Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-05-10
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 mai 1927 10 mai 1927
Description : 1927/05/10 (Numéro 4468s). 1927/05/10 (Numéro 4468s).
Description : Note : édition spéciale. Note : édition spéciale.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k602555x
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 31/01/2011
RÉDACTION, ADMINISTRATION
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144, rue Montmartre, Paria
TÉLÉPHONE
Rédaction Gutenberg 1-69
- - 1-71
Admin»tration .. Gutenberg 2-80
LA PRESSE
MARDI 10 MAI 1927
Fondateur : Emile de Giratdin
Directeur: \ndré PAYER, député de Paris
Le numéro .* 25 centimes
Edition
spéciale
LES HEURES D'OR DE L'AVIATION FRANÇAISE
NUNGESSER ET COLI ONT REUSSI
NUNGESSER
PENDANT LA RAFALE
Nungesser
à Verdun
Il y avait quelques semaines que la
grande bataille ' de Verdun s'était . dé-
clanchée et ce matin là, le temps com-
plètement bouché ne permettait pas
aux escadrilles de s'envoler. La brume
et une pluie fine avaient transformé le
ciel en une grisaille opaque dans la-
quelle on n'y voyait pas a cinquante mè-
tres. Les mécaniciens et les pilotes se
promenaient le long des hangars
ouverts, mais à l'intérieur desquels les
avions se reposaient sans espoir de
voler ce jour-là.
Le calme régnait et rien ne faisait
prévoir qu'un événement imprévu allait
troubler la tranquillité du terrain d'avia-
tion de LEmmes. Et pourtant'.
Vers 10 heures, on aperçut venant de
la direction de Bar-le-Duc, au ras des
hangars dans la brume opaque, un
Nieuport de chasse volant à 150 kilo-
mètres à l'heure et se dirigeant vers le
terrain comme pour y atterrir. Avec
une précision extraordinaire, le pilote
se posa au milieu du champ et arrêta
son appareil en quelques mètres.
Nous étions là un certain nombre
Se pilotes et de mécaniciens à nous
Les émouvantes étapes du grand raid
A 5 heures, arrivée à New-York
demander quel était l'audacieux qui se
promenait par un temps pareil. Nous
attendions avec impatience qu'il des-
cende de son avion pour l'identifier.
Mais notre attente fut vaine; vague-
ment inquiets, nous nous dirigeâmes
vers l'appareil.
Une tête dépassait le fuselage. Elle
était enfouie sous un bonnet de cuir, la
bouche était enfermée sous un cache-
I nez enroulé plusieurs fois, de larges
lunettes couvraient les yeux. Aucun si-
gne distinctif sur l'avion, dans ces con-
ditions, impossible de savoir qui était à
son bord. Une main gantée abaissa le
cache-nez qui couvrait la bouche et une
voix dit :
- Veuillez m'aider à descendre.
Dès que les lunettes furent relevées
sur le front, je reconnus Nungesser que
je savais, l'avant-veille encore, griève-
ment blessé à l'hôpital, non"loin de Pa-
ris. -
-. Toi ? lui dis-je. -> ? .
- Il y avait trop longtemps que
j'étais couché, ça été plus fort que moi,
il a fallu que je revole.
Nous le descendîmes de l'avion, il
nous pria d'y prendre deux cannes ac-
crochées à l'intérieur du fuselage, nous
les passâmes à Nungesser et il se diri-
gea ? vers la tente de son escadrille, en
marchant comme un vieillard, le corps
courbé, les mouvements hésitants, les
traits tirés.
Il avait, un mois avant, fait une ter-
rible chute en essayant un nouvel ap-
pareil de chasse et lorsqu'on le retira
des débris de la machine, son corps
n'était que plaies, fractures et contu-
sions. Le corps, mais l'âme n'avait re-
çu aucune atteinte, la volonté demeurait
I aussi virile, les nerfs aussi calmes.
Nungesser prit quelque repos, dé-
jeuna à la popote des officiers; vers
3 heures, le temps était levé, il s'en-
vola sur les lignes. 11 revenait deux
heures après satisfait de son essai.
Ses blessures n'avaient pas diminué
ses qualités de pilote.
Il repartait le lendemain, bataillait
avec trois boches, descendait dans
l'après-midi un bi-moteur allemand et
attaquait avec succès un ballon d'obser-
vation.
Lorsqu'il revint atterrir à-Lemmes,
'j'examinai avec intérêt son appareil, il
était criblé He balles et l'une d'elles
L'A VION DE NUNGESSER
avati pénétré dans l'avion, arrachant
l'appuie-tête du pilote à quelques centi-
mètres du cuir de son bonnet.
- Tu vois celle-là, dit Nungesser,
le hasard l'a placée là où elle est!
l'heure n'avait pas sonné pour moi.
Le destin règle à son gré notre avenir.
Pendant des semaines et des semai-
nes, Nungesser de front en front, abat-
tit des avions, succéda à Guynemer plus
d'un an après, comme » as des as »,
puis couché à nouveau sur un lit d'hô-
pital par de multiples blessures, il céda
sa place de premier chasseur du monde
a René Fonck qu'une providence
extraordinaire épargna toujours et qui
ne reçut jamais un® seule balle dans
son appareil.
Le départ
des aviateurs
Le train d'atterrissage
retrouvé à Moissel
On croyait que Nungesser ne lâche-
rait son train d'atterrissage qu'une fois
arrivé au-dessus de l'Océan. Il se ré-
'servait ainsi la possibilité d'atterrir
soit en France, soit au sud-ouest de
l'Angleterre, soit encore en dernier res
sort à la pointe extrême sud de l'Ir-
lande. De ces deux endroits il aurait
pu repartir, soit pour rejoindre la Fran-
ce, soit pour tenter malgré une escale,
un vol qui l'aurait emmené jusqu'à I
New-York.
Mais Nungesser savait que, lâchant
son train d Atterrissage aussitôt après
le départ, la vitesse de son appareil
était augmentée de 20 kilomètres à
l'heure, ce qui, sur les trente-six heu-
res de son voyage, lui permettrait de
parcourir, avec la même provision d'es-
sence, 720 kilomètres de plus. Il décida
donc de le laisser choir peu après le
Bourget, afin de tout de suite obtenir
un gain de vitesse appréciable, prouvant
ainsi dès les premières heures de son
vol, qu'il tenait à jouer son va-tout.
Le train d'atterrissage est tombé à
Moissel en Seine-et-Oise où il a été re-
trouvé dans un champ, puis de là, trans-
porté à la mairie. Nungesser a abordé
la mer à basse altitude : il n'était pas à
500 mètres de hauteur. Cela s'explique
en raison de la lourde charge d'essence
qu'il avait encore à bord et qui ne
lui permettait pas de beaucoup s'élever.
Les seules nouvelles qu'on possédait,
ce matin, consistent en un communiqué
irlandais signalant le passage du grand
oiseau sur l'Irlande et, d'autre part, un
radio américain signalant le passage au-
dessus de Terre-Neuve.
La traversée de l'Atlantique serait
donc en principe réussie. On ignore les
conditions atmosphériques dans lesquel-
les le raid s'accomplit. En effet, d'une
part, la météo française indique un beau
temps sur l'Atlantique et sur Terre-
Neuve alors qu'un radio qui nous par-
vient de source américaine, indique que
sur la grande île, la neige tombe et la
brume est intense.
Dans les milieux aéronautiques fran-
çais, on se montrait assez fiévreux ; on
attendait avec impatience une certitude
quelconque sur la dernière partie du
voyage entre Terre-Neuve et New-York.
LA PREMIERE VICTOIRE FRANÇAISE
En 1909 Blériot traversait la Manche
L'avion qui fit la traversée de la Manche
En médaillon : Blériot.
Au moment où le grand oiseau blanc
#e Nungesser relie dans un vol magni-
6que les deux grandes capitales de l'ancien
et du nouveau monde, ne se doit-on pas
d'évoquer la première victoire de l'Aile, vic-
toire française : la traversée de la Manche
en aéroplane, par Blériot.
C'était le 26 juillet 1909. Le « Blériot
XI » certes, ferait piteuse figure à côté
du monstre harmonieux e' souple que Nun-
gesser et Coli conduisent à New-York. Mais
4 l'ancêtre » le « zinc » glorieux à ouvert
|»s grandes routes de l'air.
Voici les caractéristiques du Blériot
« XI ».
Il mesurait 7 m. 80 d'envergure et 14 m.
carrés de surface portante. Il était actionné
par un nouveau moteur Auzani qui portait
une hélice île 1.500 à 1.700 tours environ..
Ses ailes étaient gauchissables, le fuse-
lage était en frêne et peuplier, armé de cor-
des h piano et pouvait porter une charge
de 300 kilos en son milieu.
La vitesse était estimée en moyenne à
58 kilomètres à l'heure...
Blériot mit avec son appareil pour fran-
chir les 32 kilomètres environ qui séparent
calais de Douvres 31 minutes, puisque
parti des Baraques à 4 h. 42, il atterrit
dans un champ près du Château de Dou-
vres à 5 h. 13.
Voici le récit que fit du raid à cette épo-
que, M. Daniel Cousin, l'envoyé spécial
de « La Presse » :
Calais, 25 juillet 1909 (De notre envoyé
spécial). - l'exploit merveilleux de la
traversée de la Manche en aéroplane vient
d'être réussi par M. Blériot. Malgré sa
blessure au pied, le hardi Blériot avait déci-
dé d'effectuer la tentative dès le premier
moment d'accalmie; aussi ce matin, ayant
constaté que le vent s'était calmé, il réso-
lut de s'élancer immédiatement vers Dou-
vres.
Blériot vint au hangar avec ses béquil-
les et, au moment de monter dans son
appareil, il les jeta et dit: « Je n'y tou-
cherai plus avant l'Angleterre. »
Après un rapide examen de l'appareil,
Blériot vérifia son moteur. Ayant constaté
que tout fonctionnait dans la perfection, il
donna l'ordre de placer le monoplan à l'en-
droit choisi d'avance, puis il prit place sur
le siège.
Bientôt le moteur ronfla de nouveau et au
commandement de : « Lâchez tout ! » l'oi-
seau descendit rapidement la colline puis
s'éleva, triomphalement dans les airs. Il
vola . pendant quelques minutes, passa au-
dessus des poteaux télégraphiques des Du-
nes, puis piqua majestueusement vers la
mer. 11 était exactement 4 h. 42. Nous le
perdîmes bientôt de vue.
Là-bas au loin, nous apercevions la fu-
mée des torpilleurs qui tentaient de suivre
le vol triompal.
Après une attente qui nous parut fort
longue, nous apprimes que Blériot après
avoir au.lacieusement passé très au-dessus
des Falaises et du Château de Douvres,
était venu atterrir sur la prairie North.
Falh, à 5 h. 13. L'aviateur ne semblait
nullement ému de ce voyage, son pied qui
était bandé le gênait un peu.
11 est monté dans une automobile qui
l'a conduit à l'hôtel de Warden où il a
déjeuné.
Un vent très fort soufflait au moment de
la descente, l'aéroplane n'a pour ainsi dire j
pas été endommagé. On ne signale que
quelques éclats de bois dans le cadre...
En plein Atlantique
Le poste du câble français P. Q. a
reçu, cc matin à 1 heures, un sans-fil
émanant d'un cargo anglais et signa-
lant que l'avion blanc a été vu en plein
Atlantique.
Au-dessus
de Terre-Neuve
Une dépêche du Havre nous parvient
au début de l'après-midi. Elle dit que le
bureau de la Compagnie Générale
Transatlantique a reçu, ce matin, la ncu.
velle du passage de Nungesser à Terre-
Neuve.
Au-dessus
de la Nouvelle-Ecosse
Une dépêche transmise aux agences
à Paris, signale que « L'Oiseau Blanc »
est passé au-dessus de la Nouvelle-
Ecosse, ce matin, volant à grande al-
lure.
Le " sans-fil "
d'un torpilleur
Saint-Jean-de-Terre-Neuve, 9 mai. - Un
torpilleur a signale par. sans-fil avoir va
passer, an sud de Terre Neuve, à 10 heu-
res, un avion blanc répondant au signale-
ment de l'appareil de Nungesser et Coli.
D'après cette nouvelle les aviateurs au-
raient ua retard de deux heures et demie
sur l'horaire prévu.
Une escorte américaine
New-YOrk, y mai.- Le lieutenant-
colonel Foulois, commandant le camp
d'aviation de Mitchel-Fields, a donné
?les ordres pour que cinq avions de son
aérodrome prennent lîur vol pour aller
*u devant de I' « Oiseau blanc », dès
qu'il sera signalé, poui lui taire escorte
Jusqu'à son amerrissage.
UN COMPETITEUR SE PREPARE
Les essais
de Drouhin
Drouhin a terminé la première partie de
ses essais' en vol à Toussus-le-Noble, avec
des charges de plus en plus importantes
qui sont allées jusqu'au iers de la charge
totale qu'il compte emporter, Doubin a
réussi à décoller et à voler avec un seul
de ses deux moteurs. Ce remarquable ré-
sultat prouve l'aisance avec laquelle le
nouveau goliath va enlever la charge de
6.000 litres d'essence qui va vraisemblable
ment lui être imposée.
L'appareil après ses premiers vols bril
lamment réussis, a été redescendu à l'u
sine Farman où on va lui faire subir diî
férentes transformations qui vont lui per
DROUHIN
mettre d'avoir un centrage encore- meilleur
que edui qu'il possè le actuellement Drou
hin suit avec un intérêt passionné, les pré
paratifs des Américains et il est toujours
dans jes intentions de la_ maison Farman
de face tenter à son pilote, un premier
voya Paris-New-York à titre d'essai qui
serait suivi en cas de réussite, par un voya-
ge de retour New-York-Paris. Cette double
traversée de l'Atlantique mettrait alors su»
un mime pif 1 d'égalité, l'avion et le di
rigeable car on se rappelle qu'il y a quel
qùes innées, un rigide anglais a réussi sans
incidents l'allée et le retour d'Europe en
Amérique et d'Amérique en Europe.
Les préparatifs
pour l'arrivée
New-York, 9 mai. - Des préparatifs
sont faits pour éclairer de façon intense
toute la baie de Governor's Island, en
vue d'an amerrissage de l'appareil de
Nungesser qui, ayant au départ aban-
donné son train d'amerrissage, ne pour-
ra par conséquent atterrir.
On prévoit l'amerrissage de l'appareil
à quelques centaines de mètres de la
fameuse statue de la Liberté.
Le < New-York Herald » déclare que
si, comme U faut l'espérer, les avia-
teurs étaient encore en vol ce matin à
5 heures, ils devaient avoir effectué plus
des deux tiers de leur voyage et que l'on
prévoit l'amerrissage, dans la baie de
New-York pour cc soir 6 heures (heure
de Paris).
L'ARRIVEE
Ils survolent Boston
Une dépêche privée qni nous par*
vient à 4 heures 40 de Boston, signale
que les aviateurs viennent de survoler
la ville, se dirigeant à vive allure vers
New.York.
5 heures, New-York
Lorsque l'avion de Nungesser appa-
rut au-dessus de la rade de New-York,
le commandant Foullois, chef de l'avia-
tion maritime de chasse, s'était porté
à son devant avec une escadrille et, dêa
que l'avion fut en vue, les sirènes des
bateaux mugirent et les batiments his-
sèrent le pavillon. De nombreuses em-
barcations de plaisance s'étaient por.
tées au large de la baie, ainsi que plu-
sieurs avions militaires, du service pos-
tal, et civils, ces derniers loués par les
agents cinématographiques et les grands
journaux.
L'amerrissage se fit dans d'excellen.
tes conditions et l'appareil tut aussitôt
entouré de nombreuses embarcations,
tandis que plusieurs hydravions le sur.
volaient à basse altitude.
Nungesser et Coli, après s'être posés
sur l'eau, restèrent un instant immobi-
les dans leur appareil comme insensibles
aux acclamations qui montaient des
embarcations qui les entouraient. Puis,
ils se levèrent tous deux de leur siège
et s'embrassèrent. Un canot automobile
vient se ranger le long du fuselage de
l'avion et conduisit Nungesser et Coli à
q/uai. Une foule immense les attendait;
parmi ceux qui les reçurent officielle-
muet, plusieurs délégués du gouverne-
ment, M. Harmon frère de M. Clifford,
Harmont, président de la Ligue Inter-
nationale des Aviateurs, auquel Nun-
gesser devait remettre un pli qu'il avait
apporté de Paris ; le président de l'Aé-
Club des Etats-Unis, le président de la
Section de la Ligne Internationale des 1
Aviateur, un nombre considérable de
Journalistes et de cinématographistes.
Nungesser n'a fait aucune déclara-
tion snr son voyage, il a simplement dit
qu'il était heureux d'avoir réussi et
qu'il avait hâte de se reposer.
LE RAID DE SAINT-ROMAN
L'aviateur
aurait atterri
dans une île
du Cap Vert
Tandis que Nungesser et Coli volent
sur les côtes d'Amérique, des nouvelles,
qui, d'ailleurs, ne sont pas confirmées,
annoncent que Saint-Roman et Mou-
neyres qui avaient tenté de traverser
COU
l'Atlantique sud, auraient atterri dans
une Ile du Cap-Vert.
Voici la dépêche reçue ce matin &
ce sujet :
« New-York, 9 mai. - Selon un bruit
recueilli à Pernambouc et enregistré par
la presse, les aviateurs de Saint-Roman
et Mouneyres auraient atterri dans une
île déserte de l'archipel du Cap-Vert.
EN AMÉRIQUE
Les préparatifs de M. Ballanca
D'après une interview que vient d'ac-
corder M. Ballanca, constructeur de
l'appareil américain qui doit tenter
New-York-Paris, le départ de la machi-
ne ne sera donné que lorsque l'on con-
naîtra les résultats du vol de Nunges-
ser et de Coli, les aviateurs français
ont été signalés cc matin au-dessus de
Terre-Neuve.
On peut dire que, sauf imprévu, Bal-
lanca connaîtra cet après-midi même à
New-York, les détails sur l'admirable
traversée de nos deux compatriotes et
qu'il pourra en tirer les conclusions qu'il
jugera utiles pour le voyage de son
avion.
On installe actuellement sur le « Bal-
lanca » tous les appareils de bord né-
cessaires au voyage. Le constructeur a
déclaré qu'il n'avancerait pas le départ
d'un» seconde, car il veut prendre tout
le temps qu'il lui faut pour préparer
complètement son monoplan.
L'avion emporte une provision d'es-
sence de près de 4.500 litres qui, à pre<
mière vue semble bien insuffisante pour
lui permettre de réaliser le voyage avec
la marge de garantie de consommation
nécessaire. En effet, le « Ballanca » est
beaucoup moins rapide que le « Levas-
ses r » et pour peu qu il ait un vent
debout même -i" faible- vitesse, son al-
lure tombera à cent kilomètres à l'heure,
si ce n'est pas au-dessous.
Dans ces conditions, il faudrait comp-
ter sur un vol de 60 h. et comme lu
consommation du moteur est de 100 li-
tres à l'heure, il lui faudrait 6.000 litres
d'essence pour passer.
11 est certain que Ballanca connaît
mieux que nous les possibilités de son
appareil et que s'il le laisse s'aventurer
sur New-York-Paris, c'est qu'il a dû
acquérir aux derniers essais, le gain de
vitesse appréciable qu'il lui permettrait
par vent nul, de passer en 51 heures,
temps qui correspond à celui réussi lors
du record de durée avec une charge er
essenre qui était, dit-on. de 4.000 litre*
.1 VION M Aj.LANÇA
LA TRAVERSEE DE LA MEDITERRANEE
les difficultés de M et de Roget
Au moment où Coli a inscrit avec
Nungesser sonr nom dans l'histoire, on
ne doit pas oublier qu'il fut un précur-
seur des raids maritimes en compagnie
de Henry Roget. C'est, en effet, Roget
qui avec Coli comme navigateur réus-
sit l'extraordinaire exploit de la premiè-
re traversée aller et retour de la Médi-
terranée en 24 heures.
Les deux aviateurs partirent de Mar-
seille, le 13 janvier 1919, en pleine nuit
et par une tempête telle qu aucun ba-
teau ne s'était, ce jour-là, aventuré sur
la mer. Ils étaient à bord d'un mono-
moteur terrestre ne comportant aucun
secours possible en cas de panne. L'équi-
page était simplement muni de deux ga-
lets de liège d'un secours bien problé-
matique en cas d'amerrissage forcé.'La
panne ! et c'était la mort inévitable, car
aucun bateau n'était là pour leur por-
ter secours, les aviateurs n'avaient mê-
me pas de T. S. F. à bord pour signa-
ler leur position. Coli partit ce jour-là
comme il est parti hier avec Nungesser :
pour risquer une aventure^ glorieuse.
A travers la tempête, puis sur la in
du vovage dans une nuit devenue tel-
lement opaque qu'elle cachait les ét viles,
Coli et Roget se trouvèrent au lever du
jour dans une brume intense q'Jt les
mettait dans l'impossibilité matérielle
d'apercevoir quoi que ce soit à dix mè-
tres au delà des ailes de leur avion. A
un moment donné, Coli fit signe à Ro-
get de descendre e. lui passa un
ton sur lequel était écrit ces mots :
« Nous sommes au-dessus d'Alger
Le pilote confiant en son navigateur
commença la descente: à deux cents
mètres du sol, la'brume s'étant dis-
sipée, i! constata qu'il était au-dessus
du champ de courses d'Alger. Il s'y posa
sans difficulté, personne n'attendait l'é-
quipage, on alerta les autorités qui en
automobile, s'empressèrent de venir fé-
liciter les aviateurs.
Les mécanicients firent le plein d'es-
sence pour le retour et dès que tout fut
paré, Roget et Coli s'envolèrent à nou-
veau. Ils étaient en l'air depuis environ
une heure cherchant à regagner Mar-
seille, lorsqu'une tempête encore plus
épouvantable que la première les obli-
gea à obliquer à , l'Ouest, vers
la côte espagnole. Ils regardaient la
mer démontée sur laquelle aucun bateau
n'apparaissait. Le vent debout freinait
considérablement leur marche et faisait
peser sur eux l'angoisse de voir leur
provision d'essence s'épuiser avant
d'avoir pu atteindre la côte. Coli de-
manda à Roget de tâter Te vent à dif-
férentes altitudes et l'équipage fut assez
heureux pour trouver vers 1.200 mètres,
un vent de travers venant de l'est qui lui
permit de gagner du temps en se lais-
sant dériver vers la gauche pour attein-
dre la côte espagnole. Jouant le tout
pour le tout, Roget mit pleins gaz et
t i.iissa franchement dériver. La nuit
tomba, les aviateurs volant toujours
dans la tempête.
Enfin, ils aperçurent des lumières im-
mobiles qui leur signalaient la côte.
Roget poussa sur le manche et survola
à basse altitude l'agglomération de Ro-
sas où d'un commun accord avec
Coli il décida dé se poser. La nuit était
maintenant opaque, on ne voyait pres-
que rien, aucune lumière proche, Ro-
get devine un terrain, freine son appa-
reil et se pose béquille et roues en ma-
irie temps. A ce moment un grand choc
retourne l'avion, les deux hommes se
sont posés dans un fossé. Roget a im-
médiatement coupé l'allumage évitant
ainsi l'incendie.
Son navigateur et lui sortent indemnes
de l'avion fort éprouvé. Ils regagnèrent
Paris par le train, après avoir pris un
repos bien gagné à Marseille ou la fem
me de Roget attendait son mari au
milieu d'inquiétudes bien compréhensi-
bles.
La double traversée de la Méditer-
ranée en 24 heures par Coli et Roget,
le vovage sans escale des deux memes
hommes de Paris à Kénitra (Maroc) Ten-
teront les deux exploits qui ont déclan»
ché d'une part, la navigation aéro-ma-
ritime et de l'autre, la péri i-le oef
grands raids qui aboutit à l'heu.e ac-
tuelle aux essais sur Paris-New-York.
Raymond Saladin
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MARDI 10 MAI 1927
Fondateur : Emile de Giratdin
Directeur: \ndré PAYER, député de Paris
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spéciale
LES HEURES D'OR DE L'AVIATION FRANÇAISE
NUNGESSER ET COLI ONT REUSSI
NUNGESSER
PENDANT LA RAFALE
Nungesser
à Verdun
Il y avait quelques semaines que la
grande bataille ' de Verdun s'était . dé-
clanchée et ce matin là, le temps com-
plètement bouché ne permettait pas
aux escadrilles de s'envoler. La brume
et une pluie fine avaient transformé le
ciel en une grisaille opaque dans la-
quelle on n'y voyait pas a cinquante mè-
tres. Les mécaniciens et les pilotes se
promenaient le long des hangars
ouverts, mais à l'intérieur desquels les
avions se reposaient sans espoir de
voler ce jour-là.
Le calme régnait et rien ne faisait
prévoir qu'un événement imprévu allait
troubler la tranquillité du terrain d'avia-
tion de LEmmes. Et pourtant'.
Vers 10 heures, on aperçut venant de
la direction de Bar-le-Duc, au ras des
hangars dans la brume opaque, un
Nieuport de chasse volant à 150 kilo-
mètres à l'heure et se dirigeant vers le
terrain comme pour y atterrir. Avec
une précision extraordinaire, le pilote
se posa au milieu du champ et arrêta
son appareil en quelques mètres.
Nous étions là un certain nombre
Se pilotes et de mécaniciens à nous
Les émouvantes étapes du grand raid
A 5 heures, arrivée à New-York
demander quel était l'audacieux qui se
promenait par un temps pareil. Nous
attendions avec impatience qu'il des-
cende de son avion pour l'identifier.
Mais notre attente fut vaine; vague-
ment inquiets, nous nous dirigeâmes
vers l'appareil.
Une tête dépassait le fuselage. Elle
était enfouie sous un bonnet de cuir, la
bouche était enfermée sous un cache-
I nez enroulé plusieurs fois, de larges
lunettes couvraient les yeux. Aucun si-
gne distinctif sur l'avion, dans ces con-
ditions, impossible de savoir qui était à
son bord. Une main gantée abaissa le
cache-nez qui couvrait la bouche et une
voix dit :
- Veuillez m'aider à descendre.
Dès que les lunettes furent relevées
sur le front, je reconnus Nungesser que
je savais, l'avant-veille encore, griève-
ment blessé à l'hôpital, non"loin de Pa-
ris. -
-. Toi ? lui dis-je. -> ? .
- Il y avait trop longtemps que
j'étais couché, ça été plus fort que moi,
il a fallu que je revole.
Nous le descendîmes de l'avion, il
nous pria d'y prendre deux cannes ac-
crochées à l'intérieur du fuselage, nous
les passâmes à Nungesser et il se diri-
gea ? vers la tente de son escadrille, en
marchant comme un vieillard, le corps
courbé, les mouvements hésitants, les
traits tirés.
Il avait, un mois avant, fait une ter-
rible chute en essayant un nouvel ap-
pareil de chasse et lorsqu'on le retira
des débris de la machine, son corps
n'était que plaies, fractures et contu-
sions. Le corps, mais l'âme n'avait re-
çu aucune atteinte, la volonté demeurait
I aussi virile, les nerfs aussi calmes.
Nungesser prit quelque repos, dé-
jeuna à la popote des officiers; vers
3 heures, le temps était levé, il s'en-
vola sur les lignes. 11 revenait deux
heures après satisfait de son essai.
Ses blessures n'avaient pas diminué
ses qualités de pilote.
Il repartait le lendemain, bataillait
avec trois boches, descendait dans
l'après-midi un bi-moteur allemand et
attaquait avec succès un ballon d'obser-
vation.
Lorsqu'il revint atterrir à-Lemmes,
'j'examinai avec intérêt son appareil, il
était criblé He balles et l'une d'elles
L'A VION DE NUNGESSER
avati pénétré dans l'avion, arrachant
l'appuie-tête du pilote à quelques centi-
mètres du cuir de son bonnet.
- Tu vois celle-là, dit Nungesser,
le hasard l'a placée là où elle est!
l'heure n'avait pas sonné pour moi.
Le destin règle à son gré notre avenir.
Pendant des semaines et des semai-
nes, Nungesser de front en front, abat-
tit des avions, succéda à Guynemer plus
d'un an après, comme » as des as »,
puis couché à nouveau sur un lit d'hô-
pital par de multiples blessures, il céda
sa place de premier chasseur du monde
a René Fonck qu'une providence
extraordinaire épargna toujours et qui
ne reçut jamais un® seule balle dans
son appareil.
Le départ
des aviateurs
Le train d'atterrissage
retrouvé à Moissel
On croyait que Nungesser ne lâche-
rait son train d'atterrissage qu'une fois
arrivé au-dessus de l'Océan. Il se ré-
'servait ainsi la possibilité d'atterrir
soit en France, soit au sud-ouest de
l'Angleterre, soit encore en dernier res
sort à la pointe extrême sud de l'Ir-
lande. De ces deux endroits il aurait
pu repartir, soit pour rejoindre la Fran-
ce, soit pour tenter malgré une escale,
un vol qui l'aurait emmené jusqu'à I
New-York.
Mais Nungesser savait que, lâchant
son train d Atterrissage aussitôt après
le départ, la vitesse de son appareil
était augmentée de 20 kilomètres à
l'heure, ce qui, sur les trente-six heu-
res de son voyage, lui permettrait de
parcourir, avec la même provision d'es-
sence, 720 kilomètres de plus. Il décida
donc de le laisser choir peu après le
Bourget, afin de tout de suite obtenir
un gain de vitesse appréciable, prouvant
ainsi dès les premières heures de son
vol, qu'il tenait à jouer son va-tout.
Le train d'atterrissage est tombé à
Moissel en Seine-et-Oise où il a été re-
trouvé dans un champ, puis de là, trans-
porté à la mairie. Nungesser a abordé
la mer à basse altitude : il n'était pas à
500 mètres de hauteur. Cela s'explique
en raison de la lourde charge d'essence
qu'il avait encore à bord et qui ne
lui permettait pas de beaucoup s'élever.
Les seules nouvelles qu'on possédait,
ce matin, consistent en un communiqué
irlandais signalant le passage du grand
oiseau sur l'Irlande et, d'autre part, un
radio américain signalant le passage au-
dessus de Terre-Neuve.
La traversée de l'Atlantique serait
donc en principe réussie. On ignore les
conditions atmosphériques dans lesquel-
les le raid s'accomplit. En effet, d'une
part, la météo française indique un beau
temps sur l'Atlantique et sur Terre-
Neuve alors qu'un radio qui nous par-
vient de source américaine, indique que
sur la grande île, la neige tombe et la
brume est intense.
Dans les milieux aéronautiques fran-
çais, on se montrait assez fiévreux ; on
attendait avec impatience une certitude
quelconque sur la dernière partie du
voyage entre Terre-Neuve et New-York.
LA PREMIERE VICTOIRE FRANÇAISE
En 1909 Blériot traversait la Manche
L'avion qui fit la traversée de la Manche
En médaillon : Blériot.
Au moment où le grand oiseau blanc
#e Nungesser relie dans un vol magni-
6que les deux grandes capitales de l'ancien
et du nouveau monde, ne se doit-on pas
d'évoquer la première victoire de l'Aile, vic-
toire française : la traversée de la Manche
en aéroplane, par Blériot.
C'était le 26 juillet 1909. Le « Blériot
XI » certes, ferait piteuse figure à côté
du monstre harmonieux e' souple que Nun-
gesser et Coli conduisent à New-York. Mais
4 l'ancêtre » le « zinc » glorieux à ouvert
|»s grandes routes de l'air.
Voici les caractéristiques du Blériot
« XI ».
Il mesurait 7 m. 80 d'envergure et 14 m.
carrés de surface portante. Il était actionné
par un nouveau moteur Auzani qui portait
une hélice île 1.500 à 1.700 tours environ..
Ses ailes étaient gauchissables, le fuse-
lage était en frêne et peuplier, armé de cor-
des h piano et pouvait porter une charge
de 300 kilos en son milieu.
La vitesse était estimée en moyenne à
58 kilomètres à l'heure...
Blériot mit avec son appareil pour fran-
chir les 32 kilomètres environ qui séparent
calais de Douvres 31 minutes, puisque
parti des Baraques à 4 h. 42, il atterrit
dans un champ près du Château de Dou-
vres à 5 h. 13.
Voici le récit que fit du raid à cette épo-
que, M. Daniel Cousin, l'envoyé spécial
de « La Presse » :
Calais, 25 juillet 1909 (De notre envoyé
spécial). - l'exploit merveilleux de la
traversée de la Manche en aéroplane vient
d'être réussi par M. Blériot. Malgré sa
blessure au pied, le hardi Blériot avait déci-
dé d'effectuer la tentative dès le premier
moment d'accalmie; aussi ce matin, ayant
constaté que le vent s'était calmé, il réso-
lut de s'élancer immédiatement vers Dou-
vres.
Blériot vint au hangar avec ses béquil-
les et, au moment de monter dans son
appareil, il les jeta et dit: « Je n'y tou-
cherai plus avant l'Angleterre. »
Après un rapide examen de l'appareil,
Blériot vérifia son moteur. Ayant constaté
que tout fonctionnait dans la perfection, il
donna l'ordre de placer le monoplan à l'en-
droit choisi d'avance, puis il prit place sur
le siège.
Bientôt le moteur ronfla de nouveau et au
commandement de : « Lâchez tout ! » l'oi-
seau descendit rapidement la colline puis
s'éleva, triomphalement dans les airs. Il
vola . pendant quelques minutes, passa au-
dessus des poteaux télégraphiques des Du-
nes, puis piqua majestueusement vers la
mer. 11 était exactement 4 h. 42. Nous le
perdîmes bientôt de vue.
Là-bas au loin, nous apercevions la fu-
mée des torpilleurs qui tentaient de suivre
le vol triompal.
Après une attente qui nous parut fort
longue, nous apprimes que Blériot après
avoir au.lacieusement passé très au-dessus
des Falaises et du Château de Douvres,
était venu atterrir sur la prairie North.
Falh, à 5 h. 13. L'aviateur ne semblait
nullement ému de ce voyage, son pied qui
était bandé le gênait un peu.
11 est monté dans une automobile qui
l'a conduit à l'hôtel de Warden où il a
déjeuné.
Un vent très fort soufflait au moment de
la descente, l'aéroplane n'a pour ainsi dire j
pas été endommagé. On ne signale que
quelques éclats de bois dans le cadre...
En plein Atlantique
Le poste du câble français P. Q. a
reçu, cc matin à 1 heures, un sans-fil
émanant d'un cargo anglais et signa-
lant que l'avion blanc a été vu en plein
Atlantique.
Au-dessus
de Terre-Neuve
Une dépêche du Havre nous parvient
au début de l'après-midi. Elle dit que le
bureau de la Compagnie Générale
Transatlantique a reçu, ce matin, la ncu.
velle du passage de Nungesser à Terre-
Neuve.
Au-dessus
de la Nouvelle-Ecosse
Une dépêche transmise aux agences
à Paris, signale que « L'Oiseau Blanc »
est passé au-dessus de la Nouvelle-
Ecosse, ce matin, volant à grande al-
lure.
Le " sans-fil "
d'un torpilleur
Saint-Jean-de-Terre-Neuve, 9 mai. - Un
torpilleur a signale par. sans-fil avoir va
passer, an sud de Terre Neuve, à 10 heu-
res, un avion blanc répondant au signale-
ment de l'appareil de Nungesser et Coli.
D'après cette nouvelle les aviateurs au-
raient ua retard de deux heures et demie
sur l'horaire prévu.
Une escorte américaine
New-YOrk, y mai.- Le lieutenant-
colonel Foulois, commandant le camp
d'aviation de Mitchel-Fields, a donné
?les ordres pour que cinq avions de son
aérodrome prennent lîur vol pour aller
*u devant de I' « Oiseau blanc », dès
qu'il sera signalé, poui lui taire escorte
Jusqu'à son amerrissage.
UN COMPETITEUR SE PREPARE
Les essais
de Drouhin
Drouhin a terminé la première partie de
ses essais' en vol à Toussus-le-Noble, avec
des charges de plus en plus importantes
qui sont allées jusqu'au iers de la charge
totale qu'il compte emporter, Doubin a
réussi à décoller et à voler avec un seul
de ses deux moteurs. Ce remarquable ré-
sultat prouve l'aisance avec laquelle le
nouveau goliath va enlever la charge de
6.000 litres d'essence qui va vraisemblable
ment lui être imposée.
L'appareil après ses premiers vols bril
lamment réussis, a été redescendu à l'u
sine Farman où on va lui faire subir diî
férentes transformations qui vont lui per
DROUHIN
mettre d'avoir un centrage encore- meilleur
que edui qu'il possè le actuellement Drou
hin suit avec un intérêt passionné, les pré
paratifs des Américains et il est toujours
dans jes intentions de la_ maison Farman
de face tenter à son pilote, un premier
voya Paris-New-York à titre d'essai qui
serait suivi en cas de réussite, par un voya-
ge de retour New-York-Paris. Cette double
traversée de l'Atlantique mettrait alors su»
un mime pif 1 d'égalité, l'avion et le di
rigeable car on se rappelle qu'il y a quel
qùes innées, un rigide anglais a réussi sans
incidents l'allée et le retour d'Europe en
Amérique et d'Amérique en Europe.
Les préparatifs
pour l'arrivée
New-York, 9 mai. - Des préparatifs
sont faits pour éclairer de façon intense
toute la baie de Governor's Island, en
vue d'an amerrissage de l'appareil de
Nungesser qui, ayant au départ aban-
donné son train d'amerrissage, ne pour-
ra par conséquent atterrir.
On prévoit l'amerrissage de l'appareil
à quelques centaines de mètres de la
fameuse statue de la Liberté.
Le < New-York Herald » déclare que
si, comme U faut l'espérer, les avia-
teurs étaient encore en vol ce matin à
5 heures, ils devaient avoir effectué plus
des deux tiers de leur voyage et que l'on
prévoit l'amerrissage, dans la baie de
New-York pour cc soir 6 heures (heure
de Paris).
L'ARRIVEE
Ils survolent Boston
Une dépêche privée qni nous par*
vient à 4 heures 40 de Boston, signale
que les aviateurs viennent de survoler
la ville, se dirigeant à vive allure vers
New.York.
5 heures, New-York
Lorsque l'avion de Nungesser appa-
rut au-dessus de la rade de New-York,
le commandant Foullois, chef de l'avia-
tion maritime de chasse, s'était porté
à son devant avec une escadrille et, dêa
que l'avion fut en vue, les sirènes des
bateaux mugirent et les batiments his-
sèrent le pavillon. De nombreuses em-
barcations de plaisance s'étaient por.
tées au large de la baie, ainsi que plu-
sieurs avions militaires, du service pos-
tal, et civils, ces derniers loués par les
agents cinématographiques et les grands
journaux.
L'amerrissage se fit dans d'excellen.
tes conditions et l'appareil tut aussitôt
entouré de nombreuses embarcations,
tandis que plusieurs hydravions le sur.
volaient à basse altitude.
Nungesser et Coli, après s'être posés
sur l'eau, restèrent un instant immobi-
les dans leur appareil comme insensibles
aux acclamations qui montaient des
embarcations qui les entouraient. Puis,
ils se levèrent tous deux de leur siège
et s'embrassèrent. Un canot automobile
vient se ranger le long du fuselage de
l'avion et conduisit Nungesser et Coli à
q/uai. Une foule immense les attendait;
parmi ceux qui les reçurent officielle-
muet, plusieurs délégués du gouverne-
ment, M. Harmon frère de M. Clifford,
Harmont, président de la Ligue Inter-
nationale des Aviateurs, auquel Nun-
gesser devait remettre un pli qu'il avait
apporté de Paris ; le président de l'Aé-
Club des Etats-Unis, le président de la
Section de la Ligne Internationale des 1
Aviateur, un nombre considérable de
Journalistes et de cinématographistes.
Nungesser n'a fait aucune déclara-
tion snr son voyage, il a simplement dit
qu'il était heureux d'avoir réussi et
qu'il avait hâte de se reposer.
LE RAID DE SAINT-ROMAN
L'aviateur
aurait atterri
dans une île
du Cap Vert
Tandis que Nungesser et Coli volent
sur les côtes d'Amérique, des nouvelles,
qui, d'ailleurs, ne sont pas confirmées,
annoncent que Saint-Roman et Mou-
neyres qui avaient tenté de traverser
COU
l'Atlantique sud, auraient atterri dans
une Ile du Cap-Vert.
Voici la dépêche reçue ce matin &
ce sujet :
« New-York, 9 mai. - Selon un bruit
recueilli à Pernambouc et enregistré par
la presse, les aviateurs de Saint-Roman
et Mouneyres auraient atterri dans une
île déserte de l'archipel du Cap-Vert.
EN AMÉRIQUE
Les préparatifs de M. Ballanca
D'après une interview que vient d'ac-
corder M. Ballanca, constructeur de
l'appareil américain qui doit tenter
New-York-Paris, le départ de la machi-
ne ne sera donné que lorsque l'on con-
naîtra les résultats du vol de Nunges-
ser et de Coli, les aviateurs français
ont été signalés cc matin au-dessus de
Terre-Neuve.
On peut dire que, sauf imprévu, Bal-
lanca connaîtra cet après-midi même à
New-York, les détails sur l'admirable
traversée de nos deux compatriotes et
qu'il pourra en tirer les conclusions qu'il
jugera utiles pour le voyage de son
avion.
On installe actuellement sur le « Bal-
lanca » tous les appareils de bord né-
cessaires au voyage. Le constructeur a
déclaré qu'il n'avancerait pas le départ
d'un» seconde, car il veut prendre tout
le temps qu'il lui faut pour préparer
complètement son monoplan.
L'avion emporte une provision d'es-
sence de près de 4.500 litres qui, à pre<
mière vue semble bien insuffisante pour
lui permettre de réaliser le voyage avec
la marge de garantie de consommation
nécessaire. En effet, le « Ballanca » est
beaucoup moins rapide que le « Levas-
ses r » et pour peu qu il ait un vent
debout même -i" faible- vitesse, son al-
lure tombera à cent kilomètres à l'heure,
si ce n'est pas au-dessous.
Dans ces conditions, il faudrait comp-
ter sur un vol de 60 h. et comme lu
consommation du moteur est de 100 li-
tres à l'heure, il lui faudrait 6.000 litres
d'essence pour passer.
11 est certain que Ballanca connaît
mieux que nous les possibilités de son
appareil et que s'il le laisse s'aventurer
sur New-York-Paris, c'est qu'il a dû
acquérir aux derniers essais, le gain de
vitesse appréciable qu'il lui permettrait
par vent nul, de passer en 51 heures,
temps qui correspond à celui réussi lors
du record de durée avec une charge er
essenre qui était, dit-on. de 4.000 litre*
.1 VION M Aj.LANÇA
LA TRAVERSEE DE LA MEDITERRANEE
les difficultés de M et de Roget
Au moment où Coli a inscrit avec
Nungesser sonr nom dans l'histoire, on
ne doit pas oublier qu'il fut un précur-
seur des raids maritimes en compagnie
de Henry Roget. C'est, en effet, Roget
qui avec Coli comme navigateur réus-
sit l'extraordinaire exploit de la premiè-
re traversée aller et retour de la Médi-
terranée en 24 heures.
Les deux aviateurs partirent de Mar-
seille, le 13 janvier 1919, en pleine nuit
et par une tempête telle qu aucun ba-
teau ne s'était, ce jour-là, aventuré sur
la mer. Ils étaient à bord d'un mono-
moteur terrestre ne comportant aucun
secours possible en cas de panne. L'équi-
page était simplement muni de deux ga-
lets de liège d'un secours bien problé-
matique en cas d'amerrissage forcé.'La
panne ! et c'était la mort inévitable, car
aucun bateau n'était là pour leur por-
ter secours, les aviateurs n'avaient mê-
me pas de T. S. F. à bord pour signa-
ler leur position. Coli partit ce jour-là
comme il est parti hier avec Nungesser :
pour risquer une aventure^ glorieuse.
A travers la tempête, puis sur la in
du vovage dans une nuit devenue tel-
lement opaque qu'elle cachait les ét viles,
Coli et Roget se trouvèrent au lever du
jour dans une brume intense q'Jt les
mettait dans l'impossibilité matérielle
d'apercevoir quoi que ce soit à dix mè-
tres au delà des ailes de leur avion. A
un moment donné, Coli fit signe à Ro-
get de descendre e. lui passa un
ton sur lequel était écrit ces mots :
« Nous sommes au-dessus d'Alger
Le pilote confiant en son navigateur
commença la descente: à deux cents
mètres du sol, la'brume s'étant dis-
sipée, i! constata qu'il était au-dessus
du champ de courses d'Alger. Il s'y posa
sans difficulté, personne n'attendait l'é-
quipage, on alerta les autorités qui en
automobile, s'empressèrent de venir fé-
liciter les aviateurs.
Les mécanicients firent le plein d'es-
sence pour le retour et dès que tout fut
paré, Roget et Coli s'envolèrent à nou-
veau. Ils étaient en l'air depuis environ
une heure cherchant à regagner Mar-
seille, lorsqu'une tempête encore plus
épouvantable que la première les obli-
gea à obliquer à , l'Ouest, vers
la côte espagnole. Ils regardaient la
mer démontée sur laquelle aucun bateau
n'apparaissait. Le vent debout freinait
considérablement leur marche et faisait
peser sur eux l'angoisse de voir leur
provision d'essence s'épuiser avant
d'avoir pu atteindre la côte. Coli de-
manda à Roget de tâter Te vent à dif-
férentes altitudes et l'équipage fut assez
heureux pour trouver vers 1.200 mètres,
un vent de travers venant de l'est qui lui
permit de gagner du temps en se lais-
sant dériver vers la gauche pour attein-
dre la côte espagnole. Jouant le tout
pour le tout, Roget mit pleins gaz et
t i.iissa franchement dériver. La nuit
tomba, les aviateurs volant toujours
dans la tempête.
Enfin, ils aperçurent des lumières im-
mobiles qui leur signalaient la côte.
Roget poussa sur le manche et survola
à basse altitude l'agglomération de Ro-
sas où d'un commun accord avec
Coli il décida dé se poser. La nuit était
maintenant opaque, on ne voyait pres-
que rien, aucune lumière proche, Ro-
get devine un terrain, freine son appa-
reil et se pose béquille et roues en ma-
irie temps. A ce moment un grand choc
retourne l'avion, les deux hommes se
sont posés dans un fossé. Roget a im-
médiatement coupé l'allumage évitant
ainsi l'incendie.
Son navigateur et lui sortent indemnes
de l'avion fort éprouvé. Ils regagnèrent
Paris par le train, après avoir pris un
repos bien gagné à Marseille ou la fem
me de Roget attendait son mari au
milieu d'inquiétudes bien compréhensi-
bles.
La double traversée de la Méditer-
ranée en 24 heures par Coli et Roget,
le vovage sans escale des deux memes
hommes de Paris à Kénitra (Maroc) Ten-
teront les deux exploits qui ont déclan»
ché d'une part, la navigation aéro-ma-
ritime et de l'autre, la péri i-le oef
grands raids qui aboutit à l'heu.e ac-
tuelle aux essais sur Paris-New-York.
Raymond Saladin
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