Titre : Le Journal des transports : revue internationale des chemins de fer et de la navigation
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1882-03-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328005112
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 36187 Nombre total de vues : 36187
Description : 18 mars 1882 18 mars 1882
Description : 1882/03/18 (A5,SER2,N120). 1882/03/18 (A5,SER2,N120).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6146175g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 4-V-2922
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
5- ANNÉE. — 2- SÉRIE. N' 120.
Paraissant te Jmi4l
18 MARS mk
< J
, i
Un an 15 fraies
Stamois • »
Itraagtr : port m ni.
AaMOMt4mrMt..laligM:fr. i 501
Avii «onetnaat IN tnat^oru.. » 751
ehea Mit. F. DeaoobM «t 0% n» Notre-]
Duu-des-Vietoine,44 (*hee de U Bouae) I
SPORTS
W Uc?
Ghemms de fer -:- Marine *:-
on
» __•
Ui! MU li II—~*
Tontes les communications doivent être adressées à, M. Charles AVBROTJS, direotenr, rue Malher, 15.
Le» abonnement* *ont reçu* : à PARIS, rue Malher, 15; au HAVRE, rue Beauverger, 2.
SOMMAIRE :
Là Commission des vingt-deux.
Les Détournements de trafic.
Kavigation intérieure : — Rapport de M. Félix
Dehaynin sur la question des chômages des
voies navigables entre la France et la Belgique.
Lrs Lignes d'intérêt local et l'exploitation par
l'Etat.
Revue des Chambres de commerce : — Chambre
de commerce de Paris.
Chronique des Chambres syndicales : — Chambre
syndicale du commerce des vins et spiritueux.
Informations diverses.
Les Chambres.
Jurisprudence : — Demande en insuffisance de
taxe ; révision des bases du contrat de trans-
port ; article 105 du Code de commerce ; rece-
vabilité contre le destinataire.
Revue financière et industrielle.
Tarifs homologués pendant le mois de janvier 1882.
U COMMISSION DES VINGT-DEUX
La Chambre des députés ne diffère guère de '
l'ancienne au point de vue des opinions éeono- 1
miques. A la commission des 33 de légendaire '
mémoire, elle vient de substituer la commission !
des 22, qui nous semble appelée à une renommée !
au moins égale à celle de sa devancière.
Ce n'est pas sans chagrin que nous nous voyons
obligé de reprendre le bon combat. Tant d'efforts
ont été dépensés, tant de raisons cl d'arguments ont
été remués contre cette déplorable idée du rachat
des chemins de fer qu'on pensait la tache ter-
minée. Les plus illustres économistes, les finan-
ciers les plus compétents, les esprits les plus re- I
marquabics ont condamné le principe de l'exploi- I
talion par l'Etat et prouvé les dangers du rachat.
La majorité des conseils généraux à l'unanimité
et toutes les Chambres de commerco, nombre de
tribunaux consulaires, de syndicats ont protesté
de la façon la plus énergique tant contre les con-
\ séquences politiques sociales et économiques du
4 rachat des voies ferrées que contre l'idée même
I de cette mesure déraisonnable. Un cabinet a perdu
la confiance du monde des affaires, bouleversé le
marché financier parce qu'il était soupçonné
dV'tre favorable à cette périlleuse aventure; et I
c'est après un mouvement d'opinion aussi mani- I
feste, aussi général qu'une Chambre des députés,
pour laquelle la mort naturelle semble avoir peu
d'attraits, se montre disposée à entrer en lutte
contre un courant qui n'a jamais été plus puis-
sant dans le pays.
L'origine de cette levée de boucliers (nous ne
remontons pas à l'ancienne Chambre) est récente
et elle est bien humble.
Un député inconnu jusqu'alors, membre d'une
Ïietite Compagnie de chemins de fer d'intérêt
ocal de l'Eure, M. Papon, s'avisait vers la fin
de l'année dernière de déposer une proposition
de loi tendant au rachat général des chemins de
fer.
K L'exposé des motifs, l'économie du régime
B futur des chemins de fer qui était proposée,
■ étaient si ridicules que M. Papon devint célèbre
■ à peu de frais. Il suffisait de jeter les yeux sur ce
■ fatras de lectures (nous ne disons pas de recher-
9 ches) mal digérées pour concevoir une idée assez
m favorable de l'homme qui s'était efforcé d'en tirer
H parti. N'était la situation particulière de M. Pâ-
li ^°n c^ ** une ^omPaon'e*» on eu' admiré en lui
M un véritable Bouvard ou un Pécuchet quelconque.
m Les erreurs disputaient le pas aux anomalies et
5 aux impossibilités dans le projet Papon, et
M néanmoins c'est sur cette proposition que parait
M -devoir s'engager la grande discussion sur le régime
■ des chemins de fer.
m Prise en considération par la Chambre des
M députés, la proposition Papon fut l'objet d'un
rapport sommaire favorable de M. Labuze,
sur lequel nous reviendrons. Pour l'instant, nous d
nous bornerons à dire qu'il renferme moins 1
d'erreurs et d'absurdités que son sujet, mais
il nous semble que cette supériorité du rapport
tient exclusivement à son caractère sommaire.
Si les adversaires les plus infimes n'étaient pas _
souvent les plus redoutables, nous plaindrions j,
vraiment les Compagnies de chemins de fer, d'à- a
voir à lutter contre les Papon et les Labuze, q
après avoir résisté aux Allain-Targé et aux Wil- jj
son, hommes d'Etat d'une autre envergure. ^
Quoi qu'il en soit, la Chambre se réunissait t
jeudi dans ses bureaux pour nommer les 22 t
membres de la commission, chargée d'examiner |
le projet de rachat général. ,
La discussion fut vive : on avait déjà à comp- f
ter avec le projet gouvernemental de conven- }
tion avec la Compagnie d'Orléans; l'élection des ,
commissaires fut donc vivement disputée. L'en- .
tente fut môme si difficile jeudi au sein des bu- .
reaux, que quatre seulement réussirent à élire
leurs délégués. Samedi on eut plus de succès, et ,
les noms des commissaires nous sont tous con- '
nus. i
Le résultat des élections est peu satisfaisant.
Un seul membre de la commission, l'honorable I
M.Hugot, est favorable aux conventions, e'est-à- I
dire à un projet qui, comme nous croyons l'avoir I
monlrér^st-tont à-l'blic; les autres commissaires y sont contraires.
Le rachat général, c'est-à-dire l'idée mère du
Srojet Papon, est appuyé par MM. Lebaudy,
ladier-Montjeau, Mercier, Papon et Richard
Waddington. Il est repoussé par MM. Sadt-Car-
not. Raynal, Hugot et Bienvenu.
Théoriquement, M. Hérault combat aussi le
I rachat, mais il veut garder la faculté de l'opérer
comme une arme contre les Compagnies. MM.
Lesguillier, Wilson, Rouvier, Hervé-Mangon,
Sadi-Carnot, Baïhaut et de La Porte paraissent
avoir la même opinion.
MM. Sarrien el Félix Faure se sont déclarés
indifférents à la question du rachat ; mais, comme
ils sont partisans des Compagnies fermières, il
nous semble qu'on peut les ranger dans la caté-
gorie hostile au statu quo.
Enfin, deux commissaires, MM. Loustalot el
Saint-Prix, encore indécis sur les avantages du
rachat, espèrent se fixer d'après l'expérience, et
I demandent que la Compagnie d'Orléans serve de
victime expiatoire.
Ceux-là sont évidemment hostiles à la conven-
tion, dont le principe semble par contre admis
Far un petit groupe, composé de membres de
Union républicaine, MM. Baïhaut, de La Porte,
Bienvenu, Raynal, car ceux-ci se bornent à
trouver insuffisantes les concessions de la Com-
pagnie d'Orléans.
Mettre un peu d'ordre dans ce chaos d'opinions
i à la fois divergentes et rapprochées, n'est pas
très aisé,
i Prise dans son ensemble, la commission ne
i renferme pas une majorité décidée au rachat des
! chemins. Cinq commissaires y sont favorables et
tous les autres sont disposés à conserver cette
i menace comme une arme contre les Compagnies.
, La situation est donc grave, car l'altitude du
; gouvernement ne sera pas douteuse. M. Léon Say
s n'est pas seulement le partisan théorique de l'ex-
ploitation par les Compagnies privées, c'est aussi
i un ennemi du rachat tant général que partiel et
r un ministre dont le plan financier serait com-
promis par le refus des conventions avec les
ii Compagnies.
i. ~ La Chambre voudra-t-ellc briser un gouverne-
il ment qui sera neut-ôtre le dernier à lui demander
!t son appui ? C est une question désormais plus
il politique qu'économique el sur laquelle nous ne
e pouvons nous prononcer.
La commission du régime des chemins de fer
vient de se constituer.
Elle a élu président M. Lebaudy ; vice-prési-
dents MM. Raynal et Sadi-Carnot ; secrétaires
MM. de la Porte et Hérault.
La Chambre de commerce de Paris semble s'enga-
ger dans une voie bien délicate. On sait que nous
n'avons pas marchandé notre adhésion à tous les
actes de la Chambre de commerce de Paris,
qui nous paraissent concorder avec les véritables
besoins du pays. Ses propositions générales, ses
voeux, ses critiques môme trouvent, comme
toutes les communications qui ne sont pas
trop étrangères à notre cadre, une large hospita-
lité dans nos colonnes. Tout récemment encore
nous avons fait ressortir la dignité et la valeur de
ses observations sur nos rapports commerciaux
avec l'Angleterre ; aussi, nous n'hésitons pas à
manifester notre surprise au sujet des tendances
regrettables, en somme, auxquelles elle parait
s'abandonner.
Le Syndicat général de l'Union nationale
avait demandé à la Chambre de commerce de lui
accorder son puissant patronage pour une mesure
qui est vivement réclamée par toutes les bran-
ches du commerce parisien et français; nous
voulons parler de l'abolition du timbre de 0 fr. 10
sur les quittances, taxe à la fois gênante et con-
traire à la règle de proportionnalité. Sans invo-
3"* uer aucune raison précise, le bureau rejeta la
emande qui lui était adressée. La sécheresse de
la réponse causa quelque étonnement au sein du
Syndicat, qui compte des représentants dans la
Chambre.
On s'enquit donc auprès de ceux-ci des mobiles
qui pouvaient avoir guidé la Chambre de com-
merce. Or, nous constatons le fait qui est abso-
lument sûr, il fut répondu que la Cham-
bre de commerce , craignant de diminuer
l'efficacité de ses efforts en les portant sur des
sujets divers, avait résolu de ne rien entrepren-
dre, avant que satisfaction ne fût donnée à ses
voeux sur la réforme de la tarification.
Nous ne saurions blâmer les représentants du
commerce parisien d'attacher tant d'importance
à une question qui nous intéresse si fort ; mais
vraiment une telle concentration nous semble
peu conciliable avec la haute intelligence, l'appli-
cation et le crédit dont jouit la Chambre de com-
merce. Nous prisons trop l'influence et la force
de cette Compagnie pour croire qu'elle doive ex-
clure de ses préoccupations les problèmes écono-
miques si graves, si multiples, si importants pour
ses électeurs, dont la solution est recherchée de-
puis bien des années, surtout si elle entend prati-
quer cette tactique au profit d'une thés», dont
la majorité de ses mandants n'apprécie pas la va-
leur au môme degré que la majorité de la Cham-
bre de commerce.
LES DÉTOURNEMENTS DE TMF1C
Sur le retenu d'IStat
L'une des accusations élevées contre le réseau
d'Orléans, lors de la première proposition de ra-
chat, demandée par M. Wilson, était celle de
pratiquer une concurrence déloyale contre le
réseau de l'Etat. A l'aide de savantes combinai-
sons de tarifs, l'Orléans enlevait, dit-on, au ré-
seau voisin le trafic naturellement acquis à ce
dernier, et portait ainsi atteinte à ses ressources.
Ramenée à ses proportions réelles, cette accu-
sation ne reposait que sur l'existence de tarifs
très anciens, créés avant la formation du réseau
officiel et môme, en partie, avant la construction
des lignes des Cliarentes. Attiré par des taxes
réduites, le fret suivait de préférence les voies
de la Compagnie d'Orléans où il trouvait un
traitement plus avantageux. En d'autres termes,
le commerce suivait la direction qui coûtait le
moins cher, sans que l'on pût reprocher à juste
titre à la Compagnie une concurrence préméditée,
étant donnée ta date des tarifs.
Aujourd'hui la face des choses a changé, et
c'est contre la Compagnie de l'Etat que la Com-
pagnie d'Orléans peut retourner l'accusation por-
tée jadis contre elle. Ce n'est plus à coups de
tarifs que prétend lutter le réseau de l'Etat, c'est
en détournant, purement et simplement la mar-
chandise de sa voie naturelle, que Messieurs les
fonctionnaires espèrent augmenter les recettes du
réseau officiel.
Partisans du système de la concurrence, nous
ne saurions blâmer l'administration officielle de
rompre avec la routine pour se procurer, à
l'exemple de la Compagnie d'Orléans, « de bon-
nes tonnes de marchandises, • mais à une con-
dition, c'est qu'elle attire le fret parle bon marché.
Or, c'est exactement le système opposé qui a
été suivi par 1 administration de l'Etat.
Un de nos correspondants nous adresse à ce
sujet une lettre et des pièces fort instructives.
Un commerçant de Cellefruin (Charente), re-
mit le 26 janvierl881 un wagon de tan, en gare
de Chasseneuil (Etal), à destination de Sillé-le-
Guillaume (Ouest). La voie normale à suivre
était toute tracée; les agents de l'Etat devaient
remettre ce wagon à la gare d'Angoulôme à la
Compagnie d'Orléans; la distance nui sépare
Chasseneuil de Sillé-le-Guillaume via Angoulôme
et le Mans est de 388 kilomètres, et le coût du
transport est de 20 fr. 80 par tonne.
Qu ont fait les agents de l'Etat 1 Ils ont franchi
tout simplement les rails de la Compagnie d'Or-
léans à Angoulôme, et ne lui ont transmis le
wagon qu'à l'extrémité de leurs lignes, c'est-à-
dire à la gare de Roche-sur-Yon, .après avoir
fait parcourir à ce wagon, inutilement pour l'ex-
pédition, mais fructueusement pour eux, 234
Kilomètres sur leur réseau.
Cet allongement de distance, violente entorse
à la règle de la plus courte distance, tant préco-
nisée par les théoriciens officiels, n'aurait, à notre
avis, aucune importance, si elle avait été oxigée
par les besoins de l'exploitation technique. Mais,
au point de vue du public, c'était un abus mons-
trueux, car ce parcours supplémentaire dut ôtre
payé en entier et augmenta indûment la taxe
normale de 75 0/0.
L'expéditeur protesta contre cette direction
aussi fausse qu'onéreuse pour lui ; il lui fallait
payer 35 fr. 62 par tonne, au heu de 20 fr. 80,
taxe normale, via Angoulôme (1).
Il adressa donc une demande en détaxe au
chef de l'exploitation du réseau de l'Etat. Ce
dernier répondit à cette juste réclamation par la
fin de non-recevoir suivante, qui ressemble fort
aux agissements reprochés avec raison aux autres
Compagnies :
Chemins de fer de l'Etat.
Dossier D. 18305. Bureau des réclamations.
Tours, 21 novembre 1881.
Monsieur,
Par votre lettre du 30 octobre dernier, vous avez
bien voulu m'adresscr, avec demande en détaxe, le
litre de l'expédition n* 145 du 26 janvier dernier, de
Chasseneuil à Sillé-le-Guillaume, un wagon tan 5,000
kilog. y
i J'ai l'honneur de vous retourner le récépissé
communiqué cl de vous Taire connaître que nous
avons le regret de ne pouvoir donner à vorro rôcla*
malion une suite favorable, la taxe ayant été
(1) ITINÉRAIRE SUIVI
Etat : Chasseneuil a la Roche-sur-Yon -, — Orléans :
La Roche a Chateaubriant ; — Ouest : Chalcau-
brianlàSillô S89kilom. 35fr.62
ITINÉRAIRE NORMAL
Etat: Chasseneuil à Angoulôme ;
— Orléans : Angoulôme au
Mans ; — Ouest : Le Mans à
Sillô 388 » 20^80
En trop 201 kilom. 14fr.88
X 8.000 kilog. - 74.10 en trop.
Paraissant te Jmi4l
18 MARS mk
< J
, i
Un an 15 fraies
Stamois • »
Itraagtr : port m ni.
AaMOMt4mrMt..laligM:fr. i 501
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Duu-des-Vietoine,44 (*hee de U Bouae) I
SPORTS
W Uc?
Ghemms de fer -:- Marine *:-
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Ui! MU li II—~*
Tontes les communications doivent être adressées à, M. Charles AVBROTJS, direotenr, rue Malher, 15.
Le» abonnement* *ont reçu* : à PARIS, rue Malher, 15; au HAVRE, rue Beauverger, 2.
SOMMAIRE :
Là Commission des vingt-deux.
Les Détournements de trafic.
Kavigation intérieure : — Rapport de M. Félix
Dehaynin sur la question des chômages des
voies navigables entre la France et la Belgique.
Lrs Lignes d'intérêt local et l'exploitation par
l'Etat.
Revue des Chambres de commerce : — Chambre
de commerce de Paris.
Chronique des Chambres syndicales : — Chambre
syndicale du commerce des vins et spiritueux.
Informations diverses.
Les Chambres.
Jurisprudence : — Demande en insuffisance de
taxe ; révision des bases du contrat de trans-
port ; article 105 du Code de commerce ; rece-
vabilité contre le destinataire.
Revue financière et industrielle.
Tarifs homologués pendant le mois de janvier 1882.
U COMMISSION DES VINGT-DEUX
La Chambre des députés ne diffère guère de '
l'ancienne au point de vue des opinions éeono- 1
miques. A la commission des 33 de légendaire '
mémoire, elle vient de substituer la commission !
des 22, qui nous semble appelée à une renommée !
au moins égale à celle de sa devancière.
Ce n'est pas sans chagrin que nous nous voyons
obligé de reprendre le bon combat. Tant d'efforts
ont été dépensés, tant de raisons cl d'arguments ont
été remués contre cette déplorable idée du rachat
des chemins de fer qu'on pensait la tache ter-
minée. Les plus illustres économistes, les finan-
ciers les plus compétents, les esprits les plus re- I
marquabics ont condamné le principe de l'exploi- I
talion par l'Etat et prouvé les dangers du rachat.
La majorité des conseils généraux à l'unanimité
et toutes les Chambres de commerco, nombre de
tribunaux consulaires, de syndicats ont protesté
de la façon la plus énergique tant contre les con-
\ séquences politiques sociales et économiques du
4 rachat des voies ferrées que contre l'idée même
I de cette mesure déraisonnable. Un cabinet a perdu
la confiance du monde des affaires, bouleversé le
marché financier parce qu'il était soupçonné
dV'tre favorable à cette périlleuse aventure; et I
c'est après un mouvement d'opinion aussi mani- I
feste, aussi général qu'une Chambre des députés,
pour laquelle la mort naturelle semble avoir peu
d'attraits, se montre disposée à entrer en lutte
contre un courant qui n'a jamais été plus puis-
sant dans le pays.
L'origine de cette levée de boucliers (nous ne
remontons pas à l'ancienne Chambre) est récente
et elle est bien humble.
Un député inconnu jusqu'alors, membre d'une
Ïietite Compagnie de chemins de fer d'intérêt
ocal de l'Eure, M. Papon, s'avisait vers la fin
de l'année dernière de déposer une proposition
de loi tendant au rachat général des chemins de
fer.
K L'exposé des motifs, l'économie du régime
B futur des chemins de fer qui était proposée,
■ étaient si ridicules que M. Papon devint célèbre
■ à peu de frais. Il suffisait de jeter les yeux sur ce
■ fatras de lectures (nous ne disons pas de recher-
9 ches) mal digérées pour concevoir une idée assez
m favorable de l'homme qui s'était efforcé d'en tirer
H parti. N'était la situation particulière de M. Pâ-
li ^°n c^ ** une ^omPaon'e*» on eu' admiré en lui
M un véritable Bouvard ou un Pécuchet quelconque.
m Les erreurs disputaient le pas aux anomalies et
5 aux impossibilités dans le projet Papon, et
M néanmoins c'est sur cette proposition que parait
M -devoir s'engager la grande discussion sur le régime
■ des chemins de fer.
m Prise en considération par la Chambre des
M députés, la proposition Papon fut l'objet d'un
rapport sommaire favorable de M. Labuze,
sur lequel nous reviendrons. Pour l'instant, nous d
nous bornerons à dire qu'il renferme moins 1
d'erreurs et d'absurdités que son sujet, mais
il nous semble que cette supériorité du rapport
tient exclusivement à son caractère sommaire.
Si les adversaires les plus infimes n'étaient pas _
souvent les plus redoutables, nous plaindrions j,
vraiment les Compagnies de chemins de fer, d'à- a
voir à lutter contre les Papon et les Labuze, q
après avoir résisté aux Allain-Targé et aux Wil- jj
son, hommes d'Etat d'une autre envergure. ^
Quoi qu'il en soit, la Chambre se réunissait t
jeudi dans ses bureaux pour nommer les 22 t
membres de la commission, chargée d'examiner |
le projet de rachat général. ,
La discussion fut vive : on avait déjà à comp- f
ter avec le projet gouvernemental de conven- }
tion avec la Compagnie d'Orléans; l'élection des ,
commissaires fut donc vivement disputée. L'en- .
tente fut môme si difficile jeudi au sein des bu- .
reaux, que quatre seulement réussirent à élire
leurs délégués. Samedi on eut plus de succès, et ,
les noms des commissaires nous sont tous con- '
nus. i
Le résultat des élections est peu satisfaisant.
Un seul membre de la commission, l'honorable I
M.Hugot, est favorable aux conventions, e'est-à- I
dire à un projet qui, comme nous croyons l'avoir I
monlrér^st-tont à-l'
Le rachat général, c'est-à-dire l'idée mère du
Srojet Papon, est appuyé par MM. Lebaudy,
ladier-Montjeau, Mercier, Papon et Richard
Waddington. Il est repoussé par MM. Sadt-Car-
not. Raynal, Hugot et Bienvenu.
Théoriquement, M. Hérault combat aussi le
I rachat, mais il veut garder la faculté de l'opérer
comme une arme contre les Compagnies. MM.
Lesguillier, Wilson, Rouvier, Hervé-Mangon,
Sadi-Carnot, Baïhaut et de La Porte paraissent
avoir la même opinion.
MM. Sarrien el Félix Faure se sont déclarés
indifférents à la question du rachat ; mais, comme
ils sont partisans des Compagnies fermières, il
nous semble qu'on peut les ranger dans la caté-
gorie hostile au statu quo.
Enfin, deux commissaires, MM. Loustalot el
Saint-Prix, encore indécis sur les avantages du
rachat, espèrent se fixer d'après l'expérience, et
I demandent que la Compagnie d'Orléans serve de
victime expiatoire.
Ceux-là sont évidemment hostiles à la conven-
tion, dont le principe semble par contre admis
Far un petit groupe, composé de membres de
Union républicaine, MM. Baïhaut, de La Porte,
Bienvenu, Raynal, car ceux-ci se bornent à
trouver insuffisantes les concessions de la Com-
pagnie d'Orléans.
Mettre un peu d'ordre dans ce chaos d'opinions
i à la fois divergentes et rapprochées, n'est pas
très aisé,
i Prise dans son ensemble, la commission ne
i renferme pas une majorité décidée au rachat des
! chemins. Cinq commissaires y sont favorables et
tous les autres sont disposés à conserver cette
i menace comme une arme contre les Compagnies.
, La situation est donc grave, car l'altitude du
; gouvernement ne sera pas douteuse. M. Léon Say
s n'est pas seulement le partisan théorique de l'ex-
ploitation par les Compagnies privées, c'est aussi
i un ennemi du rachat tant général que partiel et
r un ministre dont le plan financier serait com-
promis par le refus des conventions avec les
ii Compagnies.
i. ~ La Chambre voudra-t-ellc briser un gouverne-
il ment qui sera neut-ôtre le dernier à lui demander
!t son appui ? C est une question désormais plus
il politique qu'économique el sur laquelle nous ne
e pouvons nous prononcer.
La commission du régime des chemins de fer
vient de se constituer.
Elle a élu président M. Lebaudy ; vice-prési-
dents MM. Raynal et Sadi-Carnot ; secrétaires
MM. de la Porte et Hérault.
La Chambre de commerce de Paris semble s'enga-
ger dans une voie bien délicate. On sait que nous
n'avons pas marchandé notre adhésion à tous les
actes de la Chambre de commerce de Paris,
qui nous paraissent concorder avec les véritables
besoins du pays. Ses propositions générales, ses
voeux, ses critiques môme trouvent, comme
toutes les communications qui ne sont pas
trop étrangères à notre cadre, une large hospita-
lité dans nos colonnes. Tout récemment encore
nous avons fait ressortir la dignité et la valeur de
ses observations sur nos rapports commerciaux
avec l'Angleterre ; aussi, nous n'hésitons pas à
manifester notre surprise au sujet des tendances
regrettables, en somme, auxquelles elle parait
s'abandonner.
Le Syndicat général de l'Union nationale
avait demandé à la Chambre de commerce de lui
accorder son puissant patronage pour une mesure
qui est vivement réclamée par toutes les bran-
ches du commerce parisien et français; nous
voulons parler de l'abolition du timbre de 0 fr. 10
sur les quittances, taxe à la fois gênante et con-
traire à la règle de proportionnalité. Sans invo-
3"* uer aucune raison précise, le bureau rejeta la
emande qui lui était adressée. La sécheresse de
la réponse causa quelque étonnement au sein du
Syndicat, qui compte des représentants dans la
Chambre.
On s'enquit donc auprès de ceux-ci des mobiles
qui pouvaient avoir guidé la Chambre de com-
merce. Or, nous constatons le fait qui est abso-
lument sûr, il fut répondu que la Cham-
bre de commerce , craignant de diminuer
l'efficacité de ses efforts en les portant sur des
sujets divers, avait résolu de ne rien entrepren-
dre, avant que satisfaction ne fût donnée à ses
voeux sur la réforme de la tarification.
Nous ne saurions blâmer les représentants du
commerce parisien d'attacher tant d'importance
à une question qui nous intéresse si fort ; mais
vraiment une telle concentration nous semble
peu conciliable avec la haute intelligence, l'appli-
cation et le crédit dont jouit la Chambre de com-
merce. Nous prisons trop l'influence et la force
de cette Compagnie pour croire qu'elle doive ex-
clure de ses préoccupations les problèmes écono-
miques si graves, si multiples, si importants pour
ses électeurs, dont la solution est recherchée de-
puis bien des années, surtout si elle entend prati-
quer cette tactique au profit d'une thés», dont
la majorité de ses mandants n'apprécie pas la va-
leur au môme degré que la majorité de la Cham-
bre de commerce.
LES DÉTOURNEMENTS DE TMF1C
Sur le retenu d'IStat
L'une des accusations élevées contre le réseau
d'Orléans, lors de la première proposition de ra-
chat, demandée par M. Wilson, était celle de
pratiquer une concurrence déloyale contre le
réseau de l'Etat. A l'aide de savantes combinai-
sons de tarifs, l'Orléans enlevait, dit-on, au ré-
seau voisin le trafic naturellement acquis à ce
dernier, et portait ainsi atteinte à ses ressources.
Ramenée à ses proportions réelles, cette accu-
sation ne reposait que sur l'existence de tarifs
très anciens, créés avant la formation du réseau
officiel et môme, en partie, avant la construction
des lignes des Cliarentes. Attiré par des taxes
réduites, le fret suivait de préférence les voies
de la Compagnie d'Orléans où il trouvait un
traitement plus avantageux. En d'autres termes,
le commerce suivait la direction qui coûtait le
moins cher, sans que l'on pût reprocher à juste
titre à la Compagnie une concurrence préméditée,
étant donnée ta date des tarifs.
Aujourd'hui la face des choses a changé, et
c'est contre la Compagnie de l'Etat que la Com-
pagnie d'Orléans peut retourner l'accusation por-
tée jadis contre elle. Ce n'est plus à coups de
tarifs que prétend lutter le réseau de l'Etat, c'est
en détournant, purement et simplement la mar-
chandise de sa voie naturelle, que Messieurs les
fonctionnaires espèrent augmenter les recettes du
réseau officiel.
Partisans du système de la concurrence, nous
ne saurions blâmer l'administration officielle de
rompre avec la routine pour se procurer, à
l'exemple de la Compagnie d'Orléans, « de bon-
nes tonnes de marchandises, • mais à une con-
dition, c'est qu'elle attire le fret parle bon marché.
Or, c'est exactement le système opposé qui a
été suivi par 1 administration de l'Etat.
Un de nos correspondants nous adresse à ce
sujet une lettre et des pièces fort instructives.
Un commerçant de Cellefruin (Charente), re-
mit le 26 janvierl881 un wagon de tan, en gare
de Chasseneuil (Etal), à destination de Sillé-le-
Guillaume (Ouest). La voie normale à suivre
était toute tracée; les agents de l'Etat devaient
remettre ce wagon à la gare d'Angoulôme à la
Compagnie d'Orléans; la distance nui sépare
Chasseneuil de Sillé-le-Guillaume via Angoulôme
et le Mans est de 388 kilomètres, et le coût du
transport est de 20 fr. 80 par tonne.
Qu ont fait les agents de l'Etat 1 Ils ont franchi
tout simplement les rails de la Compagnie d'Or-
léans à Angoulôme, et ne lui ont transmis le
wagon qu'à l'extrémité de leurs lignes, c'est-à-
dire à la gare de Roche-sur-Yon, .après avoir
fait parcourir à ce wagon, inutilement pour l'ex-
pédition, mais fructueusement pour eux, 234
Kilomètres sur leur réseau.
Cet allongement de distance, violente entorse
à la règle de la plus courte distance, tant préco-
nisée par les théoriciens officiels, n'aurait, à notre
avis, aucune importance, si elle avait été oxigée
par les besoins de l'exploitation technique. Mais,
au point de vue du public, c'était un abus mons-
trueux, car ce parcours supplémentaire dut ôtre
payé en entier et augmenta indûment la taxe
normale de 75 0/0.
L'expéditeur protesta contre cette direction
aussi fausse qu'onéreuse pour lui ; il lui fallait
payer 35 fr. 62 par tonne, au heu de 20 fr. 80,
taxe normale, via Angoulôme (1).
Il adressa donc une demande en détaxe au
chef de l'exploitation du réseau de l'Etat. Ce
dernier répondit à cette juste réclamation par la
fin de non-recevoir suivante, qui ressemble fort
aux agissements reprochés avec raison aux autres
Compagnies :
Chemins de fer de l'Etat.
Dossier D. 18305. Bureau des réclamations.
Tours, 21 novembre 1881.
Monsieur,
Par votre lettre du 30 octobre dernier, vous avez
bien voulu m'adresscr, avec demande en détaxe, le
litre de l'expédition n* 145 du 26 janvier dernier, de
Chasseneuil à Sillé-le-Guillaume, un wagon tan 5,000
kilog. y
i J'ai l'honneur de vous retourner le récépissé
communiqué cl de vous Taire connaître que nous
avons le regret de ne pouvoir donner à vorro rôcla*
malion une suite favorable, la taxe ayant été
(1) ITINÉRAIRE SUIVI
Etat : Chasseneuil a la Roche-sur-Yon -, — Orléans :
La Roche a Chateaubriant ; — Ouest : Chalcau-
brianlàSillô S89kilom. 35fr.62
ITINÉRAIRE NORMAL
Etat: Chasseneuil à Angoulôme ;
— Orléans : Angoulôme au
Mans ; — Ouest : Le Mans à
Sillô 388 » 20^80
En trop 201 kilom. 14fr.88
X 8.000 kilog. - 74.10 en trop.
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