Titre : La Sylphide : journal de modes, de littérature, de théâtres et de musique / directeur : de Villemessant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1850-08-30
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34444962f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 août 1850 30 août 1850
Description : 1850/08/30 (A11,SER2,T9). 1850/08/30 (A11,SER2,T9).
Description : Note : GRAV. Note : GRAV.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61277381
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4145-4208
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
XI- ANNÉE
24* LIVRAISON
30 AOUT 1850
LA FEMME DE L'ESPION
HISTOIRE DU TEMPS DE CHARLES II
EUX
jours
sépa-
raient
la scè-
ne vio-
lente
que
nous
1 venons de retracer de la
matinée où nous retrou-
vons Cromwell.
Le camp des républi-
cains était livré au repos.
Çà et là, sur le front des
troupes endormies au-
près de leurs armes, veil-
laient des sentinelles le
mousquet sur l'épaule.
Au centre, s'élevait la
tente du général en chef;
elle était simple, mais.
vaste et divisée en plusieurs compartiments.
Sur une petite table couverte de plans, de
cartes, de papiers, brûlait encore une bougie.
Cromwell avait travaillé durant la nuit en-
tière.
Brisé par la fatigue, — moins la fatigue du
corps que celle qui nait des agitation; de
l'âme, le général du Parlement sortit de sa
lente pour respirer un peu la fraîcheur de
l'air. Mais le calme de la nature, la beauté
du paysage, la senteur exquise de la campa-
gne étaient impuissants à modérer la flamme
intérieure dont l'étreinte perpétuelle consu-
mait l'ambitieux.
Et cependant, Cromwell ne pouvait guère
désirer rien de plus que les faveurs qu'il de-
vait à la fortune des révolutions. Avocat ob-
scur et ruiné par des désordres de jeunes-se,
il avait réussi à entrer au Parlement ; là, par
l'affectation d'un costume sordide et d'une
parole austère, il s'était fait remarquer; à
l'âge de quarante ans, il avait commencé sa
carrière politique et militaire. A la tête d'un
corps de cavalerie qu'il avait su rendre invin- '
cible, il avait pris la part la plus active à la
guerre contre Charles Ier, et Charles l" n'é-
tait plus !... Désormais il n'y avait en Angle-
terre qu'un niaitre, et ce maître s'appelait
Olivier Cromwell.
Les pensées tumultueuses qui agitaient l'es-
prit du général s'échappèrent en ces termes :
« Oui, cette apparition était bien réelle,
quoique mon père m'ait blâmé d'y avoir
ajouté foi.... Je vois encore, — et pourtant
j'étais bien jeune alors, — celte femme en
noir, voilée et sévère, qui vint se placer au
pied de mon lit et me dit : « Olivier, nul en
» Angleterre ne sera plus grand, plus puissant
)> que toi! » A l'heure qu'il est, sa voix re-
tentit encore à mes oreilles une voix de
l'autre monde.... —C'était un avertissement
prophétique. Eh bien ! mon père, avais-je
tort d'y croire? Me voilà au faite.... un pas
de plus, et.... »
Cromwell s'arrêta comme effrayé de sa
pensée.
Au bout de quelques instant, il croisa les
bras sur sa poitrine et reprit d'uu ton ferme :
24* LIVRAISON
30 AOUT 1850
LA FEMME DE L'ESPION
HISTOIRE DU TEMPS DE CHARLES II
EUX
jours
sépa-
raient
la scè-
ne vio-
lente
que
nous
1 venons de retracer de la
matinée où nous retrou-
vons Cromwell.
Le camp des républi-
cains était livré au repos.
Çà et là, sur le front des
troupes endormies au-
près de leurs armes, veil-
laient des sentinelles le
mousquet sur l'épaule.
Au centre, s'élevait la
tente du général en chef;
elle était simple, mais.
vaste et divisée en plusieurs compartiments.
Sur une petite table couverte de plans, de
cartes, de papiers, brûlait encore une bougie.
Cromwell avait travaillé durant la nuit en-
tière.
Brisé par la fatigue, — moins la fatigue du
corps que celle qui nait des agitation; de
l'âme, le général du Parlement sortit de sa
lente pour respirer un peu la fraîcheur de
l'air. Mais le calme de la nature, la beauté
du paysage, la senteur exquise de la campa-
gne étaient impuissants à modérer la flamme
intérieure dont l'étreinte perpétuelle consu-
mait l'ambitieux.
Et cependant, Cromwell ne pouvait guère
désirer rien de plus que les faveurs qu'il de-
vait à la fortune des révolutions. Avocat ob-
scur et ruiné par des désordres de jeunes-se,
il avait réussi à entrer au Parlement ; là, par
l'affectation d'un costume sordide et d'une
parole austère, il s'était fait remarquer; à
l'âge de quarante ans, il avait commencé sa
carrière politique et militaire. A la tête d'un
corps de cavalerie qu'il avait su rendre invin- '
cible, il avait pris la part la plus active à la
guerre contre Charles Ier, et Charles l" n'é-
tait plus !... Désormais il n'y avait en Angle-
terre qu'un niaitre, et ce maître s'appelait
Olivier Cromwell.
Les pensées tumultueuses qui agitaient l'es-
prit du général s'échappèrent en ces termes :
« Oui, cette apparition était bien réelle,
quoique mon père m'ait blâmé d'y avoir
ajouté foi.... Je vois encore, — et pourtant
j'étais bien jeune alors, — celte femme en
noir, voilée et sévère, qui vint se placer au
pied de mon lit et me dit : « Olivier, nul en
» Angleterre ne sera plus grand, plus puissant
)> que toi! » A l'heure qu'il est, sa voix re-
tentit encore à mes oreilles une voix de
l'autre monde.... —C'était un avertissement
prophétique. Eh bien ! mon père, avais-je
tort d'y croire? Me voilà au faite.... un pas
de plus, et.... »
Cromwell s'arrêta comme effrayé de sa
pensée.
Au bout de quelques instant, il croisa les
bras sur sa poitrine et reprit d'uu ton ferme :
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