La Renaissance

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292 pages

Titre : La Renaissance

Éditeur : La Renaissance (Paris)

Éditeur : les Éditions nationalesles Éditions nationales (Paris)

Date d'édition : 1937-01-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34357019k

Type : texte texte

Type : publication en série imprimée publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 01 janvier 1937 01 janvier 1937

Description : 1937/01/01 (A20,N1)-1937/12/31 (A20,N12). 1937/01/01 (A20,N1)-1937/12/31 (A20,N12).

Description : Collection numérique : Originaux conservés à... Collection numérique : Originaux conservés à l'INHA

Droits : Consultable en ligne

Identifiant : ark:/12148/bpt6k61491295

Source : Bibliothèque de l'INHA / coll. J. Doucet, 2010-115164

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 31/01/2011

L'ART FRANÇAIS
ET L'ESPRIT DE SUITE

par WALDEMAR GEORGE

L'ART FRANÇAIS est la proie des savants. Il ne
viendrait sans doute à l'idée de personne de
nier la valeur de l'histoire de l'art et sa
contribution à l'étude du passé. Nos primitifs
ont été mis à jour grâce aux recherches de
quelques érudits. M. Emile Mâle a donné une
nouvelle impulsion à la connaissance de la sculpture
gothique. M. Focillon a créé une méthode qui a facilité
à plus d'un étudiant l'intelligence des statuaires romains.
Les Le Nain et Georges de La Tour ont été découverts
par de doctes historiens.

Ces exemples pourraient être multipliés. On pourrait
évoquer les cas des humanistes qui, au XVIII" siècle,
préparèrent l'avènement de David et de l'Ecole néo-
classique française. On sait, d'autre part, ce que l'Ecole
Romantique doit à un mouvement littéraire et idéologi-
que. Des écrivains en ont jeté les bases. La « Préface à
Cronrwell » est un programme d'action que les peintres
et les sculpteurs adoptent au même titre que les poètes
lyriques et que les dramaturges. La mode du médiévismc
a été imposée par des penseurs et par des hommes de
lettres. Les archéologues eux-mêmes ne sont-ils pas leurs
partenaires ou leurs porte-parole "?

Il reste à savoir si la science de l'art rend les services
que nous en attendons. Elle est objective et désintéressée.
Elle s'en lient à l'étude impartiale et rigoureuse des
faits. Elle accomplit une oeuvre de prospection, de clas-
sement et de mise au point. Elle étudie les problèmes

d'influences, d'affinités, de tendances esthétiques, d'attri-
butions et de chronologie. Elle dépouille les archives.
Elle s'annexe la palléographie et la morphologie. Elle se
fonde, du moins se fondait-elle, tout récemment encore,
sur la critique des textes. Elle ne prend pas parti. Elle
n'agit pas sur l'art de notre temps. Elle constate, prend
note et enregistre. Mais elle s'avère incapable de créer
une nouvelle conscience de l'art français. Elle se refuse
d'ailleurs à remplir cette mission. La science, telle que
la considèrent la plupart des savants, s'oppose à la pen-
sée active et militante. Elle trouve en elle-même sa pro-
fonde raison d'être. Elle ne juge jamais à priori ! Elle
manque de direction, de volonté, de pensée directrice.

Quelle peut être la portée d'une telle science ? (La
science de l'art, ne l'oublions point, est une science appli-
quée). Elle peut mettre à notre disposition des moyens
qui nous aident à nous former des idées personnelles. Elle
ne peut nous montrer la voie. Elle répugne à une sem-
blable besogne. Elle la qualifie d'antidémocratique et
d'antiscientifique. L'esprit d'examen, ce fondement de la
science exclut le dogmatisme...

Si nous stigmatisons ce mal ardent de l'histoire et de
la science de l'art, c'est que l'art ne doit pas être traité
comme un champ d'expériences. L'art est élan, passion,
action vivante. L'homme en aborde l'étude d'un point de
vue humain, ce point de vue émotif que la raison ignore
mais qui, loin de fausser son jugement, lui donne une
base morale.

Il y a une science de l'art. Mais l'art n'est pas une

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