Titre : Le Jardin des lettres : revue mensuelle de tous les livres français & du mouvement intellectuel contemporain / [gérant R. Hanin]
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32795393k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 janvier 1932 01 janvier 1932
Description : 1932/01/01 (N13)-1932/01/31. 1932/01/01 (N13)-1932/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6152008r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-74707
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
N° 13
JANVIER 1932
LE JARDIN
LE JARDIN
DES LETTRES
REVUE MENSUELLE DE TOUS LES LIVRES FRANÇAIS
^^^^^^^^^^^^^= LE NUMERO 2 FRANCS
Abonnement : Un an (11 numéros). Colonies Françaises : 9 fr.— Étranger (tous pays) : 12 fr.
Roland DORGELES
TOHSQUE j'étais enfant, contait un jour M. Roland Dor-
■* gelés à ses auditeurs de l'Université des Annales, je
lisais les romans d'aventures de Jules Verne, de Femmore
Cooper et de Gustave Aymard avec une attention si
scrupuleuse que j'en suis encore émerveillé aujourd'hui.
Je contrôlais impitoyablement les
moindres détails du récit. Que ce fût.
un débarquement dans une île déserte
ou une incursion dans les Montagnes
Rocheuses, je comptais gravement sur
nies petits doigts si le nombre de jours
de marche et de vivres y était, et, si je
surprenais la moindre inexactitude,
j'étais désespéré. Je me jurais bien
que, plus tard, quand j'écrirais à mon
tour — car dès l'âge de huit ans, je
me promettais d'être un jour écrivain
—• je ne commettrais jamais de pa-
reilles fautes. Je ne savais pas quel
serment je faisais là! » Ce serment
d'être véridique et scrupuleux, on sait
à quel point M. Roland Dorgelès lui
est toujours resté fidèle, lui qui, pour
écrire Le Réveil des Morts, au lende-
main de la Guerre, a voulu vivre pen-
dant près de deux années au coeur de
la Champagne dévastée, à Chimy, dans
une ferme d'un village déchiré, broyé,
martyrisé par les batailles.
C'est à Amiens, où il est né le
15 juin 1886, que M. Roland Dorgelès
rêvait d écrire un jour pour enchanter les autres. Mais
les aventures auxquelles il était promis devaient être
d'atroces réalités, de sanglantes tragédies dont seuls
les voyages pourraient le reposer. C'est d'ailleurs vers
les Beaux-Arts qu'à peine débarqué, très jeune, à Paris,
il dirigea ses pas. Il avait décidé d'être architecte. Comme
on n'échappe pas au destin qui, une fois, vous est
apparu aux heures de l'enfance, il se trouva bientôt lié
avec de jeunes écrivains, qui ont depuis, à ses côtés, fait
du chemin, Pierre Benoit, Henri Béraud, Mac Orlan,
Francis Carco. Avec de jeunes artistes, célèbres aujour-
d'hui, eux aussi, Gus Bofa, Chas Laborde, d'autres encore,
Roland Dorgelès apprenait à connaître Montmartre, un
Montmartre sans jazz ni Champagne à deux cents francs
la bouteille, le Montmartre des poètes, des peintres et des
chansonniers, celui du Lapin agile,
où trônait Frédéric.
C'est, l'époque des mystifications
qui firent la joie de Paris. La vie, en
attendant la gloire, était dure au
débutant qui avait enfin renoncé à
l'architecture pour publier des poèmes
dans d'éphémères revues et gagnait
alors la « matérielle » en rédigeant,
la rubrique des faits divers d'un grand
quotidien. Odieuse besogne, dont Ro-
land Dorgelès se distrayait par d'hu-
moristiques trouvailles, dont la plus
fameuse est l'affaire de Boronali. Pour
protester contre le snobisme qui por-
tait aux nues des peintures abraca-
dabrantes sous le couvert prétentieux
d'un futurisme en délire, un soir, au
Lapin Agile, il installa l'âne du ca-
baret, le célèbre Lolo, devant un seau
d'avoine et disposa derrière lui une
grande toile blanche Tout à son
joyeux appétit, l'animal la balaya
copieusement d'une queue chargée de
toutes les couleurs de la palette. Un
huissier requis en bonne forme con-
statait, ébaubi, l'extravagante expérience. Puis le feu
d'artifices né de la queue de Lolo fut envoyé au Salon
des Indépendants, signé Boronali, avec ce titre : Et le
soleil se couchait sur VAdriatique. Le tableau eut auprès
des gobeurs un succès fou. Boronali? Mais qui était donc
Boronali? Un génie méconnu... Aliboron...
Après les farces, le drame : 1914. Roland Dorgelès se
bat dans l'Artois, dans l'Aisne, à Verdun. Il appartient
au 39e régiment d'infanterie, l'un des plus magnifiques
de ces divisions de (er dont Mangin disait avec une fière
Photo. Manuel fr
Roland DOBGEI.ES
de l'Académie Concourt.
JANVIER 1932
LE JARDIN
LE JARDIN
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^^^^^^^^^^^^^= LE NUMERO 2 FRANCS
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Roland DORGELES
TOHSQUE j'étais enfant, contait un jour M. Roland Dor-
■* gelés à ses auditeurs de l'Université des Annales, je
lisais les romans d'aventures de Jules Verne, de Femmore
Cooper et de Gustave Aymard avec une attention si
scrupuleuse que j'en suis encore émerveillé aujourd'hui.
Je contrôlais impitoyablement les
moindres détails du récit. Que ce fût.
un débarquement dans une île déserte
ou une incursion dans les Montagnes
Rocheuses, je comptais gravement sur
nies petits doigts si le nombre de jours
de marche et de vivres y était, et, si je
surprenais la moindre inexactitude,
j'étais désespéré. Je me jurais bien
que, plus tard, quand j'écrirais à mon
tour — car dès l'âge de huit ans, je
me promettais d'être un jour écrivain
—• je ne commettrais jamais de pa-
reilles fautes. Je ne savais pas quel
serment je faisais là! » Ce serment
d'être véridique et scrupuleux, on sait
à quel point M. Roland Dorgelès lui
est toujours resté fidèle, lui qui, pour
écrire Le Réveil des Morts, au lende-
main de la Guerre, a voulu vivre pen-
dant près de deux années au coeur de
la Champagne dévastée, à Chimy, dans
une ferme d'un village déchiré, broyé,
martyrisé par les batailles.
C'est à Amiens, où il est né le
15 juin 1886, que M. Roland Dorgelès
rêvait d écrire un jour pour enchanter les autres. Mais
les aventures auxquelles il était promis devaient être
d'atroces réalités, de sanglantes tragédies dont seuls
les voyages pourraient le reposer. C'est d'ailleurs vers
les Beaux-Arts qu'à peine débarqué, très jeune, à Paris,
il dirigea ses pas. Il avait décidé d'être architecte. Comme
on n'échappe pas au destin qui, une fois, vous est
apparu aux heures de l'enfance, il se trouva bientôt lié
avec de jeunes écrivains, qui ont depuis, à ses côtés, fait
du chemin, Pierre Benoit, Henri Béraud, Mac Orlan,
Francis Carco. Avec de jeunes artistes, célèbres aujour-
d'hui, eux aussi, Gus Bofa, Chas Laborde, d'autres encore,
Roland Dorgelès apprenait à connaître Montmartre, un
Montmartre sans jazz ni Champagne à deux cents francs
la bouteille, le Montmartre des poètes, des peintres et des
chansonniers, celui du Lapin agile,
où trônait Frédéric.
C'est, l'époque des mystifications
qui firent la joie de Paris. La vie, en
attendant la gloire, était dure au
débutant qui avait enfin renoncé à
l'architecture pour publier des poèmes
dans d'éphémères revues et gagnait
alors la « matérielle » en rédigeant,
la rubrique des faits divers d'un grand
quotidien. Odieuse besogne, dont Ro-
land Dorgelès se distrayait par d'hu-
moristiques trouvailles, dont la plus
fameuse est l'affaire de Boronali. Pour
protester contre le snobisme qui por-
tait aux nues des peintures abraca-
dabrantes sous le couvert prétentieux
d'un futurisme en délire, un soir, au
Lapin Agile, il installa l'âne du ca-
baret, le célèbre Lolo, devant un seau
d'avoine et disposa derrière lui une
grande toile blanche Tout à son
joyeux appétit, l'animal la balaya
copieusement d'une queue chargée de
toutes les couleurs de la palette. Un
huissier requis en bonne forme con-
statait, ébaubi, l'extravagante expérience. Puis le feu
d'artifices né de la queue de Lolo fut envoyé au Salon
des Indépendants, signé Boronali, avec ce titre : Et le
soleil se couchait sur VAdriatique. Le tableau eut auprès
des gobeurs un succès fou. Boronali? Mais qui était donc
Boronali? Un génie méconnu... Aliboron...
Après les farces, le drame : 1914. Roland Dorgelès se
bat dans l'Artois, dans l'Aisne, à Verdun. Il appartient
au 39e régiment d'infanterie, l'un des plus magnifiques
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