TRENTE-HUITrENiK ANNEE".
N° 29.
JEUDI 16 JDILLET 1891.
JOURNAL DES MINES
SOMMAIRE I
Pages 1
LX PÉTROLE 337
NOUVELLES DIVERSES 337
],B DIAMANT EST-IL UN MÉTÉORITE ï.. 338
LES COMl'AGNIKS DECOLONISATION... 338
LUS TAXES TÉLÉGRAPHIQUES AVEC L'É-
TRANGKK 339
LES SOCIÉTÉS ANONïMES EN ANGLE-
TERRIS. OOV
LE TÉLAUTOGRAPHE 339
UN PRÉSERVATIF DE LA HOUILLE 339
VOÏAGE DKLORD RANDOLPH CHURCHILL
AU MASH0NALAN3 340
SITUATION DES CHEMINS DE FER KN
FRANCE EN 1890 340
GHRONIOUE INDUSTRIELLE 341
OFFRES ET DEMANDES 311
PETITE CORRKSPONDANCE 341
RENSEIGNEMENTS 342
REVUE MINIERE 342
BULLETIN FINANCIER 345
ANNONCES 346
COURS DE LA ROURSIC 347-348
LE PÉTROLE
ÉTATS-ÏÏHS — EÏÏSSIE
Nous avons donné, aux Nouvelles diver-
ses publiées dans notre dernier numéro, le
relevé de la production de pétrole aux
Etats-Unis pour le mois de mai dernier,
et. pour les onze mois à fin mai 1891 (la
statistique annuelle clôturant lin juin),
ainsi quw quelques chiffres sur l'industrie
du pétrole eo Russie. La production et la
consommation du pétrole touchant de très
près l'une des questions les plus impor-
tantes de l'économie domestique et indus-
trielle du monde, un aperçu sommaire du
développement, aux Elats-Unis, ainsi
qu'en Russie, de l'industrie de ce produit
n'est, pas sans intérêt.
Il y a environ trente ans que le pétrole
figure dans les statistiques commerciales
dressées avec si grand soin par le gouver-
nement des Etats-Unis. En 1859, nous y
voyons figurer, pour la première fois,
2,000 barriques (de 190 litres chacune)
constituant la production de gisements pé-
trolières des Etats de New-York et de
Pennsylvanie. L.'année suivante,cette pro-
•duction montait, à 500.000 barriques, et
•atteignait en 1861, 2.000.000 barriques 1
\Rn 1870, la production dépassait 5.250.000
.barriques ; quatre ans plus tard elle arri-
vait à 11.000.000 barriques. La progression
de la dernière décade est encore plus re-
marquable.
Ainsi, en 1880, la statistique constatait
une production de 26.250 000 barriques ; et
en 1889, année où s'arrêtent les chiffres
officiels, on était arrivé au total inouï de
34.820.306 barriques, dont 21.486.403 pro-
venaient des gisements de Pennsylvanie et
de New-York, et 12.471.965 de ceux de
l'Ohio.
Ce dernier Etat a augmenté sa produc- d
duction de 1000 0/0 depuis 5 ans. Voilà e
pour les principaux centres de la produc- ti
tion aux Etats-Unis. Cependant, il est neuf à
autres Etats où l'exploitation de gisements
de pétrole était, constatée en 1889, savoir : t
La Virginie de l'Ouest, le Colorado, la Ca- 1
lifornie, l'Iudania, le Kentucky, l'Ulinois, j
Kansas et le Texas. t
L'analyse des chiffres officiels, nous 1
montre que sur la production de 1889 1
(dont la valeur est évaluée à 132.770.260 >
francs) 22.379.602 barriques ont été con- '•
sommées pour l'éclairage, 12.330.813 bar-
riques comme combustible, etîO'J.891 bar- '
riques comme lubrifiant. '
Remarquons, comme -conclusion, que
les exportations de pétrole et sous-produits
des Etats-Unis se montaient, en 1888, à
25.861.823 hectolitres, représentant une
valeur de 238.246.725 francs; en 1889,
à 30.724.479 hectolitres, estimés à 263
millions 966 205 fr.; et, en 1890, à 31 mil-
lions 319.544 hectolitres, valant 258.283.385
francs.
Comme nous l'avons dit, la production
russe commence à dépasser celle de la
Pennsylvanie.
En Russie, les gisements de naphte, en
tant qu'exploités, sont pour ainsi dire
confinés exclusivement dans le Caucase,
dans la presqu'île d'Apcheron et, princi-
palement, daus les environs de Bakou.
Lors de l'annexion de cette dernière ville
par la Russie, l'industrie du pétrole fut
tout d'abord un monopole qui, de 1821 à
1S72, rapportait annuellement au Trésor
rus.pole fut supprimé en 1872 et remplacé par
un impôt qui, eu 1888, rapportait au Tré-
sor près de 7 millions de roubles et, en
1889, plus de 9 millions. De 1832 à 1862,
la production était très restreinte et variait
entre 255.000 et 358.000 pouds par an
(1 poud = 16 kilogr. 38). De 1863 à 1868,
cette production augmentait progressive-
ment jusqu'à 1 million de pouds environ et
enfin atteignait 1.685.299 pouds en 1869.
A partir de 1869, le chiffre de cette pro-
duction augmente rapidement dans des
proportions énormes et atteint, en 1889,
le total formidable de 206.897.100 pouds
sur lequel la production des environs le
Bakou représente 99 0/0.
Les principales Compagnies engagées
dans l'extraction du pétrole sont les Com-
pagnies Nobel, Caspienne, de Bakou, de
la Caspienne et de la Mer Noire et quel-
ques antres Compagnies de moindre impor-
tance dans les districts du voisinage. Le
pétrole extrait des puits est amené au
t moyen de tuyaux dans les raffineries.
t Celles-ci sont, pour la plupart, établies à
; Bakou même où elles constituentun quar-
i tier spécial connu sous le nom de « la Ville
Noire ».
t . En 1889, le nombre des raffineries était
e de 147 et leur production totale se chiffrait
par 181.590.232 pouds, dont 62 millions
| d'huiles légères, 1 million d'huiles lourdes
et 113 millions de résidus. La direction des
travaux d'exploitation à Bakou est confiée,
à un comité d'experts établis en 1886.
La majeure partie du pétrole ainsi ex-
trait est consommée dans l'intérieur de
l'Empire. Il est transporté d'abord par mer
jusqu'à l'embouchure du Volga:et delà
toujours par eau, jusqu'à Tzaritzine, d'où
la majeure partie en est alors transportée
par chemin de fer, dans des vaçons-citer-.
nés, dans les différentes parties de la Rus-
sie d'Europe.
Le pétrole à destination des marchés
étrangers est, pour la plus grande partie,
embarqué à Batoum et le total ainsi ex-
porté continue à s'accroître rapidement.
En 1883 le pétrole raffiné représentait
seulement 41 0/0 d?, la totalité des expor-
tations tandis qu'en 1890 il en représentait
les 84 0/0.
En 1889, voici quelles ont été les quan-
tités d'huiles à brûler et de benzine expor-
tées de Russie dans les différents pays
étrangers.
l'omis
Grande-Bretagne 6.000.000
Autriche 4.000.000
Allemagne 3.000.000
s Italie .• 2.000.000
Belgique 2.000 000
[ Autres contrées européennes. 2 000.000
Turqnie 7.000.000
Perse ; 336.000
' Japon 330.000
t En 1888, 77 0/0 des exportations ont été
t effectuées via Batoum. En 1889 ce chiffre
- s'élevait à 80 0/0.
r On ne constate encore aucune trace
d'épuisement dans les gisements pétrolifè-
i rfs du bassin de Bakou et, d'ailleurs, il ne
, faut pas oublier qu'il existe encore en Rus-
t sie de nombreux gisemen ts analogues
i\ qu'il sera facile d'exploiter dès que le be-
i, soin s'en fera sentir.
NOUVELLES DIVERSES
L'honorable M. d'Antas, ministre de
Portugal à Paris, vient d'être remplacé par
M. Emygdio Julio Navarro, l'un des chefs
du parti progressiste aux Cortès portu-
gaises.
Quels que soient nos souhaits de bien-
venue envers M. Navarro, qui représente
un pays ami, et qui s'est à diverses repri-
ses signalé à la tribune portugaise par un
patriotisme compris et applaudi de toute
l'Europe, nous tenons à manifester haute-
ment les regrets profonds que causera
dans la société parisienne le départ d'un
homme aussi éminent, d'un diplomate
aussi parfait et aussi accueillant que
M. d'Antas, auquel nous adressons ici les
nouvelles assurances de notre respectueuse
sympathie.
OFFRES ET 33DEIVdCA.IVI>E)S (Voir à la 5™e page)
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