Titre : Revue municipale : recueil hebdomadaire d'études édilitaires pour la France et l'étranger
Auteur : Association communale de France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1898-03-12
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32860840q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27309 Nombre total de vues : 27309
Description : 12 mars 1898 12 mars 1898
Description : 1898/03/12 (A1,T1,N20). 1898/03/12 (A1,T1,N20).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6156349z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-1062
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
REVUE MUNICIPALE
Recueil d'Études sur les Questions édilitaires
Rédacteur en Chef : Albert JUONTJHEUIL
NUMÉRO S©
1" SÉRIE. — TOME I
SAMEDI 12 MARS 1898
LA MI-CARÊME
VIEUX-PARIS
Depuis quelques années, les fêtes de la Mi-
Carême ont eu un regain d'actualité dans la
population parisienne. Des comités se sont
organisés pour leur donner le plus d'éclat pos-
sible. Malgré quelques dissentiments, les étu-
diants et les commerçants se sont mis d'accord
pour coopérer à une cavalcade commune, bril-
lante en somme, et qui n'est pas un des moindres
attraits du Carnaval parisien. La Mi-Carème
renaît donc de ses cendres, après un assez long
interrègne. Il fautsouhaiter que cette fête garde
la vogue dont elle jouit aujourd'hui. Elle a un
double avantage: elle est une source de revenus
pour quelques-uns et un prétexte, pour le plus
grand nombre, à oublier les ennuis quotidiens,
les scandales périodiques qui troublent la con-
science d'un pays.
A quelle époque remonte l'invention de la
Mi-Carême ? On ne peut fixer aucune date pré-
cise. Il est permis de dire que la Mi-Carème est
bien plus récente que le Mardi-Gras. Cela se
comprend. Au fur et à mesure que se perdait le
respect absolu des coutumes religieuses — et,
par exemple, la stricte observation des quarante
jours de jeûne — le besoin de s'émanciper d'une
règle dont souffrait particulièrement la classe
pauvre, grandissait de plus en plus. Tout le
monde d'ailleurs avait senti de très bonne
heure le besoin de couper, par des plaisirs
bruyants, une longue période d'abstinence.
Quand la foi se fut encore affaiblie, on jugea
bon de marquer une halte sur ce grand chemin
de privations.
Il est évident que ce sont là les causes
morales — pour ainsi parler — de cette fête qui
est une répétition du Mardi-Gras. Dans quelles
circonstances, en quelle année, eût lieu la pre-
mière célébration de la Mi-Carême ? Les érudits
ne sont pas d'accord.
On attribue généralement son existence à
l'usage établi dans quelques petites villes de
province de recommencer les soirées dansantes
des jours gras. Dans le Languedoc et en
Auvergne, les jeunes gens offraient aux jeunes
filles un bal le soir du Mardi-Gras. Le troisième
jeudi du Carême, les jeunes filles, à leur tour,
offraient un bal aux jeunes gens. La coutume
gagna Paris et, au quinzième siècle, on relate
dans la capitale les premières fêtes de la Mi-
Carême.
Elles se confondirent assez vite avec les fêtes
des corporations. Chaque année, dans les ate-
liers, on élisait des rois de métier. On nomma
en plus des reines qui, bizarrement costumées,
faisaient, en compagnie de leurs époux royaux,
une promenade triomphale dans les rues. Mais
ces souverains n'avaient pas que des privilèges.
L'exercice du pouvoir ne les enrichissait guère,
car ils devaient donner à danser et souvent à
boire à leurs sujets d'un jour.
C'était aussi une coutume de faire, le jour de
la Mi-Carême, le baptême des apprentis nou-
vellement arrivés.
On les conduisait en grande pompe devant
une des maisons du marché aux poirées. A l'en-
coigure de l'une d'elles était sculptée dans la
pierre une truie assise, les mamelles gonflées
et saillantes, filant une quenouille. On obligeait
alors le jeune apprenti à embrasser la Truie
qui file et, quand il montrait quelque répu-
gnance à cette accolade, on heurtait fortement
le nez du malheureux contre la pierre, au
milieu des éclats de rire des badauds. Parfois,
le nez du patient saignait ou était aplati. Les
harengères prenaient le plus grand plaisir à ce
divertissement. Elles se distinguaient d'ailleurs
dans la célébration de la Mi-Carême. Plus tard,
les blanchisseuses remplacèrent les harengères.
Elles furent à leur tour reines de la fête. Elles
donnaient leurs bals dans leurs bateaux, sur la
Seine.
En province et aux environs de Paris, le
Recueil d'Études sur les Questions édilitaires
Rédacteur en Chef : Albert JUONTJHEUIL
NUMÉRO S©
1" SÉRIE. — TOME I
SAMEDI 12 MARS 1898
LA MI-CARÊME
VIEUX-PARIS
Depuis quelques années, les fêtes de la Mi-
Carême ont eu un regain d'actualité dans la
population parisienne. Des comités se sont
organisés pour leur donner le plus d'éclat pos-
sible. Malgré quelques dissentiments, les étu-
diants et les commerçants se sont mis d'accord
pour coopérer à une cavalcade commune, bril-
lante en somme, et qui n'est pas un des moindres
attraits du Carnaval parisien. La Mi-Carème
renaît donc de ses cendres, après un assez long
interrègne. Il fautsouhaiter que cette fête garde
la vogue dont elle jouit aujourd'hui. Elle a un
double avantage: elle est une source de revenus
pour quelques-uns et un prétexte, pour le plus
grand nombre, à oublier les ennuis quotidiens,
les scandales périodiques qui troublent la con-
science d'un pays.
A quelle époque remonte l'invention de la
Mi-Carême ? On ne peut fixer aucune date pré-
cise. Il est permis de dire que la Mi-Carème est
bien plus récente que le Mardi-Gras. Cela se
comprend. Au fur et à mesure que se perdait le
respect absolu des coutumes religieuses — et,
par exemple, la stricte observation des quarante
jours de jeûne — le besoin de s'émanciper d'une
règle dont souffrait particulièrement la classe
pauvre, grandissait de plus en plus. Tout le
monde d'ailleurs avait senti de très bonne
heure le besoin de couper, par des plaisirs
bruyants, une longue période d'abstinence.
Quand la foi se fut encore affaiblie, on jugea
bon de marquer une halte sur ce grand chemin
de privations.
Il est évident que ce sont là les causes
morales — pour ainsi parler — de cette fête qui
est une répétition du Mardi-Gras. Dans quelles
circonstances, en quelle année, eût lieu la pre-
mière célébration de la Mi-Carême ? Les érudits
ne sont pas d'accord.
On attribue généralement son existence à
l'usage établi dans quelques petites villes de
province de recommencer les soirées dansantes
des jours gras. Dans le Languedoc et en
Auvergne, les jeunes gens offraient aux jeunes
filles un bal le soir du Mardi-Gras. Le troisième
jeudi du Carême, les jeunes filles, à leur tour,
offraient un bal aux jeunes gens. La coutume
gagna Paris et, au quinzième siècle, on relate
dans la capitale les premières fêtes de la Mi-
Carême.
Elles se confondirent assez vite avec les fêtes
des corporations. Chaque année, dans les ate-
liers, on élisait des rois de métier. On nomma
en plus des reines qui, bizarrement costumées,
faisaient, en compagnie de leurs époux royaux,
une promenade triomphale dans les rues. Mais
ces souverains n'avaient pas que des privilèges.
L'exercice du pouvoir ne les enrichissait guère,
car ils devaient donner à danser et souvent à
boire à leurs sujets d'un jour.
C'était aussi une coutume de faire, le jour de
la Mi-Carême, le baptême des apprentis nou-
vellement arrivés.
On les conduisait en grande pompe devant
une des maisons du marché aux poirées. A l'en-
coigure de l'une d'elles était sculptée dans la
pierre une truie assise, les mamelles gonflées
et saillantes, filant une quenouille. On obligeait
alors le jeune apprenti à embrasser la Truie
qui file et, quand il montrait quelque répu-
gnance à cette accolade, on heurtait fortement
le nez du malheureux contre la pierre, au
milieu des éclats de rire des badauds. Parfois,
le nez du patient saignait ou était aplati. Les
harengères prenaient le plus grand plaisir à ce
divertissement. Elles se distinguaient d'ailleurs
dans la célébration de la Mi-Carême. Plus tard,
les blanchisseuses remplacèrent les harengères.
Elles furent à leur tour reines de la fête. Elles
donnaient leurs bals dans leurs bateaux, sur la
Seine.
En province et aux environs de Paris, le
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