Titre : La Sylphide : journal de modes, de littérature, de théâtres et de musique / directeur : de Villemessant
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1853-03-10
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34444962f
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mars 1853 10 mars 1853
Description : 1853/03/10 (A14,VOL1). 1853/03/10 (A14,VOL1).
Description : Note : GRAV. Note : GRAV.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k61097561
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-4145-4208
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
XIVe ANNÉE.
7e LIVRAISON.
10 MARS 1853.
LA SYLPHIDE
CHATEAUX EN ESPAGNE
CONTE HUMORISTIQUE
I.
N bon gentil-
homme des en-
virons de Quim-
per, le baron de
Kerlogarec,
était resté veuf
avec un fils qu*il
aimait beau-
coup , — à sa
manière il est
vrai. C'est-à-dire que le baron passait tout
son temps à chasser et qu'il se contentait
d'embrasser Florestan lorsqu'il le rencontrait,
lui laissant d'ailleurs liberté pleine de s'amu-
ser comme il l'entendrait.
Florestan atteignit ainsi sa quatorzième
année, — presque l'âge de Chérubin,—l'âge
des premiers rêves, des soupirs sans objet,
des désirs inconnus. Au lieu de songer à imi-
ter son père et à le suivre dans ses aventu-
reuses excursions, Florestan s'abandonnait
volontiers à ce far-niente qui souvent est pour
•'âme l'existence la plus active. La nature
avait à ses yeux .des charmes infinis : une
fleur le tenait arrêté ; un gazon touffu enchan-
tait son regard; un ruisseau lui disait des mé-
lodies que Schubert lui-même n'eût pas trou-
vées; et, quant aux étoiles, c'étaient ses plus
chères amies. Il semblait devoir appartenir
un jour à là grande famille de ces êtres pas-
sifs qui ne vivent et ne marchent qu'au sein
d'une vapeur. N'ayant pu faire de son fils un
chasseur, un Nemrod comme lui, le baron
voulut du moins en faire un savant, pour
qu'il fût quelque chose dans le monde. Cepen-
dant, comme il tenait à ne pas se séparer de
l'héritier de son nom, il manda de Quimper
un professeur qui s'y était rendu célèbre par
des bouts-rimés, acrostiches et épithalames.
Claude Pélan était un de ces pauvres dia-
bles qui, après avoir usé durant huit ans les
bancs d'un collège, pénètrent comme ils peu-
vent à l'école normale pour y recommencer à
peu près les mêmes études; puis, pâlis parle
latin et rongés par le grec, être expédiés vers
une chaire de septième. Us ont eu commerce
avec les plus grands génies de l'antiquité ; ils
ont bu largement aux sources les plus savou-
reuses : au bout de tant d'illusions, ils se trou-
vent tout juste moins avancés que ne l'est un
ouvrier avec un bon état dans la main. Le
monde est plein de ces bacheliers désorientés
qui traînent partout les lambeaux de Cicéron
et ceux de leur habit.
— Mon cher monsieur, dit le baron, je
m'engage à vous donner par an douze cents
livres de traitement. C'esthonoràble,jepense.
En retour de cette somme, je ne vous de-
mande qu'une chose : c'est de vous arranger
de telle sorte que mon fils, étant parvenu à
sa vingtième année, soit convenablement
docte et puisse, en échange de mes sacrifices,
obtenir un emploi important, — être à son
choix préfet ou'ministre. Ainsi dressez vos
batteries. Quant à moi, je ne me môle de
rien ; cela ne me regarde plus.
Le précepteur promit de se conformer scru-
puleusement aux volontés de monsieur le ba-
ron. 11 jugeait in petto qu'on ne se compro-
met qu'en hésitant à promettre.
Entre Florestan et Claude Pélan, l'accord
fut bientôt fait. Tous deux éprouvaient une
égale répugnance à l'endroit des études posi-
7e LIVRAISON.
10 MARS 1853.
LA SYLPHIDE
CHATEAUX EN ESPAGNE
CONTE HUMORISTIQUE
I.
N bon gentil-
homme des en-
virons de Quim-
per, le baron de
Kerlogarec,
était resté veuf
avec un fils qu*il
aimait beau-
coup , — à sa
manière il est
vrai. C'est-à-dire que le baron passait tout
son temps à chasser et qu'il se contentait
d'embrasser Florestan lorsqu'il le rencontrait,
lui laissant d'ailleurs liberté pleine de s'amu-
ser comme il l'entendrait.
Florestan atteignit ainsi sa quatorzième
année, — presque l'âge de Chérubin,—l'âge
des premiers rêves, des soupirs sans objet,
des désirs inconnus. Au lieu de songer à imi-
ter son père et à le suivre dans ses aventu-
reuses excursions, Florestan s'abandonnait
volontiers à ce far-niente qui souvent est pour
•'âme l'existence la plus active. La nature
avait à ses yeux .des charmes infinis : une
fleur le tenait arrêté ; un gazon touffu enchan-
tait son regard; un ruisseau lui disait des mé-
lodies que Schubert lui-même n'eût pas trou-
vées; et, quant aux étoiles, c'étaient ses plus
chères amies. Il semblait devoir appartenir
un jour à là grande famille de ces êtres pas-
sifs qui ne vivent et ne marchent qu'au sein
d'une vapeur. N'ayant pu faire de son fils un
chasseur, un Nemrod comme lui, le baron
voulut du moins en faire un savant, pour
qu'il fût quelque chose dans le monde. Cepen-
dant, comme il tenait à ne pas se séparer de
l'héritier de son nom, il manda de Quimper
un professeur qui s'y était rendu célèbre par
des bouts-rimés, acrostiches et épithalames.
Claude Pélan était un de ces pauvres dia-
bles qui, après avoir usé durant huit ans les
bancs d'un collège, pénètrent comme ils peu-
vent à l'école normale pour y recommencer à
peu près les mêmes études; puis, pâlis parle
latin et rongés par le grec, être expédiés vers
une chaire de septième. Us ont eu commerce
avec les plus grands génies de l'antiquité ; ils
ont bu largement aux sources les plus savou-
reuses : au bout de tant d'illusions, ils se trou-
vent tout juste moins avancés que ne l'est un
ouvrier avec un bon état dans la main. Le
monde est plein de ces bacheliers désorientés
qui traînent partout les lambeaux de Cicéron
et ceux de leur habit.
— Mon cher monsieur, dit le baron, je
m'engage à vous donner par an douze cents
livres de traitement. C'esthonoràble,jepense.
En retour de cette somme, je ne vous de-
mande qu'une chose : c'est de vous arranger
de telle sorte que mon fils, étant parvenu à
sa vingtième année, soit convenablement
docte et puisse, en échange de mes sacrifices,
obtenir un emploi important, — être à son
choix préfet ou'ministre. Ainsi dressez vos
batteries. Quant à moi, je ne me môle de
rien ; cela ne me regarde plus.
Le précepteur promit de se conformer scru-
puleusement aux volontés de monsieur le ba-
ron. 11 jugeait in petto qu'on ne se compro-
met qu'en hésitant à promettre.
Entre Florestan et Claude Pélan, l'accord
fut bientôt fait. Tous deux éprouvaient une
égale répugnance à l'endroit des études posi-
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