Titre : Paix et droit : organe de l'Alliance israélite universelle
Auteur : Alliance israélite universelle. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1933-01-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34423561b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 2031 Nombre total de vues : 2031
Description : 01 janvier 1933 01 janvier 1933
Description : 1933/01/01 (A13,N1)-1933/01/31. 1933/01/01 (A13,N1)-1933/01/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61417379
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-68284
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
TREIZIEME ANNEE (Mensuel)
Numéro !
JANVIER 1933.
ET
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAELITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
' RÉDACTION ET ADMINISTRATION :■
45, RUE LA BRUYÈRE— PARIS (IXe)
«v . ' France 20 franc»
Abonnement ; «, oe.
Étranger
Compte chèques postaux
Alliance Israélite 408>94 - PARIS
SOMMAIRE.
^Hitler chancelier. ASfred BERL
Lettre d'Allemagne : L'agitation antijuive.
'{Lettre de Pologne : Questions juives au
Parlement. D1 A. T.
En Roumanie : Tour d'horizon. 1SAS
DOCUMENTS :
X.ss troubles de Lerrïberg.
Tableau des écoles de I' « Alliance Israélite ».
HITLER CHANCELIER
L'Allemagne demeure le pays des incertitudes, des sur-
prises et des reviremeflts. Cette vérité est devenue un lieu
■commun ; le dernier coup de théâtre lui apporte un nouvel
argument. Hitler vient d'être nommé chancelier du Reich
par le président Hindenburg : Hitler, qu'après son recul
électoral de novembre, d'aucuns croyaient hors de course,
ou du moiijis définitivement écarté du pouvoir ; Hindenburg
•qui, à la même époque, confiait à Hitler la mission de for-
mer le cabinet, mais sous des conditions telles que celui-ci
dut renoncer à la tentative et céder la place à Schleicher.
En réalité, on avait préjugé trop tôt la ruine du racisme
et le parti demeurait un facteur important sinon primordial
■de la politique allemande (1). Le vaincu d'hier a aujour-
d'hui sa revanche. Von Schleicher ayant provoqué les mé-
fiances- des nationaux-allemands et des hobereaux par les
tendances quelque peu libérales de son programme, le pré-
sident Hindenburg lui a refusé les pleins pouvoirs. Il a pré-
féré suivre les suggestions de son entourage et de son ancien
chancelier, — toujours regretté, — von Papen ; il a sur-
monté ses répugnances personnelles, pour s'entendre avec
les nazi.
Cet événement politique est trop gros de conséquences
pour n'avoir pas provoqué des interprétations variées, les-
quelles ne manquent ni de partisans ni de vraisemblance.
Hitler, selon certains, incomparable comme agitateur,
n'est point un politique de même ordre. Or, l'exercice du
pouvoir est une rude et périlleuse épreuve pour les apprentis
ou candidats-hommes d'Etat. Ils risquent de s'y user vite,
s'ils n'affirment pas la supériorité d'intelligence et ,de ca-
ractère que leur a prêtée l'enthousiasme de leurs adeptes.
D'autre part, les prédications enflammées des démagogues,
la surenchère de leurs promesses, adéquates aux besoins de
la propagande et de l'agitation, s'avèrent bientôt sans
valeur pratique au contact des faits et des nécessités gou-
vernementales. Alors, on est contraint de biaiser, d'éluder
astucieusement les engagements pris, voire même de renier
purement et simplement son programme, au risque de mé-
contenter ses plus fidèles partisans. De là, déceptions géné-
ratrices d'usure, d'impopularité, de discrédit. Que le prési-
dent Hindenburg ou son entourage ait formé ce calcul ou
envisagé ces possibles, il n'y aurait là rien qui puisse éton-
ner. C'est jeu courant en politique —■ les politiciens alle-
mands n'ont rien inventé — ; il fleurit dans tous les pays
parlementaires européens.
Quels que puissent être la durée et le destin du nouveau
cabinet, il existe ; tel est le fait. La menace dont s'inquié-
tait depuis plusieurs années le judaïsme allemand est de-
venue une réalité, avec quoi il faut compter. Mais si l'on
veut en mesurer la portée -actuelle et future, il convient
d'en analyser les composantes qui sont complexes. ^Selon la
thèse précédemment énoncée et que l'on pourrait 'appeler
la thèse optimiste, il ne faudrait spas, après avoir sous-
évalué les virtualités du racisme survivantes à l'insuccès
de novembre dernier, tomber clans l'erreur contraire et exa-
gérer sa force actuelle. Hitler n'a pas enlevé d'assaut —
comme il s'en vantait — le pouvoir. Il y accède par le fait de
toute sorte de carences et d'impuissances, au moyen d'une
coalition de groupes et d'intérêts particuliers. Il fait figure
moins d'un dictateur qui s'impose, que d'un pion —à la vérité
d'importance — que les coalisés poussent sur l'échiquier poli-
tique ; et, en définitive, il pourrait bien n'être que l'instru-
ment et non le maître de ces derniers. II.y a deux mois, il
repoussait de très haut les conditions que lui imposait le
Président. Il s'y soumet aujourd'hui. De même, il se flat-
tait d'abattre et de remplacer la Constitution weimarienne.
11 lui jure fidélité... au moins provisoire. C'est donc qu'il ne
possède pas le prestige et l'autorité que confère, contre une
majorité parlementaire, soit une armée massive de che-
mises noires ou brunes, marchant triomphalement sur Rome
ou sur... Berlin, soit l'ardente volonté ou au moins l'irré-
sistible adhésion d'un peuple, unanimement ivre de son
tyran.
Ses collègues du cabinet ne semblent pas être des com-
parses, mais ses pairs. Il a bien hissé avec lui au ministère
plusieurs nazi, des militants inféodés à sa personne et à sa
doctrine, comme Frick et Goering, mais ils doivent compter
avec von Papen, Hugenberg, von Krosigk, von Neurath,
rivaux d'ambition et d'influence, en réalité ses supé-
rieurs, s'il s'agit non plus de terroriser la rue et d'exciter
les foules, mais de diriger au dedans et au dehors la poli-
tique d'un Empire.
Si peu de sympathie qu'éprouve ou veuille manifester
aucun des gouvernants à la population juive, ils ont le sens
de la mesure et le souci des grands intérêts de l'Etat. Or,
cela suffit pour défendre énergiquement l'ordre public, la
paix sociale et pour empêcher des désordres sanglants.,
(1) Voir le Bulletin dans lé numéro de novembre 1032 : « Le Cré-
puscule d'un dieu? »
Numéro !
JANVIER 1933.
ET
ORGANE DE L'ALLIANCE ISRAELITE UNIVERSELLE
Prix du Numéro :
2 francs
' RÉDACTION ET ADMINISTRATION :■
45, RUE LA BRUYÈRE— PARIS (IXe)
«v . ' France 20 franc»
Abonnement ; «, oe.
Étranger
Compte chèques postaux
Alliance Israélite 408>94 - PARIS
SOMMAIRE.
^Hitler chancelier. ASfred BERL
Lettre d'Allemagne : L'agitation antijuive.
'{Lettre de Pologne : Questions juives au
Parlement. D1 A. T.
En Roumanie : Tour d'horizon. 1SAS
DOCUMENTS :
X.ss troubles de Lerrïberg.
Tableau des écoles de I' « Alliance Israélite ».
HITLER CHANCELIER
L'Allemagne demeure le pays des incertitudes, des sur-
prises et des reviremeflts. Cette vérité est devenue un lieu
■commun ; le dernier coup de théâtre lui apporte un nouvel
argument. Hitler vient d'être nommé chancelier du Reich
par le président Hindenburg : Hitler, qu'après son recul
électoral de novembre, d'aucuns croyaient hors de course,
ou du moiijis définitivement écarté du pouvoir ; Hindenburg
•qui, à la même époque, confiait à Hitler la mission de for-
mer le cabinet, mais sous des conditions telles que celui-ci
dut renoncer à la tentative et céder la place à Schleicher.
En réalité, on avait préjugé trop tôt la ruine du racisme
et le parti demeurait un facteur important sinon primordial
■de la politique allemande (1). Le vaincu d'hier a aujour-
d'hui sa revanche. Von Schleicher ayant provoqué les mé-
fiances- des nationaux-allemands et des hobereaux par les
tendances quelque peu libérales de son programme, le pré-
sident Hindenburg lui a refusé les pleins pouvoirs. Il a pré-
féré suivre les suggestions de son entourage et de son ancien
chancelier, — toujours regretté, — von Papen ; il a sur-
monté ses répugnances personnelles, pour s'entendre avec
les nazi.
Cet événement politique est trop gros de conséquences
pour n'avoir pas provoqué des interprétations variées, les-
quelles ne manquent ni de partisans ni de vraisemblance.
Hitler, selon certains, incomparable comme agitateur,
n'est point un politique de même ordre. Or, l'exercice du
pouvoir est une rude et périlleuse épreuve pour les apprentis
ou candidats-hommes d'Etat. Ils risquent de s'y user vite,
s'ils n'affirment pas la supériorité d'intelligence et ,de ca-
ractère que leur a prêtée l'enthousiasme de leurs adeptes.
D'autre part, les prédications enflammées des démagogues,
la surenchère de leurs promesses, adéquates aux besoins de
la propagande et de l'agitation, s'avèrent bientôt sans
valeur pratique au contact des faits et des nécessités gou-
vernementales. Alors, on est contraint de biaiser, d'éluder
astucieusement les engagements pris, voire même de renier
purement et simplement son programme, au risque de mé-
contenter ses plus fidèles partisans. De là, déceptions géné-
ratrices d'usure, d'impopularité, de discrédit. Que le prési-
dent Hindenburg ou son entourage ait formé ce calcul ou
envisagé ces possibles, il n'y aurait là rien qui puisse éton-
ner. C'est jeu courant en politique —■ les politiciens alle-
mands n'ont rien inventé — ; il fleurit dans tous les pays
parlementaires européens.
Quels que puissent être la durée et le destin du nouveau
cabinet, il existe ; tel est le fait. La menace dont s'inquié-
tait depuis plusieurs années le judaïsme allemand est de-
venue une réalité, avec quoi il faut compter. Mais si l'on
veut en mesurer la portée -actuelle et future, il convient
d'en analyser les composantes qui sont complexes. ^Selon la
thèse précédemment énoncée et que l'on pourrait 'appeler
la thèse optimiste, il ne faudrait spas, après avoir sous-
évalué les virtualités du racisme survivantes à l'insuccès
de novembre dernier, tomber clans l'erreur contraire et exa-
gérer sa force actuelle. Hitler n'a pas enlevé d'assaut —
comme il s'en vantait — le pouvoir. Il y accède par le fait de
toute sorte de carences et d'impuissances, au moyen d'une
coalition de groupes et d'intérêts particuliers. Il fait figure
moins d'un dictateur qui s'impose, que d'un pion —à la vérité
d'importance — que les coalisés poussent sur l'échiquier poli-
tique ; et, en définitive, il pourrait bien n'être que l'instru-
ment et non le maître de ces derniers. II.y a deux mois, il
repoussait de très haut les conditions que lui imposait le
Président. Il s'y soumet aujourd'hui. De même, il se flat-
tait d'abattre et de remplacer la Constitution weimarienne.
11 lui jure fidélité... au moins provisoire. C'est donc qu'il ne
possède pas le prestige et l'autorité que confère, contre une
majorité parlementaire, soit une armée massive de che-
mises noires ou brunes, marchant triomphalement sur Rome
ou sur... Berlin, soit l'ardente volonté ou au moins l'irré-
sistible adhésion d'un peuple, unanimement ivre de son
tyran.
Ses collègues du cabinet ne semblent pas être des com-
parses, mais ses pairs. Il a bien hissé avec lui au ministère
plusieurs nazi, des militants inféodés à sa personne et à sa
doctrine, comme Frick et Goering, mais ils doivent compter
avec von Papen, Hugenberg, von Krosigk, von Neurath,
rivaux d'ambition et d'influence, en réalité ses supé-
rieurs, s'il s'agit non plus de terroriser la rue et d'exciter
les foules, mais de diriger au dedans et au dehors la poli-
tique d'un Empire.
Si peu de sympathie qu'éprouve ou veuille manifester
aucun des gouvernants à la population juive, ils ont le sens
de la mesure et le souci des grands intérêts de l'Etat. Or,
cela suffit pour défendre énergiquement l'ordre public, la
paix sociale et pour empêcher des désordres sanglants.,
(1) Voir le Bulletin dans lé numéro de novembre 1032 : « Le Cré-
puscule d'un dieu? »
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.72%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96.72%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 2/9
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k61417379/f2.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k61417379/f2.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k61417379/f2.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k61417379/f2.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k61417379
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k61417379
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k61417379/f2.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest