Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1921-02-20
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 20 février 1921 20 février 1921
Description : 1921/02/20 (Numéro 16063). 1921/02/20 (Numéro 16063).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6045708
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/07/2008
TEMPS PROBABLE
pour le 20 février 1921
REGION PARISIENNE
Vent modéré des régions
ïîord-est. Temps beau ciel
brumeux le matin, dégagé
.dans la jonrnée. Même tem-
pérature. Nuit 0°. Jour
+10°.
EN FRANCE
Beau temps général par
ciel pur ou peu nuageux,
vent modéré des régions
nord-est, et température frai-
ohe la nuit et douce le jour.
ÉDITION DE PARIS
cent LE PLUS FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER;! *̃* 6 pages
DIMANCHE
20
FÉVRIER
Rsmioiscor*
SOLEIL 6 h. 52; oouoh. fi h. 17
LUNE:,pleine le 22; dom. qu. le 1
460ANNÉE N° 16.063
COMMENT LE DESARROI DES CHANGES
aggrave la crise économique mondiale
L'IDEE D'UNE SOLUTION FINANCIERE INTERNATIONALE PROGRESSE
Les grandes nations de l'Entente s'ef-
forcent, depuis le retour de la paix, de
remettre de l'ordre dans leur existence
troublée profondément par la guerre.
Elles agissent pour améliorer l'état de
tours finances c'est là le problème in-
térieur. Elles essayent de rétablir les
transactions commerciales internatio-
pales qui sont, encore aujourd'hui, très
entravées, particulièrement par des bou-
leversements monétaires. C'est là le pro-
blème extérieur et c'est celui qui nous
firéoccupe ici. Que voyons-nous en ef-
et ? Industriels et commerçants consta-
tent un désarroi caractérisé dans les éva-
jtuations des monnaies des différents
pays et leurs variations de prix portent
une atteinte grave aux relations néces-
saires pour la bonne économie des na-
jtions.
Cette atteinte est d'autant plus nuisi-
ble, à certains éeards, que, depuis de
nombreuses annees, l'interdépendance
commerciale et industrielle des pays
p'est toujours accentuée. Ils se trouvent
dans un tel. enchevêtrement d'intérêts
économiques que les primes très élevées
kle quelques monnaies, par rapport aux
autres, constituent, à certains moments,
pour le commerce, un mur presque in-
franchissable.
La dislocation des changes est, à vrai
idire, un des facteurs les plus importants
!de la stagnation néfaste des affaires, qui
6e manifeste un peu partout.
C'est le sens de la marche des opéra-
tions du commerce et de l'industrie qui
XL produit cette situation les opérations
se' sont déroulées, en effet, de telle sorte
que les Etats-Unis, détenant les riches-
ses les plus utiles pour conduire vigou-
reusement la guerre, ont pu très légiti-
jnement les vendre à large bénéfice,
avant leur entré? dans le contlit ils ont
pu se renforcer par ces profits si abon-
dants et, peu à peu, par les avances de
leur Trésorerie soit à la Grande-Breta-
gne soit à la France, ils sont devenus
jes grands créanciers du monde.
Cette situation de grands créanciers
permet de penser que c'est à New-York,
principalement, que peut être dé-
nouée une partie des difficultés écono-
miques et financières cette situation
)donne à la monnaie américaine une pri-
tne due, non seulement aux sommes im-
portantes que les Etats-Unis ont prêtées,
mais aussi, il faut l'ajouter, aux émis-
sions démesurées de papiers fiduciaires
qui ont été, surtout en Europe, une con-
séquence, impossible à éviter, de la
guerre.
Bien que la Grande-Bretagne ait pris
tes armes dès les premiers jours du con-
flirt, elle se trouve, à l'égard de la plupart
ides pavs européens, dans une situation
comparable à celle des Etats-Unis, car
elle n'a commencé à donner le plein de
ses forces qu'en 1916.
Indépendamment des causes d'ordre
purement économique qui ont détérioré
.certaines monnaies, le facteur moral est
apparu normalement pour apprécier la
valeur du crédit des Etats.
L'intérêt des nations créancières
Le remède n'est donc pas simplement
tlans une amélioration des affaires d'or-
dre commercial et industriel, la question
est plus large et plus haute.
Il ne faut pas oublier que si les gran-
des nations de l'Entente ont pu, par leur
accord, éteindre l'ince ndie effroyable qui
B'était allumé en 1914, il a laissé une
situation économique si troublée que
l'accord de ces puissances paraît indis-
pensable pour remédier à un pareil état
ide choses.
N'y a-t-i'l pas, même pour les nations
créancières, un devoir et un intérêt à
s'en occuper activement ?
Il ne s'agit pas aujourd'hui, comme
t'Europe l'a fait au dernier siècle, pour
assurer le développement des Etats
américains, de créer, de développer,
mais de relever l'énergie de ceux qui
sont en jeu ne s'est-elle pas toujours so-
lidement affirmée depuis six ans ?
Ne devrait-il donc pas exister entre
tous les éléments de la population amé-
ricaine une étroite coopération, non seu-
lement pour assurer la prospérité géné-
rale de leur pays, mais encore pour ve-
toir en aide aux populations éprouvées
par la guerre ?
L'opinion publique de la France n'est
pas seule à la demander il y a eu, dès
la fin de la guerre, un effart dans ce sens
eux Etats-Unis certaines maisons amé-
ricaines préconisèrent alors l'élabora-
tion de quelques plans de large enver-
gure pour concéder des crédits à l'Eu-
rope, afin qu'elle soit en mesure, en ré-
parant rapidement les dévastations de
l'ennemi commun, de reprendre une
pleine activité nécessaire' à la vie de
tous les peuples.
Des banques, situées au premier plan,
faisaient appel, en même temps, aux
producteurs de denrées alimentaires,.
aux commerçants, aux industriels, aux
chefs des classes ouvrières, aux hom-
mes de finances, pour qu'ils se missent
(l'accord sur un programme pratique en
yue de rétablir l'équilibre économique
Ïdu monde.
Ainsi, au mois de juin 1919, des ban-
quiers se réunirent successivement à
iNew-York, à Chicago et à Washington,
où ils se sont évertués à orienter l'opi-
nion publique dans les milieux indus-
triels et officiels vers la nécessité de
créer une vaste organisation avec l'ap-
pui, au moins officieux, du gouverne-
mént américain.
Certaines maisons souhaitaient de fa-
voriser des avances aux, pays européens
par des émissions de valeurs mobilières
qui seraient absorbées par l'épargne
américaine.
Toutes les tentatives de ce genre se
sont heurtées à des difficultés presque
insurmontables, certains financiers ne
voulant pas acquérir de valeurs euro-
péennes, considérées par eux comme
trop aléatoires.
Vers la solution
Les idées les meilleures font leur che-
min, et bien qu'il y ait encore beau-
coup à faire, un revirement d'opinion se
produit depuis cette époque un impor-
tant journal de l'Ouest-Centre, en effet,
accuse les financiers américains de
manquer de prévoyance et de largeur de
vue en n'ayant rien fait pour subvenir
aux besoins de crédits de l'Europe.
Si nos hommes de finances avaient
» prévu la nécessité de venir en aide
» aux populations des régions dévastées
de l'Europe s'ils avaient fait leur
» possible pour rétablir l'activité indus-
» trie lie de l'autre côté de l'Atlantique
» s'ils avaient compris que, pendant la
» période de reconstruction, notre pays
» devrait jouer un rôle aussi important
que pendant la guerre, l'Europe serait
» maintenant à même de rembourser
nos frais en achetant nos produits.
» De cette façon, la grande stagnation
» qui règne actuellement dans notre vie
» agricole, industrielle et commerciale,
aurait pu être évitée. »
Bien que cette pensée soit trop opti-
miste, il ne faut pas perdre tout espoir
dans une amélioration des dispositions
d'une opinion peu favorable jusqu'à
présent. Personne n'ignore que la baisse
des prix, si utile pour .le consommateur,
a commencé de l'autre côté de l'Atlan-
tique, par suite de l'accumulation des
stocks elle a produit de lourdes diffl-
cultés qui retiennent aujourd'hui l'at-
tention de l'Amérique sur des problè-
mes qui nous intéressent au plus haut
point.
Autant que les statistiques permettent
d'apprécier des nombres aussi difficiles
à etablir, deux millions d'ouvriers se-
raient en chômage aux Etats-Unis, tan-
dis qu'en Grande-Bretagne, le nombre
des, sans-travail est de ,plus de 800.0QO;.
la décision ppise par le gouvernement de
réduire les heures de travail dans les en-
treprises de l'Etat soulève une opposi-
tion générale. Enfin, un des rares pays
du continent européen dont la monnaie
fait prime, la Suisse, subit un chômage
qui prend des proportions inquiétantes.
Souhaitons qu'un courant d'opinion
favorable se développe certaines mai-
sons américaines, en s'efforçant de pla-
cer des fonds européens, ont réussi par-
fois, mais pour de faibles sommes si
ces opérations pouvaient être plus im-
portantes, il y aurait possibilité, ainsi,
de rendre un pouvoir d'achat à certains
pays et d'éviter les cascades de prix des
marchandises, toujours si dangereuses
pour l'industrie.
Mais ces méthodes sont insuffisantes
il faut envisager des opérations beau-
coup plus larges personne, du reste,
ne peut s'attendre à éliminer par des
moyena ordinaires pareil désarroi cau-
sé par une guerre si lourde de consé-
quences. La tribune des Parlements, la
presse ont entendu, maintes fois, depuis
un an, des solutions. Il faut étudier cou-
rageusement les modalités possibles d'un
emprunt international à réaliser d'un
commun accord, entre nations aujour-
d'hui réunies par une communauté d'in-
térêts dans la crise économique mon-
diale elles ne doivent pas oublier, en
même temps, à côté de leurs intérêts, un
certain esprit de justice.
XXX.
LES ÉTUDIANTS STRASBOURGEOIS A LA TOMBE DU POILU INCONNU
Une délégation d'étudiants strasbour-
geois, venue à Paris pour déposer une
palme. sur la tombe du poilu inconnu, est
arrivée hier matin. Elle comprend une
dizaine de jeunes gens, appartenant aux
diverses facultés, et que conduit M. Ger-
main Raess, président de d'association des
étudiants en pharmacie. Parmi les délé-
gués, l'abbé Ham représente la faculté de
théologie.
Fn gare de l'Est, les étudiants strasbour-
geois ont été reçus par les représentants
de l'A. G. MM. Albucher, président Marié,
secrétaire général, ainsi que par M. Pillier,
président de l'association des étudiants en
pharmacie.
iL Gemaln Ra«rs
Les accords
franco-polonais
sont conclus
Hier soir, à huit heures, -NI. Briand a pu
annoncer, aux représentais de la presse,
que les accords- franco-polonais étaient
conclus.
Bien que le texte officiel de ces accords
ne soit pas encore divulgué, nous croyons
savoir que ces accords sont au nombre de
trois.
1'* Accord politique. Le principal de
ces accords est un développement de la
déclaration publiée par les deux gouver-
nements à l'issue de la visite du maréchal
Pilsudslti et qui était ainsi conçue
Les deux gouvernements de France et de
Pologne, également soucieux de sauvegar-
der leur sécurité et la paix de l'Europe, ont
reconnu, une fois de plus, la communauté
des intérêts qui unit les deux pays amis.
Ils ont été d'accord pour confirmer leur
volonté de coordonner leurs efforts et, dans
ce but, de maintenir étroitement leur con-
tact pour la défense de ces intérêts supé-
rieurs.
En conséquence, l'accord actuel enre-
gistre la résolution des deux pays de se
prêter assistance pour la sauvegarde des
traités signés en commun.
D'autre part, l'accord prévoit qu'au cas
où la Pologne serait attaquée par l'Ouest
ou par l'Est, ta Franco lui porterait secours
sous la forme de matériel et de techniciens,
à l'exclusion de tout envoi de troupes. La
Pologne s'engage, de son côté, à reeonstir
tuer la mission militaire français* m
donner à son armée une plus forte orga-'
nisation.
En d'autres termes, il s'agit simplement
de mettre au point la coopération militaire
eutre la France et la Pologne que les cir-
constances peuvent rendre nécessaire,
ainsi qu'il arriva l'été dernier, lors de la
marche de l'armée rouge sur Varsovie.
2° Accord éconamique qénéral. Cet
accord concerne les relations commerciales
franco-polonaises et règle les questions de
tarifs et d'échanges de produits.
3° Accorij sur les pétroles. Enfin le
troisième accord, relatif aux pétroles de
Galicie, prévoit la constitution d'entrepri-
ses franco-polonaises pour l'exploitation de
ces pétroles.
M. Briand part ce matin'
pour Londres
̃M. Aristide Briand quittera Paris ce
matin à 9 h. 40, se rendant à. Londres. Il
sera accompagné de MM. Berthelot, secré-
taire général des Affaires étrangères
Kammerer, sous-directeur d'Asie; docteur
Chatain, Carteron et Brugère, ohefs-ad-
joints du cabinet Massigli, secrétaire de
la conférence, et Chaste-net, attaché au se-
crétariat; Camerlynck, interprète du Con-
soil suprême.
M. Briand emm6ne avec îuî lé^géhasaK
Gouraud, haut commissaire en Syrie,
accompagné du colonel George et du com-
mandant de Canonge.
M. Loucheur. accompagné de MM. Sey-
doux et Ctfeysso.n, arrivera mardi.
Le maréchal Foch et le général Weygand
sont attendus au début de la semaine sui-
vante.
Les réunions préliminaires entre MM.
Briand. Lloyd George et le comte Sforza
auront lieu chez le Premier britannique et
se poursuivront, ainsi que nous l'annon-
cions, jusqu'à mardi.
La commission des finances de la Chambre
demande des améliorations aux accords de Paris
̃M. Maurice Maunoury a rendu compte, à
da commission des finances de la Chambre,
de la visite faite 'par lui au président du
Conseil avant son départ pour Londres.
La commission a pris connaissance d'une
note rédigée par -NI. Klotz, au nom de la
sous-commission chargée de suivre l'exé-
cution des traités de paix, deteinée à attirer
l'attention du président du Conseil sur les
améliorations *qu'il serait désirable d'ap-
porter aux récents accords de Paris.
cette note, adoptée par la commission, a
été immédiatement transmise au président
du ConseH.
LES NÉGOCIATIONS FRANCO-BELGES
M. Elbel, sous-directeur à la direction
des accords commerciaux, au ministère du
Commerce, a été désigné, d'accord entre le
ministère des Affaires étrangères et le mi-
nistère du Commerce, comme expert tech-
nique dans les négociations franco-belges
aui vont s'ouvrir Bruxelles.
Après un déjeuner cordial au restaurant
de l'Association, la délégation, escortée
d'un certain nombre d'étudiants parisiens,
s'est rendue vers trois heures à d'Arc de
Triomphe.
Elite y a été reçue par M. E. Berteaux,
représentant M. Léon Bérard.
;M. Germain Raess a déposé sur la tombe
du soldat inconnu la palme que la délé-
gation apportait et dans une très oourte
allocution a remercié le ministre de l'Ins-
truction publique et les étudiants de Paria
de 'l'accueil fait aux délégués de la Jeu-
nesse universitaire de Strasbourg.
A cinq heures, un punch a été offert, au
siège d-p l'Association.
TROIS NOUVEAUX MARECHAUX:
Fayolle, Franchet d'Esperey, Lyautey
De gauche à droite, les maréchaux Fayotte, Lyautey et Franchet d'Esperey
Les généraux Fayolle, Franchet d'Espe-
rey et Lyautey sont nommés maréchaux
de France.
La nouvelle de cette triple promotion,
qui circulait depuis quelques semaines
déjà, dans tes milieux militaires, a été
communiquée officiellement, hier, à l'issue
du conseil des ministres.
La promotion des généraux Fayolle,
Franchet d'Esperey et Lyautey sera parti-
culièrement bien accueillie dans tous. ies
milieux. Les trois grands chefs reçoivent la
suprême récompense due aux éminents
services qu'ils ont rendus au pays.
Fayolle, c'est le soldat patient, calme, le
stratège savant qui, aux jours les plus
sombres de la guerre, ne désespéra jamais;
le grand chef qui, alors que les Allemands
pouvaient croire que la rupture du front
était accomplie et que les armées fran-
çaise et britannique étaient séparées, sut
prendre toutes les dispositions qui facili-
tèrent le regroupement des forces alliées
et préparèrent ainsi la victoire.
Franchet d'Esperey, c'est le général
hardi qu'aucune difficulté n'arrêta jamais,
c'est le vainqueur du château de Monde-
ment, et c'est aussi, et surtout, le grand
vainqueur de Serbie. C'est lui qui, dans
des circonstances défavorables, n'hésita
pas à déclancher la merveilleuse offensive
des armées d'Orient, offensive qui aurait
conduit nos troupes à Vienne si 1 armistice
n'était venu arrêter leur marche victo-
rieuse.
Lyautey, c'est le grand administrateur, le
grand pacificateur du Maroc grâce à lui,
la France a pu conserver le Maroc. La
guerre déclarée, le gouvernement songeait
a évacuer t notre» grande colonie africaine,
le général Lyautey prit sur lui d'y main-
tenir notre autorité. Il renvoya dans la mé-
tropole. comme il lui était demandé, toutes
les troupes de l'armée active qu'il rem-
plaça par des territoriaux et, avec ceux-ci,
assura la garde du Maroc et sa conserva-
tion à la France. C'est son grand titre à la
reconnaissance du pays. Le général Lyau-
tey dut, pour mener son œuvre à bien,
déjouer les intrigues que les Allemands
ourdissaient sans cesse contre nous parmi
les tribus arabes. Tout en s'adonnant à
cette oeuvre, il s'efforça de mettre en
valeur le Maroc, et, en pleine guerre, il
ouvrait à Casablanca une exposition qui fut
un grand succès.
Les trois rapports de M. Barthou
Les décrets nommant les trois nouveaux
maréchaux paraissent ce matin au Journal
officiel. Ils, sont précédés des rapports que
le ministrè de la Guerre a adressés au
Président de la RépuMiique
1° La. haute situation morale que le général
Fayolle tient de l'importance de son rôle pen-
dant la guerre a été déjà consacrée exception-
nellement par la loi du 29 février 1920 qui a
replacé, sans limite d'âg*, cet officier général
dans la première section du cadre de l'état-
major général de l'armée. Le conseil des mi-
nistres a pensé que le pays devait témoigner
d'une façon plans éclatante sa reconnaissance au
grand soldat, qui a été partout et toujours égal
à son rôle et à son devoir. La carrière de
guerre du général Fayolle a été résumée le
21 octobre 1919 dans la décision qui lui a con-
féré la médaille militaire
a Merveilleux soldat, qui depuis 1914 n'a pas
cesser de lutter contre l'ennemi. En 1918, l'a
saisi à la gorge et a pris une.part prépondé-
rante à la victoire. A dirigé les opérations de
ses armées avec une sûreté de jugement, uno
décision et un sens des réalités incomparables.
A les plus beaux titres It la reconnaissance du
pay,s. »
Cette citation ne peut avoir son plein effet
que si le général Fayolle reçoit, après l'avoir
si brillamment méritée, la plus haute des dis-
tinctions militaires.
2° Le Conseil des ministres a cru traduire
les vœux de l'armée et du pays, en vous pro-'
posant de conférer au général Franchet d'Espe-
rey, qui a été l'un des plus énergiques arti-
sans de la virtoire définitive, la dignité de
maréchal de France. Après avoir résisté, au len-
demain de Gharleroi, à da pression ennemie,
cet officier général, commandant de la 5e armée
à La bataiilile de la Marne, établissait sa haute,
réputation de, cîieJt par te libération de la. ville
de Reims; désormals inviolée. En 1918, le nom
du général Fnanohet d!Esperey devait revètir
encore plus d'état. Commandant en chef en
Orient, H remportait, en septembre, les grandes
victoires de Macédoine qui, par la première
capitulation de l'ennemi, précipitaient le sort
des armes en faveur de la France et de ses
aâiiés. En attendant que l'Histoire donne à son
rôle toute son importance, le chef vainqueur
en Orient mérite sa place d'honneur auprès des
autres maréchaux de France vainqueurs sur
les théâtres d'Oooident.
En maintenant, par lo tWcret du 29 octo-
bre 1919, le général de division Lyautey en aiv
ttvité hors cadre, l'un de vos .prédécesseurs con-
sacrait, au nom du pays, les services éclatante
.et continus rendus par cet officier général. Il
lui donnait en même temps ûa possibilité de
mener à bien l'œuvre de pacification et d'orga-
ntsation que, nommé dans une heure tragique,
il avait si heureusement poursuivie. Le général
Lyautev n'a pas cessé depuis de justifier cette
confiance. Ses incomparables qualités de chef,
déployées au milieu des plus grandes difficultés,
son sens de l'action, son autorité, sa méthode
et ses succès ont fait de lui un des meilleurs
artisans de la gloire française. Il a gagné, dans
tous les domaines, la bataille du Maroc, qu'il 'a
conservé la France et à la civilisation. Le
conseil des ministres ia estimé que ces titres
exceptionnels dwatent lui valoir la plus haute
•dignité militaire.
Pourquoi six maréchaux ?
Pourquoi n'a-t-on nommé que trois
maréchaux ?
Le public qui connaît les éminents ser-
vices rendus par d'autres -grands soldats
qui ne sont pas au nombre des nouveaux
maréchaux, les généraux de Castalnau,
Sarrail, Maistre, pour ne citer que ces
trois se demande si une nouvelle pro-
motion ne viendra pas bientôt, consacrer
leurs services.
Le ministre de la Guerre, à qui la ques-
tion a été poséc hier, s'est borné à répondre
qu'on ne pouvait pas faire de plus nom-
breuses nominations. Quelles sont les con-
sidérations qui ont prévalu dans cette dé-
cision ? A-t-on voulu m conformer aux
termes de l'ordonnance du 4 août 1839
fixant le nombre des maréchaux à six en
temps de paix et à douze en temps de
guerre ? On pourrait le croire, puisque les
trois nouvelles nominations portent à six
le nombre des maréchaux, et que nous som-
mes en temps de paix.
L'ordonnance dû 4 août 1839 resta en vi-
gueur jusqu'en 1870. Après 1870, il ne fut
plus fait de nominations de maréchaux.
La dignité de maréchal fut 'considérée
,iusqu'au 21 février 1793, date où elle fut
supprimée par la Convention, comme un
grade conférant autorité, tout en revêtant
le caractère d'une récompense nationale.
Suivant une tradition qui n'est mentionnée
dans aucun texte de loi, il fallait, pour être
maréchal, avoir gagné deux batailles ou
pris deux places fortes.
Sous le Premier Empire, le nomrbre des
maréchaux était de 16, non compris les
maréchaux-sénateurs (sénatus consulte du
18 floréal, an XII, 18 mai 1804). Il fut suc-
cessivement de 12 sous la Restauration et
de 14 sous la monarchie de Juillet (ordon-
nance du 30 juillet 1831).
Une interpellation
M. Ambroise Rendu, député de la Haute-
Garonne, vient d'adresser la lettre sui-
vante à M. Barthou, ministre de la Guerre
Le gouvernement vient de nommer trois
nouveaux maréchaux la France applaudit à
cette juste récompense qui couronne la car-
rière de trois glorieux soldats. Mais un nom,
gravé dans le coeur et dans la mémoire de tous
les Français, a été encore une fois aubllé, et
la France est trop généreuse pour supporter
une injustice.
J'aurai hhonneur de vous interpeller pour
vous demander les raisons qui ont empêché le
ministre de la Guerre de proposer le général
de Curières de Casteln&u à la dignité de ma-
réohal de France.
Veuillez, etc.
Le roman du square La Bruyère
L'affaire Bessarabo se corse enfin et prend
tournure. Le crime du square La-Bruyère, qui,
jusqu'ici, était sans grand caractère, devient un
crime bien parisien et fort habilement charpenté.
Son succès, aux assises, paraît déjà assuré. Si
les répétitions sont maintenant vigoureusement
menées, si'la mise en scène n'est pas négligée,
ça peut être un véritable triomphe.
La distinguée principale accusée, Mme Héra
Myrtel, à qui l'on doit déjà de beaux livres en-
flammés, nous donne un nouveau roman appelé
à faire sensation. On ne peut pas dire, à cause
de l'infortuné M. Bessarabo, que c'est un roman
bien vivant, mais c'est une oeuvre d'imagination
remarquable. Le recueillement cellulaire est fort
propice aux travaux littéraires.- Toutes nos
femmes de lettres tourmentées par la trépidante
vie de Paris rêveront d'une douce retraite à
Saint-Lazare. Là, au moins, on peut travailler.
Donc, le crime du square La-Bruyère n'est
plus un vulgaire assassinat. OR peut se deman-
der même s'il y a encore un assassinat. Il
n'est certes pas douteux que le pauvre M. Bes-
sarabo demeure défunt. Il semble également
.démontré qu'il- a effectué après sa mort, au fond
d'une malle-chapelière, un étrange et inutile
voyage sur le réseau des chemins de fer de
l'Est. Mais il ne convient pas de s'arrêter à ces
quelques menus détails qui ne sont pas litté-
téraires. La personnalité de M. Bessarabo n'est
qu'accessoire dans l'affaire Bessarabo.
La véritable affaire Bessarabo c'est un
mystère. Enfin Ce mystère, reconnaissez-le,
nous l'attendions avec presque Qt l'impatience.
Nous l'avons enfin, et il est ténébreux à sou-
hait.
Il y a le Mystère et il y a la Fatalité. C'est
comme dans les pièces antiques si chères
MM. Silvain et Jaubert.- Cest du Sophocle ou
de l'Eschyle.
L'aimable inculpée s'exprime, devant le juge
qui est le pauvre M. Bonin, l'insëparable de
Landru à la fois comme une voyante extra-
lucide et comme une sociétaire de la Comédie-
Française dans la « grande scène du deux. »
Qui a tué M. Bessarabo ?. demande
M. Bonin, qui n'est vraiment pas discret..
Fatalité Fatalité répond Mme Bessa-
rabo-Héra Myrte!, avec l'accent de Mlle Made-
leine Roch. Ce n'est pas à moi « à trouver
Vautre Il.
« L'autre ». Il y a « l'autre ». Ça devient
rudement intéressant.
Qui a mis M. Bessarabo dans la malle ?.
interroge M. Bonin, qui est prosaïque et qui,
décidément, manque de tact.
J'ai un très grand sang-froid. répond
Mme Bessarabo. J'ai traversé huit fois l'Océan
an milieu des torpilles. J'ai vu le. canon dans
les révolutions du Mexique. Si j'avais tué
mon mari, je l'aurais jeté dans la mer à marée
basse.
On ne sait pas'pourquoi, du reste. C'est le
mystère. C'est la Fatalité. Et c'est « t'Autre ».
C'est toujours « l'Autre » qui a tué.
Nous n'avons plus qu'à suivre, avec intérêt,
le grand roman du square La-Bruyère. Peut-
être apprend:rons-nous que M. Bessarabo s'est
emballé lui-même, afin de faire une enquête
jur. la crifie deî transports. Mowict Prax.
S. M. YVONNE BÉCLU
Reine des reines
de Paris
Ses demoiselles d'honneur élues sont
Miles Raymonde Noyet, reine du 7m«,
et Suzanne Katin, reine du 20™
Paris reste traditionnaliste. Il le ftt bien
voir hier, où l'on disait,, à la salle des
Fêtes de la mairie du 4' arrondissement,
la Reine des Reines. L'assistance était in-
ihimbrable. On s'écrasait dans le vaste hall;
on s'empilait jusque dans les couloirs. Gon-
fundus, sans souci du 'protocole, on remar-
quait aux premiers rangs de l' assistant
MM. Aubanel, secrétaire 'générad de- la pré-
fecture de la Seine Gay, président du
conserl général André de Fnuquières
Mlle Luci'.e Bataille. l'élue de la reine
des forains !rs reines d'arrondissements.
loutps gracieuses à souhait et légèrement
intimidées les membres du comité des
fêtes, .etc., etc.
Après un brillant concert, on procéda au
scrutin. Deux tours furent nécessaires et,
au milieu du plus charmant émoi, de bra-
vos enthousiastes, fut proclamée la Reine
des'Reines Mlle Yvonne Béclu, une gra-
cieuse jeune fille brune de vingt et un ans,
sténo-dactylographe à l'Hôtel de Ville, où
elle est. la secrétaire de ,M. Clàirgeon. Mlle
Néelu avait, été précédemment choisie par
le 13, arrondissement.
̃D'aim&bles discours furent prononcés,
puis la souveraine.reçut l'éoharpe aux cou-
leurs de la Ville. Ses demoiselles d'honneur
seront Mlle Raymonde Noyet, âgée de
.vingt ans,. vérificatrice-comptable au mi-
nistêre des Régions libérées, déjà élue par
Mlle Yvonne Béclu
Mlle Suzanne Hahn et Mlle Raymonde Noyot
(Clichés Sartohy.)
le 7' arrondissement, et Mlle Suzanne Kahn,
dix-ihuit ans, couturière, reine du 20" ar-
rondissement.
Un bal très animé termina la réunion.
La municipalité du 19' arrondissement
recevra ce soir .toutes les reines.
Quant à Mlle Béclu, elle effectuera les
5, 6 et 7 mars son premier voyage à l'étran-
ger elle est invitée, en effet, aux fêtes du
carnaval de Mons, en* Belgique.
L'Académie française
était dûment invitée
à la cérémonie inaugurale
de l'Académie belge
nous déclare 3VI. I>©sstrée>
CE QUE RÉPOND mTfREDERIG MASSON
Bruxelles, 19 février (dép. Petit Parisien.)
Il n'y avait point, de délégués de l'Aca-
démie française à la cérémonie d'inaugu-»
ration de l'Académie belge. On l'a constaté
avec amertume. Les journaux avaient
annoncé que la nouvelle .compagnie invi-
terait l'ancienne à assister à ses premiers
pas, et tout le monde avait considéré cette
invitation comme si naturelle que, mardi
dernier, on s'est étonné de ne pas aperoe-
voir un habit vert au premier rang des
assistants. Que s'est-il passé ? L'Académie
française avait-elle été invitée avec toutes
les formes désirables ? Avait-elle, avec la
susceptibilité des vieilles et nobles dames,
exigé trop d'égards de la part d'une jeu-
nesse sans expérience ? C'est ce que l'on
paraît croire dans certains milieux. Nous
ayons cru que nul ne pouvait mieux nous
renseigner que M. Jules Destrée, ministre
des Sciihces et des Arts.
L'Académie française, nous a-t-il dit, a été
lnvitée aussi officiellement que possible. Etant
de passage Paris, j'ai pris soan de rappeler
cette invitation par une lettre. personnelle il
M. le secrétaire perpétuel. Je m'offrais de me
rendre chez lui pour lui expliquer les raisons
qui me paraissaient justifler la présence d'une
délégation de l'Académie française à Bruxelles.
Au cours d'une visite que J'ai faite à M. Bar-
thou, directeur de l'Académie, j'ai en l'occa-
sion de lui exposer oes raisons, qui ont paru
être parfaitement comprises pa,r lui et J'ai
trouvé chez lui le plus sympathique accueil.
J'avais à peine quitté M. Barthou qu'en ren-
trant, à mon hôtel j'ai trouvé la réponse de
M. Frédéric Masson et qui me donnait les mo-
tifs de l'abstention de l'Aoadémie.
Je n'ai pas cru devoir communiquer cett4
pour le 20 février 1921
REGION PARISIENNE
Vent modéré des régions
ïîord-est. Temps beau ciel
brumeux le matin, dégagé
.dans la jonrnée. Même tem-
pérature. Nuit 0°. Jour
+10°.
EN FRANCE
Beau temps général par
ciel pur ou peu nuageux,
vent modéré des régions
nord-est, et température frai-
ohe la nuit et douce le jour.
ÉDITION DE PARIS
cent LE PLUS FORT TIRAGE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER;! *̃* 6 pages
DIMANCHE
20
FÉVRIER
Rsmioiscor*
SOLEIL 6 h. 52; oouoh. fi h. 17
LUNE:,pleine le 22; dom. qu. le 1
460ANNÉE N° 16.063
COMMENT LE DESARROI DES CHANGES
aggrave la crise économique mondiale
L'IDEE D'UNE SOLUTION FINANCIERE INTERNATIONALE PROGRESSE
Les grandes nations de l'Entente s'ef-
forcent, depuis le retour de la paix, de
remettre de l'ordre dans leur existence
troublée profondément par la guerre.
Elles agissent pour améliorer l'état de
tours finances c'est là le problème in-
térieur. Elles essayent de rétablir les
transactions commerciales internatio-
pales qui sont, encore aujourd'hui, très
entravées, particulièrement par des bou-
leversements monétaires. C'est là le pro-
blème extérieur et c'est celui qui nous
firéoccupe ici. Que voyons-nous en ef-
et ? Industriels et commerçants consta-
tent un désarroi caractérisé dans les éva-
jtuations des monnaies des différents
pays et leurs variations de prix portent
une atteinte grave aux relations néces-
saires pour la bonne économie des na-
jtions.
Cette atteinte est d'autant plus nuisi-
ble, à certains éeards, que, depuis de
nombreuses annees, l'interdépendance
commerciale et industrielle des pays
p'est toujours accentuée. Ils se trouvent
dans un tel. enchevêtrement d'intérêts
économiques que les primes très élevées
kle quelques monnaies, par rapport aux
autres, constituent, à certains moments,
pour le commerce, un mur presque in-
franchissable.
La dislocation des changes est, à vrai
idire, un des facteurs les plus importants
!de la stagnation néfaste des affaires, qui
6e manifeste un peu partout.
C'est le sens de la marche des opéra-
tions du commerce et de l'industrie qui
XL produit cette situation les opérations
se' sont déroulées, en effet, de telle sorte
que les Etats-Unis, détenant les riches-
ses les plus utiles pour conduire vigou-
reusement la guerre, ont pu très légiti-
jnement les vendre à large bénéfice,
avant leur entré? dans le contlit ils ont
pu se renforcer par ces profits si abon-
dants et, peu à peu, par les avances de
leur Trésorerie soit à la Grande-Breta-
gne soit à la France, ils sont devenus
jes grands créanciers du monde.
Cette situation de grands créanciers
permet de penser que c'est à New-York,
principalement, que peut être dé-
nouée une partie des difficultés écono-
miques et financières cette situation
)donne à la monnaie américaine une pri-
tne due, non seulement aux sommes im-
portantes que les Etats-Unis ont prêtées,
mais aussi, il faut l'ajouter, aux émis-
sions démesurées de papiers fiduciaires
qui ont été, surtout en Europe, une con-
séquence, impossible à éviter, de la
guerre.
Bien que la Grande-Bretagne ait pris
tes armes dès les premiers jours du con-
flirt, elle se trouve, à l'égard de la plupart
ides pavs européens, dans une situation
comparable à celle des Etats-Unis, car
elle n'a commencé à donner le plein de
ses forces qu'en 1916.
Indépendamment des causes d'ordre
purement économique qui ont détérioré
.certaines monnaies, le facteur moral est
apparu normalement pour apprécier la
valeur du crédit des Etats.
L'intérêt des nations créancières
Le remède n'est donc pas simplement
tlans une amélioration des affaires d'or-
dre commercial et industriel, la question
est plus large et plus haute.
Il ne faut pas oublier que si les gran-
des nations de l'Entente ont pu, par leur
accord, éteindre l'ince ndie effroyable qui
B'était allumé en 1914, il a laissé une
situation économique si troublée que
l'accord de ces puissances paraît indis-
pensable pour remédier à un pareil état
ide choses.
N'y a-t-i'l pas, même pour les nations
créancières, un devoir et un intérêt à
s'en occuper activement ?
Il ne s'agit pas aujourd'hui, comme
t'Europe l'a fait au dernier siècle, pour
assurer le développement des Etats
américains, de créer, de développer,
mais de relever l'énergie de ceux qui
sont en jeu ne s'est-elle pas toujours so-
lidement affirmée depuis six ans ?
Ne devrait-il donc pas exister entre
tous les éléments de la population amé-
ricaine une étroite coopération, non seu-
lement pour assurer la prospérité géné-
rale de leur pays, mais encore pour ve-
toir en aide aux populations éprouvées
par la guerre ?
L'opinion publique de la France n'est
pas seule à la demander il y a eu, dès
la fin de la guerre, un effart dans ce sens
eux Etats-Unis certaines maisons amé-
ricaines préconisèrent alors l'élabora-
tion de quelques plans de large enver-
gure pour concéder des crédits à l'Eu-
rope, afin qu'elle soit en mesure, en ré-
parant rapidement les dévastations de
l'ennemi commun, de reprendre une
pleine activité nécessaire' à la vie de
tous les peuples.
Des banques, situées au premier plan,
faisaient appel, en même temps, aux
producteurs de denrées alimentaires,.
aux commerçants, aux industriels, aux
chefs des classes ouvrières, aux hom-
mes de finances, pour qu'ils se missent
(l'accord sur un programme pratique en
yue de rétablir l'équilibre économique
Ïdu monde.
Ainsi, au mois de juin 1919, des ban-
quiers se réunirent successivement à
iNew-York, à Chicago et à Washington,
où ils se sont évertués à orienter l'opi-
nion publique dans les milieux indus-
triels et officiels vers la nécessité de
créer une vaste organisation avec l'ap-
pui, au moins officieux, du gouverne-
mént américain.
Certaines maisons souhaitaient de fa-
voriser des avances aux, pays européens
par des émissions de valeurs mobilières
qui seraient absorbées par l'épargne
américaine.
Toutes les tentatives de ce genre se
sont heurtées à des difficultés presque
insurmontables, certains financiers ne
voulant pas acquérir de valeurs euro-
péennes, considérées par eux comme
trop aléatoires.
Vers la solution
Les idées les meilleures font leur che-
min, et bien qu'il y ait encore beau-
coup à faire, un revirement d'opinion se
produit depuis cette époque un impor-
tant journal de l'Ouest-Centre, en effet,
accuse les financiers américains de
manquer de prévoyance et de largeur de
vue en n'ayant rien fait pour subvenir
aux besoins de crédits de l'Europe.
Si nos hommes de finances avaient
» prévu la nécessité de venir en aide
» aux populations des régions dévastées
de l'Europe s'ils avaient fait leur
» possible pour rétablir l'activité indus-
» trie lie de l'autre côté de l'Atlantique
» s'ils avaient compris que, pendant la
» période de reconstruction, notre pays
» devrait jouer un rôle aussi important
que pendant la guerre, l'Europe serait
» maintenant à même de rembourser
nos frais en achetant nos produits.
» De cette façon, la grande stagnation
» qui règne actuellement dans notre vie
» agricole, industrielle et commerciale,
aurait pu être évitée. »
Bien que cette pensée soit trop opti-
miste, il ne faut pas perdre tout espoir
dans une amélioration des dispositions
d'une opinion peu favorable jusqu'à
présent. Personne n'ignore que la baisse
des prix, si utile pour .le consommateur,
a commencé de l'autre côté de l'Atlan-
tique, par suite de l'accumulation des
stocks elle a produit de lourdes diffl-
cultés qui retiennent aujourd'hui l'at-
tention de l'Amérique sur des problè-
mes qui nous intéressent au plus haut
point.
Autant que les statistiques permettent
d'apprécier des nombres aussi difficiles
à etablir, deux millions d'ouvriers se-
raient en chômage aux Etats-Unis, tan-
dis qu'en Grande-Bretagne, le nombre
des, sans-travail est de ,plus de 800.0QO;.
la décision ppise par le gouvernement de
réduire les heures de travail dans les en-
treprises de l'Etat soulève une opposi-
tion générale. Enfin, un des rares pays
du continent européen dont la monnaie
fait prime, la Suisse, subit un chômage
qui prend des proportions inquiétantes.
Souhaitons qu'un courant d'opinion
favorable se développe certaines mai-
sons américaines, en s'efforçant de pla-
cer des fonds européens, ont réussi par-
fois, mais pour de faibles sommes si
ces opérations pouvaient être plus im-
portantes, il y aurait possibilité, ainsi,
de rendre un pouvoir d'achat à certains
pays et d'éviter les cascades de prix des
marchandises, toujours si dangereuses
pour l'industrie.
Mais ces méthodes sont insuffisantes
il faut envisager des opérations beau-
coup plus larges personne, du reste,
ne peut s'attendre à éliminer par des
moyena ordinaires pareil désarroi cau-
sé par une guerre si lourde de consé-
quences. La tribune des Parlements, la
presse ont entendu, maintes fois, depuis
un an, des solutions. Il faut étudier cou-
rageusement les modalités possibles d'un
emprunt international à réaliser d'un
commun accord, entre nations aujour-
d'hui réunies par une communauté d'in-
térêts dans la crise économique mon-
diale elles ne doivent pas oublier, en
même temps, à côté de leurs intérêts, un
certain esprit de justice.
XXX.
LES ÉTUDIANTS STRASBOURGEOIS A LA TOMBE DU POILU INCONNU
Une délégation d'étudiants strasbour-
geois, venue à Paris pour déposer une
palme. sur la tombe du poilu inconnu, est
arrivée hier matin. Elle comprend une
dizaine de jeunes gens, appartenant aux
diverses facultés, et que conduit M. Ger-
main Raess, président de d'association des
étudiants en pharmacie. Parmi les délé-
gués, l'abbé Ham représente la faculté de
théologie.
Fn gare de l'Est, les étudiants strasbour-
geois ont été reçus par les représentants
de l'A. G. MM. Albucher, président Marié,
secrétaire général, ainsi que par M. Pillier,
président de l'association des étudiants en
pharmacie.
iL Gemaln Ra«rs
Les accords
franco-polonais
sont conclus
Hier soir, à huit heures, -NI. Briand a pu
annoncer, aux représentais de la presse,
que les accords- franco-polonais étaient
conclus.
Bien que le texte officiel de ces accords
ne soit pas encore divulgué, nous croyons
savoir que ces accords sont au nombre de
trois.
1'* Accord politique. Le principal de
ces accords est un développement de la
déclaration publiée par les deux gouver-
nements à l'issue de la visite du maréchal
Pilsudslti et qui était ainsi conçue
Les deux gouvernements de France et de
Pologne, également soucieux de sauvegar-
der leur sécurité et la paix de l'Europe, ont
reconnu, une fois de plus, la communauté
des intérêts qui unit les deux pays amis.
Ils ont été d'accord pour confirmer leur
volonté de coordonner leurs efforts et, dans
ce but, de maintenir étroitement leur con-
tact pour la défense de ces intérêts supé-
rieurs.
En conséquence, l'accord actuel enre-
gistre la résolution des deux pays de se
prêter assistance pour la sauvegarde des
traités signés en commun.
D'autre part, l'accord prévoit qu'au cas
où la Pologne serait attaquée par l'Ouest
ou par l'Est, ta Franco lui porterait secours
sous la forme de matériel et de techniciens,
à l'exclusion de tout envoi de troupes. La
Pologne s'engage, de son côté, à reeonstir
tuer la mission militaire français* m
donner à son armée une plus forte orga-'
nisation.
En d'autres termes, il s'agit simplement
de mettre au point la coopération militaire
eutre la France et la Pologne que les cir-
constances peuvent rendre nécessaire,
ainsi qu'il arriva l'été dernier, lors de la
marche de l'armée rouge sur Varsovie.
2° Accord éconamique qénéral. Cet
accord concerne les relations commerciales
franco-polonaises et règle les questions de
tarifs et d'échanges de produits.
3° Accorij sur les pétroles. Enfin le
troisième accord, relatif aux pétroles de
Galicie, prévoit la constitution d'entrepri-
ses franco-polonaises pour l'exploitation de
ces pétroles.
M. Briand part ce matin'
pour Londres
̃M. Aristide Briand quittera Paris ce
matin à 9 h. 40, se rendant à. Londres. Il
sera accompagné de MM. Berthelot, secré-
taire général des Affaires étrangères
Kammerer, sous-directeur d'Asie; docteur
Chatain, Carteron et Brugère, ohefs-ad-
joints du cabinet Massigli, secrétaire de
la conférence, et Chaste-net, attaché au se-
crétariat; Camerlynck, interprète du Con-
soil suprême.
M. Briand emm6ne avec îuî lé^géhasaK
Gouraud, haut commissaire en Syrie,
accompagné du colonel George et du com-
mandant de Canonge.
M. Loucheur. accompagné de MM. Sey-
doux et Ctfeysso.n, arrivera mardi.
Le maréchal Foch et le général Weygand
sont attendus au début de la semaine sui-
vante.
Les réunions préliminaires entre MM.
Briand. Lloyd George et le comte Sforza
auront lieu chez le Premier britannique et
se poursuivront, ainsi que nous l'annon-
cions, jusqu'à mardi.
La commission des finances de la Chambre
demande des améliorations aux accords de Paris
̃M. Maurice Maunoury a rendu compte, à
da commission des finances de la Chambre,
de la visite faite 'par lui au président du
Conseil avant son départ pour Londres.
La commission a pris connaissance d'une
note rédigée par -NI. Klotz, au nom de la
sous-commission chargée de suivre l'exé-
cution des traités de paix, deteinée à attirer
l'attention du président du Conseil sur les
améliorations *qu'il serait désirable d'ap-
porter aux récents accords de Paris.
cette note, adoptée par la commission, a
été immédiatement transmise au président
du ConseH.
LES NÉGOCIATIONS FRANCO-BELGES
M. Elbel, sous-directeur à la direction
des accords commerciaux, au ministère du
Commerce, a été désigné, d'accord entre le
ministère des Affaires étrangères et le mi-
nistère du Commerce, comme expert tech-
nique dans les négociations franco-belges
aui vont s'ouvrir Bruxelles.
Après un déjeuner cordial au restaurant
de l'Association, la délégation, escortée
d'un certain nombre d'étudiants parisiens,
s'est rendue vers trois heures à d'Arc de
Triomphe.
Elite y a été reçue par M. E. Berteaux,
représentant M. Léon Bérard.
;M. Germain Raess a déposé sur la tombe
du soldat inconnu la palme que la délé-
gation apportait et dans une très oourte
allocution a remercié le ministre de l'Ins-
truction publique et les étudiants de Paria
de 'l'accueil fait aux délégués de la Jeu-
nesse universitaire de Strasbourg.
A cinq heures, un punch a été offert, au
siège d-p l'Association.
TROIS NOUVEAUX MARECHAUX:
Fayolle, Franchet d'Esperey, Lyautey
De gauche à droite, les maréchaux Fayotte, Lyautey et Franchet d'Esperey
Les généraux Fayolle, Franchet d'Espe-
rey et Lyautey sont nommés maréchaux
de France.
La nouvelle de cette triple promotion,
qui circulait depuis quelques semaines
déjà, dans tes milieux militaires, a été
communiquée officiellement, hier, à l'issue
du conseil des ministres.
La promotion des généraux Fayolle,
Franchet d'Esperey et Lyautey sera parti-
culièrement bien accueillie dans tous. ies
milieux. Les trois grands chefs reçoivent la
suprême récompense due aux éminents
services qu'ils ont rendus au pays.
Fayolle, c'est le soldat patient, calme, le
stratège savant qui, aux jours les plus
sombres de la guerre, ne désespéra jamais;
le grand chef qui, alors que les Allemands
pouvaient croire que la rupture du front
était accomplie et que les armées fran-
çaise et britannique étaient séparées, sut
prendre toutes les dispositions qui facili-
tèrent le regroupement des forces alliées
et préparèrent ainsi la victoire.
Franchet d'Esperey, c'est le général
hardi qu'aucune difficulté n'arrêta jamais,
c'est le vainqueur du château de Monde-
ment, et c'est aussi, et surtout, le grand
vainqueur de Serbie. C'est lui qui, dans
des circonstances défavorables, n'hésita
pas à déclancher la merveilleuse offensive
des armées d'Orient, offensive qui aurait
conduit nos troupes à Vienne si 1 armistice
n'était venu arrêter leur marche victo-
rieuse.
Lyautey, c'est le grand administrateur, le
grand pacificateur du Maroc grâce à lui,
la France a pu conserver le Maroc. La
guerre déclarée, le gouvernement songeait
a évacuer t notre» grande colonie africaine,
le général Lyautey prit sur lui d'y main-
tenir notre autorité. Il renvoya dans la mé-
tropole. comme il lui était demandé, toutes
les troupes de l'armée active qu'il rem-
plaça par des territoriaux et, avec ceux-ci,
assura la garde du Maroc et sa conserva-
tion à la France. C'est son grand titre à la
reconnaissance du pays. Le général Lyau-
tey dut, pour mener son œuvre à bien,
déjouer les intrigues que les Allemands
ourdissaient sans cesse contre nous parmi
les tribus arabes. Tout en s'adonnant à
cette oeuvre, il s'efforça de mettre en
valeur le Maroc, et, en pleine guerre, il
ouvrait à Casablanca une exposition qui fut
un grand succès.
Les trois rapports de M. Barthou
Les décrets nommant les trois nouveaux
maréchaux paraissent ce matin au Journal
officiel. Ils, sont précédés des rapports que
le ministrè de la Guerre a adressés au
Président de la RépuMiique
1° La. haute situation morale que le général
Fayolle tient de l'importance de son rôle pen-
dant la guerre a été déjà consacrée exception-
nellement par la loi du 29 février 1920 qui a
replacé, sans limite d'âg*, cet officier général
dans la première section du cadre de l'état-
major général de l'armée. Le conseil des mi-
nistres a pensé que le pays devait témoigner
d'une façon plans éclatante sa reconnaissance au
grand soldat, qui a été partout et toujours égal
à son rôle et à son devoir. La carrière de
guerre du général Fayolle a été résumée le
21 octobre 1919 dans la décision qui lui a con-
féré la médaille militaire
a Merveilleux soldat, qui depuis 1914 n'a pas
cesser de lutter contre l'ennemi. En 1918, l'a
saisi à la gorge et a pris une.part prépondé-
rante à la victoire. A dirigé les opérations de
ses armées avec une sûreté de jugement, uno
décision et un sens des réalités incomparables.
A les plus beaux titres It la reconnaissance du
pay,s. »
Cette citation ne peut avoir son plein effet
que si le général Fayolle reçoit, après l'avoir
si brillamment méritée, la plus haute des dis-
tinctions militaires.
2° Le Conseil des ministres a cru traduire
les vœux de l'armée et du pays, en vous pro-'
posant de conférer au général Franchet d'Espe-
rey, qui a été l'un des plus énergiques arti-
sans de la virtoire définitive, la dignité de
maréchal de France. Après avoir résisté, au len-
demain de Gharleroi, à da pression ennemie,
cet officier général, commandant de la 5e armée
à La bataiilile de la Marne, établissait sa haute,
réputation de, cîieJt par te libération de la. ville
de Reims; désormals inviolée. En 1918, le nom
du général Fnanohet d!Esperey devait revètir
encore plus d'état. Commandant en chef en
Orient, H remportait, en septembre, les grandes
victoires de Macédoine qui, par la première
capitulation de l'ennemi, précipitaient le sort
des armes en faveur de la France et de ses
aâiiés. En attendant que l'Histoire donne à son
rôle toute son importance, le chef vainqueur
en Orient mérite sa place d'honneur auprès des
autres maréchaux de France vainqueurs sur
les théâtres d'Oooident.
En maintenant, par lo tWcret du 29 octo-
bre 1919, le général de division Lyautey en aiv
ttvité hors cadre, l'un de vos .prédécesseurs con-
sacrait, au nom du pays, les services éclatante
.et continus rendus par cet officier général. Il
lui donnait en même temps ûa possibilité de
mener à bien l'œuvre de pacification et d'orga-
ntsation que, nommé dans une heure tragique,
il avait si heureusement poursuivie. Le général
Lyautev n'a pas cessé depuis de justifier cette
confiance. Ses incomparables qualités de chef,
déployées au milieu des plus grandes difficultés,
son sens de l'action, son autorité, sa méthode
et ses succès ont fait de lui un des meilleurs
artisans de la gloire française. Il a gagné, dans
tous les domaines, la bataille du Maroc, qu'il 'a
conservé la France et à la civilisation. Le
conseil des ministres ia estimé que ces titres
exceptionnels dwatent lui valoir la plus haute
•dignité militaire.
Pourquoi six maréchaux ?
Pourquoi n'a-t-on nommé que trois
maréchaux ?
Le public qui connaît les éminents ser-
vices rendus par d'autres -grands soldats
qui ne sont pas au nombre des nouveaux
maréchaux, les généraux de Castalnau,
Sarrail, Maistre, pour ne citer que ces
trois se demande si une nouvelle pro-
motion ne viendra pas bientôt, consacrer
leurs services.
Le ministre de la Guerre, à qui la ques-
tion a été poséc hier, s'est borné à répondre
qu'on ne pouvait pas faire de plus nom-
breuses nominations. Quelles sont les con-
sidérations qui ont prévalu dans cette dé-
cision ? A-t-on voulu m conformer aux
termes de l'ordonnance du 4 août 1839
fixant le nombre des maréchaux à six en
temps de paix et à douze en temps de
guerre ? On pourrait le croire, puisque les
trois nouvelles nominations portent à six
le nombre des maréchaux, et que nous som-
mes en temps de paix.
L'ordonnance dû 4 août 1839 resta en vi-
gueur jusqu'en 1870. Après 1870, il ne fut
plus fait de nominations de maréchaux.
La dignité de maréchal fut 'considérée
,iusqu'au 21 février 1793, date où elle fut
supprimée par la Convention, comme un
grade conférant autorité, tout en revêtant
le caractère d'une récompense nationale.
Suivant une tradition qui n'est mentionnée
dans aucun texte de loi, il fallait, pour être
maréchal, avoir gagné deux batailles ou
pris deux places fortes.
Sous le Premier Empire, le nomrbre des
maréchaux était de 16, non compris les
maréchaux-sénateurs (sénatus consulte du
18 floréal, an XII, 18 mai 1804). Il fut suc-
cessivement de 12 sous la Restauration et
de 14 sous la monarchie de Juillet (ordon-
nance du 30 juillet 1831).
Une interpellation
M. Ambroise Rendu, député de la Haute-
Garonne, vient d'adresser la lettre sui-
vante à M. Barthou, ministre de la Guerre
Le gouvernement vient de nommer trois
nouveaux maréchaux la France applaudit à
cette juste récompense qui couronne la car-
rière de trois glorieux soldats. Mais un nom,
gravé dans le coeur et dans la mémoire de tous
les Français, a été encore une fois aubllé, et
la France est trop généreuse pour supporter
une injustice.
J'aurai hhonneur de vous interpeller pour
vous demander les raisons qui ont empêché le
ministre de la Guerre de proposer le général
de Curières de Casteln&u à la dignité de ma-
réohal de France.
Veuillez, etc.
Le roman du square La Bruyère
L'affaire Bessarabo se corse enfin et prend
tournure. Le crime du square La-Bruyère, qui,
jusqu'ici, était sans grand caractère, devient un
crime bien parisien et fort habilement charpenté.
Son succès, aux assises, paraît déjà assuré. Si
les répétitions sont maintenant vigoureusement
menées, si'la mise en scène n'est pas négligée,
ça peut être un véritable triomphe.
La distinguée principale accusée, Mme Héra
Myrtel, à qui l'on doit déjà de beaux livres en-
flammés, nous donne un nouveau roman appelé
à faire sensation. On ne peut pas dire, à cause
de l'infortuné M. Bessarabo, que c'est un roman
bien vivant, mais c'est une oeuvre d'imagination
remarquable. Le recueillement cellulaire est fort
propice aux travaux littéraires.- Toutes nos
femmes de lettres tourmentées par la trépidante
vie de Paris rêveront d'une douce retraite à
Saint-Lazare. Là, au moins, on peut travailler.
Donc, le crime du square La-Bruyère n'est
plus un vulgaire assassinat. OR peut se deman-
der même s'il y a encore un assassinat. Il
n'est certes pas douteux que le pauvre M. Bes-
sarabo demeure défunt. Il semble également
.démontré qu'il- a effectué après sa mort, au fond
d'une malle-chapelière, un étrange et inutile
voyage sur le réseau des chemins de fer de
l'Est. Mais il ne convient pas de s'arrêter à ces
quelques menus détails qui ne sont pas litté-
téraires. La personnalité de M. Bessarabo n'est
qu'accessoire dans l'affaire Bessarabo.
La véritable affaire Bessarabo c'est un
mystère. Enfin Ce mystère, reconnaissez-le,
nous l'attendions avec presque Qt l'impatience.
Nous l'avons enfin, et il est ténébreux à sou-
hait.
Il y a le Mystère et il y a la Fatalité. C'est
comme dans les pièces antiques si chères
MM. Silvain et Jaubert.- Cest du Sophocle ou
de l'Eschyle.
L'aimable inculpée s'exprime, devant le juge
qui est le pauvre M. Bonin, l'insëparable de
Landru à la fois comme une voyante extra-
lucide et comme une sociétaire de la Comédie-
Française dans la « grande scène du deux. »
Qui a tué M. Bessarabo ?. demande
M. Bonin, qui n'est vraiment pas discret..
Fatalité Fatalité répond Mme Bessa-
rabo-Héra Myrte!, avec l'accent de Mlle Made-
leine Roch. Ce n'est pas à moi « à trouver
Vautre Il.
« L'autre ». Il y a « l'autre ». Ça devient
rudement intéressant.
Qui a mis M. Bessarabo dans la malle ?.
interroge M. Bonin, qui est prosaïque et qui,
décidément, manque de tact.
J'ai un très grand sang-froid. répond
Mme Bessarabo. J'ai traversé huit fois l'Océan
an milieu des torpilles. J'ai vu le. canon dans
les révolutions du Mexique. Si j'avais tué
mon mari, je l'aurais jeté dans la mer à marée
basse.
On ne sait pas'pourquoi, du reste. C'est le
mystère. C'est la Fatalité. Et c'est « t'Autre ».
C'est toujours « l'Autre » qui a tué.
Nous n'avons plus qu'à suivre, avec intérêt,
le grand roman du square La-Bruyère. Peut-
être apprend:rons-nous que M. Bessarabo s'est
emballé lui-même, afin de faire une enquête
jur. la crifie deî transports. Mowict Prax.
S. M. YVONNE BÉCLU
Reine des reines
de Paris
Ses demoiselles d'honneur élues sont
Miles Raymonde Noyet, reine du 7m«,
et Suzanne Katin, reine du 20™
Paris reste traditionnaliste. Il le ftt bien
voir hier, où l'on disait,, à la salle des
Fêtes de la mairie du 4' arrondissement,
la Reine des Reines. L'assistance était in-
ihimbrable. On s'écrasait dans le vaste hall;
on s'empilait jusque dans les couloirs. Gon-
fundus, sans souci du 'protocole, on remar-
quait aux premiers rangs de l' assistant
MM. Aubanel, secrétaire 'générad de- la pré-
fecture de la Seine Gay, président du
conserl général André de Fnuquières
Mlle Luci'.e Bataille. l'élue de la reine
des forains !rs reines d'arrondissements.
loutps gracieuses à souhait et légèrement
intimidées les membres du comité des
fêtes, .etc., etc.
Après un brillant concert, on procéda au
scrutin. Deux tours furent nécessaires et,
au milieu du plus charmant émoi, de bra-
vos enthousiastes, fut proclamée la Reine
des'Reines Mlle Yvonne Béclu, une gra-
cieuse jeune fille brune de vingt et un ans,
sténo-dactylographe à l'Hôtel de Ville, où
elle est. la secrétaire de ,M. Clàirgeon. Mlle
Néelu avait, été précédemment choisie par
le 13, arrondissement.
̃D'aim&bles discours furent prononcés,
puis la souveraine.reçut l'éoharpe aux cou-
leurs de la Ville. Ses demoiselles d'honneur
seront Mlle Raymonde Noyet, âgée de
.vingt ans,. vérificatrice-comptable au mi-
nistêre des Régions libérées, déjà élue par
Mlle Yvonne Béclu
Mlle Suzanne Hahn et Mlle Raymonde Noyot
(Clichés Sartohy.)
le 7' arrondissement, et Mlle Suzanne Kahn,
dix-ihuit ans, couturière, reine du 20" ar-
rondissement.
Un bal très animé termina la réunion.
La municipalité du 19' arrondissement
recevra ce soir .toutes les reines.
Quant à Mlle Béclu, elle effectuera les
5, 6 et 7 mars son premier voyage à l'étran-
ger elle est invitée, en effet, aux fêtes du
carnaval de Mons, en* Belgique.
L'Académie française
était dûment invitée
à la cérémonie inaugurale
de l'Académie belge
nous déclare 3VI. I>©sstrée>
CE QUE RÉPOND mTfREDERIG MASSON
Bruxelles, 19 février (dép. Petit Parisien.)
Il n'y avait point, de délégués de l'Aca-
démie française à la cérémonie d'inaugu-»
ration de l'Académie belge. On l'a constaté
avec amertume. Les journaux avaient
annoncé que la nouvelle .compagnie invi-
terait l'ancienne à assister à ses premiers
pas, et tout le monde avait considéré cette
invitation comme si naturelle que, mardi
dernier, on s'est étonné de ne pas aperoe-
voir un habit vert au premier rang des
assistants. Que s'est-il passé ? L'Académie
française avait-elle été invitée avec toutes
les formes désirables ? Avait-elle, avec la
susceptibilité des vieilles et nobles dames,
exigé trop d'égards de la part d'une jeu-
nesse sans expérience ? C'est ce que l'on
paraît croire dans certains milieux. Nous
ayons cru que nul ne pouvait mieux nous
renseigner que M. Jules Destrée, ministre
des Sciihces et des Arts.
L'Académie française, nous a-t-il dit, a été
lnvitée aussi officiellement que possible. Etant
de passage Paris, j'ai pris soan de rappeler
cette invitation par une lettre. personnelle il
M. le secrétaire perpétuel. Je m'offrais de me
rendre chez lui pour lui expliquer les raisons
qui me paraissaient justifler la présence d'une
délégation de l'Académie française à Bruxelles.
Au cours d'une visite que J'ai faite à M. Bar-
thou, directeur de l'Académie, j'ai en l'occa-
sion de lui exposer oes raisons, qui ont paru
être parfaitement comprises pa,r lui et J'ai
trouvé chez lui le plus sympathique accueil.
J'avais à peine quitté M. Barthou qu'en ren-
trant, à mon hôtel j'ai trouvé la réponse de
M. Frédéric Masson et qui me donnait les mo-
tifs de l'abstention de l'Aoadémie.
Je n'ai pas cru devoir communiquer cett4
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.51%.
- Collections numériques similaires Litta Pompeo Litta Pompeo /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Litta Pompeo" or dc.contributor adj "Litta Pompeo")
- Auteurs similaires Litta Pompeo Litta Pompeo /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Litta Pompeo" or dc.contributor adj "Litta Pompeo")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6045708/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6045708/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6045708/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6045708/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6045708
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6045708
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6045708/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest