Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1902-07-26
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 26 juillet 1902 26 juillet 1902
Description : 1902/07/26 (Numéro 14456). 1902/07/26 (Numéro 14456).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k616142j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/10/2008
fi&^etît^scLPnal ses
SB jTAillet 4902
HOUVELLBS
L 'AFFAIRE DE W&R GtlERITTE
(Dépêche de notre correspondant)
Blida, 25 juillet:
Lès débats de l'affaire de Marguerite
ttèVant avoir lieu prochainement, le pror
cureur général de la cour'de Montpellier
a fait demander au parquet de Blida d]en-
voyfer'iflinîédiatement tous les dossiers
et pièces à conviction ayant trait à cette
affaire et qui sont déposés au greffe de
puis la répression de cette émeute.
Les menuisiers de Blida confectionnent
un grand nombre d'énormes caisses dans
lesquelles on entasse, pour être expé
diés, tous les outils et armes saisis au
cours' de l'instruction. Matraques, dje-
hiras, fusils de tous systèmes, flissas,
pistolets, turbans, burnous, chapelets
vont, passer incessamment sous les yeux
des jurés.. : . , .
On a joint à cet envoi une porte criblée
de coups i de poignard et portant des
traces de balles qui témoignent de la rage
des assaillants.
Lft SANT É D'EDO UARD
Londres, 25 juillet.
Le Daily News fait remarquer que,
malgrf les nouvelles favorables publiées
au sujet de la santé du roi, le fait que,
d'après le dernier bulletin, le malade n'a
pas encore été autorisé à s'asseoir ne
laisse pas d'être légèrement inquiétant.
En effet, dit-il, la période de quinze jours
Ïui nous sépare au couronnement sem-
le à peine suffisante pour permettre au
roi de régagner les forces qui lui seront
né çessaires pour supporter les fatigues
de la cérémonie du 9 août;
BANS
EXPÉRIENCES
LA MARINE ANGLAISE
(Dépêche" de notre correspondant}
Londres. 25 juillet.
Des expériences, qu'on a entourées
d'un profond mystère, ont eu lieu depuis
quelques semaines à. l'Ecole des ingé
nieurs navals, à Revham.Ils'agissaitd'es-
sayër des moteurs, dans lesquels le char-:
bon .serait remplacé par l'huile. On est
arrivé à, des résultats, d'une grande im
portance pour les navires de guerre.
> Il paraît que le pétrole : a été trouvé le
combustible remplissant le mieux toutes
les conditions. Quant à la chaudière nou
veau système, on l'a mise à l'essai dans
une halle spécialement construite pour
ce but. •
Tout a été soigneusement surveillé par
SL Melrose, inspecteur de l'amirauté.
Un petit nombre d'ingénieurs seulement
ont eu connaissance de ces expériences.
LES VOYAGES OU ROI D'ITALIE
-■'■■■■ Rome, 24 juillet.
La TrxbuHa déclare prématurée la
nouvelle' suivant laquelle le roi d'Italie
visiterait Paris au mois de septembre.
Ce journal ajoute avoir des raisons
Îour croire que le roi, après son voyage
.Berlin, ne fera. pas d'autres voyages
eR 1902..
SÉQUESTR ÉE DEPU IS SIX ANS
(Dépêche de l'Agence Eaoas)
Barcelone, 24 juillet.
La garde civile a.'.découvert dans un
chalet, situé dans le quartier Saint-Ger-
vàis, une séquestrée. ^
La victime se nomme Mlle Mercédès
Ferran; c'est la fille d'un riche médecin
de Barcelone, mort maintenant. Elle était
séquestrée depuis, six ans, pour des mo
tifs se rapportantàunimportanthéritage.
TERRIBLE A CCIDENT DE CHEVAL
(Dépêche de notre correspondant)
Niort, 25 juillet.
Hier après-midi, le colonel Levillain,
commandant le l'hussards, montait dans
la cour du quartier un clievai qui, ayant
été malade, n'était pas sorti depuis six
mois. A peine le colonel était-il en selie
que l'animal s'affaissa,, entraînant sous
lui son çàvalier. ,
Relevé sans" connaissance, perdant le
sang par le nez, la bouche et les oreilles,
te blessé fut transporté d'abord à l'infir
merie, puis à son domicile, rue Sairit-
Gelais, où il reçut les soins de plusieurs
médecins.
L'état du colonel Levillain inspire les
plus vives inquiétudes.
Le général de Sesmaisons s'est rendu,
aussitôt l'accident connu, au domicile du
blfessé. /
N ÉCROLOG IE
Les morts d'hier :
Le dessinateur Choubrac, décédé à
Paris, rue Damrémont.
Choubrac était l'auteur d'une multi
tude de costumes de théâtres. Il avait fait
aussi beaucoup de dessins pour les jour
naux illustrés et avait agrémenté de pe
tites figures très originales les boîtes d'al
lumettes-bougies de la Régie.
Dans l 'Afrique du Sud
Le commando Fouché -
Craddock, 24 juinei.
Deux cent vingt-neuf rebelles de la colonie du
Cap, ayant appartenu au commando de Fouché,
ont été condamnés, pour la vie, à la privation
de leurs droits électoraux. .
La commission des grâces
Londres, 24 juillet.
Le roi vient de. nommer une commission des
grâces chargée de reviser les sentences pro
noncées par les tribunaux militaires pendant la
guerre sud-africaine.
Elle se compose du lord chief-iustice, du juge
Bingham, du général sir John Àrdagh et d'un
secrétaire.
Elle s'embarquera le 9 août pour l'Afrique
du Sud. . ■
La nomination de cette commission contri
buera certainement à la pacification. On sait
que, pendant la guerre, les tribunaux militaires
ont condamné beaucoup d'Afrikanders du Cap,
qui s'étaient joints aux Boers et qu'un adoucis
sement ou une remise de peine rendrait certai
nement moins hostiles à l'Angleterre..
ARMÉE ET MARINE
MUTATIONS DANS L'ARTILLERIE
Le colonel Desjardins de Gérauvillier; com-
mandantle 18 e régiment, est maintenu comme
directeur k Langres.
Le colonel Perrot, directeur! Kaubeuge, est
nommé au commandement du 18® régiment.
Le lieutenant-colonel Lucas, directeur à Lan
gres, est nommé directeur à Maubeuge.
MANŒUVRES DE 8OU8-NIARINB
Cherbourg, 25 juillet.
Les submersibles Narval et Silure sont ren
trés au port, venant du Havre.
Les cinq submersibles autonomes sont 'prêts
à appareiller pour Saint-Malo, où de nouveaux
exercices auront lieu pendant trois jours, sous
la direction du vice-amiral Fournier.
LE8 NOUVELLE8 FORTIFICATION8
DE PARI8.
Le génie militaire étudie actuellement les
plans de nouveaux ouvrages de fortifications
à construire au Nord-Est de Paris, entre le fort
d'Aubervilliers et le fort de l'Est de Saint-Denis.
Ces nouveaux ouvrages sont destinés à rem
placer la portion d'enceinte que l'on se propose
ae démolir.
DAN8 LE8 NEIGES
De Modane : un véritable tour de force vient
d'être accompli par la il" batterie du 2'régiment
d'artillerie.
Cette batterie, détachée au fort de Lesseillon,
ayant reçu l'ordre de se rendre à Briançon, par
le Lautaret, pour y prendre part à des manœu
vres de tir en montagne, a franchi avec son
matériel complet le col du Galibier, où la neige
n'atteignait pas moins de trois mètres de hauteur
sur une longueur de près d'un kilomètre.
Malgré les difficultés de ce passage, qui fait
ie plus grand honneur à l'énergie des chefs et à
l'endurance des hommes, aucun accident ne
s'est produit.
LA PûLfflQPE A L'ÉÏ&âEGSt
SERBIE
Vienne, 25 juillet.
On mande de Belgrade à la Keue Presse :
On croit que la démission du cabinet Vouilch
ne sera pas açceptée par le roi. Celui-ci préfé
rerait, dit-on, le cas échéant, prononcer la dis
solution de la Skoupchtina- et faire procéder à
de nouvélles élections plutôt que de consentir
à la retraite du cabinet Vouitch.
VENEZUELA
New-York, 24 juillet.
! Un télégramme de Wilelmstadt annonce que
le Suchet et trois autres navires de guerre, un
américain, un hollandais et un allemand, sont:
arrivés à Puerto-Cabello pour y assurer la pro
tection de leurs nationaux, 2,000 insurgés se
trouvent aux environs de la ville.
Le commandant du navire de guerre améri
cain Cincinnati télégraphie' qu'on s'attend d'un
©ornent à l'autre à ce que la ville soit attaquée.
HAÏTI
Washington, 24 juillet.. ,
On télégraphie du Cap-Haïtien qu'une armée,
formée dans le département de l'Artibonite" et
dans les districts favorables au général Firmjn,
s'avance de trois côtésàlafois surle Cap-Haïtien.
CHINE
Londres, 25 juillet.
.On télégraphie de Shanghaï, 24 juillet, au
Times :' - • ■
Le viçe-roi de \You-Ghang a reçu lundi un
télégramme contenant la sanction du gouver
nement chinois pour un article proposé par
Cheng et approuvé par le vice-roi. Cet article
porte abolition complète du likin dans tout
l'empire, ce qui assure ainsi le libre transit des
marchandises étrangères et indigènes.
Le correspondant du Times dit que le projet
comporte une augmentation des droits d'impor
tation.
D'autre part,, le correspondant du' même
journal à Pékin, mentionnant le même projet,
dit qu'il comporte un accroissement des droits
d'exportation.
INHMTIOflS mm
L'enquête sur l'élection de Montreull
La commission de la Chambre des députés
chargée de procéder à une enquête sur l'élec
tion de M. Truy, dans l'arrondissement de Monr
treuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) se transportera
le 2 août à. Berçk, lé 3 août à Montreuil, le
i août à Etaples, le 5 août à Hesdin, le 6 août à
Fruges, le 7 août à Hucqueliers et l,e 8 août à
Campagne.
L'EXPLOSION DE SATORY
Enôore un mort
Un blessé moribond
A l'hôpital militaire
, Préparatifs de funérailles
A la veille de la retraite
Il nous faut enregistrer un nouveau décès
produit par la terrible explosion du camp de
Satory, ce qui porté, à cinq le nombre des tués.
Alexandre Roguét, l'un des sapeurs les plus
grièvement blessés, a succombé jeudi soir, à six
heures, après une cruelle agonie. Il était origi
naire, de Tours.
Le frère du lieutenant Hernu, dont les parents
sont retenus par la maladie dans la ferme qu'ils
exploitent à Sira'court (Pas-de-Calais),est arrivé
hier à Versailles pour s'occuper, conjointement
avec l'autorité militaire, des obsèques du
malheureux officier. ,
Mme Hernu mère a été très affectée par la
mort de son fils aîné et son état inspire de
vives inquiétudes.
L'état des blessés
Le sergent Texier t et le sapeur Marius Ri
chard, malgré la gravité de leur situation, ont
passé une nuit assez calme et leur état ne '
s'était pas aggravé hier.
Malheureusement,il n'en est pas de même du
caporal Georges Miné; une fièvre intense: s'est
emparée du blessé et l'on s'attend à une issue
fatale d'un moment à l'autre.
Les autres blessés, qui avaient été conduits à
l'infirmerie régimentaire, sont tous dans un état
satisfaisant. Les consignes les plus sévères ont
d'ailleurs été données par l'autorité mili
taire pour que l'on ne puisse connaître le chiffre
exaGt de ces blessés, consignes maladroites qui
n'ont eu d'autre résultat que de jeter l'alarme
dans les familles.
En effet, lettres et télégrammes, émanant de
parents alarmés par la nouvelle de la catas
trophe^ ont afflué,' hier, au quartier des
Petites-Ecuries alors qu'il était si simple de
rassurer les intéressés, en donnant officielle-
ment la liste des blessés.
Peu à peu, les familles des victimes sont' ar
rivées dans la journée à l'hôpital militaire.; leur
douleur faisait peine à voir»
MM. Dieu, directeur du service de santé au;
ministère de la guerre, et Chauvel, directeur du
service de santé du gouvernement militaire des
Paris, se sont rendus k l'hôpital où ils ont visité
les blessés.
Le général Naquet-Laroque,: au nom du mi
nistre de la guerre, et le général de Merlain-
court, se sont également rendus au chevet des
victimes.
Enfin, le président de la République et le
préfet de Seine-.et-ûise ont. fait prendre à nou
veau. hier matin, des nouvelles des quatre hles-
sés en traitement à l'hôpital.
Les obsèques
A midi précis, les corps des cinq victimes de la
catastrophe, placés dans des cercueils dechjme,
ont été transportés dans la petite chapelle.de
l'hôpital militaire, transformée en chapelle ar
dente. Le service d'honneur a été pris par un
piquet du'1 er génie.
Rien n'a été encore arrêté définitiyement à
l'égard des obsèques. Toutefois,. 1 d'âpres les
prévisions officielles, le service funèbrè sera
célébré aujourd'hui à la cathédrale Saint-Louis
de Versailles, et, après la cérémonie, les corps
seront transportés dans les localités désignées
par les familles. Tous, les frais seront supportés
parle 1 er génie. ■■
Les enquêtes
! Les enquêtes ouvertes parallèlement sous les
.ordres du colonel Têtard, commandant le l c „ r
génie, et du général Lebon, commandant la
ï»lace de Versailles, sa sont poursuivies hier,
sans donner de nouveaux résultats.
L'adjuda«i Rémy et les sapeurs qui ont
échappé à l'accident ont été entendus par les
officiers instructeurs. Malheureusement,. les
blessés de l'hôpital militaire, qui seuls pour
raient fournir des renseignements précis, ne
pourront être entendus de sitôt, en admettant
qu'ils survivent & leurs horribles blessures.
1 f ' f L'adjudant Garnier
L'adjudant Auguste Çarnier, qui a Tété tué à
cOté de son officier, était fort aimé de ses
chefs ' comme de ses subordonnés; il avait' fait
presque toutes les dernières campagnes colo
niales, depuis le Tonkin jusqu'à Madagascar.
Au rétour de cette dernière expédition, .il s'é
tait marié et demeurait, 33, rue des Bourdon
nais, à Versailles. ■ ,
Mme Garnier avait été une des premières à
apprendre la catastrophe.
La malheureuse femme courut aussitôt, tout
éplorée, au quartier du 1 er génie, où le colonel
lui apprit, avec beaucoup de ménagements, que
son mari était parmi les blessés.
Du quartier, Mme Garnier tint , à se rendre
à l'hôpital, sous l«f conduite d'un collègue de
son mari, et, comme i elle voulait absolument
voir celui-ci, il ne fut pas possible de lui ca
cher plus longtemps la triste réalité.
Ce' fut une des Sœurs de l'hôpital militaire
qui se chargea de lui révéler la vérité, avec
tous les'ménagements possibles, et Mme Gar
nier ne se retira qu'après avoir obtenu la per
mission d'embrasser une dernière fois son mari
qu'elle avait quitté gai et plein d'entrain quel
ques heures auparavant et qu'elle retrouvait
inanimé et méconnaissable.
M. Garnier avait un frère, employé au labo
ratoire municipal de la ville de Paris, qui, pré
venu par télégramme du malheur qui le frappait,
est accouru dans la soirée à Versailles.
Comme.nous l'avons dit hier, l'adjudant Gar
nier allait bientôt prendre sa retraite. ,
Deuil et condoléances
Le président de la République, avisé par un'
coup de téléphone d» préfet de Seine-et-Oise
de la catastrophe de Satory, a fait demander
jeudi, à deux reprises, des nouvelles de l'état des
blessés. .
M. Poirson, les généraux de, Morlaincaurt et
Lebon, commandant,le premier,le département,
le second, la place do Versailles, se sont rensei
gnés, à plusieurs reprises également, sur l'état
des victimes et le général Lebon a prescrit dé
son côté une enquête. .
. La musique du 1 er génie qui devait jouer,
comme, tous les jeudis, dans la cour de l'hôpi
tal militaire, avait étécontremandée et toutes les
visites avaient été suspendues à l'hôpital en
raison de l'accident.
Ajoutons qu'un cordon, de sentinelles a été
placé autour du théâtre de la catastrophé pour
en interdire l'accès jusqu'à la conclusion de
l'enquête. ,
Encore une Fausse piste
= Grand émoi ces jours derniers au service de
la Sûreté. On croyait encore une: fois tenir les
Humbert. Tous les grands chefs : Cochefert,
Hamard, etc., suivis de leurs plus fins limiers...
s'étaient précipités à la gare de Lyon. . . pour
siisir une caisse adressée à Mme Humbert en
gare, à Sofia, avec la mention [faire suivre). La
caisse saisie et ouverte aussitôt ne contenait que
dix litres de « Dubonnet» et deux litres de citron.
La question irlanda ise an Par lement d'Angleterre
Londres, 25 juillet.
Chambre des communes, — Au cours de la
discussion d'une motion de M. John Redmond,
proposant la réduction des crédits affectés au
ministère irlandais, comme protestation contre
la politique du gouvernement en Irlande,
M. William O'Brien s'est livré à une violente
attaque contre M. Wyndham.
11 a déclaré que si le prince Henri entrait
dans la baie de Bantry et y débarquait 400,000
fusils, on n'aurait pas" besoin des organisateurs
professionnels de la Ligue irlandaise unie pour,
décider tous les jeunes gens dignes de ce nom,
à suivre le prince Henri. • >■■■
M. Wyndham, dans un discours fréquemment
interrompu par les députés irlandais, a défendu;
la politique du gouvernement. > i
': La motion Redmond a été rejetée par 196
voix contre 135. La proclamation du scrutin a
été accueillie par les applaudissements ironi
ques des députés irlandais.
La séance est levée.
LE PROTECTORAT AHGLO-JAPONAIS
SUR LA CORÉE
Cologne, 25 juillet. :
On mande de Saint-Pétersbourg à la Gazette
de Cologne à la date du 24 courant :
Le journal Jessent Libo, qui paraît à Séoul,
.annonce que les ministres d'Angleterre et du
Japon d'une part, les ministres de la cour
.coréenne assistés dé l'attaché japonais Rate
Kato et agissant sur l'ordre de l'empereur de
Corée d'autre part, ont conclu une coavention
aux termes de laquelle, dans les questions im
portantes au point de vue de l'administration
intérieure de la Corée et dans celles qui concer
nent sa. poh'tique : extérieure,' l'Angleterre et lé
Japon assisteront la Corée de leurs conseils et
de leurs, forces en vue de maintenir son indé
pendance. .
La Corée s'engage en revanche' h donner à
ses forces de terre-et de mer la puissance né
cessaire pour se défendre.: Si la Corée se trou
vait avoir besoin ou. estimait opportun; d'avoir
recours aux marchés financiers étrangers, .elle
ne contracterait à l'avenir d'emprunt que sur
les marchés anglais,'japonais ou américain.. Elle
n'est pas autorisée à prendre des étrangers
comme, fonctionnaires publics
: Les mesures nécessaires pour la protection
du.territoire coréen doivent être prises sans
retard. 11 devra être protesté immédiatement,
dans chaque cas. qui se présentera, contre l'édi
fication de constructions, de quelque sorte
qu'elles soient, par des puissances étrangères
ou leurs nationaux dès que ces constructions
seraient dé naturé à contrarier la défense dè la
Corée.: ' ; ' ' • '
"~L'ACCID£NOË PÏÏTEAUI
L'état de M. Aunos s'est très sensiblement
amélioré et maintenant toute crainte d'ampu
tation parait définitivemeht écartée. • -
Aussi, la mère du blessé, qui jusqu'alors
n'avait pas abandônné un instant le'chevet du
jeune saint-cyrièn, a-t'-elle pu quitter, rassurée,
Versailles jeiidi matib, pour retourner à Bor
deaux. ' ■- •' 1 '
Maladie de foie! — S,t-Auvent (Haute-
Vienne), le 6 novembre 1900. De puis plusieurs
années je suis .atteint d'une maladie de foie qui,
àchaquechangementdesaison, me rendtr'ès souf
frant. Aussitôt que je fais usage de vos Pilules
Suisses, je suis soulagé. " .H; B run (Sign. lég.)
AM. Hertzog. pharm., 28, r.de Grammont; à Paris.
la Fermeture
DES
Ecoles coaorÉganîEtas
■ Une réunion,de protestation: contre la circu
laire ministérielle a été tenue, jeudi soir, 33, rue
Blomet, à Vaugirard. L'assistance était nom
breuse et l'on, y remarquait beaucoup de mères
de famille, des" enfants aussi: ••
Par pëtits groupes^ à travers le service d'or
dre établi aux abords de l'immeuble, des
contre-ïpiaiiifestants pénétrèrent dans la salle
du débit de vins attenant à la salle de réunion,
répondant au discours que l'on y prononçait par
le refrain de la Carmagnole. Leur intention
était d'accuèillir ' lès auditeurs du meeting k
leur sortie par des cris et des chants révolution
naires ; mais, afin de tuer le temps, eux aussi
se mirent à tenir leur petite réunion.
Deis' discours furent prononcés et. lorsqu'un
ordre du jour eut été voté, la contre-manifes
tation se dirigea vers ' la rue Copreâu où» se
trouve la sortie de la salle de réunion. Une dé
convenue l'y attendait : le meeting de protes
tation étaitterminé et très tranquillement, l'assis
tance s'était'dispersée'depuis longtemps.
. . Rue Salni-lâaur
Peu de monde dans la rue, contrairement
aux prévisions, quand, hier matin, à huit heures,
M. Bottollier-Lasquin, commissaire de police du
quartier Saint-Ambroise, est allé frapper à la
grande porte de l'établissement des religieuses
de Sainte-Marie, pour exécuter les instructions
qu'il avait reçues.
IJn homme se montre à une fenêtre du pre
mier étage et le dialogue suivant s'échange :
— Que demandez-vous ? i ;
- .< Je suis le commissaire de police du quar
tier et je :voudrais voir Mme la supérieure.
» — vous vous trompez de'porte ; ici, c'est la
porte oû l'on reçoit les assistés.' La porte de
l'école est plus loin.
Le magistrat se rend à l'autre porte et frappe.
Son interlocuteur de tout à l'heure reparaît à
la fenêtre' du premier et le dialogue recom
mence :
— Qui demandez-vous î ' •
— Mme la supérieure. i
■ —s Elle n'est pas; visible: .
— Je désire parler à Mme la supérieure.
: —.Elle n'est pas visible. « ., .
— Voulez-vous ouvrir?
— Au nom de la Liberté, nous refusons d'ou
vrir. ;
— C'est bon !
Et le commissaire s'en alla, n'ayant pu que
constate? qu'on ne voulait pas lui ouvrir la
porte.
La personne qui lui répondait était le secré
taire de M. Jules Guérin, exilé de-France après
le siège légendaire du lort Chabrol.
D'ailleurs, dans la . foule qui augmentait peu
à peu âux abords de la maison des Sœurs, ces
deux mots : Fort Chabrol, couraient de bo'uche
en bouche. On affirmait que l'établissement,;
rempli de défenseurs, s'apprêtait à soutenir un!
.siège. ; /.■■•/'. . ,
Des placards venaient d'être apposés, suri
lesquels on lisait : La liberté est morte ! Mais,
les nombreux, gardiens de la paix ne laissaient 1
pas les groupes, se former et empêchaient tout
stationnement. ,
.Non loin dans le square Parmentier, MM.
Touny et Mouquin, directeur et sous-directeur
.de .la police municipale, se promenaient mélan
coliquement. Puis,'M. Touny, ayant .appris la
réponse faite au coiiunissaire de police, monta
dans sa voiture pour se rendfè h l'établisse
ment des Sœurs de la Providence, rue des
Haies,, tandis que M. Mouquin demeurait rue;
Saint-Maur, persistant à entamer des pourpar-.
lers avec les Sœurs èt voulant leur faire com
prendre qu'il ne s'agissait pas d'expulsion im
médiate, mais simplement d'un acte de- la pro
cédure en cours. ' J ' :
M. Mouquin fest enfiii arrivé à parlementer.
Mais' la supérieure'lùi a netteihent déclaré que !
les S<®urs refusaient de partir, ce qui fut consi
gné dans le procès-verbal de constat dressé par
le.commissaire..;;,>
' A l'intérieurde l'établissement, les religieuses-
faissûent, leurs prières, dans la chapglle,. tandis ^
qu'une foule, d'amis, hommes et femmes, très "
emus, échàngeaiont leurs impressions avec i
quelques prêtres attristés!'
Mais*il s'y trouvait aussi un certain nombre^
de'jeùnes gens résolus et qui, disait-on, étaient •
armés de fusils et de revolvers pour défendre
les Sœurs au cas où leur maison aurait été
l'objét d'une attaque de la par.t des< socialistes,
i Des forces considérables avaient été réparties: :
dans différents endroits du quartier, notamment
à la mairie du onzième arrondissement, dont la
cour était pleine de.gârdes municipaux à cheval •
èt à pied. - . .■ rJ ;
. . Bue des Haies ,
Vers la -même heure. M. Deslandes, commis
saire de'police du quartier de Charonne, se "
présentait à l'école des Sœurs de.la Providence,
70, rue des Haies,' et* demandait la supérieure,
près de laquelle il était aussitôt introduit. ...
< La supérieure annonça alors au magistrat:
que les religieuses de son établissement refu
saient de sortir avant d'avoir consulté M. Salles,
président de la Société.civile .propriétaire de.
la inaisôn, et dont on attendait la venue.
Le commissaire résolut donc d'attendre aussi,
en faisant, les cent, pas' dans la rue, avec
M. Touny 1 / trui venait d'arriver de la rue Saint- "
Maùr, et M,bouvier, commissaire divisionnaire,'
qui ayait été désigné pour diriger, le service,
d'ordre ,commandé en raison des manifesta
tions annoncées: 5
. Disons; d'ailleurs, que ces manifestations*
n'ont pas-eu lieu. Quelques curieux seulement
se trouvaient, rué d es Haies et dans les .rues
voisines; mais aucun cri n'.était poussé:
: ,,Enfin,, M. Salles arriva' et, dans le parloir de
l'école, on tint' conseil. Il se trouvait là plu
sieurs prêtres, ainsi queM.de la Soudière,.can
didat << patriote antiministériel » aux dernières
élections législatives, et un certain' nombre
d'habitants du quartier qui'se proposaient de
constituer l'escorte défensive des religieuses.
L'avis auquel.on se rangea était qu'il, ne fal
lait pas partir et, quand M. Deslandes se pré
senta de nouveau, on lui fit part de ,la . décision
prise.: ' ■"
— Est-ce, madame, dit le magistrat à la SU-'
périeurej le président, de la Société civile qui
vous conseille de ne pas partir?
— Oui, monsieur. • ■
Cette réponse, rapportée "à M. Touny,.surprit
un peu ce dernier, M. Salles, disait-il, ayant
déclaré précédemment à la préfecture qu'il ne
s'opposerait pas au départ des Sœurs.
13 n'y avait plus qu'à dresser le procès-verbal
constalanl le refus des religieuses, ce qui fut
fait par le commissaire de police.
80, rue Boileau
A huit heures précises, M. Landel, commis
saire de police du quartier de la Porte-Dauphine,
s'est-présenté, rue Boileau, à l'école primaire
chrétienne dirigéepar les Sœurs de Sainte-Marie.
—Nouâ rejoindrons, ce matiu même, lui dit la
supérieure, notre maison mère.
Le magistrat se retira aussitôt. Sa mission n'a
vait pas été difficile. / . . ,
23^ boulevard Beau;séJour
Un peu plus compliquée a été celle de
M. Montlahuc qui s'est présenté à hùit heures
et demie à l'école Saint-Joseph, établissement
d'enseignement secondaire dirigé par desprêtres.
.La maison, qui compte environ. 250 élèves,
donnait asile à sept religieuses qui s'occupaient
de lingerie et de travaux de couture. Elles'
n'en furent pas moins comprises dans les me
sures de rigueur. Sans attendre les délais, elles
partirent ces jours derniers.
Le commissaire de police s'est assuré qu'elles
avaient bien quitté l'établissement. Il a ensuite
notifié à l'abbé Chastel, directeur de l'école, la
sommation faite il y a huit jours et il lui a'en""
suite ^demandé quelle résolution il comptait
prendre : .
C'est bien simple, a répondu l'abbé Chas
tel: je suis propriétaire de.l'établissement et jç
compte faire valoir tous mes droits auprès des
autorités compétentes. D'ailleurs'je suis par
faitement en règle avec la loi et. n'ai nulle
ment besoin d'autorisation pour une école d'eni
seignement secondaire. Une simple déclaration
suffit et je l'ai faite en 1895. i
Après avoir enregistré les déclarations de son
ihterlocUteùr, M. Montlahuc s'est retiré. Sa
visite n'avait pas duré moins d'une heure trois
quarts.
• 151) rue de Rome
C'est M. Roufîaud, com'missairé de police du
quartier des Batignolles, qui s'est présenté à
l'école professionnelle, de la-rue de Rome, dont
Mme Cartier est propriétaire. ...
Cette école é'st administrée par deux reugieu-
ses de l'ordre: de Sainte-Marie , qui vont
coucher tous les soirs rue Salneuve. :Onz«
professeurs -laïques sont chargés des classes el
'descours.")-" ■'■ 1
Le magistrat a été reçu par la Sœur Etienne,
qui s'est contentée de lui fournir les renseigne
ments qu'on vient de lire plus haut et qui, en
suite, lui a remis la protestation suivante de lî
part de la propriétaire de la maison :
Au nom de la liberté que prétend nous donnej
la République française; je proteste énergiqu©
inent contre l'arrêt préfectoral qui exp.ulse d«
ma propriété, sise, 151, rue de Rome, les Sœurs
de Sainte-Marie, que j'y ai établies, entièrement
à mes frais en 1882 comme surveillantes d<'
l'éfcole professionnelle catholique dont je présid«
le conseil d'administration depuis 18T3. J"entena«
rester maltresse de rùa propriété jusqu'à 1 c«
qu'un décret ayant foree de loi me soit présent*
légalement. ■ ■
M. Pban db Saint-Gilles.
• Veuve Paul Cartier.
M. Rouflaudi a annexé cette protestation î
son procès-verbal. , "
FEUILLETON dtj Petit Journal du 3ô J l'illst 1903
-7—
Les âiaiants t li morte
PREMIERE FARTre
(1)
i .e secret du Faktr
• V (Suite)
Pascal sourit :
■— Allons, ne tremblez pas, Madeleine,
je vous jure que' Satan n'est pour rien
dans tout ceci. Au contraire, le bon Dieu
vienj à. notre, secours, songez donc !
II faut de l'argent pour aller de l'avant
et nous n'en avions pas. Vendre la Posada
était plutôt une duperie, pour ce qu'il en
reste I Mais le : bien du père Gérard ça,
c'est plus.solide, et c'est à quoi tout de
suite j'ai- pensé. Q.uè crois-tu en avoir,
Philippe? ' /
— Si tout est ébmme je l'ai connu, au
Ihoins trente mille francs.
— Ça suffira ;• ça suffira à nous faire vi-
"vre jusqu'à^ce que l'affaire rapporte.
— Vôus êtes sur qu'elle, rapportera ?
demanda Madeleine.
—.Sûr'?... Mais c'est la fortune ce se
cret, gardons-le soigneusement; dans
trois ans au plus nous serons riches !
Riches ! s'écria Philippe.
— Riches ! s'exclama iVIadeleine.
— Allons, goguenarda Pascal, un bien-
(t) Traduction et reproduction interdite»
fait n'est jamais perdu— Sérieusement,
mes amis, je vous réponds du succès —
Ça me connaît, les formules chimiques 1
En ai-je assez potassé avec mylora 1...
Ça me connaît, vous dis-je ! vendez la
Posada, vends la vigne de Jurançon, et
en route pour Paris !
— Cela ie fera gros cœur de quitter
l'Espagne., Madeleine? lui demanda ten
drement son mari.
— Oh !non, la vie ici,voisrtu; devenait
trop dure ... plus de clients, plus d'argent;
nous aurions fini par mourir de faim*
nous et les petites !
— Elle a raisoD, murmura Pascal.
— Et puis, continua la jeuoe femme,
on dit que c'est superbe, Paris î - f .
Ginevra, à genoux devant la plate-
bande d'oeillets rouges dont elle cueillait
une touffe, regarda, le ciel, où s'éten
daient les bandes d'or du couchant. Les
dentelures du mont Serrât se découpaient
nettement en sombre sur cette splendeur,
et la fillette se dit en soupirant, songeant
aux paroles par hasard entendues :
— Quelque jolie que soit la France,
jamais elle ne me fera oublier mon
Espagne !...
Après cela, conclut-elle en manière de
consolation, quand je serai grande, Pascal
me regardera peut-être; alors, tout me
semblera beau !
L'affaire de la vente se conclut diffici
lement.
Certes, tous les troi3, les deux hommes
et Madeleine ne demandaient qu'une
chose : partir. Mais encore fallait-il avoir
de quoi faire La route, et les acquéreurs
de la posada ne semblaient guère dispo
sés à la payer comptant. ..
— Des promesses, allez au diable! criait
Pascal. C'est de l'argent qu'il nous faut.
Je vous demande un peu, une hôtellerie
semblable, la marchander/AhI l'on voit
bien que vous n'avez pas en face de vous
le père Pascalino ! . '
— Si nous l'y avions, certes 6ri pour
rait voir, kombre, répondaient les ama
teurs; alors c'était une belle auberge, il
y çassa. même un évêque ; mais au jour
qui se lève, c'est à peine si un torero
vient y coucher en allant à la course.
— C'est bon. c'est bon, on ne vous
demande pas votre avis, aussi bien Phi?
lippe est che^ le supérieur du couvent,
auquel on a, écrit au sujet de l'immeuble,
ainsi, pas besoin de vous;
— A votre aise, senor !
Philippe courait, en effet, sans songer à
sa peine. Après bien des allées èt venues,
des marches et contremarches sous le
soleil ou par la nuit, il parvint enfin à
dénicher un acquéreur.
Celui-ci paya peu, mais paya, et par
une adorable matinée d'octobre, Ua fa^
mille Gérard et leur ami Pascal prirent
place dans la patache faisant le service
de Cardona à Barcelone.
Tout à leur espoir, ce fut sans un re
gret qu'ils virent à un tournant de la
route, disparaître la grande maison rose;
Philippe soupira cependant : c'était là que
Madeleine était devenue sa femme !...
Canigou les reçut à bras ouverts.
Lorsqu'il, se vit de nouveau dans la
maison paternelle, à lui, cette fois, lors
qu'il se rendit compte que tout était en
bon état, que rien n'avait périclité, Phi
lippe hésita à faire pour Miraille ce qu'il
avait fait pour la Posada.
Il relisait chaque jour le parchemin, il
croyait à la promesse du mendiant, il
croyait à la science de Pascal, il avait la
Ifièvre de l'or, oui certes, mais en somme,
ils quitteraient le certain pour l'incertain.
On pourrait si bien vivre tranquilles
dans ce coin charmant.-Canigou, le brave
métayer, aiderait le patron,-Madeleine se
reposerait...
Ginevra devenait grandette;, si elle
voulait toujours apprendredansles livres,
on l'enverrait en pension à Pau.
Mina, toute blanche et frêle, le portrait
de Philippe -7- la nature a dis ces erreurs
^ ne savait encore que jouer, chère
petite ! ... Quant à Pascal, il serait bien
■'ici !. . :■ .
Et puis, Philippe se sentait souffrant, il
avait pris froid dans les gor|es de la
monto^ne, alors qu'il courait par pics et
; par vaux pour vendre l'hôtellerie ; quand
il serait mieux, on verrait; d'ailleurs, il
n'y avait pas péril en la demeure, et puis
ça lui semblait si bon, de se retrouver
chez lui.
Ainsi songeait-il devant l'àtre.
Lés premiers jours de novembre étaient
froids, le ciel clair promettait une petite
gelotéei pas forte, d'ailleurs, il ne, gèle
jamais beaucoup sur les coteaux de
Jurançon.
C'est égal, cela réjouit de voir pétiller
le sarment.
Ainsi songeait-il, en toussotant, pen
dant que Madeleine tricotait, et que Mina
endormait .unegrande poupée habillée en
gitauqe. , ,
Un accord de "harpe retentit, dans, le:
silence..'- . ■' ,■ .• •. ■'.
Philippe tressaillit. J
. — Ginevra joue là-haut ? demanda-t-il
àMadeleine.
-- Mais oui, tu l'entends.
Pourquoi n'ést-elle : pas descendue %
, Eile est triste, elle n'est pas comme
nous,'elle, regrette là patrië, elle veut
être seule,.. • ,,
— Tu as tort de céder à ses caprices.
— Ce n'est pas un caprice. ,Tu la connais
un peu farouche... ' : ;
— Bien Espagnole, cèlle-là!
— Qui donc? de qui parlez-vous, .de
manda Pascal en entrant.
Madeleine'lui envoya un sourire en
répondant: 1 1 r
. — De Ginevra. • ' ' : ; ;
— Elle joue déjà bien cette gamine-là!
; Il parut écouter une seconde, puis s'as-
seyant à côté de Philippe;
—* Vieux, tu «t'encroûtes, dit-il ; tù te
chauffés au,lieu de. . . je suis là heureu
sement: . apprête-toi à apprendre une
bonne nouvelle» :
— Laquelle
— Ahîtu te réveilles. Miraille est vendu
si tu veux?
,-^Conabiéh?
— Un prix siiperbe, quarante mille.
— Beau; prix en e:Tet.
.— Comptant. Tu as deux mois pour te
retourner; C'est-à-dire que les acneteurs
ne prendront' possession que dans deux
mois. Voilà un coup du sort, un hasard
admirable, tu les content ...
^-Content...
. — Allons pas de bêtises, àidez-moi àlfl
'décider, Maaeleinei _
— Je n'aurai pas cette peine, lui aussi
veut devenir riche • ' ' i .
' — Certes répondit Phillippe, certes je
le veux... ne me laissez pas être lâche,
mes amis ! '».. .. , ' ,
-+-,Mcïie ?• • • dit,Pascal. i .
— Eh oui !... pour un peu je resterais
suri ce domaine où je suis né».. pour un
peu je renoncerais à cette fortune dont
fa possession me hànte .. . Je suis ballotté
par tant dé sentiments divers... heureu
sement que vous êtes là. Alors c'est
vendu ?...
. —Si tu le veux.
—' Oui, merci Pascal. Ah I tu âs4e,l ? é-
nergie, toi :• '
' — Ne te calomnie pas, tu tes assea
donné de mal là-bas, à Cardona. à preuve
que tu'en es malade. Tu' tousses comme
un vieux soufflet, i. ' ,
. — Çà*passera... Dis-moi, c'estPindera2
l'acheteur? . , ...
Non, c'est Combiëra; Pinderaz avait
bien envie de Miraille, maisil,n'ofrjça.i1
que trente^cinq, Combiera a mis qua
rante, alors je lui ai demandé jusqu'à
demain rùatin pour te décider. — Je lui
ai fait croire que j'aurais du mal.
P'hilippe, sourit.
— Roublard î...
Ah ! un lég er mensonge c'est permis,
fttfest-ce pas, Madeleine ?
(La suite à demain.)
N oël 8AZAN.
SB jTAillet 4902
HOUVELLBS
L 'AFFAIRE DE W&R GtlERITTE
(Dépêche de notre correspondant)
Blida, 25 juillet:
Lès débats de l'affaire de Marguerite
ttèVant avoir lieu prochainement, le pror
cureur général de la cour'de Montpellier
a fait demander au parquet de Blida d]en-
voyfer'iflinîédiatement tous les dossiers
et pièces à conviction ayant trait à cette
affaire et qui sont déposés au greffe de
puis la répression de cette émeute.
Les menuisiers de Blida confectionnent
un grand nombre d'énormes caisses dans
lesquelles on entasse, pour être expé
diés, tous les outils et armes saisis au
cours' de l'instruction. Matraques, dje-
hiras, fusils de tous systèmes, flissas,
pistolets, turbans, burnous, chapelets
vont, passer incessamment sous les yeux
des jurés.. : . , .
On a joint à cet envoi une porte criblée
de coups i de poignard et portant des
traces de balles qui témoignent de la rage
des assaillants.
Lft SANT É D'EDO UARD
Londres, 25 juillet.
Le Daily News fait remarquer que,
malgrf les nouvelles favorables publiées
au sujet de la santé du roi, le fait que,
d'après le dernier bulletin, le malade n'a
pas encore été autorisé à s'asseoir ne
laisse pas d'être légèrement inquiétant.
En effet, dit-il, la période de quinze jours
Ïui nous sépare au couronnement sem-
le à peine suffisante pour permettre au
roi de régagner les forces qui lui seront
né çessaires pour supporter les fatigues
de la cérémonie du 9 août;
BANS
EXPÉRIENCES
LA MARINE ANGLAISE
(Dépêche" de notre correspondant}
Londres. 25 juillet.
Des expériences, qu'on a entourées
d'un profond mystère, ont eu lieu depuis
quelques semaines à. l'Ecole des ingé
nieurs navals, à Revham.Ils'agissaitd'es-
sayër des moteurs, dans lesquels le char-:
bon .serait remplacé par l'huile. On est
arrivé à, des résultats, d'une grande im
portance pour les navires de guerre.
> Il paraît que le pétrole : a été trouvé le
combustible remplissant le mieux toutes
les conditions. Quant à la chaudière nou
veau système, on l'a mise à l'essai dans
une halle spécialement construite pour
ce but. •
Tout a été soigneusement surveillé par
SL Melrose, inspecteur de l'amirauté.
Un petit nombre d'ingénieurs seulement
ont eu connaissance de ces expériences.
LES VOYAGES OU ROI D'ITALIE
-■'■■■■ Rome, 24 juillet.
La TrxbuHa déclare prématurée la
nouvelle' suivant laquelle le roi d'Italie
visiterait Paris au mois de septembre.
Ce journal ajoute avoir des raisons
Îour croire que le roi, après son voyage
.Berlin, ne fera. pas d'autres voyages
eR 1902..
SÉQUESTR ÉE DEPU IS SIX ANS
(Dépêche de l'Agence Eaoas)
Barcelone, 24 juillet.
La garde civile a.'.découvert dans un
chalet, situé dans le quartier Saint-Ger-
vàis, une séquestrée. ^
La victime se nomme Mlle Mercédès
Ferran; c'est la fille d'un riche médecin
de Barcelone, mort maintenant. Elle était
séquestrée depuis, six ans, pour des mo
tifs se rapportantàunimportanthéritage.
TERRIBLE A CCIDENT DE CHEVAL
(Dépêche de notre correspondant)
Niort, 25 juillet.
Hier après-midi, le colonel Levillain,
commandant le l'hussards, montait dans
la cour du quartier un clievai qui, ayant
été malade, n'était pas sorti depuis six
mois. A peine le colonel était-il en selie
que l'animal s'affaissa,, entraînant sous
lui son çàvalier. ,
Relevé sans" connaissance, perdant le
sang par le nez, la bouche et les oreilles,
te blessé fut transporté d'abord à l'infir
merie, puis à son domicile, rue Sairit-
Gelais, où il reçut les soins de plusieurs
médecins.
L'état du colonel Levillain inspire les
plus vives inquiétudes.
Le général de Sesmaisons s'est rendu,
aussitôt l'accident connu, au domicile du
blfessé. /
N ÉCROLOG IE
Les morts d'hier :
Le dessinateur Choubrac, décédé à
Paris, rue Damrémont.
Choubrac était l'auteur d'une multi
tude de costumes de théâtres. Il avait fait
aussi beaucoup de dessins pour les jour
naux illustrés et avait agrémenté de pe
tites figures très originales les boîtes d'al
lumettes-bougies de la Régie.
Dans l 'Afrique du Sud
Le commando Fouché -
Craddock, 24 juinei.
Deux cent vingt-neuf rebelles de la colonie du
Cap, ayant appartenu au commando de Fouché,
ont été condamnés, pour la vie, à la privation
de leurs droits électoraux. .
La commission des grâces
Londres, 24 juillet.
Le roi vient de. nommer une commission des
grâces chargée de reviser les sentences pro
noncées par les tribunaux militaires pendant la
guerre sud-africaine.
Elle se compose du lord chief-iustice, du juge
Bingham, du général sir John Àrdagh et d'un
secrétaire.
Elle s'embarquera le 9 août pour l'Afrique
du Sud. . ■
La nomination de cette commission contri
buera certainement à la pacification. On sait
que, pendant la guerre, les tribunaux militaires
ont condamné beaucoup d'Afrikanders du Cap,
qui s'étaient joints aux Boers et qu'un adoucis
sement ou une remise de peine rendrait certai
nement moins hostiles à l'Angleterre..
ARMÉE ET MARINE
MUTATIONS DANS L'ARTILLERIE
Le colonel Desjardins de Gérauvillier; com-
mandantle 18 e régiment, est maintenu comme
directeur k Langres.
Le colonel Perrot, directeur! Kaubeuge, est
nommé au commandement du 18® régiment.
Le lieutenant-colonel Lucas, directeur à Lan
gres, est nommé directeur à Maubeuge.
MANŒUVRES DE 8OU8-NIARINB
Cherbourg, 25 juillet.
Les submersibles Narval et Silure sont ren
trés au port, venant du Havre.
Les cinq submersibles autonomes sont 'prêts
à appareiller pour Saint-Malo, où de nouveaux
exercices auront lieu pendant trois jours, sous
la direction du vice-amiral Fournier.
LE8 NOUVELLE8 FORTIFICATION8
DE PARI8.
Le génie militaire étudie actuellement les
plans de nouveaux ouvrages de fortifications
à construire au Nord-Est de Paris, entre le fort
d'Aubervilliers et le fort de l'Est de Saint-Denis.
Ces nouveaux ouvrages sont destinés à rem
placer la portion d'enceinte que l'on se propose
ae démolir.
DAN8 LE8 NEIGES
De Modane : un véritable tour de force vient
d'être accompli par la il" batterie du 2'régiment
d'artillerie.
Cette batterie, détachée au fort de Lesseillon,
ayant reçu l'ordre de se rendre à Briançon, par
le Lautaret, pour y prendre part à des manœu
vres de tir en montagne, a franchi avec son
matériel complet le col du Galibier, où la neige
n'atteignait pas moins de trois mètres de hauteur
sur une longueur de près d'un kilomètre.
Malgré les difficultés de ce passage, qui fait
ie plus grand honneur à l'énergie des chefs et à
l'endurance des hommes, aucun accident ne
s'est produit.
LA PûLfflQPE A L'ÉÏ&âEGSt
SERBIE
Vienne, 25 juillet.
On mande de Belgrade à la Keue Presse :
On croit que la démission du cabinet Vouilch
ne sera pas açceptée par le roi. Celui-ci préfé
rerait, dit-on, le cas échéant, prononcer la dis
solution de la Skoupchtina- et faire procéder à
de nouvélles élections plutôt que de consentir
à la retraite du cabinet Vouitch.
VENEZUELA
New-York, 24 juillet.
! Un télégramme de Wilelmstadt annonce que
le Suchet et trois autres navires de guerre, un
américain, un hollandais et un allemand, sont:
arrivés à Puerto-Cabello pour y assurer la pro
tection de leurs nationaux, 2,000 insurgés se
trouvent aux environs de la ville.
Le commandant du navire de guerre améri
cain Cincinnati télégraphie' qu'on s'attend d'un
©ornent à l'autre à ce que la ville soit attaquée.
HAÏTI
Washington, 24 juillet.. ,
On télégraphie du Cap-Haïtien qu'une armée,
formée dans le département de l'Artibonite" et
dans les districts favorables au général Firmjn,
s'avance de trois côtésàlafois surle Cap-Haïtien.
CHINE
Londres, 25 juillet.
.On télégraphie de Shanghaï, 24 juillet, au
Times :' - • ■
Le viçe-roi de \You-Ghang a reçu lundi un
télégramme contenant la sanction du gouver
nement chinois pour un article proposé par
Cheng et approuvé par le vice-roi. Cet article
porte abolition complète du likin dans tout
l'empire, ce qui assure ainsi le libre transit des
marchandises étrangères et indigènes.
Le correspondant du Times dit que le projet
comporte une augmentation des droits d'impor
tation.
D'autre part,, le correspondant du' même
journal à Pékin, mentionnant le même projet,
dit qu'il comporte un accroissement des droits
d'exportation.
INHMTIOflS mm
L'enquête sur l'élection de Montreull
La commission de la Chambre des députés
chargée de procéder à une enquête sur l'élec
tion de M. Truy, dans l'arrondissement de Monr
treuil-sur-Mer (Pas-de-Calais) se transportera
le 2 août à. Berçk, lé 3 août à Montreuil, le
i août à Etaples, le 5 août à Hesdin, le 6 août à
Fruges, le 7 août à Hucqueliers et l,e 8 août à
Campagne.
L'EXPLOSION DE SATORY
Enôore un mort
Un blessé moribond
A l'hôpital militaire
, Préparatifs de funérailles
A la veille de la retraite
Il nous faut enregistrer un nouveau décès
produit par la terrible explosion du camp de
Satory, ce qui porté, à cinq le nombre des tués.
Alexandre Roguét, l'un des sapeurs les plus
grièvement blessés, a succombé jeudi soir, à six
heures, après une cruelle agonie. Il était origi
naire, de Tours.
Le frère du lieutenant Hernu, dont les parents
sont retenus par la maladie dans la ferme qu'ils
exploitent à Sira'court (Pas-de-Calais),est arrivé
hier à Versailles pour s'occuper, conjointement
avec l'autorité militaire, des obsèques du
malheureux officier. ,
Mme Hernu mère a été très affectée par la
mort de son fils aîné et son état inspire de
vives inquiétudes.
L'état des blessés
Le sergent Texier t et le sapeur Marius Ri
chard, malgré la gravité de leur situation, ont
passé une nuit assez calme et leur état ne '
s'était pas aggravé hier.
Malheureusement,il n'en est pas de même du
caporal Georges Miné; une fièvre intense: s'est
emparée du blessé et l'on s'attend à une issue
fatale d'un moment à l'autre.
Les autres blessés, qui avaient été conduits à
l'infirmerie régimentaire, sont tous dans un état
satisfaisant. Les consignes les plus sévères ont
d'ailleurs été données par l'autorité mili
taire pour que l'on ne puisse connaître le chiffre
exaGt de ces blessés, consignes maladroites qui
n'ont eu d'autre résultat que de jeter l'alarme
dans les familles.
En effet, lettres et télégrammes, émanant de
parents alarmés par la nouvelle de la catas
trophe^ ont afflué,' hier, au quartier des
Petites-Ecuries alors qu'il était si simple de
rassurer les intéressés, en donnant officielle-
ment la liste des blessés.
Peu à peu, les familles des victimes sont' ar
rivées dans la journée à l'hôpital militaire.; leur
douleur faisait peine à voir»
MM. Dieu, directeur du service de santé au;
ministère de la guerre, et Chauvel, directeur du
service de santé du gouvernement militaire des
Paris, se sont rendus k l'hôpital où ils ont visité
les blessés.
Le général Naquet-Laroque,: au nom du mi
nistre de la guerre, et le général de Merlain-
court, se sont également rendus au chevet des
victimes.
Enfin, le président de la République et le
préfet de Seine-.et-ûise ont. fait prendre à nou
veau. hier matin, des nouvelles des quatre hles-
sés en traitement à l'hôpital.
Les obsèques
A midi précis, les corps des cinq victimes de la
catastrophe, placés dans des cercueils dechjme,
ont été transportés dans la petite chapelle.de
l'hôpital militaire, transformée en chapelle ar
dente. Le service d'honneur a été pris par un
piquet du'1 er génie.
Rien n'a été encore arrêté définitiyement à
l'égard des obsèques. Toutefois,. 1 d'âpres les
prévisions officielles, le service funèbrè sera
célébré aujourd'hui à la cathédrale Saint-Louis
de Versailles, et, après la cérémonie, les corps
seront transportés dans les localités désignées
par les familles. Tous, les frais seront supportés
parle 1 er génie. ■■
Les enquêtes
! Les enquêtes ouvertes parallèlement sous les
.ordres du colonel Têtard, commandant le l c „ r
génie, et du général Lebon, commandant la
ï»lace de Versailles, sa sont poursuivies hier,
sans donner de nouveaux résultats.
L'adjuda«i Rémy et les sapeurs qui ont
échappé à l'accident ont été entendus par les
officiers instructeurs. Malheureusement,. les
blessés de l'hôpital militaire, qui seuls pour
raient fournir des renseignements précis, ne
pourront être entendus de sitôt, en admettant
qu'ils survivent & leurs horribles blessures.
1 f ' f L'adjudant Garnier
L'adjudant Auguste Çarnier, qui a Tété tué à
cOté de son officier, était fort aimé de ses
chefs ' comme de ses subordonnés; il avait' fait
presque toutes les dernières campagnes colo
niales, depuis le Tonkin jusqu'à Madagascar.
Au rétour de cette dernière expédition, .il s'é
tait marié et demeurait, 33, rue des Bourdon
nais, à Versailles. ■ ,
Mme Garnier avait été une des premières à
apprendre la catastrophe.
La malheureuse femme courut aussitôt, tout
éplorée, au quartier du 1 er génie, où le colonel
lui apprit, avec beaucoup de ménagements, que
son mari était parmi les blessés.
Du quartier, Mme Garnier tint , à se rendre
à l'hôpital, sous l«f conduite d'un collègue de
son mari, et, comme i elle voulait absolument
voir celui-ci, il ne fut pas possible de lui ca
cher plus longtemps la triste réalité.
Ce' fut une des Sœurs de l'hôpital militaire
qui se chargea de lui révéler la vérité, avec
tous les'ménagements possibles, et Mme Gar
nier ne se retira qu'après avoir obtenu la per
mission d'embrasser une dernière fois son mari
qu'elle avait quitté gai et plein d'entrain quel
ques heures auparavant et qu'elle retrouvait
inanimé et méconnaissable.
M. Garnier avait un frère, employé au labo
ratoire municipal de la ville de Paris, qui, pré
venu par télégramme du malheur qui le frappait,
est accouru dans la soirée à Versailles.
Comme.nous l'avons dit hier, l'adjudant Gar
nier allait bientôt prendre sa retraite. ,
Deuil et condoléances
Le président de la République, avisé par un'
coup de téléphone d» préfet de Seine-et-Oise
de la catastrophe de Satory, a fait demander
jeudi, à deux reprises, des nouvelles de l'état des
blessés. .
M. Poirson, les généraux de, Morlaincaurt et
Lebon, commandant,le premier,le département,
le second, la place do Versailles, se sont rensei
gnés, à plusieurs reprises également, sur l'état
des victimes et le général Lebon a prescrit dé
son côté une enquête. .
. La musique du 1 er génie qui devait jouer,
comme, tous les jeudis, dans la cour de l'hôpi
tal militaire, avait étécontremandée et toutes les
visites avaient été suspendues à l'hôpital en
raison de l'accident.
Ajoutons qu'un cordon, de sentinelles a été
placé autour du théâtre de la catastrophé pour
en interdire l'accès jusqu'à la conclusion de
l'enquête. ,
Encore une Fausse piste
= Grand émoi ces jours derniers au service de
la Sûreté. On croyait encore une: fois tenir les
Humbert. Tous les grands chefs : Cochefert,
Hamard, etc., suivis de leurs plus fins limiers...
s'étaient précipités à la gare de Lyon. . . pour
siisir une caisse adressée à Mme Humbert en
gare, à Sofia, avec la mention [faire suivre). La
caisse saisie et ouverte aussitôt ne contenait que
dix litres de « Dubonnet» et deux litres de citron.
La question irlanda ise an Par lement d'Angleterre
Londres, 25 juillet.
Chambre des communes, — Au cours de la
discussion d'une motion de M. John Redmond,
proposant la réduction des crédits affectés au
ministère irlandais, comme protestation contre
la politique du gouvernement en Irlande,
M. William O'Brien s'est livré à une violente
attaque contre M. Wyndham.
11 a déclaré que si le prince Henri entrait
dans la baie de Bantry et y débarquait 400,000
fusils, on n'aurait pas" besoin des organisateurs
professionnels de la Ligue irlandaise unie pour,
décider tous les jeunes gens dignes de ce nom,
à suivre le prince Henri. • >■■■
M. Wyndham, dans un discours fréquemment
interrompu par les députés irlandais, a défendu;
la politique du gouvernement. > i
': La motion Redmond a été rejetée par 196
voix contre 135. La proclamation du scrutin a
été accueillie par les applaudissements ironi
ques des députés irlandais.
La séance est levée.
LE PROTECTORAT AHGLO-JAPONAIS
SUR LA CORÉE
Cologne, 25 juillet. :
On mande de Saint-Pétersbourg à la Gazette
de Cologne à la date du 24 courant :
Le journal Jessent Libo, qui paraît à Séoul,
.annonce que les ministres d'Angleterre et du
Japon d'une part, les ministres de la cour
.coréenne assistés dé l'attaché japonais Rate
Kato et agissant sur l'ordre de l'empereur de
Corée d'autre part, ont conclu une coavention
aux termes de laquelle, dans les questions im
portantes au point de vue de l'administration
intérieure de la Corée et dans celles qui concer
nent sa. poh'tique : extérieure,' l'Angleterre et lé
Japon assisteront la Corée de leurs conseils et
de leurs, forces en vue de maintenir son indé
pendance. .
La Corée s'engage en revanche' h donner à
ses forces de terre-et de mer la puissance né
cessaire pour se défendre.: Si la Corée se trou
vait avoir besoin ou. estimait opportun; d'avoir
recours aux marchés financiers étrangers, .elle
ne contracterait à l'avenir d'emprunt que sur
les marchés anglais,'japonais ou américain.. Elle
n'est pas autorisée à prendre des étrangers
comme, fonctionnaires publics
: Les mesures nécessaires pour la protection
du.territoire coréen doivent être prises sans
retard. 11 devra être protesté immédiatement,
dans chaque cas. qui se présentera, contre l'édi
fication de constructions, de quelque sorte
qu'elles soient, par des puissances étrangères
ou leurs nationaux dès que ces constructions
seraient dé naturé à contrarier la défense dè la
Corée.: ' ; ' ' • '
"~L'ACCID£NOË PÏÏTEAUI
L'état de M. Aunos s'est très sensiblement
amélioré et maintenant toute crainte d'ampu
tation parait définitivemeht écartée. • -
Aussi, la mère du blessé, qui jusqu'alors
n'avait pas abandônné un instant le'chevet du
jeune saint-cyrièn, a-t'-elle pu quitter, rassurée,
Versailles jeiidi matib, pour retourner à Bor
deaux. ' ■- •' 1 '
Maladie de foie! — S,t-Auvent (Haute-
Vienne), le 6 novembre 1900. De puis plusieurs
années je suis .atteint d'une maladie de foie qui,
àchaquechangementdesaison, me rendtr'ès souf
frant. Aussitôt que je fais usage de vos Pilules
Suisses, je suis soulagé. " .H; B run (Sign. lég.)
AM. Hertzog. pharm., 28, r.de Grammont; à Paris.
la Fermeture
DES
Ecoles coaorÉganîEtas
■ Une réunion,de protestation: contre la circu
laire ministérielle a été tenue, jeudi soir, 33, rue
Blomet, à Vaugirard. L'assistance était nom
breuse et l'on, y remarquait beaucoup de mères
de famille, des" enfants aussi: ••
Par pëtits groupes^ à travers le service d'or
dre établi aux abords de l'immeuble, des
contre-ïpiaiiifestants pénétrèrent dans la salle
du débit de vins attenant à la salle de réunion,
répondant au discours que l'on y prononçait par
le refrain de la Carmagnole. Leur intention
était d'accuèillir ' lès auditeurs du meeting k
leur sortie par des cris et des chants révolution
naires ; mais, afin de tuer le temps, eux aussi
se mirent à tenir leur petite réunion.
Deis' discours furent prononcés et. lorsqu'un
ordre du jour eut été voté, la contre-manifes
tation se dirigea vers ' la rue Copreâu où» se
trouve la sortie de la salle de réunion. Une dé
convenue l'y attendait : le meeting de protes
tation étaitterminé et très tranquillement, l'assis
tance s'était'dispersée'depuis longtemps.
. . Rue Salni-lâaur
Peu de monde dans la rue, contrairement
aux prévisions, quand, hier matin, à huit heures,
M. Bottollier-Lasquin, commissaire de police du
quartier Saint-Ambroise, est allé frapper à la
grande porte de l'établissement des religieuses
de Sainte-Marie, pour exécuter les instructions
qu'il avait reçues.
IJn homme se montre à une fenêtre du pre
mier étage et le dialogue suivant s'échange :
— Que demandez-vous ? i ;
- .< Je suis le commissaire de police du quar
tier et je :voudrais voir Mme la supérieure.
» — vous vous trompez de'porte ; ici, c'est la
porte oû l'on reçoit les assistés.' La porte de
l'école est plus loin.
Le magistrat se rend à l'autre porte et frappe.
Son interlocuteur de tout à l'heure reparaît à
la fenêtre' du premier et le dialogue recom
mence :
— Qui demandez-vous î ' •
— Mme la supérieure. i
■ —s Elle n'est pas; visible: .
— Je désire parler à Mme la supérieure.
: —.Elle n'est pas visible. « ., .
— Voulez-vous ouvrir?
— Au nom de la Liberté, nous refusons d'ou
vrir. ;
— C'est bon !
Et le commissaire s'en alla, n'ayant pu que
constate? qu'on ne voulait pas lui ouvrir la
porte.
La personne qui lui répondait était le secré
taire de M. Jules Guérin, exilé de-France après
le siège légendaire du lort Chabrol.
D'ailleurs, dans la . foule qui augmentait peu
à peu âux abords de la maison des Sœurs, ces
deux mots : Fort Chabrol, couraient de bo'uche
en bouche. On affirmait que l'établissement,;
rempli de défenseurs, s'apprêtait à soutenir un!
.siège. ; /.■■•/'. . ,
Des placards venaient d'être apposés, suri
lesquels on lisait : La liberté est morte ! Mais,
les nombreux, gardiens de la paix ne laissaient 1
pas les groupes, se former et empêchaient tout
stationnement. ,
.Non loin dans le square Parmentier, MM.
Touny et Mouquin, directeur et sous-directeur
.de .la police municipale, se promenaient mélan
coliquement. Puis,'M. Touny, ayant .appris la
réponse faite au coiiunissaire de police, monta
dans sa voiture pour se rendfè h l'établisse
ment des Sœurs de la Providence, rue des
Haies,, tandis que M. Mouquin demeurait rue;
Saint-Maur, persistant à entamer des pourpar-.
lers avec les Sœurs èt voulant leur faire com
prendre qu'il ne s'agissait pas d'expulsion im
médiate, mais simplement d'un acte de- la pro
cédure en cours. ' J ' :
M. Mouquin fest enfiii arrivé à parlementer.
Mais' la supérieure'lùi a netteihent déclaré que !
les S<®urs refusaient de partir, ce qui fut consi
gné dans le procès-verbal de constat dressé par
le.commissaire..;;,>
' A l'intérieurde l'établissement, les religieuses-
faissûent, leurs prières, dans la chapglle,. tandis ^
qu'une foule, d'amis, hommes et femmes, très "
emus, échàngeaiont leurs impressions avec i
quelques prêtres attristés!'
Mais*il s'y trouvait aussi un certain nombre^
de'jeùnes gens résolus et qui, disait-on, étaient •
armés de fusils et de revolvers pour défendre
les Sœurs au cas où leur maison aurait été
l'objét d'une attaque de la par.t des< socialistes,
i Des forces considérables avaient été réparties: :
dans différents endroits du quartier, notamment
à la mairie du onzième arrondissement, dont la
cour était pleine de.gârdes municipaux à cheval •
èt à pied. - . .■ rJ ;
. . Bue des Haies ,
Vers la -même heure. M. Deslandes, commis
saire de'police du quartier de Charonne, se "
présentait à l'école des Sœurs de.la Providence,
70, rue des Haies,' et* demandait la supérieure,
près de laquelle il était aussitôt introduit. ...
< La supérieure annonça alors au magistrat:
que les religieuses de son établissement refu
saient de sortir avant d'avoir consulté M. Salles,
président de la Société.civile .propriétaire de.
la inaisôn, et dont on attendait la venue.
Le commissaire résolut donc d'attendre aussi,
en faisant, les cent, pas' dans la rue, avec
M. Touny 1 / trui venait d'arriver de la rue Saint- "
Maùr, et M,bouvier, commissaire divisionnaire,'
qui ayait été désigné pour diriger, le service,
d'ordre ,commandé en raison des manifesta
tions annoncées: 5
. Disons; d'ailleurs, que ces manifestations*
n'ont pas-eu lieu. Quelques curieux seulement
se trouvaient, rué d es Haies et dans les .rues
voisines; mais aucun cri n'.était poussé:
: ,,Enfin,, M. Salles arriva' et, dans le parloir de
l'école, on tint' conseil. Il se trouvait là plu
sieurs prêtres, ainsi queM.de la Soudière,.can
didat << patriote antiministériel » aux dernières
élections législatives, et un certain' nombre
d'habitants du quartier qui'se proposaient de
constituer l'escorte défensive des religieuses.
L'avis auquel.on se rangea était qu'il, ne fal
lait pas partir et, quand M. Deslandes se pré
senta de nouveau, on lui fit part de ,la . décision
prise.: ' ■"
— Est-ce, madame, dit le magistrat à la SU-'
périeurej le président, de la Société civile qui
vous conseille de ne pas partir?
— Oui, monsieur. • ■
Cette réponse, rapportée "à M. Touny,.surprit
un peu ce dernier, M. Salles, disait-il, ayant
déclaré précédemment à la préfecture qu'il ne
s'opposerait pas au départ des Sœurs.
13 n'y avait plus qu'à dresser le procès-verbal
constalanl le refus des religieuses, ce qui fut
fait par le commissaire de police.
80, rue Boileau
A huit heures précises, M. Landel, commis
saire de police du quartier de la Porte-Dauphine,
s'est-présenté, rue Boileau, à l'école primaire
chrétienne dirigéepar les Sœurs de Sainte-Marie.
—Nouâ rejoindrons, ce matiu même, lui dit la
supérieure, notre maison mère.
Le magistrat se retira aussitôt. Sa mission n'a
vait pas été difficile. / . . ,
23^ boulevard Beau;séJour
Un peu plus compliquée a été celle de
M. Montlahuc qui s'est présenté à hùit heures
et demie à l'école Saint-Joseph, établissement
d'enseignement secondaire dirigé par desprêtres.
.La maison, qui compte environ. 250 élèves,
donnait asile à sept religieuses qui s'occupaient
de lingerie et de travaux de couture. Elles'
n'en furent pas moins comprises dans les me
sures de rigueur. Sans attendre les délais, elles
partirent ces jours derniers.
Le commissaire de police s'est assuré qu'elles
avaient bien quitté l'établissement. Il a ensuite
notifié à l'abbé Chastel, directeur de l'école, la
sommation faite il y a huit jours et il lui a'en""
suite ^demandé quelle résolution il comptait
prendre : .
C'est bien simple, a répondu l'abbé Chas
tel: je suis propriétaire de.l'établissement et jç
compte faire valoir tous mes droits auprès des
autorités compétentes. D'ailleurs'je suis par
faitement en règle avec la loi et. n'ai nulle
ment besoin d'autorisation pour une école d'eni
seignement secondaire. Une simple déclaration
suffit et je l'ai faite en 1895. i
Après avoir enregistré les déclarations de son
ihterlocUteùr, M. Montlahuc s'est retiré. Sa
visite n'avait pas duré moins d'une heure trois
quarts.
• 151) rue de Rome
C'est M. Roufîaud, com'missairé de police du
quartier des Batignolles, qui s'est présenté à
l'école professionnelle, de la-rue de Rome, dont
Mme Cartier est propriétaire. ...
Cette école é'st administrée par deux reugieu-
ses de l'ordre: de Sainte-Marie , qui vont
coucher tous les soirs rue Salneuve. :Onz«
professeurs -laïques sont chargés des classes el
'descours.")-" ■'■ 1
Le magistrat a été reçu par la Sœur Etienne,
qui s'est contentée de lui fournir les renseigne
ments qu'on vient de lire plus haut et qui, en
suite, lui a remis la protestation suivante de lî
part de la propriétaire de la maison :
Au nom de la liberté que prétend nous donnej
la République française; je proteste énergiqu©
inent contre l'arrêt préfectoral qui exp.ulse d«
ma propriété, sise, 151, rue de Rome, les Sœurs
de Sainte-Marie, que j'y ai établies, entièrement
à mes frais en 1882 comme surveillantes d<'
l'éfcole professionnelle catholique dont je présid«
le conseil d'administration depuis 18T3. J"entena«
rester maltresse de rùa propriété jusqu'à 1 c«
qu'un décret ayant foree de loi me soit présent*
légalement. ■ ■
M. Pban db Saint-Gilles.
• Veuve Paul Cartier.
M. Rouflaudi a annexé cette protestation î
son procès-verbal. , "
FEUILLETON dtj Petit Journal du 3ô J l'illst 1903
-7—
Les âiaiants t li morte
PREMIERE FARTre
(1)
i .e secret du Faktr
• V (Suite)
Pascal sourit :
■— Allons, ne tremblez pas, Madeleine,
je vous jure que' Satan n'est pour rien
dans tout ceci. Au contraire, le bon Dieu
vienj à. notre, secours, songez donc !
II faut de l'argent pour aller de l'avant
et nous n'en avions pas. Vendre la Posada
était plutôt une duperie, pour ce qu'il en
reste I Mais le : bien du père Gérard ça,
c'est plus.solide, et c'est à quoi tout de
suite j'ai- pensé. Q.uè crois-tu en avoir,
Philippe? ' /
— Si tout est ébmme je l'ai connu, au
Ihoins trente mille francs.
— Ça suffira ;• ça suffira à nous faire vi-
"vre jusqu'à^ce que l'affaire rapporte.
— Vôus êtes sur qu'elle, rapportera ?
demanda Madeleine.
—.Sûr'?... Mais c'est la fortune ce se
cret, gardons-le soigneusement; dans
trois ans au plus nous serons riches !
Riches ! s'écria Philippe.
— Riches ! s'exclama iVIadeleine.
— Allons, goguenarda Pascal, un bien-
(t) Traduction et reproduction interdite»
fait n'est jamais perdu— Sérieusement,
mes amis, je vous réponds du succès —
Ça me connaît, les formules chimiques 1
En ai-je assez potassé avec mylora 1...
Ça me connaît, vous dis-je ! vendez la
Posada, vends la vigne de Jurançon, et
en route pour Paris !
— Cela ie fera gros cœur de quitter
l'Espagne., Madeleine? lui demanda ten
drement son mari.
— Oh !non, la vie ici,voisrtu; devenait
trop dure ... plus de clients, plus d'argent;
nous aurions fini par mourir de faim*
nous et les petites !
— Elle a raisoD, murmura Pascal.
— Et puis, continua la jeuoe femme,
on dit que c'est superbe, Paris î - f .
Ginevra, à genoux devant la plate-
bande d'oeillets rouges dont elle cueillait
une touffe, regarda, le ciel, où s'éten
daient les bandes d'or du couchant. Les
dentelures du mont Serrât se découpaient
nettement en sombre sur cette splendeur,
et la fillette se dit en soupirant, songeant
aux paroles par hasard entendues :
— Quelque jolie que soit la France,
jamais elle ne me fera oublier mon
Espagne !...
Après cela, conclut-elle en manière de
consolation, quand je serai grande, Pascal
me regardera peut-être; alors, tout me
semblera beau !
L'affaire de la vente se conclut diffici
lement.
Certes, tous les troi3, les deux hommes
et Madeleine ne demandaient qu'une
chose : partir. Mais encore fallait-il avoir
de quoi faire La route, et les acquéreurs
de la posada ne semblaient guère dispo
sés à la payer comptant. ..
— Des promesses, allez au diable! criait
Pascal. C'est de l'argent qu'il nous faut.
Je vous demande un peu, une hôtellerie
semblable, la marchander/AhI l'on voit
bien que vous n'avez pas en face de vous
le père Pascalino ! . '
— Si nous l'y avions, certes 6ri pour
rait voir, kombre, répondaient les ama
teurs; alors c'était une belle auberge, il
y çassa. même un évêque ; mais au jour
qui se lève, c'est à peine si un torero
vient y coucher en allant à la course.
— C'est bon. c'est bon, on ne vous
demande pas votre avis, aussi bien Phi?
lippe est che^ le supérieur du couvent,
auquel on a, écrit au sujet de l'immeuble,
ainsi, pas besoin de vous;
— A votre aise, senor !
Philippe courait, en effet, sans songer à
sa peine. Après bien des allées èt venues,
des marches et contremarches sous le
soleil ou par la nuit, il parvint enfin à
dénicher un acquéreur.
Celui-ci paya peu, mais paya, et par
une adorable matinée d'octobre, Ua fa^
mille Gérard et leur ami Pascal prirent
place dans la patache faisant le service
de Cardona à Barcelone.
Tout à leur espoir, ce fut sans un re
gret qu'ils virent à un tournant de la
route, disparaître la grande maison rose;
Philippe soupira cependant : c'était là que
Madeleine était devenue sa femme !...
Canigou les reçut à bras ouverts.
Lorsqu'il, se vit de nouveau dans la
maison paternelle, à lui, cette fois, lors
qu'il se rendit compte que tout était en
bon état, que rien n'avait périclité, Phi
lippe hésita à faire pour Miraille ce qu'il
avait fait pour la Posada.
Il relisait chaque jour le parchemin, il
croyait à la promesse du mendiant, il
croyait à la science de Pascal, il avait la
Ifièvre de l'or, oui certes, mais en somme,
ils quitteraient le certain pour l'incertain.
On pourrait si bien vivre tranquilles
dans ce coin charmant.-Canigou, le brave
métayer, aiderait le patron,-Madeleine se
reposerait...
Ginevra devenait grandette;, si elle
voulait toujours apprendredansles livres,
on l'enverrait en pension à Pau.
Mina, toute blanche et frêle, le portrait
de Philippe -7- la nature a dis ces erreurs
^ ne savait encore que jouer, chère
petite ! ... Quant à Pascal, il serait bien
■'ici !. . :■ .
Et puis, Philippe se sentait souffrant, il
avait pris froid dans les gor|es de la
monto^ne, alors qu'il courait par pics et
; par vaux pour vendre l'hôtellerie ; quand
il serait mieux, on verrait; d'ailleurs, il
n'y avait pas péril en la demeure, et puis
ça lui semblait si bon, de se retrouver
chez lui.
Ainsi songeait-il devant l'àtre.
Lés premiers jours de novembre étaient
froids, le ciel clair promettait une petite
gelotéei pas forte, d'ailleurs, il ne, gèle
jamais beaucoup sur les coteaux de
Jurançon.
C'est égal, cela réjouit de voir pétiller
le sarment.
Ainsi songeait-il, en toussotant, pen
dant que Madeleine tricotait, et que Mina
endormait .unegrande poupée habillée en
gitauqe. , ,
Un accord de "harpe retentit, dans, le:
silence..'- . ■' ,■ .• •. ■'.
Philippe tressaillit. J
. — Ginevra joue là-haut ? demanda-t-il
àMadeleine.
-- Mais oui, tu l'entends.
Pourquoi n'ést-elle : pas descendue %
, Eile est triste, elle n'est pas comme
nous,'elle, regrette là patrië, elle veut
être seule,.. • ,,
— Tu as tort de céder à ses caprices.
— Ce n'est pas un caprice. ,Tu la connais
un peu farouche... ' : ;
— Bien Espagnole, cèlle-là!
— Qui donc? de qui parlez-vous, .de
manda Pascal en entrant.
Madeleine'lui envoya un sourire en
répondant: 1 1 r
. — De Ginevra. • ' ' : ; ;
— Elle joue déjà bien cette gamine-là!
; Il parut écouter une seconde, puis s'as-
seyant à côté de Philippe;
—* Vieux, tu «t'encroûtes, dit-il ; tù te
chauffés au,lieu de. . . je suis là heureu
sement: . apprête-toi à apprendre une
bonne nouvelle» :
— Laquelle
— Ahîtu te réveilles. Miraille est vendu
si tu veux?
,-^Conabiéh?
— Un prix siiperbe, quarante mille.
— Beau; prix en e:Tet.
.— Comptant. Tu as deux mois pour te
retourner; C'est-à-dire que les acneteurs
ne prendront' possession que dans deux
mois. Voilà un coup du sort, un hasard
admirable, tu les content ...
^-Content...
. — Allons pas de bêtises, àidez-moi àlfl
'décider, Maaeleinei _
— Je n'aurai pas cette peine, lui aussi
veut devenir riche • ' ' i .
' — Certes répondit Phillippe, certes je
le veux... ne me laissez pas être lâche,
mes amis ! '».. .. , ' ,
-+-,Mcïie ?• • • dit,Pascal. i .
— Eh oui !... pour un peu je resterais
suri ce domaine où je suis né».. pour un
peu je renoncerais à cette fortune dont
fa possession me hànte .. . Je suis ballotté
par tant dé sentiments divers... heureu
sement que vous êtes là. Alors c'est
vendu ?...
. —Si tu le veux.
—' Oui, merci Pascal. Ah I tu âs4e,l ? é-
nergie, toi :• '
' — Ne te calomnie pas, tu tes assea
donné de mal là-bas, à Cardona. à preuve
que tu'en es malade. Tu' tousses comme
un vieux soufflet, i. ' ,
. — Çà*passera... Dis-moi, c'estPindera2
l'acheteur? . , ...
Non, c'est Combiëra; Pinderaz avait
bien envie de Miraille, maisil,n'ofrjça.i1
que trente^cinq, Combiera a mis qua
rante, alors je lui ai demandé jusqu'à
demain rùatin pour te décider. — Je lui
ai fait croire que j'aurais du mal.
P'hilippe, sourit.
— Roublard î...
Ah ! un lég er mensonge c'est permis,
fttfest-ce pas, Madeleine ?
(La suite à demain.)
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