Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1876-05-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 mai 1876 23 mai 1876
Description : 1876/05/23 (Numéro 4897). 1876/05/23 (Numéro 4897).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
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Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k592929m
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/08/2008
»
(lierons il ne faut pas qu'il sorte de Cavail-
•on (Lau fhrem peta.) «'{Exclamations à gau-
che.
UN membre au CENTRE. Expliquez ce pa-
;ois Ce n'est pas la langue de Pétrarque!
m. CLAUDE, rapporteur. Vers sept heures et
demie, tous ces gens avinés, qui se traitaient
du collègues, qui avaient un signe de rallie-
on dit même des revolvers, -se
ruèrent de nouveau devant l'hôtel où se
freinait M. Gambetta, afin sans doute de
faire le grand coup annoncé par le maire.
ils y recommencèrent leurs cris et leur ta-
page, et le tumulte paraissait son comble.
Cependant M. de Banières les excitait en-
core ,en leur disant « Vous ne faites pas
assez de bruit, vous ne pourrez empêcher la
réunion; il vous faudrait des tambours, des
instruments pour faire un grand charivari,
un bruit énorme. » Son conseil lut suivi, et
au bruit causé par les cris, s'ajouta bientôt
celui des arrosoirs, des tuyaux de poêle, etc.,
et le vacarme devint épouvantable.
La foule, de plus en plus affolée, cria «A
Cayenne, Gambetta Qu'il descendue, nous le
hendrons » Un homme montrant un revol-
ver (Il Qu'il se montre, son affaire est faite.»
Un autre en frappant sur une casserole
« (,'est là-dedans que nous ferons cuire son
foie. »
Des pierres furent lancées contre l'hôtel,
lesienêtres et les carreaux volèrent en éclàts.
Les projectiles arrivaient près de la salle où
M. Gambetta se trouvait avec ses amis. La
fille de l'hôtelier fut atteinte au bras et à la
poitrine. L'alarme en ce moment fut assez
grande pour que M. Edmond Adam jugeât
nécessaire de faire armer de revolvers quel-
ques-uns de ses amis et de prendre des pré-
cautions contre une attaque qui lui parais-
sait imminente.
L'on vit alors entrer dans la salle le com-
missaire de police très-ému, et il déclara que
l'autorité était impuissante à rétablir l'ordre
et faire respecter l'exercice du droit de
réunion; qu'au nom de J'humanité. et pour
éviter de plus grands malheurs, il deman-
dait que l'on renoncât à la réunion privée
qui devait suivre le banquet et qu'alors il
était à présumer que les perturbateurs con-
sentiraient à quitter la place.
Le maire arriva sur ces entrefaites, prit
une attitude provocatrice, voulant, disait-il,
visiter la maison, Darce qu'on lançait des
pierres du haut des toits. Il s'adressa ensuite
a M. Gambetta, confirma les paroles du com-
missaire en affirmant qu'il ne répondait pas
̃le l'ordre si on persistait à vouloir donner la
.•é union privée.
M. Gambetta pensa avec raison qu'il fal-
lait, dans l'intérêt de la paix publique, re-
noncer à la réunion projetée; il put péné-
trer par une porte dérobée dans la salle de
la réunion où ses électeurs l'attendaient,
leur expliqua que l'autorité venait do lui dé-
clarer qu'elle ne pouvait maintenir l'ordre
qu'il fallait éviter tous les prétextes au dé-
;ordre et à l'agitation, c'est pourquoi il les
exhortait à se retirer avec calme.
Pendant que ces incidents se produisaient
n l'intérieur, le tapage continuait au dehors
a foule assiégeait l'hôtel et taisait des tenta-
;ivcs pour enfoncer les portes, qui heureuse-
ment étaient solidement maintenues à l'in-
térieur.
Il ne faut pas qu'il sorte, criait-on, dùt-
ily rester quatre jours, il faut que nous l'é-
tranglions. » Les gendarmes et les autres
agents de la force publique assistaient tou-
jours impassibles à ces désordres comme ils
l'avaient iaitprécédemment, c'était bien leur
consigne il n'est pas douteux que si M.
Gambetta était sorti de l'hôtelencemoment
comme le lui conseillait M. Bonaûona le
maire, il eût été victime de !a fureur de cette
multitude. (Oh! oh gauche.)
si. Marcelin PELLET. C'est l'histoire du
maréchal Brune
LE RAPPORTEUR. Le coup avait donc
réussi, la réunion privée n'avait pas eu lieu
le maire l'annonce à ceux qu'il nommait ses
amis. en leur déclarant que ce serait son ti-
;re de gloire.
Les invités à la réunion sortirent de l'hô-
tel au miheu des injures, des huées, des cra-
la comtesse vous pouvez parler.
Alors, elle raconta d'une voix faible, sac-
cadée, sans chercher a atténuer en rien l'o-
ineuxde sa conduite, sa complicité dans l'en-
lèvement de l'enfant.
La comtesse écouta la première partie du
récit penchée vers l'aveugle, les yeux étin-
:elants, la poitrine laletante.
i'out à coup, elle poussa un grand cri et
s'agenouilla en face de Mariette, ses mains
tremblantes levées vers le ciel.
L'ancienne femme de chambre n'avait pas
fini de parler; mais la comtesse venait de
comprendre. Quelle révélation
Ainsi, cet enfant, qu'elle avait tant pleuré
ou le lui avait volé. Qu'en avait-on fait?
Quêtait-il devenu ?
Une foule de pensées se croisaient, se heur-
taient dans sa tète. Son cœur bondissait, des
larmes mondaientses joues, son regard avait
un rayonnement divin.
L'aveugle s'était interrompue.
Lu comtesse ne chercha pas à vaincre son
e: no .ion, mais pt^ant sa main sur l'épaule
de son ancienne femme de chamure:
Continuez, lui dit-elle doucement.
Eile savait, n..uis elle voulait toutentendre,
Quand l'aveu gle cessa de parler, elle lui dit-
Mariette, je vous plains, je vous plains
2o tout mon cœur. Votre malheur est af-
a-eux; mais serait-il moins grand, que je ne
voudrais pas, aujourd'hui, quand le repen-
;ir est entré en vous, vous faire des renro-
caas. Mes propres douleurs m.'ont appris àl
chats, des coups de pieds et des coups de
poings, et le maire, après leur départ, dit à
la foule « Nous pouvons nous retirer, c'est
fini. » (Exclamations sur plusieurs bancs à
gauche.) Elle se retira en effet, mais une fa-
randole fut organisée, et, aux cris de Vive
le roi elle parcourut les rues de Cavaillon;
arrivée au café d'Orient, le maire harangua
ses administrés dont quelques-uns lui récla-
mèreut leur salaire et l'on crut que tout al-
lait rentrer daus l'ordre.
Profitant de ce calme apparent, Gain-
betta, M. E. Adam et deux autres personnes
quittaient l'hôtel dans une voiture.
M. LE BARON DE SEPTENVILLE. Pourquoi
donc pas en ballon?
M. LE rapporteur.– Mais les perturbateurs
qui se trouvaient on ce moment au cercle
catholique furent prévenus de ce départ, se
précipitèrent sur la voiture, et, ne pouvant
l'arrêter, lancèrent contre elle une grêle de
pierres et une pluie de boue.
Un agent de police nommé Pépin se dis-
tinguait parmi les plus ardents.
Quant au maire de Cavaillon, qui avait
conquis son plus beau titre do gloire, il se
contentait d'envoyer M. le préfet Doncieux
ce télégramme laconique, mais significatif:
« Gambetta vient de partir, après réunion
avortée. »
Pas un mot do l'ordre si gravement com-
promis.
m.albert joly.– C'était unmaire de l'ordre
moral
M. LE RAPPORTEUR.-Les faits que nous ve-
nons de vous exposer sont non-seulement
consignés dans les protestations des électeurs
d'Avignon et de Cavaillon, mais ils sont en-
core affirmés par MM. Tardieu, député, et
Edmond Adam, sénateur, entendus par la
sous-commission.
M. du Domaine estime que la manifesta-
tion de Cavaillon n'a pas la gravité que ses
adversaires lui ont donnée, et qu'elle n a pas
été préméditée.
Nous pensons, au contraire que, même en
tenant compte de certaines exagérations qui
ont pu se produire dans l'exposé .des faits,
les troubles de Cavaillon ont une gravité
exceptionnelle et ne peuvent être assimilés
à ces troubles fortuits et passagers qui sur-
gissent quelquefois parmi les populations si
impressionnables et 3i bruyantes du Midi.
M. Edmond Adamnous a, en effet, déclaré
qu'il pouvait bien y avoir dans ces actes une
préméditation d'assassinat contre M. Gam-
fcetta, quoique cela ne parût pas vraisembla-
ble mais ru'il afflrmait positivement qu'un
crime était inévitable si les républicains
avaient répondu à la violence par la vio-
lence. Il a ajouté « Le maire de Cavaillon
a du avoir une certaine action sur les élec-
tions, car le département fut sous le coup de
la terreur. »
Dans une lettre que l. Pin, sénateur,
écrit à votre rapporteur, le 8 avril, on lit:
u Je crois devoir vous certifier que les abus,
les fraudes et les violences qui sont repro-
chés à l'administration et au maire de Ca-
vaillon ne sont, hélas! quo trop vrais. Les
scènes de Uavaillon, au passage de Gambetta,
ont semé la terreur dans nos contrées, et il
est temps que notre département, si doulou-
reusement éprouvé, rentre dans l'ordre et le
calme que tous ses habitants souhaitent im-
patiemment. »
Quoi qu'il en soit,il estdès maintenant in-
contestable que, pendant la période étecto-
rale, une réunion privée, parfaitement lé-
gale, et nous pouvons dire absolument né-
cessaire, puisque le candidat était étranger
à l'arrondissement, a été empêchée par la
violence; que cette violence avait été pré-
méditée, préparée par les partisans du candi-
dat agréable à l'administration que c'est à
Avignon, chef-lieu de département, ville
éloignée de plus de vingt kilomètres de Ca-
vail;on, qu'une bande d'émeutiers a été
recrutée; qu'elle a été conduite à Ca,vail-
lon, nourrie et payée par les adversaires du
candidat républicain afin de mettre ce der-
nier dans l'impossibilité de s'entretenir avec
ses électeurs et afin d'intimider ceux-ci;
que l'autorité, bien que prévenue, a laissé
se produire sous ses yeux les plus graves dé-
connaître celles des autres, et depuis long-
temps je me suis imposé le devoir, la douce
mission de consoler. Vous m'apportez une
nouvelle et grande douleur, mais en même
temps un radieux espoir. lîelevez-vous, Ma-
riette, relevez-vous; vous n'êtes pas la plus
grande coupable, la comtesse de Bussiôres
vous pardonne
L'aveugle et son fils passèrent la nuit au
château.
La comtesse n'eut pas àréfléchirlongtemps
pour découvrir sous l'obsession de quelle
pensée son mari avait agi, et le but qu'il
poursuivait en lui enlevant son enfant. Alors
elle amèrement de ne lui avoir point
prouvé qu'elle n'était pas coupable, en lui
i'aisant connaître l'abominable intrigue dont
Lucien de Luranne et elle avaient été vic-
times.
Dans le coffret d'argent elle retrouva la
lettre de Lucien et le billet de M. do Lu-
i ranne. Ces deux papiers aussi disaient son
innocence.
Dès le lendemain, Mariette ayant repris le
chemin de son pays, la comtesse partit pour
Ce n'est pas sans une profonde émotion
qu'elle vit s'ouvrir devant elle la porte de ce
vieil hôtelqu'elle avait volontairement quitté
et dans lequel elle ne croyait pas devoir ren-
trer jamais.
Un homme, le portier, qui lui était in-
connu. se dressa devant elle avec un airt
étonné qui signifiait e Une femme Voila.
sordres, méconnaissant ainsi le premier de
ses devoirs, qui est de veiller sur la liberté
et la sécurité des citoyens, et en temps d'é-
lection, de protéger la liberté électorale
qu'ayant la foice armée sous la main, elle
n'a pas cru devoir s'en servir pour dissiper
une troupe de malfaiteurs et l'empêcher d'in-
jurier, de maltraiter les citoyens les plus ho-
norables, les députés du pays et de violer
leur domicile. (Assentiment sur plusieurs
bancs à gauche.)
Messieurs, votre bureau, péniblement im-
pressionné par la gravité de ces faits délic-
tueux, a cru devoir s'enquérir des mesures
qui avaient dû être prises 'par la magistrature
pour en rechercher les auteurs et les punir.
Son président, M. Albert Grévy, a demandé
officiellement à M. le garde des sceaux quels
avaient été les agissements du parquet d'A-
vignon.
PLUSIEURS MEMBRES A GAUCHE. Ecoutez!
écoutez
nI. LE rapporteur. Dans une note qui nous
a été transmise par l'honorable ministre de
la justice, il est dit que les rapports de M.
le procureur général de lïîmes n'avaient eu
aucun trait aux élections et n'avaient eu
pour but que d'examiner si les réunions
étaient des réunions publiques ou privées et
que la réunion publique de Cavaillon ayant
été dissoute volontairement par ceux qui
l'avaient provoquée, on ne crut pas oppor-
tuli' de les poursuivre. » (Exclamations et
rires sur divers baucs à gauche.)
La magistrature semblait s'être ainsicom-
plétement désintéressée des troubles de Ca-
vaillon et votre bureau l'avait constaté avec
regret.
Cependant, à la dernière séance du 11e bu-
reau,le 18 mai, M. du Demainenous atraus-
mis un rapport, sous forme épistolaire, qui
lui avait été adressé, le 7 mai par M.
Pellerin, procureur de laRépublique à Avi-
gnon.
Voici les termes deace rapport
« Il en résulte
»1° Que des manifestations, vives et bruyan-
tes, avaient eu lieu pendant la soirée du
février et qu'elles avaient pour auteurs de
à 5,000 personnes de toute opinion, massées
sur le boulevard, sans qu'il fût possible de
distinguer par qui les paroles outrageantes
étaient proférées; mais que la responsabilité
de ces démonstrations, qui n'avaient d'ail-
leurs été, d'après M. Touret, « rien de bien
extraordinaire », incombait tout entière aux
partisans de la candidature de M. Gambetta.
ux membre A GAUCHE.- Ilfaut évidemment
poursuivre M. Gambetta. (Rires à gauche,)
M. LE RAPPORTEUR. -Je suis, en effet, cou-
vaincu, dit M. le maréchal des logis, que si
ces derniers n'avaient pas convoqué pour ce
jour-lo, à Cavaillon, le ban et l'arrière-ban
des populations les plus radicales du dépar-
tement de Vaucluse et des localités voisines
du département des Bouches-du-Rhône, les
partisans d'une autre opinion, si restreint
qu'ait été leur nombre, ne seraient pas non
plus venus du dehors. » (Rumeurs à gau-
che. )
» Que deux pierres avaient été lancées de
loin, et sans qu'on ait pu savoir par qui, con-
tre la façade de l'hôtel Béridot, et que l'une
d'elles, brisant deux petits carreaux de vitres
et la traverse qui les séparait, avait pénétré
dans l'appartement où se trouvaient alors Bô-
ridot et sa domestique, et brisé le verre que
la domestique tenait à la main.
» o° Que deux jeunes gens, étrangers à
Cavaillou, les nommés Place et Fabre, sur-
pris en flagrant délit d'excitation au trouble
et au désordre, au moment où les invités à
la réunion sortaient de la remise de Béridot,
avaient été arrêtas par M. le maire lui-même
et livrés à la gendarmerie.
4° Qu'un troisième inculpé, Terris, d'ori-
gine anglaise, avait été arrêté par le gen-
darme a von, au moment où il criait aux
gendarmes qui conduisaient ses camarades:
« Tas de lâchas »
« 5o Que les pierres avaient été lancées à
la gendarmerie, quand elle conduisait à la
chambre de sûreté les deux jeunes gens
qu'on venait de lui confier et que ce n'avait
été qu'en visant la foule avec son revolver
une aventure bien surprenante. »
La comtesse avait jeté les yeux autour
d'elle et compris que l'hôtel était à peu près
désert.
Est-ce que M. le comte de Bussières
n'est pas ci Paris? demanda-t-elle au portier.
M. le comte est en voyage depuis un
an, répondit-il.
La comtesse devint très pâle et chancela.
La surprise du portier augmenta.
Ainsi, reprit la comtesse d'une voix
oppressée, il n'y a personne a l'hôtel que je
puisse voir?
Il n'y a ici que M. Germain, l'intendant
de M. le comte.
–Ah Germain Germain fit la comtesse,
je verrai M. Germain.
-Je ne sais pas s'ilvous recevra,madame;
mais vous ne m'avez pas dit encore qui vous
êtes.
Je suis la comtesse de Bussières.
Le portier faillit tomber à la renverse.
La comtesse aj outa
Allez, mon ami, allez demander à l'in-
tendant de M. le comte s'il veut bien rece-
voir.la femme de son maire.
Le portier traversa la cour en courant
comme un fou, et la comtesse marcha lente-
ment vers le perron. Elle mettait le pied
sur la première marche de pierre lorsque
Germain parut tète nue, le corps ployé en
deux. La comtesse passa devant lui en di-
sant Venez.
Et elle entra dans le salon.
que le brigadier Hardouin avait pu éviter la
plus regrettable des collisions.
» Et 6°, que. le niaire de Cavail' on,
pénétré, à la suite de M. Gambetta, dai'is le
local de la réunion projetée et y ayant fait
appel à ses administrés, y avait'été hué et
sifflé, sans que ces outrages adressés au ma-
gistrat municipal dans l'exercice de ses fonc-
tions, ait été de la part de personne l'objet
do la moindre improbation. »
La Chambre sera sans doute étonnée de
cette communication tardive faite en debor; v
de toutes les règles par le parquet d'Avi
gnon au candidat contesté, d'une procûdurt
correctionnelle abandonnée, alors que soi:
bureau n'avait pu obtenir qu'une réponse à
peu près négative de M. le ministre de la
justice sur les agissements du ministère pu-
blic à l'occasion des troubles de Cavaillon.
Il lui semblera aussi que l'enquête com-
mencée par M. le procureur de la Républi-
que qui s'est contenté d'entendre trois té-
moins, a été bien insuffisante et cesse bien
rapidement, et qu'enfin les appréciations de
ce magistrat semblent contradictoires.
Une manifestation dans laquelle un gen-
darme a cru, pour éviter la plus regrettable
des collisions, devoir menacer la foule do sou
revolver, dans laquelle la vie .d'honorables
citoyens a été mise en danger et qui a porté
une atteinte aussi grave à la liberté électo-
rale, était plus qu'une manifestation vive et
bruyante, comme l'a qualifié M. le procu-
reur de la République et demandait une en-
quête plus sérieuse.
Cette enquête sérieuse, que le parquet
d'Avignon a négligé de faire, la Chambre la
fera certainement.
UN CONGRÈS D'ÉTUDIAN'S
aura eu, même après sa mort. le
privilège de donner essor à une idée géné-
reuse et- féconde.
C'est le lendemain des splendides funérail-
les que Paris lui a faites, que la jeunesse des
écoles a voulu se réunir pour poser les pre-
mières bases d'un congrès international d'é-
tudiants.
La présence à Paris des délégués de plu-
sieurs grandes universités de l'Europe et des
représentants de toutes les facultés de no
provinces, devait favoriser ce projet qui exige
des efiorts considérables mais qui mérite, ;;u
premier abord, d'être encouragé et seconde.
Malheureusement, ceux qui ont pris l'ini-
tiative du congrès n'ont pas su donner à leur
manifestation toute l'importance qu'elle pou-
vait avoir, en restreignant le nombre des
lettres d'invitation et en ne demandait
comme l'a dit l'un d'eux, que le concours des
étudiants favorables à l'idée.
Cette exclusion, qui ne signifiait rien, sem
blait éloigner la discussion, et si ceux qui
veulent lancer une grande idée repoussent
les conseils ou les contradictions, qui don-
nera donc l'exemple de la tolérance?
Si la jeunesse de tous lespays s'étend et se
comprend, on peut espérer beaucoup de eus
relationset de cet accord, car la jeunesse des
écoles c'est l'avenir et l'espoir des nations.
Un orateur, M. Albert Me urger, colui-l;i
même qui a porté la parole sur la tombe du
Michelet, avait demandé que les étudiants
allemands fussent exclus du Congrès inter-
national. Cette motion peut paraître patrio-
tique, mais elle n'est pas pratique en ce!te
occurrence, du moins.
Si le congrès se réunit à Rome. à Vienne.
à Londres ou a Madrid, il est évident que les
étudiants italiens, anglais, autrichiens ou
espagnols, recevront leurs collègues allc-
mands, etque les étudiants français ne pour-
ront faire un pas, au delà de la frontière,
sans rencontrer les Allemands, qui son les
ennemis d'aujourd'hui et qui peuvent êtiv
les amïs dé demain.
Quoi qu'il en soit, l'idée du congrès d'étu-
diants est excellente, mais il faut qu'elle soit
mûrie
Le banquet que nous annoncions hier a
eu lieu salle fiagache, rue Lecourbe. il
était aux délégués qui, nous devons ie
dire, ne se sont pas tous rendus à l'appel qui
leur avait été fait.
Germain la suivit, gardant son attitude
humble et respectueuse.
Germain, dit-elle d'une voix vibrant
j'ignorais que votre maître frit abstent cie Pa-
ris je venais pour le voir. Mais, si vous la
voulez, vous pouvez me répondre. Ger-
main, vous savez ce qui s'est passé au châ-
teau d'Aricuille, vous étiez le complice du
comte lorsqu'il m'a enlevé mon enfant.
Le vieux serviteur recula avec épouvante.
Depuis deux jours seulement je fais
tout, continua la comtesse; mais j'oublie et
je pardonne, à une condition cependant
Germain, vous allez me dire, à l'instant
même, ce qu'on a fait de mon fils, vous al-
lez me dire où il est; je veux que vous nv
rendiez mon fils
Germain eut un gémissement plaintif
Mon Dieu, mon Dieu! murmura- t-il
vous m'avez lait vivre trop longtemps.
-J'attends, Germain, j'attends!
Hélas je ne peux rien vous dire, rien.
Elle lui saisit le bras avec violence.
Pourquoi, répondez, pourquoi? s'écria-
t-elle.
Ah je suis désolé, désespéré!
EMILE RICHEBOURG.
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(lierons il ne faut pas qu'il sorte de Cavail-
•on (Lau fhrem peta.) «'{Exclamations à gau-
che.
UN membre au CENTRE. Expliquez ce pa-
;ois Ce n'est pas la langue de Pétrarque!
m. CLAUDE, rapporteur. Vers sept heures et
demie, tous ces gens avinés, qui se traitaient
du collègues, qui avaient un signe de rallie-
on dit même des revolvers, -se
ruèrent de nouveau devant l'hôtel où se
freinait M. Gambetta, afin sans doute de
faire le grand coup annoncé par le maire.
ils y recommencèrent leurs cris et leur ta-
page, et le tumulte paraissait son comble.
Cependant M. de Banières les excitait en-
core ,en leur disant « Vous ne faites pas
assez de bruit, vous ne pourrez empêcher la
réunion; il vous faudrait des tambours, des
instruments pour faire un grand charivari,
un bruit énorme. » Son conseil lut suivi, et
au bruit causé par les cris, s'ajouta bientôt
celui des arrosoirs, des tuyaux de poêle, etc.,
et le vacarme devint épouvantable.
La foule, de plus en plus affolée, cria «A
Cayenne, Gambetta Qu'il descendue, nous le
hendrons » Un homme montrant un revol-
ver (Il Qu'il se montre, son affaire est faite.»
Un autre en frappant sur une casserole
« (,'est là-dedans que nous ferons cuire son
foie. »
Des pierres furent lancées contre l'hôtel,
lesienêtres et les carreaux volèrent en éclàts.
Les projectiles arrivaient près de la salle où
M. Gambetta se trouvait avec ses amis. La
fille de l'hôtelier fut atteinte au bras et à la
poitrine. L'alarme en ce moment fut assez
grande pour que M. Edmond Adam jugeât
nécessaire de faire armer de revolvers quel-
ques-uns de ses amis et de prendre des pré-
cautions contre une attaque qui lui parais-
sait imminente.
L'on vit alors entrer dans la salle le com-
missaire de police très-ému, et il déclara que
l'autorité était impuissante à rétablir l'ordre
et faire respecter l'exercice du droit de
réunion; qu'au nom de J'humanité. et pour
éviter de plus grands malheurs, il deman-
dait que l'on renoncât à la réunion privée
qui devait suivre le banquet et qu'alors il
était à présumer que les perturbateurs con-
sentiraient à quitter la place.
Le maire arriva sur ces entrefaites, prit
une attitude provocatrice, voulant, disait-il,
visiter la maison, Darce qu'on lançait des
pierres du haut des toits. Il s'adressa ensuite
a M. Gambetta, confirma les paroles du com-
missaire en affirmant qu'il ne répondait pas
̃le l'ordre si on persistait à vouloir donner la
.•é union privée.
M. Gambetta pensa avec raison qu'il fal-
lait, dans l'intérêt de la paix publique, re-
noncer à la réunion projetée; il put péné-
trer par une porte dérobée dans la salle de
la réunion où ses électeurs l'attendaient,
leur expliqua que l'autorité venait do lui dé-
clarer qu'elle ne pouvait maintenir l'ordre
qu'il fallait éviter tous les prétextes au dé-
;ordre et à l'agitation, c'est pourquoi il les
exhortait à se retirer avec calme.
Pendant que ces incidents se produisaient
n l'intérieur, le tapage continuait au dehors
a foule assiégeait l'hôtel et taisait des tenta-
;ivcs pour enfoncer les portes, qui heureuse-
ment étaient solidement maintenues à l'in-
térieur.
Il ne faut pas qu'il sorte, criait-on, dùt-
ily rester quatre jours, il faut que nous l'é-
tranglions. » Les gendarmes et les autres
agents de la force publique assistaient tou-
jours impassibles à ces désordres comme ils
l'avaient iaitprécédemment, c'était bien leur
consigne il n'est pas douteux que si M.
Gambetta était sorti de l'hôtelencemoment
comme le lui conseillait M. Bonaûona le
maire, il eût été victime de !a fureur de cette
multitude. (Oh! oh gauche.)
si. Marcelin PELLET. C'est l'histoire du
maréchal Brune
LE RAPPORTEUR. Le coup avait donc
réussi, la réunion privée n'avait pas eu lieu
le maire l'annonce à ceux qu'il nommait ses
amis. en leur déclarant que ce serait son ti-
;re de gloire.
Les invités à la réunion sortirent de l'hô-
tel au miheu des injures, des huées, des cra-
la comtesse vous pouvez parler.
Alors, elle raconta d'une voix faible, sac-
cadée, sans chercher a atténuer en rien l'o-
ineuxde sa conduite, sa complicité dans l'en-
lèvement de l'enfant.
La comtesse écouta la première partie du
récit penchée vers l'aveugle, les yeux étin-
:elants, la poitrine laletante.
i'out à coup, elle poussa un grand cri et
s'agenouilla en face de Mariette, ses mains
tremblantes levées vers le ciel.
L'ancienne femme de chambre n'avait pas
fini de parler; mais la comtesse venait de
comprendre. Quelle révélation
Ainsi, cet enfant, qu'elle avait tant pleuré
ou le lui avait volé. Qu'en avait-on fait?
Quêtait-il devenu ?
Une foule de pensées se croisaient, se heur-
taient dans sa tète. Son cœur bondissait, des
larmes mondaientses joues, son regard avait
un rayonnement divin.
L'aveugle s'était interrompue.
Lu comtesse ne chercha pas à vaincre son
e: no .ion, mais pt^ant sa main sur l'épaule
de son ancienne femme de chamure:
Continuez, lui dit-elle doucement.
Eile savait, n..uis elle voulait toutentendre,
Quand l'aveu gle cessa de parler, elle lui dit-
Mariette, je vous plains, je vous plains
2o tout mon cœur. Votre malheur est af-
a-eux; mais serait-il moins grand, que je ne
voudrais pas, aujourd'hui, quand le repen-
;ir est entré en vous, vous faire des renro-
caas. Mes propres douleurs m.'ont appris àl
chats, des coups de pieds et des coups de
poings, et le maire, après leur départ, dit à
la foule « Nous pouvons nous retirer, c'est
fini. » (Exclamations sur plusieurs bancs à
gauche.) Elle se retira en effet, mais une fa-
randole fut organisée, et, aux cris de Vive
le roi elle parcourut les rues de Cavaillon;
arrivée au café d'Orient, le maire harangua
ses administrés dont quelques-uns lui récla-
mèreut leur salaire et l'on crut que tout al-
lait rentrer daus l'ordre.
Profitant de ce calme apparent, Gain-
betta, M. E. Adam et deux autres personnes
quittaient l'hôtel dans une voiture.
M. LE BARON DE SEPTENVILLE. Pourquoi
donc pas en ballon?
M. LE rapporteur.– Mais les perturbateurs
qui se trouvaient on ce moment au cercle
catholique furent prévenus de ce départ, se
précipitèrent sur la voiture, et, ne pouvant
l'arrêter, lancèrent contre elle une grêle de
pierres et une pluie de boue.
Un agent de police nommé Pépin se dis-
tinguait parmi les plus ardents.
Quant au maire de Cavaillon, qui avait
conquis son plus beau titre do gloire, il se
contentait d'envoyer M. le préfet Doncieux
ce télégramme laconique, mais significatif:
« Gambetta vient de partir, après réunion
avortée. »
Pas un mot do l'ordre si gravement com-
promis.
m.albert joly.– C'était unmaire de l'ordre
moral
M. LE RAPPORTEUR.-Les faits que nous ve-
nons de vous exposer sont non-seulement
consignés dans les protestations des électeurs
d'Avignon et de Cavaillon, mais ils sont en-
core affirmés par MM. Tardieu, député, et
Edmond Adam, sénateur, entendus par la
sous-commission.
M. du Domaine estime que la manifesta-
tion de Cavaillon n'a pas la gravité que ses
adversaires lui ont donnée, et qu'elle n a pas
été préméditée.
Nous pensons, au contraire que, même en
tenant compte de certaines exagérations qui
ont pu se produire dans l'exposé .des faits,
les troubles de Cavaillon ont une gravité
exceptionnelle et ne peuvent être assimilés
à ces troubles fortuits et passagers qui sur-
gissent quelquefois parmi les populations si
impressionnables et 3i bruyantes du Midi.
M. Edmond Adamnous a, en effet, déclaré
qu'il pouvait bien y avoir dans ces actes une
préméditation d'assassinat contre M. Gam-
fcetta, quoique cela ne parût pas vraisembla-
ble mais ru'il afflrmait positivement qu'un
crime était inévitable si les républicains
avaient répondu à la violence par la vio-
lence. Il a ajouté « Le maire de Cavaillon
a du avoir une certaine action sur les élec-
tions, car le département fut sous le coup de
la terreur. »
Dans une lettre que l. Pin, sénateur,
écrit à votre rapporteur, le 8 avril, on lit:
u Je crois devoir vous certifier que les abus,
les fraudes et les violences qui sont repro-
chés à l'administration et au maire de Ca-
vaillon ne sont, hélas! quo trop vrais. Les
scènes de Uavaillon, au passage de Gambetta,
ont semé la terreur dans nos contrées, et il
est temps que notre département, si doulou-
reusement éprouvé, rentre dans l'ordre et le
calme que tous ses habitants souhaitent im-
patiemment. »
Quoi qu'il en soit,il estdès maintenant in-
contestable que, pendant la période étecto-
rale, une réunion privée, parfaitement lé-
gale, et nous pouvons dire absolument né-
cessaire, puisque le candidat était étranger
à l'arrondissement, a été empêchée par la
violence; que cette violence avait été pré-
méditée, préparée par les partisans du candi-
dat agréable à l'administration que c'est à
Avignon, chef-lieu de département, ville
éloignée de plus de vingt kilomètres de Ca-
vail;on, qu'une bande d'émeutiers a été
recrutée; qu'elle a été conduite à Ca,vail-
lon, nourrie et payée par les adversaires du
candidat républicain afin de mettre ce der-
nier dans l'impossibilité de s'entretenir avec
ses électeurs et afin d'intimider ceux-ci;
que l'autorité, bien que prévenue, a laissé
se produire sous ses yeux les plus graves dé-
connaître celles des autres, et depuis long-
temps je me suis imposé le devoir, la douce
mission de consoler. Vous m'apportez une
nouvelle et grande douleur, mais en même
temps un radieux espoir. lîelevez-vous, Ma-
riette, relevez-vous; vous n'êtes pas la plus
grande coupable, la comtesse de Bussiôres
vous pardonne
L'aveugle et son fils passèrent la nuit au
château.
La comtesse n'eut pas àréfléchirlongtemps
pour découvrir sous l'obsession de quelle
pensée son mari avait agi, et le but qu'il
poursuivait en lui enlevant son enfant. Alors
elle amèrement de ne lui avoir point
prouvé qu'elle n'était pas coupable, en lui
i'aisant connaître l'abominable intrigue dont
Lucien de Luranne et elle avaient été vic-
times.
Dans le coffret d'argent elle retrouva la
lettre de Lucien et le billet de M. do Lu-
i ranne. Ces deux papiers aussi disaient son
innocence.
Dès le lendemain, Mariette ayant repris le
chemin de son pays, la comtesse partit pour
Ce n'est pas sans une profonde émotion
qu'elle vit s'ouvrir devant elle la porte de ce
vieil hôtelqu'elle avait volontairement quitté
et dans lequel elle ne croyait pas devoir ren-
trer jamais.
Un homme, le portier, qui lui était in-
connu. se dressa devant elle avec un airt
étonné qui signifiait e Une femme Voila.
sordres, méconnaissant ainsi le premier de
ses devoirs, qui est de veiller sur la liberté
et la sécurité des citoyens, et en temps d'é-
lection, de protéger la liberté électorale
qu'ayant la foice armée sous la main, elle
n'a pas cru devoir s'en servir pour dissiper
une troupe de malfaiteurs et l'empêcher d'in-
jurier, de maltraiter les citoyens les plus ho-
norables, les députés du pays et de violer
leur domicile. (Assentiment sur plusieurs
bancs à gauche.)
Messieurs, votre bureau, péniblement im-
pressionné par la gravité de ces faits délic-
tueux, a cru devoir s'enquérir des mesures
qui avaient dû être prises 'par la magistrature
pour en rechercher les auteurs et les punir.
Son président, M. Albert Grévy, a demandé
officiellement à M. le garde des sceaux quels
avaient été les agissements du parquet d'A-
vignon.
PLUSIEURS MEMBRES A GAUCHE. Ecoutez!
écoutez
nI. LE rapporteur. Dans une note qui nous
a été transmise par l'honorable ministre de
la justice, il est dit que les rapports de M.
le procureur général de lïîmes n'avaient eu
aucun trait aux élections et n'avaient eu
pour but que d'examiner si les réunions
étaient des réunions publiques ou privées et
que la réunion publique de Cavaillon ayant
été dissoute volontairement par ceux qui
l'avaient provoquée, on ne crut pas oppor-
tuli' de les poursuivre. » (Exclamations et
rires sur divers baucs à gauche.)
La magistrature semblait s'être ainsicom-
plétement désintéressée des troubles de Ca-
vaillon et votre bureau l'avait constaté avec
regret.
Cependant, à la dernière séance du 11e bu-
reau,le 18 mai, M. du Demainenous atraus-
mis un rapport, sous forme épistolaire, qui
lui avait été adressé, le 7 mai par M.
Pellerin, procureur de laRépublique à Avi-
gnon.
Voici les termes deace rapport
« Il en résulte
»1° Que des manifestations, vives et bruyan-
tes, avaient eu lieu pendant la soirée du
février et qu'elles avaient pour auteurs de
à 5,000 personnes de toute opinion, massées
sur le boulevard, sans qu'il fût possible de
distinguer par qui les paroles outrageantes
étaient proférées; mais que la responsabilité
de ces démonstrations, qui n'avaient d'ail-
leurs été, d'après M. Touret, « rien de bien
extraordinaire », incombait tout entière aux
partisans de la candidature de M. Gambetta.
ux membre A GAUCHE.- Ilfaut évidemment
poursuivre M. Gambetta. (Rires à gauche,)
M. LE RAPPORTEUR. -Je suis, en effet, cou-
vaincu, dit M. le maréchal des logis, que si
ces derniers n'avaient pas convoqué pour ce
jour-lo, à Cavaillon, le ban et l'arrière-ban
des populations les plus radicales du dépar-
tement de Vaucluse et des localités voisines
du département des Bouches-du-Rhône, les
partisans d'une autre opinion, si restreint
qu'ait été leur nombre, ne seraient pas non
plus venus du dehors. » (Rumeurs à gau-
che. )
» Que deux pierres avaient été lancées de
loin, et sans qu'on ait pu savoir par qui, con-
tre la façade de l'hôtel Béridot, et que l'une
d'elles, brisant deux petits carreaux de vitres
et la traverse qui les séparait, avait pénétré
dans l'appartement où se trouvaient alors Bô-
ridot et sa domestique, et brisé le verre que
la domestique tenait à la main.
» o° Que deux jeunes gens, étrangers à
Cavaillou, les nommés Place et Fabre, sur-
pris en flagrant délit d'excitation au trouble
et au désordre, au moment où les invités à
la réunion sortaient de la remise de Béridot,
avaient été arrêtas par M. le maire lui-même
et livrés à la gendarmerie.
4° Qu'un troisième inculpé, Terris, d'ori-
gine anglaise, avait été arrêté par le gen-
darme a von, au moment où il criait aux
gendarmes qui conduisaient ses camarades:
« Tas de lâchas »
« 5o Que les pierres avaient été lancées à
la gendarmerie, quand elle conduisait à la
chambre de sûreté les deux jeunes gens
qu'on venait de lui confier et que ce n'avait
été qu'en visant la foule avec son revolver
une aventure bien surprenante. »
La comtesse avait jeté les yeux autour
d'elle et compris que l'hôtel était à peu près
désert.
Est-ce que M. le comte de Bussières
n'est pas ci Paris? demanda-t-elle au portier.
M. le comte est en voyage depuis un
an, répondit-il.
La comtesse devint très pâle et chancela.
La surprise du portier augmenta.
Ainsi, reprit la comtesse d'une voix
oppressée, il n'y a personne a l'hôtel que je
puisse voir?
Il n'y a ici que M. Germain, l'intendant
de M. le comte.
–Ah Germain Germain fit la comtesse,
je verrai M. Germain.
-Je ne sais pas s'ilvous recevra,madame;
mais vous ne m'avez pas dit encore qui vous
êtes.
Je suis la comtesse de Bussières.
Le portier faillit tomber à la renverse.
La comtesse aj outa
Allez, mon ami, allez demander à l'in-
tendant de M. le comte s'il veut bien rece-
voir.la femme de son maire.
Le portier traversa la cour en courant
comme un fou, et la comtesse marcha lente-
ment vers le perron. Elle mettait le pied
sur la première marche de pierre lorsque
Germain parut tète nue, le corps ployé en
deux. La comtesse passa devant lui en di-
sant Venez.
Et elle entra dans le salon.
que le brigadier Hardouin avait pu éviter la
plus regrettable des collisions.
» Et 6°, que. le niaire de Cavail' on,
pénétré, à la suite de M. Gambetta, dai'is le
local de la réunion projetée et y ayant fait
appel à ses administrés, y avait'été hué et
sifflé, sans que ces outrages adressés au ma-
gistrat municipal dans l'exercice de ses fonc-
tions, ait été de la part de personne l'objet
do la moindre improbation. »
La Chambre sera sans doute étonnée de
cette communication tardive faite en debor; v
de toutes les règles par le parquet d'Avi
gnon au candidat contesté, d'une procûdurt
correctionnelle abandonnée, alors que soi:
bureau n'avait pu obtenir qu'une réponse à
peu près négative de M. le ministre de la
justice sur les agissements du ministère pu-
blic à l'occasion des troubles de Cavaillon.
Il lui semblera aussi que l'enquête com-
mencée par M. le procureur de la Républi-
que qui s'est contenté d'entendre trois té-
moins, a été bien insuffisante et cesse bien
rapidement, et qu'enfin les appréciations de
ce magistrat semblent contradictoires.
Une manifestation dans laquelle un gen-
darme a cru, pour éviter la plus regrettable
des collisions, devoir menacer la foule do sou
revolver, dans laquelle la vie .d'honorables
citoyens a été mise en danger et qui a porté
une atteinte aussi grave à la liberté électo-
rale, était plus qu'une manifestation vive et
bruyante, comme l'a qualifié M. le procu-
reur de la République et demandait une en-
quête plus sérieuse.
Cette enquête sérieuse, que le parquet
d'Avignon a négligé de faire, la Chambre la
fera certainement.
UN CONGRÈS D'ÉTUDIAN'S
aura eu, même après sa mort. le
privilège de donner essor à une idée géné-
reuse et- féconde.
C'est le lendemain des splendides funérail-
les que Paris lui a faites, que la jeunesse des
écoles a voulu se réunir pour poser les pre-
mières bases d'un congrès international d'é-
tudiants.
La présence à Paris des délégués de plu-
sieurs grandes universités de l'Europe et des
représentants de toutes les facultés de no
provinces, devait favoriser ce projet qui exige
des efiorts considérables mais qui mérite, ;;u
premier abord, d'être encouragé et seconde.
Malheureusement, ceux qui ont pris l'ini-
tiative du congrès n'ont pas su donner à leur
manifestation toute l'importance qu'elle pou-
vait avoir, en restreignant le nombre des
lettres d'invitation et en ne demandait
comme l'a dit l'un d'eux, que le concours des
étudiants favorables à l'idée.
Cette exclusion, qui ne signifiait rien, sem
blait éloigner la discussion, et si ceux qui
veulent lancer une grande idée repoussent
les conseils ou les contradictions, qui don-
nera donc l'exemple de la tolérance?
Si la jeunesse de tous lespays s'étend et se
comprend, on peut espérer beaucoup de eus
relationset de cet accord, car la jeunesse des
écoles c'est l'avenir et l'espoir des nations.
Un orateur, M. Albert Me urger, colui-l;i
même qui a porté la parole sur la tombe du
Michelet, avait demandé que les étudiants
allemands fussent exclus du Congrès inter-
national. Cette motion peut paraître patrio-
tique, mais elle n'est pas pratique en ce!te
occurrence, du moins.
Si le congrès se réunit à Rome. à Vienne.
à Londres ou a Madrid, il est évident que les
étudiants italiens, anglais, autrichiens ou
espagnols, recevront leurs collègues allc-
mands, etque les étudiants français ne pour-
ront faire un pas, au delà de la frontière,
sans rencontrer les Allemands, qui son les
ennemis d'aujourd'hui et qui peuvent êtiv
les amïs dé demain.
Quoi qu'il en soit, l'idée du congrès d'étu-
diants est excellente, mais il faut qu'elle soit
mûrie
Le banquet que nous annoncions hier a
eu lieu salle fiagache, rue Lecourbe. il
était aux délégués qui, nous devons ie
dire, ne se sont pas tous rendus à l'appel qui
leur avait été fait.
Germain la suivit, gardant son attitude
humble et respectueuse.
Germain, dit-elle d'une voix vibrant
j'ignorais que votre maître frit abstent cie Pa-
ris je venais pour le voir. Mais, si vous la
voulez, vous pouvez me répondre. Ger-
main, vous savez ce qui s'est passé au châ-
teau d'Aricuille, vous étiez le complice du
comte lorsqu'il m'a enlevé mon enfant.
Le vieux serviteur recula avec épouvante.
Depuis deux jours seulement je fais
tout, continua la comtesse; mais j'oublie et
je pardonne, à une condition cependant
Germain, vous allez me dire, à l'instant
même, ce qu'on a fait de mon fils, vous al-
lez me dire où il est; je veux que vous nv
rendiez mon fils
Germain eut un gémissement plaintif
Mon Dieu, mon Dieu! murmura- t-il
vous m'avez lait vivre trop longtemps.
-J'attends, Germain, j'attends!
Hélas je ne peux rien vous dire, rien.
Elle lui saisit le bras avec violence.
Pourquoi, répondez, pourquoi? s'écria-
t-elle.
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