Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1865-11-22
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 22 novembre 1865 22 novembre 1865
Description : 1865/11/22 (Numéro 1026). 1865/11/22 (Numéro 1026).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k589123j
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
BDREA-UJ. .Cfi- > lit is.lJ3
àJaJib'rwrffi i':i Ï-H 'Joi nx»r.
partent cfu.l" ol du j8 (.IL ici mois
1 Mandat pu, timbres-poslo
le journni ie
seulement.
J
LES AUTORITÉS DE MON VILLAGE
Alors qu'enfant j'habitais le [petit village
de dans le fond de l'Artpis, j'entendais
parler du gouverne les uns et par
les autres-en bien=- avec indul-
gence ou sévérité.
Le gouvernement entre dans une voie fatale,
disait un,mécontent..
Le gouvernement avisenu, affirmait un op-
timiste.
Le gouvernement ne peut pas tout faire, a-
joutait un tolérant.
De ces appréciations si diverses, je conclus
que le gouvernement n'était qu'un écolier
fantasque, méritant tour à tour des pensums
et des bons points.
Toutefois, quand j'entendis, articuler, plus
tard que le gouvernement avait déclarë la
guerre,- que le gouvernement avait réso-
lu d'écraser les factions et de se faire res-
pecter, que le gouvernement atait sur-
tout des milliards en maniement », je com-
pris qu'il ne s'agissait plus d'un collégien
capricieux, mais d'unehaute et grande puis-
sance
Et je brûlai .du désir de le voir de près
Pierre, demandai-je à notre garçon
de ferme, as-tu jamais vu le gouvernement,
toi?. •̃̃̃-•.
Moi ? répondit-il en rajustant sa char-
rue, j' crois bien.
Est-il beau? ̃
Pas trop. Il est grave de la petite vé-
role, il a une jambe qui retarde sur l'autre,
et on ditqu'il bat sa femme quand il a bu.
Et comment le nommes-tu ?
Panline, le gouvernement, c'est not'
maire, qui m'a fait tirer au sort. un gros
homme avec un drapeau tricolore autour dû
ventre les jours de fête.
Or, il est bon de vous faire savoir que ma
bonne mère, confinée dans ce village par un
esprit, de nécessaire économie, attendait,
comme veuve d,officier, une pension qui
n'arrivait pas assez vite.
Ce n'est pas étonnant, disait-elle de sa
voix douce. et mélancolique, personne ne
m'appuie auprès du gouvernement.'
Je songeai alors que la prière d'uri enfant
est souvent bien accueillie des hommes com-
me de Dieu.
Je me rendis chez l'autorité
Je trouvai legouvernementen manches de
FEUILLETON DU PETIT JOURNRL
DU NOVEMBRE
l,es 'Nouveaux Uranies de Paris
LA RÉSDRRECTI6N DE ROCAMBOLE
PREMIERE PARTIE
L'appartement habité par cette jeune fille, dont
M. Agénor s'occupait à son insu, était situé au
second étage, sur la rue.
La maison était d'honnête apparence; l'appar-
tement le plus cher était de deux mille francs,
le meilleur marché de nuit cents.
C'était un de ces derniers qu'habitait Mlle An-
toinette..
On ne lui connaissait pas d'autre nom; et la
pauvre enfant elle-même n'avait jamais su ce-
lui de ses parents.
La maîtresse de pension infirme que 'M110 An-
toinette avait prise à sa charge s'appelait Mrae
Raynaud.
Elle avait conp.iPdes jours meilleurs.
Femme d'un répétiteur à Charlemagne, elle
s'éiait vouée comme lui à l'enseignement. Long-
temps le petit pensionnat qu'elle dirigeait àAu-
(t) Voir le Petit Journal du 31 cet. au 31 novembr..
.cfromi.-p. rouge comme une erôte de coq, la
menace Ma b'o'uohe', les cheveux épars
moment. 'doit A'i?o on train d'.éci Jbcr les
disait-i^u S'1- j"(.b>e!s.. toujours étendus
dess-ur !a paille comme des viauxauiifuirtie
travailler à ces prés Si vous continuez
comme ça. j'vaa \ous faire brosser le ventre,
tas (ie propos rien'que vous 'êtes
midé par sa grandeur.
Quoi que tu cherches, fieu? me dit-il.
–-Je viens vous demander quelque chose.
Et quoi donc? dis-le tout haut, ces gail-
lards ne sont pas de trop.
-La pension de ma mère.
Ce n'est pas mon affaire. j'n'en porte
point sur moi.
Et qui cela regarde-t-il ?
Le département de la guerre ?
Où est-elle, la guerre ?
T,as lu l'Evangile, jp'tiot?
Oui. monsieur.
Eh bien il y.a une phrase qui répond
à ce que tu demandes.
Laquelle?'
Cherche, et tu trouveras.
Je sortis tout pensif; il devenait évident
pour moi que le gouvernement, comme les
phénomènes antédiluviens entrevus par Cu-
vier; avait plusieurs tûtes.
J'entrai chez l'instituteur, un peu par ha-
bitude. un peu pour me renseigner.
Ahlvous .voilà, me dit'il du plus loin
qu'il put me voir, venez que je vous tire les
oreilles vous avez commis deux pâtés sur
votre cahier d'écriture. D'où, venez-vous
donc ?
i Je cherche le gouvernement.
Vous y êtes.
Quoi, vous seriez?
L'instruction publique dans cette com-
mune. Racontez-moi votre affairo, tandis
que je vais raccommoder ma vieille redin-
gote.
Je demeurai ébahi.
Comment, lui dis-je, vous disposez,
comme gouvernement, de millions, et vous
faites des reprises perdues
Pauvreté n'est pas vice, me répondit-il..
Que signifie, ce proverbe?
Cela signifie que je ne suis pas les fi-
nances.
Et où sont-elles?
C'est le percecteur des contributions, ce
petit homme sec qui crie quand il perd un
sou en centcinquante au piquet, partie liée.
Il y a donc plusieurs gouvernements ?
Non; comme pour la Divinité, il y a un
seul gouvernement en diverses personnes.
̃ Et pour la pension de maman?
Il faut voir tout ce monde; continua le ma-
gister souriant, sans quitter son aiguille.
On ne saurait être trop épaulé. Tenez, de
ma fenêtre j'aperçois une parcelle du pou-
voir, Allez lui présenter vos respects.
teuil avait prospéré, puis son mari était mort,
et, dès lors, la pauvre femme avait vu sa mo-
deste fortune s'évanouir lentement.
Elle avait élevé deux jeunes filles qu'on était
venu lui confier un soir avec grand mystère, et
dont la première année de pension avait été ri-
chement payée. ̃
Mais, l'année suivanto; la belle dame qui ve-
nait voir les petites jumelles,- et qu'elles appe-
laient maman, n'avait plus reparu.
Mœe Raynaud l'avàit attendue- en vain. La pen-
sion n'était plus payée et les années s'écout-
laient.
L'institutrice avait adopté les deux orphelines
et quand le jour de sa ruine arriva, les deux
jeunes filles,. qui avaient alors dix-Jiuit ans, lui
dirent simplement
.Vous avez'été notre mère, nous travaille-
rons et serons vos filles.
L'une, Madeleine, était entrée dans un pen-
sionnat comme sous-maîtresse.
L'autre, Antoinette, n'avait point voulu se sé-
parer de sa mère adoptive.
Un jour, il y avait un an de cela, à l'époque
où commence notre récit, Madeleine avait cru
voir s'ouvrir pour elle tout un avenir.
Unè famille russe l'avait prise comme danie
de compagnie.
Elle était partie.
Chaque mois, elle envoyait une petite somme
à sa sœur, et le travail obstiné des deux enfants
parvenait à suffire aux besoins de la pauvre in-
firme et du modeste ménage, lorsque cette ma-
ladie grave, qui avait mis et mettait encore les
iours de Mmo Raynaud en péril, était venue
sur la' grande route le père.
Li'uuio, ayco su i'âce brunie par le soleil.
le cantonnier bèf,ue de l'arrondissement.
'OCCiipe.à boucher les ornières.
blics, me dit Jeâi.aîtie d'école, qui avait a-
ciievé son surjet.
Je m'approphai de cette nouvelle puis-
sance.
Monsieur le gouvernement, lui dis-je-,
voulez-vous medonner audience?
Il fait b .& b bigrement chaud,
répliqua avec effort l'éminence en essuyant
son front. quel co eo co, quel co co co
coquin de métier. on cuirait dans son
jus.
En ce moment, un bonhomme passa, en
veste de molleton, l'oeil bienveillant, le re-
gard vif, monté sur un âne.
Que demandez-vous, enfant? cria-t-il.
Justice repartis-je. ']
La justice, dit-il, présente! Levez la
main, dites la vérité, toutela vérité, rienque
la vérité
J'avais fait rencontre du magistrat de paix
de 1 endroit, qu'on appelait à dix lieues à la
ronde le père Conciliation.
Le père Conciliation écouta ma supplique,
et me dit en fouettant son âne
Thémjs n'a rien à faire en tout ceci.
l'or ne souille pas les doigts du juge. Pour
avoir une pension de veuve d'officier, il faut
faire'reconnaître ses droits par les autorités
compétentes.
Où sont-elles?
Voilà d'abord le père Madré.
Le garde champêtre?
-Un malin singe une fille ne tombe pas
dans les blés sans qu'il le voie à la corolle
chiffonnée dès marguerites, un garçonne tire
pas sur un lap-in sans qu'il reconnaisse le
braconnier à ses clous de souliers dans le
sable. Tenez, le v'là qui débouché dans le
sentier du parc réservé.
Je courus à èîîîui qui continuait les Lau-
bardemont, les Lareynie et les Fouché, dans
cette innocente localité.
Hé monsieur, lui criai-je, entrantdans
la propriété qu'il explorait.
Que voulez-vous? répondit-il avec un
organe de boule-dogue à jeun.
Vous parler
#?ez- vous un port dermes ?
n'avez pas de port d'armes et vous
voulez me parier?. Retirez-vous je ne re-
connais que les gens qui ont des ports d'ar-
mes. Mon fils en a un, ma femmeJena un.
j'en aurais un si je le pouvais. Décampez,
ou je fais feu.
Et le fougeux défenseur de la propriété
me mit en joue.
Je poussai un cri
Calmez-vous, me dit une voix amica-
blemeïjt railleuse; le bonhomme ne vous fe-
ra point de mal.
changer cette demi-aisance en une gêne hor-
rible.
Le terme d'octobre n'avait point été payé, non
plus que celui de juillet.
Mais ces dames étaient fiéres, comme disait la
mère Philippe, concierge de la maison, et elles
étaient capables de laisser vendre leurs meu-
bles plutôt que de demander aide et secours à
quelqu'un.
Antoinette, après avoir passé quinze nuits
consécutives au chevet de Mmo Raynaud, avait
repris son travail quotidien aussitôt que les mé-
decins avaient jugé inutile qu'on veillât la ma-
lade plus longtemps.
Elle se levait à quatre heures, allumait sa
lampe et travaillait à la traduction de romans
anglais. 0
A sept heures, elle entrait sur la pointe du
pied dans la chambre de la malade, se retirait
si celle-ci dormait encore, ou bien causait avec
elle une demi-heure.
A huit heures, la concierge venait faire le mé-
nage.
Alors Antoinette s'habillait, lissait ses beaux
cheveux châtains en deux bandeaux pudiques,
passait un col tout uni sur une robe modeste,
se coiffait d'un petit chapeau bien simple, jetait
sur,ses épaules rondelettes un, châle de laine
commun, et partait donner ses leçons.
A onze heures elle rentrait, retravaillait à ses
traductions jusqu'à quatre, et s'occupait alors
des soins du ménage.
C'étaitelle qui raccommodait le linge de la
maison et le repassait elle qui faisait le dîner
'curé de la paroiâso'. piàs vieux
quelle meilleur vin du pays.- un e.tcVllenfc.
prêtre.
-Vous clierchezle gouveraemfnt? a-
jouta-t-il, j'en suis une fraction modeste, et.
me voilà prêt à vous servir.
Monsieur l'abbé, je demande la pensio»
de ma mère
Enfant. 'me,dit-il en me faisan! entrer
anale presbytère, cen'est pas ici que vous
trouverez des. Jrofecteurs influents pOHr ve-
nir en aide à 'votrepiété filiale. il nry s. au:
village que lesinfînimentspetits. les grands,
les ministres sont à Paris.
A Paris ?
Et encore, ils dépendent du souverain
dont vous voyez sur ce socle le buste révéré.
Mais je ne puis .pas. m'adresser à ce
plâtre
Non, mais au-dessus, ne voyez-vous.
rien?
Un tableau.
Qui représente?
Le Christ.
Eh bien! dit le bon curé, je crois qu'il;
est aussi influent que les puissances terres-'
très. On le trouve en. tous lieux, à la cam-
pagne comme à la ville, et son apostille en.
vaut bien une autre.
Je fléchis un genou.
Quand tout à coup un nouveau membre
du gouvernement apparut, et, à travers lest
vitres du curé, il me ht des signes de joie.
C'était un fonctionnaire vigilant et lettré.
le facteur rural.
Il appontait une missive revêtue :d'une
grand cachet rouge. aux armes nationa-- ^,fi
les.
Ma mère, avait sa pénsion
Et comme le bon Dieu ne lésine pas quand?
i1 s',y met. on y ajoutait l'autorisation de!
tenir un bureau de tabactlans la commune.
Ami me dit le bon prêtre,' vous vol
dans les contributions indirectes. agent de!
l'autorité à votre tour. soyez actif et lion-
nête.protégez les pauvres et les affligés, et,,
pour faire aimer le gouvernement. dans lat
limite de votre influence.vendez -le tabac a
bon poids.
TIMOTHÉE ÏRIMM.
'̃•-•
Le nouveau prolongement'du boulevard H»uss-
mann amènerajusqu'à la Chaussée d'Aniin, cet
te voie magistrale qui' primitivement s'arrôtaiti
à la rue Mogador. La continuation de cette 1 igné
arriverait précisément au boulevard. Montmar-
trè, à l'an,le de la rue Drouot.
La nouvelle section du boulevard Haussmann
se croisant avec l'extrémité de la rue Lafayette.,
créera un dégagement de plus derrière le nou-
vel Opéra, où il restera un espace libre.
Les'âbords de t'Opéra seraient donc définiti-
vement arrêtés comme suit Sur ta façade, la,
place que tout le monde connait; par derrière,
un espace d'une étendue semblable à celle de la
façade et qui confinerait au boulevard Hauss-
et mettait la table, car la femme de ménage ne
venait que le matin.
Quelquefois Mœo Raynaud pleurait d'atten-
drissement et murmurait.
Mon Dieu ne me rappellerez-vous donc,
pas à'vous, qne je soulage de mon lourd far-
deau cette chère et courageuse créature
Et si Antoinette entendait ces paroles, elle se
jetait au cou de la pauvre femme et lui di-
-Oh! maman. c'est mal: c*estbien mal!
Que veux-tu donc que je devienne sans toi?
On pourrait croire, après les explications qui
précèdent, que M110 Antoinette était une grande:
et pâle jeune fille, à la beauté de madone, à la
taille frôle, aux mains diaphanes, ayant à de
rares intervalles un triste sourire sur des lèvres
minces et décolorées; Il n'en était rien,
i Antoinette était- de taille moyenne, un peu,
rondelette, jolie à croquer et d'un tempérament
robuste. Elle était rieuse à ses heures, ne déses-
pérait pas de l'avenir, et avait coutume de dire
que Dieu donne à ceux qui travaillent la force
physique et la gaîté..
Cependant, ce matin-là, Antoinette avait Ies'
yeux un peu rouges au moment où elle éteignit:
sa lampo- et continua à travailler, aidée par le
faible et blafard rayon de jour que le brouillard
laissait arriver jusqu'à elle.
Antoinette venait d'écrire à sa sœur la lettre
suivante
« Ma bonne Madeleine,
» Je n'ai pas voulu t'attrister inutilement tan6
que le mal paraissait devoir être sans remède.
Aujourd'hui que. le courage m'est revenu, et que
àJaJib'rwrffi i':i Ï-H 'Joi nx»r.
partent cfu.l" ol du j8 (.IL ici mois
1 Mandat pu, timbres-poslo
le journni ie
seulement.
J
LES AUTORITÉS DE MON VILLAGE
Alors qu'enfant j'habitais le [petit village
de dans le fond de l'Artpis, j'entendais
parler du gouverne les uns et par
les autres-en bien=- avec indul-
gence ou sévérité.
Le gouvernement entre dans une voie fatale,
disait un,mécontent..
Le gouvernement avisenu, affirmait un op-
timiste.
Le gouvernement ne peut pas tout faire, a-
joutait un tolérant.
De ces appréciations si diverses, je conclus
que le gouvernement n'était qu'un écolier
fantasque, méritant tour à tour des pensums
et des bons points.
Toutefois, quand j'entendis, articuler, plus
tard que le gouvernement avait déclarë la
guerre,- que le gouvernement avait réso-
lu d'écraser les factions et de se faire res-
pecter, que le gouvernement atait sur-
tout des milliards en maniement », je com-
pris qu'il ne s'agissait plus d'un collégien
capricieux, mais d'unehaute et grande puis-
sance
Et je brûlai .du désir de le voir de près
Pierre, demandai-je à notre garçon
de ferme, as-tu jamais vu le gouvernement,
toi?. •̃̃̃-•.
Moi ? répondit-il en rajustant sa char-
rue, j' crois bien.
Est-il beau? ̃
Pas trop. Il est grave de la petite vé-
role, il a une jambe qui retarde sur l'autre,
et on ditqu'il bat sa femme quand il a bu.
Et comment le nommes-tu ?
Panline, le gouvernement, c'est not'
maire, qui m'a fait tirer au sort. un gros
homme avec un drapeau tricolore autour dû
ventre les jours de fête.
Or, il est bon de vous faire savoir que ma
bonne mère, confinée dans ce village par un
esprit, de nécessaire économie, attendait,
comme veuve d,officier, une pension qui
n'arrivait pas assez vite.
Ce n'est pas étonnant, disait-elle de sa
voix douce. et mélancolique, personne ne
m'appuie auprès du gouvernement.'
Je songeai alors que la prière d'uri enfant
est souvent bien accueillie des hommes com-
me de Dieu.
Je me rendis chez l'autorité
Je trouvai legouvernementen manches de
FEUILLETON DU PETIT JOURNRL
DU NOVEMBRE
l,es 'Nouveaux Uranies de Paris
LA RÉSDRRECTI6N DE ROCAMBOLE
PREMIERE PARTIE
L'appartement habité par cette jeune fille, dont
M. Agénor s'occupait à son insu, était situé au
second étage, sur la rue.
La maison était d'honnête apparence; l'appar-
tement le plus cher était de deux mille francs,
le meilleur marché de nuit cents.
C'était un de ces derniers qu'habitait Mlle An-
toinette..
On ne lui connaissait pas d'autre nom; et la
pauvre enfant elle-même n'avait jamais su ce-
lui de ses parents.
La maîtresse de pension infirme que 'M110 An-
toinette avait prise à sa charge s'appelait Mrae
Raynaud.
Elle avait conp.iPdes jours meilleurs.
Femme d'un répétiteur à Charlemagne, elle
s'éiait vouée comme lui à l'enseignement. Long-
temps le petit pensionnat qu'elle dirigeait àAu-
(t) Voir le Petit Journal du 31 cet. au 31 novembr..
.cfromi.-p. rouge comme une erôte de coq, la
menace Ma b'o'uohe', les cheveux épars
moment. 'doit A'i?o on train d'.éci Jbcr les
disait-i^u S'1- j"(.b>e!s.. toujours étendus
dess-ur !a paille comme des viauxauiifuirtie
travailler à ces prés Si vous continuez
comme ça. j'vaa \ous faire brosser le ventre,
tas (ie propos rien'que vous 'êtes
midé par sa grandeur.
Quoi que tu cherches, fieu? me dit-il.
–-Je viens vous demander quelque chose.
Et quoi donc? dis-le tout haut, ces gail-
lards ne sont pas de trop.
-La pension de ma mère.
Ce n'est pas mon affaire. j'n'en porte
point sur moi.
Et qui cela regarde-t-il ?
Le département de la guerre ?
Où est-elle, la guerre ?
T,as lu l'Evangile, jp'tiot?
Oui. monsieur.
Eh bien il y.a une phrase qui répond
à ce que tu demandes.
Laquelle?'
Cherche, et tu trouveras.
Je sortis tout pensif; il devenait évident
pour moi que le gouvernement, comme les
phénomènes antédiluviens entrevus par Cu-
vier; avait plusieurs tûtes.
J'entrai chez l'instituteur, un peu par ha-
bitude. un peu pour me renseigner.
Ahlvous .voilà, me dit'il du plus loin
qu'il put me voir, venez que je vous tire les
oreilles vous avez commis deux pâtés sur
votre cahier d'écriture. D'où, venez-vous
donc ?
i Je cherche le gouvernement.
Vous y êtes.
Quoi, vous seriez?
L'instruction publique dans cette com-
mune. Racontez-moi votre affairo, tandis
que je vais raccommoder ma vieille redin-
gote.
Je demeurai ébahi.
Comment, lui dis-je, vous disposez,
comme gouvernement, de millions, et vous
faites des reprises perdues
Pauvreté n'est pas vice, me répondit-il..
Que signifie, ce proverbe?
Cela signifie que je ne suis pas les fi-
nances.
Et où sont-elles?
C'est le percecteur des contributions, ce
petit homme sec qui crie quand il perd un
sou en centcinquante au piquet, partie liée.
Il y a donc plusieurs gouvernements ?
Non; comme pour la Divinité, il y a un
seul gouvernement en diverses personnes.
̃ Et pour la pension de maman?
Il faut voir tout ce monde; continua le ma-
gister souriant, sans quitter son aiguille.
On ne saurait être trop épaulé. Tenez, de
ma fenêtre j'aperçois une parcelle du pou-
voir, Allez lui présenter vos respects.
teuil avait prospéré, puis son mari était mort,
et, dès lors, la pauvre femme avait vu sa mo-
deste fortune s'évanouir lentement.
Elle avait élevé deux jeunes filles qu'on était
venu lui confier un soir avec grand mystère, et
dont la première année de pension avait été ri-
chement payée. ̃
Mais, l'année suivanto; la belle dame qui ve-
nait voir les petites jumelles,- et qu'elles appe-
laient maman, n'avait plus reparu.
Mœe Raynaud l'avàit attendue- en vain. La pen-
sion n'était plus payée et les années s'écout-
laient.
L'institutrice avait adopté les deux orphelines
et quand le jour de sa ruine arriva, les deux
jeunes filles,. qui avaient alors dix-Jiuit ans, lui
dirent simplement
.Vous avez'été notre mère, nous travaille-
rons et serons vos filles.
L'une, Madeleine, était entrée dans un pen-
sionnat comme sous-maîtresse.
L'autre, Antoinette, n'avait point voulu se sé-
parer de sa mère adoptive.
Un jour, il y avait un an de cela, à l'époque
où commence notre récit, Madeleine avait cru
voir s'ouvrir pour elle tout un avenir.
Unè famille russe l'avait prise comme danie
de compagnie.
Elle était partie.
Chaque mois, elle envoyait une petite somme
à sa sœur, et le travail obstiné des deux enfants
parvenait à suffire aux besoins de la pauvre in-
firme et du modeste ménage, lorsque cette ma-
ladie grave, qui avait mis et mettait encore les
iours de Mmo Raynaud en péril, était venue
sur la' grande route le père.
Li'uuio, ayco su i'âce brunie par le soleil.
le cantonnier bèf,ue de l'arrondissement.
'OCCiipe.à boucher les ornières.
blics, me dit Jeâi.aîtie d'école, qui avait a-
ciievé son surjet.
Je m'approphai de cette nouvelle puis-
sance.
Monsieur le gouvernement, lui dis-je-,
voulez-vous medonner audience?
Il fait b .& b bigrement chaud,
répliqua avec effort l'éminence en essuyant
son front. quel co eo co, quel co co co
coquin de métier. on cuirait dans son
jus.
En ce moment, un bonhomme passa, en
veste de molleton, l'oeil bienveillant, le re-
gard vif, monté sur un âne.
Que demandez-vous, enfant? cria-t-il.
Justice repartis-je. ']
La justice, dit-il, présente! Levez la
main, dites la vérité, toutela vérité, rienque
la vérité
J'avais fait rencontre du magistrat de paix
de 1 endroit, qu'on appelait à dix lieues à la
ronde le père Conciliation.
Le père Conciliation écouta ma supplique,
et me dit en fouettant son âne
Thémjs n'a rien à faire en tout ceci.
l'or ne souille pas les doigts du juge. Pour
avoir une pension de veuve d'officier, il faut
faire'reconnaître ses droits par les autorités
compétentes.
Où sont-elles?
Voilà d'abord le père Madré.
Le garde champêtre?
-Un malin singe une fille ne tombe pas
dans les blés sans qu'il le voie à la corolle
chiffonnée dès marguerites, un garçonne tire
pas sur un lap-in sans qu'il reconnaisse le
braconnier à ses clous de souliers dans le
sable. Tenez, le v'là qui débouché dans le
sentier du parc réservé.
Je courus à èîîîui qui continuait les Lau-
bardemont, les Lareynie et les Fouché, dans
cette innocente localité.
Hé monsieur, lui criai-je, entrantdans
la propriété qu'il explorait.
Que voulez-vous? répondit-il avec un
organe de boule-dogue à jeun.
Vous parler
#?ez- vous un port dermes ?
n'avez pas de port d'armes et vous
voulez me parier?. Retirez-vous je ne re-
connais que les gens qui ont des ports d'ar-
mes. Mon fils en a un, ma femmeJena un.
j'en aurais un si je le pouvais. Décampez,
ou je fais feu.
Et le fougeux défenseur de la propriété
me mit en joue.
Je poussai un cri
Calmez-vous, me dit une voix amica-
blemeïjt railleuse; le bonhomme ne vous fe-
ra point de mal.
changer cette demi-aisance en une gêne hor-
rible.
Le terme d'octobre n'avait point été payé, non
plus que celui de juillet.
Mais ces dames étaient fiéres, comme disait la
mère Philippe, concierge de la maison, et elles
étaient capables de laisser vendre leurs meu-
bles plutôt que de demander aide et secours à
quelqu'un.
Antoinette, après avoir passé quinze nuits
consécutives au chevet de Mmo Raynaud, avait
repris son travail quotidien aussitôt que les mé-
decins avaient jugé inutile qu'on veillât la ma-
lade plus longtemps.
Elle se levait à quatre heures, allumait sa
lampe et travaillait à la traduction de romans
anglais. 0
A sept heures, elle entrait sur la pointe du
pied dans la chambre de la malade, se retirait
si celle-ci dormait encore, ou bien causait avec
elle une demi-heure.
A huit heures, la concierge venait faire le mé-
nage.
Alors Antoinette s'habillait, lissait ses beaux
cheveux châtains en deux bandeaux pudiques,
passait un col tout uni sur une robe modeste,
se coiffait d'un petit chapeau bien simple, jetait
sur,ses épaules rondelettes un, châle de laine
commun, et partait donner ses leçons.
A onze heures elle rentrait, retravaillait à ses
traductions jusqu'à quatre, et s'occupait alors
des soins du ménage.
C'étaitelle qui raccommodait le linge de la
maison et le repassait elle qui faisait le dîner
'curé de la paroiâso'. piàs vieux
quelle meilleur vin du pays.- un e.tcVllenfc.
prêtre.
-Vous clierchezle gouveraemfnt? a-
jouta-t-il, j'en suis une fraction modeste, et.
me voilà prêt à vous servir.
Monsieur l'abbé, je demande la pensio»
de ma mère
Enfant. 'me,dit-il en me faisan! entrer
anale presbytère, cen'est pas ici que vous
trouverez des. Jrofecteurs influents pOHr ve-
nir en aide à 'votrepiété filiale. il nry s. au:
village que lesinfînimentspetits. les grands,
les ministres sont à Paris.
A Paris ?
Et encore, ils dépendent du souverain
dont vous voyez sur ce socle le buste révéré.
Mais je ne puis .pas. m'adresser à ce
plâtre
Non, mais au-dessus, ne voyez-vous.
rien?
Un tableau.
Qui représente?
Le Christ.
Eh bien! dit le bon curé, je crois qu'il;
est aussi influent que les puissances terres-'
très. On le trouve en. tous lieux, à la cam-
pagne comme à la ville, et son apostille en.
vaut bien une autre.
Je fléchis un genou.
Quand tout à coup un nouveau membre
du gouvernement apparut, et, à travers lest
vitres du curé, il me ht des signes de joie.
C'était un fonctionnaire vigilant et lettré.
le facteur rural.
Il appontait une missive revêtue :d'une
grand cachet rouge. aux armes nationa-- ^,fi
les.
Ma mère, avait sa pénsion
Et comme le bon Dieu ne lésine pas quand?
i1 s',y met. on y ajoutait l'autorisation de!
tenir un bureau de tabactlans la commune.
Ami me dit le bon prêtre,' vous vol
dans les contributions indirectes. agent de!
l'autorité à votre tour. soyez actif et lion-
nête.protégez les pauvres et les affligés, et,,
pour faire aimer le gouvernement. dans lat
limite de votre influence.vendez -le tabac a
bon poids.
TIMOTHÉE ÏRIMM.
'̃•-•
Le nouveau prolongement'du boulevard H»uss-
mann amènerajusqu'à la Chaussée d'Aniin, cet
te voie magistrale qui' primitivement s'arrôtaiti
à la rue Mogador. La continuation de cette 1 igné
arriverait précisément au boulevard. Montmar-
trè, à l'an,le de la rue Drouot.
La nouvelle section du boulevard Haussmann
se croisant avec l'extrémité de la rue Lafayette.,
créera un dégagement de plus derrière le nou-
vel Opéra, où il restera un espace libre.
Les'âbords de t'Opéra seraient donc définiti-
vement arrêtés comme suit Sur ta façade, la,
place que tout le monde connait; par derrière,
un espace d'une étendue semblable à celle de la
façade et qui confinerait au boulevard Hauss-
et mettait la table, car la femme de ménage ne
venait que le matin.
Quelquefois Mœo Raynaud pleurait d'atten-
drissement et murmurait.
Mon Dieu ne me rappellerez-vous donc,
pas à'vous, qne je soulage de mon lourd far-
deau cette chère et courageuse créature
Et si Antoinette entendait ces paroles, elle se
jetait au cou de la pauvre femme et lui di-
-Oh! maman. c'est mal: c*estbien mal!
Que veux-tu donc que je devienne sans toi?
On pourrait croire, après les explications qui
précèdent, que M110 Antoinette était une grande:
et pâle jeune fille, à la beauté de madone, à la
taille frôle, aux mains diaphanes, ayant à de
rares intervalles un triste sourire sur des lèvres
minces et décolorées; Il n'en était rien,
i Antoinette était- de taille moyenne, un peu,
rondelette, jolie à croquer et d'un tempérament
robuste. Elle était rieuse à ses heures, ne déses-
pérait pas de l'avenir, et avait coutume de dire
que Dieu donne à ceux qui travaillent la force
physique et la gaîté..
Cependant, ce matin-là, Antoinette avait Ies'
yeux un peu rouges au moment où elle éteignit:
sa lampo- et continua à travailler, aidée par le
faible et blafard rayon de jour que le brouillard
laissait arriver jusqu'à elle.
Antoinette venait d'écrire à sa sœur la lettre
suivante
« Ma bonne Madeleine,
» Je n'ai pas voulu t'attrister inutilement tan6
que le mal paraissait devoir être sans remède.
Aujourd'hui que. le courage m'est revenu, et que
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