Titre : Le Petit journal
Auteur : Parti social français. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Clermont-Ferrand)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Pau)
Date d'édition : 1863-11-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32895690j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 146118 Nombre total de vues : 146118
Description : 20 novembre 1863 20 novembre 1863
Description : 1863/11/20 (Numéro 293). 1863/11/20 (Numéro 293).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG64 Collection numérique : BIPFPIG64
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k588403h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/07/2008
BUREAUX-
Si», rue Richelieu
LE PETIT JOURNAL sbvu ̃ =̃ •. ̃ '-Sfri 9'ir. fSfn '.«S. isTfr. ?4PU(r.
l4 JOURNAL DE PARIS • J
'"tes abonnements datent dès l", et -16 de IchaqUe mois Mandats' pu' iimBrès-poslo r
̃•̃ ̃<' ̃ NUMÉRO
tendfe<3i 20 Novembre,
NUMÉRO CINQ CENTIME^!
jeudi* f 9 novembre
LA VEUVE ET LE? FILS DU POÈTB MIllEVOVÈ.
» Qui d'entre vous, chers lecteurs. n'a en-
tendu prononcer ce cher nom de Mille-voye,
un nom prédestiné de poète?
Qui n'a ressenti à ce nom une impression
d'admiration et de sympathie?
C'estque Millevoye n'était pasun Juvénal,;
un barde tenant la lyre d'une main, le fouet!
de l'autre.
Il était au-dessus, on toutau moins en de-
hors de la politique, comme le ciel est
au-dessus delà terre,
'Comme le réve est au-dessus du faitf.
Hier est morte une brave et digne dame,
aimée des pauvres) adorée de.ses amis.
Elle se nommait Marguerite-Flore Delàt-;
We de la Morlière.
Elle était la veuve du poète célèbre.
L'histoire a recueilli- l'origine de cette;
touchante union. Rien n'est indifférent
dans la vie des grands hommes. Leur
existence explique souvent la nature de
leur talent.
Charles-Hubert Millevoye était lié'à Ab-;
beville enl782,
1 Il fut admis, orphelin, en l'Ecole
centrale des Quatre-Nations et y remporta
le premier prix de littérature.
Mais comme les vers sont une marchandise
de vente difficile, il entra. chez un pro-
cureur.
Hélas bientôt dégoûté des exploits; il se fit
commis libraire.
Cela le rapprochait de l'objet de son-cul.
te. de la poésie qui' lui apparaissait 'en
volumes entassés.
S'il n'était pas grand-prêtre au moins tou-
chait-il à l'autel.
Avant lui Gessner et Franklin avaient ho-
noré cette profession.
Malheureusement la Muse lui causait des
distractions sans nombre. Il faisait des
vers au lieu de débiter ceux d'autrui 1 et à
dix-huit ans il se retira du commerce.
De retour à Abbeville, il se prit à composer
sérieusement. Une pièce remarquable,
FEUILLETON DU PETIT JOURNAL
ï. DU 20 NOVEMBRE 1863.
LE C0MMDMF
Suite.
La baronne voyait bien que l'Américain a-
vait besoin de compliments pour dissiper sa
mauvaise humeur.
Vous êtes trop bonne, reprit Burtley. Mais
M"* Césarine se plaignait tout à l'heure d'une
migraine? ajouta-t-il avec une intention mar-
Oui, dit Mme de Saint-Phar, elle va ge re-
tirer aussi.
Ahl tant mieux!
Commentl reprit Césarine d'un air dédai-
gneux, M. Burtléy est satisfait de me savoir
tndisposée?
Non, ce n'est pas cela, dit l'Américain à
demi-voix je suis satisfait de ce que vous ne
restez pas au salon après moi.
Césarine lui lança un regard irrité M. Burt-!
itS prit son chapeau et salua en disant
Demain, à deux heures, ma calèche sera
à votre porte, pour vous conduire au\ bois de
Boulogne, et le soir nous aurons une\loge à
!'Opéra, On donnera, je crois, Guillaume:Tell,
votre r-msiqoe de prédilection,
V armée
frdnçaiseAemiX en évidence.
L Académie française couronna successi-
yemept; plusieurs de ses poèmes.^
Milîevpye continua à écrire.çomijaelever
file sa soie, dit M. de Pongervîlle. comme
l'abeille distille son miel
Le caractère mélancoliquedes compositions de Millevoye tient un
premier amour cbnWarié.
Il aima une jeune parente et demanda sa
main, qui lui fut refusée.
L^a pauvre enfant languît et mourut.
C'ëst d'elle qu'il dit;
Ici doit une amante à son amant ravie,
ii Vers lui le ciel la rappela. 1
.Grâces, vertus-jeunesse, et mon coeur et ma vie,.
Tout est là •̃
II y a toujours dans les productions d'un'
homme hors ligne nne pièce qui le rend po-'
pulaire.
Pour Millevoye, c'est la Chute des feuilles.
De ta dépouille de .nos bois,
L'automne avait jonché la terre.
Le bocage était sans mystère,
Le rossignol était sans voix.
En-iSfô, la pension de 6,000 francs faites
à Millevoye par Napoléon, fut réduite à
i,2C0 francs par Louis XVIII.
Il se retira dans la vie champêtre.
« Là dit M. de Pbngerville dans sa'
notice de 4846, -dans une maison de cam-
pagne voisine de son habitation, il ren-
contra M"e Delattre de La Moriière. La
grâce de sa personne, la franchise piquante
d'un esprit naturel, rallumèrent dans le
cœur deMillevoye le sentiment qui l'avait
toujours rempli. Son goût pour 1 indépen-,
dance combattit quelque temps sa nouvelle;
passion; toutefois, il aima et.épousa celle
qui le rappelait au bonheur. Sa félicité do-
mestique s^accrut ^bientôt par la naissance
d'un ̃'fils qui, placé aujourd'hui parmi les
jeunes talents,blement le nom célèbre dont il est le seul
héritier. »
b Tout'lui souriait'dans sa tranquille soli-
tude sa santé -éprouvait une 'heureuse in-
fluence du calme de sa vie. Mais une vio-
lente chute de cheval lui brisa le.col du fé-
mur. La blessure fut grave il se -rétablit
lentement, et ne se soutint qu'avec peine
sur ses membres endoloris. Privé de ses
exercices salutaires, il se livra au travail
avec une ardeur immodérée, comme si,
pressé-par sa fin prochaine, il craignait de
perdre un seul instant pour accroître ses ti-
tres à la renommée. «
Vous vous trompez, dit séchement Césa-
rine; je préfère la musique allemande,.
''̃ Ah 1 c'est donc depuis peu.
Infernal sorti s'écria Maucroix en frappant
un coup de poing sur la table voilà un valet
de trètle, qui me coûte ce soir plus de mille
écus 1
Madame la baronne est servie, dit un do-
mestique en ouvrant les deux battants de la
porte.
Cela vient à propos, dit le commandant
ma partie d'échecs est finie. Monsieur de Val-
berg, offrez votre bras à la baronne, étalions
souper.
En se déshabillant, Césarine était si préoc-
cupée qu'ellé se piqua le doigt à l'épingle de
M. Burtley.
Maudite épingle 1 s'écria-t-elle en jetant
violemment sur le parquetle bijou qui se brisa.
Le lendemain matin, le commandant Flam-
bert se rtindit de bonne heure chez Frédéric
il le trouva plongé comme à l'ordinaire dans
tes pensées mélancoliques.
Décidément, mon jeune ami, dit le com-
mandant, votre état m'inquiète. Hier, pendant
la soirée, je vous ai vu triste; au souper, vous
étiez sombre, vbu& n'avez ni parlé, ni joué, ni
buj*ni mangé. Cela n'a pas le sens commun Il
faut en noir. Vous avez été malheureux, c'est
vrai; mais vous êtes jeune, riche et bien por-
tant il n'y a pas de malheur qui tienne contre
ces trois conditions. Le chagrin qui vous dé-
vore sera éternel, dites-vous*? Etra-nelv^c'est
un mot allemand que nous ne comprenons pas
ici, Je vous ai peamis de vous guérir de vos
x A la "n du printemps. de 184 6, Millevoye
retourne à Paris. Il y porte son ardeur de
travail et sa faiblesse toujours croissante j
Presque aussitôt il regrette la campagne, et
va habiter le.yillag« de'NèuHIy. La beauléj
du site; les rives de la Seine peuplées de
tant de grands souvenirs, plaisent à son ima-î
gination, mais ne soulagent point ses intir-¡
mités. La souffrance est capricieuse: il veut
quitter cette retraite il espère qu'un non,
veau changement lui sera favorable ilfvaj
retourner à Paris;Pendant les préparatifs!
du départ il s'assied au bord dulleuvequ'ill
entend couler et qu'il ne voit pas Depuis un!
mois il avait complètement perdu la vue. Il;
improvise une romance où se révèlent les
secrètes sensations qui l'agitent., En la dic^
tant à sa femme, il. lui adresse avec atten-j
drissement ce couplet
Ma compagne, ma seule amie,'
Digne objat d'un constant amour,
Je t'avais consacré ma vie,
Hélas 1 et je ne vis qu'un jour.
Sa compagne versait des larmes ambres,;
mais les yeux du poète ne les apercevaienti
pas. Courageuse, elle étouffe ses sanglots,!
soutient son ami, le guide, ]'aide a monter
dans la voiture et se ,place à ses côtés. A
peinc. un quart d'heure s'est écoulé, iJ sej
trouve si mal qu'il faufcs'arrêter dans les;
Champs-Elysées. La première maison que
le hasard lui présente.est celle de M. Bar-
doux, l'un de ses anciens professeurs au
collège d'Abbeville.
Singulier concours de circonstances lou-
chantes, qui lui rend à Ses derniers instants
les soins de celui qui veilla sur son enfan-
ce On lui choisit une autre demeure dans
le voisinage Là, une'faible réaction de for-
ces se manifeste; il en profite pour retou-
cher des vers. Plusieurs jours se passent
dans une alternative de souffrance et de
calme. Un soir, las de son travail, il prie sa
femme de lui Iire'un passage de Fénelon. Il
l'écoute attentivement, lui prend la main, la
presse longtemps, soupire, .penche la tête
la lecture continue il ne l'entendait plus.
Ses lèvres étaient déjà glacées quandfe dés-
espoir de sa femme'yimprimait.encore des
baisers cpnvulsifs, \l' ̃ >
Quelques jours avant'sa mort, il compo-
sait une ode remarquable, dont nous ;cite-
rons une strophe plaintive:
Le poète chantâit de sa lampe fidèle
S'éteignaient par degrés les rayons pâlissants;
Et lui, pres de mourir comme elle, •̃ • ;•̃
Exhalait ces tristes accents: x
Brise-toi, lyre tant aimée I ̃
Tu ne survivras point à mon dernier sommeil
Et tes hymnes sans renommée
Sous la tombe avec moi dormiront'sans réveil.
Je ne paraîtrai pns devant le trône austère
Où la postérité, d'une inflexible voix,
peines: vous avez paru accepter mes offres
persistez-vous dans ces bonnes dispositions?
Pouvez-vous en douter? répondit le jeune
comte de Valberg.
Ainsi, vous vous confiez à nîoi?
De grand cœur.
Mais je vous avertis qu'avant tout il faut
me promettre une obéissance absolue. Vous
vous laisserez guider par votre mentor; vous
suivrez toutes les prescriptions de votre méde-
cin ?
Je vous le promets.
En ce cas, je réponds- de vous. Et la cure
ne sera ni longue ni difficile. Vous avez été
trehi par une lemme, c'est là un accident tout
à fait parisien nous connaissons parfaitement
la manière de le traiter. Je vous ai dit que j'a-
vais passé par là plusieurs fois c'est que j'ai
été jeune, moi aussi, jeune et brillant, quoi-
qu'il n'y paraisse plus guère. Sur ce chapitre,
on aurait pu vous demander de mes nouvelles
dans votre pays. Nous autres vieux soldats de
l'Empire, nous avons couru le mpnde et laissé
un peu partout des traces de notre présence.
C'était le bon temps! le temps où l'on gagnait
des grades et des bonnes fortunes. Alors j'étais
vaillant à tous les, jeux, je 4nenais de front la
guerre et l'amour :conquérant au nômdel'em-
pereur, conquérant pour mon propre compte.
Quand je regarde en arrière, dans cette épo-
que-là, j'y trouve d'agréables souvenirs. Un
surtout, dans votre Allemagne, à la suite d'une
blessure qui me valut bien du bonheur 1 Mais
ne parlons pas de cela il s'agit de vous et non
pas de moj. permettez d'abord que je vous a-
̃^ jngele* gloires de'laterre. il
;Comme J'figypie, aux bords de son-lac solitaire.
Jneeait.les^)mbre^deses rois.
Lejpoete chaniait: quand la Ivre fidèle 'av
S'échappa tout à coup de sa tiébile main;
Sa lampe mourut, et comme elle )
C'est cette compagne fidèle» cette épousa
vertueuse, cette mère dévouée, cette femme
forte selon l'Ecriture, qui vient de s'é-
tëindFe, .entourée de l'attention et de l'esti-
me universelles.
Elle a.survécu quarante-sept ans à.'silï
glorieux mari.
Elle 4,entouré de ses soins l'héritier de ce
nom glorieux que notre plume trace avec
respect, que notre mémoire retient ^avec
admiration. d
Aujourdhui, ce fils, du .,poète du pre-
mier Empire; digne possesseur de ce nom
vénéré, est un éminent magistrat, •
¡ ';Un. des jurisconsultes les plus estimés de
France
Le procureur général Millevoye, chef du
parquet.de la-cour impériale de Rouen.
Nous Serions heureux si ces lignes, dont
le but èst dé rappeler un poète éminent, une
femme accomplie, avaient pour l'éminent:
magistrat la forme sincère et convaincue
d'un compliment de condoléançe.
TIMQTHÉE THLNJM 1
PARIS
L'Empereur qui était arrivé à Paris març|i
soir, est reparti pour Compiègne hier à quatre
heures.
La deuxième série des invités est partie ppuj"
la résidencè impériale à deux heures; par up
train spécial^ i;<
La cour va prendre lé deuil à de
la mort de S. M. le roi de Danemark.
Par exception, la tenue en noir sera derir
sueur pour les invités pendant la durée'1™
Les grands travaux du Palàis-de-Justice Ut
de la préfecture le police ont en ce moment
une certaine activée, tant du côté du quai dé
J'Horloge où l'on construit, l'aile destinée. à l
cour.de cassation que du côté du'quai désOc-
fèvresoû J'onïette les fondations des bureaux
de la Préfecture de poliçe.
La C'té est un des quartiers de Paris où'l'on
travaille le plus en ce moment.
Sur un .vaste terrain devant le Palais-de-
Justice. on fait les déblais' pour,, commencëjç
bientôt la. construction des hôtels des états-
majoi's de: la; gardé de Paris et des sapeurs-
pompiers et d'une caserne delà garde -muiiicî-
pale destinée au service du Palais-de-Justice.
Devant ce terrain et au nord on termine le pa-
dresse quelques questions., Depuis combien dés
temps êtes-vous à Pàrisq
Qtfavez-voùs tait, qu'avez-vous vu péihJ
dant ces quinze jours? iî'-
Rien, pu bien peu.de chose. Je restais pres-
que toute Ifa-joui'nee, enfermé chez moi.
Singulière façon de se distrairel
Le soir, j'allais au spectacle.
Plaisir qui n'est pas toujours très vif!
Ordinairement, je m'y Ennuyais. •
Autre question. Quelle fortune avez-vous?:
Peut-être !ma ,demande vous semblera-t-elle
indiscrète; mais il est indispensable que je
prenne ces renseignements, afin de pouvoir
régler mon traitement sur vos moyens.
Il n'y a pas d'indiscrétion à nie demander
une choseque1 nul motif ne m'engage à cacher,
mais il me serait difficile de vous répondre.
Ma fortune' consistant en terres, je ne sais pas
quel prix on en retirera en les vendant.
Quelle était votre fortune en Allemagne ?
Environ 20,0.0» florins; ̃ .j–:iiI ̃
C'est-à-dire quarante et Quelques mille
francs. En bonnes terres, le capital est de -plus
d'un million; mais voiis avez ordondé^de ven-;
dre en toute hâte et à tout prix; Jœëttohs que
cette précipitation Vous coûte deux cent mille
francs; accordons une pareille solame ;â*l,a vo-
racité des gens d'affaires, qui ne .̃nxariqife.ront'1
pas de profiler de votre absence et de
pouvoirs reste deux cent millô é(ïus.; Avec cela
on peut aller, et il faudrait que votre chagrin
fût étrangement tenace pour résister à toutes
les distractions et consolations qu'on peut acte-
Si», rue Richelieu
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NUMÉRO CINQ CENTIME^!
jeudi* f 9 novembre
LA VEUVE ET LE? FILS DU POÈTB MIllEVOVÈ.
» Qui d'entre vous, chers lecteurs. n'a en-
tendu prononcer ce cher nom de Mille-voye,
un nom prédestiné de poète?
Qui n'a ressenti à ce nom une impression
d'admiration et de sympathie?
C'estque Millevoye n'était pasun Juvénal,;
un barde tenant la lyre d'une main, le fouet!
de l'autre.
Il était au-dessus, on toutau moins en de-
hors de la politique, comme le ciel est
au-dessus delà terre,
'Comme le réve est au-dessus du faitf.
Hier est morte une brave et digne dame,
aimée des pauvres) adorée de.ses amis.
Elle se nommait Marguerite-Flore Delàt-;
We de la Morlière.
Elle était la veuve du poète célèbre.
L'histoire a recueilli- l'origine de cette;
touchante union. Rien n'est indifférent
dans la vie des grands hommes. Leur
existence explique souvent la nature de
leur talent.
Charles-Hubert Millevoye était lié'à Ab-;
beville enl782,
1 Il fut admis, orphelin, en l'Ecole
centrale des Quatre-Nations et y remporta
le premier prix de littérature.
Mais comme les vers sont une marchandise
de vente difficile, il entra. chez un pro-
cureur.
Hélas bientôt dégoûté des exploits; il se fit
commis libraire.
Cela le rapprochait de l'objet de son-cul.
te. de la poésie qui' lui apparaissait 'en
volumes entassés.
S'il n'était pas grand-prêtre au moins tou-
chait-il à l'autel.
Avant lui Gessner et Franklin avaient ho-
noré cette profession.
Malheureusement la Muse lui causait des
distractions sans nombre. Il faisait des
vers au lieu de débiter ceux d'autrui 1 et à
dix-huit ans il se retira du commerce.
De retour à Abbeville, il se prit à composer
sérieusement. Une pièce remarquable,
FEUILLETON DU PETIT JOURNAL
ï. DU 20 NOVEMBRE 1863.
LE C0MMDMF
Suite.
La baronne voyait bien que l'Américain a-
vait besoin de compliments pour dissiper sa
mauvaise humeur.
Vous êtes trop bonne, reprit Burtley. Mais
M"* Césarine se plaignait tout à l'heure d'une
migraine? ajouta-t-il avec une intention mar-
Oui, dit Mme de Saint-Phar, elle va ge re-
tirer aussi.
Ahl tant mieux!
Commentl reprit Césarine d'un air dédai-
gneux, M. Burtléy est satisfait de me savoir
tndisposée?
Non, ce n'est pas cela, dit l'Américain à
demi-voix je suis satisfait de ce que vous ne
restez pas au salon après moi.
Césarine lui lança un regard irrité M. Burt-!
itS prit son chapeau et salua en disant
Demain, à deux heures, ma calèche sera
à votre porte, pour vous conduire au\ bois de
Boulogne, et le soir nous aurons une\loge à
!'Opéra, On donnera, je crois, Guillaume:Tell,
votre r-msiqoe de prédilection,
V armée
frdnçaiseAemiX en évidence.
L Académie française couronna successi-
yemept; plusieurs de ses poèmes.^
Milîevpye continua à écrire.çomijaelever
file sa soie, dit M. de Pongervîlle. comme
l'abeille distille son miel
Le caractère mélancolique
premier amour cbnWarié.
Il aima une jeune parente et demanda sa
main, qui lui fut refusée.
L^a pauvre enfant languît et mourut.
C'ëst d'elle qu'il dit;
Ici doit une amante à son amant ravie,
ii Vers lui le ciel la rappela. 1
.Grâces, vertus-jeunesse, et mon coeur et ma vie,.
Tout est là •̃
II y a toujours dans les productions d'un'
homme hors ligne nne pièce qui le rend po-'
pulaire.
Pour Millevoye, c'est la Chute des feuilles.
De ta dépouille de .nos bois,
L'automne avait jonché la terre.
Le bocage était sans mystère,
Le rossignol était sans voix.
En-iSfô, la pension de 6,000 francs faites
à Millevoye par Napoléon, fut réduite à
i,2C0 francs par Louis XVIII.
Il se retira dans la vie champêtre.
« Là dit M. de Pbngerville dans sa'
notice de 4846, -dans une maison de cam-
pagne voisine de son habitation, il ren-
contra M"e Delattre de La Moriière. La
grâce de sa personne, la franchise piquante
d'un esprit naturel, rallumèrent dans le
cœur deMillevoye le sentiment qui l'avait
toujours rempli. Son goût pour 1 indépen-,
dance combattit quelque temps sa nouvelle;
passion; toutefois, il aima et.épousa celle
qui le rappelait au bonheur. Sa félicité do-
mestique s^accrut ^bientôt par la naissance
d'un ̃'fils qui, placé aujourd'hui parmi les
jeunes talents,
héritier. »
b Tout'lui souriait'dans sa tranquille soli-
tude sa santé -éprouvait une 'heureuse in-
fluence du calme de sa vie. Mais une vio-
lente chute de cheval lui brisa le.col du fé-
mur. La blessure fut grave il se -rétablit
lentement, et ne se soutint qu'avec peine
sur ses membres endoloris. Privé de ses
exercices salutaires, il se livra au travail
avec une ardeur immodérée, comme si,
pressé-par sa fin prochaine, il craignait de
perdre un seul instant pour accroître ses ti-
tres à la renommée. «
Vous vous trompez, dit séchement Césa-
rine; je préfère la musique allemande,.
''̃ Ah 1 c'est donc depuis peu.
Infernal sorti s'écria Maucroix en frappant
un coup de poing sur la table voilà un valet
de trètle, qui me coûte ce soir plus de mille
écus 1
Madame la baronne est servie, dit un do-
mestique en ouvrant les deux battants de la
porte.
Cela vient à propos, dit le commandant
ma partie d'échecs est finie. Monsieur de Val-
berg, offrez votre bras à la baronne, étalions
souper.
En se déshabillant, Césarine était si préoc-
cupée qu'ellé se piqua le doigt à l'épingle de
M. Burtley.
Maudite épingle 1 s'écria-t-elle en jetant
violemment sur le parquetle bijou qui se brisa.
Le lendemain matin, le commandant Flam-
bert se rtindit de bonne heure chez Frédéric
il le trouva plongé comme à l'ordinaire dans
tes pensées mélancoliques.
Décidément, mon jeune ami, dit le com-
mandant, votre état m'inquiète. Hier, pendant
la soirée, je vous ai vu triste; au souper, vous
étiez sombre, vbu& n'avez ni parlé, ni joué, ni
buj*ni mangé. Cela n'a pas le sens commun Il
faut en noir. Vous avez été malheureux, c'est
vrai; mais vous êtes jeune, riche et bien por-
tant il n'y a pas de malheur qui tienne contre
ces trois conditions. Le chagrin qui vous dé-
vore sera éternel, dites-vous*? Etra-nelv^c'est
un mot allemand que nous ne comprenons pas
ici, Je vous ai peamis de vous guérir de vos
x A la "n du printemps. de 184 6, Millevoye
retourne à Paris. Il y porte son ardeur de
travail et sa faiblesse toujours croissante j
Presque aussitôt il regrette la campagne, et
va habiter le.yillag« de'NèuHIy. La beauléj
du site; les rives de la Seine peuplées de
tant de grands souvenirs, plaisent à son ima-î
gination, mais ne soulagent point ses intir-¡
mités. La souffrance est capricieuse: il veut
quitter cette retraite il espère qu'un non,
veau changement lui sera favorable ilfvaj
retourner à Paris;Pendant les préparatifs!
du départ il s'assied au bord dulleuvequ'ill
entend couler et qu'il ne voit pas Depuis un!
mois il avait complètement perdu la vue. Il;
improvise une romance où se révèlent les
secrètes sensations qui l'agitent., En la dic^
tant à sa femme, il. lui adresse avec atten-j
drissement ce couplet
Ma compagne, ma seule amie,'
Digne objat d'un constant amour,
Je t'avais consacré ma vie,
Hélas 1 et je ne vis qu'un jour.
Sa compagne versait des larmes ambres,;
mais les yeux du poète ne les apercevaienti
pas. Courageuse, elle étouffe ses sanglots,!
soutient son ami, le guide, ]'aide a monter
dans la voiture et se ,place à ses côtés. A
peinc. un quart d'heure s'est écoulé, iJ sej
trouve si mal qu'il faufcs'arrêter dans les;
Champs-Elysées. La première maison que
le hasard lui présente.est celle de M. Bar-
doux, l'un de ses anciens professeurs au
collège d'Abbeville.
Singulier concours de circonstances lou-
chantes, qui lui rend à Ses derniers instants
les soins de celui qui veilla sur son enfan-
ce On lui choisit une autre demeure dans
le voisinage Là, une'faible réaction de for-
ces se manifeste; il en profite pour retou-
cher des vers. Plusieurs jours se passent
dans une alternative de souffrance et de
calme. Un soir, las de son travail, il prie sa
femme de lui Iire'un passage de Fénelon. Il
l'écoute attentivement, lui prend la main, la
presse longtemps, soupire, .penche la tête
la lecture continue il ne l'entendait plus.
Ses lèvres étaient déjà glacées quandfe dés-
espoir de sa femme'yimprimait.encore des
baisers cpnvulsifs, \l' ̃ >
Quelques jours avant'sa mort, il compo-
sait une ode remarquable, dont nous ;cite-
rons une strophe plaintive:
Le poète chantâit de sa lampe fidèle
S'éteignaient par degrés les rayons pâlissants;
Et lui, pres de mourir comme elle, •̃ • ;•̃
Exhalait ces tristes accents: x
Brise-toi, lyre tant aimée I ̃
Tu ne survivras point à mon dernier sommeil
Et tes hymnes sans renommée
Sous la tombe avec moi dormiront'sans réveil.
Je ne paraîtrai pns devant le trône austère
Où la postérité, d'une inflexible voix,
peines: vous avez paru accepter mes offres
persistez-vous dans ces bonnes dispositions?
Pouvez-vous en douter? répondit le jeune
comte de Valberg.
Ainsi, vous vous confiez à nîoi?
De grand cœur.
Mais je vous avertis qu'avant tout il faut
me promettre une obéissance absolue. Vous
vous laisserez guider par votre mentor; vous
suivrez toutes les prescriptions de votre méde-
cin ?
Je vous le promets.
En ce cas, je réponds- de vous. Et la cure
ne sera ni longue ni difficile. Vous avez été
trehi par une lemme, c'est là un accident tout
à fait parisien nous connaissons parfaitement
la manière de le traiter. Je vous ai dit que j'a-
vais passé par là plusieurs fois c'est que j'ai
été jeune, moi aussi, jeune et brillant, quoi-
qu'il n'y paraisse plus guère. Sur ce chapitre,
on aurait pu vous demander de mes nouvelles
dans votre pays. Nous autres vieux soldats de
l'Empire, nous avons couru le mpnde et laissé
un peu partout des traces de notre présence.
C'était le bon temps! le temps où l'on gagnait
des grades et des bonnes fortunes. Alors j'étais
vaillant à tous les, jeux, je 4nenais de front la
guerre et l'amour :conquérant au nômdel'em-
pereur, conquérant pour mon propre compte.
Quand je regarde en arrière, dans cette épo-
que-là, j'y trouve d'agréables souvenirs. Un
surtout, dans votre Allemagne, à la suite d'une
blessure qui me valut bien du bonheur 1 Mais
ne parlons pas de cela il s'agit de vous et non
pas de moj. permettez d'abord que je vous a-
̃^ jngele* gloires de'laterre. il
;Comme J'figypie, aux bords de son-lac solitaire.
Jneeait.les^)mbre^deses rois.
Lejpoete chaniait: quand la Ivre fidèle 'av
S'échappa tout à coup de sa tiébile main;
Sa lampe mourut, et comme elle )
C'est cette compagne fidèle» cette épousa
vertueuse, cette mère dévouée, cette femme
forte selon l'Ecriture, qui vient de s'é-
tëindFe, .entourée de l'attention et de l'esti-
me universelles.
Elle a.survécu quarante-sept ans à.'silï
glorieux mari.
Elle 4,entouré de ses soins l'héritier de ce
nom glorieux que notre plume trace avec
respect, que notre mémoire retient ^avec
admiration. d
Aujourdhui, ce fils, du .,poète du pre-
mier Empire; digne possesseur de ce nom
vénéré, est un éminent magistrat, •
¡ ';Un. des jurisconsultes les plus estimés de
France
Le procureur général Millevoye, chef du
parquet.de la-cour impériale de Rouen.
Nous Serions heureux si ces lignes, dont
le but èst dé rappeler un poète éminent, une
femme accomplie, avaient pour l'éminent:
magistrat la forme sincère et convaincue
d'un compliment de condoléançe.
TIMQTHÉE THLNJM 1
PARIS
L'Empereur qui était arrivé à Paris març|i
soir, est reparti pour Compiègne hier à quatre
heures.
La deuxième série des invités est partie ppuj"
la résidencè impériale à deux heures; par up
train spécial^ i;<
La cour va prendre lé deuil à de
la mort de S. M. le roi de Danemark.
Par exception, la tenue en noir sera derir
sueur pour les invités pendant la durée'1™
Les grands travaux du Palàis-de-Justice Ut
de la préfecture le police ont en ce moment
une certaine activée, tant du côté du quai dé
J'Horloge où l'on construit, l'aile destinée. à l
cour.de cassation que du côté du'quai désOc-
fèvresoû J'onïette les fondations des bureaux
de la Préfecture de poliçe.
La C'té est un des quartiers de Paris où'l'on
travaille le plus en ce moment.
Sur un .vaste terrain devant le Palais-de-
Justice. on fait les déblais' pour,, commencëjç
bientôt la. construction des hôtels des états-
majoi's de: la; gardé de Paris et des sapeurs-
pompiers et d'une caserne delà garde -muiiicî-
pale destinée au service du Palais-de-Justice.
Devant ce terrain et au nord on termine le pa-
dresse quelques questions., Depuis combien dés
temps êtes-vous à Pàrisq
Qtfavez-voùs tait, qu'avez-vous vu péihJ
dant ces quinze jours? iî'-
Rien, pu bien peu.de chose. Je restais pres-
que toute Ifa-joui'nee, enfermé chez moi.
Singulière façon de se distrairel
Le soir, j'allais au spectacle.
Plaisir qui n'est pas toujours très vif!
Ordinairement, je m'y Ennuyais. •
Autre question. Quelle fortune avez-vous?:
Peut-être !ma ,demande vous semblera-t-elle
indiscrète; mais il est indispensable que je
prenne ces renseignements, afin de pouvoir
régler mon traitement sur vos moyens.
Il n'y a pas d'indiscrétion à nie demander
une choseque1 nul motif ne m'engage à cacher,
mais il me serait difficile de vous répondre.
Ma fortune' consistant en terres, je ne sais pas
quel prix on en retirera en les vendant.
Quelle était votre fortune en Allemagne ?
Environ 20,0.0» florins; ̃ .j–:iiI ̃
C'est-à-dire quarante et Quelques mille
francs. En bonnes terres, le capital est de -plus
d'un million; mais voiis avez ordondé^de ven-;
dre en toute hâte et à tout prix; Jœëttohs que
cette précipitation Vous coûte deux cent mille
francs; accordons une pareille solame ;â*l,a vo-
racité des gens d'affaires, qui ne .̃nxariqife.ront'1
pas de profiler de votre absence et de
pouvoirs reste deux cent millô é(ïus.; Avec cela
on peut aller, et il faudrait que votre chagrin
fût étrangement tenace pour résister à toutes
les distractions et consolations qu'on peut acte-
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