Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1864-03-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 23 mars 1864 23 mars 1864
Description : 1864/03/23 (Numéro 417). 1864/03/23 (Numéro 417).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5885271
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
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1E PETIT JOURNii;
Champs-Elysées, M. le directcurtde l'adminis-
tration des beaux-arts, en l'absence de M. le
surintendant des beaux-arts empêché, a pro-
cédé au dépouillement du scrutin pour l'élec-
tion des membres du jury de l'Exposition dont
la désignation avait été réservée aux artistes.
Voici le résultat de cette opération
Peinture MM. Cabanel, Robert-Fleury, Gé-
rôme, Pils, Bida, Français, Fromentin, Corot,
Meissonnier.
Juges supplémentaires MM. H. Flandrin,
Gleyre, L. Cogniet.
Sculpture MM. Michaux, Barye, Guillaume,
Duiaont, Cavelier, Cabet.
Jurés supplémentaires MM. Daumas, Jouf-
Gravure et lithographie MM., Henriquel-
Dupont, Moeleron, Gaucherel..
Jurés supplémentaires MM. Girardet, Fors-
architecture MM. Henri Labrouste, Duban,
Jurés supplémentaires MM. Duc, Gilbert,
On sait qu'aux termes du règlement de
l'Exposition, un quart des membres du jury
doit être désigné par l'administration la liste
définitive de ce jury sera publiée prochaine-
ment.
Le voilà donc reverdi, nôtre marronnier des
Tuileries! Fidèle à sa date célèbre, il commen-
çait,le 20 mars à déployer ses branches pour
planer tout l'été sur les élégants promeneurs
du jardin. D'autres marronniers sont placés
ptès du parterre d'Atalante. Mais seul il imite
la nymphe et les devance.
Ce fut le 20 mars 1811 qu'il se couvrit de
feuilles pour la première fois, fêtant ainsi la
naissance du'roi de Rome, et il fleurit encore
le 20 mars 1815pourcélébrer le retour de l'ern^
përeur.
Trois jeunes garçons qui venaient d'assister
au tir à la ciblé, désirant se donner une répé-
tition en raccourci des exercices qui-les avaient
tant intéressés, choisirent samedi après-midi,
jpourthé&trè de leurs ébats, un jardin situé en-
tre la rue de Lagny et le cours de Vincennes.
tes pierres de la route leur servant de projec-
jBles et les cloches en verre du jardinier-ma-
Nicher étant un but tout trouvé, la lutte ne
{tarda pas à commencer avec un succès bien
(marqué. Mais au son de la troisième cloche
qu'ils venaient de mettre en pièces, le jardi-
infer, qufcfeisait la sieste, se réveilla, leur ap-
parut une trique à la main, les somma de se
rendre, ce qu'ils s'empressèrent de faire, et
les conduisit tambour battant au violon.
Un pauvre fou, qui venait d'échapper à la
garde de ceux auxquels on l'avait confié, s'est
fait culbuter, samedi après midi, quai des
(GcandS-Augostins, ,par une voiture de remise
i lui a fortement contusionné la jambe droi-
|e;DanS;l'iinpossibili té d'obtenir de cet insensé
le moindre renseignement sur son identité et
son domicile le cocher l'a pris !et conduit à rhopital de la Charité.
Quelques jeunes gens, paraissant un peu
de, -boisson, s'étaient arrêtés samedi chez
!un liquariste de la-rue Samt-Martin; ils semi-
irent à'Botre de l'absinthe. Comme on leur fit
iEemarquer quels pouvaient être les effets nui-
sibles de cette boisson prisé avec abondance,
Filin d'eux, par bravade, demanda de l'absin-
itbe-pure qu'il ayalasans y mélanger une goutte
Quelques instants après, il s'éloigna et re-
paient devant ses camarades il était fou, com-
ment nu et- voulait à toute force s'élancer
la rue. Déjà il avait dépassé le seuil de la
nertë, lorsque les deux jeunes gens avec les-
fuéls il se trouvait parvinrent à le ressaisir.
ete*ne fut pas trop de quatre d'entre eux pour
^contenir, le faire entrer de vive force dans.
unjiacre, et le reconduire à son domicile.
M. Louis G. ancien blanchisseur, passait
lavànt-hiër dans une rue de Suresnes le pieds
lui glissa. et il tomba à la renverse. M. G. ne
se, releva plus.. Sa tête savait porté sur une
{pierre qui lui avait ouvert le crâne la mort a-
,yait été immédiate:*»!. G. était âgé de cin-
fluanteans. •
couder happai de Isufenètre du salon. Pres-
avançait dans une allée du jardin. Alors, ef-
SréèJialetanreiellfe-s'élançà hors de l'apparte-
Aagèle'et Pascal stupéfaits
de-ceUe brusque sortie.
.^ravée*«ous le vestibule, elle se trouva en
lace deMavien, qu'elle saisit parla main et
«rfellesentraîna sous la tonnelle de chèvre-
JKÎùffe.iJà ellë s'assit, et après avôir fait à tou-'
te son énergie un appel désespéré, elle déclara
résolument au jeune homme qu'il devait re-^
nOHcer à l'union projetée entre elle et lui.
,Fia»ien^iemeura interdit. Il ressaisit cepen-
jdant sa liberté d'esprit et demanda la cause
d'un changement si imprévu.
Je viens de-.disposer de ma vie, répondit-
elle. J'épouse M.,Kersaint.
Il y a de terribles coups de foudre.
C'est impossible s'écria Flavien, lés yeux
hagards.
C'est la vérité.
Il se fit alors un grand silence durant lequel,
agité de sentiments tumultueux, le malheureux
jeune homme ne savait s'il lui fallait céder à
l'indignation, à la raillerie ou au désespoir. 11
se maîtrisa néanmoins, et d'un ton sec
Puisqu'il en devait être ainsi de mes plus
légitimes espérances, dit-il, pourquoi m'avez-
vous engagé à venir?. Etait-ce pour me jeter
insolemmentcette nouvelle au visage?
Micheline poussa un-cri.
avec angoisse.
Nier encore j'ignorais. que, à l'heure où je vous
9arle, ,je plus 1
Un pick-pocket. qui avait entrepris le voya-
ge en omnibus de la Madeleine à la Bastille, a
éprouvé dimanche, à six heures du soir, le dé-
sagrément d'être débarqué un peu violemment
au boulevard Saint-Martin, à l'angle de la rue
duTemole. Sous l'influence de sa mauvaise
étoile, il avait été se placer auprès d'une cui-
sinière de la rue Saint-Antoine, dont la roton-
dité avait fini par le gêner. L'agitation que lui
causait un tel état de choses ayant amené in-
sensiblement le déplacement du portermon2-
naie de sa voisine, celle-ci, qui y ténaitr beau-
coup, attendu qu'il renfermait plus de trente
francs, cria au voleur et, commue l'insulaire
ne pouvait pas nier sa culpabilité, étant saisi
en mains garnies, on le déposa- -dans! celles
d'un sergent de ville qui_se trouvait de servi*»
ce à l'endroit précité.
Un grand, rassemblement, s'était formé, di-
manche sept heures du soir, au boulevard de
la'Madeleine, autour d'une jeune fille de treize
ans eaviron qui venait d'être abandonnée. Aux
questions qui lui étaient faites. ré-
pondu qu'elle se nommait Gélie Vachot, née à
Trouennë; d'où elle était partie il y a quelques
jours, avec un individu qu'elle connaît peine
etquil'àvaît quittée. On l'a 'conduite au com-
missaire dû" quartier qui a commencé immé-
diatement des recherches.
• W**1 Gollin, en;se rendait au\ chemin de fer
de Vincennes; perdit son porter-monnaie qui
contenait une cinquantaine de francs et plu-
sieurs factures. Le sieur Levaché chaudron-
nier, rue Sainte Anastase, 20, a trouyé le porte-
monnaie, est allé aux adresses qq'il renfermait
et fini; après d'activés recherches, par' re-
trouver Mm9Collin à qui il a rendu son argent,
sans vouloir accepter la moindre gratification.
Le sieur B. ouvrier doreur, demeurant au
troisième étage, rue Saintonge, faisait réparer
hier la serrure de la porte d'entrée de son lo-
gement. Un individu trouvant cette porte en-
tr'ouverle, entra, së déshabilla et se coucha:
Grand fut l'étonnement du doreur qui'était
descendu un instant avec le serrurier, quand,
à son retour, il aperçut un étranger couché
dans son lit. Il voulut expulser l'intrus; mais
celui-ci déclara qu'il était chez lui, 'qu'il- s'y
trouvait' bien et qu'il prétendait y passer la
nuit entière.
L'ouvrier se vit forcé :d'aller chercher un
sergent de ville, lequel essaya d'emmener le
personnage sans gêne et s'aperçut qu'il était
atteint d'aliénation mentale. Cet homme, en
effet, avait les yeux hagards, les traits décom-
posés. Il fit saillir sa langue presque entière
hors de sa bouche en s'efforçant de l'arracher,
et se livra à d'autres démonstrations excentri-
ques. On ne parvint qu'avec une peine ex-
trême à s'emparer de sa personne.
On a trouvé sur ce malheureux un livret qui
paraît lui appartenir et qui a été délivré au
'nommé Aubry, âgé de trente-six -ans, garçon
charcutier. Il a été conduit a la Préfecture,
d'où, après constatation de son état mental, il
seradirigé sur une maison d'aliénés.
Avant-hier dimanche, un jeuneet élégantca-
valier fraisant au bois de Boulogne une prome-
nade très matinale, entendit des cris lamenta-
bles. S'étant approché en toute hâte du point
d'où ils partaient, il vit un cheval attelé à un
tombereau et tenant: entre ses dents le bras de
son conducteur, qu'il secouait avec fureur. Le
cavalier sauta terre, et après avoir, par de
violents efforts, fait lâcher prise au cheval, il
prodigua au blessé des soins intelligents, lava
les plaies, improvisa des compresses et un ap-
pareil sommaire avec son mouchoir et la blou-
se du charretier, afin d'assujétir le membre
broyé et déchiré; puis', ne voyant venir per-
sonne qurpûfcl'aider, il chargea bravement sur
son dos le pauvre homme, évanoui, et dut le
transporter ainsi à une assez grande, distance
avant de rencontrer un cantonnier avec le se-
cours duquel il put enfin se procurer un fia-
cre, et y déposer son fardeau, qu'il condui-
sit à l'hôspice Beaujon. L'ayant alors remis en
mains sûres, il revint sur le lieu de l'événe-
ment où il retrouva son cheval qu'il avait laissa
attaché à un arbre. Tout cela est bien simple.
mais voilà; pour un homme du monde* une ma-
tinée dignement employée.
Soit; répliqua amèrement Flavien. En
tout cas, il neme reste plus rien à faire ici, et
je me retire..» Soyez heureuse Adieu
Comme il s'éloignait hautain et dédaigneux,
Micheline l'arrêta d'un geste rapide.
Que me voulez-vous? lui demanda-t-il en
la couvrant d'un regard glacé.
Je veux'que vous me pardonniez, balbu-
tia-t-elle. Je: veux que vous me quittiez sans
avoir l'ironie aux lèvres et la haine au cœur.
Eh que vous, imperte ? est-ce qu'on se
préoccupe. des chagrins qu'on cause à ceux
qu'on n'aitpe pas, à ceux qu'on n'a jamais ai-
més?. Mais, a propos, poursuivit-il d'un ton
dur et méprisant, il est donc bien riche, ce M.
Pascal, Kersaintf
Micheline se leva violemment.
Flavien 1 Flavien 1 s'écria+elle, haïssez-
moi; puisque vous êtes sans pitié, mais ne
m'injuriez pas, je vous le défends!
Il y avait dans ce cri de Phonrieurune si im-
posante majesté que Flavien courba la tête
malgré lui. Il cacha son visage dans ses deux
mains et fondit en larmes.
Ah murmura-t-il, j'étais loin de m'atten-
dre à une telle trahison
La jeune fille fut remuée jusqu'au fond de
l'âme. Elle courut à Flavien et le ramena sous
la tonnelle. Mais alors elle chercha vainement
des consolations à lui adresser. Sa présence
d'esprit l'avait abandonnée son cœur défail-
lait, à peine put-elle articuler quelques mots
sans suite. Par un effort suprême Flavien do-
mina de nouveau son émotion.
Un de ceux qui parmi nos peintres d'histoire
donnaient les plus b elles-et lesvplus légitimes
espérances, Henry Sieurac, élève dëDelaro-
che, est mort à l'âge de quarante ans, le 18
décembre
Tout le monde se rappelle ses trois grands
tableaux acquis par I'Etat; les Vertus théolo-
gales (salon de 1863), le Triomphe d&Fabvut
Gurgés, qu'on admire à Nîmes, et laRenaissan-
ce, vaste composition allégorique dont s'est en-
richi le musée de Toulouse.
C'est aujourd'hui 23 mars, qu'aura lieu à
l'hôtel Drouot la vente des peintures, esquis-
ses, dessins compositions et croquis laissés
pâr HenrySfèuTac, et dcîiTlëTçàiâlôpé- né
compte pas moins
Mon cher ami,
II paraît que j'ai commis une grave erreur;
errare ce qui signifie qu'il serait
inhumai» de njen pojnt commettre! (
'Frédéric Mistral m?eçrit poijr1 me; prier de.
rendre à Dieu ce qui' est Dieu, et à Michel
Carre ce que je croyais à Mistral.
prie de la publier.
A vous de coeur.
LOUIS JOURDAN.
La Riante, 21 mars 1864.
Je vous serre fraternellement la main pour
le bienveillant article que vous avez consacré
à Mireille. Mais j'e vous'prie de vouloir bien
rectifier au plus tôt une erreur qui a échappé
à votre bonne amitié.
Je ne suis pas l'auteur des paroles du, livret
je n'ai jamais fait que des vers provençaux, et-
jeserais fort embarrassé à rimer dans une au-
tre langue. C'est M. Michel Carré qui est le li-
brettiste de notre opéra, et c'est à lui que doi-
vent revenir vos élonges.
Je vous remercie et vous salue cordialement.
P. MISTRAL,
Paris. 21 mars 1884.
THÉÂTRES
Comédie-Française Moi, comédie en trois
actes, de MM. Eugène Labiche et Martin.
M. Eugène Labiche est le plus spirituel de
nos vaudevillistes. C'est un véritable auteur
dramatique ses pièces sont toujours d'un en-
semble remarquable. Les folies les plus bur-'
lesques' sorties de son cerveau ont une raison
d'être elles critiquent un travers ou se mo-
quent d'un ridicule Cdstigat rtdendo mores.
M- Labiche'est l'un des auteurs du Chapeau
de paille d'Italie; il est aussi l'auteur du Voya-
ge de M. Perrichon, en collaboration avec M.
Martin. N'éût-il écrit que ces deux ouvrages,,
qu'il eût pu, saas aucune prétention, aspirer à
se faire applaudir sur la première scène fran-
,£,aise mais son répertoire est très riche et ne
prouve pas seulement.une grande fécondité
il dénote un esprit observateur et rempli' de
finesse.
On rie--peut«dohc qu'approuver la réception
faite à M. Labiche par la Comédie-Française,
bien que la pièce par laquelle il vient de débu-
ter, ne-soit pas de tous points satisfaisante. Elle
contient bien des scènes amusantes et-des sail-
lies originales, mais son style et l'ensemble dé
sa conception rie sont pas à la hauteur de la
Comédie française. Ensuite les caractères sont
bien outrés.
MM. Labiche et Martin se livrent, dans la
nouvelle comédie, une étude du caractère de
l'égoïste et pour rendre tout à fait haïssable
l'homme personnel, ils ont fait de leur princi-
pal personnage un-fourbe et un avare.
Dutrèoy a l'aspect, • sinistré d'un trattre de
mélodrame.,
A côté de cet égoïste hypocrite qui' parle
toujours de sa sensibilité, Jesàuteurs ont placé
un autre type d'égoïste, celui qui avoue fran-
chement son indifférence pour tout ce qui ne
touche. pas sa personne. Et, comme contraste,
i ils ont opposé à De la Porcherie et à Dutrècy
le propre neveu de ce dernier, un jeune offi-
y cier de mariné dont la vie n'est qu'un long dé-
voûment.
Aux Variétés ou 'au Palais-Royal, Moï eût
obtenu un .très grand succès; mais, je le
Pourquoi' consentez-vous à épouser cet
homme ? âemanda-t-il.
.Pour payer une dette de reconnaissance,
répondit-elle.
Injustice et folie car cette. dette de re-
connaissance est primée par une dette plus sa-
crée encore, par la dette de notre amour 1 Ne
vous en souvenez-vous plus' ? 9
Hélas que vous dirai-je ? Il est des fata-
1 lités qui nous poussent malgré nous hors des
voies préférées. Plaignez-moi^ Flavien; mais
ne me maudissez pas i
Je ne vous plains ni ne vous maudis, ma-
demoiselle. Je vais vous oublier.
Oui oubliez-moi! oubliez-moi! je l'ai mé-
rité! Moi, je ne vous oublierai peut-être ja-
mais
Ces dernières paroles s'étaient échappées si
rapidement des lèvres de Micheline que la pau-
vre enfant n'avait pas eU le temps d'y réfléchir.
Elle n'en comprit toute la gravité qu'en remar-
quant l'effet étrange qu'elles avaient produit
sur Flavien. Il venait de s'opérer en lui comme
une révolution; ses yeux s'étaient illuminés,
uneefuuve sanguine avait empourpré ses joues,
le frémissement railleur de son visage avait
fait place à l'expression d'un sentiment exalté.
Ah! tenez, Micheline. s'écria-Uil, votre
âme tout entière vient d'éclater dans un mot 1
Oui, vous m'aimez, et vous ne m'oublierez ja-
mais Est-ce qu'il peut en être autrement? Est-
ce qu'on divorce ainsi avec les-plus intimes
souvenirs de la jeunesse? Est-ce qu'on répu-
die ainsi les plus profondes impressions du,
coeur?tSacQez.-lej i^n'y a qu'un, ûancé^DOuc
répète, cette pièce sort trop du ton habituel de
la Comédie française. Pourtant, elle a été ac-
cueillie avec beaucoup de sympathie, grâce à:
ses détails spirituels, et peut-être aussi pour
ne pas éloigner M. Labiche d'une scène où sa
place est marquée.
Régnier et Got font vnloir avec tout leur ta-
lent les personnages antipathiques de Dutrécy
et de la Porcherie. Les autres rôles principaux
sont bien joués par Lafontaine, Worms, M"»
Dubois, qui remplit avec beaucoup d'esprit le i
rôle d'une petite sournoise, et Mlle Riquer, qui,
prête son élégance et sa distinction à un rôle
de jeune veuve consolable.
^OURD'ASSISES DES BOUCHES-DU-RHONE
'S (Aix)
Présidence de M. Bigaud,
;î prçinierprésident de la cour impériale
AFFAIRE ARMAND
Audience du 20 mars.
CcoBnksWNDAÏjbE PAKTicirûÈKE DU Pèliiï Journal )
L'audition des témoins continue. On espère
qu'elle sera terminée demain soir.
Jean Mistralt3Q ans, négociant à Montpellier
La veille de l'événement, Maurice Roux se présen-
ta cheznouspour demander une place de cocher
qu'on lui avait dit être vacante; je lui dis que no-
tre domestique était parti en effet, mais que nous
notions pas décidés encore à en prendre un au-
tre. Je ne savais pas qui il. était et s'il était chez
M. Armand. Je ne lui lis aucune question ce n'est
que le jeudi suivant que j'ai su qu'il s'appelait
Maurice Roux. On me dit « Ce jeune homme qui
s'est présenté lundi pour demander une place est
précisément l'individu à qui l'accident est arrivé.»
C'estBernier, mon garçon de magasin qui-me dit
cela; Roux lui avait dit « Je suis chez M. Armand,
et je veux quitter, parce que M. Armand est si
violentqu'on ne peut pas tenir dans cette maison.
D. N'a-t-il pas dit que la maison était une bara-
que vous l'avez déclaré dans l'instruction?- R.
C'est bien possible que Bernier me l'ait dit il y a
si longtemps, que je ne m'en souviens pas bien.
Barthélémy Rocqué. quarante-cinq ans. carros-
sier Montpellier, La veille de son arrestation,
M. Armand est venu me demander une voiture
que j'avais en réparation. Je le reconduisis après la
lui avoir montrée. Nous causâmes voiture assez
longtemps je Unis par lui dire Envoyez-moi vo-
tre domestique, je lui donnerai mes ouvriers pour
conduire la voiture. Mon domestique, répondit
M. Armand, je ne le vois.pas;' il n'est pas venu
mettre le 'couvert quand il sera venu, je vous
l'enverrai.
Il me dit aussi qu'il avait fait des reproches à
Maurice Roux, et que celui-ci lui avait dit C'est
vrai que j'ai tort mais vous pouvez compter que
désormais je ferai convenablement mon service
Joseph Berhier, garçon de magasin La veille de
l'événement, je rencontrai sur' mon chemm Mau-
rice Roux;'qui me demanda s'il y avait une place
à la maison, et qui me dit qu'il allait.se-présenter
à ces messieurs; il me dit encore Je cherche à
me placer secrètement parce que je suis toujours
maltraité; la maison est une vraie baraquel
D. Et le jeudi vous avez communiqué cela à M.
Mistral?– R. Non, ce n'est pas comme cela «c'est
M. Mistral qui sortont de chez le juge d'instruc-
tion, m'a dit d'y monter et m'a demandé ce que
Maurice Roux m'avait dit. Je ne connaissais pas
̃M. Armand je n'ai donc pas pu lui parler de cela.
Pierre Grillieres, 45 ans, commissaire central à
Montpellier, appelé par M. Bessade, est arrivé au
moment où on jetait de l'eau bouillante sùrlebras
de ltoux. Il Va interrogé environ une demi-heure
Après. Il avait commencé un interrogatoire dans le-
quel Roux avaitdit, par signes, savoir quel était son
assassin et promis de le faire connaître mais sur
les observations do M. Sourdun. que cela pouvait
compromettre la vie 'du malade, lui d'abord et
M, le procureur impérial ensuite cessèrent leurs
questions. Le témoin fut stupéfait quand on lui dit
plus tard que Maurice Roux avait désigné Armand
comme son assassin.
Le témoin a, veillé au transport de Roux à l'hô-
pital il eut l'idée de faire emporter tous les effets
de Roux dans une malle. On disait en ville Il
n'est pas étonnant que le mouchoir qui lui liait
les pieds fût un mouchoir de M. Armand, car on
en trouverait de pareils dans ses effets si on les
visitait; la malle futfermée, et déposée dans mon
bureau, et il n'y avait aucun mouchoir apparte-
nant à M. Armand.
L'opinion générale, à Montpellier, des SOOOOha-
tants, sauf peut-être 500 personnes, est que la por-
tiëré a vu descendre Armand à la cave et' refuse
de le dire, parce qu'elle a été soudoyée.
M' Jules Favre: Mais vous n'avez pas interrogé
tout le monde, je pense?
Le ténioïn Un m'a dit qu'une femme Marius,
sœur de la concierge, savait de celle-ci qu'elle a-
vous, et ce fiancé, c'est moi Gardez-vous d'en
épouser un autre, car vous commettriez un ac-
te coupable, insensé, monstrueux! car vousem-
porteriez mon image jusqu'au chevet du lit
nuptial! Ah! renoncez, renoncez à l'instant
au dangereux projet d'héroïsme que vous avez
conçu. S'il est aussi noble que ous le procla-
mez, votre bienfaiteur comprendra qu'il estun
sentiment plus légitime que la reconnaissan-
ce, et c'est l'amour! Pour acquérir un droit de
plus à votre affection, il s'empressera de met-
tre'votre main dans la mienne et vous dira
courageusement :• Au prix même de mes
plus chères espérances, Micheline,, soyez la
femme de Flavien'
ETIENNE 6NAULT.
(La suite à demain.)
SPECTACLES DU 23 MARS.
7 h. i/â.– opéra. Le Docteur Magnus, la
Maschera.
7 h. 3/4.– français. -Les Projets de ma Tante,
Moi.
7 h. 3/4.– opéra-comiquk. Lara.
8 h. 0/0.– odéon. Le Marquis de Vilieriier.
8 h. 0/0.– italiens. Don Pasquale.
8 n. 0/0.– THÊATKE-LyRiQUK. Mireille.
7 h. 3/4.– th. ptrcHATELBT. Relâche.
8 h. 0/0.– vaudeville. l'Amour qui dort, les
Lionnes pauvres.
7 h. 0/0.– variétés.- Le Petit de la rue du Pon-
ceau,- le Bal, l'Homme n'est pas
parfait,- la Vieillesse de Brïdidi.
8 h. 0/0.– PALAis-ROïAL. La Cagnotte.
7 h;
1E PETIT JOURNii;
Champs-Elysées, M. le directcurtde l'adminis-
tration des beaux-arts, en l'absence de M. le
surintendant des beaux-arts empêché, a pro-
cédé au dépouillement du scrutin pour l'élec-
tion des membres du jury de l'Exposition dont
la désignation avait été réservée aux artistes.
Voici le résultat de cette opération
Peinture MM. Cabanel, Robert-Fleury, Gé-
rôme, Pils, Bida, Français, Fromentin, Corot,
Meissonnier.
Juges supplémentaires MM. H. Flandrin,
Gleyre, L. Cogniet.
Sculpture MM. Michaux, Barye, Guillaume,
Duiaont, Cavelier, Cabet.
Jurés supplémentaires MM. Daumas, Jouf-
Gravure et lithographie MM., Henriquel-
Dupont, Moeleron, Gaucherel..
Jurés supplémentaires MM. Girardet, Fors-
architecture MM. Henri Labrouste, Duban,
Jurés supplémentaires MM. Duc, Gilbert,
On sait qu'aux termes du règlement de
l'Exposition, un quart des membres du jury
doit être désigné par l'administration la liste
définitive de ce jury sera publiée prochaine-
ment.
Le voilà donc reverdi, nôtre marronnier des
Tuileries! Fidèle à sa date célèbre, il commen-
çait,le 20 mars à déployer ses branches pour
planer tout l'été sur les élégants promeneurs
du jardin. D'autres marronniers sont placés
ptès du parterre d'Atalante. Mais seul il imite
la nymphe et les devance.
Ce fut le 20 mars 1811 qu'il se couvrit de
feuilles pour la première fois, fêtant ainsi la
naissance du'roi de Rome, et il fleurit encore
le 20 mars 1815pourcélébrer le retour de l'ern^
përeur.
Trois jeunes garçons qui venaient d'assister
au tir à la ciblé, désirant se donner une répé-
tition en raccourci des exercices qui-les avaient
tant intéressés, choisirent samedi après-midi,
jpourthé&trè de leurs ébats, un jardin situé en-
tre la rue de Lagny et le cours de Vincennes.
tes pierres de la route leur servant de projec-
jBles et les cloches en verre du jardinier-ma-
Nicher étant un but tout trouvé, la lutte ne
{tarda pas à commencer avec un succès bien
(marqué. Mais au son de la troisième cloche
qu'ils venaient de mettre en pièces, le jardi-
infer, qufcfeisait la sieste, se réveilla, leur ap-
parut une trique à la main, les somma de se
rendre, ce qu'ils s'empressèrent de faire, et
les conduisit tambour battant au violon.
Un pauvre fou, qui venait d'échapper à la
garde de ceux auxquels on l'avait confié, s'est
fait culbuter, samedi après midi, quai des
(GcandS-Augostins, ,par une voiture de remise
i lui a fortement contusionné la jambe droi-
|e;DanS;l'iinpossibili té d'obtenir de cet insensé
le moindre renseignement sur son identité et
son domicile le cocher l'a pris
Quelques jeunes gens, paraissant un peu
de, -boisson, s'étaient arrêtés samedi chez
!un liquariste de la-rue Samt-Martin; ils semi-
irent à'Botre de l'absinthe. Comme on leur fit
iEemarquer quels pouvaient être les effets nui-
sibles de cette boisson prisé avec abondance,
Filin d'eux, par bravade, demanda de l'absin-
itbe-pure qu'il ayalasans y mélanger une goutte
Quelques instants après, il s'éloigna et re-
paient devant ses camarades il était fou, com-
ment nu et- voulait à toute force s'élancer
la rue. Déjà il avait dépassé le seuil de la
nertë, lorsque les deux jeunes gens avec les-
fuéls il se trouvait parvinrent à le ressaisir.
ete*ne fut pas trop de quatre d'entre eux pour
^contenir, le faire entrer de vive force dans.
unjiacre, et le reconduire à son domicile.
M. Louis G. ancien blanchisseur, passait
lavànt-hiër dans une rue de Suresnes le pieds
lui glissa. et il tomba à la renverse. M. G. ne
se, releva plus.. Sa tête savait porté sur une
{pierre qui lui avait ouvert le crâne la mort a-
,yait été immédiate:*»!. G. était âgé de cin-
fluanteans. •
couder happai de Isufenètre du salon. Pres-
avançait dans une allée du jardin. Alors, ef-
SréèJialetanreiellfe-s'élançà hors de l'apparte-
Aagèle'et Pascal stupéfaits
de-ceUe brusque sortie.
.^ravée*«ous le vestibule, elle se trouva en
lace deMavien, qu'elle saisit parla main et
«rfellesentraîna sous la tonnelle de chèvre-
JKÎùffe.iJà ellë s'assit, et après avôir fait à tou-'
te son énergie un appel désespéré, elle déclara
résolument au jeune homme qu'il devait re-^
nOHcer à l'union projetée entre elle et lui.
,Fia»ien^iemeura interdit. Il ressaisit cepen-
jdant sa liberté d'esprit et demanda la cause
d'un changement si imprévu.
Je viens de-.disposer de ma vie, répondit-
elle. J'épouse M.,Kersaint.
Il y a de terribles coups de foudre.
C'est impossible s'écria Flavien, lés yeux
hagards.
C'est la vérité.
Il se fit alors un grand silence durant lequel,
agité de sentiments tumultueux, le malheureux
jeune homme ne savait s'il lui fallait céder à
l'indignation, à la raillerie ou au désespoir. 11
se maîtrisa néanmoins, et d'un ton sec
Puisqu'il en devait être ainsi de mes plus
légitimes espérances, dit-il, pourquoi m'avez-
vous engagé à venir?. Etait-ce pour me jeter
insolemmentcette nouvelle au visage?
Micheline poussa un-cri.
avec angoisse.
Nier encore j'ignorais. que, à l'heure où je vous
9arle, ,je plus 1
Un pick-pocket. qui avait entrepris le voya-
ge en omnibus de la Madeleine à la Bastille, a
éprouvé dimanche, à six heures du soir, le dé-
sagrément d'être débarqué un peu violemment
au boulevard Saint-Martin, à l'angle de la rue
duTemole. Sous l'influence de sa mauvaise
étoile, il avait été se placer auprès d'une cui-
sinière de la rue Saint-Antoine, dont la roton-
dité avait fini par le gêner. L'agitation que lui
causait un tel état de choses ayant amené in-
sensiblement le déplacement du portermon2-
naie de sa voisine, celle-ci, qui y ténaitr beau-
coup, attendu qu'il renfermait plus de trente
francs, cria au voleur et, commue l'insulaire
ne pouvait pas nier sa culpabilité, étant saisi
en mains garnies, on le déposa- -dans! celles
d'un sergent de ville qui_se trouvait de servi*»
ce à l'endroit précité.
Un grand, rassemblement, s'était formé, di-
manche sept heures du soir, au boulevard de
la'Madeleine, autour d'une jeune fille de treize
ans eaviron qui venait d'être abandonnée. Aux
questions qui lui étaient faites. ré-
pondu qu'elle se nommait Gélie Vachot, née à
Trouennë; d'où elle était partie il y a quelques
jours, avec un individu qu'elle connaît peine
etquil'àvaît quittée. On l'a 'conduite au com-
missaire dû" quartier qui a commencé immé-
diatement des recherches.
• W**1 Gollin, en;se rendait au\ chemin de fer
de Vincennes; perdit son porter-monnaie qui
contenait une cinquantaine de francs et plu-
sieurs factures. Le sieur Levaché chaudron-
nier, rue Sainte Anastase, 20, a trouyé le porte-
monnaie, est allé aux adresses qq'il renfermait
et fini; après d'activés recherches, par' re-
trouver Mm9Collin à qui il a rendu son argent,
sans vouloir accepter la moindre gratification.
Le sieur B. ouvrier doreur, demeurant au
troisième étage, rue Saintonge, faisait réparer
hier la serrure de la porte d'entrée de son lo-
gement. Un individu trouvant cette porte en-
tr'ouverle, entra, së déshabilla et se coucha:
Grand fut l'étonnement du doreur qui'était
descendu un instant avec le serrurier, quand,
à son retour, il aperçut un étranger couché
dans son lit. Il voulut expulser l'intrus; mais
celui-ci déclara qu'il était chez lui, 'qu'il- s'y
trouvait' bien et qu'il prétendait y passer la
nuit entière.
L'ouvrier se vit forcé :d'aller chercher un
sergent de ville, lequel essaya d'emmener le
personnage sans gêne et s'aperçut qu'il était
atteint d'aliénation mentale. Cet homme, en
effet, avait les yeux hagards, les traits décom-
posés. Il fit saillir sa langue presque entière
hors de sa bouche en s'efforçant de l'arracher,
et se livra à d'autres démonstrations excentri-
ques. On ne parvint qu'avec une peine ex-
trême à s'emparer de sa personne.
On a trouvé sur ce malheureux un livret qui
paraît lui appartenir et qui a été délivré au
'nommé Aubry, âgé de trente-six -ans, garçon
charcutier. Il a été conduit a la Préfecture,
d'où, après constatation de son état mental, il
seradirigé sur une maison d'aliénés.
Avant-hier dimanche, un jeuneet élégantca-
valier fraisant au bois de Boulogne une prome-
nade très matinale, entendit des cris lamenta-
bles. S'étant approché en toute hâte du point
d'où ils partaient, il vit un cheval attelé à un
tombereau et tenant: entre ses dents le bras de
son conducteur, qu'il secouait avec fureur. Le
cavalier sauta terre, et après avoir, par de
violents efforts, fait lâcher prise au cheval, il
prodigua au blessé des soins intelligents, lava
les plaies, improvisa des compresses et un ap-
pareil sommaire avec son mouchoir et la blou-
se du charretier, afin d'assujétir le membre
broyé et déchiré; puis', ne voyant venir per-
sonne qurpûfcl'aider, il chargea bravement sur
son dos le pauvre homme, évanoui, et dut le
transporter ainsi à une assez grande, distance
avant de rencontrer un cantonnier avec le se-
cours duquel il put enfin se procurer un fia-
cre, et y déposer son fardeau, qu'il condui-
sit à l'hôspice Beaujon. L'ayant alors remis en
mains sûres, il revint sur le lieu de l'événe-
ment où il retrouva son cheval qu'il avait laissa
attaché à un arbre. Tout cela est bien simple.
mais voilà; pour un homme du monde* une ma-
tinée dignement employée.
Soit; répliqua amèrement Flavien. En
tout cas, il neme reste plus rien à faire ici, et
je me retire..» Soyez heureuse Adieu
Comme il s'éloignait hautain et dédaigneux,
Micheline l'arrêta d'un geste rapide.
Que me voulez-vous? lui demanda-t-il en
la couvrant d'un regard glacé.
Je veux'que vous me pardonniez, balbu-
tia-t-elle. Je: veux que vous me quittiez sans
avoir l'ironie aux lèvres et la haine au cœur.
Eh que vous, imperte ? est-ce qu'on se
préoccupe. des chagrins qu'on cause à ceux
qu'on n'aitpe pas, à ceux qu'on n'a jamais ai-
més?. Mais, a propos, poursuivit-il d'un ton
dur et méprisant, il est donc bien riche, ce M.
Pascal, Kersaintf
Micheline se leva violemment.
Flavien 1 Flavien 1 s'écria+elle, haïssez-
moi; puisque vous êtes sans pitié, mais ne
m'injuriez pas, je vous le défends!
Il y avait dans ce cri de Phonrieurune si im-
posante majesté que Flavien courba la tête
malgré lui. Il cacha son visage dans ses deux
mains et fondit en larmes.
Ah murmura-t-il, j'étais loin de m'atten-
dre à une telle trahison
La jeune fille fut remuée jusqu'au fond de
l'âme. Elle courut à Flavien et le ramena sous
la tonnelle. Mais alors elle chercha vainement
des consolations à lui adresser. Sa présence
d'esprit l'avait abandonnée son cœur défail-
lait, à peine put-elle articuler quelques mots
sans suite. Par un effort suprême Flavien do-
mina de nouveau son émotion.
Un de ceux qui parmi nos peintres d'histoire
donnaient les plus b elles-et lesvplus légitimes
espérances, Henry Sieurac, élève dëDelaro-
che, est mort à l'âge de quarante ans, le 18
décembre
Tout le monde se rappelle ses trois grands
tableaux acquis par I'Etat; les Vertus théolo-
gales (salon de 1863), le Triomphe d&Fabvut
Gurgés, qu'on admire à Nîmes, et laRenaissan-
ce, vaste composition allégorique dont s'est en-
richi le musée de Toulouse.
C'est aujourd'hui 23 mars, qu'aura lieu à
l'hôtel Drouot la vente des peintures, esquis-
ses, dessins compositions et croquis laissés
pâr HenrySfèuTac, et dcîiTlëTçàiâlôpé- né
compte pas moins
Mon cher ami,
II paraît que j'ai commis une grave erreur;
errare ce qui signifie qu'il serait
inhumai» de njen pojnt commettre! (
'Frédéric Mistral m?eçrit poijr1 me; prier de.
rendre à Dieu ce qui' est Dieu, et à Michel
Carre ce que je croyais à Mistral.
prie de la publier.
A vous de coeur.
LOUIS JOURDAN.
La Riante, 21 mars 1864.
Je vous serre fraternellement la main pour
le bienveillant article que vous avez consacré
à Mireille. Mais j'e vous'prie de vouloir bien
rectifier au plus tôt une erreur qui a échappé
à votre bonne amitié.
Je ne suis pas l'auteur des paroles du, livret
je n'ai jamais fait que des vers provençaux, et-
jeserais fort embarrassé à rimer dans une au-
tre langue. C'est M. Michel Carré qui est le li-
brettiste de notre opéra, et c'est à lui que doi-
vent revenir vos élonges.
Je vous remercie et vous salue cordialement.
P. MISTRAL,
Paris. 21 mars 1884.
THÉÂTRES
Comédie-Française Moi, comédie en trois
actes, de MM. Eugène Labiche et Martin.
M. Eugène Labiche est le plus spirituel de
nos vaudevillistes. C'est un véritable auteur
dramatique ses pièces sont toujours d'un en-
semble remarquable. Les folies les plus bur-'
lesques' sorties de son cerveau ont une raison
d'être elles critiquent un travers ou se mo-
quent d'un ridicule Cdstigat rtdendo mores.
M- Labiche'est l'un des auteurs du Chapeau
de paille d'Italie; il est aussi l'auteur du Voya-
ge de M. Perrichon, en collaboration avec M.
Martin. N'éût-il écrit que ces deux ouvrages,,
qu'il eût pu, saas aucune prétention, aspirer à
se faire applaudir sur la première scène fran-
,£,aise mais son répertoire est très riche et ne
prouve pas seulement.une grande fécondité
il dénote un esprit observateur et rempli' de
finesse.
On rie--peut«dohc qu'approuver la réception
faite à M. Labiche par la Comédie-Française,
bien que la pièce par laquelle il vient de débu-
ter, ne-soit pas de tous points satisfaisante. Elle
contient bien des scènes amusantes et-des sail-
lies originales, mais son style et l'ensemble dé
sa conception rie sont pas à la hauteur de la
Comédie française. Ensuite les caractères sont
bien outrés.
MM. Labiche et Martin se livrent, dans la
nouvelle comédie, une étude du caractère de
l'égoïste et pour rendre tout à fait haïssable
l'homme personnel, ils ont fait de leur princi-
pal personnage un-fourbe et un avare.
Dutrèoy a l'aspect, • sinistré d'un trattre de
mélodrame.,
A côté de cet égoïste hypocrite qui' parle
toujours de sa sensibilité, Jesàuteurs ont placé
un autre type d'égoïste, celui qui avoue fran-
chement son indifférence pour tout ce qui ne
touche. pas sa personne. Et, comme contraste,
i ils ont opposé à De la Porcherie et à Dutrècy
le propre neveu de ce dernier, un jeune offi-
y cier de mariné dont la vie n'est qu'un long dé-
voûment.
Aux Variétés ou 'au Palais-Royal, Moï eût
obtenu un .très grand succès; mais, je le
Pourquoi' consentez-vous à épouser cet
homme ? âemanda-t-il.
.Pour payer une dette de reconnaissance,
répondit-elle.
Injustice et folie car cette. dette de re-
connaissance est primée par une dette plus sa-
crée encore, par la dette de notre amour 1 Ne
vous en souvenez-vous plus' ? 9
Hélas que vous dirai-je ? Il est des fata-
1 lités qui nous poussent malgré nous hors des
voies préférées. Plaignez-moi^ Flavien; mais
ne me maudissez pas i
Je ne vous plains ni ne vous maudis, ma-
demoiselle. Je vais vous oublier.
Oui oubliez-moi! oubliez-moi! je l'ai mé-
rité! Moi, je ne vous oublierai peut-être ja-
mais
Ces dernières paroles s'étaient échappées si
rapidement des lèvres de Micheline que la pau-
vre enfant n'avait pas eU le temps d'y réfléchir.
Elle n'en comprit toute la gravité qu'en remar-
quant l'effet étrange qu'elles avaient produit
sur Flavien. Il venait de s'opérer en lui comme
une révolution; ses yeux s'étaient illuminés,
uneefuuve sanguine avait empourpré ses joues,
le frémissement railleur de son visage avait
fait place à l'expression d'un sentiment exalté.
Ah! tenez, Micheline. s'écria-Uil, votre
âme tout entière vient d'éclater dans un mot 1
Oui, vous m'aimez, et vous ne m'oublierez ja-
mais Est-ce qu'il peut en être autrement? Est-
ce qu'on divorce ainsi avec les-plus intimes
souvenirs de la jeunesse? Est-ce qu'on répu-
die ainsi les plus profondes impressions du,
coeur?tSacQez.-lej i^n'y a qu'un, ûancé^DOuc
répète, cette pièce sort trop du ton habituel de
la Comédie française. Pourtant, elle a été ac-
cueillie avec beaucoup de sympathie, grâce à:
ses détails spirituels, et peut-être aussi pour
ne pas éloigner M. Labiche d'une scène où sa
place est marquée.
Régnier et Got font vnloir avec tout leur ta-
lent les personnages antipathiques de Dutrécy
et de la Porcherie. Les autres rôles principaux
sont bien joués par Lafontaine, Worms, M"»
Dubois, qui remplit avec beaucoup d'esprit le i
rôle d'une petite sournoise, et Mlle Riquer, qui,
prête son élégance et sa distinction à un rôle
de jeune veuve consolable.
^OURD'ASSISES DES BOUCHES-DU-RHONE
'S (Aix)
Présidence de M. Bigaud,
;î prçinierprésident de la cour impériale
AFFAIRE ARMAND
Audience du 20 mars.
CcoBnksWNDAÏjbE PAKTicirûÈKE DU Pèliiï Journal )
L'audition des témoins continue. On espère
qu'elle sera terminée demain soir.
Jean Mistralt3Q ans, négociant à Montpellier
La veille de l'événement, Maurice Roux se présen-
ta cheznouspour demander une place de cocher
qu'on lui avait dit être vacante; je lui dis que no-
tre domestique était parti en effet, mais que nous
notions pas décidés encore à en prendre un au-
tre. Je ne savais pas qui il. était et s'il était chez
M. Armand. Je ne lui lis aucune question ce n'est
que le jeudi suivant que j'ai su qu'il s'appelait
Maurice Roux. On me dit « Ce jeune homme qui
s'est présenté lundi pour demander une place est
précisément l'individu à qui l'accident est arrivé.»
C'estBernier, mon garçon de magasin qui-me dit
cela; Roux lui avait dit « Je suis chez M. Armand,
et je veux quitter, parce que M. Armand est si
violentqu'on ne peut pas tenir dans cette maison.
D. N'a-t-il pas dit que la maison était une bara-
que vous l'avez déclaré dans l'instruction?- R.
C'est bien possible que Bernier me l'ait dit il y a
si longtemps, que je ne m'en souviens pas bien.
Barthélémy Rocqué. quarante-cinq ans. carros-
sier Montpellier, La veille de son arrestation,
M. Armand est venu me demander une voiture
que j'avais en réparation. Je le reconduisis après la
lui avoir montrée. Nous causâmes voiture assez
longtemps je Unis par lui dire Envoyez-moi vo-
tre domestique, je lui donnerai mes ouvriers pour
conduire la voiture. Mon domestique, répondit
M. Armand, je ne le vois.pas;' il n'est pas venu
mettre le 'couvert quand il sera venu, je vous
l'enverrai.
Il me dit aussi qu'il avait fait des reproches à
Maurice Roux, et que celui-ci lui avait dit C'est
vrai que j'ai tort mais vous pouvez compter que
désormais je ferai convenablement mon service
Joseph Berhier, garçon de magasin La veille de
l'événement, je rencontrai sur' mon chemm Mau-
rice Roux;'qui me demanda s'il y avait une place
à la maison, et qui me dit qu'il allait.se-présenter
à ces messieurs; il me dit encore Je cherche à
me placer secrètement parce que je suis toujours
maltraité; la maison est une vraie baraquel
D. Et le jeudi vous avez communiqué cela à M.
Mistral?– R. Non, ce n'est pas comme cela «c'est
M. Mistral qui sortont de chez le juge d'instruc-
tion, m'a dit d'y monter et m'a demandé ce que
Maurice Roux m'avait dit. Je ne connaissais pas
̃M. Armand je n'ai donc pas pu lui parler de cela.
Pierre Grillieres, 45 ans, commissaire central à
Montpellier, appelé par M. Bessade, est arrivé au
moment où on jetait de l'eau bouillante sùrlebras
de ltoux. Il Va interrogé environ une demi-heure
Après. Il avait commencé un interrogatoire dans le-
quel Roux avaitdit, par signes, savoir quel était son
assassin et promis de le faire connaître mais sur
les observations do M. Sourdun. que cela pouvait
compromettre la vie 'du malade, lui d'abord et
M, le procureur impérial ensuite cessèrent leurs
questions. Le témoin fut stupéfait quand on lui dit
plus tard que Maurice Roux avait désigné Armand
comme son assassin.
Le témoin a, veillé au transport de Roux à l'hô-
pital il eut l'idée de faire emporter tous les effets
de Roux dans une malle. On disait en ville Il
n'est pas étonnant que le mouchoir qui lui liait
les pieds fût un mouchoir de M. Armand, car on
en trouverait de pareils dans ses effets si on les
visitait; la malle futfermée, et déposée dans mon
bureau, et il n'y avait aucun mouchoir apparte-
nant à M. Armand.
L'opinion générale, à Montpellier, des SOOOOha-
tants, sauf peut-être 500 personnes, est que la por-
tiëré a vu descendre Armand à la cave et' refuse
de le dire, parce qu'elle a été soudoyée.
M' Jules Favre: Mais vous n'avez pas interrogé
tout le monde, je pense?
Le ténioïn Un m'a dit qu'une femme Marius,
sœur de la concierge, savait de celle-ci qu'elle a-
vous, et ce fiancé, c'est moi Gardez-vous d'en
épouser un autre, car vous commettriez un ac-
te coupable, insensé, monstrueux! car vousem-
porteriez mon image jusqu'au chevet du lit
nuptial! Ah! renoncez, renoncez à l'instant
au dangereux projet d'héroïsme que vous avez
conçu. S'il est aussi noble que ous le procla-
mez, votre bienfaiteur comprendra qu'il estun
sentiment plus légitime que la reconnaissan-
ce, et c'est l'amour! Pour acquérir un droit de
plus à votre affection, il s'empressera de met-
tre'votre main dans la mienne et vous dira
courageusement :• Au prix même de mes
plus chères espérances, Micheline,, soyez la
femme de Flavien'
ETIENNE 6NAULT.
(La suite à demain.)
SPECTACLES DU 23 MARS.
7 h. i/â.– opéra. Le Docteur Magnus, la
Maschera.
7 h. 3/4.– français. -Les Projets de ma Tante,
Moi.
7 h. 3/4.– opéra-comiquk. Lara.
8 h. 0/0.– odéon. Le Marquis de Vilieriier.
8 h. 0/0.– italiens. Don Pasquale.
8 n. 0/0.– THÊATKE-LyRiQUK. Mireille.
7 h. 3/4.– th. ptrcHATELBT. Relâche.
8 h. 0/0.– vaudeville. l'Amour qui dort, les
Lionnes pauvres.
7 h. 0/0.– variétés.- Le Petit de la rue du Pon-
ceau,- le Bal, l'Homme n'est pas
parfait,- la Vieillesse de Brïdidi.
8 h. 0/0.– PALAis-ROïAL. La Cagnotte.
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