Titre : Revue municipale : recueil hebdomadaire d'études édilitaires pour la France et l'étranger
Auteur : Association communale de France. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-02-18
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32860840q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 27309 Nombre total de vues : 27309
Description : 18 février 1899 18 février 1899
Description : 1899/02/18 (T2,SER1,N69). 1899/02/18 (T2,SER1,N69).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61156166
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, 4-F-1062
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/11/2011
REVUE M UNI CI PA
Recueil d'Études sur les Questions édilitaires
Rédacteur en Chef: Albert MONTEE EfJI B,
NUMÉRO S®
1™ SÉRIE. — TOME II
SAMEDI 18 FÉVRIER 1899
LA LUMIERE & LES ARBRES
L'Administration vient de préparer un pro-
jet d'éclairage électrique du Bois de Boulogne,
afin de le soumettre au Conseil municipal de.
Paris, dès sa prochaine rentrée. La chose pa-
raît très simple : quand on possède une prome-
nade ouverte la nuit au public, on y prodigue la
lumière. Eh bien, non, cela ne fut pas si com-
mode, et ceci soulève déjà des compétitions
entre fournisseurs possibles.
Deux sociétés se mettent sur les rangs : l'une,
de Paris (secteur électrique de la Rive gauche) ;
l'autre de banlieue (Société de Levallois). Je ne
veux pas choisir ici, quoique j'aurais plutôt une
tendance naturelle à favoriser l'industriel qui,
fixé intra-muros, subit toutes nos charges fis-
cales, alors que celui du dehors s'en libère.
La Commission pèsera le pour et le contre,
dans son esprit de justice et aussi d'économie.
L'essentiel sera ensuite de faire voter par l'as-
semblée le principe même, sur lequel elle ne
s'est point prononcée, puis la dépense, qui
montera à.près de 200,000 francs par an. L'oc-
casion sera bonne de trancher le problème
d'électricité, soit pour créer un service com-
munal, soit pour remanier les contrats avec
des concessionnaires ,aux barèmes réellement
onéreux.
C'est la Ville qui éclaire directement les parcs
des Buttes-Chaumont et Monceau, au moyen
d'usinettes assez mesquines. Elle agit de même
au Champ de Mars, jusqu'en mars 1898, mo-
ment où, l'Etat refusant de supporter la charge,
BOUS.supprimâmes l'entreprise. Le matériel et
le personnel ont été répartis entre les ateliers
des Halles centrales et de la rue de la Villette.
C'est, au contraire, par les soins de tiers que
se sont éclairés les Champs-Elysées, compara-
bles à la voie publique, mais aussi les abattoirs,
le marché aux bestiaux, les entrepôts de Bercy,
dont l'autonomie domaniale eut justifié l'innova-
tion d'usines spéciales. On me répondit, à l'épo-
que, qu'il fallait respecter le périmètre des sec-
teurs, tout en proclamant l'absence de monopole.
Je ne m'appesantirai pas sur cette subtilité,
qui semble aujourd'hui abandonnée par les
ingénieurs, après avoir été très attaquée par les
légistes.
Aux Champs-Elysées, des emprises furent
autorisées, d'une concession sur l'autre, et,
fin décembre dernier, saisis d'une demande de
Mmo Sarah Bernhardt, nous avons autorisé la
« Rive gauche )) à venir allumer le flambeau
de la Tragédie jusque sur la place du Chatelet.
Donc,, nous gardons les mains libres. Ce n'est
point parce que le Bois de Boulogne, contraire-
ment au Bois de Vincennes, est enclos par une
grille et par un saut-de-loup dans l'empire de
l'Octroi que quelqu'un peut y revendiquer le
droit exclusif de la canalisation. La commande
sera guidée selon les calculs de l'intérêt gé-
néral. Quant à ce dernier, il dit la réforme
utile, indispensable, à la veille de l'Exposition.
Je la voudrais même étendue au Bois de Vin-
cennes, déjà nommé, et au Parc de Montsouris
qui la réclame vivement, comme elle l'a été au
square de la Tour Saint-Jacques, après les
nombreuses réclamations de M. Opportun.
Il faut éclairer nos promenades, sous peine
de conserver des trous d'ombre en pleine vie
urbaine, et aussi de préparer des embuscades
où excellent les sylvains à casquettes significa-
tives. Le gaz y falotle, telle une impuissante
veilleuse. L'électricité s'harmonise délicieuse-
ment avec le vert sombre des feuillages, le bleu
piqueté du ciel, tout le joli décor de notre capi-
tale, tout ce que nous a créé Alphand, tout ce
qui fait à cette ville un collier de nature artifi-
cielle et exquise, tout ce qui est unique au
monde.
J'ai quelque peu voyagé, sinon en pays alle-
mand, — j'avoue ma répugnance à vivre, même
en passant, là où se parle le langage dont mes
Recueil d'Études sur les Questions édilitaires
Rédacteur en Chef: Albert MONTEE EfJI B,
NUMÉRO S®
1™ SÉRIE. — TOME II
SAMEDI 18 FÉVRIER 1899
LA LUMIERE & LES ARBRES
L'Administration vient de préparer un pro-
jet d'éclairage électrique du Bois de Boulogne,
afin de le soumettre au Conseil municipal de.
Paris, dès sa prochaine rentrée. La chose pa-
raît très simple : quand on possède une prome-
nade ouverte la nuit au public, on y prodigue la
lumière. Eh bien, non, cela ne fut pas si com-
mode, et ceci soulève déjà des compétitions
entre fournisseurs possibles.
Deux sociétés se mettent sur les rangs : l'une,
de Paris (secteur électrique de la Rive gauche) ;
l'autre de banlieue (Société de Levallois). Je ne
veux pas choisir ici, quoique j'aurais plutôt une
tendance naturelle à favoriser l'industriel qui,
fixé intra-muros, subit toutes nos charges fis-
cales, alors que celui du dehors s'en libère.
La Commission pèsera le pour et le contre,
dans son esprit de justice et aussi d'économie.
L'essentiel sera ensuite de faire voter par l'as-
semblée le principe même, sur lequel elle ne
s'est point prononcée, puis la dépense, qui
montera à.près de 200,000 francs par an. L'oc-
casion sera bonne de trancher le problème
d'électricité, soit pour créer un service com-
munal, soit pour remanier les contrats avec
des concessionnaires ,aux barèmes réellement
onéreux.
C'est la Ville qui éclaire directement les parcs
des Buttes-Chaumont et Monceau, au moyen
d'usinettes assez mesquines. Elle agit de même
au Champ de Mars, jusqu'en mars 1898, mo-
ment où, l'Etat refusant de supporter la charge,
BOUS.supprimâmes l'entreprise. Le matériel et
le personnel ont été répartis entre les ateliers
des Halles centrales et de la rue de la Villette.
C'est, au contraire, par les soins de tiers que
se sont éclairés les Champs-Elysées, compara-
bles à la voie publique, mais aussi les abattoirs,
le marché aux bestiaux, les entrepôts de Bercy,
dont l'autonomie domaniale eut justifié l'innova-
tion d'usines spéciales. On me répondit, à l'épo-
que, qu'il fallait respecter le périmètre des sec-
teurs, tout en proclamant l'absence de monopole.
Je ne m'appesantirai pas sur cette subtilité,
qui semble aujourd'hui abandonnée par les
ingénieurs, après avoir été très attaquée par les
légistes.
Aux Champs-Elysées, des emprises furent
autorisées, d'une concession sur l'autre, et,
fin décembre dernier, saisis d'une demande de
Mmo Sarah Bernhardt, nous avons autorisé la
« Rive gauche )) à venir allumer le flambeau
de la Tragédie jusque sur la place du Chatelet.
Donc,, nous gardons les mains libres. Ce n'est
point parce que le Bois de Boulogne, contraire-
ment au Bois de Vincennes, est enclos par une
grille et par un saut-de-loup dans l'empire de
l'Octroi que quelqu'un peut y revendiquer le
droit exclusif de la canalisation. La commande
sera guidée selon les calculs de l'intérêt gé-
néral. Quant à ce dernier, il dit la réforme
utile, indispensable, à la veille de l'Exposition.
Je la voudrais même étendue au Bois de Vin-
cennes, déjà nommé, et au Parc de Montsouris
qui la réclame vivement, comme elle l'a été au
square de la Tour Saint-Jacques, après les
nombreuses réclamations de M. Opportun.
Il faut éclairer nos promenades, sous peine
de conserver des trous d'ombre en pleine vie
urbaine, et aussi de préparer des embuscades
où excellent les sylvains à casquettes significa-
tives. Le gaz y falotle, telle une impuissante
veilleuse. L'électricité s'harmonise délicieuse-
ment avec le vert sombre des feuillages, le bleu
piqueté du ciel, tout le joli décor de notre capi-
tale, tout ce que nous a créé Alphand, tout ce
qui fait à cette ville un collier de nature artifi-
cielle et exquise, tout ce qui est unique au
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J'ai quelque peu voyagé, sinon en pays alle-
mand, — j'avoue ma répugnance à vivre, même
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