Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1894-07-19
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 juillet 1894 19 juillet 1894
Description : 1894/07/19 (Numéro 11528). 1894/07/19 (Numéro 11528).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
M
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«JkAJtkJI
ABONNEMENTS PARIS
TROIS
SIX MOIS.... 9 m.
UN AN » 18 fr.
UN NUME RO 5. C ENTIMES
Tous les Dimanches
' LE. SUPPLEMENT ILLUSTRÉ : 5 CENTIMES •
ABONNEMENTS DÉPARTE MIS
TROIS MOIS..6 p«.
SIX MOIS................ 12 fk.
UN AN... 24 vu.
JEUDI 19 JUILLET
200 ~ — 1 SAINT VINCENT DE P.
TRENTE-DEUXIÈME ANNÉE (N uméro 11523)
CES MANUSCRITS NS SONT PAS REMOJS
1894
*-165
DERNIERE EDITION
Au Pôle_arctique
On achève de préparer actuellement en
Angleterre une expédition polaire ayant
pou* but d'aller à la recherche des deux
jeunes explorateurs suédois MM. Kalisten-
nuis et Bjoerling qui sont partis en 1892 et
dont le navire a été découvert, abandonné
dans le détroit de Smith, l'année dernière à
cette époque.
La Société de géographie de Washing
ton a organisé une expédition semblable qui
est partie de Saint-John (Nouvelle-Fin
lande) le l* p mai dernier.
De plus un Américain, M'; Jackson, se
dirige vers la terre de François-Joseph pour
continuer l'exploration de cet archipel dé
couvert en 1871-74 par les explorateurs au
trichiens Payer et Weyprecht.
Rappelons enfin que. deux expéditions
parties l'été dernier se trouvent actuelle
ment dans les régions boréales.
Le lieutenant Peary accompagné de sa
courageuse jeune femme s'est rendu dans le
Nord du Groenland,-où il se propose d'ache
ver le tracé de la côte Nord-Nord-Est de
cette vaste île, dont le contour sera alors
complètement connu.
Le Norvégien Fridjtof Nansen, dont l'ex
pédition est particulièrement intéressante, a
quitté la Norvège le 21 juillet 1893 sur le
Fmm,( En Avant), dans le but d'atteindre le
pôle Nord.
Suivant la même, route que Nordenskiold,
il a longé la côte sibérienne et a hiverné
dans les îles de la Nouvelle-Sibérie, d'où il
a dû s'élancer ce mois-ci verslegrand Nord.
On put croire un instant après le désastre
de la Jeannette , qui fut écrasée par les gla
ces en 1881, et celui du major américain
Greely, dont seize compagnons moururent
de faim à la pointe du cap. Sabine en 1884,
que le zèle des explorateurs polaires s ? était
refroidi.
•-Iln'en était rien, puisque les voilà plus- , ,
nombreux et plus vaillants que jamais pour * rae ^. se .désert de vagues glaeees
fecommencer ces périlleux voyages. : ■ . î . Ainsi au heu_ de la mer libre,
infortuné compatriote Gustave Lambert qui,
frappé à mort sous les murs de Paris pen
dant le siège, ne put donner suite à son
expédition .sur le JBoréal, partageait cette
opinion. .
D'autre pa.rt, en 1875, le capitaine an
glais Nares traversa, non sans risquer plu
sieurs fois d'être broyé par les glaces, avec
l'Alert et la Discovery, le détroit de Smith,
le. canal.de Kennedy, et le canal Robe&on
jusqu'au 82° 20', où il fut définitivement ar
rêté par la banquise polaire.
Jamais aucun navire n'avait réussi à pé
nétrer si-loin.
Au printemps, il donna l'ordre à son lieu
tenant Markham de s'engager sur la ban
quise et de pousser le plus avant possible
dans la direction du pôle.
Celui-ci partit avec ses traîneaux et ses
robustes matelots anglais.
La marche présenta bientôt de terribles
difficultés qu'il fallut vaincre au prix des
plus grands efforts.
C'est la pioche à la main qu'on dutfrayer
sa route, en taillant de véritables défilés
dans les masses glacées.
Obligée de haler les traîneaux sur un sol
bossué de monticules, la caravane avançait
à peine de 2 à 3 kilomètres par jour.
Markham et ses compagnons n'employè
rent pas moins de 39 jours à parcourir une
distance de 92 kilomètres, ayant à suppor
tes des froids de 25 à 30° au-dessous de
zéro.
. Et la route, au lieu de s'aplanir à mesure
qu'on allait vers le pôle, devenait de plus
en plus cahotique et impraticable. » \
Arrivés au 83° 20' 26", c'est-à-dire à 740
kilomètres du pôle et à la latitude là pltts
élevée qui ait jamais été atteinte par un être
humain, ces braves durent rétrograder
vaincus par les. fatigues et les souffrances
du scorbut.
Markham avant de s'éloigner contempla
longuement l'horizon du haut de l'éminence
glacée sur laquelle ( il venait de planter Te
drapeau de la Grande-Bretagne.
Aussi loin qu'il put embrasser respac,e,
il ne vit qu'une morne solitude, qu'un irn-.
Voilà, où en est la question polaire en
1894. ' . .
_ M. Nansen réussira-b-il ? Tout le nfonde
civilisé l'accompagne de ses vœux ardents
sans se dissimuler qu'en dépit de toutes
ses précautions il va courir d'immenses
dangers.
Du reste, constatons-le en terminant,
l'histoire des expéditions arctiques est l'une
des pages les plus glorieuses de l'humanité.
Obéissant à l'unique pensée d'apporter à
la science de nouveaux matériaux et d'ache
ver la conquête de la planète, des milliers
de marins ont déjà bravé les banquises, les
horreurs de l'interminable nuit polaire, les
, affres du scorbut, les froids terribles des
parages boréaux.
Combien sont morts à la peine ! D'autres
les suivent tranquillement, sans sourciller,
au risque de grossir encore le martyrologe
des mers boréales. .
En vérité, c'est un spectacle qui émeut,
réconforte et. grandit singulièrement l'es
pèce humaine. l .
Thomas Grimm.
^ ***.
Ce n'est pas d'aujourd'hui quelaqtieslion
polaire préoccupe les imaginations. On or
ganisait déjà des expéditions" hvperboréen-
nes en 1553.
Mais à cette époque leur but était pure
ment commercial.
Les puissances du Nord de l'Europe
cherchaient alors à découvrir une route
pour arriver aux Indes par le Nord-Est,
afin de s'affranchir de la psépondérance
maritime du Portugal et de l'Espagne qui,
à cé moment à l'apogée de leur grandeur,
avaient le monopole, pour ainsi dire exclu
sif, du commerce avec les pays de l'Ex
trême-Orient.
Depuis le commencement de ce siècle,
ces expéditions ont pris un caractère tout
autre ; elles sont devenues essentiellement
scientifiques.
Toutefois ce qui a toujours spécialement
intéressé le grand public, c'est le récit des
luttes émouvantes entreprises par l'homme
contre les forces de la nature pour essayer
de conquérir le pôle lui-même, où d'ailleurs
.personne jusqu'ici n'a réussi à arriver.
Tous les efforts, toutes les. énergies sont
venus se briser devant cette ceinture de
masses congelées, à laquelle on a donné le
nom de « mer Paléocrystique » ou « mer
de glaces permanentes »,.qui se trouve en
avant du point mystérieux et semble en dé
fendre les approches.
Y a-t-il une mer libre au pôle ?
On l'a prétendu et d'aucuns le soutiennent
encore.
Ce furent les Américains qui accréditè
rent l'idée de la «Polynia » ou mer libre.
En 1858, Kane pénétra dans le détroit de
Kennedy qui fait suite au détroit de Smith,
entre le Groenland occidental et la terre de
Grinnel, et son lieutenant -Morton, s'étant
avancé jusqu'au 80° 56', crut apercevoir une
Polvnia ■& étendant à perte de vue. .
H"ayes, à la suite de son expédition de
1801,"au cburs de laquelle il arriva à tra
vers les glaces jusqu'au 81° 35', confirma
l'assertion de Morton *, il put contempler
une mer libre clapotant à ses pieds.
Dès lors l'existence de la Polynia fut ad
mise presque par tout lé monde, et notrè
il avait
mer
trouvé la mer Paléocrystique.
En somme, l'existence de cette fameuse
1 Polynia autour du pôle semble très problé
matique.
Il est sûr toutefois qu'à certains moments
et certaines années, les vents chassent les
glaces et rendent libres des portiqns du,
bassin polaire. Le fait s'est présenté en
.1884 pour le canal ' de Robeson qui resta
libre tout l'hiver.
C'est sans doute un phénomène semblable
qui donna à Morton et à Hayes l'illusion
très compréhensible de la mer libre.
Reste à savoir si cette mer n'existe pas
au delà de la mer Paléocrystique sur laquef/e
en définitive Markham n'a pas fait 100 kilo
mètres, laissant encore740 kilomètres entre
le pôle et lui.
Là est aujourd'hui toute la controverse.
En tout cas, il est un point sur lequel
tous les explorateurs arctiques sont d'ac
cord aujourd'hui : c'est qu'il est chiméri
que de vouloir atteindre le pôle en avan
çant à pied sur les. banquises. Ils estiment
que ce résultat ne sera possible à obtenir
qu'avec le secours des ballons dirigeables.
' *** '
Quant à M. Nansen, il a basé l'eêpoir du
succès sur un moyen qui sort tout à fait de
l'ordinaire. Des faits spéciaux et des don
nées scientifiques ont: révélé, paraît-il,
.l'existence fixe de,certains courants dans le
bassin polaire-. -■■■ .
Dès lors M. Nansen s'est dit que loin de
chercher à lutter contre ces courants et
contre ces glaces, il voyagerait avec eux et
en ferait ses meilleurs auxiliaires.
Il a fait construire à cet effet, dans'des
conditions extraordinaires do solidité, le
Fram qui par sa forme presque circulaire
échappera, pense-t-il, aux terribles pres
sions des glaces qui le .soulèveront, maisne
le pinceront pas.
Ayant emporté pour sept ans de vivres,
il se laissera aller à la dérive avec la ban
quise dont il ne craint pas le voisinage et
pense être amené de la sorte au pôle ou
dans ses environs par le grand courant qui,
arrivant du Pacifique par le détroit de Bé-
ring, doit traverser le bassin boréal et s'é-
pandre vers le Sud-et le Sud-Est.-
Éclios d L e_X5a,3?to'u.-t
Le corps du baron Beyens, ministre de Bel
gique, a été ramené hier de Prestes à Paris et
déposé dans les caveaux de l'église Saint-Pierre-
de-Chaillot. .
Samedi matin, il sera ramené 25, avenue
Marceau, pour la ce'rémonie qui aura lieu entre
neuf ' heures et demie et dix heures, à Saint-
Pierre de Chailîot. ■
Le gouvernement a informé la légation que
les .plus grands honneurs seraient rendus au
défunt, qui était'ministre à Paris depuis 1861.
' . Le chef de cabinet du ministre des affaires
étrangères do Belgique, le comte van der
Straten Ponthos, assistera aux obsèques, ainsi
qu'un attaché militaire de la maison du roi.
Après le service religieux, le corps parLrra
par le, train de midi cinquante arrivant à
Bruxelles à six heures. Il y aura une cérémo
nie à Laeken, où- se trouve le caveau de la
famille. Beyens. . -
Le roi des Belges a envoyé un télégramme
qui a été adresse immédiatement à Presles. Le
prince de Caraman-Chimay a appris la fatale
nouvelle à la comtesse de Flandre, arrivée
mardi soir du Mont-Dore.
M. Levgues, ministre de l'instruction publi
que et (les beaux-arts, inaugurera l'exposition
du Livre, au palais de l'Industrie, lundi pro
chain, 23 juillet, à deux heures de l'après-midi.
—H©-*-
M. Lécureur, rédacteur en chef du journal
le Havre, est mort hier au Havre, à l'âge de
cinquante-sept ans* à. la suite d'une fièvre
typhoïde.
M. Lécureur appartenait à la presse havraise
depuis plus de trente ans.
Il était rédacteur en chef du journal le Havre
depuis dix ans et venait d'être nommé membre
du comité du syndicat de la presse républicaine
départementale.
Il n'existait pas, jusqu'ici, de portrait du duc
de Nemours à l'âge viril.. Le prince s'était tou
jours refusé à poser devant les artistes même
les plus éminents.
L Art français nous apprend qu'il y a quel
ques semaines l sollicitations des siens, a consenti à accorder
un certain nombre de séances à une jeune pas
telliste dont les travaux ont été remarqués
ces dernières années au Salon des Champs-
Elysées, Mme Léonie de Loghade's, et aujour
d'hui le portrait du prince, entièrement ter
miné, va être envoyé au duc d'Alençon, à qui
son père a voulu l'offrir à l'occasion- de ses
noces d'argent. .
Le duc de Nemours est représenté en.tenue
de ville, avec, déposés sur une table de salon,
le sabre dé générai de division et les insignes
des ordres au Saint-Esprit et de la Toison-d'ûr,
dont il est le dernier titulaire.
Il y aura deux- cents ans le mois prochain que
le diplôme de docteur en médecine .a été pour
la première /ois délivré à un Russe. Au mois
d'août 1694, Piatre Vassilieviteh PostnikofI rc-
cevaitson diplôme à l'Université de Padoue.
Cent ans plus tard, en 1794, la Faculté de
médecine ae Moscou décernait son premier
diplôme de doctorat à Thopias Bai-souk Moïs-
séiefl.
On vient d'établir le relové de la longueur des
voies. ferrées du monde entier au 31 décem
bre 1892,.
La longueur totale des chemins de fer étaità
cette époque de 653,957 kilomètres, soit plus,
de seize fois le périmètre de la terre à l"'équa-
teur et une fois trois quarts la distance moyenne
de la terre à la lune. - /
Les frais d'établissement de tous ces chemins,
de fer s'élevaientà 17-5.382,000,000 francs, soit
une moyenne de 266,666 francs par kilomètre.
-19— 'FEUILLETON DU 19 JUILLET 1891 (1)
FLEUR DES NEIGES
PREMIERS rARTlB
MONETTB
'; X {Suite) ,, •
L'orage
Peut-être !... dit le premier qui avait
parlé, mais alors on est gelé en deux: heu
res. Moi, j'aimerais mieux encore marcher
en avant que de m'endormir dans cette co
quine de neige pour ne jamais plus me ré
veiller*. .
A ce moment un cri aigu se fit entendre
au-dessus de la tête des bergers, aussitôt
suivi de la chute d'un corps.
En même temps la voix de Monette
s'éleva :
— Maman ! appelait-elle, maman, viens
Vite, Marguerite vient de tomber p^r terrç
comme morte.
Lise monta quatre à quatre.
Quand elle arriva dans la chambre, Mlle
de Gesdres était étendue de- tout son long
sur le carreau, sa tête avait heurté le coin
du lit en-tombant et un mincè filet de sang
faisait parai tçe plus livide eaççre la pâleur
de son visage.
Lise s'agenouilla : -
— Ah ! mon Dieu ! demanda-t-elle à Mo
uette, qu'est-ce qui est ariivé ?
En pleurant à sanglots, Fleur des Neiges
le lui raconta. . .
- t.) Tfaduclioû cticproduction interdites
Les soins empressés de la mère et de la
fille eurent aisément raison de la syncope
de Mlle de Gesdres.
— O madame, s'écria-t-elle dès qu'elle
revint à elle, en se jetant dans les bras de
Lise, est-ce vrai que père va mourir?
— Antoniet est allé chercher des secours,
répondit Mme Escaméla, nous- n'avons,
nous, qu'à prier Dieu, ma pauvre petite !...
En effet, les trois femmes, s'agenouillè
rent et se mirent à adresser au ciel les ar
dentes supplications des dése'spérées.
Mais au moindre bruit se produisant dans
l'auberge, elles se levaient toutes les trois
et couraient à la fenêtre ouverte, scrutant
du regard les alentours de l'hospice, le vi
sage cinglé par un vent humide.
Le tonnerre ne grondait plus que par in
tervalles, mais la pluie tombait toujours,
l'eau ruisselait, inondant les pentes, glis
sant en nappes sur les, rochers et de tous
les côtés se précipitait vers la Pique, qui,
elle, mugissait .au fond de la vallée avec un
bruit d'enfer.
■ Trois heures se passèrent,- trois heures
interminables, pendant lesquelles Lise,
Monette et Marguerite se jetèrent vingt
fois dans, les bras les unes des autres,
échangeant leurs craintes éperdues, confon
dant leurs baisers.et leurs larmes.
Enfin une troupe d'hommes déboucha en
haut du sentier.
Importaient des pioches, dés crochets,
des couvertures, des cordiaux.
Ils étaient là, tous, les guides les plus ex
périmentés de Luchon, ceux qui avaient été
syndics, ceux qui l'étaient encore.
Les uns, aux cheveux gris, ayant l'expé
rience, et n'en étant pas à leur premier sau
vetage ; les autres, au contraire, très jeunes,
pleins de force, d'énergie et.de volonté.
Les voilà les uns et les autres... oui...
Barthélémy Courège, le guide si intelligent
de M. Maurice Gourdon, et. Baptiste Gier,
et Barrau, celui du comte Russell, et Hau-
rillon, et tous, et tous !...
Ah ! il nîa. pas fallu les. prier longtemps.
Aux premiers mots, ils sont partis sans
.s'attendre, ne prenant que leurs instruménts
de sauvetage avec eux, et de leur pas le plus
accéléré, dé ce pas qui ne connaît point la
fatigue, par les raccourcis les plus brefs, au
milieu des-sentiers ravinés par l'orage, et
des arbres arrachés par; la tempête, ils ont
grimpé jusqu'à l'Hospice.
Ils ne sont-pas seuls : Le vieux curé do
Luchon lesaccompagne. ■
A la vue de Lise en larmes, Courège lui
prend les mains.
— Nous- vous le ramènerons, madame
Escaméla, dit-il, nous vous le ramènerons,
soyez tranquille !...
Nous nous dévouerons pour lui, comme
il se fût dévoué pour nous...
'■ Et s'il est tombé, dans quelque précipice,
il faudrait qu'il fût bien profond pour que
nous ne pussions pas l'atteindre.
Le curé les escorta jusqu'aux premiers
escarpements de la montagne ; là, ils s'age
nouillent tous, et le vieux prêtre, d'un geste
très lent et très grave, lève le crucifix sur
ces héros obscurs, quelques-uns fils de
martyrs, qui s'en vont exposer leur vie
pour sauver leurs semblables.
— Allez,, leur dit-il, mes enfants,- faites
votre devoir comme vos pères et ceux qui
sont morts avant vous vous ont enseigné à
le,faire, et que Dieu vous protège !
Ils se relèvent, très émus, mais pleins-de
force- et de volonté.
Les chemins de fer se répartissaient ainsi qu'il
suit entre les cinq parties du monde : Europe
-252,317 kilomètres (dont 38,645pour la France),
Amérique 352,230 kilomètres, Asie 37,367 kilo
mètres, Afrique 11,607 kilomètres, Océanie
20,"416 kilomètres. —
C'est la Belgique qui_possède le réseau le plus
dense,18,400mètres par kilomètre carré ; relati
vement au nombre des habitants c'est l'Australie
occidentale qui possède le plus de chemins de
fer, 180 kilomètres par 10,00^ habitants.
Le prince Henri de Bourbon, duc de Séville,
fils -de l'infant d'Espagne don Sebastien, qui a
été tué en duel par le duc de Montpensier, vient
de mourir. Il étaità bord d'uiî transatlantique
qui le ramenait des îles Philippines, 'où. il était
gouverneur d'une province..
La, presse s'est beaucoup occupée, il y a quel
ques années, du duc de Séville à propos d'un
audacieux coup de main.
Un jour que, comme lieutenant-colonel d'un
régiment de cavalerie en garnison à Madrid, il
commandait la garde ( du palais royal, il fut ar
rêté par le grand chambellan au moment où il
allait pénétrer dans les appartements de la
reine-régente. ■ Son intention n'était " autre, pa
raît-il, que d'obliger dona Marie-Christine à
abdiquer eh faveur de sa belle-mère, la reine
Isabelle.
Le plan fut déjoué et son auteur, don Enrique
de Bourbon, fut exilé aux îles Baléares.
A sa rentrée en faveur, quelque temps après,
il fut nommé gouverneur d'une province des
îles Philippines. C'est après avoir occupé ce
poste pendant trois ans quHl rentrait en Espa
gne, lorsque la mort l'a surpris.
JL'HOPSTAIL ROUCICAUT
Le conseil municipal a, dans une de ses der
nières séances, approuvé le projet de construc
tion de l'hôpital Boucicaut, qui doit être
construit dans Paris avec des fonds provenant
de la succession de cette femme de bien-que fut
la veuve du fondateur de la" maison du Bon-
Marché. Les travaux, seront commencés cette
année môme et poussés avec la plus grande ac
tivité.
Mais Mrpc Boucicaut est morte il y a déjà
sept ans et on est tout d'abord étonné que l'on
ait mis si longtemps à exécuter ses dernières
volontés. Quelques explications nesontdonepas
inutiles pour justifier ce retard.
Par son testament Mme Boucicaut a fait
à l'Assistance publique un legs universel de
sa fortune, soit environ 40 millions, à charge
de la part de cette administration d'acquitter
tous les legs particuliers qu'elle stipulait.
Ces libéralités étaient faites à un petit nom
bre d'amis personnels dè la défunte, à quel
ques sociétés philanthropiques et aux employés
au Bon-Marché qui presque tous ont eu quel
que chose.
Mise en possession de la fortune de MmeBou-
cicaut, l'Assistance publique acquitta ces diffé
rents legs, qui absorbèrent environ 32 millions
sur les 40 qu'avait laissés la défunte. C'était
plus qu'on n'avait" cru tout d'abord.
On comptait, en effet, sur un reliquat d'une
dizaine de millions, qui devaient être affectés à
ia- construction de l'hôpital, et il n'en restait
en réalité que sept. C'était insuffisant pour as
surer la création et l'entretien de l'établisse
ment.,On ne se pressa donc pas afin d'augmen
ter la somme par la capitalisation des intérêts:
Plusieurs années se passèrent ainsi dans l'at
tente,puis l'Assistance publique, quiavaitaclicté
pour installerle futur hôpital un terrain dans
le quinzième arrondissement près de la rue
Lacordaire, ouvrit un concours qui fut jugé le
15 février 1893 seulement. MM. Legros père et
fils, architectes, y remportèrent la première
place. A partir de ce moment on se trouva aux
prises avec certaines difficultés techniques qui
amenèrent, de nouveaux retards, mais enfin
aujourd'hui toutes sont aplanies et il ne reste
plus maintenant pour procéder à l'adjudication
des travaux qu'à attendre l'expiration des dé
lais d'affichage.
Voici d'après les dispositions du projet quelle
sera la répartition des lits entre les services de
médecine, de chirurgie et d'accouchement du
futur hôpital.
MÉDECINE
Salles communes : hommes, 40 ; femmes, 24.
CHIRURGIE
Salles communes : hommes, 32 ; femmes, 20.
! ' MATERNITÉ
Salles communes : femmes enceintes, 4 ; fem
mes accouchées, 16.
De plus, selon la volonté expresse de Mme
Boucicaut, seize lits placés dans des chambres
séparées seront réservés aux employés du Bon-
Marc lté à qui l'administration de cette maison
voudra faire donner des soins. Ces lits seront
répartis entre les services de médecine et de
chirurgie.
Et maintenant est-il utile d'ajouter que le
futur hôpital renfermera toutes les perfections
imaginées jusqu'à ce jour par la science, au
point de vue de l'hygiène et du confort. Grâce
à la philanthropie de la généreuse donatrice,
l'Assistance publique est à même dp construire
Antoniet marche à leur tète^ personne ne
peut le suivre. ;
.Le curé un instant regarde la petite
troupe s'éloigner, puis il revient à l'Hospice
attendre le retour de ces vaillants, à l'IIos-
pice où il sait bien quels désespoirs il va
avoir à consoler. .
xi .
Morfi au champ d'honneur -
Le matin, on le sait, Escaméla et son »
compagnon étaient partis avant le jour. •
, L'ascension pour, arriver au port de Vé-
nasque et de là -grimper jusqu'en haut .du
pic de la Sauvegarde avait commencé dans
les meilleures conditions possibles.
Le temps était si doux que M, de Ges
dres n'avait pu résister -au désir de cueil
lir en route quelques euphrasia, -des saxi
frages dont la délicatesse extrême était
l'admiration des amateurs, et. enfin des
rhododendrons qui sont peut-être les plus
beaux que l'on connaisse. ■
Maisbienlôt.de tous les côtés, .la monta
gne droite, énorme, semblable à des mu
railles de pierre, se dressa impôsante- et
sombre, réclamant toute l'attention, toutes
les forces des deux hommes.
En arrivant au sommet,* le jour s'était
levé, les guides, porteurs de torches, redes
cendirent à l'Hospice, -et le paysage un peu
■moins désolé permit de voir deux chutes
d'eau s'argentant tout au fond du cirque et
s'irrisant aux premiers îeux du soleil.
On atteignit le Culet; là - on trouva la
neige encombrant le sentier etunvent froid,
un vent qui commençait à souffler en rafales
.fit frissonner lés deux ascensionnistes.
. Avec des précautions infinies Jean-Marie
•guidait M. de Gesdres. Il dut même le sou-
un établissement modèle et nous sommes cer
tains qu'elle ne négligera rien pour atteindre
ce but. ■ ; ■
I0RT DE LECONTE DE LISLE
Un grand poète mais non, des plus populaires
vient de s'éteindre; Lecontc de Lisle, l'auteur
des Poèmes barbares et des Eri/nnics, est-mort
mardi à Louveciennès, où il s'était retire il y a
quelques jours, souffrant d'une maladie de
cœur.
M. Lecontede Lisle était né le 23 octobrel818
à Saint-Paul, dans l'île de la Réunion. Après
avoir fait ses études,
il voyagea dans l'Inde,
visita la France et se
fixa définitivement à
Paris.
Après la révolution
du 24 février 1848,
Lecontc de- Lisle se
lança, quelque peu
dans, la politique,
bientôt et se voua
, tout entier à la poésie:
Leconte de Lisle C'est vers l'anti-,
quité surtout que le poèe tourna ses regards
son premier volume, paru en 1852, s'appela
Poèmes antiques. Deux ans après, M. Leconte
de Lisle publia Poèmes et Poésies, qui établirent
définitivement sa réputation.
Puis vinrent les Poèmes barbares (1862), où
le poète a dépeint avec une étonnante énergie
et une précision remarquable toutes les ru-
^occoo oi iouioo -Jeo /ïfiwitt'B IÏCJ5 |)Cli|)fC!S ClU
Nord, les traductions de Ylliade, des : Hymnes
orphiaucs, de VOdyssde, des œuvres d'Horace et
de. Sophocle.
Lecontc de Lisle toucha aussi au théâtre : en
janvier 1872, il fit représenter à l'Odéon les
Erynnies, qui soulevèrent d'ardentes discus
sions et tout d'abord n'obtinrent pas de suc
cès, mais réussirent mieux dans la suite.
Le compositeur J. Massenet a écrit sur ce
superbe poème tragique une de ^es plus belles
partitions. ' •
Le 11 février 1886, M. Leconte de Lisle fut
appelé à remplacer, à l'Académie française,
Victor Hugo, qui professait pour son talent la
plus grande admiration et pendant neuf années
avait soutenu sa candidature.: Leconte de Lisic
fut reçu par M. Alexandre Dumas, qui-fit un
magnifique éloge du grand poète.
Leconte de Lisle était sous-bibliothécaire du
Sénat; il avait été nommé le 12 juillet 1883
officier de la Légion d'honneur.
Les obsèques se feront samedi à midi à
Saint-Sulpice.
VOITURES SANS CHEVAUX
L'Exposition à NeuillyL,e programme
d'aujourd'hui jeudi.
L'exposition des voitures à Neuilly a
été hier ce que nous . pensions d'avance
qu'elle serait.
Vingt-six voitures, — toutes celles qui
étaient définitivement prêtes, — avaient ré
pondu à l'appel du Petit Journal et l'ex
position préliminaire de ces nouveaux en
gins de locomotion au rond-point d'Inlcer-
mann a obtenu auprès du public un plein
succès. ,
Dès onze heures, les premières voitures
arrivent et aussitôt la foule d'accourir
pour voir de près les véhicules fin de siècle.
Le rond-point d'Inkermann offre un coup
d'oeil des plus curieux, et pendant toute
l'après-midi le mouvement va toujours en
augmentant.
A deux heures, il y a déjà deux mille
curieux ; à quatre heures, ce nombre a
doublé, et les voitures retardataires ont
grand'peine à se frayer un passage dans les
rangs du public.
■ Ce public mérite lui-même d'être remar
qué. On voit passer devant les voitures ali
gnées devant le trottoir circulaire un, grand
nombre d'ingénieurs très connus, des
hommes du monde, des dames en grande
toilette, de simples propriétaires qui se
passionnent pour-la question, à titre d'ac
quéreurs ou de -bailleurs de fonds des in
venteurs.
Citons au hasard le prince de Sagan,
M. Henrion-Bertier, le maire de Neuilly,
M. Gragnon, ancien préfet depolice,M. Du-
puy, ingénieur, M. Michel Lévy, ingénieur
en chef des mines, MM. Ossude, de Mon-
taignac, toute la rédaction et l'administra
tion du Petit /oMi'î)a/,]aplupart de nos obli
geants ingénieurs-conseils, la presse spé
ciale, française et étrangère, etc., etc.
Le long de l'avenue du Roule, qui abou
tit au rond-point, s'alignait une file d'équi
pages, attelés de chevaux, dont les proprié-
minai Jiamy- un.n—llll—MMHWMWniBM Mf
tenir pour gravir le rail du Culet, ce petit
chemin si escarpé tracé dans le roc et par
lequel on entre dans, le. triste et sauvage
vallon de l'Homme.
Le vent augmentait; mais à cette hauteur
le ciel restait clair.
— Si nous redescendions ? demanda tout
à coup Jean Marie,ces rafales m'effraientun
peu.
— Bast ! répondit. M. de Gesdres, nous
sommes presque arrivés au port de Vé-
nasque, c'est-à-dire que les trois quarts de
la route sont faits ; ce serait joliment dom
mage de ne pas continuer notre ascension.
.—: Je vousrépète,monsieur le marquis,que.
ce vent du Nord-Ouest qui se lève me l'ait
peur. .
— Mais vous savez bien, Jean-Marie,
qu'ici même en été, il y a des courants d'air
terribles ; et pendant l'hiver, les rafales qui
s'engouffrent dans cette gorge étroite ont
valu àcepassage dangereux cettelégendebar-
bare : De père à fils, Une faut pas s'attendre.
Marchons, je vousenprie; il fait froid,dites-
vous.Tant mieux.Noussommesbien couverts
et vaillants tous les deux. Notre sang est
encore assez chaud pour ne pas craindre
une atmosphère un peu rigide, et c'est un
temps de. rêve pour mes expériences.^ Là
hapt, nous aurons absolument la tempéra
ture du Mont-Blanc," et c'est ce-qu'il me
faut.'.'
~ Mais, monsieur le marquis, si la tem
pête nous prenait à la Sauvegarde, nous ne
pourrions peut-être pas redescendre.!... -
—Bast! qui ne hasarde rien n'a rien. Ce
que je vais faire là-haut éclaircira un point
important de mon système-et aura un re
tentissement énorme.. ,:
Jean-Marie ne réDondit uas. :
taires étaient venus voir leurs... chevaux
de demain.
Enfin, suivant la vieille formule, dés fa
milles entières avaient tenu à venir exami
ner de près, et avec les plus sympathiques
dispositions, les voitures sans chevaux qui
arrachaient à plusieurs intentionnels cette
phrase typique :
— Si j'avais l'argent nécessaire, j'achète
rais une voiture comme celle-là.
Dès qu'ilne voiture avait pris place sur
le rond-point, on voyait tout aussitôt les'
.groupes se former autour d'elle et chacun
discuter ses chances ou - étudier son méca
nisme. Plus loin, c'était un dessinateur qui
prenait un croquis, ou encore un photogra
phe qui braquait son objectif.
Et ainsi toute l'après-midi, sous un oiel
qui peu à péu s'est dépouillé des nuages
menaçants de la.première heure, pour lais
ser briller, un-beau soleil que venait tem
pérer une légère brise.
Ce serait le rêve de garder un temps sem
blable quatre jours durant,pour rouler sur
•les grandes routes 1
X
Programme d'aujourd'hui, à l'intention
de ceux de nos lecteurs qui désirent. Voir
passer les voitures sur les routes, aux envi
rons de Paris:- ,
Concentration de 7 heures à 7 heures 1 /2
au boulevard Maillot.
vîoo - vu n'irrc s
dont la désignation suit, avec leurs itiné
raires :
Itinéraire n 0 i, de Paris à Mantes par.Saint-
' Germain et Flins :
N 05 ' 3 MM. de Dion, Bouton et Cie, break
6 pl., vapeur.
13 MM. Panliard et'Levassor, 4pl.,vapeur.
— 21 M. Letar, 4 pl., vapeur.
.— 30 MM. les fils de Peugeot frères, 3pl., ga-
zoline.
Itinéraire n 0 2, de Paris à Mantes par Poissy
et Triel :
N m 10 M. Scotte, 8 à 10 pl., vapeur.
— 15 MM. Panhard etLevassor,2pl.,pétrole.
— 25 M. Coquatrix, 4 pl., vapeur.
— 28. MM. l'es fils de Peugeot frères, 4 pl.,
gazoline. '
■— 44 M. de Prandières, 6 pl., svst. Serpollel
et pétrole combinés.
Itinéraire n° 4, de Paris à Rambouillet par Ver»
• sailles et Dampierre :
N M 7 M. Gautier, 4 pl., pétrole.
— 18 -M. Archdeacon, 6 à 7 pl., vapeur.
— 19 M. Le Blant, 8 à 10 pl.,vapeur.
— 42" M. Le Brun, 4 pl., pétrole.
Itinéraire n° S, de Paris à Corbcil par Versailld
et Palaiseau : ' ■
N os 4 M. de Dion, Victoria 4 pl., vapeur. ;
— 16 M. Quantin, 6 pl., pétrole.
— 27 ' MM. les "fils "de Peugeot frères, 2 pi,
gazoline. '
— 29 Les mêmes, 4'pl.,gazoline.
— 40 M. Lemoigne, 4pl., pesauteur.
Itinéraire ri" 6, de Paris à Précy-sur-Qise pat
Gennevilliers et l'Isle-Adam :
N 0 ' 12 M. Tenting, 4 pl., pétrole. ■
— 14 MM. Panhard et Levassor, 4 pl. (nouv.
type), pétrole. ;
—• 24 M. 'Vachcron, 2 pl., gazoline.
— 31 MM. les fils de Peugeot frères, break
5 pl., gazoline.
X
MM. les ingénieurs .qui se rendront ce
matin à la Porte-Maillot sontpriésdese pré
senter à partir de sept heures et demie au
restaurant Gillet, salle du rez-de-chaussée.
X
Les voitures seront rangéesl'une derrière
l'autre,, sur le boulevard Maillot, la'pre
mière à là grille, les autres derrière, à dix
mètres d'intervalle, les voitures de l'itiné
raire numéro 1 en tète, celles du numéro 2
à la suite, etc., toutes rangées sur le côté
du boulevard qui longe le bois de Boulogne.
Au signal du départ,- qui sera donné' à
huit-heures précises, la première voiture se
mettra en marche. La deuxième ne partira
que quinze secondes après la première ; la
troisième quinze secondes après ladeuxième,
et ainsi de suite jusqu'à la dernière.
Un de nos collaborateurs donnera d'ail
leurs le signal du départ, après les-trente,
secondes réglementaires, à chaque voiture
prête à se mettre en route. . '
Si une voiture n'est pas tout à fait en
mesure de prendre son départ, on passera à
la suivante ; la voiture retardataire restera
alors la dernière, pour éviter tout accident.
De cette façon les voitures auront toutes,
au départ de la Porte-Maillot,cinquante mè
tres environ d'intervalle.
Après tout,-M. de Gesdres pouvait avoir
raison : autour du port de Vénasque, il y a
presque toujours du vent, peut-être qu'un
peu plus haut-tout cela se calmerait. Pcut-
êtrCsurtout qu'on aurait le temps de redes
cendre sans qu'aucune perturbation at mos
phérique se soit produite... . ; .
Ils montèrent encore. -j
Le port de Vénasque et sa coupi étroite
furent bientôt dépassés.
Ils laissèrent à'droite'les ' gouffres noirs
qui entourent là Maladéttà", et ses rochers
semblables à des- spectres blancs décharnés
sous leurs linceuls éternels,-puis ils commen
cèrent l'ascension de la Sauvegarde.
Il y avait encore un peu de la neige .de
l'hiver; mais le sentier était visible, et 1 on
pouvait monter,'Sans danger à prévoir^ pas
plus à l'aller qu'au retour.
Enfin l'on arriva au sommet. _ : -
Là, ce furent des exclamations éperdues
dê la part de M. de Gesdres. •-- .-if T.,.
Il faisait un froid de loup, c'était ce qu'il
fallait pour les expériences... ' ■ - *;
Et tout de suite, il ajusta ses appareils,
prenant des notes, faisant des calculs, cher
chant, examinant } combinant ses réactions et
ses résultats. • . ,. ...
— Oui,' c'était cela !... Admirablement
cela!... •• , ., . .
Enfin, au microscope il le voyait claire
ment ce qu'il avait supposé !
— Monsieur, tfit Jean-Mî<-ri e de plus en
plus inquiet»,- l'Ouest devient menaçant, les
nuages approchent, de grands nuages irsri-
gés do blanc, comme pleins, de coton, c es»
la neige, il faut partir.
Paul, D'AIGRËMONT»
(La suite- à demain.)
ADMINISTRATION, REDACTION ET ANNONCES
61, rue Lafayette, 61
. A PARIS
(Tu «{oit aussi les «nonces rue Grange-Balelicrc, 15
«JkAJtkJI
ABONNEMENTS PARIS
TROIS
SIX MOIS.... 9 m.
UN AN » 18 fr.
UN NUME RO 5. C ENTIMES
Tous les Dimanches
' LE. SUPPLEMENT ILLUSTRÉ : 5 CENTIMES •
ABONNEMENTS DÉPARTE MIS
TROIS MOIS..6 p«.
SIX MOIS................ 12 fk.
UN AN... 24 vu.
JEUDI 19 JUILLET
200 ~ — 1 SAINT VINCENT DE P.
TRENTE-DEUXIÈME ANNÉE (N uméro 11523)
CES MANUSCRITS NS SONT PAS REMOJS
1894
*-165
DERNIERE EDITION
Au Pôle_arctique
On achève de préparer actuellement en
Angleterre une expédition polaire ayant
pou* but d'aller à la recherche des deux
jeunes explorateurs suédois MM. Kalisten-
nuis et Bjoerling qui sont partis en 1892 et
dont le navire a été découvert, abandonné
dans le détroit de Smith, l'année dernière à
cette époque.
La Société de géographie de Washing
ton a organisé une expédition semblable qui
est partie de Saint-John (Nouvelle-Fin
lande) le l* p mai dernier.
De plus un Américain, M'; Jackson, se
dirige vers la terre de François-Joseph pour
continuer l'exploration de cet archipel dé
couvert en 1871-74 par les explorateurs au
trichiens Payer et Weyprecht.
Rappelons enfin que. deux expéditions
parties l'été dernier se trouvent actuelle
ment dans les régions boréales.
Le lieutenant Peary accompagné de sa
courageuse jeune femme s'est rendu dans le
Nord du Groenland,-où il se propose d'ache
ver le tracé de la côte Nord-Nord-Est de
cette vaste île, dont le contour sera alors
complètement connu.
Le Norvégien Fridjtof Nansen, dont l'ex
pédition est particulièrement intéressante, a
quitté la Norvège le 21 juillet 1893 sur le
Fmm,( En Avant), dans le but d'atteindre le
pôle Nord.
Suivant la même, route que Nordenskiold,
il a longé la côte sibérienne et a hiverné
dans les îles de la Nouvelle-Sibérie, d'où il
a dû s'élancer ce mois-ci verslegrand Nord.
On put croire un instant après le désastre
de la Jeannette , qui fut écrasée par les gla
ces en 1881, et celui du major américain
Greely, dont seize compagnons moururent
de faim à la pointe du cap. Sabine en 1884,
que le zèle des explorateurs polaires s ? était
refroidi.
•-Iln'en était rien, puisque les voilà plus- , ,
nombreux et plus vaillants que jamais pour * rae ^. se .désert de vagues glaeees
fecommencer ces périlleux voyages. : ■ . î . Ainsi au heu_ de la mer libre,
infortuné compatriote Gustave Lambert qui,
frappé à mort sous les murs de Paris pen
dant le siège, ne put donner suite à son
expédition .sur le JBoréal, partageait cette
opinion. .
D'autre pa.rt, en 1875, le capitaine an
glais Nares traversa, non sans risquer plu
sieurs fois d'être broyé par les glaces, avec
l'Alert et la Discovery, le détroit de Smith,
le. canal.de Kennedy, et le canal Robe&on
jusqu'au 82° 20', où il fut définitivement ar
rêté par la banquise polaire.
Jamais aucun navire n'avait réussi à pé
nétrer si-loin.
Au printemps, il donna l'ordre à son lieu
tenant Markham de s'engager sur la ban
quise et de pousser le plus avant possible
dans la direction du pôle.
Celui-ci partit avec ses traîneaux et ses
robustes matelots anglais.
La marche présenta bientôt de terribles
difficultés qu'il fallut vaincre au prix des
plus grands efforts.
C'est la pioche à la main qu'on dutfrayer
sa route, en taillant de véritables défilés
dans les masses glacées.
Obligée de haler les traîneaux sur un sol
bossué de monticules, la caravane avançait
à peine de 2 à 3 kilomètres par jour.
Markham et ses compagnons n'employè
rent pas moins de 39 jours à parcourir une
distance de 92 kilomètres, ayant à suppor
tes des froids de 25 à 30° au-dessous de
zéro.
. Et la route, au lieu de s'aplanir à mesure
qu'on allait vers le pôle, devenait de plus
en plus cahotique et impraticable. » \
Arrivés au 83° 20' 26", c'est-à-dire à 740
kilomètres du pôle et à la latitude là pltts
élevée qui ait jamais été atteinte par un être
humain, ces braves durent rétrograder
vaincus par les. fatigues et les souffrances
du scorbut.
Markham avant de s'éloigner contempla
longuement l'horizon du haut de l'éminence
glacée sur laquelle ( il venait de planter Te
drapeau de la Grande-Bretagne.
Aussi loin qu'il put embrasser respac,e,
il ne vit qu'une morne solitude, qu'un irn-.
Voilà, où en est la question polaire en
1894. ' . .
_ M. Nansen réussira-b-il ? Tout le nfonde
civilisé l'accompagne de ses vœux ardents
sans se dissimuler qu'en dépit de toutes
ses précautions il va courir d'immenses
dangers.
Du reste, constatons-le en terminant,
l'histoire des expéditions arctiques est l'une
des pages les plus glorieuses de l'humanité.
Obéissant à l'unique pensée d'apporter à
la science de nouveaux matériaux et d'ache
ver la conquête de la planète, des milliers
de marins ont déjà bravé les banquises, les
horreurs de l'interminable nuit polaire, les
, affres du scorbut, les froids terribles des
parages boréaux.
Combien sont morts à la peine ! D'autres
les suivent tranquillement, sans sourciller,
au risque de grossir encore le martyrologe
des mers boréales. .
En vérité, c'est un spectacle qui émeut,
réconforte et. grandit singulièrement l'es
pèce humaine. l .
Thomas Grimm.
^ ***.
Ce n'est pas d'aujourd'hui quelaqtieslion
polaire préoccupe les imaginations. On or
ganisait déjà des expéditions" hvperboréen-
nes en 1553.
Mais à cette époque leur but était pure
ment commercial.
Les puissances du Nord de l'Europe
cherchaient alors à découvrir une route
pour arriver aux Indes par le Nord-Est,
afin de s'affranchir de la psépondérance
maritime du Portugal et de l'Espagne qui,
à cé moment à l'apogée de leur grandeur,
avaient le monopole, pour ainsi dire exclu
sif, du commerce avec les pays de l'Ex
trême-Orient.
Depuis le commencement de ce siècle,
ces expéditions ont pris un caractère tout
autre ; elles sont devenues essentiellement
scientifiques.
Toutefois ce qui a toujours spécialement
intéressé le grand public, c'est le récit des
luttes émouvantes entreprises par l'homme
contre les forces de la nature pour essayer
de conquérir le pôle lui-même, où d'ailleurs
.personne jusqu'ici n'a réussi à arriver.
Tous les efforts, toutes les. énergies sont
venus se briser devant cette ceinture de
masses congelées, à laquelle on a donné le
nom de « mer Paléocrystique » ou « mer
de glaces permanentes »,.qui se trouve en
avant du point mystérieux et semble en dé
fendre les approches.
Y a-t-il une mer libre au pôle ?
On l'a prétendu et d'aucuns le soutiennent
encore.
Ce furent les Américains qui accréditè
rent l'idée de la «Polynia » ou mer libre.
En 1858, Kane pénétra dans le détroit de
Kennedy qui fait suite au détroit de Smith,
entre le Groenland occidental et la terre de
Grinnel, et son lieutenant -Morton, s'étant
avancé jusqu'au 80° 56', crut apercevoir une
Polvnia ■& étendant à perte de vue. .
H"ayes, à la suite de son expédition de
1801,"au cburs de laquelle il arriva à tra
vers les glaces jusqu'au 81° 35', confirma
l'assertion de Morton *, il put contempler
une mer libre clapotant à ses pieds.
Dès lors l'existence de la Polynia fut ad
mise presque par tout lé monde, et notrè
il avait
mer
trouvé la mer Paléocrystique.
En somme, l'existence de cette fameuse
1 Polynia autour du pôle semble très problé
matique.
Il est sûr toutefois qu'à certains moments
et certaines années, les vents chassent les
glaces et rendent libres des portiqns du,
bassin polaire. Le fait s'est présenté en
.1884 pour le canal ' de Robeson qui resta
libre tout l'hiver.
C'est sans doute un phénomène semblable
qui donna à Morton et à Hayes l'illusion
très compréhensible de la mer libre.
Reste à savoir si cette mer n'existe pas
au delà de la mer Paléocrystique sur laquef/e
en définitive Markham n'a pas fait 100 kilo
mètres, laissant encore740 kilomètres entre
le pôle et lui.
Là est aujourd'hui toute la controverse.
En tout cas, il est un point sur lequel
tous les explorateurs arctiques sont d'ac
cord aujourd'hui : c'est qu'il est chiméri
que de vouloir atteindre le pôle en avan
çant à pied sur les. banquises. Ils estiment
que ce résultat ne sera possible à obtenir
qu'avec le secours des ballons dirigeables.
' *** '
Quant à M. Nansen, il a basé l'eêpoir du
succès sur un moyen qui sort tout à fait de
l'ordinaire. Des faits spéciaux et des don
nées scientifiques ont: révélé, paraît-il,
.l'existence fixe de,certains courants dans le
bassin polaire-. -■■■ .
Dès lors M. Nansen s'est dit que loin de
chercher à lutter contre ces courants et
contre ces glaces, il voyagerait avec eux et
en ferait ses meilleurs auxiliaires.
Il a fait construire à cet effet, dans'des
conditions extraordinaires do solidité, le
Fram qui par sa forme presque circulaire
échappera, pense-t-il, aux terribles pres
sions des glaces qui le .soulèveront, maisne
le pinceront pas.
Ayant emporté pour sept ans de vivres,
il se laissera aller à la dérive avec la ban
quise dont il ne craint pas le voisinage et
pense être amené de la sorte au pôle ou
dans ses environs par le grand courant qui,
arrivant du Pacifique par le détroit de Bé-
ring, doit traverser le bassin boréal et s'é-
pandre vers le Sud-et le Sud-Est.-
Éclios d L e_X5a,3?to'u.-t
Le corps du baron Beyens, ministre de Bel
gique, a été ramené hier de Prestes à Paris et
déposé dans les caveaux de l'église Saint-Pierre-
de-Chaillot. .
Samedi matin, il sera ramené 25, avenue
Marceau, pour la ce'rémonie qui aura lieu entre
neuf ' heures et demie et dix heures, à Saint-
Pierre de Chailîot. ■
Le gouvernement a informé la légation que
les .plus grands honneurs seraient rendus au
défunt, qui était'ministre à Paris depuis 1861.
' . Le chef de cabinet du ministre des affaires
étrangères do Belgique, le comte van der
Straten Ponthos, assistera aux obsèques, ainsi
qu'un attaché militaire de la maison du roi.
Après le service religieux, le corps parLrra
par le, train de midi cinquante arrivant à
Bruxelles à six heures. Il y aura une cérémo
nie à Laeken, où- se trouve le caveau de la
famille. Beyens. . -
Le roi des Belges a envoyé un télégramme
qui a été adresse immédiatement à Presles. Le
prince de Caraman-Chimay a appris la fatale
nouvelle à la comtesse de Flandre, arrivée
mardi soir du Mont-Dore.
M. Levgues, ministre de l'instruction publi
que et (les beaux-arts, inaugurera l'exposition
du Livre, au palais de l'Industrie, lundi pro
chain, 23 juillet, à deux heures de l'après-midi.
—H©-*-
M. Lécureur, rédacteur en chef du journal
le Havre, est mort hier au Havre, à l'âge de
cinquante-sept ans* à. la suite d'une fièvre
typhoïde.
M. Lécureur appartenait à la presse havraise
depuis plus de trente ans.
Il était rédacteur en chef du journal le Havre
depuis dix ans et venait d'être nommé membre
du comité du syndicat de la presse républicaine
départementale.
Il n'existait pas, jusqu'ici, de portrait du duc
de Nemours à l'âge viril.. Le prince s'était tou
jours refusé à poser devant les artistes même
les plus éminents.
L Art français nous apprend qu'il y a quel
ques semaines l
un certain nombre de séances à une jeune pas
telliste dont les travaux ont été remarqués
ces dernières années au Salon des Champs-
Elysées, Mme Léonie de Loghade's, et aujour
d'hui le portrait du prince, entièrement ter
miné, va être envoyé au duc d'Alençon, à qui
son père a voulu l'offrir à l'occasion- de ses
noces d'argent. .
Le duc de Nemours est représenté en.tenue
de ville, avec, déposés sur une table de salon,
le sabre dé générai de division et les insignes
des ordres au Saint-Esprit et de la Toison-d'ûr,
dont il est le dernier titulaire.
Il y aura deux- cents ans le mois prochain que
le diplôme de docteur en médecine .a été pour
la première /ois délivré à un Russe. Au mois
d'août 1694, Piatre Vassilieviteh PostnikofI rc-
cevaitson diplôme à l'Université de Padoue.
Cent ans plus tard, en 1794, la Faculté de
médecine ae Moscou décernait son premier
diplôme de doctorat à Thopias Bai-souk Moïs-
séiefl.
On vient d'établir le relové de la longueur des
voies. ferrées du monde entier au 31 décem
bre 1892,.
La longueur totale des chemins de fer étaità
cette époque de 653,957 kilomètres, soit plus,
de seize fois le périmètre de la terre à l"'équa-
teur et une fois trois quarts la distance moyenne
de la terre à la lune. - /
Les frais d'établissement de tous ces chemins,
de fer s'élevaientà 17-5.382,000,000 francs, soit
une moyenne de 266,666 francs par kilomètre.
-19— 'FEUILLETON DU 19 JUILLET 1891 (1)
FLEUR DES NEIGES
PREMIERS rARTlB
MONETTB
'; X {Suite) ,, •
L'orage
Peut-être !... dit le premier qui avait
parlé, mais alors on est gelé en deux: heu
res. Moi, j'aimerais mieux encore marcher
en avant que de m'endormir dans cette co
quine de neige pour ne jamais plus me ré
veiller*. .
A ce moment un cri aigu se fit entendre
au-dessus de la tête des bergers, aussitôt
suivi de la chute d'un corps.
En même temps la voix de Monette
s'éleva :
— Maman ! appelait-elle, maman, viens
Vite, Marguerite vient de tomber p^r terrç
comme morte.
Lise monta quatre à quatre.
Quand elle arriva dans la chambre, Mlle
de Gesdres était étendue de- tout son long
sur le carreau, sa tête avait heurté le coin
du lit en-tombant et un mincè filet de sang
faisait parai tçe plus livide eaççre la pâleur
de son visage.
Lise s'agenouilla : -
— Ah ! mon Dieu ! demanda-t-elle à Mo
uette, qu'est-ce qui est ariivé ?
En pleurant à sanglots, Fleur des Neiges
le lui raconta. . .
- t.) Tfaduclioû cticproduction interdites
Les soins empressés de la mère et de la
fille eurent aisément raison de la syncope
de Mlle de Gesdres.
— O madame, s'écria-t-elle dès qu'elle
revint à elle, en se jetant dans les bras de
Lise, est-ce vrai que père va mourir?
— Antoniet est allé chercher des secours,
répondit Mme Escaméla, nous- n'avons,
nous, qu'à prier Dieu, ma pauvre petite !...
En effet, les trois femmes, s'agenouillè
rent et se mirent à adresser au ciel les ar
dentes supplications des dése'spérées.
Mais au moindre bruit se produisant dans
l'auberge, elles se levaient toutes les trois
et couraient à la fenêtre ouverte, scrutant
du regard les alentours de l'hospice, le vi
sage cinglé par un vent humide.
Le tonnerre ne grondait plus que par in
tervalles, mais la pluie tombait toujours,
l'eau ruisselait, inondant les pentes, glis
sant en nappes sur les, rochers et de tous
les côtés se précipitait vers la Pique, qui,
elle, mugissait .au fond de la vallée avec un
bruit d'enfer.
■ Trois heures se passèrent,- trois heures
interminables, pendant lesquelles Lise,
Monette et Marguerite se jetèrent vingt
fois dans, les bras les unes des autres,
échangeant leurs craintes éperdues, confon
dant leurs baisers.et leurs larmes.
Enfin une troupe d'hommes déboucha en
haut du sentier.
Importaient des pioches, dés crochets,
des couvertures, des cordiaux.
Ils étaient là, tous, les guides les plus ex
périmentés de Luchon, ceux qui avaient été
syndics, ceux qui l'étaient encore.
Les uns, aux cheveux gris, ayant l'expé
rience, et n'en étant pas à leur premier sau
vetage ; les autres, au contraire, très jeunes,
pleins de force, d'énergie et.de volonté.
Les voilà les uns et les autres... oui...
Barthélémy Courège, le guide si intelligent
de M. Maurice Gourdon, et. Baptiste Gier,
et Barrau, celui du comte Russell, et Hau-
rillon, et tous, et tous !...
Ah ! il nîa. pas fallu les. prier longtemps.
Aux premiers mots, ils sont partis sans
.s'attendre, ne prenant que leurs instruménts
de sauvetage avec eux, et de leur pas le plus
accéléré, dé ce pas qui ne connaît point la
fatigue, par les raccourcis les plus brefs, au
milieu des-sentiers ravinés par l'orage, et
des arbres arrachés par; la tempête, ils ont
grimpé jusqu'à l'Hospice.
Ils ne sont-pas seuls : Le vieux curé do
Luchon lesaccompagne. ■
A la vue de Lise en larmes, Courège lui
prend les mains.
— Nous- vous le ramènerons, madame
Escaméla, dit-il, nous vous le ramènerons,
soyez tranquille !...
Nous nous dévouerons pour lui, comme
il se fût dévoué pour nous...
'■ Et s'il est tombé, dans quelque précipice,
il faudrait qu'il fût bien profond pour que
nous ne pussions pas l'atteindre.
Le curé les escorta jusqu'aux premiers
escarpements de la montagne ; là, ils s'age
nouillent tous, et le vieux prêtre, d'un geste
très lent et très grave, lève le crucifix sur
ces héros obscurs, quelques-uns fils de
martyrs, qui s'en vont exposer leur vie
pour sauver leurs semblables.
— Allez,, leur dit-il, mes enfants,- faites
votre devoir comme vos pères et ceux qui
sont morts avant vous vous ont enseigné à
le,faire, et que Dieu vous protège !
Ils se relèvent, très émus, mais pleins-de
force- et de volonté.
Les chemins de fer se répartissaient ainsi qu'il
suit entre les cinq parties du monde : Europe
-252,317 kilomètres (dont 38,645pour la France),
Amérique 352,230 kilomètres, Asie 37,367 kilo
mètres, Afrique 11,607 kilomètres, Océanie
20,"416 kilomètres. —
C'est la Belgique qui_possède le réseau le plus
dense,18,400mètres par kilomètre carré ; relati
vement au nombre des habitants c'est l'Australie
occidentale qui possède le plus de chemins de
fer, 180 kilomètres par 10,00^ habitants.
Le prince Henri de Bourbon, duc de Séville,
fils -de l'infant d'Espagne don Sebastien, qui a
été tué en duel par le duc de Montpensier, vient
de mourir. Il étaità bord d'uiî transatlantique
qui le ramenait des îles Philippines, 'où. il était
gouverneur d'une province..
La, presse s'est beaucoup occupée, il y a quel
ques années, du duc de Séville à propos d'un
audacieux coup de main.
Un jour que, comme lieutenant-colonel d'un
régiment de cavalerie en garnison à Madrid, il
commandait la garde ( du palais royal, il fut ar
rêté par le grand chambellan au moment où il
allait pénétrer dans les appartements de la
reine-régente. ■ Son intention n'était " autre, pa
raît-il, que d'obliger dona Marie-Christine à
abdiquer eh faveur de sa belle-mère, la reine
Isabelle.
Le plan fut déjoué et son auteur, don Enrique
de Bourbon, fut exilé aux îles Baléares.
A sa rentrée en faveur, quelque temps après,
il fut nommé gouverneur d'une province des
îles Philippines. C'est après avoir occupé ce
poste pendant trois ans quHl rentrait en Espa
gne, lorsque la mort l'a surpris.
JL'HOPSTAIL ROUCICAUT
Le conseil municipal a, dans une de ses der
nières séances, approuvé le projet de construc
tion de l'hôpital Boucicaut, qui doit être
construit dans Paris avec des fonds provenant
de la succession de cette femme de bien-que fut
la veuve du fondateur de la" maison du Bon-
Marché. Les travaux, seront commencés cette
année môme et poussés avec la plus grande ac
tivité.
Mais Mrpc Boucicaut est morte il y a déjà
sept ans et on est tout d'abord étonné que l'on
ait mis si longtemps à exécuter ses dernières
volontés. Quelques explications nesontdonepas
inutiles pour justifier ce retard.
Par son testament Mme Boucicaut a fait
à l'Assistance publique un legs universel de
sa fortune, soit environ 40 millions, à charge
de la part de cette administration d'acquitter
tous les legs particuliers qu'elle stipulait.
Ces libéralités étaient faites à un petit nom
bre d'amis personnels dè la défunte, à quel
ques sociétés philanthropiques et aux employés
au Bon-Marché qui presque tous ont eu quel
que chose.
Mise en possession de la fortune de MmeBou-
cicaut, l'Assistance publique acquitta ces diffé
rents legs, qui absorbèrent environ 32 millions
sur les 40 qu'avait laissés la défunte. C'était
plus qu'on n'avait" cru tout d'abord.
On comptait, en effet, sur un reliquat d'une
dizaine de millions, qui devaient être affectés à
ia- construction de l'hôpital, et il n'en restait
en réalité que sept. C'était insuffisant pour as
surer la création et l'entretien de l'établisse
ment.,On ne se pressa donc pas afin d'augmen
ter la somme par la capitalisation des intérêts:
Plusieurs années se passèrent ainsi dans l'at
tente,puis l'Assistance publique, quiavaitaclicté
pour installerle futur hôpital un terrain dans
le quinzième arrondissement près de la rue
Lacordaire, ouvrit un concours qui fut jugé le
15 février 1893 seulement. MM. Legros père et
fils, architectes, y remportèrent la première
place. A partir de ce moment on se trouva aux
prises avec certaines difficultés techniques qui
amenèrent, de nouveaux retards, mais enfin
aujourd'hui toutes sont aplanies et il ne reste
plus maintenant pour procéder à l'adjudication
des travaux qu'à attendre l'expiration des dé
lais d'affichage.
Voici d'après les dispositions du projet quelle
sera la répartition des lits entre les services de
médecine, de chirurgie et d'accouchement du
futur hôpital.
MÉDECINE
Salles communes : hommes, 40 ; femmes, 24.
CHIRURGIE
Salles communes : hommes, 32 ; femmes, 20.
! ' MATERNITÉ
Salles communes : femmes enceintes, 4 ; fem
mes accouchées, 16.
De plus, selon la volonté expresse de Mme
Boucicaut, seize lits placés dans des chambres
séparées seront réservés aux employés du Bon-
Marc lté à qui l'administration de cette maison
voudra faire donner des soins. Ces lits seront
répartis entre les services de médecine et de
chirurgie.
Et maintenant est-il utile d'ajouter que le
futur hôpital renfermera toutes les perfections
imaginées jusqu'à ce jour par la science, au
point de vue de l'hygiène et du confort. Grâce
à la philanthropie de la généreuse donatrice,
l'Assistance publique est à même dp construire
Antoniet marche à leur tète^ personne ne
peut le suivre. ;
.Le curé un instant regarde la petite
troupe s'éloigner, puis il revient à l'Hospice
attendre le retour de ces vaillants, à l'IIos-
pice où il sait bien quels désespoirs il va
avoir à consoler. .
xi .
Morfi au champ d'honneur -
Le matin, on le sait, Escaméla et son »
compagnon étaient partis avant le jour. •
, L'ascension pour, arriver au port de Vé-
nasque et de là -grimper jusqu'en haut .du
pic de la Sauvegarde avait commencé dans
les meilleures conditions possibles.
Le temps était si doux que M, de Ges
dres n'avait pu résister -au désir de cueil
lir en route quelques euphrasia, -des saxi
frages dont la délicatesse extrême était
l'admiration des amateurs, et. enfin des
rhododendrons qui sont peut-être les plus
beaux que l'on connaisse. ■
Maisbienlôt.de tous les côtés, .la monta
gne droite, énorme, semblable à des mu
railles de pierre, se dressa impôsante- et
sombre, réclamant toute l'attention, toutes
les forces des deux hommes.
En arrivant au sommet,* le jour s'était
levé, les guides, porteurs de torches, redes
cendirent à l'Hospice, -et le paysage un peu
■moins désolé permit de voir deux chutes
d'eau s'argentant tout au fond du cirque et
s'irrisant aux premiers îeux du soleil.
On atteignit le Culet; là - on trouva la
neige encombrant le sentier etunvent froid,
un vent qui commençait à souffler en rafales
.fit frissonner lés deux ascensionnistes.
. Avec des précautions infinies Jean-Marie
•guidait M. de Gesdres. Il dut même le sou-
un établissement modèle et nous sommes cer
tains qu'elle ne négligera rien pour atteindre
ce but. ■ ; ■
I0RT DE LECONTE DE LISLE
Un grand poète mais non, des plus populaires
vient de s'éteindre; Lecontc de Lisle, l'auteur
des Poèmes barbares et des Eri/nnics, est-mort
mardi à Louveciennès, où il s'était retire il y a
quelques jours, souffrant d'une maladie de
cœur.
M. Lecontede Lisle était né le 23 octobrel818
à Saint-Paul, dans l'île de la Réunion. Après
avoir fait ses études,
il voyagea dans l'Inde,
visita la France et se
fixa définitivement à
Paris.
Après la révolution
du 24 février 1848,
Lecontc de- Lisle se
lança, quelque peu
dans, la politique,
bientôt et se voua
, tout entier à la poésie:
Leconte de Lisle C'est vers l'anti-,
quité surtout que le poèe tourna ses regards
son premier volume, paru en 1852, s'appela
Poèmes antiques. Deux ans après, M. Leconte
de Lisle publia Poèmes et Poésies, qui établirent
définitivement sa réputation.
Puis vinrent les Poèmes barbares (1862), où
le poète a dépeint avec une étonnante énergie
et une précision remarquable toutes les ru-
^occoo oi iouioo -Jeo /ïfiwitt'B IÏCJ5 |)Cli|)fC!S ClU
Nord, les traductions de Ylliade, des : Hymnes
orphiaucs, de VOdyssde, des œuvres d'Horace et
de. Sophocle.
Lecontc de Lisle toucha aussi au théâtre : en
janvier 1872, il fit représenter à l'Odéon les
Erynnies, qui soulevèrent d'ardentes discus
sions et tout d'abord n'obtinrent pas de suc
cès, mais réussirent mieux dans la suite.
Le compositeur J. Massenet a écrit sur ce
superbe poème tragique une de ^es plus belles
partitions. ' •
Le 11 février 1886, M. Leconte de Lisle fut
appelé à remplacer, à l'Académie française,
Victor Hugo, qui professait pour son talent la
plus grande admiration et pendant neuf années
avait soutenu sa candidature.: Leconte de Lisic
fut reçu par M. Alexandre Dumas, qui-fit un
magnifique éloge du grand poète.
Leconte de Lisle était sous-bibliothécaire du
Sénat; il avait été nommé le 12 juillet 1883
officier de la Légion d'honneur.
Les obsèques se feront samedi à midi à
Saint-Sulpice.
VOITURES SANS CHEVAUX
L'Exposition à NeuillyL,e programme
d'aujourd'hui jeudi.
L'exposition des voitures à Neuilly a
été hier ce que nous . pensions d'avance
qu'elle serait.
Vingt-six voitures, — toutes celles qui
étaient définitivement prêtes, — avaient ré
pondu à l'appel du Petit Journal et l'ex
position préliminaire de ces nouveaux en
gins de locomotion au rond-point d'Inlcer-
mann a obtenu auprès du public un plein
succès. ,
Dès onze heures, les premières voitures
arrivent et aussitôt la foule d'accourir
pour voir de près les véhicules fin de siècle.
Le rond-point d'Inkermann offre un coup
d'oeil des plus curieux, et pendant toute
l'après-midi le mouvement va toujours en
augmentant.
A deux heures, il y a déjà deux mille
curieux ; à quatre heures, ce nombre a
doublé, et les voitures retardataires ont
grand'peine à se frayer un passage dans les
rangs du public.
■ Ce public mérite lui-même d'être remar
qué. On voit passer devant les voitures ali
gnées devant le trottoir circulaire un, grand
nombre d'ingénieurs très connus, des
hommes du monde, des dames en grande
toilette, de simples propriétaires qui se
passionnent pour-la question, à titre d'ac
quéreurs ou de -bailleurs de fonds des in
venteurs.
Citons au hasard le prince de Sagan,
M. Henrion-Bertier, le maire de Neuilly,
M. Gragnon, ancien préfet depolice,M. Du-
puy, ingénieur, M. Michel Lévy, ingénieur
en chef des mines, MM. Ossude, de Mon-
taignac, toute la rédaction et l'administra
tion du Petit /oMi'î)a/,]aplupart de nos obli
geants ingénieurs-conseils, la presse spé
ciale, française et étrangère, etc., etc.
Le long de l'avenue du Roule, qui abou
tit au rond-point, s'alignait une file d'équi
pages, attelés de chevaux, dont les proprié-
minai Jiamy- un.n—llll—MMHWMWniBM Mf
tenir pour gravir le rail du Culet, ce petit
chemin si escarpé tracé dans le roc et par
lequel on entre dans, le. triste et sauvage
vallon de l'Homme.
Le vent augmentait; mais à cette hauteur
le ciel restait clair.
— Si nous redescendions ? demanda tout
à coup Jean Marie,ces rafales m'effraientun
peu.
— Bast ! répondit. M. de Gesdres, nous
sommes presque arrivés au port de Vé-
nasque, c'est-à-dire que les trois quarts de
la route sont faits ; ce serait joliment dom
mage de ne pas continuer notre ascension.
.—: Je vousrépète,monsieur le marquis,que.
ce vent du Nord-Ouest qui se lève me l'ait
peur. .
— Mais vous savez bien, Jean-Marie,
qu'ici même en été, il y a des courants d'air
terribles ; et pendant l'hiver, les rafales qui
s'engouffrent dans cette gorge étroite ont
valu àcepassage dangereux cettelégendebar-
bare : De père à fils, Une faut pas s'attendre.
Marchons, je vousenprie; il fait froid,dites-
vous.Tant mieux.Noussommesbien couverts
et vaillants tous les deux. Notre sang est
encore assez chaud pour ne pas craindre
une atmosphère un peu rigide, et c'est un
temps de. rêve pour mes expériences.^ Là
hapt, nous aurons absolument la tempéra
ture du Mont-Blanc," et c'est ce-qu'il me
faut.'.'
~ Mais, monsieur le marquis, si la tem
pête nous prenait à la Sauvegarde, nous ne
pourrions peut-être pas redescendre.!... -
—Bast! qui ne hasarde rien n'a rien. Ce
que je vais faire là-haut éclaircira un point
important de mon système-et aura un re
tentissement énorme.. ,:
Jean-Marie ne réDondit uas. :
taires étaient venus voir leurs... chevaux
de demain.
Enfin, suivant la vieille formule, dés fa
milles entières avaient tenu à venir exami
ner de près, et avec les plus sympathiques
dispositions, les voitures sans chevaux qui
arrachaient à plusieurs intentionnels cette
phrase typique :
— Si j'avais l'argent nécessaire, j'achète
rais une voiture comme celle-là.
Dès qu'ilne voiture avait pris place sur
le rond-point, on voyait tout aussitôt les'
.groupes se former autour d'elle et chacun
discuter ses chances ou - étudier son méca
nisme. Plus loin, c'était un dessinateur qui
prenait un croquis, ou encore un photogra
phe qui braquait son objectif.
Et ainsi toute l'après-midi, sous un oiel
qui peu à péu s'est dépouillé des nuages
menaçants de la.première heure, pour lais
ser briller, un-beau soleil que venait tem
pérer une légère brise.
Ce serait le rêve de garder un temps sem
blable quatre jours durant,pour rouler sur
•les grandes routes 1
X
Programme d'aujourd'hui, à l'intention
de ceux de nos lecteurs qui désirent. Voir
passer les voitures sur les routes, aux envi
rons de Paris:- ,
Concentration de 7 heures à 7 heures 1 /2
au boulevard Maillot.
vîoo - vu n'irrc s
dont la désignation suit, avec leurs itiné
raires :
Itinéraire n 0 i, de Paris à Mantes par.Saint-
' Germain et Flins :
N 05 ' 3 MM. de Dion, Bouton et Cie, break
6 pl., vapeur.
13 MM. Panliard et'Levassor, 4pl.,vapeur.
— 21 M. Letar, 4 pl., vapeur.
.— 30 MM. les fils de Peugeot frères, 3pl., ga-
zoline.
Itinéraire n 0 2, de Paris à Mantes par Poissy
et Triel :
N m 10 M. Scotte, 8 à 10 pl., vapeur.
— 15 MM. Panhard etLevassor,2pl.,pétrole.
— 25 M. Coquatrix, 4 pl., vapeur.
— 28. MM. l'es fils de Peugeot frères, 4 pl.,
gazoline. '
■— 44 M. de Prandières, 6 pl., svst. Serpollel
et pétrole combinés.
Itinéraire n° 4, de Paris à Rambouillet par Ver»
• sailles et Dampierre :
N M 7 M. Gautier, 4 pl., pétrole.
— 18 -M. Archdeacon, 6 à 7 pl., vapeur.
— 19 M. Le Blant, 8 à 10 pl.,vapeur.
— 42" M. Le Brun, 4 pl., pétrole.
Itinéraire n° S, de Paris à Corbcil par Versailld
et Palaiseau : ' ■
N os 4 M. de Dion, Victoria 4 pl., vapeur. ;
— 16 M. Quantin, 6 pl., pétrole.
— 27 ' MM. les "fils "de Peugeot frères, 2 pi,
gazoline. '
— 29 Les mêmes, 4'pl.,gazoline.
— 40 M. Lemoigne, 4pl., pesauteur.
Itinéraire ri" 6, de Paris à Précy-sur-Qise pat
Gennevilliers et l'Isle-Adam :
N 0 ' 12 M. Tenting, 4 pl., pétrole. ■
— 14 MM. Panhard et Levassor, 4 pl. (nouv.
type), pétrole. ;
—• 24 M. 'Vachcron, 2 pl., gazoline.
— 31 MM. les fils de Peugeot frères, break
5 pl., gazoline.
X
MM. les ingénieurs .qui se rendront ce
matin à la Porte-Maillot sontpriésdese pré
senter à partir de sept heures et demie au
restaurant Gillet, salle du rez-de-chaussée.
X
Les voitures seront rangéesl'une derrière
l'autre,, sur le boulevard Maillot, la'pre
mière à là grille, les autres derrière, à dix
mètres d'intervalle, les voitures de l'itiné
raire numéro 1 en tète, celles du numéro 2
à la suite, etc., toutes rangées sur le côté
du boulevard qui longe le bois de Boulogne.
Au signal du départ,- qui sera donné' à
huit-heures précises, la première voiture se
mettra en marche. La deuxième ne partira
que quinze secondes après la première ; la
troisième quinze secondes après ladeuxième,
et ainsi de suite jusqu'à la dernière.
Un de nos collaborateurs donnera d'ail
leurs le signal du départ, après les-trente,
secondes réglementaires, à chaque voiture
prête à se mettre en route. . '
Si une voiture n'est pas tout à fait en
mesure de prendre son départ, on passera à
la suivante ; la voiture retardataire restera
alors la dernière, pour éviter tout accident.
De cette façon les voitures auront toutes,
au départ de la Porte-Maillot,cinquante mè
tres environ d'intervalle.
Après tout,-M. de Gesdres pouvait avoir
raison : autour du port de Vénasque, il y a
presque toujours du vent, peut-être qu'un
peu plus haut-tout cela se calmerait. Pcut-
êtrCsurtout qu'on aurait le temps de redes
cendre sans qu'aucune perturbation at mos
phérique se soit produite... . ; .
Ils montèrent encore. -j
Le port de Vénasque et sa coupi étroite
furent bientôt dépassés.
Ils laissèrent à'droite'les ' gouffres noirs
qui entourent là Maladéttà", et ses rochers
semblables à des- spectres blancs décharnés
sous leurs linceuls éternels,-puis ils commen
cèrent l'ascension de la Sauvegarde.
Il y avait encore un peu de la neige .de
l'hiver; mais le sentier était visible, et 1 on
pouvait monter,'Sans danger à prévoir^ pas
plus à l'aller qu'au retour.
Enfin l'on arriva au sommet. _ : -
Là, ce furent des exclamations éperdues
dê la part de M. de Gesdres. •-- .-if T.,.
Il faisait un froid de loup, c'était ce qu'il
fallait pour les expériences... ' ■ - *;
Et tout de suite, il ajusta ses appareils,
prenant des notes, faisant des calculs, cher
chant, examinant } combinant ses réactions et
ses résultats. • . ,. ...
— Oui,' c'était cela !... Admirablement
cela!... •• , ., . .
Enfin, au microscope il le voyait claire
ment ce qu'il avait supposé !
— Monsieur, tfit Jean-Mî<-ri e de plus en
plus inquiet»,- l'Ouest devient menaçant, les
nuages approchent, de grands nuages irsri-
gés do blanc, comme pleins, de coton, c es»
la neige, il faut partir.
Paul, D'AIGRËMONT»
(La suite- à demain.)
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