Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1891-09-07
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 septembre 1891 07 septembre 1891
Description : 1891/09/07 (Numéro 10482). 1891/09/07 (Numéro 10482).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/09/2008
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TROIS MOIS 5EIL
SIXMOIS-............. ' 9 FR.
UN AN 18 FR.
UN NUM ERO: 5 C ENTIMES
Tous les vendredis
LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES -
AB0NNEMENTSJ3EPARTEMENTS
IROIS MOIS............ 6 m
S1XMOIS............... 12 TH.
UN AN 24EBt
LUNpi 7. SEPTEMBRE 1891
115 SAINT CLOUD, —250
Numéro 10482
VINGT-NEUVIÈME ANNÉE
DERNIERE EP8TIOK
L'ensclpemciit de la mMcitc légale
A. LYON ;
En consacrant, il y a quelques semaines,
fin article*à la question très intéressante d'un
Institut de médecine légale,'à créer à Paris,
pour remplacer enfin la Morgue dans ce rôlé,
dont elle s'acquitte d'une façon si insuffisante
et si inconvenante, j'ai annoncé que je revien
drais à lacharge. J'insiste donc, et ce ne sera
probablement pas la dernière fois que je m'en-
tretiendraii avec mes lecteurs sur ce chapitre.
Il faut que cette question aboutisse I
Je viens de faire connaissance avec l'Insti
tut de médecine légale, annexé à la Faculté
de médecine de Lyon et, en vérité, je suis
honteux pour Paris qu'il se soit laissé dis
tancer de la sorte par la province.
L'organisation de l'établissement médico-
judiciaire lyonnais est entièrement due à l'in
telligente activité de M. le professeur Lacas-
sagne, — le brillant médecin-légiste dont
l'expertise dans l'affaire, de l'assassinat de
l'huissier Gouffé a affirmé la* haute valeur.
Lorsque M. Lacassagne prit possession de
sa chaire lyonnaise en 1880, tout était à faire 1
dans la Faculté, aussi bien pour l'enseigne
ment pratique de la médecine légale que pour
le service des expertises criminelles. Actuelle
ment tout y est organisé de manière que
Lyon n'ait rion à envier à Berlin, à Vienne, à
Prague, — et peu de chose à Budapest, que le
professeur Ajtaï a doté d'un Institut médico-
légal pouvant servir de modèle, de l'aveu de
tous, au triple point de vue de l'enseignement,
ilea recherches judiciaires et du respect dû
iux légitimes susceptibilités des familles.
■;■■***
Le laboratoire de médecine légale de Lyon
se compose d'un rez-de-chaussée, d'un pre
mier étage et d'un sous-sol. Au, rez-de-chaus
sée se trouve une salle d'autopsie munie de
tables mobiles sur leur axe, d'une table-bas
cule; balances* lavabos, etc. Un ascenseur met
en communication cette salle avec le sous-sol
servant de dépositoire pour les corps.
Une galerie assez élevée, régnant autour
de la salle d'autopsie, permet aux magistrats
d'assister convenablement aux opérations. Un
cabinet attenant est à la disposition de la jus
tice pour les confrontations.
Une autre salle du rez-de-chaussée sert d'a
telier pour les mensurations anthropométri
ques selon la méthode, simplement admira
ble parce qu'elle est admirablement simple,
dp M. Alphonse Bertillon. Il contient, en ou
tre, une intéressante collection de crânes, don
de la veuve de M. le docteur Duchône. Entre
ces deux pièces, se trouve le laboratoire des
opérations chimiques, avec son fourneau, sa
cheminée d'aération, son attirail de ré actifs,
ses microscopes, etc. Là aussi se trouve le
cabinet du chef des travaux.
Au premier étage, est installé le Musée de
médecine judiciaire. Rien de pareil n'existe
à Paris. Ce desideratum inspirait naguère à
M. le juge d'instruction Adolphe Guillot,
dont nous invoquerons toujours volontiers
en ces questions la haute compétence, les li
gnes suivantes, que nous transcrivons de la
Gazette des Tribunaux :
« Que de fois n'a-t-on pas déploré l'absence
d'archives'de la médecine légale, destinées à
conserver, ne serait-ce que pour l'instruction
'des élèves, la trace d'expertises présentant un
Intérêt doctrinal et marquant une étape dans
la voie du-progrès scientifique. Tout cela se
perd dans les greffes, hors de la portée de
ceux qui étudient. Quant aux pièces à convic
tion présentant un intérêt médico-légal quel
quefois très considérable, l'administration de
1 enregistrement en tire un fort mince profit
en les vendant aux brocantours. La science
est ainsi privée de documents très ' curieux
dont la réunion et le classement, tout en
constituant l'histoire môme de la médecine
légale, fournirait pour l'instruction des af
faires criminelles des indications de premier
ordre. »
Telle est l'expression concise et précise des
regrets inspirés à un éminent magistrat pa
risien par l'absence, dans le grand centre
judiciaire auquel il appartient, de cette indis
pensable collection documentaire et technique,
dont le professeur Lacassagne a doté la Fa
culté de Lyon. L'ensemble des éléments réu
nis par M. Laca'ssagne constitue la synthèse
des affaires médico-judiciaires i de la région
lyonnaise pendant.ces dix. dernières années.
Dans une vitrine, on trouve une série de
pièces relatives à l'infanticide et à la triste
industrie des« faiseuses d'anges «. Ecœurante
mais ' tristement instructive collection, dans
laquelle il est loisible d'étudier toutes les va
riétés connues de sévices homicides commis
sur les nouveau-nés, ainsi que. sur les .candi
dats embryonnaires à l'existence,, entrés dans
le « non être » avant d'avoir vu le jour.
L'ignoble outillage des - avorteuses y a sa
place, dans un compartiment spécial, à côté
auquel est la collection des pièces relatives
aux questions de viabilité, aux monstruosi
tés, etc. . '
- La vitrine principale est celle des « coups
et blessures ». Il s agit le plus souvent de
pièces, conservées dans l'alcool ou de pièces
sèches. Qn peut étudier là les blessures par
instruments piquants et tranchants, par
c.oups de feu, par corps , contondants quel
conques. Là s'étalent les blessures de la peau,
celles des os et les lésions homicides des vis
cères : cœur, poumons, cerveau, foie, reins, etc., -
ainsi que celles qui caractérisent la suffoca
tion, la strangulation, la pendaison. Un cer
tain nombre de pièces sont montées, d'autres
photographiées ou dessinées.
. La collection des projectiles avec les défor
mations spéciales qu'ils ont subies en traver
sant les tissus est des plus intéressantes.
Lorsque le corps vulnérant n'est pas adapté
à la blessure produite (assemblage qu'on a pu
réaliser dans nombre de.cas très curieux), il
est déposé dans une vitrine, où l'on peut voir,
réunis, étiquetés, annotés de la façon la plus
instructive, des instruments homicides va
riés : revolvers, pistolets, couteaux, canifs,
rasoirs, marteaux, bêches, haches, ustensiles
professionnels...
Deux vitrines sont remplies de crânes pro
venant de morts violentes, crimes ou suicides.
Us présentent le plus souvent des fractures
par chute d'un lieu élevé, coups de marteau,
de hache, de bouteilles, et enfin des perfora
tions par projectiles de revolver.
Signalons aussi deux armoires à poisons,
une armoire renfermant des préparations mi
croscopiques, des cheveux, des poils de pro
venances variées, des linges avec des emprein
tes sanglantes et des taches suspectes de di
verse nature. N'oublions pas une curieuse
collection de cordes et liens de pendus, — de
quoi faire rêver un joueur fétichiste 1— Enfin
une collection sans doute unique au monde
de deux mille tatouages.
***
A ce musée a été adjointe une bibliothèque
médico-légale déjà considérable dans laquelle
figurent en bonne place les Archives de
l'anthropologie criminelle et des sciences
-pénales, fondées en 1886 par le professeur
Lacassagne qui, avec ses collaborateurs, y a
publié les plus intéressantes observations.
Tous les travaux du professeur, de ses éléves,
les thèses faites au laboratoire, etc., sont réu
nis chaque année en un volume, sous le titre
de « Travaux du Laboratoire de médecine
légale de Lyon ». La collection comprend
déjà dix volumes et a permis d'intéressants
échanges avec les professeurs français et
étrangers.
Les études d'anthropologie criminelle sont
en grand honneur à Lyon. Non seulement
l'Institut dont je viens d'offrir une descrip
tion sommaire possède un certain nombre ae
crânes et de masques d'assassins célèbres,
mais de nombreuses photographies classées
donnent des spécimens des différentes varié
tés typiques,—ou censées telleg,—de criminels.
Je rappellerai, à ce propos, que les belles ,car-
tes dressées par le professeur lyonnais d'après
la statistique criminelle de la France, présen
tent une étude complète de la marche de la
criminalité dans notre pays depuis 1825 jus
qu'à nos jours.
; Ces précieux éléments d'instruction ne sont
pas seulement à la disposition des étudiants
en médecine, pour leur faciliter les- études
théoriques et pratiques de* médecine légale* si
insuffisamment organisées ailleurs ; mais les
étudiants en droit, auxquels ces questions
de criminalité, intéressantes au premier chef
pour do futurs avocats et de futurs magis
trats, sont presque complètement étrangères,
ont été admis au cours du professeur Lacas
sagne. Le musée leur est ouvert, et c'est
pour eux un livre dont lai lecture est faite
pour leur en apprendre davantage que celle
du £lus savant traité. Tous les hommes de
pratique sonfd'accord sur ce point.
Le Congrès international de médecine lé
gale tenu à l'occasion de l'Exposition univer
selle de 1889 avait opiné à 1 unanimité pour
l'établissement, à Paris, d'un Institut de
médecine judiciaire avec archives et. musée
de pièces à - conviction. Fort de l'appui du
monde savant, de la magistrature et de la
fraction la plus éclairée de l'opinion publique,
un honorable conseiller général de la Seine,
M. Alpy, s'est fait avec succès, dans le corps
élu dont il est membre, le défenseur de ce
desideratum.
En accueillant sa proposition par un vote
favorable, en votant cet établissement qui
donnera à la justice la possibilité d'adoucir
certaine^ douleurs, qui contribuera à faire
progresser la science et à accroître les moyens
de défense de la société, le conseil général
delà Seine a fait une bonne action. Toute
fois, ce n'est pas ici que l'intention saurait
être réputée pour le fait.
Bravo pour l'intention, mais, de grâce, qu'il
soit passe au fait dans le plus rapide-délail
Thomas Grimai.
TIRAGE
DU
JPetit JToTJLrinsil
UN MILLION
SOIXANTE-TREIZE MILLE
ciffli cent cinquante exemplaires
(1,073,550)
EIcïios de K >a,rtouLt
Les grands-ducs à Paris.
Le grand-duc Alexis a fait hier matin une
promenade en voiture au Bois de Boulogne :
fl a déjeuné ensuite avec le grand-duc Wla-,
dimir. Etaient invités les personnes de la
suite 4es deux princes et plusieurs membres
de l'ambassade russe. Le grand-duo Wladimir
et sa femme se sont rendus ensuite aux cour
ses de Longchamp. Les deux frères du czar
devaient partir ce soir parle Sud-express pour
Saint-Sébastien, mais le grand-duc Alexis a
décidé de prolonger^penuant quelques jours
sen séjour a. Paris,
ouvrières de'production, en face de là porte VJ
du Palais de l'Industrie. . -
A l'entrée du pavillon, M. Maujean, délé-'
gué de la chambre consultative, â souhaité la
bienvenue à' M. Floquet qu'accompagnaient
MM. Le Myre de Viîers, Baulard, Montaut,
députés, Viguier, conseiller municipal, èt
Paul Doumèr, ancien député, chef du cabinet
du président de la Chambre.
« La répartition équitable du produit du
» travail, la solidarité entre tous les travail-
» leurs, tel est, a dit M. ; .Maujean, le but que
« nous nous sommes proposé comme progrés
» en socialisme et que nous cherchons à faire
» entrer dans nos mœurs.
» Quarante-six associations de Paris et des
» départements ont pris part à cette expôsi-
» tion qui,noùs le croyons,démontrera que les
» ouvriers quand ils "le veulent peuvent diri-
» ger toute industrie sans recourir aux capi
talistes, et par contre montrera qu'ainsi le
» fruit du travail ne revient pas à un seul
» mais se répartit sur toute la collectivité. »
M. Floquet a félicité les organisateurs du
zèle et de la persévérance avec lesquels ils
ont fondé et fait prospérer les associations qui
ont préparé cette exposition. -Puis, le prési
dent de la Chambre a visité très attentive
ment le pavillon. Il s'est longuement arrêté
devant le chef-d'œuvre des charpentiers.
Pendant toute la duréo de la visité de M.
Floquet une foule considérable a stationné
autour du pavillon, dont l'accès avait été provi
soirement interdit au public. Après le départ
du président de la Chambre, les portes ont été
ouvertes, et tout le monde a pu examiner à
loisir les très intéressants travaux des asso
ciations ouvrières, avant de pénétrer dans le
Palais de l'Industrie pour parcourir l'Expo
sition du travail et visiter la fameuse forge.
Les sociétés coopératives de consomma
tion, réunies en fédération' nationale, ouvri
ront dimanche prochain leur sixième congrès,
dans la grande salle du Trocadéro, par une
assemblée solennelle que présidera M. Cer-
nesson, professeur au lycée do-'Sens; prési
dent'de la Société l'Econome, et qui sera
suivie d'une fête coopérative.
Les séances de travail auront lieu les 14,
15 et 1G septembre, à la mairie de la place
Saint-Sulpice.
S'inspirant dé l'exemple donné par la coo
pération anglaise qui compte aujourd'hui plus
d'un million de membres, les Sociétés frai^-
çaises vendent' les denrées à leurs actionnai
res àu prix courant. Composées d'ouvriers et
d'employés laborieux, elles arrivent ainsi
soit à distribuer sous forme de dividende le
boni obtenu par la. suppression des intermé
diaires, soit à constituer do fortes réserves et à
commanditer un magasin de gros. Celui-ci,
chargé des achats directs aux producteurs par
grandes quantités, compte arriver plus tard,
comme les Wholesalcs de' là Grande-Breta
gne, à fonder et à diriger lui-même des fabri
ques qui pourront faciliter la grande évolution
économique ouvrière en devenant des modèles
d'association coopérative de production.
Suite des manifestations positivistes.
Au nombre d'environ cent cinquante, les
membres de la société positiviste ont déposé
hier sur le piédestal de la statûe do. Jeanne
"d'Arc, place des Pyramides, une couronne por
tant cette inscription : « Comité républicain
de la fête civique. » .
Le docteur Delbet a prononcé un discours
dans lequel, après avoir rappelé la glorieuse
existence de Jeanne d'Arc, il a invité les as
sistants à continuer chaque année ce'patrio
tique pèlerinage.-
Beaucoup de curieux sur le passage des ma
nifestants.
M. Floquet, président de la Chambre des
députés, a inauguré hier, à deux heures et
demie, le pavillon-annexe de l'Exposition du
travail, édifié par les soins des associations
Un cas pathologique extraordinaire.
Mme C..., femme d'un musicien des grena
diers belges, demeurant'rue de la Poste, à
Schaerbeek, faubourg de Bruxelles, a donné
jeudi dernier-le jour à une petite fille qui
a le cœur à nu et placé à l'extérieur de là
poitrine !
Le thorax de la pauvre petite est concave
et semble dépourvu de côtes dans sa partie,
antérieure. Au haut, et un peu à droite ap
paraît, toute rouge, une protubérance presque
grosse comme le poing. C'est le cœur, que
l'on voit distinctement battre.
L'organe, dépourvu de peau, est à peine re
vêtu d'une légère membrane, à tel point qu'il
a fallu le recouvrir d'une gaze phéniquée par
dessus laquelle une feuille d'ouate maintient
la. chaleur nécessaire. Lorsqu'on essaie de
soulever légèrement la gaze, on sent qu'elle
adhère au cœur dont la surface doit être vis
queuse, ou tout au moins humide.' La respi
ration est haletante et secoue tout le corps du
pauvre petit être comme en un spasme conti
nuel.
LA COURSE NATIONALE
. DE '
Paris à Brest
mon
RETOUR
Le départ de la course vélocipédique orga«
nisée par le Petit Journal, de Paris à Bresî
et retour, s'est effectué, hier matin, par un,
temps exceptionnellement beau.
En se levant radieux, ce qu'il n'avait fait
depuis longtemps, le soleil nous a débarrassés
de la seule préoccupation sérieuse que nous
eussions : les détails de la course avaient été
en effet tellement étudiés que nous avions
la certitude d'être arrivés à une organisa/
tion presque parfaite..
Les abords du «c Petit Journal À '
Dès quatre heures et demie du matin, la
foule débouche dé tous côtés rué Lafayette.
Il fait encore nuit. Les premiers arrivés
se groupent devant l'hôtel du Petit Journal
et regardent curieusement en
trer les vélocemën qui ont
bien voulu nous aider dans
notre tâche et, accepter les
fonctions de chefs de section.
- Les gardiens de la paix,
en nombre considérable ,
viennent ensuite prendre leur
poste. Disons tout de suite
que disposés à user envers
coureurs et curieux de la plus
grande douceur, ils n'ont pas
même eu à adresser la moin
dre observation. Les engagés
qui sont pleins d'entrain et de
bonne humeur et qui arrivent à
l'heure exacte auprès des pU-
quels de section tenus par les
garçons du Petit Journal
semblent vouloir se faire, un
point d'honneur dé nous se
conder par leur bonne tenue et
leur discipline.
D'instant en instant la foule-
augmente. Les balcons des
maisons voisines se garnissent
de curieux:des dames, des jeu- V V — ( .
nés filles ne craignent pas de "
braver la fraîcheur-matinale Un des porteurs
pour voir ce spectacle tt>ut jn^te^rs
Les concurrents, au furet à mesure qu'ils
arrivent* se, rangent en bon ordre dans leurs
sections respectives et écoutent avec la meil
leure grâce les instructions; de la dernière
heure que leur donnent les commissaires. Ils
occupent tout le côté droit de-la rue Lafayette,
laissant la partié gauche accessible au public.
Le défilé .
A six heures, les membres du comité ga
gnent leurs places respectives. Le président de
la course, notre collaborateur M- Pierre Giffard
(Jean sans Terre),
prend la tête, ainsi
que MM. Thomas,'
président de l'Union
vélocipédique, de
Baroncelli, l'écris
vain vélocip?3ic[ûe
bien connu,et Henri
Poidatz, ' secrétaire
général du Petit
Journal, vice-prési-
M. Thomas dent.de la course. A
six heures dix-sept' minutes, sur un signal du
président, les dix clairons de la Société Pro
Patria, placés sur le balcon de l'hôtel du
Petit Journal, sonnent aux champs ; tous
les concurrents montent lestement sur leur
machine, et l'immense cortège s'ébranle
aux applaudissements de lajjfoule.
Conduit à une allure très modérée, il longe
la rue Lafayette jusqu'à la rue Le Péletier où
il s'engage pour gagner les grands boule
vards. Là encore, les vélocipédistes soulè
vent l'enthousiasme, — c'est le mot, — de la
foule compacte qui les regarde. - :
A la place do l'Opéra, agréable surprise
—9— FEUILLETON DU ^ SEPTEMBRE 1891 (1)
MÈRE ET MARTYRE
PREMIÈRE PARTIS
LE MYSTÈRE DE L'OMBRE
II 1 (Suite)
ta vicomtesse de Moudragon
Il regarda Madeleine, et pris d'une im
mense pitié, d'un remords peut-être plus grand
encore, il continua :
— Oui, je vais mieux, grâce aux soins de
■la marquise.
C'est une sainte, Claire, et moi un .bien
grand coupable vis-à-vis d'elle.
— Horace, je vous en prie, interrompit la
Ieune femme, ne sachant point la terrible al-
usion contenue dans les paroles de son mari,
ne parlez pas ainsi, je vous en conjure.
Claire sait aussi bien que moi que vous êtes
l'être le meilleur de la terre.
M. de Cypières secoua "la tête.
Puis, tout à coup :
—• Embrassez-vous toutes les deux, comme
deux sœurs que vous êtes, n'est-ce pas? dit-il.
Madeleine s'avança sans arrière-pensée ;
Mme de Mondragon eut comme une crispa
tion de ses lèvres minces ; ' mais surmontant
aussitôt ce mouvement de colère :
—- Je ne demande pas mieux, s'écria-t-elle.
Si vous êtes bonne pour mon frère, madame,
je vous aimerai, soyez-en sûre.
— Bonne ? fit Horace, elle est parfaite. Aussi
ne l'appelle pas madame, veux-tu ?
— 5fa volonté est la tienne. ,
-, Les deux femmes s'embrassèrent.
— C'est ta sœur, Claire, répéta M. Cypières
avec une bizarre insistance ; jure-moi sur la
mémoire de notre mère de ne jamais l'oublier
" "^1) Reproduction et traduction ialcrdilea
La vicomtesse eut une expression de pro
fond étonnement dans ses yeux clairs.
— En vérité, dit-elle, je ne te comprends
pas: Non, pas du tout. .. ^
Le marquis, d'un geste brusque, l'inter
rompit.
— Je sais... dit-il, ma conduite peut te pa
raître extraordinaire, mais je te l'explique
rai... Je t'ai dit que j'étais un grand cou
pable. ■
Puis, subitement, se retourfiànt vers la
mai'quise :
— La vicomtesse n'a pas encore vu notre
fille, notre belle.petite Léone, ma chère en
fant; allez donc là lui chercher, et elle qui
n'a jamais eu le bonheur d'être mére, l'ado
rera, j'en suis sûr.
—rEttu as raison, Horace. Allez, ma sœur,
allez, votre trésor aura deux mères, si vous y
consentez.
— En doutez-vous, répondit Mme de Cy
pières radieuse. Oh ! merci, ma sœur, merci de
vouloir aimer ma fille.
Et son beau visage illuminé de joie, la pure,
la sainte Madeleine disparut.
Aussitôt, M. de Cypièrés se redressa sur ses
oreillers.
— Claire, dit-il, j'ai commis une mauvaise
action ; plus que cela même, un crime.
— Toi ?... Allonsdonc, tu en es incapable.
— J'ai accusé Madeleine. /
— C'est qu'elle est coupable. \
.: — Non.
— Alors, qui?
— Mon délire et ma fièyro jû'o&t fait voir
des fantômes.
— C'est impossible I ■
— C'est vrai.
—Et cette maladie singulière qui t'a pris
tout à coup ?
— C'est mon hépatite.
Et ce feu qui brûle tes entrailles? .
— Une des formes de cette crise.
— Je ne te crois pas. Ton grand cœur t'é-
gare. Tu veux sauver la coupable.
— Tais-toi, ne prononce pas ce mot, je t'en
conjure. C'est moi qui le suis, le coupable. Il
faut me croire, il le faut. Sur mon honneur,
je te jure que ma femme est une sainte. Dis
que tu le crois.. . x Mais dis-le donc, ou je ne
te revois jamais de ma vie.
Il s'exaltait, ses yeux brillaient, une grande
colère montait en lui.
Mme de Mondragon eut peur.
— Calme-toi, dit-elle. Je croirai tout ce que
tu voudras.
— Non, non, pas ainsi. J'ai commis une
action indigne a'un honnête-homme ; j'ai ac
cusé une innocente sans une preuve, sans un
indice. C'est atroce cela. Il faut me croire
quand je te l'affirme. *
— Mais cependant, cette lettre que tu m'as
écrite? . .
— La souffrance m'exaspérait. Dans la
fièvre, tu sais, on voit passer des ombres. J'ai
cru en voir une^dans ma chambre. Mais j'ai
rêvé, j'en suis certain aujourd'hui. .
Sur la tombe de notre mère, je te jure que
je te parle maintenant suivant mon absolue
conviction. Crois-moi, Claire, je te le demande
à genoux, si tu ne yeux pas que le remords
me tue. • .
— Je tç crois, dit-ellé avec un singulier
sourire.
— Alors tu vas me rendre cette fatale lettre
qui me rend si malheureux. .
•— C'est impossible ce que tu veux là.
— Comment, impossible!... Tù me refu
ses?..". _ -, . . •
tt Oui. . ■
Un éclair passa dans les yeux du marquis.
— Pourquoi? dit-il.
Mme de ; Mondragon hésita l'espace d'une
seconde; puis tout à coup, très décidée :
— Je l'ai brûlée, dit-elle.
— Ce n'est pas vrai.
— Tu me le recommandais expressément.
— Je me le rappelle. Mais quelque chose
me dit que tu ne l'as pas fait.
— Je t'assure que si.
— Jure-le. -»
Sans se faire prier, Mme de Mondragon
étendit,sa main ûne et blanchs.
— Je le jure! dit-elle.
■ Madeleine rentrait, portant sa fille.
— Qu'elle est belle ! murmura la vicomtesse,
les lèvres souriantes, mais avec une expres
sion involontaire et terrible des yeux, démen-'
tant ce sourire. Voulez-vous me la donner un
instant, iha sœur ?
— Puisqu'il est convenu que vous êtes son
autre mère, je n'ai pas le droit de vous la re
fuser dit Madeleine, avec le plus adorable des
sourires.
Glaire prit la fillette dans ses bras.
Mais celle-ci ne fut ' pas plus tôt passée des
mains-de sa mère à celles de sautante, qu'elle
se mit à pousser des cris terribles.
La marquise de Cypières .devint d'une
pâleur mortelle. ...
— Mon Dieu ! s'écria-t-èlle, vous lui avez
fait mal.
— Moi ? Allons donc ! Etes-vous folle ?
L'enfant a eu un caprice. Voilà tout.
— Non, Léone'n'a jamais de caprices. Elle
ne crie que quand elle souffre.
La discussion en resta là. L'enfant, main
tenant apaisée, souriait vaguement.
Mme ae Mondragon la caressa, quelques
instants encore, puis se retournant vers Ma
deleine : '
— Je n'ai point pris la diJuce habitude de
tenir les enfants, dit-elle ; reprenez votre fille,
ma soeur. , Je vous la redemanderai dans .quel
ques heures. '
. Madeleine ne se fit pas prier... . ..
Sans analyser le pressentiment qui, depuis
les cris de Léone,s'était implanté en elle,l'en
fant ne lui paraissait pas en sûreté dans les
bras de la vicomtesse. ' " "
— Laissez-moi reposer toutes les deux, dit
tout à coup le marquis, il me semble que je
vais mieux, beaucoup mieux même ! Ah .' si je
pouvais guérir !
Puis tout à coup, pris d'un grand attendris
sement. - ■
— Madeleine, embrasse-moi, dit-il en la
tutoyant, et sur un ton d'ardente- tendresse.
La marquise obéit et resta quelques minu
tes penchée sur son mari.
Les yeux de la vicomtesse lançaient des
éclairs. Sans un mot elle disparut en haus
sant les épaules.
— Si c'est pour me faire assister a ses ex
pansions imbéciles qu'il m'a fait venir, grom-
mela-t-elle entre ses dents avec une fureur
mal contenue, il pouvait bien me laisser où
j'étais.
Dans l'antichambre, elle vit Clément assis,
immobile sur une banquette.
Ileine avait disparu.
— M. le marquis veut reposer, dit-elle.
Quiconque demandera à le voir doit être
consigné |à la porto.
Le valet de chambre s'inclina.
— Cet ordre concerné-t-il également M.
l'abbé Sintély? demanda-t-il.
Levisâgede Mme de Mondragon revêtit
une expression de haine incommensurable.
— Surtout lui, dit-elle, d'une voix basse et
sifflante.
— Mais pas son frère?
— Egalement.
— M. le marquis ne voudra pas se passe!
de son médecin.
Elle réfléchit quelques instants.
. PAUL D'AIGREMONTi
. {La suite.à demain.) ;
: 61-, rue Lafayettej 61
. . • ; A- PARIS .
. On reçoit aussi les AnnoiBes nie Grânge-BateEère 4 15 . <
ABONSEKOTS PARIS. ,
TROIS MOIS 5EIL
SIXMOIS-............. ' 9 FR.
UN AN 18 FR.
UN NUM ERO: 5 C ENTIMES
Tous les vendredis
LE SUPPLÉMENT ILLUSTRÉ : S CENTIMES -
AB0NNEMENTSJ3EPARTEMENTS
IROIS MOIS............ 6 m
S1XMOIS............... 12 TH.
UN AN 24EBt
LUNpi 7. SEPTEMBRE 1891
115 SAINT CLOUD, —250
Numéro 10482
VINGT-NEUVIÈME ANNÉE
DERNIERE EP8TIOK
L'ensclpemciit de la mMcitc légale
A. LYON ;
En consacrant, il y a quelques semaines,
fin article*à la question très intéressante d'un
Institut de médecine légale,'à créer à Paris,
pour remplacer enfin la Morgue dans ce rôlé,
dont elle s'acquitte d'une façon si insuffisante
et si inconvenante, j'ai annoncé que je revien
drais à lacharge. J'insiste donc, et ce ne sera
probablement pas la dernière fois que je m'en-
tretiendraii avec mes lecteurs sur ce chapitre.
Il faut que cette question aboutisse I
Je viens de faire connaissance avec l'Insti
tut de médecine légale, annexé à la Faculté
de médecine de Lyon et, en vérité, je suis
honteux pour Paris qu'il se soit laissé dis
tancer de la sorte par la province.
L'organisation de l'établissement médico-
judiciaire lyonnais est entièrement due à l'in
telligente activité de M. le professeur Lacas-
sagne, — le brillant médecin-légiste dont
l'expertise dans l'affaire, de l'assassinat de
l'huissier Gouffé a affirmé la* haute valeur.
Lorsque M. Lacassagne prit possession de
sa chaire lyonnaise en 1880, tout était à faire 1
dans la Faculté, aussi bien pour l'enseigne
ment pratique de la médecine légale que pour
le service des expertises criminelles. Actuelle
ment tout y est organisé de manière que
Lyon n'ait rion à envier à Berlin, à Vienne, à
Prague, — et peu de chose à Budapest, que le
professeur Ajtaï a doté d'un Institut médico-
légal pouvant servir de modèle, de l'aveu de
tous, au triple point de vue de l'enseignement,
ilea recherches judiciaires et du respect dû
iux légitimes susceptibilités des familles.
■;■■***
Le laboratoire de médecine légale de Lyon
se compose d'un rez-de-chaussée, d'un pre
mier étage et d'un sous-sol. Au, rez-de-chaus
sée se trouve une salle d'autopsie munie de
tables mobiles sur leur axe, d'une table-bas
cule; balances* lavabos, etc. Un ascenseur met
en communication cette salle avec le sous-sol
servant de dépositoire pour les corps.
Une galerie assez élevée, régnant autour
de la salle d'autopsie, permet aux magistrats
d'assister convenablement aux opérations. Un
cabinet attenant est à la disposition de la jus
tice pour les confrontations.
Une autre salle du rez-de-chaussée sert d'a
telier pour les mensurations anthropométri
ques selon la méthode, simplement admira
ble parce qu'elle est admirablement simple,
dp M. Alphonse Bertillon. Il contient, en ou
tre, une intéressante collection de crânes, don
de la veuve de M. le docteur Duchône. Entre
ces deux pièces, se trouve le laboratoire des
opérations chimiques, avec son fourneau, sa
cheminée d'aération, son attirail de ré actifs,
ses microscopes, etc. Là aussi se trouve le
cabinet du chef des travaux.
Au premier étage, est installé le Musée de
médecine judiciaire. Rien de pareil n'existe
à Paris. Ce desideratum inspirait naguère à
M. le juge d'instruction Adolphe Guillot,
dont nous invoquerons toujours volontiers
en ces questions la haute compétence, les li
gnes suivantes, que nous transcrivons de la
Gazette des Tribunaux :
« Que de fois n'a-t-on pas déploré l'absence
d'archives'de la médecine légale, destinées à
conserver, ne serait-ce que pour l'instruction
'des élèves, la trace d'expertises présentant un
Intérêt doctrinal et marquant une étape dans
la voie du-progrès scientifique. Tout cela se
perd dans les greffes, hors de la portée de
ceux qui étudient. Quant aux pièces à convic
tion présentant un intérêt médico-légal quel
quefois très considérable, l'administration de
1 enregistrement en tire un fort mince profit
en les vendant aux brocantours. La science
est ainsi privée de documents très ' curieux
dont la réunion et le classement, tout en
constituant l'histoire môme de la médecine
légale, fournirait pour l'instruction des af
faires criminelles des indications de premier
ordre. »
Telle est l'expression concise et précise des
regrets inspirés à un éminent magistrat pa
risien par l'absence, dans le grand centre
judiciaire auquel il appartient, de cette indis
pensable collection documentaire et technique,
dont le professeur Lacassagne a doté la Fa
culté de Lyon. L'ensemble des éléments réu
nis par M. Laca'ssagne constitue la synthèse
des affaires médico-judiciaires i de la région
lyonnaise pendant.ces dix. dernières années.
Dans une vitrine, on trouve une série de
pièces relatives à l'infanticide et à la triste
industrie des« faiseuses d'anges «. Ecœurante
mais ' tristement instructive collection, dans
laquelle il est loisible d'étudier toutes les va
riétés connues de sévices homicides commis
sur les nouveau-nés, ainsi que. sur les .candi
dats embryonnaires à l'existence,, entrés dans
le « non être » avant d'avoir vu le jour.
L'ignoble outillage des - avorteuses y a sa
place, dans un compartiment spécial, à côté
auquel est la collection des pièces relatives
aux questions de viabilité, aux monstruosi
tés, etc. . '
- La vitrine principale est celle des « coups
et blessures ». Il s agit le plus souvent de
pièces, conservées dans l'alcool ou de pièces
sèches. Qn peut étudier là les blessures par
instruments piquants et tranchants, par
c.oups de feu, par corps , contondants quel
conques. Là s'étalent les blessures de la peau,
celles des os et les lésions homicides des vis
cères : cœur, poumons, cerveau, foie, reins, etc., -
ainsi que celles qui caractérisent la suffoca
tion, la strangulation, la pendaison. Un cer
tain nombre de pièces sont montées, d'autres
photographiées ou dessinées.
. La collection des projectiles avec les défor
mations spéciales qu'ils ont subies en traver
sant les tissus est des plus intéressantes.
Lorsque le corps vulnérant n'est pas adapté
à la blessure produite (assemblage qu'on a pu
réaliser dans nombre de.cas très curieux), il
est déposé dans une vitrine, où l'on peut voir,
réunis, étiquetés, annotés de la façon la plus
instructive, des instruments homicides va
riés : revolvers, pistolets, couteaux, canifs,
rasoirs, marteaux, bêches, haches, ustensiles
professionnels...
Deux vitrines sont remplies de crânes pro
venant de morts violentes, crimes ou suicides.
Us présentent le plus souvent des fractures
par chute d'un lieu élevé, coups de marteau,
de hache, de bouteilles, et enfin des perfora
tions par projectiles de revolver.
Signalons aussi deux armoires à poisons,
une armoire renfermant des préparations mi
croscopiques, des cheveux, des poils de pro
venances variées, des linges avec des emprein
tes sanglantes et des taches suspectes de di
verse nature. N'oublions pas une curieuse
collection de cordes et liens de pendus, — de
quoi faire rêver un joueur fétichiste 1— Enfin
une collection sans doute unique au monde
de deux mille tatouages.
***
A ce musée a été adjointe une bibliothèque
médico-légale déjà considérable dans laquelle
figurent en bonne place les Archives de
l'anthropologie criminelle et des sciences
-pénales, fondées en 1886 par le professeur
Lacassagne qui, avec ses collaborateurs, y a
publié les plus intéressantes observations.
Tous les travaux du professeur, de ses éléves,
les thèses faites au laboratoire, etc., sont réu
nis chaque année en un volume, sous le titre
de « Travaux du Laboratoire de médecine
légale de Lyon ». La collection comprend
déjà dix volumes et a permis d'intéressants
échanges avec les professeurs français et
étrangers.
Les études d'anthropologie criminelle sont
en grand honneur à Lyon. Non seulement
l'Institut dont je viens d'offrir une descrip
tion sommaire possède un certain nombre ae
crânes et de masques d'assassins célèbres,
mais de nombreuses photographies classées
donnent des spécimens des différentes varié
tés typiques,—ou censées telleg,—de criminels.
Je rappellerai, à ce propos, que les belles ,car-
tes dressées par le professeur lyonnais d'après
la statistique criminelle de la France, présen
tent une étude complète de la marche de la
criminalité dans notre pays depuis 1825 jus
qu'à nos jours.
; Ces précieux éléments d'instruction ne sont
pas seulement à la disposition des étudiants
en médecine, pour leur faciliter les- études
théoriques et pratiques de* médecine légale* si
insuffisamment organisées ailleurs ; mais les
étudiants en droit, auxquels ces questions
de criminalité, intéressantes au premier chef
pour do futurs avocats et de futurs magis
trats, sont presque complètement étrangères,
ont été admis au cours du professeur Lacas
sagne. Le musée leur est ouvert, et c'est
pour eux un livre dont lai lecture est faite
pour leur en apprendre davantage que celle
du £lus savant traité. Tous les hommes de
pratique sonfd'accord sur ce point.
Le Congrès international de médecine lé
gale tenu à l'occasion de l'Exposition univer
selle de 1889 avait opiné à 1 unanimité pour
l'établissement, à Paris, d'un Institut de
médecine judiciaire avec archives et. musée
de pièces à - conviction. Fort de l'appui du
monde savant, de la magistrature et de la
fraction la plus éclairée de l'opinion publique,
un honorable conseiller général de la Seine,
M. Alpy, s'est fait avec succès, dans le corps
élu dont il est membre, le défenseur de ce
desideratum.
En accueillant sa proposition par un vote
favorable, en votant cet établissement qui
donnera à la justice la possibilité d'adoucir
certaine^ douleurs, qui contribuera à faire
progresser la science et à accroître les moyens
de défense de la société, le conseil général
delà Seine a fait une bonne action. Toute
fois, ce n'est pas ici que l'intention saurait
être réputée pour le fait.
Bravo pour l'intention, mais, de grâce, qu'il
soit passe au fait dans le plus rapide-délail
Thomas Grimai.
TIRAGE
DU
JPetit JToTJLrinsil
UN MILLION
SOIXANTE-TREIZE MILLE
ciffli cent cinquante exemplaires
(1,073,550)
EIcïios de K >a,rtouLt
Les grands-ducs à Paris.
Le grand-duc Alexis a fait hier matin une
promenade en voiture au Bois de Boulogne :
fl a déjeuné ensuite avec le grand-duc Wla-,
dimir. Etaient invités les personnes de la
suite 4es deux princes et plusieurs membres
de l'ambassade russe. Le grand-duo Wladimir
et sa femme se sont rendus ensuite aux cour
ses de Longchamp. Les deux frères du czar
devaient partir ce soir parle Sud-express pour
Saint-Sébastien, mais le grand-duc Alexis a
décidé de prolonger^penuant quelques jours
sen séjour a. Paris,
ouvrières de'production, en face de là porte VJ
du Palais de l'Industrie. . -
A l'entrée du pavillon, M. Maujean, délé-'
gué de la chambre consultative, â souhaité la
bienvenue à' M. Floquet qu'accompagnaient
MM. Le Myre de Viîers, Baulard, Montaut,
députés, Viguier, conseiller municipal, èt
Paul Doumèr, ancien député, chef du cabinet
du président de la Chambre.
« La répartition équitable du produit du
» travail, la solidarité entre tous les travail-
» leurs, tel est, a dit M. ; .Maujean, le but que
« nous nous sommes proposé comme progrés
» en socialisme et que nous cherchons à faire
» entrer dans nos mœurs.
» Quarante-six associations de Paris et des
» départements ont pris part à cette expôsi-
» tion qui,noùs le croyons,démontrera que les
» ouvriers quand ils "le veulent peuvent diri-
» ger toute industrie sans recourir aux capi
talistes, et par contre montrera qu'ainsi le
» fruit du travail ne revient pas à un seul
» mais se répartit sur toute la collectivité. »
M. Floquet a félicité les organisateurs du
zèle et de la persévérance avec lesquels ils
ont fondé et fait prospérer les associations qui
ont préparé cette exposition. -Puis, le prési
dent de la Chambre a visité très attentive
ment le pavillon. Il s'est longuement arrêté
devant le chef-d'œuvre des charpentiers.
Pendant toute la duréo de la visité de M.
Floquet une foule considérable a stationné
autour du pavillon, dont l'accès avait été provi
soirement interdit au public. Après le départ
du président de la Chambre, les portes ont été
ouvertes, et tout le monde a pu examiner à
loisir les très intéressants travaux des asso
ciations ouvrières, avant de pénétrer dans le
Palais de l'Industrie pour parcourir l'Expo
sition du travail et visiter la fameuse forge.
Les sociétés coopératives de consomma
tion, réunies en fédération' nationale, ouvri
ront dimanche prochain leur sixième congrès,
dans la grande salle du Trocadéro, par une
assemblée solennelle que présidera M. Cer-
nesson, professeur au lycée do-'Sens; prési
dent'de la Société l'Econome, et qui sera
suivie d'une fête coopérative.
Les séances de travail auront lieu les 14,
15 et 1G septembre, à la mairie de la place
Saint-Sulpice.
S'inspirant dé l'exemple donné par la coo
pération anglaise qui compte aujourd'hui plus
d'un million de membres, les Sociétés frai^-
çaises vendent' les denrées à leurs actionnai
res àu prix courant. Composées d'ouvriers et
d'employés laborieux, elles arrivent ainsi
soit à distribuer sous forme de dividende le
boni obtenu par la. suppression des intermé
diaires, soit à constituer do fortes réserves et à
commanditer un magasin de gros. Celui-ci,
chargé des achats directs aux producteurs par
grandes quantités, compte arriver plus tard,
comme les Wholesalcs de' là Grande-Breta
gne, à fonder et à diriger lui-même des fabri
ques qui pourront faciliter la grande évolution
économique ouvrière en devenant des modèles
d'association coopérative de production.
Suite des manifestations positivistes.
Au nombre d'environ cent cinquante, les
membres de la société positiviste ont déposé
hier sur le piédestal de la statûe do. Jeanne
"d'Arc, place des Pyramides, une couronne por
tant cette inscription : « Comité républicain
de la fête civique. » .
Le docteur Delbet a prononcé un discours
dans lequel, après avoir rappelé la glorieuse
existence de Jeanne d'Arc, il a invité les as
sistants à continuer chaque année ce'patrio
tique pèlerinage.-
Beaucoup de curieux sur le passage des ma
nifestants.
M. Floquet, président de la Chambre des
députés, a inauguré hier, à deux heures et
demie, le pavillon-annexe de l'Exposition du
travail, édifié par les soins des associations
Un cas pathologique extraordinaire.
Mme C..., femme d'un musicien des grena
diers belges, demeurant'rue de la Poste, à
Schaerbeek, faubourg de Bruxelles, a donné
jeudi dernier-le jour à une petite fille qui
a le cœur à nu et placé à l'extérieur de là
poitrine !
Le thorax de la pauvre petite est concave
et semble dépourvu de côtes dans sa partie,
antérieure. Au haut, et un peu à droite ap
paraît, toute rouge, une protubérance presque
grosse comme le poing. C'est le cœur, que
l'on voit distinctement battre.
L'organe, dépourvu de peau, est à peine re
vêtu d'une légère membrane, à tel point qu'il
a fallu le recouvrir d'une gaze phéniquée par
dessus laquelle une feuille d'ouate maintient
la. chaleur nécessaire. Lorsqu'on essaie de
soulever légèrement la gaze, on sent qu'elle
adhère au cœur dont la surface doit être vis
queuse, ou tout au moins humide.' La respi
ration est haletante et secoue tout le corps du
pauvre petit être comme en un spasme conti
nuel.
LA COURSE NATIONALE
. DE '
Paris à Brest
mon
RETOUR
Le départ de la course vélocipédique orga«
nisée par le Petit Journal, de Paris à Bresî
et retour, s'est effectué, hier matin, par un,
temps exceptionnellement beau.
En se levant radieux, ce qu'il n'avait fait
depuis longtemps, le soleil nous a débarrassés
de la seule préoccupation sérieuse que nous
eussions : les détails de la course avaient été
en effet tellement étudiés que nous avions
la certitude d'être arrivés à une organisa/
tion presque parfaite..
Les abords du «c Petit Journal À '
Dès quatre heures et demie du matin, la
foule débouche dé tous côtés rué Lafayette.
Il fait encore nuit. Les premiers arrivés
se groupent devant l'hôtel du Petit Journal
et regardent curieusement en
trer les vélocemën qui ont
bien voulu nous aider dans
notre tâche et, accepter les
fonctions de chefs de section.
- Les gardiens de la paix,
en nombre considérable ,
viennent ensuite prendre leur
poste. Disons tout de suite
que disposés à user envers
coureurs et curieux de la plus
grande douceur, ils n'ont pas
même eu à adresser la moin
dre observation. Les engagés
qui sont pleins d'entrain et de
bonne humeur et qui arrivent à
l'heure exacte auprès des pU-
quels de section tenus par les
garçons du Petit Journal
semblent vouloir se faire, un
point d'honneur dé nous se
conder par leur bonne tenue et
leur discipline.
D'instant en instant la foule-
augmente. Les balcons des
maisons voisines se garnissent
de curieux:des dames, des jeu- V V — ( .
nés filles ne craignent pas de "
braver la fraîcheur-matinale Un des porteurs
pour voir ce spectacle tt>ut jn^te^rs
Les concurrents, au furet à mesure qu'ils
arrivent* se, rangent en bon ordre dans leurs
sections respectives et écoutent avec la meil
leure grâce les instructions; de la dernière
heure que leur donnent les commissaires. Ils
occupent tout le côté droit de-la rue Lafayette,
laissant la partié gauche accessible au public.
Le défilé .
A six heures, les membres du comité ga
gnent leurs places respectives. Le président de
la course, notre collaborateur M- Pierre Giffard
(Jean sans Terre),
prend la tête, ainsi
que MM. Thomas,'
président de l'Union
vélocipédique, de
Baroncelli, l'écris
vain vélocip?3ic[ûe
bien connu,et Henri
Poidatz, ' secrétaire
général du Petit
Journal, vice-prési-
M. Thomas dent.de la course. A
six heures dix-sept' minutes, sur un signal du
président, les dix clairons de la Société Pro
Patria, placés sur le balcon de l'hôtel du
Petit Journal, sonnent aux champs ; tous
les concurrents montent lestement sur leur
machine, et l'immense cortège s'ébranle
aux applaudissements de lajjfoule.
Conduit à une allure très modérée, il longe
la rue Lafayette jusqu'à la rue Le Péletier où
il s'engage pour gagner les grands boule
vards. Là encore, les vélocipédistes soulè
vent l'enthousiasme, — c'est le mot, — de la
foule compacte qui les regarde. - :
A la place do l'Opéra, agréable surprise
—9— FEUILLETON DU ^ SEPTEMBRE 1891 (1)
MÈRE ET MARTYRE
PREMIÈRE PARTIS
LE MYSTÈRE DE L'OMBRE
II 1 (Suite)
ta vicomtesse de Moudragon
Il regarda Madeleine, et pris d'une im
mense pitié, d'un remords peut-être plus grand
encore, il continua :
— Oui, je vais mieux, grâce aux soins de
■la marquise.
C'est une sainte, Claire, et moi un .bien
grand coupable vis-à-vis d'elle.
— Horace, je vous en prie, interrompit la
Ieune femme, ne sachant point la terrible al-
usion contenue dans les paroles de son mari,
ne parlez pas ainsi, je vous en conjure.
Claire sait aussi bien que moi que vous êtes
l'être le meilleur de la terre.
M. de Cypières secoua "la tête.
Puis, tout à coup :
—• Embrassez-vous toutes les deux, comme
deux sœurs que vous êtes, n'est-ce pas? dit-il.
Madeleine s'avança sans arrière-pensée ;
Mme de Mondragon eut comme une crispa
tion de ses lèvres minces ; ' mais surmontant
aussitôt ce mouvement de colère :
—- Je ne demande pas mieux, s'écria-t-elle.
Si vous êtes bonne pour mon frère, madame,
je vous aimerai, soyez-en sûre.
— Bonne ? fit Horace, elle est parfaite. Aussi
ne l'appelle pas madame, veux-tu ?
— 5fa volonté est la tienne. ,
-, Les deux femmes s'embrassèrent.
— C'est ta sœur, Claire, répéta M. Cypières
avec une bizarre insistance ; jure-moi sur la
mémoire de notre mère de ne jamais l'oublier
" "^1) Reproduction et traduction ialcrdilea
La vicomtesse eut une expression de pro
fond étonnement dans ses yeux clairs.
— En vérité, dit-elle, je ne te comprends
pas: Non, pas du tout. .. ^
Le marquis, d'un geste brusque, l'inter
rompit.
— Je sais... dit-il, ma conduite peut te pa
raître extraordinaire, mais je te l'explique
rai... Je t'ai dit que j'étais un grand cou
pable. ■
Puis, subitement, se retourfiànt vers la
mai'quise :
— La vicomtesse n'a pas encore vu notre
fille, notre belle.petite Léone, ma chère en
fant; allez donc là lui chercher, et elle qui
n'a jamais eu le bonheur d'être mére, l'ado
rera, j'en suis sûr.
—rEttu as raison, Horace. Allez, ma sœur,
allez, votre trésor aura deux mères, si vous y
consentez.
— En doutez-vous, répondit Mme de Cy
pières radieuse. Oh ! merci, ma sœur, merci de
vouloir aimer ma fille.
Et son beau visage illuminé de joie, la pure,
la sainte Madeleine disparut.
Aussitôt, M. de Cypièrés se redressa sur ses
oreillers.
— Claire, dit-il, j'ai commis une mauvaise
action ; plus que cela même, un crime.
— Toi ?... Allonsdonc, tu en es incapable.
— J'ai accusé Madeleine. /
— C'est qu'elle est coupable. \
.: — Non.
— Alors, qui?
— Mon délire et ma fièyro jû'o&t fait voir
des fantômes.
— C'est impossible I ■
— C'est vrai.
—Et cette maladie singulière qui t'a pris
tout à coup ?
— C'est mon hépatite.
Et ce feu qui brûle tes entrailles? .
— Une des formes de cette crise.
— Je ne te crois pas. Ton grand cœur t'é-
gare. Tu veux sauver la coupable.
— Tais-toi, ne prononce pas ce mot, je t'en
conjure. C'est moi qui le suis, le coupable. Il
faut me croire, il le faut. Sur mon honneur,
je te jure que ma femme est une sainte. Dis
que tu le crois.. . x Mais dis-le donc, ou je ne
te revois jamais de ma vie.
Il s'exaltait, ses yeux brillaient, une grande
colère montait en lui.
Mme de Mondragon eut peur.
— Calme-toi, dit-elle. Je croirai tout ce que
tu voudras.
— Non, non, pas ainsi. J'ai commis une
action indigne a'un honnête-homme ; j'ai ac
cusé une innocente sans une preuve, sans un
indice. C'est atroce cela. Il faut me croire
quand je te l'affirme. *
— Mais cependant, cette lettre que tu m'as
écrite? . .
— La souffrance m'exaspérait. Dans la
fièvre, tu sais, on voit passer des ombres. J'ai
cru en voir une^dans ma chambre. Mais j'ai
rêvé, j'en suis certain aujourd'hui. .
Sur la tombe de notre mère, je te jure que
je te parle maintenant suivant mon absolue
conviction. Crois-moi, Claire, je te le demande
à genoux, si tu ne yeux pas que le remords
me tue. • .
— Je tç crois, dit-ellé avec un singulier
sourire.
— Alors tu vas me rendre cette fatale lettre
qui me rend si malheureux. .
•— C'est impossible ce que tu veux là.
— Comment, impossible!... Tù me refu
ses?..". _ -, . . •
tt Oui. . ■
Un éclair passa dans les yeux du marquis.
— Pourquoi? dit-il.
Mme de ; Mondragon hésita l'espace d'une
seconde; puis tout à coup, très décidée :
— Je l'ai brûlée, dit-elle.
— Ce n'est pas vrai.
— Tu me le recommandais expressément.
— Je me le rappelle. Mais quelque chose
me dit que tu ne l'as pas fait.
— Je t'assure que si.
— Jure-le. -»
Sans se faire prier, Mme de Mondragon
étendit,sa main ûne et blanchs.
— Je le jure! dit-elle.
■ Madeleine rentrait, portant sa fille.
— Qu'elle est belle ! murmura la vicomtesse,
les lèvres souriantes, mais avec une expres
sion involontaire et terrible des yeux, démen-'
tant ce sourire. Voulez-vous me la donner un
instant, iha sœur ?
— Puisqu'il est convenu que vous êtes son
autre mère, je n'ai pas le droit de vous la re
fuser dit Madeleine, avec le plus adorable des
sourires.
Glaire prit la fillette dans ses bras.
Mais celle-ci ne fut ' pas plus tôt passée des
mains-de sa mère à celles de sautante, qu'elle
se mit à pousser des cris terribles.
La marquise de Cypières .devint d'une
pâleur mortelle. ...
— Mon Dieu ! s'écria-t-èlle, vous lui avez
fait mal.
— Moi ? Allons donc ! Etes-vous folle ?
L'enfant a eu un caprice. Voilà tout.
— Non, Léone'n'a jamais de caprices. Elle
ne crie que quand elle souffre.
La discussion en resta là. L'enfant, main
tenant apaisée, souriait vaguement.
Mme ae Mondragon la caressa, quelques
instants encore, puis se retournant vers Ma
deleine : '
— Je n'ai point pris la diJuce habitude de
tenir les enfants, dit-elle ; reprenez votre fille,
ma soeur. , Je vous la redemanderai dans .quel
ques heures. '
. Madeleine ne se fit pas prier... . ..
Sans analyser le pressentiment qui, depuis
les cris de Léone,s'était implanté en elle,l'en
fant ne lui paraissait pas en sûreté dans les
bras de la vicomtesse. ' " "
— Laissez-moi reposer toutes les deux, dit
tout à coup le marquis, il me semble que je
vais mieux, beaucoup mieux même ! Ah .' si je
pouvais guérir !
Puis tout à coup, pris d'un grand attendris
sement. - ■
— Madeleine, embrasse-moi, dit-il en la
tutoyant, et sur un ton d'ardente- tendresse.
La marquise obéit et resta quelques minu
tes penchée sur son mari.
Les yeux de la vicomtesse lançaient des
éclairs. Sans un mot elle disparut en haus
sant les épaules.
— Si c'est pour me faire assister a ses ex
pansions imbéciles qu'il m'a fait venir, grom-
mela-t-elle entre ses dents avec une fureur
mal contenue, il pouvait bien me laisser où
j'étais.
Dans l'antichambre, elle vit Clément assis,
immobile sur une banquette.
Ileine avait disparu.
— M. le marquis veut reposer, dit-elle.
Quiconque demandera à le voir doit être
consigné |à la porto.
Le valet de chambre s'inclina.
— Cet ordre concerné-t-il également M.
l'abbé Sintély? demanda-t-il.
Levisâgede Mme de Mondragon revêtit
une expression de haine incommensurable.
— Surtout lui, dit-elle, d'une voix basse et
sifflante.
— Mais pas son frère?
— Egalement.
— M. le marquis ne voudra pas se passe!
de son médecin.
Elle réfléchit quelques instants.
. PAUL D'AIGREMONTi
. {La suite.à demain.) ;
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