Presse et revues
8 pages
Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 février 1935 01 février 1935
Description : 1935/02/01 (A15,N2)-1935/02/28. 1935/02/01 (A15,N2)-1935/02/28.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6141779n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
QUINZIEME ANNEE (Mensuel)
Numéro 2
FEVRIER 1935.
PAIX ET DROIT
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE K
Prix du Numéro
2 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
45, RUE LA BRUYÈRE — PARIS (IX 8)
m . I France 20 francs
Abonnementl Etranger 25 francs
Compte chèque» postaux
Alliance Israélite 408-94- PARIS
SOMMAIRE
L'offensive raciste en Roumanie. Alfred BERL
L'ANTISÉMITISME ALLEMAND .■
a) L'ancien ot le nouvel antisémitisme ;
b) L'antisémitisme dans le peuple ;
c) Le boycottage ;
d) Les médecins ;
e) Dans les Universités.
Lettre de Pologne : Le vrai visage de la poli-
tique antijuive. Dr A. T.
En Roumanie : La loi du travail national. ISAS
DOCUMENTS :
Déclaration du Dr Thon au Sejm polonais.
L'OFFENSIVE RACISTE EN ROUMANIE
La propagande antijuive poursuivie depuis plus de
12 ans par les Associations dites Chrétiennes, Gardes de fer
et Croix Gammées, avec l'acharnement que l'on sait, et
avec l'aide matérielle et morale de l'hitlérisme, vient de
remporter une victoire qui. plonge la population juive de
Roumanie dans une émotion voisine du désespoir. Cédant
h la violence des partis de haine, le cabinet Tataresco vient
de lui porter un coup peut-être mortel par son « arrêté
d'application » de la loi sur le travail ; — ce qui équivaut,
en France, à un règlement d'administration publique.
Quel est l'objet de cette loi ? Quel est celui de l'arrêté mi-
nistériel ? C'est ce que nous allons expliquer aussi briève-
ment que possible.
Le but avoué, et très justifiable, de la loi votée en
juillet 1934 était de protéger le personnel roumain par pré-
férence au travail étranger dans les entreprises écono-
miques, industrielles, commerciales et civiles de toute sorte.
Pour en contrôler l'exécution, elle prescrivait aux chefs
de ces entreprises d'adresser au plus tard, au lor février
de chaque année le tableau nominatif de tout le personnel
roumain et étranger salarié. Ledit tableau devait contenir
deux colonnes :
a) Roumain ; b) étranger.
Devant la fureur des passions social-nationalistes, le
ministère a modifié, fondamentalement, l'intention et l'ob-
jectif originels de la loi, qui ne devait être que de protec-
iion du travail national, et en a fait une loi de combat et
d'extermination contre l'élément israélite du pays. Voici
comment : l'arrêté ministériel édicté qu'au lieu des deux
colonnes prévues, le tableau en contiendra trois :
a) Citoyens ; b) origine ethnique ; c) étrangers.
Le mot « citoyen » remplaçant « roumain », ce change-
ment introduit entre les citoyens des différences, d'après
l'origine ethnique, et contredit la loi elle-même, aussi bien
dans son texte que dans son esprit. L'arrêté ministériel
viole, en outre, les traités souscrite en 1919 envers les puis-
sances victorieuses de l'Entente par l'Etat roumain, dont
les frontières étaient considérablement élargies et la popu-
lation doublée sous la condition formelle qu'il reconnaîtrait
le principe de l'égalité des droits « à tous les Roumains,
sans distinction d'origine, de race, de religion et de lan-
gue » ; il viole enfin la Constitution de 1923, votée en
conformité de ces clauses des traités. D'un seul trait —
beau travail — le ministère actuel a annulé, outre la loi
dont il est le promoteur, les traités qui ont fait la Grande
Roumanie et la Constitution votée il y a 12 ans.
Grave au point de vue moral, la chose, au point de vue
matériel s'annonce grosse de conséquences. Et d'abord, par
la substitution du terme citoyen au mot roumain, quatre-
vingt mille juifs qui n'ont pas pu ou su faire à temps la
preuve de leur ancien habitat dans le pays, et qui ne sont
pas des citoyens, mais de simples ressortissants, vont être
irrémissiblement exclus de tous les métiers, professions, en-
treprises. Quant aux huit cent mille israélites dotés des
droits civiques, leur sort n'est guère meilleur; ils deviennent
par le fait de la catégorie b), des citoyens de deuxième zone,
à participation réduite dans l'activité nationale, tellement
réduite que les 9/10es seront théoriquement voués à l'exode
ou à la mort par la fahxi. MaisJrdans la pratique, il n'y aura
pas pour eux d'alternative, l'émigration étant partout im-
possible, ils n'auront pas le choix ; seule leur est assurée
la réalisation du dernier terme du dilemme. La prédication
des Cuza et des Codréano aura finalement atteint son but,
et la faiblesse de M. Tataresco, qui affectait récomment en-
core, officiellement du moins, de réprouver leurs doctrines,
n'aura pas été pour elles moins efficiente qu'une directe
et franche complicité. Si l'unanimité suffisait à légitimer
les pires attentats contre le droit écrit, aussi bien que contre
le droit humain, le Parlement roumain pourrait affronter
sans inquiétude le jugement de l'opinion et de l'histoire.
Pas un opposant ne s'est levé pour combattre une mesure
aussi barbare qu'inique, comme si le regretté président Duca
avait emporté dans la tombe les dernières possibilités d'un
rappel à la justice et d'un réveil de Ta conscience.
M. Titulesco lui-même, dans lequel nous avions accou-
tumé de voir le seul homme politique roumain qui fasse
Numéro 2
FEVRIER 1935.
PAIX ET DROIT
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE K
Prix du Numéro
2 francs
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45, RUE LA BRUYÈRE — PARIS (IX 8)
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L'offensive raciste en Roumanie. Alfred BERL
L'ANTISÉMITISME ALLEMAND .■
a) L'ancien ot le nouvel antisémitisme ;
b) L'antisémitisme dans le peuple ;
c) Le boycottage ;
d) Les médecins ;
e) Dans les Universités.
Lettre de Pologne : Le vrai visage de la poli-
tique antijuive. Dr A. T.
En Roumanie : La loi du travail national. ISAS
DOCUMENTS :
Déclaration du Dr Thon au Sejm polonais.
L'OFFENSIVE RACISTE EN ROUMANIE
La propagande antijuive poursuivie depuis plus de
12 ans par les Associations dites Chrétiennes, Gardes de fer
et Croix Gammées, avec l'acharnement que l'on sait, et
avec l'aide matérielle et morale de l'hitlérisme, vient de
remporter une victoire qui. plonge la population juive de
Roumanie dans une émotion voisine du désespoir. Cédant
h la violence des partis de haine, le cabinet Tataresco vient
de lui porter un coup peut-être mortel par son « arrêté
d'application » de la loi sur le travail ; — ce qui équivaut,
en France, à un règlement d'administration publique.
Quel est l'objet de cette loi ? Quel est celui de l'arrêté mi-
nistériel ? C'est ce que nous allons expliquer aussi briève-
ment que possible.
Le but avoué, et très justifiable, de la loi votée en
juillet 1934 était de protéger le personnel roumain par pré-
férence au travail étranger dans les entreprises écono-
miques, industrielles, commerciales et civiles de toute sorte.
Pour en contrôler l'exécution, elle prescrivait aux chefs
de ces entreprises d'adresser au plus tard, au lor février
de chaque année le tableau nominatif de tout le personnel
roumain et étranger salarié. Ledit tableau devait contenir
deux colonnes :
a) Roumain ; b) étranger.
Devant la fureur des passions social-nationalistes, le
ministère a modifié, fondamentalement, l'intention et l'ob-
jectif originels de la loi, qui ne devait être que de protec-
iion du travail national, et en a fait une loi de combat et
d'extermination contre l'élément israélite du pays. Voici
comment : l'arrêté ministériel édicté qu'au lieu des deux
colonnes prévues, le tableau en contiendra trois :
a) Citoyens ; b) origine ethnique ; c) étrangers.
Le mot « citoyen » remplaçant « roumain », ce change-
ment introduit entre les citoyens des différences, d'après
l'origine ethnique, et contredit la loi elle-même, aussi bien
dans son texte que dans son esprit. L'arrêté ministériel
viole, en outre, les traités souscrite en 1919 envers les puis-
sances victorieuses de l'Entente par l'Etat roumain, dont
les frontières étaient considérablement élargies et la popu-
lation doublée sous la condition formelle qu'il reconnaîtrait
le principe de l'égalité des droits « à tous les Roumains,
sans distinction d'origine, de race, de religion et de lan-
gue » ; il viole enfin la Constitution de 1923, votée en
conformité de ces clauses des traités. D'un seul trait —
beau travail — le ministère actuel a annulé, outre la loi
dont il est le promoteur, les traités qui ont fait la Grande
Roumanie et la Constitution votée il y a 12 ans.
Grave au point de vue moral, la chose, au point de vue
matériel s'annonce grosse de conséquences. Et d'abord, par
la substitution du terme citoyen au mot roumain, quatre-
vingt mille juifs qui n'ont pas pu ou su faire à temps la
preuve de leur ancien habitat dans le pays, et qui ne sont
pas des citoyens, mais de simples ressortissants, vont être
irrémissiblement exclus de tous les métiers, professions, en-
treprises. Quant aux huit cent mille israélites dotés des
droits civiques, leur sort n'est guère meilleur; ils deviennent
par le fait de la catégorie b), des citoyens de deuxième zone,
à participation réduite dans l'activité nationale, tellement
réduite que les 9/10es seront théoriquement voués à l'exode
ou à la mort par la fahxi. MaisJrdans la pratique, il n'y aura
pas pour eux d'alternative, l'émigration étant partout im-
possible, ils n'auront pas le choix ; seule leur est assurée
la réalisation du dernier terme du dilemme. La prédication
des Cuza et des Codréano aura finalement atteint son but,
et la faiblesse de M. Tataresco, qui affectait récomment en-
core, officiellement du moins, de réprouver leurs doctrines,
n'aura pas été pour elles moins efficiente qu'une directe
et franche complicité. Si l'unanimité suffisait à légitimer
les pires attentats contre le droit écrit, aussi bien que contre
le droit humain, le Parlement roumain pourrait affronter
sans inquiétude le jugement de l'opinion et de l'histoire.
Pas un opposant ne s'est levé pour combattre une mesure
aussi barbare qu'inique, comme si le regretté président Duca
avait emporté dans la tombe les dernières possibilités d'un
rappel à la justice et d'un réveil de Ta conscience.
M. Titulesco lui-même, dans lequel nous avions accou-
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