Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1895-06-12
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1895 12 juin 1895
Description : 1895/06/12 (Numéro 11856). 1895/06/12 (Numéro 11856).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k613550j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/09/2008
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TROIS MOIS 5rn '
SIX MOIS. 9™.
UN AN 18 FR.
ON NUMÉ RO : 5 C ENTIMES ■
Tous les Dimanches '
LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : 5 CENTIMES
DÉPARTEMENTS ABONNEMENTS ÉTRANGER
6 FR. .—.TROIS MOIS 8 FR.
a2FR...."..SIXMOIS ...15 FR.
24 FR. UN AN 30 FR.
- MERCREDI 12. JUIN 1895
163~~~saint GUY-; 202
TRENTE-TROISIÈME ANNÉE '(N UMÉRO ' H856)
L.E3' MANUSCRITS Ni SONT. PA» RENDUS >
DERRIÈRE. • ÉDITION
L'ALLIANCE
L'interpellation de lundi sur nos affaires
extérieures a eu un développement original
et peu attendu généralement de ce genre
d'exercices parlementaires; au lieu d'em
brouiller les questions, elle a permis au
gouvernement de les éclaircir; au lieu de
' semer la confusion et le désordre dans les
idées .du pays, elle lui indique enfin l'orien
tation nette, solide que nous désirions et
que nous n'avons cessé de réclamer.
• Je ne sais pas si c'est le but patriotique
que poursuivaient les mterpellateùrs ; mais
sincères ou non, ils'„ l'ont obtenu. Pour une
fois, félicitons-les d'un résultat trop rare. :
'
Le fait dominant, capital auquél se ratta
che depuis quatre années le -relèvement de
notre influence et'notre rôle national dans
le • monde, o* est- Ja reconstitution d'une,
".politique extérieure "fwmçaise ; elle date
exactement de Gronstadt, puisque c'est à
bord de notre flotte" que l'empereur Alexan
dre III a rompu le cliarme qui enchaînait
notre initiative.
Avant, nous étions condamnés, par les
devoirs d'une réserve légitime', à l'abs
tention.
M. de Bismarck en comprenait bien la
raison, lui qui écrivait au comte d'Arnim,le
20 décembre 1872 : « Nous devons empêcher
la France de trouver des alliances,. Tant
qu'elle n'aura pas d'alliés, nous n'aurons
rièn à craindre d'elle. » Le chancelier de 1er
peut se vanter d'avoir écarté ce danger pour
l'Allemagne, tant qu'il est resté au pouvoir.
Il triomphe d'ailleurs aujourd'hui de ses
successeurs, en leur reprochant de n'avoir
Sas évité le contaot de la' France, et de la
lussie, qu'il voulait empêcher à tout prix.
• Peu nous importe, à nous, que ce" rappro
chement oonsacre son échec personnel ou
celui de Guillaume IL.
L'essentielc'estqu'il existe ; or, personne ne
conteslesérieusenientque depuis Gronstadt,
au lieu d'être isolés, nous sommes deux, cha
que fois qu'un problème européen se pose.
. Gronstadt ouvrit, dans un élan de sympa-
thiè éclatante, la route qu'allaient' suivre
les intérêts communs.
Peu de personnes savaient avant la séance
d'avant-hier que ces intérêts ont été définis
dans une entente écrite, garantissant la sé
curité respective des contractants, en face
des éventualités futures; Mais il a suffi d'en
deviner l'existence ou la possibilité pour
changer la face de l'Europe.
Sur les flancs de la triple alliance, la
double alliance prenait insensiblement cré
dit, rétablissant l'équilibre et assurant la
paix par le respect d'une force redoutable ;
devant elle,l'empereur d'Allemagne s'est
borné modestement à chercher, jusqu'à
nouvel ordre, une gloire théâtrale dans un
plan de conciliation grandiose. Son rêve
deviendrait peut-être une réalité, s'il ap
portait au dénouement d'autre appui que
des phrases chimériques ou des séductions
inquiétantes. Quant, à M. Crispi'et au roi
Humbert, ils sont réduits à ronger leur
frein et à rentrer leurs mauvais desseins,
leurs cyniques espérances.
Voilà les effets saisissants d'un accord
plutôt senti que connu dans ses donné°es
précises : car en dehors des manifesta
tions amicales souvent répétées, et d'une
cordialité visible, les deux gouvernements
de France et de Russie s'abstenaient de
publier l'existence d'un instrument matériel
déterminant loùrs relations, réglant leur ac
tion concertée, dans des cas spécifiés de
menaces ou de danger. ««
•**
Le secret gardé ne manquait pas d'avan
tages puisqu'il laissait l'adversaire pro
bable dans une demi-incertitude ; il n'avait
qu'un inconvénient, celui de permettre aux
esprits brouillons d'agiter l'opinion, juste
ment dans les circonstances difficiles, de
faire naître des hésitations, des. soupçons,
des récriminations stériles, de détourner un
peu le courant naturel qui nous entraîne
à de. meilleures destinées.
Il n'est pas niable que la puissance pro
fonde, invincible, de l'entente franco-russe
est née, surtout chez nou^dji^gentimenl
public. Sa confiance mamttent 'èt "fortifie
chaqtie jour davantage la ligne résolument
adoptée. Il ne faut done.pas jouer avec la
foi qui anime la France ni l'exposer à des
épreuves inutiles.
On lui rendra ce témoignage à Saint-
Pétersbourg, qu'elle s'en remettait presque
aveuglément au oaractère et à la droiture
des souverains russes, qu'elle, ne réclamait
-pas d'autres démçnstrations, pas d'autres
preuvesà leur: bonne foi. Quels qiie fussent
les machinations ét les armements de la tri-:
pie alliance, ell&était inaccessible au doute.
. Mois d'autres incidents ont surpris la di
plomatie de notre continent; ils nous obli
gent tous à surveiller les luttes qui déchirent
l'Extrême-Orient, révèlent l'avètaementd'un
Etat très entreprenant, le Japon, et la dé
cadence .lamentable de l'antique empire
chinois. , ■ -, •
La Russie, plus engagée que nous parles
conséquences delà guerre smo-japonaise, a
dû contenir l'exagération des succès fou
droyants du Mikado et protéger le vaincu
contre les appétits du Vainqueur. Réduite à
ses moyens, elle risquait une partie fort
grave ; elle a démandé notre concours : nous
le lui avons immédiatement et largement
accordé; elle a réussi avec nous, au delà
même de*ses prévisions lès plus favorables.
C'èst à merveille ; on conviendra pourtant
quenotreappuiparfaitementlouableetfondé,
mais donne aux extrémités de l'Asie, nous
écarte des préoccupations . immédiates' et
pressantes poiir lesquelles-nous montons
-la garde à la frontière de.l'Est. Ilimpliqué
une série.de services imprévus., de respon
sabilités variées, qui. seraient inadmissibles
sans une > alliance complète, capable d'en
gager la réciprocité certaine, lorsque no»
intérêts et non plus ceux de la Russie se
ront au premier plan.
L'opinion l'a . parfaitement deviné ici ;
elle ne s'est nullement insurgée contre là gé
nérosité et là droiture 1 de notre mini$tredes
affaires étrangères; elle s'est "simplement
tournée-vers lui en l'interro géant sur la va-'
leur pratiqué et définitive d'un aopord qu'il
était nécessaire d'entendre affirmer avec .so
lennité.. . •
*** '
La France sérieuse est hostile aux.chica-
niers et aux timides qui proposent délaisser
la Russie r se tirer d'embarras sans notre
aide, dès qu'elle est aux prises avec des
ennuis désagréables.
. En revanche elle compte que nous béné
ficierons du même traitement si l'oocasion
s'offre d'invoquer non seulement la recon
naissance, mais la loyauté empressée de lai
Russie.
; Pour avancer dans la voie qu'il a choi
sie, notre gouvernement n'était sûr d'être
approuvé sans réticences, sans arrière-pen
sées, d e confondre ses contradicteurs mal
veillants et d'obtenir l'assentiment des
masses, qu'en prononçant à hau^e et intelli
gible. voix le mot d'alliance.
C'est fait.
M. Hanotaux a été aussi habile que
prudent en supprimant d'un coup le (pré
texte d'éternelles et. insipides ' questions,
d'insinuations et. de manœuvres déplora
bles, pour notre avantage comme pour, ce
lui de la Russie.
Nous n'en demandions pas. davantage en
l'avertissant. dernièrement que. sa diplo
matie ne pouvait être tout à fait mysté
rieuse, mème quand elle avait pour elle la
raison, le droit et le succès. Maintenant
nous l'attendrons à l'œuvre avec plus de
tranquillité. ' * ».
Certes la situation n'a pas changé dans
le fond, parce que les déclarations satis
faisantes du. cabinet ont calmé du coup les
appréhensions et,condamné au.silence l'op
position malsaine.
La séance où cette explication a été fournie
une fois pour toutes n'en restera pas moins,
dans s'a simplicité - apparente, un événe
ment mémorable. Elle allège extraordinai-
rement l'avenir, elle apaise d'avance uii
trouble qui n'a plus de motifs, elle fournit
àunpeuplequi n'aime pas à marcher dans
la nuit et l'indécision, la lumière - dont il
avait besoin.
La journée de lundi nesera pas une jour
née perdue.
Tristan.
DÉPART
DES NAVIRES
• poux* KJel
FRANÇAIS
, , tftépiche de notre correspondant) . ■ .
■ Brest, il juin, 8 h. soi 1 -. *
- Le cuirassé Hoche, battant pavillon de l'amiral
Ménard,et le croiseur Dupuy-de-Lôme ont appa
reillé .aujourd'hui. A quatre heures et demie,
ils sortaient de rade. . < ;
- Ces deux bâtiments se rendent directement à
Kiel, sans faire 'escale.
Le oroiseur Surcouf qui fait partie de ' la
même division partira seulement après-demain.
On sait que le Surcouf doit traverser le canal.
Le Supplément illustré publie cette
semaine une . gracieuse composition en
couleurs, tout à lait de saison :
. PARIS AU PRINTEMPS
LE TEMPS DÉS OEItlSES
r
Et un beau dessin d'actualité ert'couleurs
où l'on remarquera une grande quantité de
•portraits fort. exacts de personnages im
portants : \
AU PALAIS DE L'ÉLYSÉE
tJH ASSAUT D'ARMES CHEZ LE PRÉSIDENT DE LARÉPUBLIQUE
Dans l'intérieur du numéro, une innova
tion que seul le Supplément illustré
en couleurs pouvait réaliser et qui intéres
sera vivement les nombreux- fervents des
jeux djesprit-:
UN RÉBUS EN COULEURS
Le numéro de 8 pages se vend 5 centimes.
LE CONGRÈS DES BOURSES DU TRAVAIL
àNîmes
[Dépêche de notre correspondant)
Nîmes, il juin.
>;■ Hier, s'est ouvert, à Nîmes, le; quatrième
congrès des bourses du travail de France, dans:
les:locaux de la Bourse du. .travail de Nîmes.
24 bourses sur 44 qui existent étaient représen
tées. Ce soht celles d'Alger, Angers, Bordeaux,
Boulogne-sur-Seine,-Xholet, Dijon, Grenoble,
Lyon,./Montpellier, mitonne, Nîmes, Paris,
Perpignan, Le Pny t Roïitsjqs, Saint-Etienne,
Toulpu, Toulouse, Villencùvc-àur-Lot.
Dans sa première réunion, le congrès, sur la
proposition de Saint-Etienne - -et de Dijnq, vole
une protestation ^contre Jes milnipipalitês-.dc
Roanne et.de Chalet qui, dit le . texte de -"W
protestation, en formant les ' bourses du tra
vail de. ces villes, ont porté un tort consi
dérable aux-travailleurs do R.oanne et de Cholct.
La réunion regrette qu'au- moment où' les-
Bourses dutravairsont l'objet de vives attaques,
la Bourse du travail de Nantes ne soit pas repré
sentée. .
Dans la séance du soir, le congrès s'est
prononcé": . .
l°Par 12 voix contre .10 contre toute recon
naissance d'utilité publique des. Bourses du:
travail. • . - , ,
2° A l'unanimité contre toute ingérence du
fouvernomentdans l'adnpinistrationdes Bourses
u travail. . \ ■ , . . ■
LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS »
A LA SORBONNE
L'institution des Naval architccts, association
des ingénieurs civils de la marine britannique,
dont le conseil d'administration est composé
des ingénieurs et des marins les plus éminents
d'Angleterre, tient cette année son congrès à
Paris. i
La session ' de 1895's'est ouverte hier à dix
heures du matin, dans le grand amphithéâtre
de la nouvelle Sorbonne, mis à la disposition
des Naval: architccts par M. Gréara> vice-
recteur de l'Université.' ' -.. T
. Au...début de la séance, le vice-amiral Charles
Duperré a souhaité la bienvenue aux membres,
du Congrès' en les remerciant d'avoir choisi
Paris pour y tenir leur session de 1895. M. Bau-
din, vicerprésident du conseil municipal, a
prononcé ensuite une courte allocution au nom
de la villc.de Paris.
Lord Brassey, président des Naval architecte;
s'est exprimé en français pour remercier le re
présentant du ministre de la marine et le conseil
munioipal de Paris de leur accueil sympathique,
puis la séance a continué par la lecture de dif
férents .mémoires. ■ . i, • » '
M. Emile Berlin, directeur des constructions
navales et de l'Ecole d'application maritime
française, a communiqué au Congrès un inté
ressant travail sur le roulis et le tangage des
navires.
- Après lui, MM. William White, directeur des
constructions navalefà Londres, et Detfny ont
fait part à l'assemblée de leurs observations sur
la stabilité des bâtiments de la marine mar
chande et sur diverses autres questions tech
niques. -. ■ .
Les séances du Congrès se tiennent de dix
heures à midi et prendront fin vendredi pro
chain. Elles seront presque entièrement consa
crées à là lecture de mémoires concernant les
constructions navales. Les-membres du Congrès
visiteront successivement l'Observatoire, l'Ins
titut Pasteur, les égouts et'diverses fabriques
et usines de Paris et de Saint-Denis.
Des réceptions,en l'honneur des' Naval archi-
tects sont organisées : ce soir au ministère de
la marine ; demain à l'Hôtel-Continental par la
chambre de commerce de Paris, et vendredi s
l'Hôtel de Ville par le conseil munioipal.
L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
. .et la viande de bouoherie
Comme suite à une discussion provoquée par
une intéressante communication de M. Valiin
sur les intoxications alimentaires par la viande
dé boucherie, l'Académie de médecine a, dans
sa séance d'hier, voté à l'unanimité le .vœu sui
vant proposé par M. Nocârd :
« Toute viande destinée.à l'alimentation pu
blique ne peut être mise en.vente et colportée,
que pourvue d'une estampille prouvant qu'elle
a été reconnue'saine par un inspecteur compé
tent; l'inspection doit être faite partout,dans les*
villages comme dans les villes ; on peut l'orga
niser aisément et à peu dé frais sur des bases
analogues à.celles qui. sont adoptées en Belgi
que».
L'Académie s'est ensuite longuement occupée
de l'alcoolisme et de ses terribles conséquences
pour la vitalité de la nation.
Au cours 4c la séanoe, lecture a été donnée
d'une lettre par laquelle M. la docteur Peyrot,
chirurgien de l'hôpital Lariboisière, pose sa
candidature à la place vacante dans la section,
de médecine opératoire, en remplacement de
M. Alphonse Guérin, décédé.
3,200 mètres par seconda
La découverte faite, à l'Observatoire du Parc-
SaintrMaur, qu'un tremblement de terre d'Al
gérie peut se faire enregistrer jusque dans les
environs de Paris, vient de recevoir une véri
fication remarquable.'
Le • directeur- de l'Observatoire du Collège
Romain a reconnu que cinq grandes oscillations
trouvées il y a plusieurs mois sur le rouleau de
papier des indicateurs, avaient été produites par
un tremblement de terre, qui .a éclaté, au Japon,
â-une distance de 9,500 kilomètres. La secousse
s'est transmise en environ une heure de temps.
Le fait est démontré de la façon.la pins écla-
"ttHite. 'En effet, l'o.n a constaté que des oscilla
tions identiques, quoique plus nombreuses,
avaient été enregistrées à-Nicolaïeff et & Char-
kow, villes de la; Russie méridionale. Dans oes
stations un,peu plus rapprochées du centre de
{«^catastrophe, l'agitation avait duré plus d'une
heùre. Pour compléter cette découverte mer-
veilleùèa-il .reste à expliquer comment il se fait
que la comtn<(tion-nese propage,à des distances
si prodigieuses'■que dans un. petit nombre de
directions particulïi *(!S; '-:
L'impératrice JosépMue Ùsse fls Marre
et le titre de duo de Navarre ? Il serait intéres
sant de le savoir. Quant au château, il a été dé
truit par le feu et tout simplement démoli çn
1833. , - .
DINER AU MINISTÈRE DE LA GUERRE
Le ministre de la guerre et Mme Zurlindeu
ont offert hier soir un grand dîner aux mem
bres du Corps diplomatique, aux ministres, aux
présidents et aux vice-présidents des deux
Chambres. Soixante convives environ. Mme Zùr-
linden.avait à sa droite Mgr Ferrata et A „sa
gauohe le baron de Mohrenheim. Le ministre
ae la guerre avait à ses fcôtés Mme la comtesse
de Moltkè-Hwrtfeldt et Mme Trarieux.
MM. Ghallemel-Lacour, Brifeaon et Ribot s'é
taient fait excuser.-.
•La dîner a été suivi d'une, brillante récep
tion. ■■ ./
"Une'musique militaire s'est fait entendre
pendant toute la. soirée dans le jardin, qui avait
été illuminé avec des lanternes vénitiennes.
VOITURES SANS CHEVAUX
Parls-Bordeaux-Parts
Le départ des voitures automobiles pour la
course ae Paris à Bordeaux et retour avait at
tiré hier matin une foule énorme-à l'Arc -de
Triomphe de l'Etoile. . ...
: De neuf heures & dix heures, jes voitures
dont nous avons dpnné hier la liste sont venues
successivement, à quelques exceptions près, se
ranger . près de l'Arc de Triomphe, du côté
de l'avenue de.la Grande-Armée. Dès qu'elles
avaient stoppé, la foule, très mal. contenue
par le. service d'ordre, faisait cercle autour
d'elles, et il devenait'dès lors très difficile d'ap
procher des véhicules. '
Pendant qu& s'effectuait ce rassemblement
de nombreux curieux continuaient d'affluer sur
la place de l'Etoile, débouchant' de toutes les
avenues voisines. C'étaient des piétons, des ca
valiers, des .cyclistes évoluant au milieu des
voitures. v
A dix heures le signal du. départ est donné et
chaque voiture se dirige un peu au petit bon
heur vers ' l'avenue de la Grande-Armée.
Nous avons dit bier>què le rendez-vous géné-
ral. pour le départ de la course était à- Ver
sailles, sur la place d'Armes. C'est, de là que
s'estelïectué, d'après un ordre désigné à l'a
vance .par le sort, le départ effectif pour Bor
deaux/
Tout le long de l'avenue de la Grande-Armée,
l'afiluence était, considérable, et'des rangs pres
sés de la foule partaient" à chaque instant des
vœux à l'adresse des concurrents. . ■ v
Deux.grands breackS' à quatre chevaux fer-?
maient la'marche; ils-contenaient un certain
nombre de journalistes qui allaient assister au
départ- de Versailles.
Parfois, lesr petits côtés de LTiistoireHç «ont
pas moins intéressants que les grands faits.
On les néglige trop. Ainsi; comment auoun ^ .
des ■ romanciers et des dramaturges • qui ont
exhumé et réveillé la légende napoléonienne
n'a-t-il raconté, à propos du divorce de l'empe
reur, que Joséphine avait été créée duchesse de
Navarre, non pas de Navarre, la patrie du bon
Béarnais, mais de Navarre dans 1 Eure, auprès
: d'Evreux?
En effet, par lettres patentes du 9 avril 1810,
c'est-à-dire quelques jours après le mariage de
Napoléon I er avec Marie-Louise, qui, sans doute,
ne voulait pas qu'il y eût en France deux impé
ratrices, le domaine de Navarre fut - érigé en
duché de l'Empire en faveur de Joséphine. Il
devait être transmis par elle héréditairement à
; celui des princes qu'elle désignerait, dans la
descendance masculine, directe, naturèlle et
légitime du prinoe Eugène de Beauharnais,
'son fils. •
Ce domaine de Navarre" était considérable et
le château l'un des plus beaux de Franoe'. Il
avait été construit par le duo Maurice de Bouil
lon, fils de Godefroy. L'impératrice 'Joséphine,
qu'on ne montre jamais ' qu'à la Malmaison,
habita pendant deux ans ce château de Navarre,
après son divorce, "mais elle se rapprocha-bien-
tôt de Paris.
Après la mort de Joséphine, le duché de Na-
Le départ de Versailles
varre et le -titre qui v était attaché paasèrënt au'
prince Eugène, dont les fils, les princes Auguste
et Maximilien, jouirentsuccessivement de la do
tation fondée par Napoléon I or . Mais lorsque le
princeMaximilien^duode Leuchtenberg, mourut
en 1851, l'Etat cessa de payer les revenus du do
maine à son fils aîné, qui avait cependant hérité
de cet important majorât. Mais il n'était pas
prince français, et le Conseil d'Etat, saisi de la
question, décida (jue pour jouir de la dotation
dont il s'agissait, il fallait être prince français.
Or, le fils de la grande-duchesse Marie, veuve
de Maximilien de Beauharnais, était né en-
Russie, et comme petit-fils de l'empereur
Nicolas, il était prince russe.
. A qui appartiennent maintenant le domaine
(Bipîche de notre correspondant) v
. Versailles, 11 juin, 2 h. 40 soir,
'^est par un temps merveilleux que s'est ef
fectué midi sur la place d'Armes le dé
part des Voitures automobiles qui prennent part
à la grande Epreuve Paris-Bordeaux-Paris.
Dès le matin, les trains venant de la capitale
avaient amené à Veraaliles une foule considé
rable de curieux et d 'aîilîteurg. Aussi est-ce au
milieu d'une véritable fourmilière- humaine
qui se presse dan$ l.es avenues aboutissant
au château que les voitures du concours arri
vant de Paris vont prendre le poste de dépSftL.
qui leur est assigné;
Il est onze heures lorsque les. premières voi
tures font leur. apparition sur la place. Ces
voitures soi)t suivies à de courts intervalles par
' les autres véhioules.-
Sur la place d'Armes, une tente ornée de tro
phées de drapeaux et surmontée de l'insigne
du ,Touring-Club dé France est dressée'pour le
contrôle. Sous cette.tente se tiennent les mem
bres du comité chargés d'organiser le départ.
Chaque voiture à son arrivée va se placer à
son rang. A midi moins un quart, sur les vingt-
six voitures insc'rites.dix-Tfteuf seulement sont en
ligne, plus deux- cycles automobiles, les n M 14
et 42, sur quatre qui étaient inscrits.
A ce moment la foule s'est encoVe accrue.
Aussi les agents ont-ils fort à faire pour main-
: tenir tout ce monde et prévenir les accidents.
Cependant grâce à l'habileté et surtout à l'amé
nité avec lesquelles le service d'ordre est fait
sous la direction de M. Boissière, commissaire
central, aucun incident fâcheux ne se produit;
Il est exactement midi cinq lorsque le mar
quis de Chasseloup-Laubat, assisté de M." Ber
ger, donne à la première voiture l'ordre de se
mettre en route.
Voici dans leur ordre de départ les numéros
des voitures qui ont pris part à la course :
N« 15, 3, 8, 12, 5, 24,16, 6, 20, 21, 18, 7, 13,
25, 1, 37, 26, 43 et 28. Cycles : n 0! 42 et 14.
Il est une heure et quart lorsque le cycle 14,
qui ferme la marche, se met en route à son tour.
{Dépêches de nos correspondants).
Etampes, 11 juin, 2 h. 30 soir. '
II .est 2 heures 19 quand le premier véhicule
tasse à Etampes. C'est le n';3 (voiture à vapeuï
e Dion et Bouton).
Etampes,-11 juin, 2 h. 40 soir.
À 2 heures 35 passe le n° 5' (voiture à pétrole
Panhard et Levassor). . ;
Etampes, li juin, 2 h. 55.
Le n° 15 . (voilure à pétrole Peugeot) passe à
2 h. 43. Les trois concurrents traversent Etam-
Etampes, ll juin, 3 h. 30 soir. .
. . Le n° 8 (voiture à pétrole Peugeot) ' passe à
2 h. 55; le ri" 6 (voiture ' à pétrole Pannard. et
Levassor) à 3 h. 5. ......
Etampes, 11 juin» 4 h. iOjsoir.
Le n° 1, la voiture à vapeur- de M. de Dion,
arrive-à 3 h. 46 ; elle stationne 9 une dizaine de
minutes pour faire de l'eau-et du charbon. La
n® 7, une;voiture à pétrole Pànhard, passe à
3 h. 50, etle n° 12, une gazoline à M. Roger, à
3 h. 55.
Etampes, 11 juin, 4 h. 20 soir.
Le n° 28 (voiture à 'pétrole Panhard) passe
à 4 h., et à 4 h. 5: paraît la première bicyclette
à pétrole ; c'est le n" 42, à M.-Millet. Elle est
immédiatement suivie par les n 03 24 (voiture à
vapeur, de M. Bollée), 13 (voiture à gazolin?
Roger) et 16-(voiture à pétrole Peugeot).
Etampes, 5 b. 40 soir.
: Le n° 14 (cycle Duncan) passe à 4 h. 25. Le
n» 20 (vapeur, Serpolet) à 4 h. 40. Le n" 37 (pé
trole, Vincke) à 5 n. 5. Le -no 18 (pétrole, Gau
tier) à 5 h. 1/4.
A 5 h. 30 aucune voiture électrique n'est en
core arrivée. Une seule, nous ditTon, a pu gra
vir la côte de la ForÊt-le-Roi. On nous dit aussi
que le n° 21 (Serpollet) a brisé une de ses roues
en sortant de Versailles.
1 Etampes, 6 h; 15 soir.
Enfin à 6 h. passe la voiture électrique de
M. Jeantaud (n° 25).Les autres concurrents ont,
nous dit-on, renoncé à la course.
■ ' t ' , Orléans, .11 juin, 5 h. 15 soir.
' Lé contrôle est installé. dans l'hôtel -Saint-
Aignâh, devant lequel une foule assez grande !
s'est massée. A 4 h. 34, len°3 arrive. Ilmarchc
à une allure asseé modérée; ' A son arrivée, la
foule se met à applaudir. . - <
A 4. h, 40 le n° 5, à MM. Panhard et Levassor,
arrive, il.s'est à peine arrêté. Le n° 3 répart
après avoir vidé son foyer, rallumé son feu et
fait de l'eau et du.charbon. La foule applaudit s
de nouveau.,
'• Orléans, 5 h. 20 soir; 4
' Le n° 5 est reparti à 4 h. 43 après avoir fait -
du pétrole et de l'eau. Les deux premières ar
rivées 6e sont très bien'faites malgré la foule.
: • - Orléans, 5 li. 35 soir.
• Le ri 0 15 (voiture Peugeot- à-pétrole)- arrive &
5 h. 13 et repart à 5 b. 14. r
■ Orléans, 6 h. 20 soir.
Arrivent ensuite successivement le n° 8 (Peu
geot à pétrole) 1 à 5 h; 36-; le n" 6 (Panhard et
Levassor à pétrole) à 5 h. 40. ■
Orléans, 7 h. 45 soir. .
Le n" 28 (Panhard et Levassor à pétrole) est
arrivé à 6 b. 48. La foule augmente peu à peu
et c'est un spectacle curieux ae voir les voitures
contourner, entre une double haie de specta
teurs, la place Saint-Aignan pour s'arrêter
brusquement devant lé contrôle.
. Orléans, 9 h. 30 soir.
.Sont passés à Orléans : le n° 12 (voiture à pé
trole Roger) à 6 h. 56; le n° 16 (voiture à pé.-
trole Peugeot) à 6 h. 57, le n° 24 (voiture à va
peur Bollée) à 6h. 59; le n°-l (voiture à vapeur
ae Dion) à 7 h. 1; le n° 13 (voiture à pétrole
Roger) à 7 h. 54. .
Orléans, 10 h. 55 soir. -
liîaiptenant que la Huit est complète,l'anima
tion est &5Cpre plus grande et l'arrivée des voi
tures au miliêS»4p la foule grouillanté est en
core plus pittoresque- .. r ;
' Voici les nouveaux nuÇl ?ros* arrivés : n° 7
; (Panhard et Levassor) à 9 h.'49 y 3.7 (voi
ture à pétrole Vincke) àô,h. 38 ; n F ^9- (voi-!
ture à pétrole Delannoy) a 9 h. .46. '
' 1 Blois, 11 juin, C h. 30 soir. ..
La première voiture est arrivée -à ■■0 h. 20.
C'est le n° 3 (dogeart à vapeur à M. de Dion).Un
grand nombre de curieux sont échelonnés lo
long des quais;
Blois, 6 h. 48 soir.
Le n° 5 (voiture à pétrole Panhard) passe à
6 h; 45.
Blois, 7 h. 38 soir.
Le n° 15 (voiture à pétrole Peugeot) arrive à
7h. 33.
Blois, 8 h. 5 soir.
Le n° 6 (voilure à pétrole Panhard et Levas»
sor) passe à 8 h.
; ; Blois, 8 h. 16 soir.
1 Le n° 8 (voiture à pétrole Peugeot) passe à
8 h. 10.
,, Tours, 11 juin, 9 h. 35 soir.
Le-n 0 5 (voiture à pétrole Panhard-Levassor)
passe à 8 h. 45, en excellent état. Il est reparti
immédiatement à une grande vitesse. On si
gnale au contrôle que le n" 3 (de Dion) reste en
panne à Vouvray à la suite d'ùn accident.
*•67— FEUILLETON SU 13 JUIN 1895 (1)
MADEMOISELLE BD1M0L
raO ]SlBUB PAETB
jfEAU ÛUI PLEURE ET JEAN QUI RIT
IX (SkiYC)
Il examina les papiers remis par Brault.
■ ■ ■. -r Ces chèques sont admirablement faits,
tous mes compliments, monsieur; dit-il...
on les dirait véritablement sortis des ban
ques anglaises dont ils portent le cache!
découpé et les signatures. Mais ce n'est pas
tout. Avez-vous apporté des timbres de
quittance particuliers?
— Oui. J'ai tout prévu.
— Veuillez les coller au dos de chacun
des chèques...
Brault s'exécuta.
Curieusement penchés, Diane-Armance
et Antoine Montenon regardaient.
— Avez-vous toujours lo talent de contre
faire lés écritures î
— C'est un talent qui ne se perd jamais,
monsieur, dit Brault modestement.
7- Alors, voici le moment de le prouver.
J'ai des sommes importantes dans chacune
des banques anglaises dont voici les chè
ques. Rien dé plus naturel, par conséquent,
que ces banques m'expédient de l'argent de
cette façon. Veuillez donc acquitter les chè
ques à mon nom, avec la date et l'adresse,en
, (i) Traduction et reproduction interdite*
imitant mon_écriturè, mais non.de manière,
toutefois, que la fraude soit absolument
méconnaissable... Il faut que la signature
ressemble presque àla mienne sans lui res
sembler complètement... Il faut, en un
mot, qu'elle puisse éveiller l'attention,
sinon dans lés cinq banques Levasseur,Dan-
glard, l'Union agricole, le- Crédit étranger,
et Lévy-Leraud, dumoins dans l'une ou l'au
tre des cinq...
— J'ai compris, monsieur, j'ai com
pris... " •
Il se mit à une table où Diane-Armance
venait de préparer tout ce qu'il fallait pour
écrire.- • -
Mais, àcetinstant,Jean remua, ouvritles
yeux...
•—: Diable, ijse réveille trop tôt ! murmura
Kérandal.
Jean promena son regard sur ceux qui
étaient là, un regard sans âme,- sans intelli
gence.
— A. boire ! dit-il sourdement... à
boire 1 1
Kérandal lui tendit la bouteille entamée.
. Le pauvre garçon la prit, avidement, y
coila ses lèpres et but. La bouteille glissa,
se cassa, et il retomba dans son ivresse.
— Maintenant, nous n'avons plus rien à
redouter. Il en a pour jusqu'au matin... Et
si l'ivresse se -prolongeait, Diane-Armance
la dissiperait en lui faisant respirer un de ses
flacons de sels anglais.
. Brault s'était mis à la besogne.
Ce fut l'affaire de quelques minutes.
Quand il eut terminé, il montrason œuvre
à Kérandal. ■ " _
Celui-ci l'examina attentivement et se mil
à rire. ° ^
— Vraiment, Brault, avec une pareille
souplesse de plume, je ne comprends pas
que vous perdiez, votre temps dans ce ba
nal pays de France... Vous devriez être de-
puislongtemps au bagne I
Le mot eut de l'effet. Tout le monde se
mit à rire. . .
Messieurs, notre bésogne est finie. Je
n'ai pas besoin de vous recommander le si
lence.. Votre intérêt est de vous taire et je
vous paye royalement pour cela. Nous som
mes toujours d'accord ?
- — Certes, monsieur Kérandal.
— Alors, adieu.
Us se serrèrent la main ; les deux aven
turiers allumèrent ûn cigare, et prirent
congé.
Kérandal resta seul avec Diane-Armance.
— Vous, Diane, ce que -vous avez à faire
est peu de chose.
— Je vous écoute. '
— Vous allez veiller cet ivrogne et atten
dre qu'il revienne à lui. Vous l'y aiderez.
Lorsqu'il aura recouvré toute sa présence
d'esprit,vous lui direz que j'ai eu pitié de sa
détresse et que pour le sauver je lui ai remis
ce paquet de chèques, acquittés et prêts à
être payés à présentation. ; .11 les prendra
et les touchera... Le reste regarde la po
lice .,.
— Cinq cent mille francs ne le sauvent
pas.;. -
— Du moins pareille somme lui permet
d'attendre... Le danger n'estplusimminent.
Vous le lui ferez comprendre.
— Mais s'il est arrêté, sa première pen-,
sée serade me faire intervenir, d'en appeler
à vous-même...
— Très logiquement raisonné,.. Vous,
Diane-Armance, vous serez loin de Paris, à
cette Jieure-là i Je vous engage à visiterLon-
dres ou Bruxelles. Ce sont des villes où la
vie est aimable. Voici un portefeuille assez
bien garni qui vous aiderai; à ne point re
gretter Paris,
Et il lui tendait, en effet, un portefeuille
bourré et plein dé promesses.
— Mais vous, kérandal, vous î. N'allez-
vous pas être inquiété ?
— Moi ? N'ayez aucune crainte... Pour
quoi me soupçonnerait-on ? Et de quoi, je
vous prié?... Chacune de ces signatures
sera reconnue fausse.. . Les chèques eux-r
mêmes seront reconnus faux.'.. On a abusé
de ma signature pour m'extorquer cinq cent
mill& francs que j'ai véritablement en
compte dans cés différentes banques de Lon-
dres. Il ne viendra à l'esprit de personne
que j'aie pu faire cet acte de folie, alors
qu'un mot de moi, alors qu'un télégramme
même, m'eût suffi pour' que les banques
missent tout cet argent à ma disposition...
— Oui, oui, dit-elle, je yois que vous avez
tout prévu.
Et avec un regard de compassion à Jean
endormi :
— Et je vois que ce pauvre garçon est
irrémédiablement perdu l
Kérandal haussa les épaules avec indiffé
rence.
— Pas de sottises, n'est-ce pas-t-Un quart
d'heure après que Jean vous aura.quittée,
dans la matinée de demain, vous, filez ! r
— J'obéirai. '
. Au moment oty Kérandal se préparait à
sortir, il s'arrêta tout à coup, lë corps pen-
ché en avant, écoutant, les poings crispés.
— Il me semble avoir entendu du bruit
dans le grand salon I.
— Julie peut-être. .-. Les autres domesti
ques sont couchés— -
— Etes-vous sûre de ce Joseph Les-
pérat?.
— Il est chez moi depuis si peu de
temps... Mais il doit être parti 1
— Qui sait ?
Il entra vivement dans le salon, en
faisant jouer le bouton électrique qui alluma
d'un seul coup toutes les lampes.
' Une vit rien, mais ii lui sembla,- alors, en
tendre craquer l'escalier, comme si quel
qu'un y eût monté précipitamment.
Il s'élança dans le vestibule, monta lui-
même.
Puis, ! il s'arrêta pour surprendre, peut-
être,le bruit d'une porte, dans les chambres
dé l'étage mansardé.
Aucun bruit n'arriva jusqu'à lui.
— Ce ne peut être que ce valet maudit 1
murmura Kérandal. S'il nous a surpris, il
va nous créér dés ennuis... Pour qui tra-
vaille-t-il?
U, resta là quelques minutés. Diane-
Armance le rassura :
— Vous voyez bien qu'il n'y a personne,
mon ami.
Lui-même finit par trouver ses craintes
exagérées.
Il- sortit dé l'hôtel. ■
• Mais là, un reste de prudence le fit se ca
cher dans une encoignure, protégé par l'obs
curité que jetait sur lui. une muraille voi
sine, au-dessus d'un petit jardinet précédant
une maison meublée.
De temps en temps il avançait la tète et
surveillait l'entrée de l'hôtel.
Ban idée était bonne, oar il entendit sou
dain là porte qui s'ouvrait et se refermait
pesamment.
En même temps un homme .passait en
courant tout près de lui
Il put le reconnaître.
C'était le valet dé chambre Joseph Lespé»
rat, notre ami Lestiboude.
Lestiboude n'avait point remarqué Ké
randal.
Alors, en quelques secondes, tout un
drame:
Kérandal sort de sa cachette, s'assure que
le Cours-la-Reine est désert. -
Pas un passant, pas une voiture, pas un
gardien de la paix.
Il a fixé dans ses doigts les anneaux bril
lants d'un « coup-de-poing » américain et en
deux bonds il a rejoint Lestiboude.
Celui-ci, se croyant poursuivi se re*
tourne.
Mais il n'a pas le temps de se mettre sut:
la défensive. i
Il tombe, assommé, le crâne fendu d'ujr
terrible coup.
Et il n'a ni un cri, ni un soupir.
Il reste là, inerte, abattu comme un ca
davre en travers du trottoir.
Kérandal s'esquive rapidement".
Au coin de la rue François-I", il se jette
dans un fiacre et disparaît.
— J'ai frappé pour tuer, murmure-t-il.
Mais si le coquin n'en meurt pas, c'est qu'il
a le crâne solide et dans tous les cas il en a
bien pour deux mois sans parler... D'ici 1^
patience 1
x
Vers dix heures du matin, quelques heu
res après que le malheureux Lestiboude se
fut trouvé aux prises-avec Kérandal, Yan
nick quittait en voiture l'hôtel du boulevard
MaJesherbes. - • ,
H avait reçu dans la soirée de la veille l*
lettre du tragique.
SI, rue Lafayettej 61
A paris .
Qa reçoit aussi les anmmces rue Grange-Batelière^ 15
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a2FR...."..SIXMOIS ...15 FR.
24 FR. UN AN 30 FR.
- MERCREDI 12. JUIN 1895
163~~~saint GUY-; 202
TRENTE-TROISIÈME ANNÉE '(N UMÉRO ' H856)
L.E3' MANUSCRITS Ni SONT. PA» RENDUS >
DERRIÈRE. • ÉDITION
L'ALLIANCE
L'interpellation de lundi sur nos affaires
extérieures a eu un développement original
et peu attendu généralement de ce genre
d'exercices parlementaires; au lieu d'em
brouiller les questions, elle a permis au
gouvernement de les éclaircir; au lieu de
' semer la confusion et le désordre dans les
idées .du pays, elle lui indique enfin l'orien
tation nette, solide que nous désirions et
que nous n'avons cessé de réclamer.
• Je ne sais pas si c'est le but patriotique
que poursuivaient les mterpellateùrs ; mais
sincères ou non, ils'„ l'ont obtenu. Pour une
fois, félicitons-les d'un résultat trop rare. :
'
Le fait dominant, capital auquél se ratta
che depuis quatre années le -relèvement de
notre influence et'notre rôle national dans
le • monde, o* est- Ja reconstitution d'une,
".politique extérieure "fwmçaise ; elle date
exactement de Gronstadt, puisque c'est à
bord de notre flotte" que l'empereur Alexan
dre III a rompu le cliarme qui enchaînait
notre initiative.
Avant, nous étions condamnés, par les
devoirs d'une réserve légitime', à l'abs
tention.
M. de Bismarck en comprenait bien la
raison, lui qui écrivait au comte d'Arnim,le
20 décembre 1872 : « Nous devons empêcher
la France de trouver des alliances,. Tant
qu'elle n'aura pas d'alliés, nous n'aurons
rièn à craindre d'elle. » Le chancelier de 1er
peut se vanter d'avoir écarté ce danger pour
l'Allemagne, tant qu'il est resté au pouvoir.
Il triomphe d'ailleurs aujourd'hui de ses
successeurs, en leur reprochant de n'avoir
Sas évité le contaot de la' France, et de la
lussie, qu'il voulait empêcher à tout prix.
• Peu nous importe, à nous, que ce" rappro
chement oonsacre son échec personnel ou
celui de Guillaume IL.
L'essentielc'estqu'il existe ; or, personne ne
conteslesérieusenientque depuis Gronstadt,
au lieu d'être isolés, nous sommes deux, cha
que fois qu'un problème européen se pose.
. Gronstadt ouvrit, dans un élan de sympa-
thiè éclatante, la route qu'allaient' suivre
les intérêts communs.
Peu de personnes savaient avant la séance
d'avant-hier que ces intérêts ont été définis
dans une entente écrite, garantissant la sé
curité respective des contractants, en face
des éventualités futures; Mais il a suffi d'en
deviner l'existence ou la possibilité pour
changer la face de l'Europe.
Sur les flancs de la triple alliance, la
double alliance prenait insensiblement cré
dit, rétablissant l'équilibre et assurant la
paix par le respect d'une force redoutable ;
devant elle,l'empereur d'Allemagne s'est
borné modestement à chercher, jusqu'à
nouvel ordre, une gloire théâtrale dans un
plan de conciliation grandiose. Son rêve
deviendrait peut-être une réalité, s'il ap
portait au dénouement d'autre appui que
des phrases chimériques ou des séductions
inquiétantes. Quant, à M. Crispi'et au roi
Humbert, ils sont réduits à ronger leur
frein et à rentrer leurs mauvais desseins,
leurs cyniques espérances.
Voilà les effets saisissants d'un accord
plutôt senti que connu dans ses donné°es
précises : car en dehors des manifesta
tions amicales souvent répétées, et d'une
cordialité visible, les deux gouvernements
de France et de Russie s'abstenaient de
publier l'existence d'un instrument matériel
déterminant loùrs relations, réglant leur ac
tion concertée, dans des cas spécifiés de
menaces ou de danger. ««
•**
Le secret gardé ne manquait pas d'avan
tages puisqu'il laissait l'adversaire pro
bable dans une demi-incertitude ; il n'avait
qu'un inconvénient, celui de permettre aux
esprits brouillons d'agiter l'opinion, juste
ment dans les circonstances difficiles, de
faire naître des hésitations, des. soupçons,
des récriminations stériles, de détourner un
peu le courant naturel qui nous entraîne
à de. meilleures destinées.
Il n'est pas niable que la puissance pro
fonde, invincible, de l'entente franco-russe
est née, surtout chez nou^dji^gentimenl
public. Sa confiance mamttent 'èt "fortifie
chaqtie jour davantage la ligne résolument
adoptée. Il ne faut done.pas jouer avec la
foi qui anime la France ni l'exposer à des
épreuves inutiles.
On lui rendra ce témoignage à Saint-
Pétersbourg, qu'elle s'en remettait presque
aveuglément au oaractère et à la droiture
des souverains russes, qu'elle, ne réclamait
-pas d'autres démçnstrations, pas d'autres
preuvesà leur: bonne foi. Quels qiie fussent
les machinations ét les armements de la tri-:
pie alliance, ell&était inaccessible au doute.
. Mois d'autres incidents ont surpris la di
plomatie de notre continent; ils nous obli
gent tous à surveiller les luttes qui déchirent
l'Extrême-Orient, révèlent l'avètaementd'un
Etat très entreprenant, le Japon, et la dé
cadence .lamentable de l'antique empire
chinois. , ■ -, •
La Russie, plus engagée que nous parles
conséquences delà guerre smo-japonaise, a
dû contenir l'exagération des succès fou
droyants du Mikado et protéger le vaincu
contre les appétits du Vainqueur. Réduite à
ses moyens, elle risquait une partie fort
grave ; elle a démandé notre concours : nous
le lui avons immédiatement et largement
accordé; elle a réussi avec nous, au delà
même de*ses prévisions lès plus favorables.
C'èst à merveille ; on conviendra pourtant
quenotreappuiparfaitementlouableetfondé,
mais donne aux extrémités de l'Asie, nous
écarte des préoccupations . immédiates' et
pressantes poiir lesquelles-nous montons
-la garde à la frontière de.l'Est. Ilimpliqué
une série.de services imprévus., de respon
sabilités variées, qui. seraient inadmissibles
sans une > alliance complète, capable d'en
gager la réciprocité certaine, lorsque no»
intérêts et non plus ceux de la Russie se
ront au premier plan.
L'opinion l'a . parfaitement deviné ici ;
elle ne s'est nullement insurgée contre là gé
nérosité et là droiture 1 de notre mini$tredes
affaires étrangères; elle s'est "simplement
tournée-vers lui en l'interro géant sur la va-'
leur pratiqué et définitive d'un aopord qu'il
était nécessaire d'entendre affirmer avec .so
lennité.. . •
*** '
La France sérieuse est hostile aux.chica-
niers et aux timides qui proposent délaisser
la Russie r se tirer d'embarras sans notre
aide, dès qu'elle est aux prises avec des
ennuis désagréables.
. En revanche elle compte que nous béné
ficierons du même traitement si l'oocasion
s'offre d'invoquer non seulement la recon
naissance, mais la loyauté empressée de lai
Russie.
; Pour avancer dans la voie qu'il a choi
sie, notre gouvernement n'était sûr d'être
approuvé sans réticences, sans arrière-pen
sées, d e confondre ses contradicteurs mal
veillants et d'obtenir l'assentiment des
masses, qu'en prononçant à hau^e et intelli
gible. voix le mot d'alliance.
C'est fait.
M. Hanotaux a été aussi habile que
prudent en supprimant d'un coup le (pré
texte d'éternelles et. insipides ' questions,
d'insinuations et. de manœuvres déplora
bles, pour notre avantage comme pour, ce
lui de la Russie.
Nous n'en demandions pas. davantage en
l'avertissant. dernièrement que. sa diplo
matie ne pouvait être tout à fait mysté
rieuse, mème quand elle avait pour elle la
raison, le droit et le succès. Maintenant
nous l'attendrons à l'œuvre avec plus de
tranquillité. ' * ».
Certes la situation n'a pas changé dans
le fond, parce que les déclarations satis
faisantes du. cabinet ont calmé du coup les
appréhensions et,condamné au.silence l'op
position malsaine.
La séance où cette explication a été fournie
une fois pour toutes n'en restera pas moins,
dans s'a simplicité - apparente, un événe
ment mémorable. Elle allège extraordinai-
rement l'avenir, elle apaise d'avance uii
trouble qui n'a plus de motifs, elle fournit
àunpeuplequi n'aime pas à marcher dans
la nuit et l'indécision, la lumière - dont il
avait besoin.
La journée de lundi nesera pas une jour
née perdue.
Tristan.
DÉPART
DES NAVIRES
• poux* KJel
FRANÇAIS
, , tftépiche de notre correspondant) . ■ .
■ Brest, il juin, 8 h. soi 1 -. *
- Le cuirassé Hoche, battant pavillon de l'amiral
Ménard,et le croiseur Dupuy-de-Lôme ont appa
reillé .aujourd'hui. A quatre heures et demie,
ils sortaient de rade. . < ;
- Ces deux bâtiments se rendent directement à
Kiel, sans faire 'escale.
Le oroiseur Surcouf qui fait partie de ' la
même division partira seulement après-demain.
On sait que le Surcouf doit traverser le canal.
Le Supplément illustré publie cette
semaine une . gracieuse composition en
couleurs, tout à lait de saison :
. PARIS AU PRINTEMPS
LE TEMPS DÉS OEItlSES
r
Et un beau dessin d'actualité ert'couleurs
où l'on remarquera une grande quantité de
•portraits fort. exacts de personnages im
portants : \
AU PALAIS DE L'ÉLYSÉE
tJH ASSAUT D'ARMES CHEZ LE PRÉSIDENT DE LARÉPUBLIQUE
Dans l'intérieur du numéro, une innova
tion que seul le Supplément illustré
en couleurs pouvait réaliser et qui intéres
sera vivement les nombreux- fervents des
jeux djesprit-:
UN RÉBUS EN COULEURS
Le numéro de 8 pages se vend 5 centimes.
LE CONGRÈS DES BOURSES DU TRAVAIL
àNîmes
[Dépêche de notre correspondant)
Nîmes, il juin.
>;■ Hier, s'est ouvert, à Nîmes, le; quatrième
congrès des bourses du travail de France, dans:
les:locaux de la Bourse du. .travail de Nîmes.
24 bourses sur 44 qui existent étaient représen
tées. Ce soht celles d'Alger, Angers, Bordeaux,
Boulogne-sur-Seine,-Xholet, Dijon, Grenoble,
Lyon,./Montpellier, mitonne, Nîmes, Paris,
Perpignan, Le Pny t Roïitsjqs, Saint-Etienne,
Toulpu, Toulouse, Villencùvc-àur-Lot.
Dans sa première réunion, le congrès, sur la
proposition de Saint-Etienne - -et de Dijnq, vole
une protestation ^contre Jes milnipipalitês-.dc
Roanne et.de Chalet qui, dit le . texte de -"W
protestation, en formant les ' bourses du tra
vail de. ces villes, ont porté un tort consi
dérable aux-travailleurs do R.oanne et de Cholct.
La réunion regrette qu'au- moment où' les-
Bourses dutravairsont l'objet de vives attaques,
la Bourse du travail de Nantes ne soit pas repré
sentée. .
Dans la séance du soir, le congrès s'est
prononcé": . .
l°Par 12 voix contre .10 contre toute recon
naissance d'utilité publique des. Bourses du:
travail. • . - , ,
2° A l'unanimité contre toute ingérence du
fouvernomentdans l'adnpinistrationdes Bourses
u travail. . \ ■ , . . ■
LE CONGRÈS DES « NAVAL ARCHITECTS »
A LA SORBONNE
L'institution des Naval architccts, association
des ingénieurs civils de la marine britannique,
dont le conseil d'administration est composé
des ingénieurs et des marins les plus éminents
d'Angleterre, tient cette année son congrès à
Paris. i
La session ' de 1895's'est ouverte hier à dix
heures du matin, dans le grand amphithéâtre
de la nouvelle Sorbonne, mis à la disposition
des Naval: architccts par M. Gréara> vice-
recteur de l'Université.' ' -.. T
. Au...début de la séance, le vice-amiral Charles
Duperré a souhaité la bienvenue aux membres,
du Congrès' en les remerciant d'avoir choisi
Paris pour y tenir leur session de 1895. M. Bau-
din, vicerprésident du conseil municipal, a
prononcé ensuite une courte allocution au nom
de la villc.de Paris.
Lord Brassey, président des Naval architecte;
s'est exprimé en français pour remercier le re
présentant du ministre de la marine et le conseil
munioipal de Paris de leur accueil sympathique,
puis la séance a continué par la lecture de dif
férents .mémoires. ■ . i, • » '
M. Emile Berlin, directeur des constructions
navales et de l'Ecole d'application maritime
française, a communiqué au Congrès un inté
ressant travail sur le roulis et le tangage des
navires.
- Après lui, MM. William White, directeur des
constructions navalefà Londres, et Detfny ont
fait part à l'assemblée de leurs observations sur
la stabilité des bâtiments de la marine mar
chande et sur diverses autres questions tech
niques. -. ■ .
Les séances du Congrès se tiennent de dix
heures à midi et prendront fin vendredi pro
chain. Elles seront presque entièrement consa
crées à là lecture de mémoires concernant les
constructions navales. Les-membres du Congrès
visiteront successivement l'Observatoire, l'Ins
titut Pasteur, les égouts et'diverses fabriques
et usines de Paris et de Saint-Denis.
Des réceptions,en l'honneur des' Naval archi-
tects sont organisées : ce soir au ministère de
la marine ; demain à l'Hôtel-Continental par la
chambre de commerce de Paris, et vendredi s
l'Hôtel de Ville par le conseil munioipal.
L'ACADÉMIE DE MÉDECINE
. .et la viande de bouoherie
Comme suite à une discussion provoquée par
une intéressante communication de M. Valiin
sur les intoxications alimentaires par la viande
dé boucherie, l'Académie de médecine a, dans
sa séance d'hier, voté à l'unanimité le .vœu sui
vant proposé par M. Nocârd :
« Toute viande destinée.à l'alimentation pu
blique ne peut être mise en.vente et colportée,
que pourvue d'une estampille prouvant qu'elle
a été reconnue'saine par un inspecteur compé
tent; l'inspection doit être faite partout,dans les*
villages comme dans les villes ; on peut l'orga
niser aisément et à peu dé frais sur des bases
analogues à.celles qui. sont adoptées en Belgi
que».
L'Académie s'est ensuite longuement occupée
de l'alcoolisme et de ses terribles conséquences
pour la vitalité de la nation.
Au cours 4c la séanoe, lecture a été donnée
d'une lettre par laquelle M. la docteur Peyrot,
chirurgien de l'hôpital Lariboisière, pose sa
candidature à la place vacante dans la section,
de médecine opératoire, en remplacement de
M. Alphonse Guérin, décédé.
3,200 mètres par seconda
La découverte faite, à l'Observatoire du Parc-
SaintrMaur, qu'un tremblement de terre d'Al
gérie peut se faire enregistrer jusque dans les
environs de Paris, vient de recevoir une véri
fication remarquable.'
Le • directeur- de l'Observatoire du Collège
Romain a reconnu que cinq grandes oscillations
trouvées il y a plusieurs mois sur le rouleau de
papier des indicateurs, avaient été produites par
un tremblement de terre, qui .a éclaté, au Japon,
â-une distance de 9,500 kilomètres. La secousse
s'est transmise en environ une heure de temps.
Le fait est démontré de la façon.la pins écla-
"ttHite. 'En effet, l'o.n a constaté que des oscilla
tions identiques, quoique plus nombreuses,
avaient été enregistrées à-Nicolaïeff et & Char-
kow, villes de la; Russie méridionale. Dans oes
stations un,peu plus rapprochées du centre de
{«^catastrophe, l'agitation avait duré plus d'une
heùre. Pour compléter cette découverte mer-
veilleùèa-il .reste à expliquer comment il se fait
que la comtn<(tion-nese propage,à des distances
si prodigieuses'■que dans un. petit nombre de
directions particulïi *(!S; '-:
L'impératrice JosépMue Ùsse fls Marre
et le titre de duo de Navarre ? Il serait intéres
sant de le savoir. Quant au château, il a été dé
truit par le feu et tout simplement démoli çn
1833. , - .
DINER AU MINISTÈRE DE LA GUERRE
Le ministre de la guerre et Mme Zurlindeu
ont offert hier soir un grand dîner aux mem
bres du Corps diplomatique, aux ministres, aux
présidents et aux vice-présidents des deux
Chambres. Soixante convives environ. Mme Zùr-
linden.avait à sa droite Mgr Ferrata et A „sa
gauohe le baron de Mohrenheim. Le ministre
ae la guerre avait à ses fcôtés Mme la comtesse
de Moltkè-Hwrtfeldt et Mme Trarieux.
MM. Ghallemel-Lacour, Brifeaon et Ribot s'é
taient fait excuser.-.
•La dîner a été suivi d'une, brillante récep
tion. ■■ ./
"Une'musique militaire s'est fait entendre
pendant toute la. soirée dans le jardin, qui avait
été illuminé avec des lanternes vénitiennes.
VOITURES SANS CHEVAUX
Parls-Bordeaux-Parts
Le départ des voitures automobiles pour la
course ae Paris à Bordeaux et retour avait at
tiré hier matin une foule énorme-à l'Arc -de
Triomphe de l'Etoile. . ...
: De neuf heures & dix heures, jes voitures
dont nous avons dpnné hier la liste sont venues
successivement, à quelques exceptions près, se
ranger . près de l'Arc de Triomphe, du côté
de l'avenue de.la Grande-Armée. Dès qu'elles
avaient stoppé, la foule, très mal. contenue
par le. service d'ordre, faisait cercle autour
d'elles, et il devenait'dès lors très difficile d'ap
procher des véhicules. '
Pendant qu& s'effectuait ce rassemblement
de nombreux curieux continuaient d'affluer sur
la place de l'Etoile, débouchant' de toutes les
avenues voisines. C'étaient des piétons, des ca
valiers, des .cyclistes évoluant au milieu des
voitures. v
A dix heures le signal du. départ est donné et
chaque voiture se dirige un peu au petit bon
heur vers ' l'avenue de la Grande-Armée.
Nous avons dit bier>què le rendez-vous géné-
ral. pour le départ de la course était à- Ver
sailles, sur la place d'Armes. C'est, de là que
s'estelïectué, d'après un ordre désigné à l'a
vance .par le sort, le départ effectif pour Bor
deaux/
Tout le long de l'avenue de la Grande-Armée,
l'afiluence était, considérable, et'des rangs pres
sés de la foule partaient" à chaque instant des
vœux à l'adresse des concurrents. . ■ v
Deux.grands breackS' à quatre chevaux fer-?
maient la'marche; ils-contenaient un certain
nombre de journalistes qui allaient assister au
départ- de Versailles.
Parfois, lesr petits côtés de LTiistoireHç «ont
pas moins intéressants que les grands faits.
On les néglige trop. Ainsi; comment auoun ^ .
des ■ romanciers et des dramaturges • qui ont
exhumé et réveillé la légende napoléonienne
n'a-t-il raconté, à propos du divorce de l'empe
reur, que Joséphine avait été créée duchesse de
Navarre, non pas de Navarre, la patrie du bon
Béarnais, mais de Navarre dans 1 Eure, auprès
: d'Evreux?
En effet, par lettres patentes du 9 avril 1810,
c'est-à-dire quelques jours après le mariage de
Napoléon I er avec Marie-Louise, qui, sans doute,
ne voulait pas qu'il y eût en France deux impé
ratrices, le domaine de Navarre fut - érigé en
duché de l'Empire en faveur de Joséphine. Il
devait être transmis par elle héréditairement à
; celui des princes qu'elle désignerait, dans la
descendance masculine, directe, naturèlle et
légitime du prinoe Eugène de Beauharnais,
'son fils. •
Ce domaine de Navarre" était considérable et
le château l'un des plus beaux de Franoe'. Il
avait été construit par le duo Maurice de Bouil
lon, fils de Godefroy. L'impératrice 'Joséphine,
qu'on ne montre jamais ' qu'à la Malmaison,
habita pendant deux ans ce château de Navarre,
après son divorce, "mais elle se rapprocha-bien-
tôt de Paris.
Après la mort de Joséphine, le duché de Na-
Le départ de Versailles
varre et le -titre qui v était attaché paasèrënt au'
prince Eugène, dont les fils, les princes Auguste
et Maximilien, jouirentsuccessivement de la do
tation fondée par Napoléon I or . Mais lorsque le
princeMaximilien^duode Leuchtenberg, mourut
en 1851, l'Etat cessa de payer les revenus du do
maine à son fils aîné, qui avait cependant hérité
de cet important majorât. Mais il n'était pas
prince français, et le Conseil d'Etat, saisi de la
question, décida (jue pour jouir de la dotation
dont il s'agissait, il fallait être prince français.
Or, le fils de la grande-duchesse Marie, veuve
de Maximilien de Beauharnais, était né en-
Russie, et comme petit-fils de l'empereur
Nicolas, il était prince russe.
. A qui appartiennent maintenant le domaine
(Bipîche de notre correspondant) v
. Versailles, 11 juin, 2 h. 40 soir,
'^est par un temps merveilleux que s'est ef
fectué midi sur la place d'Armes le dé
part des Voitures automobiles qui prennent part
à la grande Epreuve Paris-Bordeaux-Paris.
Dès le matin, les trains venant de la capitale
avaient amené à Veraaliles une foule considé
rable de curieux et d 'aîilîteurg. Aussi est-ce au
milieu d'une véritable fourmilière- humaine
qui se presse dan$ l.es avenues aboutissant
au château que les voitures du concours arri
vant de Paris vont prendre le poste de dépSftL.
qui leur est assigné;
Il est onze heures lorsque les. premières voi
tures font leur. apparition sur la place. Ces
voitures soi)t suivies à de courts intervalles par
' les autres véhioules.-
Sur la place d'Armes, une tente ornée de tro
phées de drapeaux et surmontée de l'insigne
du ,Touring-Club dé France est dressée'pour le
contrôle. Sous cette.tente se tiennent les mem
bres du comité chargés d'organiser le départ.
Chaque voiture à son arrivée va se placer à
son rang. A midi moins un quart, sur les vingt-
six voitures insc'rites.dix-Tfteuf seulement sont en
ligne, plus deux- cycles automobiles, les n M 14
et 42, sur quatre qui étaient inscrits.
A ce moment la foule s'est encoVe accrue.
Aussi les agents ont-ils fort à faire pour main-
: tenir tout ce monde et prévenir les accidents.
Cependant grâce à l'habileté et surtout à l'amé
nité avec lesquelles le service d'ordre est fait
sous la direction de M. Boissière, commissaire
central, aucun incident fâcheux ne se produit;
Il est exactement midi cinq lorsque le mar
quis de Chasseloup-Laubat, assisté de M." Ber
ger, donne à la première voiture l'ordre de se
mettre en route.
Voici dans leur ordre de départ les numéros
des voitures qui ont pris part à la course :
N« 15, 3, 8, 12, 5, 24,16, 6, 20, 21, 18, 7, 13,
25, 1, 37, 26, 43 et 28. Cycles : n 0! 42 et 14.
Il est une heure et quart lorsque le cycle 14,
qui ferme la marche, se met en route à son tour.
{Dépêches de nos correspondants).
Etampes, 11 juin, 2 h. 30 soir. '
II .est 2 heures 19 quand le premier véhicule
tasse à Etampes. C'est le n';3 (voiture à vapeuï
e Dion et Bouton).
Etampes,-11 juin, 2 h. 40 soir.
À 2 heures 35 passe le n° 5' (voiture à pétrole
Panhard et Levassor). . ;
Etampes, li juin, 2 h. 55.
Le n° 15 . (voilure à pétrole Peugeot) passe à
2 h. 43. Les trois concurrents traversent Etam-
Etampes, ll juin, 3 h. 30 soir. .
. . Le n° 8 (voiture à pétrole Peugeot) ' passe à
2 h. 55; le ri" 6 (voiture ' à pétrole Pannard. et
Levassor) à 3 h. 5. ......
Etampes, 11 juin» 4 h. iOjsoir.
Le n° 1, la voiture à vapeur- de M. de Dion,
arrive-à 3 h. 46 ; elle stationne 9 une dizaine de
minutes pour faire de l'eau-et du charbon. La
n® 7, une;voiture à pétrole Pànhard, passe à
3 h. 50, etle n° 12, une gazoline à M. Roger, à
3 h. 55.
Etampes, 11 juin, 4 h. 20 soir.
Le n° 28 (voiture à 'pétrole Panhard) passe
à 4 h., et à 4 h. 5: paraît la première bicyclette
à pétrole ; c'est le n" 42, à M.-Millet. Elle est
immédiatement suivie par les n 03 24 (voiture à
vapeur, de M. Bollée), 13 (voiture à gazolin?
Roger) et 16-(voiture à pétrole Peugeot).
Etampes, 5 b. 40 soir.
: Le n° 14 (cycle Duncan) passe à 4 h. 25. Le
n» 20 (vapeur, Serpolet) à 4 h. 40. Le n" 37 (pé
trole, Vincke) à 5 n. 5. Le -no 18 (pétrole, Gau
tier) à 5 h. 1/4.
A 5 h. 30 aucune voiture électrique n'est en
core arrivée. Une seule, nous ditTon, a pu gra
vir la côte de la ForÊt-le-Roi. On nous dit aussi
que le n° 21 (Serpollet) a brisé une de ses roues
en sortant de Versailles.
1 Etampes, 6 h; 15 soir.
Enfin à 6 h. passe la voiture électrique de
M. Jeantaud (n° 25).Les autres concurrents ont,
nous dit-on, renoncé à la course.
■ ' t ' , Orléans, .11 juin, 5 h. 15 soir.
' Lé contrôle est installé. dans l'hôtel -Saint-
Aignâh, devant lequel une foule assez grande !
s'est massée. A 4 h. 34, len°3 arrive. Ilmarchc
à une allure asseé modérée; ' A son arrivée, la
foule se met à applaudir. . - <
A 4. h, 40 le n° 5, à MM. Panhard et Levassor,
arrive, il.s'est à peine arrêté. Le n° 3 répart
après avoir vidé son foyer, rallumé son feu et
fait de l'eau et du.charbon. La foule applaudit s
de nouveau.,
'• Orléans, 5 h. 20 soir; 4
' Le n° 5 est reparti à 4 h. 43 après avoir fait -
du pétrole et de l'eau. Les deux premières ar
rivées 6e sont très bien'faites malgré la foule.
: • - Orléans, 5 li. 35 soir.
• Le ri 0 15 (voiture Peugeot- à-pétrole)- arrive &
5 h. 13 et repart à 5 b. 14. r
■ Orléans, 6 h. 20 soir.
Arrivent ensuite successivement le n° 8 (Peu
geot à pétrole) 1 à 5 h; 36-; le n" 6 (Panhard et
Levassor à pétrole) à 5 h. 40. ■
Orléans, 7 h. 45 soir. .
Le n" 28 (Panhard et Levassor à pétrole) est
arrivé à 6 b. 48. La foule augmente peu à peu
et c'est un spectacle curieux ae voir les voitures
contourner, entre une double haie de specta
teurs, la place Saint-Aignan pour s'arrêter
brusquement devant lé contrôle.
. Orléans, 9 h. 30 soir.
.Sont passés à Orléans : le n° 12 (voiture à pé
trole Roger) à 6 h. 56; le n° 16 (voiture à pé.-
trole Peugeot) à 6 h. 57, le n° 24 (voiture à va
peur Bollée) à 6h. 59; le n°-l (voiture à vapeur
ae Dion) à 7 h. 1; le n° 13 (voiture à pétrole
Roger) à 7 h. 54. .
Orléans, 10 h. 55 soir. -
liîaiptenant que la Huit est complète,l'anima
tion est &5Cpre plus grande et l'arrivée des voi
tures au miliêS»4p la foule grouillanté est en
core plus pittoresque- .. r ;
' Voici les nouveaux nuÇl ?ros* arrivés : n° 7
; (Panhard et Levassor) à 9 h.'49 y 3.7 (voi
ture à pétrole Vincke) àô,h. 38 ; n F ^9- (voi-!
ture à pétrole Delannoy) a 9 h. .46. '
' 1 Blois, 11 juin, C h. 30 soir. ..
La première voiture est arrivée -à ■■0 h. 20.
C'est le n° 3 (dogeart à vapeur à M. de Dion).Un
grand nombre de curieux sont échelonnés lo
long des quais;
Blois, 6 h. 48 soir.
Le n° 5 (voiture à pétrole Panhard) passe à
6 h; 45.
Blois, 7 h. 38 soir.
Le n° 15 (voiture à pétrole Peugeot) arrive à
7h. 33.
Blois, 8 h. 5 soir.
Le n° 6 (voilure à pétrole Panhard et Levas»
sor) passe à 8 h.
; ; Blois, 8 h. 16 soir.
1 Le n° 8 (voiture à pétrole Peugeot) passe à
8 h. 10.
,, Tours, 11 juin, 9 h. 35 soir.
Le-n 0 5 (voiture à pétrole Panhard-Levassor)
passe à 8 h. 45, en excellent état. Il est reparti
immédiatement à une grande vitesse. On si
gnale au contrôle que le n" 3 (de Dion) reste en
panne à Vouvray à la suite d'ùn accident.
*•67— FEUILLETON SU 13 JUIN 1895 (1)
MADEMOISELLE BD1M0L
raO ]SlBUB PAETB
jfEAU ÛUI PLEURE ET JEAN QUI RIT
IX (SkiYC)
Il examina les papiers remis par Brault.
■ ■ ■. -r Ces chèques sont admirablement faits,
tous mes compliments, monsieur; dit-il...
on les dirait véritablement sortis des ban
ques anglaises dont ils portent le cache!
découpé et les signatures. Mais ce n'est pas
tout. Avez-vous apporté des timbres de
quittance particuliers?
— Oui. J'ai tout prévu.
— Veuillez les coller au dos de chacun
des chèques...
Brault s'exécuta.
Curieusement penchés, Diane-Armance
et Antoine Montenon regardaient.
— Avez-vous toujours lo talent de contre
faire lés écritures î
— C'est un talent qui ne se perd jamais,
monsieur, dit Brault modestement.
7- Alors, voici le moment de le prouver.
J'ai des sommes importantes dans chacune
des banques anglaises dont voici les chè
ques. Rien dé plus naturel, par conséquent,
que ces banques m'expédient de l'argent de
cette façon. Veuillez donc acquitter les chè
ques à mon nom, avec la date et l'adresse,en
, (i) Traduction et reproduction interdite*
imitant mon_écriturè, mais non.de manière,
toutefois, que la fraude soit absolument
méconnaissable... Il faut que la signature
ressemble presque àla mienne sans lui res
sembler complètement... Il faut, en un
mot, qu'elle puisse éveiller l'attention,
sinon dans lés cinq banques Levasseur,Dan-
glard, l'Union agricole, le- Crédit étranger,
et Lévy-Leraud, dumoins dans l'une ou l'au
tre des cinq...
— J'ai compris, monsieur, j'ai com
pris... " •
Il se mit à une table où Diane-Armance
venait de préparer tout ce qu'il fallait pour
écrire.- • -
Mais, àcetinstant,Jean remua, ouvritles
yeux...
•—: Diable, ijse réveille trop tôt ! murmura
Kérandal.
Jean promena son regard sur ceux qui
étaient là, un regard sans âme,- sans intelli
gence.
— A. boire ! dit-il sourdement... à
boire 1 1
Kérandal lui tendit la bouteille entamée.
. Le pauvre garçon la prit, avidement, y
coila ses lèpres et but. La bouteille glissa,
se cassa, et il retomba dans son ivresse.
— Maintenant, nous n'avons plus rien à
redouter. Il en a pour jusqu'au matin... Et
si l'ivresse se -prolongeait, Diane-Armance
la dissiperait en lui faisant respirer un de ses
flacons de sels anglais.
. Brault s'était mis à la besogne.
Ce fut l'affaire de quelques minutes.
Quand il eut terminé, il montrason œuvre
à Kérandal. ■ " _
Celui-ci l'examina attentivement et se mil
à rire. ° ^
— Vraiment, Brault, avec une pareille
souplesse de plume, je ne comprends pas
que vous perdiez, votre temps dans ce ba
nal pays de France... Vous devriez être de-
puislongtemps au bagne I
Le mot eut de l'effet. Tout le monde se
mit à rire. . .
Messieurs, notre bésogne est finie. Je
n'ai pas besoin de vous recommander le si
lence.. Votre intérêt est de vous taire et je
vous paye royalement pour cela. Nous som
mes toujours d'accord ?
- — Certes, monsieur Kérandal.
— Alors, adieu.
Us se serrèrent la main ; les deux aven
turiers allumèrent ûn cigare, et prirent
congé.
Kérandal resta seul avec Diane-Armance.
— Vous, Diane, ce que -vous avez à faire
est peu de chose.
— Je vous écoute. '
— Vous allez veiller cet ivrogne et atten
dre qu'il revienne à lui. Vous l'y aiderez.
Lorsqu'il aura recouvré toute sa présence
d'esprit,vous lui direz que j'ai eu pitié de sa
détresse et que pour le sauver je lui ai remis
ce paquet de chèques, acquittés et prêts à
être payés à présentation. ; .11 les prendra
et les touchera... Le reste regarde la po
lice .,.
— Cinq cent mille francs ne le sauvent
pas.;. -
— Du moins pareille somme lui permet
d'attendre... Le danger n'estplusimminent.
Vous le lui ferez comprendre.
— Mais s'il est arrêté, sa première pen-,
sée serade me faire intervenir, d'en appeler
à vous-même...
— Très logiquement raisonné,.. Vous,
Diane-Armance, vous serez loin de Paris, à
cette Jieure-là i Je vous engage à visiterLon-
dres ou Bruxelles. Ce sont des villes où la
vie est aimable. Voici un portefeuille assez
bien garni qui vous aiderai; à ne point re
gretter Paris,
Et il lui tendait, en effet, un portefeuille
bourré et plein dé promesses.
— Mais vous, kérandal, vous î. N'allez-
vous pas être inquiété ?
— Moi ? N'ayez aucune crainte... Pour
quoi me soupçonnerait-on ? Et de quoi, je
vous prié?... Chacune de ces signatures
sera reconnue fausse.. . Les chèques eux-r
mêmes seront reconnus faux.'.. On a abusé
de ma signature pour m'extorquer cinq cent
mill& francs que j'ai véritablement en
compte dans cés différentes banques de Lon-
dres. Il ne viendra à l'esprit de personne
que j'aie pu faire cet acte de folie, alors
qu'un mot de moi, alors qu'un télégramme
même, m'eût suffi pour' que les banques
missent tout cet argent à ma disposition...
— Oui, oui, dit-elle, je yois que vous avez
tout prévu.
Et avec un regard de compassion à Jean
endormi :
— Et je vois que ce pauvre garçon est
irrémédiablement perdu l
Kérandal haussa les épaules avec indiffé
rence.
— Pas de sottises, n'est-ce pas-t-Un quart
d'heure après que Jean vous aura.quittée,
dans la matinée de demain, vous, filez ! r
— J'obéirai. '
. Au moment oty Kérandal se préparait à
sortir, il s'arrêta tout à coup, lë corps pen-
ché en avant, écoutant, les poings crispés.
— Il me semble avoir entendu du bruit
dans le grand salon I.
— Julie peut-être. .-. Les autres domesti
ques sont couchés— -
— Etes-vous sûre de ce Joseph Les-
pérat?.
— Il est chez moi depuis si peu de
temps... Mais il doit être parti 1
— Qui sait ?
Il entra vivement dans le salon, en
faisant jouer le bouton électrique qui alluma
d'un seul coup toutes les lampes.
' Une vit rien, mais ii lui sembla,- alors, en
tendre craquer l'escalier, comme si quel
qu'un y eût monté précipitamment.
Il s'élança dans le vestibule, monta lui-
même.
Puis, ! il s'arrêta pour surprendre, peut-
être,le bruit d'une porte, dans les chambres
dé l'étage mansardé.
Aucun bruit n'arriva jusqu'à lui.
— Ce ne peut être que ce valet maudit 1
murmura Kérandal. S'il nous a surpris, il
va nous créér dés ennuis... Pour qui tra-
vaille-t-il?
U, resta là quelques minutés. Diane-
Armance le rassura :
— Vous voyez bien qu'il n'y a personne,
mon ami.
Lui-même finit par trouver ses craintes
exagérées.
Il- sortit dé l'hôtel. ■
• Mais là, un reste de prudence le fit se ca
cher dans une encoignure, protégé par l'obs
curité que jetait sur lui. une muraille voi
sine, au-dessus d'un petit jardinet précédant
une maison meublée.
De temps en temps il avançait la tète et
surveillait l'entrée de l'hôtel.
Ban idée était bonne, oar il entendit sou
dain là porte qui s'ouvrait et se refermait
pesamment.
En même temps un homme .passait en
courant tout près de lui
Il put le reconnaître.
C'était le valet dé chambre Joseph Lespé»
rat, notre ami Lestiboude.
Lestiboude n'avait point remarqué Ké
randal.
Alors, en quelques secondes, tout un
drame:
Kérandal sort de sa cachette, s'assure que
le Cours-la-Reine est désert. -
Pas un passant, pas une voiture, pas un
gardien de la paix.
Il a fixé dans ses doigts les anneaux bril
lants d'un « coup-de-poing » américain et en
deux bonds il a rejoint Lestiboude.
Celui-ci, se croyant poursuivi se re*
tourne.
Mais il n'a pas le temps de se mettre sut:
la défensive. i
Il tombe, assommé, le crâne fendu d'ujr
terrible coup.
Et il n'a ni un cri, ni un soupir.
Il reste là, inerte, abattu comme un ca
davre en travers du trottoir.
Kérandal s'esquive rapidement".
Au coin de la rue François-I", il se jette
dans un fiacre et disparaît.
— J'ai frappé pour tuer, murmure-t-il.
Mais si le coquin n'en meurt pas, c'est qu'il
a le crâne solide et dans tous les cas il en a
bien pour deux mois sans parler... D'ici 1^
patience 1
x
Vers dix heures du matin, quelques heu
res après que le malheureux Lestiboude se
fut trouvé aux prises-avec Kérandal, Yan
nick quittait en voiture l'hôtel du boulevard
MaJesherbes. - • ,
H avait reçu dans la soirée de la veille l*
lettre du tragique.
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