Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 septembre 1935 01 septembre 1935
Description : 1935/09/01 (A15,N7)-1935/09/30. 1935/09/01 (A15,N7)-1935/09/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6141799d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
QUINZIEME ANNEE (Mensuel)
N
umero
SEPTEMBRE Î935,
ET
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
45, RUE LA BRUYÈRE — PARIS (IXe)
Abonnement
) France 20 francs
{Etranger 25 francs
Compte chèques postaux
Alliance Israélite 408-94- PARIS
SOMMAIRE- ff>;;^
Le statut d'indignité. A. BERL
L'ANTISÉMITISME, ALLEMAND :
A.) Les discours et les articles
de haine ;
B. ) Leurs conséquences :
a) Le boycottage ;
b) La vie sociale ;
c) Le ghetto Intellectuel.
G.) Les lois votées par le Reichstag.
Lettre de Pologne : Après les élections parle-
mentaires. L* A. T.
En Roumanie : Les partis antisémites se
coalisent. ISAS
Le statut d'indignité
Le gouvernement national-socialiste tient, et au delà,
ses promesses, lorsqu'il s'agit de frapper la population
juive. Dès son avènement, aussitôt après les. atrocités de
juin 1934, il avait annoncé l'élaboration d'un statut destiné
à fixer la condition des ressortissants juifs du Reich. Les
premières dispositions viennent d'en être promuliguées ;
et comme on devait s'y attendre, à .rencontre de ce
qu'on voulait encore espérer, elles constituent la légali-
sation du ghetto, déjà établi en fait, et dorénavant aggravé.
Par ses clauses essentielles, la loi nouvelle réserve exclu-
sivement la qualité et les droits de citoyen allemand et le
bénéfice de la naturalisation aux habitants de sang allemand
ou apparenté. Les israélites sont donc déchus — sans nulle
exception — de leur nationalité; même les anciens combat-
tants qu'on avait d'abord affecté d'exonérer de la proscrip-
tion. Ce statut, qu'on pourrait appeler le statut d'indignité,
ne se borne pas à cette dépossession civique. Il usurpe sur
les droits civils et naturels de l'homme : notamment il inter-
dit — sous peine de travaux forcés — les unions légitimes
ou illégitimes « entre juifs et habitants de race allemande
ou apparentée ». Ainsi est créée une espèce nouvelle de
crime encore inconnu dans tous les Codes, celui de la souil-
lure de la race ! Le crime de lèse-germanisme a remplacé
celui de lèse-majesté.
Au début de la propagande et même au lendemain de
la persécution anti-juive, on avait, avec quelque opti-
misme, espéré que les promoteurs de la doctrine se conten-
teraient d'écarter les israélites de la vie publique et de res-
teindre leur influence économique. On était loin de compte !
Le boycottage commercial, l'exclusion des juifs de tous
les emplois publies, ce n'était que hors-d'oeuvre, une mise en
train du programme hitlérien!; Le vrai but était plus lointain.:
Le peuple allemand n'est pas impunément épris de théorie.
Et de quelle théorie ? Celle qui proclame sa supériorité ra-
ciale et l'infériorité d'un groupe ethnique, qui avait beau
se dire et se croire germanisé 100 %, auquel on a accou-
tumé d'imputer la défaite militaire et la déchéance écono-
mique allemande, et dont on dénonçait la concurrence dans"
les affaires, la finance, le négoce, comme dans le domaine
de la science, de la philosophie, de la littérature et de l'art.
L'évincer des professions lucratives et des carrières"
libérales: médecine,barreau,notariat ; l'arrêter dans son es-
sor et l'atteindre dans sa prospérité matérielle, c'était néces-
saire, mais insuffisant, parce que transitoire. Sa persévérance,
son activité surmonteraient tous, les obstacles et reprendraient
le dessus; les fortunes et les firmes détruites se recréeraient,
après une ou deux générations, et tout serait à recom-
mencer ! Non, ce n'est pas le recul et l'affaiblissement de
l'ennemi qui sont à poursuivre, mais sa ruine définitive, le
knock-out. Il faut le meurtrir, le jeter bas, et si meurtri,
si bas, qu'il ne puisse plus se relever ! Résultat qu'on ne
saurait atteindre que par sa disqualification intellectuelle
et son indignité sociale.
Les racistes, parti et gouvernement, se sont évertués,
au cours de ces trois dernières années, à faire ce que
M. Robert d'Harcourt, dans sa documentation et ses arti-
cles admirables de courage et d'humanité, a si bien dénommé
« la guerre à l'Esprit » (1). Alors, on chasse les intellectuels
juifs des hôpitaux, des laboratoires, des chaires, des so-
ciétés savantes, des cercles artistiques et littéraires; on les
prive de tous les instruments et de tout l'outillage qu'exige
le travail intellectuel moderne; on leur ferme l'accès des
périodiques et des maisons d'édition, jalouses, hier encore,
de publier leurs oeuvres; on arrache leurs livres des mains
juvéniles des gymnases ou des Universités; on nie leurs
découvertes les plus incontestables, leurs travaux les plus
éclatants ; on voudrait les rayer de la vie spirituelle : ne
brûlait-on pas, voici quelque deux ans, les poésies de Heine ?
On leur interdit enfin de s'occuper des choses allemandes
et de participer à tout ce qui concerne la culture germa-
nique. Voilà pour le présent, mais ce n'est point encore
assez. Il s'agit aussi de préserver dans l'avenir la pureté
du génie comme celle du sang allemand. Heureusement les
(1) Revue, des Deux Mondes, 1933 et 1934.
N
umero
SEPTEMBRE Î935,
ET
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
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SOMMAIRE- ff>;;^
Le statut d'indignité. A. BERL
L'ANTISÉMITISME, ALLEMAND :
A.) Les discours et les articles
de haine ;
B. ) Leurs conséquences :
a) Le boycottage ;
b) La vie sociale ;
c) Le ghetto Intellectuel.
G.) Les lois votées par le Reichstag.
Lettre de Pologne : Après les élections parle-
mentaires. L* A. T.
En Roumanie : Les partis antisémites se
coalisent. ISAS
Le statut d'indignité
Le gouvernement national-socialiste tient, et au delà,
ses promesses, lorsqu'il s'agit de frapper la population
juive. Dès son avènement, aussitôt après les. atrocités de
juin 1934, il avait annoncé l'élaboration d'un statut destiné
à fixer la condition des ressortissants juifs du Reich. Les
premières dispositions viennent d'en être promuliguées ;
et comme on devait s'y attendre, à .rencontre de ce
qu'on voulait encore espérer, elles constituent la légali-
sation du ghetto, déjà établi en fait, et dorénavant aggravé.
Par ses clauses essentielles, la loi nouvelle réserve exclu-
sivement la qualité et les droits de citoyen allemand et le
bénéfice de la naturalisation aux habitants de sang allemand
ou apparenté. Les israélites sont donc déchus — sans nulle
exception — de leur nationalité; même les anciens combat-
tants qu'on avait d'abord affecté d'exonérer de la proscrip-
tion. Ce statut, qu'on pourrait appeler le statut d'indignité,
ne se borne pas à cette dépossession civique. Il usurpe sur
les droits civils et naturels de l'homme : notamment il inter-
dit — sous peine de travaux forcés — les unions légitimes
ou illégitimes « entre juifs et habitants de race allemande
ou apparentée ». Ainsi est créée une espèce nouvelle de
crime encore inconnu dans tous les Codes, celui de la souil-
lure de la race ! Le crime de lèse-germanisme a remplacé
celui de lèse-majesté.
Au début de la propagande et même au lendemain de
la persécution anti-juive, on avait, avec quelque opti-
misme, espéré que les promoteurs de la doctrine se conten-
teraient d'écarter les israélites de la vie publique et de res-
teindre leur influence économique. On était loin de compte !
Le boycottage commercial, l'exclusion des juifs de tous
les emplois publies, ce n'était que hors-d'oeuvre, une mise en
train du programme hitlérien!; Le vrai but était plus lointain.:
Le peuple allemand n'est pas impunément épris de théorie.
Et de quelle théorie ? Celle qui proclame sa supériorité ra-
ciale et l'infériorité d'un groupe ethnique, qui avait beau
se dire et se croire germanisé 100 %, auquel on a accou-
tumé d'imputer la défaite militaire et la déchéance écono-
mique allemande, et dont on dénonçait la concurrence dans"
les affaires, la finance, le négoce, comme dans le domaine
de la science, de la philosophie, de la littérature et de l'art.
L'évincer des professions lucratives et des carrières"
libérales: médecine,barreau,notariat ; l'arrêter dans son es-
sor et l'atteindre dans sa prospérité matérielle, c'était néces-
saire, mais insuffisant, parce que transitoire. Sa persévérance,
son activité surmonteraient tous, les obstacles et reprendraient
le dessus; les fortunes et les firmes détruites se recréeraient,
après une ou deux générations, et tout serait à recom-
mencer ! Non, ce n'est pas le recul et l'affaiblissement de
l'ennemi qui sont à poursuivre, mais sa ruine définitive, le
knock-out. Il faut le meurtrir, le jeter bas, et si meurtri,
si bas, qu'il ne puisse plus se relever ! Résultat qu'on ne
saurait atteindre que par sa disqualification intellectuelle
et son indignité sociale.
Les racistes, parti et gouvernement, se sont évertués,
au cours de ces trois dernières années, à faire ce que
M. Robert d'Harcourt, dans sa documentation et ses arti-
cles admirables de courage et d'humanité, a si bien dénommé
« la guerre à l'Esprit » (1). Alors, on chasse les intellectuels
juifs des hôpitaux, des laboratoires, des chaires, des so-
ciétés savantes, des cercles artistiques et littéraires; on les
prive de tous les instruments et de tout l'outillage qu'exige
le travail intellectuel moderne; on leur ferme l'accès des
périodiques et des maisons d'édition, jalouses, hier encore,
de publier leurs oeuvres; on arrache leurs livres des mains
juvéniles des gymnases ou des Universités; on nie leurs
découvertes les plus incontestables, leurs travaux les plus
éclatants ; on voudrait les rayer de la vie spirituelle : ne
brûlait-on pas, voici quelque deux ans, les poésies de Heine ?
On leur interdit enfin de s'occuper des choses allemandes
et de participer à tout ce qui concerne la culture germa-
nique. Voilà pour le présent, mais ce n'est point encore
assez. Il s'agit aussi de préserver dans l'avenir la pureté
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