empêcher le chargement du minerai
sur la ligne de Bilbao à Portugalete. 1 "
Des troupes ont été envoyées.
Si le travail cessait, la'situation se compli
querait davantage.
" Dans la soirée, le maire, le procureur géné
ral, les généraux Hernandez et Velasco se
sont réunis; On croit qu'ils ont examiné la
situation.
Les cantines de plusieurs mines sont fermées.
Le bruit court que les grévistes ont l'inten
tion d'empêcher la circulation des trains. /
Bilbao, 27 octobre.
Les grévistes ont fait sauter à la dynamite le
dépôt, des machines du chemin de fer, les appa^
reils d'éclairaga électrique et les téléphones.
La grève s'est étendue àtoutes-lesminesties
environs de Bilbao.
Bilbao, 27 octobre, soir.
L'état de siège a été proclamé.
Les députés français
invités à quitter le territoire espagnol
Madrid, 27 octobre.
Au Sénat, M. Villaverdç, président du conseil,
déclare que le préfet de Barcelone a soumis aux
tribunaux les discours que des députés français
i Les deux cadavres ont été retrouvés quel
ques heures plus tard. ' -
L'émotion causée dans la région par ce tra
gique événement n'est pas près d'être calmée.
■ £a femme Thibaudeau, qui a été recueillie
par des voisins, est dans un' état de désespoir
tel ju'on craint pour sa raison.
Heureux gagnant
{Dépêche de noirs.correspondvn?
Chàtillon-sur-Seine,27 octobre.
M. Emile Carbillet, contrôleur de l'exploita
tion k la Compagnie des tramways départemen
taux de la Côte-d'Qr, vient de gagner un gros
lot dé 130,000 francs au dernier tirage des
obligations de là Ville dé Paris.
ÉCHOS DE PARTOUT
• Paris reçoit beaucoup cette année, et
l'on ne saurait s'en plaindre, car chaque
visite nouvelle augmente le nombre de
ses admirateurs. t
: . Aujourd'hui, les visiteurs qui seront
reçus officiellement, à cinq heures et
démie du soir, à la gare du Nord, ne sont
pas moins de deux cents, tous négociants
londoniens partisans de l'entente cor
diale dont on a parlé et membres de
The city of London international and
commercial Association.
Nos Mtes assisteront, ce soir, à un.
banquet que présidera le ministre du
commerce et dé l'industrie, et demain, à
trois heures, ils seront officiellement
reçus à l'Hôtel de Ville par MM. Deville,
président du conseil municipal, et de
Selves, préfet de la Seine. Cette solennité
sera suivie, le sou\ d'une représentation
de gala donnée à l'Opéra, et le pro
grammé ide la journée de vendredi
comprend une visite des principaux mo
numents de Paris par les délégués de la
cité de Londres.
Le général Derfeldeta, président de la
commission des haràs impériaux russes,
ét M. Nicolas Schoubine-Posdeeff, direc
teur de la chancellerie des haras de
l'Empiré, sont arrivés, hier, en France,
où ils comptent faire des achats d'étalons
de pur sang.
' .*** ' '
Hier, à Montfermeil, a été célébré, dans
la plus stricte intimité, le mariage du
commandant Hourst, le glorieux explo
rateur du Niger et du Yang-Tsé-Kiang,
avec Mlle Lucienne Dauphin, qui quitte
définitivement le théâtre.
Les témoins du marié étaient l'amiral
Maréchal et M. Ernest Judet, ceux do jg.
mariée son tïère et lé docteur Culan.
. M. Chaûmié, ministre de l'instruction
publique, assisté de MM. Deville, prési
dent au conseil mimicipal, et Caron, pré
sident du conseil général, doit inaugurer
à la fin de cette semaine, au Petit-Palais,
(rez-de-chaussée), le Salon d'auto mn e.
v Ce Salon offrira cette particularité de
ont prononcés dimanche, à l'inauguration d ■ demeurer ouvert une partie de la nuit,
la Maison du Peuple, avec mission de recher
cher s'il y a lieu à poursuites.
M. Villaverde ajoute qu'ayant appris que des
députés français se proposaient dassister à des
meetings dans d'autres provinces, il les a fait
inviter à quitter le territoire sous peine, en cas
de résistance, d'être reconduits à la frontière.
EFFROYA BLE T RAGÉDIE
Après une querelle conjugale. — Le feu à
la maison. — Folie criminelle d'un père.
f Dépêchai de noire correspondant)
■ Nieul-sur-l'Autize (Vendée), 27 octobre.
Le village de Denan, situé sur le territoire de
notre commune, vient d'être le théâtre d'un
épouvantable drame.
A la suite d'une violente querelle qui avait
éclaté entre un nommé Thibaudeau et sa
femme, celle-ci, effrayée par la colère de son
mari, qui la menaçait de la tuer, s'enfuit dans
les champs sans prendre le temps de s'habiller.
Thibaudeau, en proie à une sorte de folie
sauvage, mit alors le feu à la maison, et, pen
dant que les flammes dévoraient l'immeuble,
qui a été détruit, ainsi que tout ce qu'il conte
nait, il courut, emportant dans ses bras son
enfant, un petit garçon de deux ans et demi,
jusqu'à la rivière, où il se jeta avec le pauvre
petit qu'il avait lié à son cou.
notamment pour le vernissage, qui aura
lieu de neuf heures à . minuit.
L'éclairage sera alors—initiative hardie
fourni par des appareils électriques à
réflecteurs spéciaux.
♦i*
Les obsèques du poète Rollinat, décédé
à la maison de santé d'Ivry, seront célé
brées demain, jeudi, à Châteauroux, son
pays natal.
L'inhumation aura lieu au cimetière
communal. Le corps partira aujourd'hui,
à midi et demi, delà maison mortuaire,
à Ivry, et sera transporté directement à
la gare d'Orléans.
^ Complétons notre écho sur l'étudiant
monténégrin,qui constitue à lui seul une
délégation. . .
Il n'y a bieç, en effet, à Paris, qu'un
seul Monténégrin inscrit comme « étu
diant », c'est-à-dire à la Faculté de droit,
de médecine, des lettres ou des sciences.
Mais il y a,en revanche, plusieurs Mon
ténégrins qui « font leurs études » ac
tuellement parmi nous.
: Ce sont six boursiers du gouvernement
français, dont l'un est à l'école des beaux-
arts, un autre au lycée Buffon et quatre a
J anson-de-Sailly. Un septième est élèveà!
l'école vétérinaire d'Alfort. !
Deuxde «es jeunes gens sont cousin»
de la reiûe Hélène, les autres sont per
sonnellement connus d'elle.
Le conseil des musées nationaux vient
d'accepter le don d'un anonyme géné
reux, qui fait rentrer dans nos collections
une toile admirable d'Alphonse de Neu
ville : \e Cimetière de Saint-Privat.
Le Cimetière de Saint-Privat est des
tiné au Luxembourg, où, malgré l'en
combrement, on saura faire en sorte de
lui réserver une place digne du grand
artiste.
■ Plus tard, cette toile viendra retrouver
au Louvre une autre œuvre saisissante
d'Alphonse de Neuville,le Parlementaire,
grande aquarelle, placée dans la galerie
His de la Salle.
■Hr*
Les trois nègres atteints de la maladie
du sommeil, dont nous parlions hier
encore, avaient, à bord du paquebot qui
les amenait en France, un compagnon.
Ce compagnon était un singe: ; !
Sur le navire, l'explorateur Brumpt,
qui est en même temps un médecin émé-
rite, entreprit d'inoculer au quadrumane
quelques gouttes du liquide céphalora-
. cjiidien recueilli sur l'un: des trois 'dor
meurs noirs. La maladie du sommeil
pouvait-elle se transmettre au singe ?
Telle était ja question posée. Malheu
reusement, le singe mourut en route.
Mais on avait gardé ses viscères, et le
professeur Blanchard, ^ui les a analysés,
a informé, hier, l'Académie de médecine
qu'il y avait trouvé les germes de la ma
ladie du sommeil. • -
C'est peut-être pourquoi le singé s'est
endormi pour toujours.
La Société de secours aux blessés mili
taires vient d'inscrire à son livre d'or
l'ex-bataillon des canonniers bourgeois
de Valenciennes.
Ceux-ci, réunis sous la présidence de
leur dernier commandant, M. Edouard
Mariage, avaient décidé récemmènt d'at
tribuer à la Croix-Rouge française une
partie des fonds appartenant à l'ex-ba
taillon.
Ce don des anciens canonniers bour
geois de Valenciennes sera versé dans la
caisse de la Société de secours aux blessés
militaires.
♦*+ v
Entre tous les débits de tabac de Paris,
on a réparti, depuis quelques jours,
quatre cent mille pochettes d'allumettes,
dites « Jupiter » qui, plates et petites, se
vendent cinq centimes les vingt-huit.
L'étui— qui n'a que l'avantage de ne
pas grossir fa poche — porte ces mots :
« Manufactures de l'Etat. — * Contribu
tions indirectes. »
Or, ces allumettes, dont nous avions,
d'ailleurs, annoncé l'apparition, ne sor
tent pas du tout des manufactures de
l'Etat. Elles ont été achetées en Belgique.
On dit au ministère des finances que
l'on a voulu faire un essai et que si ces
allumettes.. . prennent — ce qui les dis
tinguerait de celles de la Régie — on
créerait, en France, un outillage nouveau
pour leur fabrication.
Alors... alors, prendront-elles encore?
M. Paul Guadet, qui avait été chargé
par l'Etat delà construction d'un nouveau
palais pour notre ministre au Maroc, vient
de rentrer de Tanger.
C'est dans le parc, planté de pins mari
times et d'eucalyptus magnifiques, de
l'ancienne légation que le jeune architecte
va élever ce palais, sur une colline qui
domine la baie de Tanger, et d'où la vue
s'étend du cap Malabata et de Gibraltar à
droite, jusqu'à Tanger et au cap Trafalgar
à gauche.
Notre ministre, M. Saint-René Taillan
dier, y occupe actuellement un simple
pavillon qui deviendra la chancellerie
annexée à la future légation.
M. Paul Guadet, qui nous a montré ses
premiers plans, s'appliquera à édifier un
palais affirmant, au milieu des construc
tions mauresques environnantes, la pure
architecture française. Il y a là une flère
tentative' dç ; prééminence artistigueinté-
ressante#signaler.:, ' j-..' ~ ->
Les présages de l'hiver se multiplient.
• Des chasseurs font tué deux cygnes mi"
grateurs le long du canal de Tancarville,.
non loin du Havre. On .remarque, du
reste, sur les bords de la Basse-Seine, et
les côtes normandes/ le passage d'un
grand nombre d'oiseaux voyageurs;
• Est-ce qu'une 'vague de froid va bièn-
tôt succéder au olapotis des ondées, que
nous subissons depuis plusieurs semaines?.
HEOffllER BHQYË PA B OU IBIDI
CDépêché Bruxelles, 27 octobre.
Un drame s'est déroulé dans une ferme, i
Recogne, près d'Arlori.
• Un domestique, congédié parce qu'il pour
suivait de ses assiduités une servante de la
ferme, a tenté de tuer la malheureuse qui était
la cause de - son renvoi. Hier soir, profitant de
l'obscurité, il s'est jeté sur elle et l'a frappée
à la gorge d'un coup de poignard.
Les cris de la victime ayant attiré le per
sonnel de,, la ferme, le meurtrier prit la fuite;
mais dans son affolement il traversa la .voie
ferrée sans voir un train, qui venait de Libra*
mont.
il fut tamponné et broyé, sous les roues.
FORÇAT BAGTÉR IOLOGUE
(Dépêche xtenQlazcorrespondant}
' Berlin, 27 octobre.
Le célèbre professeur Koch ne se doutait pas
que, parmi les pensionnaires des prisons cen
trales d'Allemagne, il pouvait se trouver quel
qu'un qui voulût lui faire concurrence.
Et cependant ce concurrent existe.
C'est un nommé Kurzpeski, condamné aux
travaux forcés à temps, qui purge sa condam
nation dans l'établissement de Lunebourg.
Ce Kurzpeski prétend avoir trouvé un sérum
contre la phtisie. Il a, dit-il, essayé le remède
sur lui-même et obtenu des résultats surpre
nants.
En attendant, très pratique, Kurzpeski a
adressé au ministère de l'intérieur une de
mande de mise en liberté provisoire.
Le ministre n'a pas encore répondu, mais il
est question d'envoyer à Liinebourg une com
mission technique.
SUR UN TAS D'ORDURES
Un ouvrier menuisier, Charles Varlet, demeu
rant rue Saint-Denis, à Saint-Ouen, remarquait,
hier matin, à cinq heures, en sortant de chez
lui, un tas d'ordures sur lequel émergeaient
une infinité de petits morceaux de papier dé
chiré dont la couleur bleue et le dessin avaient
attiré son attention. Il s'approcha, examina et,
s'adressant à une marchande de vins qui était
sur le pas de sa porte :
— Venez donc voir, mère Lecoudec, des mor
ceaux de billets de la Sainte-Farce ; c'est pas!
mal imité; tenez...
— En effet, fit Mme Lecoudec en les exami
nant-^ ça fait bien illusion... Mais y en a-fy!
y en a-t'y ! Si c'était des morceaux de vrais bil
lets, j'en donnerais bien 4 ou 5,000 francs. •
— Si c'étaient des vrais billets, mère Lecoudec,
ils ne seraient'pas là, sur un tas d'ordures.
— Ça c'est vrai ; on ne déchire pas ces pa
piers-là et on les sèmé encore moins.
— Si vous voulez, mère Lecoudec, repartit la
menuisier, nous allons nous amusër un peu.
Et il éparpilla tout le long du trottoir les
petits carrés ornés de vignettes bleutées dans
lè but d'intriguer les passants.
Dissimulé dans la boutique de la mère Le
coudec, Varlet attendait anxieusement qu'un
passant ramassât les morceaux de papiers
trompeurs. Justement des jeunes gens pas
saient. L'un d'eux se baissa, examina les mor
ceaux.
— Mais ce sont dés fragments de billets da
banque, cela, fit-il. '
— Il n'y a pas de doute, déclara son compa
gnon.
Portons-les chez le commissaire de police.
Et tandis que les inconnus s'évertuaient à
rassembler tous les - petits papiers épars, l'ou
vrier et la marchande de vins riaient bien du
bon tour qu'ils venaient de jouer et qui avait si
bien réussi.
M. Defert, commissaire de police, examina les
morceaux de papier et fut bien vite convaincu
Sue c'étaient des débris de billets de banque,
'ailleurs, le chiffre 100 était très visible et les
numéros apparaissaient nettement.
Une rapide enquête fit connaître que ces pré
cieux débris avaient été rapportés parmi des
détritus de toutes sortes, par une vieille chif
fonnière qui habitait Saint-Ouen. La brave
femme se rendait tous les matins, dès l'aube,
FEUILLETON du Petit Journal du 28 O ctobre 1903
-18- ■ (1)
LE MASQUE D'AMOUR
UN GRAND DE CE MONDE
IX (Suite)
Le père et la fille
— Mon père, pouvez-vous me donner
on instant ? Il faut absolument que je
Vous parle.
Micneline s'adressait tout bas au mar
quis, tandis gue leurs hôtes, en quittant
la table, décidaient avec animation les
Elaisirs de plein air que favoriserait cette
elle journée.
Renaud regarda sa montre. Une heure
et demie avant d'être là-bas, dans la
grotte, à attendre Gaétane. C'était plus
que le temps nécessaire pour s'y rendre.
Mais il fallait compter avec les détours,
les précautions afin de n'être point suivi.
— Ce ne sera pas long, ma mignonne?
lemanda-t-il.
— Un seul mot, père, dit Micheline en
levant des yeux de décision et de
Hamme.
— Montons, fit Renaud.
Il l'emmena dans son cabinet de tra
vail.
Debout en face de lui, qui la regardait
profondément par-dessus la cigarette
qu'il était en tram d'allumer, elle se sen
*49 Traduction et reproduction interdites.
tit moins brave, non pour tenir' : haut et
ferme son cœur, mais pour prononcer les
mots embarrassants.
Son charmant visage devint tout rose
avec un air de petite fille. "
—Père... voilà... Je ne sais ce qui se
passe entre la comtesse deFerneuse, ma
mère et vous. Mais avant de vous laisser
accomplir quelque démarche irrévoca
ble, il faut que je vous prévienne : Hervé
sera mon mari, ou je mourrrai.
Il sourit.
— C'est tout?
— Oui, père..; C'est tout. .
Valcor la contempla un instant avec
la même expression émue et diver
tie, comme s'il goûtait l'effusion ravis
sante de sentiment, de résolution et de
timidité, sur ce frais visage si cher, puis
il s'assombrit d'une gravité soudaine.
— Mon énfant, dit-il, je t'ai devinée, et
je te connais. Tu n'as pas donné légère
ment ton cœur, et tu n'es pas de celles
qui changent. D'ailleurs les circonstances
ont rendu cet amour presque fatal.
Toutefois, je te conjure de t'interroger,
de réfléchir encore...
Elle fit un mouvement.
— Me blâmez-vous, mon père?
— Non, certes. Et ce serait inutile. Je
te demande simplement : Micheline,
peux-tu guérir de cet amour, en t'y effor
çant, si j'ai une raison capitale pour
t'imposer un tel sacrifice?
Elle pâlit, sa lèvre trembla.
— Quelle raison? Pouvez-vous me la
dire?
— Simplement cellé-ci : que je ne suis
j)as sûr, malgré ce que je compte entre
prendre,de faire que ce mariage devienne
réalisable.
— Le voulez-vous, ce mariage, père?
— Oui, si tu me persuades que ton bon
heur en dépend.
— Alors, quel obstacle l'empêcherait ?
Il n'y a pas d'obstacle contre votre vo
lonté.
L'orgueil jaillit des yeux de Valcor. La
diplomatie filiale n'aurait pu trouver
plus magique parole. Maisnulle diploma
tie dans Micheline. Elle avait dit ce qu'elle
pensait.
Pourtant il eut un retour vers quèlque
pensée secrète, et il hocha la tête.
Cette incertitude, jamais vue en lui,
troubla sa fille. Elle balbutia :
— Mais... supposons le pire. Vous
n'auriez qu'à laisser faire. Dans trois ans
je serai majeure. Et puisque Hervé est
résolu...
— Telle conjoncture peut se produire
qui briserait sa résolution.
— Pardonnez-moi si je vous contredis,
père. Rien ne-me fera douter de mon
fiancé.
Il murmura, la regardant au fond des
yeux :
— Cependant... un certain scrupule de
conscience.
Micheline chancela presque. Une ter
reur la saisit. La conscience !... Ceci do
minait tout chez le jeune comte de Fer-
neuse. Elle se rappela l'air ascétique,
l'ardeur sombre, qu'il avait en parlant de
retraite au fond d'un cloître, s'il ne pou
vait pas être à elle, qu'il aimait. Lui
aussi prévoyait un obstacle d'ordre mo
ral, inéluctable.
Un atroce effroi tordit le cœur de la
vaillante fille.
— O mon père, vous m'épouvantiez! Si
l'espoir, si la foi en lui, en vous, ne me
soutiennent pas, la force me manquera
pour attendre l'avenir. J'aurai toute la
patience qu'il faudra, mais pas dans l'in
certitude. Aidez-moi, père, ou je vous
assure que vous pleurerez bientôt votre
Micheline.
— Ma chérie !... ma chérie !... dit
doucement Valcor.
Il jeta sa cigarette, prit les mains de sa
fille, et s'assit en l'attirant contre lui
coinme lorsqu'elle était une enfant.
7—Tu ne sais pas combien/ton père
t'aime, mon précieux trésor 1 Et tu as eu
raison de dire que lorsque je veux quel
que chose, ce quelque chose s'accomplit.
Seulement il me fallait être certain que
tu ne te trompais pas, que tu ne prenais
pas un flirt puéril pour un sentiment sé
rieux. Ne frémis pas ainsi. Je devais m'é-
clairer... te forcer à regarder en toi-
même. Soit ! Maintenance suis convaincu,
Je vais agir en conséquence. Quel mira
cle ne ferais-jepas pour que ma Micheline
ignore à jamais la tristesse 1
Il parlait d'un ton si pénétré, si tendre
que les larmes de l'enfant jaillirent.
— Ahl père, je ne l'ignore plus, la tris
tesse. Comme j'ai souffert depuis deux
jours !
Renaud ne lui demanda point ce qu'elle
avait surpris, ni ce qu'elle avait craint.
Il se dressa, et, de sa voix revenue aux
vibrations de maîtrise, d'autorité:
— A présent, laisse-moi, Micheline.
Sois tranquille et confiante, mon enfant.
Tu épouseras Hervé de Ferneuse. J'ai
tenu contre le sort des gageures plus
difficiles à gagner que celle-là.
La jeune fille lui tendit son front, et
sortit, sans ajouter une parole, étant,
comme lui, d'une énergie précise et
concentrée. .
L'explication
Dès que Micheline l'eut quitté, le mar
quis de Valcor sortit du château, un jonc
à la main, un chapeau de paille fine sur
la tête, comme pour une flânerie sous la
splendeur calme des ombrages.
Il esquiva quelques rencontres, écarta
ses chiens, qui s'attachaient à ses pas,
et, les premiers massifs dépassés, préci
pita sa marche.
Le point de la falaise où il se rendait
se trouvait sur l'autre versant du pro
montoire et assez éloigné de la pro
priété.
Renaud traversa le parc dans presque
toute sa longueur, puis suivit un sentier
qui descendait vers la mer.
Il atteignit un vallonnement, où ver
doyaient et blondissaient des carrés de
culture autour de quelques petites fer
mes. Une dépendancé <ïe Ferneuse. L'a
venue montante qui partait de là, condui
sait à l'habitation.
M. de Valcor tourna dans le sens opposé,
gagna une étroite plage, puis remonta
un peu, et se trouva sur le seuil d'une
cavité naturelle qu'on ne pouvait sans
exagération appeler une grotte.
Cette anfractuosité pittoresque n'avait
même pas de désignation dans le pays.
Jadis, quand Gaétane et Renaud s'y don
naient leurs rendez-vous d'amour ,
c'étaient eux qui lui avaient décerné l'am»
bitieuse désignation.
Sorte de vaste niche, abritée par un
avancement du roc, au sol tapissé d'her
bes chevelues et sèches dans un sable fin,
elle avait été « leur grotte », en dehors
des chemins où l'on passe, en dehors des
hommes et de la vie.
En été, cette étroite retraite dominait
d'assez haut le niveau des marées, séparée
de la grève par un large chaos de pier
res.
• Mais en hiver, ou bien au temps des
équinoxes, quand les lames de fond arri
vaient du large avec des élans monstrueux,
l'eau furieuse devait, s'engouffrer dans la
conque béante.
C'étaient les sauts prodigieux des em
bruns, et aussi le choc des lourdes aver
ses, qui, en effritant le roc, déposaient
dansle sol concave ce sable plus souple
qu'un coussin de soie, piqué par les grêles
franges des herbes sauvages.
Renaud s'assit sur uné saillie de falaise
qui formait une véritable banquette.
Il regarda sa montre.
Deux heures et demie.
Il ne comptait pas voir avant trois heu
res celle qu'il attendait. Mais il était
bien sûr qu'elle viendrait.
Pas une minute ne fut d'ailleurs trop
longue pour la méditation où il se perdit.
A deux ou trois reprises, il tressaillit à. un
bruit velouté contre la paroi lisse, autour
de sa cachette. Mais ce n'étaieht que des
goélands, frôlant le granit de leurs Ion»
gues ailes, effarouchés de l'avoir vu.
Enfin, ce fut bien un glissement d'é
toffe, les h eurts de talons trop hauts dans
l 'abrupt sentier.
61, rue Lafayette, à Paris (d**) -
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L'A gbicoltdre M oderne S cekt. | L a M ode do Petit Journal 10 CENT»
H. MABINONI, Directeur de la Rédaction.
ABONNEMENTS SEINE E T SE1NE ET -01SE
. ïrois îiiois S fr .
SIX MOIS 9 FR.
•■pi'AN 18
, . Les Abonnements
partent desl?Tet 16 de chaque mois
MERCREDI 28 - OCTOBRE 1903
301
SAINTS. JUDE ET SIMON
64
QUARANTE ET
14,915)
3
Dernière Edition
LES KOTERIESETRANGÈRES
Le parquet de la Seine vient de faire
saisir chez un imprimeur {qui semble
n'avoir péché que par ignorance) des
prospectus relatifs à une loterie étrangère.
Les mesures prises par l'autorité judi
ciaire pour mettre un terme à une pro
pagande dangereuse pour l'épargne fran
çaise et rigoureusement interdite par la loi
apparaissent vraiment trop tardives. Voici
de longs mois déjà que les courtiers de la
loterie en question répandent impuné
ment dans toute la France leur insidieuse
circulaire. Je me souviens, pour ma part,
de l'avoir reçue à Paris en mars ou en
avril dernier; je l'ai retrouvée l'autre
jour chez un ami, à quatre cents kilo
mètres de la capitale, d'où elle avait été,
d'ailleurs, expédiée par quelque intermé
diaire interlope.
A combien de milliers d'exemplaires
a-t-elle été distribuée durant ces six
mois d'intervalle ? Combien y a-t,-il de
naïfs à s'être laissé prendre a ses falla
cieuses promesses ? Tout cela par suite
... de l'invraisemblable inertie des pouvoirs
publics ! ,
«- Nul n'est censé ignorer la loi-I. » En
core faudrait-il que ceux qui ont charge
de l'appliquer ne soient pas lès premiers
à la méconnaître.
Depuis des années s'exerce, en France,
une publicité active en faveur d'une
autre loterie, qui procure de très sérieux
bénéfices... à la grande « ville libre »
d'Allemagne qui l'a instituées Or, jamais
la justice n.'est intervenue !
Il suffirait cependant, pour remédier à
de pareils abus, que le garde des sceaux
prescrivît aux parquets dès divers res
sorts. d'appeler par un communiqué offi
cieux. l'attention des intéressés sur la
lourde responsabilité- que leur fait en
courir la moindre infraction à des prohi
bitions légales,— qu'ils ont presque, en
ce moment, le droit de dédaigner puis
qu'on les a laissées tomber en désuétude.
Il serait bon aussi que lé ministre des
affaires étrangères recommandât à ses
agents de ne plus, tomber dans le piège
souvent tendu à leur bonne foi par cer
taines banques exotiques.
Celles-ci réclament à nos consuls un
certificat constatant qu'elles sont effecti
vement chargées du placement des bil
lets de telle loterie étrangère.
Une fois eette-attestation obtenue, ou
s'efforce de la transformer aux yeux du
public français, en une caution complète
d'honorabilité et de véracité. De tels cer
tificats, si banaux qu'ils soient en prin
cipe, doivent être impitoyablement refu
sés par nos agents consulaires, comme
ayant un but illicite, celui de faciliter les
actes prohibés par la loi.
Lorsque tout le monde sera prévenu, il
n'y aura plus de raison d'apporter le moin
dre ménagement dans l'application de la
loi du 21 mai 1836, dont les. prescriptions
sont, comme on va le voir, d'une sévérité
draconienne.
***
D'après cette loi, sont prohibées en
France les loteries « de toute espèce ». Il
n'y a d'exception que pour les « loteries
d'objets mobiliers exclusivement desti
nées à des œuvres de bienfaisance ou à
Y encouragement des' arts » lorsqu'elles
auront été autorisées dans les formes dé
terminées par les règlements d'adminis
tration publique (à Paris, par le préfet de
police, — dans les départements, par les
préfets sur la proposition des maires).
Par ailleurs, sont « réputées loteries,
toutes opérations offertes au public pour
faire naître l' espérance d'un gain acquis
•par la voie du sort ». Comme on voit, il
n'y a point d'équivoque possible.
voici maintenant les pénalités en
courues:
« Les auteurs, entrepreneurs ou agents
des loteries françaises ou étrangères, ou
des opérations qui leur sont assimilées »
seront punis des peines édictées par l'ar
ticle 410 du code pénal ( emprisonnement
de deux mois à six mois, amende de cent
francs à six mille francs, peine pouvant
être portée au double en cas de réci
dive-Oe plus, même pour une première
infraction, les coupables pourront être
pr ivés, en tbut ou en partie, de l'exercice
de leurs droits civiques, civils et de fa
mille, pour cinq ans au-moins ét dix ans
au plus, à dater de Fexpiration de leur
peine).
'Quant à ceux « qui auront colporté ou
distribué les billets, ceux qui par des
avis, annonces, affighes , ou par tout autre
moyen de publicité, auront fait connaître
l'existence de ces loteries ou facilité l'é
mission des billets », ils seront punis des
peines portées en l'article 411 du Gode
Ijénal [emprisonnement de quinze jours
a trois mois, amende de cent francs à
deux mille francs).
La sévérité de ces textes s'explique ai
sément étant donnés les mobiles du lé
gislateur. En supprimant la loterie d'Etat
qui fonctionnait depuis de longues années
et procurait au Trésor d'appréciables res
sources, le gouvernement obéissait à des
considérations morales, mais il n'enten
dait pas que ses scrupules devinssent une
cause indirecte de bénéfices pour l'étran
ger. Il eût été insensé de permettre
qu'à la place de la loterie d'Etat pussent
fonctionner des institutions analogues,
ayant les mêmes inconvénients, présen
tant lés mêmes' dangers, pour l'épargné
"populaire, v 6ajis offrir les garanties du
contrôle officiel. Les pénalités édictées
furent telles qu'elles découragèrent toute
initiative de ce genre.Il a fallu qu'elles ces
sassent d'être appliquées avec vigilance,
pour qu'une audacieuse propagande ten
tât de s'exercer à nouveau.
*** -
Au surplus, nos compatriotes auraient
grand tort d'envier le triste privilège dont
jouissent les habitants des pays où fonc
tionne encore une loterie d'Etat. L'appât
d'un gain hypothétique y détermine des
familles entières à se priver du néces
saire pour « tenter la chance ». Il suffit,
pour mesurer les ravages que produit la
passion du jeu, de voir ce qui se passe
par exemple à Naples où chaque tirage
annoncé donne lieu aux pires pratiques
superstitieuses et aux plus folles dilapi
dations. " r
II faut aussi comprendre qué les Etats
qui ont recours à ce lamentable expédient
budgétaire, poursuivent exclusivement
un but fiscal. La loterie n'est pour, eiix
qu'un impôt supplémentaire frappé sur
les convoitises et les illusions populaires.
-La prix.d.u billet est d'ailleurs trèà él«v£.
Dans l'opération dé ce genre, dont j'ai
reçu le prospectus, on doit verser 168 fr.
pour participer aux six tirages.
S'il fallait payer d'un coup ces 168 francs,
le mal serait moindre. Bien peu de gens
en France consentiraient à envoyer cette
spmme à une banque étrangère qu'ils ne
connaissent pas, sur laquelle ils nk»nt au
cun moyen efficace de contrôle. Le péril
est que l'on étage adroitement les mises.
Le prix du billet pour le premier tirage
est de 12 francs seulement ; il est de 21
pour le second, de 33 pour le troisième,
etc :.. Les metteurs en scène de' cette
trop ingénieuse combinaison escomptent
l'entêtement des joueurs qui, après une
première perte, veulent à toute force « se
refaire ». Ils sont au contraire
plus « refaits » et voilà tout I
■ • •*
* *
La conclusion de tout ceci se tire d'elle-
même.
Que nos compatriotes qui éprouvent le
besoin de tenter eux aussi « la veine »,
profitent simplement de l'occasion que
leur offrent, de temps à autre, les lote
ries qu'autorise l'Etat français pour venir
en aiae à des institutions de bienfaisance.
Le prix du billet n'en dépasse jamais un
franc; son achat ne ruinera personne.
Les^ rêves de fortune seront tout aussi
aisés à faire. Et, lorsqu'un seul porteur
de billet gagnera le gros lot, les autres
auront du moins la consolation d'avoir
aidé à une bonne œuvre et ne regrette
ront point leur argent.
En dehors de cela, il n'y a pour le pu
blic français qu'à fermer l'orenle aux bo
niments éhontés des courtiers exotiques
et, pour le gouvernement français, qù'à
un peu
réprimer leur propagande comme la loi
le lui commande et comme l'intérêt na-
tionalJ'y oblige. ' v
' Thomas Grimrû.
v -a ' i f, li'i ' \ m--,/ i 'm f, ^ — -•.
CONSEIL DES M INISTRES
.Les ministres se sont réunis, hier matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M; Loubet.
Le projet de loi relatif à la presse
Le garde des sceaux a exposé au conseil les
dispositions générales du projet de loi qu'il
prépare ën vue d'interdire, ainsi que nous
l'avons annoncé hier, les loteries déguisées or
ganisées par des journaux.
La manufacture d'armes de Châtellerault
Le minière de la guerre a proposé au conseil
de mettre en adjudication, d'ici à quélques
mois, la location de la manufacture d'armes de
Châtellerault. Le cahier des charges fixant les
conditions auxquelles cette adjudication pourra
être consentie sera prochainement porté à la
connaissance du public.
L'AGITATION EN ESPAGNE
Bilbao en état de siège. -— Collisions s an-
glantes. — Anarchistes et grévistes.
La dynamite entre en jeu. '!•
' ■ Madrid, 27'octobre.
A la Chambre, le ministre de l'intérieur, ré
pondant àuae question dit que la situation s'est
aggravée à Bilbao. Le gouvernement a pris des
mesures d'ordre et il est décidé, s'il est néces
saire, à proclamer l'étatde siège.
D'autre part, les dépêches privées signalent
de graves collisions et la force publique au
rait fait feu sur les manifestants.
Barcelone, 27 octobre.
La police a arrêté,' à leur arrivée de Gênes,
les anarchistes Amédée Jena ^et Antoine
Almozara.
Bilbao, 27 octobre.
L'administration de plusieurs mines a payé
aux ouvriers sur les salaires anciens.
Les grévistes ont fait cesser le travail sur les
chantiers de l'hôpital civil de Basurto ; ils me
nacent d'empêcher le chargement du minerai
sur la ligne de Bilbao à Portugalete. 1 "
Des troupes ont été envoyées.
Si le travail cessait, la'situation se compli
querait davantage.
" Dans la soirée, le maire, le procureur géné
ral, les généraux Hernandez et Velasco se
sont réunis; On croit qu'ils ont examiné la
situation.
Les cantines de plusieurs mines sont fermées.
Le bruit court que les grévistes ont l'inten
tion d'empêcher la circulation des trains. /
Bilbao, 27 octobre.
Les grévistes ont fait sauter à la dynamite le
dépôt, des machines du chemin de fer, les appa^
reils d'éclairaga électrique et les téléphones.
La grève s'est étendue àtoutes-lesminesties
environs de Bilbao.
Bilbao, 27 octobre, soir.
L'état de siège a été proclamé.
Les députés français
invités à quitter le territoire espagnol
Madrid, 27 octobre.
Au Sénat, M. Villaverdç, président du conseil,
déclare que le préfet de Barcelone a soumis aux
tribunaux les discours que des députés français
i Les deux cadavres ont été retrouvés quel
ques heures plus tard. ' -
L'émotion causée dans la région par ce tra
gique événement n'est pas près d'être calmée.
■ £a femme Thibaudeau, qui a été recueillie
par des voisins, est dans un' état de désespoir
tel ju'on craint pour sa raison.
Heureux gagnant
{Dépêche de noirs.correspondvn?
Chàtillon-sur-Seine,27 octobre.
M. Emile Carbillet, contrôleur de l'exploita
tion k la Compagnie des tramways départemen
taux de la Côte-d'Qr, vient de gagner un gros
lot dé 130,000 francs au dernier tirage des
obligations de là Ville dé Paris.
ÉCHOS DE PARTOUT
• Paris reçoit beaucoup cette année, et
l'on ne saurait s'en plaindre, car chaque
visite nouvelle augmente le nombre de
ses admirateurs. t
: . Aujourd'hui, les visiteurs qui seront
reçus officiellement, à cinq heures et
démie du soir, à la gare du Nord, ne sont
pas moins de deux cents, tous négociants
londoniens partisans de l'entente cor
diale dont on a parlé et membres de
The city of London international and
commercial Association.
Nos Mtes assisteront, ce soir, à un.
banquet que présidera le ministre du
commerce et dé l'industrie, et demain, à
trois heures, ils seront officiellement
reçus à l'Hôtel de Ville par MM. Deville,
président du conseil municipal, et de
Selves, préfet de la Seine. Cette solennité
sera suivie, le sou\ d'une représentation
de gala donnée à l'Opéra, et le pro
grammé ide la journée de vendredi
comprend une visite des principaux mo
numents de Paris par les délégués de la
cité de Londres.
Le général Derfeldeta, président de la
commission des haràs impériaux russes,
ét M. Nicolas Schoubine-Posdeeff, direc
teur de la chancellerie des haras de
l'Empiré, sont arrivés, hier, en France,
où ils comptent faire des achats d'étalons
de pur sang.
' .*** ' '
Hier, à Montfermeil, a été célébré, dans
la plus stricte intimité, le mariage du
commandant Hourst, le glorieux explo
rateur du Niger et du Yang-Tsé-Kiang,
avec Mlle Lucienne Dauphin, qui quitte
définitivement le théâtre.
Les témoins du marié étaient l'amiral
Maréchal et M. Ernest Judet, ceux do jg.
mariée son tïère et lé docteur Culan.
. M. Chaûmié, ministre de l'instruction
publique, assisté de MM. Deville, prési
dent au conseil mimicipal, et Caron, pré
sident du conseil général, doit inaugurer
à la fin de cette semaine, au Petit-Palais,
(rez-de-chaussée), le Salon d'auto mn e.
v Ce Salon offrira cette particularité de
ont prononcés dimanche, à l'inauguration d ■ demeurer ouvert une partie de la nuit,
la Maison du Peuple, avec mission de recher
cher s'il y a lieu à poursuites.
M. Villaverde ajoute qu'ayant appris que des
députés français se proposaient dassister à des
meetings dans d'autres provinces, il les a fait
inviter à quitter le territoire sous peine, en cas
de résistance, d'être reconduits à la frontière.
EFFROYA BLE T RAGÉDIE
Après une querelle conjugale. — Le feu à
la maison. — Folie criminelle d'un père.
f Dépêchai de noire correspondant)
■ Nieul-sur-l'Autize (Vendée), 27 octobre.
Le village de Denan, situé sur le territoire de
notre commune, vient d'être le théâtre d'un
épouvantable drame.
A la suite d'une violente querelle qui avait
éclaté entre un nommé Thibaudeau et sa
femme, celle-ci, effrayée par la colère de son
mari, qui la menaçait de la tuer, s'enfuit dans
les champs sans prendre le temps de s'habiller.
Thibaudeau, en proie à une sorte de folie
sauvage, mit alors le feu à la maison, et, pen
dant que les flammes dévoraient l'immeuble,
qui a été détruit, ainsi que tout ce qu'il conte
nait, il courut, emportant dans ses bras son
enfant, un petit garçon de deux ans et demi,
jusqu'à la rivière, où il se jeta avec le pauvre
petit qu'il avait lié à son cou.
notamment pour le vernissage, qui aura
lieu de neuf heures à . minuit.
L'éclairage sera alors—initiative hardie
fourni par des appareils électriques à
réflecteurs spéciaux.
♦i*
Les obsèques du poète Rollinat, décédé
à la maison de santé d'Ivry, seront célé
brées demain, jeudi, à Châteauroux, son
pays natal.
L'inhumation aura lieu au cimetière
communal. Le corps partira aujourd'hui,
à midi et demi, delà maison mortuaire,
à Ivry, et sera transporté directement à
la gare d'Orléans.
^ Complétons notre écho sur l'étudiant
monténégrin,qui constitue à lui seul une
délégation. . .
Il n'y a bieç, en effet, à Paris, qu'un
seul Monténégrin inscrit comme « étu
diant », c'est-à-dire à la Faculté de droit,
de médecine, des lettres ou des sciences.
Mais il y a,en revanche, plusieurs Mon
ténégrins qui « font leurs études » ac
tuellement parmi nous.
: Ce sont six boursiers du gouvernement
français, dont l'un est à l'école des beaux-
arts, un autre au lycée Buffon et quatre a
J anson-de-Sailly. Un septième est élèveà!
l'école vétérinaire d'Alfort. !
Deuxde «es jeunes gens sont cousin»
de la reiûe Hélène, les autres sont per
sonnellement connus d'elle.
Le conseil des musées nationaux vient
d'accepter le don d'un anonyme géné
reux, qui fait rentrer dans nos collections
une toile admirable d'Alphonse de Neu
ville : \e Cimetière de Saint-Privat.
Le Cimetière de Saint-Privat est des
tiné au Luxembourg, où, malgré l'en
combrement, on saura faire en sorte de
lui réserver une place digne du grand
artiste.
■ Plus tard, cette toile viendra retrouver
au Louvre une autre œuvre saisissante
d'Alphonse de Neuville,le Parlementaire,
grande aquarelle, placée dans la galerie
His de la Salle.
■Hr*
Les trois nègres atteints de la maladie
du sommeil, dont nous parlions hier
encore, avaient, à bord du paquebot qui
les amenait en France, un compagnon.
Ce compagnon était un singe: ; !
Sur le navire, l'explorateur Brumpt,
qui est en même temps un médecin émé-
rite, entreprit d'inoculer au quadrumane
quelques gouttes du liquide céphalora-
. cjiidien recueilli sur l'un: des trois 'dor
meurs noirs. La maladie du sommeil
pouvait-elle se transmettre au singe ?
Telle était ja question posée. Malheu
reusement, le singe mourut en route.
Mais on avait gardé ses viscères, et le
professeur Blanchard, ^ui les a analysés,
a informé, hier, l'Académie de médecine
qu'il y avait trouvé les germes de la ma
ladie du sommeil. • -
C'est peut-être pourquoi le singé s'est
endormi pour toujours.
La Société de secours aux blessés mili
taires vient d'inscrire à son livre d'or
l'ex-bataillon des canonniers bourgeois
de Valenciennes.
Ceux-ci, réunis sous la présidence de
leur dernier commandant, M. Edouard
Mariage, avaient décidé récemmènt d'at
tribuer à la Croix-Rouge française une
partie des fonds appartenant à l'ex-ba
taillon.
Ce don des anciens canonniers bour
geois de Valenciennes sera versé dans la
caisse de la Société de secours aux blessés
militaires.
♦*+ v
Entre tous les débits de tabac de Paris,
on a réparti, depuis quelques jours,
quatre cent mille pochettes d'allumettes,
dites « Jupiter » qui, plates et petites, se
vendent cinq centimes les vingt-huit.
L'étui— qui n'a que l'avantage de ne
pas grossir fa poche — porte ces mots :
« Manufactures de l'Etat. — * Contribu
tions indirectes. »
Or, ces allumettes, dont nous avions,
d'ailleurs, annoncé l'apparition, ne sor
tent pas du tout des manufactures de
l'Etat. Elles ont été achetées en Belgique.
On dit au ministère des finances que
l'on a voulu faire un essai et que si ces
allumettes.. . prennent — ce qui les dis
tinguerait de celles de la Régie — on
créerait, en France, un outillage nouveau
pour leur fabrication.
Alors... alors, prendront-elles encore?
M. Paul Guadet, qui avait été chargé
par l'Etat delà construction d'un nouveau
palais pour notre ministre au Maroc, vient
de rentrer de Tanger.
C'est dans le parc, planté de pins mari
times et d'eucalyptus magnifiques, de
l'ancienne légation que le jeune architecte
va élever ce palais, sur une colline qui
domine la baie de Tanger, et d'où la vue
s'étend du cap Malabata et de Gibraltar à
droite, jusqu'à Tanger et au cap Trafalgar
à gauche.
Notre ministre, M. Saint-René Taillan
dier, y occupe actuellement un simple
pavillon qui deviendra la chancellerie
annexée à la future légation.
M. Paul Guadet, qui nous a montré ses
premiers plans, s'appliquera à édifier un
palais affirmant, au milieu des construc
tions mauresques environnantes, la pure
architecture française. Il y a là une flère
tentative' dç ; prééminence artistigueinté-
ressante#signaler.:, ' j-..' ~ ->
Les présages de l'hiver se multiplient.
• Des chasseurs font tué deux cygnes mi"
grateurs le long du canal de Tancarville,.
non loin du Havre. On .remarque, du
reste, sur les bords de la Basse-Seine, et
les côtes normandes/ le passage d'un
grand nombre d'oiseaux voyageurs;
• Est-ce qu'une 'vague de froid va bièn-
tôt succéder au olapotis des ondées, que
nous subissons depuis plusieurs semaines?.
HEOffllER BHQYË PA B OU IBIDI
CDépêché
Un drame s'est déroulé dans une ferme, i
Recogne, près d'Arlori.
• Un domestique, congédié parce qu'il pour
suivait de ses assiduités une servante de la
ferme, a tenté de tuer la malheureuse qui était
la cause de - son renvoi. Hier soir, profitant de
l'obscurité, il s'est jeté sur elle et l'a frappée
à la gorge d'un coup de poignard.
Les cris de la victime ayant attiré le per
sonnel de,, la ferme, le meurtrier prit la fuite;
mais dans son affolement il traversa la .voie
ferrée sans voir un train, qui venait de Libra*
mont.
il fut tamponné et broyé, sous les roues.
FORÇAT BAGTÉR IOLOGUE
(Dépêche xtenQlazcorrespondant}
' Berlin, 27 octobre.
Le célèbre professeur Koch ne se doutait pas
que, parmi les pensionnaires des prisons cen
trales d'Allemagne, il pouvait se trouver quel
qu'un qui voulût lui faire concurrence.
Et cependant ce concurrent existe.
C'est un nommé Kurzpeski, condamné aux
travaux forcés à temps, qui purge sa condam
nation dans l'établissement de Lunebourg.
Ce Kurzpeski prétend avoir trouvé un sérum
contre la phtisie. Il a, dit-il, essayé le remède
sur lui-même et obtenu des résultats surpre
nants.
En attendant, très pratique, Kurzpeski a
adressé au ministère de l'intérieur une de
mande de mise en liberté provisoire.
Le ministre n'a pas encore répondu, mais il
est question d'envoyer à Liinebourg une com
mission technique.
SUR UN TAS D'ORDURES
Un ouvrier menuisier, Charles Varlet, demeu
rant rue Saint-Denis, à Saint-Ouen, remarquait,
hier matin, à cinq heures, en sortant de chez
lui, un tas d'ordures sur lequel émergeaient
une infinité de petits morceaux de papier dé
chiré dont la couleur bleue et le dessin avaient
attiré son attention. Il s'approcha, examina et,
s'adressant à une marchande de vins qui était
sur le pas de sa porte :
— Venez donc voir, mère Lecoudec, des mor
ceaux de billets de la Sainte-Farce ; c'est pas!
mal imité; tenez...
— En effet, fit Mme Lecoudec en les exami
nant-^ ça fait bien illusion... Mais y en a-fy!
y en a-t'y ! Si c'était des morceaux de vrais bil
lets, j'en donnerais bien 4 ou 5,000 francs. •
— Si c'étaient des vrais billets, mère Lecoudec,
ils ne seraient'pas là, sur un tas d'ordures.
— Ça c'est vrai ; on ne déchire pas ces pa
piers-là et on les sèmé encore moins.
— Si vous voulez, mère Lecoudec, repartit la
menuisier, nous allons nous amusër un peu.
Et il éparpilla tout le long du trottoir les
petits carrés ornés de vignettes bleutées dans
lè but d'intriguer les passants.
Dissimulé dans la boutique de la mère Le
coudec, Varlet attendait anxieusement qu'un
passant ramassât les morceaux de papiers
trompeurs. Justement des jeunes gens pas
saient. L'un d'eux se baissa, examina les mor
ceaux.
— Mais ce sont dés fragments de billets da
banque, cela, fit-il. '
— Il n'y a pas de doute, déclara son compa
gnon.
Portons-les chez le commissaire de police.
Et tandis que les inconnus s'évertuaient à
rassembler tous les - petits papiers épars, l'ou
vrier et la marchande de vins riaient bien du
bon tour qu'ils venaient de jouer et qui avait si
bien réussi.
M. Defert, commissaire de police, examina les
morceaux de papier et fut bien vite convaincu
Sue c'étaient des débris de billets de banque,
'ailleurs, le chiffre 100 était très visible et les
numéros apparaissaient nettement.
Une rapide enquête fit connaître que ces pré
cieux débris avaient été rapportés parmi des
détritus de toutes sortes, par une vieille chif
fonnière qui habitait Saint-Ouen. La brave
femme se rendait tous les matins, dès l'aube,
FEUILLETON du Petit Journal du 28 O ctobre 1903
-18- ■ (1)
LE MASQUE D'AMOUR
UN GRAND DE CE MONDE
IX (Suite)
Le père et la fille
— Mon père, pouvez-vous me donner
on instant ? Il faut absolument que je
Vous parle.
Micneline s'adressait tout bas au mar
quis, tandis gue leurs hôtes, en quittant
la table, décidaient avec animation les
Elaisirs de plein air que favoriserait cette
elle journée.
Renaud regarda sa montre. Une heure
et demie avant d'être là-bas, dans la
grotte, à attendre Gaétane. C'était plus
que le temps nécessaire pour s'y rendre.
Mais il fallait compter avec les détours,
les précautions afin de n'être point suivi.
— Ce ne sera pas long, ma mignonne?
lemanda-t-il.
— Un seul mot, père, dit Micheline en
levant des yeux de décision et de
Hamme.
— Montons, fit Renaud.
Il l'emmena dans son cabinet de tra
vail.
Debout en face de lui, qui la regardait
profondément par-dessus la cigarette
qu'il était en tram d'allumer, elle se sen
*49 Traduction et reproduction interdites.
tit moins brave, non pour tenir' : haut et
ferme son cœur, mais pour prononcer les
mots embarrassants.
Son charmant visage devint tout rose
avec un air de petite fille. "
—Père... voilà... Je ne sais ce qui se
passe entre la comtesse deFerneuse, ma
mère et vous. Mais avant de vous laisser
accomplir quelque démarche irrévoca
ble, il faut que je vous prévienne : Hervé
sera mon mari, ou je mourrrai.
Il sourit.
— C'est tout?
— Oui, père..; C'est tout. .
Valcor la contempla un instant avec
la même expression émue et diver
tie, comme s'il goûtait l'effusion ravis
sante de sentiment, de résolution et de
timidité, sur ce frais visage si cher, puis
il s'assombrit d'une gravité soudaine.
— Mon énfant, dit-il, je t'ai devinée, et
je te connais. Tu n'as pas donné légère
ment ton cœur, et tu n'es pas de celles
qui changent. D'ailleurs les circonstances
ont rendu cet amour presque fatal.
Toutefois, je te conjure de t'interroger,
de réfléchir encore...
Elle fit un mouvement.
— Me blâmez-vous, mon père?
— Non, certes. Et ce serait inutile. Je
te demande simplement : Micheline,
peux-tu guérir de cet amour, en t'y effor
çant, si j'ai une raison capitale pour
t'imposer un tel sacrifice?
Elle pâlit, sa lèvre trembla.
— Quelle raison? Pouvez-vous me la
dire?
— Simplement cellé-ci : que je ne suis
j)as sûr, malgré ce que je compte entre
prendre,de faire que ce mariage devienne
réalisable.
— Le voulez-vous, ce mariage, père?
— Oui, si tu me persuades que ton bon
heur en dépend.
— Alors, quel obstacle l'empêcherait ?
Il n'y a pas d'obstacle contre votre vo
lonté.
L'orgueil jaillit des yeux de Valcor. La
diplomatie filiale n'aurait pu trouver
plus magique parole. Maisnulle diploma
tie dans Micheline. Elle avait dit ce qu'elle
pensait.
Pourtant il eut un retour vers quèlque
pensée secrète, et il hocha la tête.
Cette incertitude, jamais vue en lui,
troubla sa fille. Elle balbutia :
— Mais... supposons le pire. Vous
n'auriez qu'à laisser faire. Dans trois ans
je serai majeure. Et puisque Hervé est
résolu...
— Telle conjoncture peut se produire
qui briserait sa résolution.
— Pardonnez-moi si je vous contredis,
père. Rien ne-me fera douter de mon
fiancé.
Il murmura, la regardant au fond des
yeux :
— Cependant... un certain scrupule de
conscience.
Micheline chancela presque. Une ter
reur la saisit. La conscience !... Ceci do
minait tout chez le jeune comte de Fer-
neuse. Elle se rappela l'air ascétique,
l'ardeur sombre, qu'il avait en parlant de
retraite au fond d'un cloître, s'il ne pou
vait pas être à elle, qu'il aimait. Lui
aussi prévoyait un obstacle d'ordre mo
ral, inéluctable.
Un atroce effroi tordit le cœur de la
vaillante fille.
— O mon père, vous m'épouvantiez! Si
l'espoir, si la foi en lui, en vous, ne me
soutiennent pas, la force me manquera
pour attendre l'avenir. J'aurai toute la
patience qu'il faudra, mais pas dans l'in
certitude. Aidez-moi, père, ou je vous
assure que vous pleurerez bientôt votre
Micheline.
— Ma chérie !... ma chérie !... dit
doucement Valcor.
Il jeta sa cigarette, prit les mains de sa
fille, et s'assit en l'attirant contre lui
coinme lorsqu'elle était une enfant.
7—Tu ne sais pas combien/ton père
t'aime, mon précieux trésor 1 Et tu as eu
raison de dire que lorsque je veux quel
que chose, ce quelque chose s'accomplit.
Seulement il me fallait être certain que
tu ne te trompais pas, que tu ne prenais
pas un flirt puéril pour un sentiment sé
rieux. Ne frémis pas ainsi. Je devais m'é-
clairer... te forcer à regarder en toi-
même. Soit ! Maintenance suis convaincu,
Je vais agir en conséquence. Quel mira
cle ne ferais-jepas pour que ma Micheline
ignore à jamais la tristesse 1
Il parlait d'un ton si pénétré, si tendre
que les larmes de l'enfant jaillirent.
— Ahl père, je ne l'ignore plus, la tris
tesse. Comme j'ai souffert depuis deux
jours !
Renaud ne lui demanda point ce qu'elle
avait surpris, ni ce qu'elle avait craint.
Il se dressa, et, de sa voix revenue aux
vibrations de maîtrise, d'autorité:
— A présent, laisse-moi, Micheline.
Sois tranquille et confiante, mon enfant.
Tu épouseras Hervé de Ferneuse. J'ai
tenu contre le sort des gageures plus
difficiles à gagner que celle-là.
La jeune fille lui tendit son front, et
sortit, sans ajouter une parole, étant,
comme lui, d'une énergie précise et
concentrée. .
L'explication
Dès que Micheline l'eut quitté, le mar
quis de Valcor sortit du château, un jonc
à la main, un chapeau de paille fine sur
la tête, comme pour une flânerie sous la
splendeur calme des ombrages.
Il esquiva quelques rencontres, écarta
ses chiens, qui s'attachaient à ses pas,
et, les premiers massifs dépassés, préci
pita sa marche.
Le point de la falaise où il se rendait
se trouvait sur l'autre versant du pro
montoire et assez éloigné de la pro
priété.
Renaud traversa le parc dans presque
toute sa longueur, puis suivit un sentier
qui descendait vers la mer.
Il atteignit un vallonnement, où ver
doyaient et blondissaient des carrés de
culture autour de quelques petites fer
mes. Une dépendancé <ïe Ferneuse. L'a
venue montante qui partait de là, condui
sait à l'habitation.
M. de Valcor tourna dans le sens opposé,
gagna une étroite plage, puis remonta
un peu, et se trouva sur le seuil d'une
cavité naturelle qu'on ne pouvait sans
exagération appeler une grotte.
Cette anfractuosité pittoresque n'avait
même pas de désignation dans le pays.
Jadis, quand Gaétane et Renaud s'y don
naient leurs rendez-vous d'amour ,
c'étaient eux qui lui avaient décerné l'am»
bitieuse désignation.
Sorte de vaste niche, abritée par un
avancement du roc, au sol tapissé d'her
bes chevelues et sèches dans un sable fin,
elle avait été « leur grotte », en dehors
des chemins où l'on passe, en dehors des
hommes et de la vie.
En été, cette étroite retraite dominait
d'assez haut le niveau des marées, séparée
de la grève par un large chaos de pier
res.
• Mais en hiver, ou bien au temps des
équinoxes, quand les lames de fond arri
vaient du large avec des élans monstrueux,
l'eau furieuse devait, s'engouffrer dans la
conque béante.
C'étaient les sauts prodigieux des em
bruns, et aussi le choc des lourdes aver
ses, qui, en effritant le roc, déposaient
dansle sol concave ce sable plus souple
qu'un coussin de soie, piqué par les grêles
franges des herbes sauvages.
Renaud s'assit sur uné saillie de falaise
qui formait une véritable banquette.
Il regarda sa montre.
Deux heures et demie.
Il ne comptait pas voir avant trois heu
res celle qu'il attendait. Mais il était
bien sûr qu'elle viendrait.
Pas une minute ne fut d'ailleurs trop
longue pour la méditation où il se perdit.
A deux ou trois reprises, il tressaillit à. un
bruit velouté contre la paroi lisse, autour
de sa cachette. Mais ce n'étaieht que des
goélands, frôlant le granit de leurs Ion»
gues ailes, effarouchés de l'avoir vu.
Enfin, ce fut bien un glissement d'é
toffe, les h eurts de talons trop hauts dans
l 'abrupt sentier.
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