Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-11-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 novembre 1934 01 novembre 1934
Description : 1934/11/01 (A14,N9)-1934/11/30. 1934/11/01 (A14,N9)-1934/11/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61417735
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
QUATORZIEME ANNEE (Mensuel)
Numéro 9
NOVEMBRE 1934.
PAIX ET DROIT
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
45, RUE LA BRUYÈRE — PARIS (IXe)
i. .(France 20 francs
Abonnement| Etranger 25 francs
Compte chèques postaux
Alliance Israélite 408-94- PARIS
SOMMAIRE
Une masse humaine en perdition. Alfred BERL
L'hommage de I' « Alliance » au baron
Edmond de Rothschild.
Cérémonie en mémoire de Jacques Bigart.
L'ANTISÉMITISME ALLEMAND .•
t. — La vie économique, — II. Les
enfants juifs. — III. LMnfluence
internationale de l'antisémitisme
allemand. — IV. Les résistances.
Lettre de Pologne : Sous le signe de la faim. Dr A. T.
En Roumanie : Complaisances ou compli-
cités ? ISAS
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés
allemands.
DOCUMENTS :
I. — Une déclaration du Dr Riilf,
rabbin de Sarrebriick. — IL Dis-
cours du Dr Thon, député à la
Diète polonaise.
UNE MASSE HUMAINE EN PERDITION
■— »♦•
Nous avons déjà eu l'occasion, — et récemment en-
core (1), de dénoncer la détresse matérielle et morale de la
population judéo-polonaise. La situation ne s'est pas amé-
liorée ; notre correspondant de Varsovie, dans une lettre
que nous publions plus loin, nous signale une aggravation
telle qu'elle semble atteindre au paroxysme. D'après cette
documentation très sérieusement contrôlée, les israélites de
.Pologne s'enfoncent dans une misère chaque jour plus pro-
fonde : aucune atténuation, en fait ou en perspective, à cons-
tater ou à espérer. Il s'agit de la vie de trois millions d'êtres
humains, auxquels il ne reste plus qu'à disparaître, si un
secours aussi prompt que décisif ne vient barrer les forces
hostiles que la nature des choses et la malignité des hommes
a conjurées contre eux, pour accomplir leur oeuvre de mort.
C'est tout un peuple qui jette au monde un appel déses-
péré : il va succomber sous le poids des réactions économi-
ques et, plus encore, sous la tare d'être d'un autre sang et
d'une autre foi que la majorité des ressortissants du pays.
Pour bien apprécier la gravité du mal, il ne suffit pas
de se reporter à l'histoire et à la psychologie particulière
de la nation polonaise, telle que les ont conditionnées les
partages et l'oppression centenaire sous trois maîtres diffé-
rents, brutaux ou fourbes, parfois les deux... Il faut en-
core se rappeler la structure sociale du pays, celle du facteur
juif, la fonction économique de ce dernier, et combiner
' {vT'.L'Economie juive en Pologne, Paix et Droit, avril 1934.
tous ces éléments du passé avec les transformations actuel-
les, avec ce qu'on a improprement dénommé la crise et qui
n'est rien de moins qu'une grande révolution économique.
Il y a là une complexité des faits et de causes susceptibles
de solliciter et aussi de désespérer l'érudition et la saga-
cité des historiens : mais si l'on se borne à simplifier et
à ramoner le problème à ses données essentielles pour le
mettre à la portée du spectateur moyen, on peut, grosso
modo, se représenter la question judéo-polonaise comme
l'antagonisme fatal entre une race citadine, ayant le goût
et l'expérience des affaires, du travail, bourgeoisie adaptée
de longue date à l'effort de l'activité capitaliste, aux ris-
ques et aux avantages de la liberté et du fair play, et le
nationalisme exaspéré d'une population en majeure partie
paysanne, donc incomplètement évoluée quant à la vie
moderne, mal à l'aise dans un pays pauvre ou du moins
appauvri, inapte à soutenir la concurrence, autant qu'en-
cline à invoquer la protection de l'Etat pour s'assurer un
privilège dans la lutte pour l'existence.
Cette antinomie entre la mentalité nationale et les droits
constitutionnels que la Pologne avait dû reconnaître à tous
les groupes minoritaires du pays, sous la pression des Etats
occidentaux victorieux, devait être génératrice des réper-
cussions qu'elle a en fait, déclenchées dans l'ordre écono-
mique comme clans l'ordre politique et social. En dépit des
lois, l'élite intellectuelle juive a été pratiquement exclue de
toutes les fonctions civiles et militaires, réservées aux
citoyens de première zone et de confession chrétienne :
cette élite dut se vouer exclusivement au barreau, au jour-
nalisme et à la médecine. Quant à la masse, elle est confi-
née dans la banque et le négoce ; petit, grand ou moyen
commerce, et dans l'artisanat. On était fondé à croire que,
dans ces professions-refuges, l'activité juive pourrait se
développer normalement, sans entrave, sans exclusion di-
recte ou indirecte. C'était oublier la frénésie antisémite
qui, depuis 1918, ravage le Centre et l'Orient européens.
Avant même la reconstitution de l'Etat polonais, s'était
formé le parti national-démocrate (Dmowski), lequel au-
jourd'hui, s'il ne se confond, se conjugue avec le parti hitlé-
rien polonais. Les nationaux-démocrates inaugurèrent sans
délai une propagande antijuive acharnée ; leurs ligues mul-
tiplièrent les conférences, les tracts, les affiches à l'effet
de boycotter le commerce israélite, de forcer ainsi les juifs
dans leurs derniers retranchements, finalement de les ruiner.
Le parti national ne se contenta pas de traquer « les
sangsues juives qui suçaient le sang du peuple polonais ».
il s'attaqua au prolétariat israélite, que sa propre con-
currence dans tous les petits métiers rendait déjà si malheu-
reux. Il obtint en 1927, le vote d'une loi qui subordonnait
l'exercice de l'artisanat à une double condition, presque
Numéro 9
NOVEMBRE 1934.
PAIX ET DROIT
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAÉLITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
RÉDACTION ET ADMINISTRATION :
45, RUE LA BRUYÈRE — PARIS (IXe)
i. .(France 20 francs
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Alliance Israélite 408-94- PARIS
SOMMAIRE
Une masse humaine en perdition. Alfred BERL
L'hommage de I' « Alliance » au baron
Edmond de Rothschild.
Cérémonie en mémoire de Jacques Bigart.
L'ANTISÉMITISME ALLEMAND .•
t. — La vie économique, — II. Les
enfants juifs. — III. LMnfluence
internationale de l'antisémitisme
allemand. — IV. Les résistances.
Lettre de Pologne : Sous le signe de la faim. Dr A. T.
En Roumanie : Complaisances ou compli-
cités ? ISAS
Le Haut-Commissariat pour les réfugiés
allemands.
DOCUMENTS :
I. — Une déclaration du Dr Riilf,
rabbin de Sarrebriick. — IL Dis-
cours du Dr Thon, député à la
Diète polonaise.
UNE MASSE HUMAINE EN PERDITION
■— »♦•
Nous avons déjà eu l'occasion, — et récemment en-
core (1), de dénoncer la détresse matérielle et morale de la
population judéo-polonaise. La situation ne s'est pas amé-
liorée ; notre correspondant de Varsovie, dans une lettre
que nous publions plus loin, nous signale une aggravation
telle qu'elle semble atteindre au paroxysme. D'après cette
documentation très sérieusement contrôlée, les israélites de
.Pologne s'enfoncent dans une misère chaque jour plus pro-
fonde : aucune atténuation, en fait ou en perspective, à cons-
tater ou à espérer. Il s'agit de la vie de trois millions d'êtres
humains, auxquels il ne reste plus qu'à disparaître, si un
secours aussi prompt que décisif ne vient barrer les forces
hostiles que la nature des choses et la malignité des hommes
a conjurées contre eux, pour accomplir leur oeuvre de mort.
C'est tout un peuple qui jette au monde un appel déses-
péré : il va succomber sous le poids des réactions économi-
ques et, plus encore, sous la tare d'être d'un autre sang et
d'une autre foi que la majorité des ressortissants du pays.
Pour bien apprécier la gravité du mal, il ne suffit pas
de se reporter à l'histoire et à la psychologie particulière
de la nation polonaise, telle que les ont conditionnées les
partages et l'oppression centenaire sous trois maîtres diffé-
rents, brutaux ou fourbes, parfois les deux... Il faut en-
core se rappeler la structure sociale du pays, celle du facteur
juif, la fonction économique de ce dernier, et combiner
' {vT'.L'Economie juive en Pologne, Paix et Droit, avril 1934.
tous ces éléments du passé avec les transformations actuel-
les, avec ce qu'on a improprement dénommé la crise et qui
n'est rien de moins qu'une grande révolution économique.
Il y a là une complexité des faits et de causes susceptibles
de solliciter et aussi de désespérer l'érudition et la saga-
cité des historiens : mais si l'on se borne à simplifier et
à ramoner le problème à ses données essentielles pour le
mettre à la portée du spectateur moyen, on peut, grosso
modo, se représenter la question judéo-polonaise comme
l'antagonisme fatal entre une race citadine, ayant le goût
et l'expérience des affaires, du travail, bourgeoisie adaptée
de longue date à l'effort de l'activité capitaliste, aux ris-
ques et aux avantages de la liberté et du fair play, et le
nationalisme exaspéré d'une population en majeure partie
paysanne, donc incomplètement évoluée quant à la vie
moderne, mal à l'aise dans un pays pauvre ou du moins
appauvri, inapte à soutenir la concurrence, autant qu'en-
cline à invoquer la protection de l'Etat pour s'assurer un
privilège dans la lutte pour l'existence.
Cette antinomie entre la mentalité nationale et les droits
constitutionnels que la Pologne avait dû reconnaître à tous
les groupes minoritaires du pays, sous la pression des Etats
occidentaux victorieux, devait être génératrice des réper-
cussions qu'elle a en fait, déclenchées dans l'ordre écono-
mique comme clans l'ordre politique et social. En dépit des
lois, l'élite intellectuelle juive a été pratiquement exclue de
toutes les fonctions civiles et militaires, réservées aux
citoyens de première zone et de confession chrétienne :
cette élite dut se vouer exclusivement au barreau, au jour-
nalisme et à la médecine. Quant à la masse, elle est confi-
née dans la banque et le négoce ; petit, grand ou moyen
commerce, et dans l'artisanat. On était fondé à croire que,
dans ces professions-refuges, l'activité juive pourrait se
développer normalement, sans entrave, sans exclusion di-
recte ou indirecte. C'était oublier la frénésie antisémite
qui, depuis 1918, ravage le Centre et l'Orient européens.
Avant même la reconstitution de l'Etat polonais, s'était
formé le parti national-démocrate (Dmowski), lequel au-
jourd'hui, s'il ne se confond, se conjugue avec le parti hitlé-
rien polonais. Les nationaux-démocrates inaugurèrent sans
délai une propagande antijuive acharnée ; leurs ligues mul-
tiplièrent les conférences, les tracts, les affiches à l'effet
de boycotter le commerce israélite, de forcer ainsi les juifs
dans leurs derniers retranchements, finalement de les ruiner.
Le parti national ne se contenta pas de traquer « les
sangsues juives qui suçaient le sang du peuple polonais ».
il s'attaqua au prolétariat israélite, que sa propre con-
currence dans tous les petits métiers rendait déjà si malheu-
reux. Il obtint en 1927, le vote d'une loi qui subordonnait
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