Titre : L'Avenir d'Arcachon : organe des intérêts politiques, industriels et maritimes de la contrée ["puis" Journal des intérêts balnéaires, industriels et maritimes de la contrée. Organe spécial d'ostréiculture]
Éditeur : [s.n.] (Arcachon)
Date d'édition : 1919-03-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327080521
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 mars 1919 28 mars 1919
Description : 1919/03/28 (A61,N3439). 1919/03/28 (A61,N3439).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine Collection numérique : Fonds régional : Aquitaine
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5868850q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-11512
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/12/2011
LA cumniÈRE
Dans le salon d'un des plus
beaux chalets du Boulevard de la
Plage, la charmante Mme X..., af-
falée dans un fauteuil, semblait
en proie à un profond désespoir.
— Qu'avez-vous, Madame ? lui
demanda le jeune Arthur en en-
trant familièrement, comme chez
lui.
— Ah ï mon ami, gémit la déli-
cieuse Mme X... dont les charmes
étaient drapés d'un peignoir rose
tendre, je ne saisJii à quel saint
ni à quel diable me vouer ; figurez
vous que ma cuisinière visnt de
me jeter son tablier au nez et est
partie en claquant les portes par-
ceque je me suis permis de m'éton-
ner qu'elle eut payé un poulet
vingt francs. Ôr, j'ai quatre invi-
tés à dîner ce soir. Que faire? Que
devenir ?
— Ce qui m'étonne, Madame,
c'est que votre cuisinière n'ait pas
payé le poulet quarante francs.
Est-il truffé ?
— Je vous préviens, Monsieur,
que je ne suis nullement d'humeur
à entendre vos sottes plaisanteries.
— Eh bien, Madame, ne plaisan-
tons pas, et agissons. Que vous
faut-il ? Une cuisinière ? Je vais
vous en chercher une.
— Ah I mon ami, si vous pouviez
me rendre un tel service je vous
en aurais une reconnaissance éter-
nelle.
— Eternelle T Je n'en demande
pas tant. .
— Elle durera ce que vous vou-
drez . Partez vite. Il n'y a pas une
minute à perdre. Déjà quinze heu-
res T Allons I Dépéchez-vous.
— Madame, je pars, je me pré-
cipite, je vole et, dans deux heu-
res, trois au plus, je vous amène-
rai une cuisinière ou je suis un
homme déshonoré et je me passe-
rai ma canne à travers le corps.
Le jeune "Arthur courut tout
d'une traite à là pâtisserie Fou-
rière dont il est, comme on sait,
un des meilleurs clients.
— Madame, s'écria-t-il, en se
précipitant vers le comptoir où
trônait majestueusement la pa-
tronne, je viens vous demander
un grand service ; j'ai absolu-
ment besoin, tout de suite, d'une
cuisinière. Pouvez-vous me la
procurer 1? -
— J'en connais une, répondit la
pâtissière après quelques secon-
des de réflexion, mais elle estvièil-
i. t elle fume ; je dois vous en
prévenir.
— '3 -•.! :nport>', déclara le jeune
A Liu ; JOU.S n'avons pas le temps
di choisir. Veuillez l'envoyer de
suite à la villa des Colombes.
— C'est entendu, Monsieur ; «lie
va vous suivre.
Le jeune Arthur quitta la pâtis-
serie ivre de joie. Après avoir ren-
du un tel service à la belle mada-
me X... il ne pouvait pas douter
que celle-ci lui accorderait la ré-
compense promise et que l'heure
du berger sonnerait enfin pour lui
au cadran de l'amour.
Il se rendit chez le fleuriste Bru-
net où il fit«mplette d'an superbe-
bouquet de roses, puis s'arrêta
chez le coiffeur Pontani pour se
faire donner un coup de peigne et
un coup de fer aux moustaches.
Enfin, à petit pas, en homme qui
savoure par avance les joies du
triomphe, il regagna la villa des
Colombes.
Madame X... l'attendait avec
une légitime impatience.
— Ça y est, s'écria-t-il en entrant;
la cuisinière va arriver d'un mo-
ment à l'autre. Oh I voyez vous, je
suis un débrouillard, moi. Cepen-
dant, je dois vous prévenir que la
cuisinière est un peu vieille.
— Elle ne doit en avoir qus plus
d'expérience, observa madame X.
— On m'a dit qu'elle fumait.
— Si elle prisait, elle pourrait
éternuer dans les casserolles ;
mieux vaut qu'elle fume... "Vous
êtes un garçon bien gentil ; je vous
garde à diner.
Mme X... avait pris le bouquet
de roses qu'elle arrangeait dans
un vase lorsqu'une petite bonne
ébouriffée vint annoncer qu'une
cuisinière arrivait pour madame.
— Faites la entrer ici, ordonna
madame X...
— Ici ? Au salon ! fit la petite
bonne d'un air étonné.
— Mais oui, petite sotte. Croyez-
vous que je vais aller la recevoir
dans la cuisiné ? Allons, dépêchez-
vous... Elle est arrivée de La Tes-
te il y a huit jours, dit madame
X... à Arthur après le départ de la
petite bonne. Vous savez qu'un of-
ficier russe avait enlevé ma fem-
me de chambre.
— Ne s'appelait-elîe pas Char-
lotte? I
— En effet. '
— Alors, elle est devenue Char- I
lotte russe. ]
Tous deux se mirent à rire aux
éclats ; ils riaient encore lorsque
la petite bonne, ayant ouvert à
deux battants les portes du salon,
annonça : Voici la cuisinière.
Deux ouvriers en sueur poussé- i
rent jusque sur le seuil une masse f
de fonte rouillée qui empestait le
graillon. i
A cet aspect, Madame X... et Ar- c
thur demeurèrent ahuris. I
— Qu'est que c'est que ça? de- r
manda madame X... j j
— C'est la .cuisinière qu'un jeu- !
ne homme a prié madame Four- ■
riêre de vous, envoyer,, répondit
l|un des ouvriers. „
; ^ Remportez cette ordîiré, •'&
■ I cria Madame X... au comble de
l'exaspération. Monsieur, ajoutâ-
t-elle en se tournant vers Arthur,
vous n'êtes qu'un sot. Allez-vous
en et que je ne vous revoie jamais.
— Madame, balbutia Arthur, il
y a quiproquo ; ce n'est pas ma
fautes! le même mot désigne la
personne qui prépare les plats et
t l'appareildan?^egael^n-Ies -fait-
cuire.
— Vous n'êtes qu'un imbécile,
riposta madame X... de plus en
plus irritée. Sortez et ne remettez
jamais les pieds ici.
Le pauvre Arthur, honteux et
confus, prit sa canne et son cha-
peau, et s'en alla en poussant un
profond soupir.
— Augusline, ordonna madame
X... à la petite bonne, fermez les
portes et les fenêtres ; je n'y suis
pour personne ; je vais me cou-
cher. Vous direz que je suis mala-
de.
Ce fut ainsi, par suite d'une dé-
plorable méprise, que le jeune Ar-
thur vit échouer, sa candidature
au coeur de la belle madame X...
au moment même ou il croyait ob-
tenir le couronnement de sa flam-
me.
Et depuis ce jour néfaste, il erre
comme une âme en peine sur no-
tre plage en maudissant les appa-
reils et les femmes de cuisine qu'on
a le tort de confondre sous l'uni-
que vocable de : cuisinières.
Albert CHICHE.
«
Coirpesponctanee
Paris, 18 mars 1919.
Monsieur le Directeur,
Vous avez publié dans votre nu-
méro du 2 mars une lettré signée
Jules de Préçy. Cet honorable cor-
respondant vous écrivait qu'il fau- I
drait réunir les deux casinos dans
la même main en trouvant un en-
trepreneur de spectacles auquel la
ville d'Arcachon concéderait le
Palais mauresque pour une lon-
gue période moyennant un loyer
modique, cet entrepreneur se char-
geant d'y effectuer à ses frais les
réparations nécessaires.
Ayant pris connaissance de cet-
te lettre, j'ai chargé un architecte
de me fournir une estimation ap-
proximative de la dépense néces-
saire à la -restauration du Palais
mauresque. Cette dépense a été
évaluée par lui à cinquante mille '
francs environ.-
En possession de ce renseigne-
ment, j'offre à la Ville d'effectuer
cette dépense si elle consent à me
passer, un bail de dix ans, moyen-
nant un loyer annuel de cinq mil- '
le francs, en m'aecordant en outre |
la concession des: jeux. Je vous fe- J
rai connaître mon nom en temps '
utile.""-.' i
Recevez, Monsieur le Directeur,
aies salutations distinguées.. '
Un de vos abonués. '
; Alice ^ERVflfi
i Nous apprenons avec douleur
la mort d'Alice Kervan décèdée à
Bordeaux le 16 mars par suite
d'une opération.
Le corps de la divette a été ra-
mené à Arcachon où elle ne comp-
te que des amis.
" *~Elîe a prêté gracieusement s»h
concours artistique à toutes nos
sociétés et à toutes nos oeuvres
patriotiques et charitables.
Propriétaire à Arcachon de plu-
sieurs villas, elle venait se repo-
ser dans son superbe Cottage du
boulevard Deganne des fatigues
de sa vie artistique. Elle fut une
des reines de l'opérette et sa dispa-
rition laissera un grand vide dans
le monde artistique où sa grâce et
son talent étaient grandement ap-
. préciés.
FETE des PRIAS
La belle fête des marins sera '
célébré dans leur- antique sanc- I
tuaire lundi et mardi prochain.
Lundi 24 mars à huit heures 1/2
du soir, prière des marins, allocu-
tion, chants des vieux cantiques à
la Madone miraculeuse, bénédic-
tion. Des places seront réservées
aux marins dans la vieille chapel-
le.
Le lendemain matin, 25 mars, à
9 heures 3/4, procession à la croix,
défilé des Sociétés arcachonnaises
(si on n'a pas oublié comme l'an-
née dernière de les inviter) sermon
en plein air, bénédiction du Bassin
et retour à l'Eglise où une grand'
messe très solenuelle sera'chàn- I
tée. A quatre heures, bénédiction I
du Saint-Sacrement. I
* ■
Soirée patriotique
Le 26 mars, à 20 h. 1/2, au Grand-
Théâtre, soirée patriotique orga-
nisée par l'Union des grandes as-
sociations françaises pour la dé-
fense du Droit.
Au programme : L'âme françai-
se, conférence de M. Paul Loiseàu,
homme de lettres.
La Victoire en chantant, poëme
de M. Loiseau, avec chansons fil-
mées.
Choeurs et chants exécutés par
les élèves des cours couiplémen- -
taires de filles et de garçons. de
notre ville.
: : »'" ' .;• ]
Casino de la Plage ]
Nous sommes heureux d'annon- \
cer que le Bal travesti projeté j
pour la mircarjêrneiaura lieu-le a
Jeudi 27 Mars à 9 h. du soir. Cha- i
cun rivalise d'entrain pour l'or- i
ganisation de costumes inédits. j
Cette soirée est donc appelées- \
donner, .satisfaction,>,à la société, j
arcachonnaise qui la sollicite. <
■
I INFORMATIONS
Nous apprenons le prochain ma-
riage du lieutenant pilote aviateur
Jean Schneider, maître de forges,
décoré dé la Légion d'honneur et
delà croix degùerre, fils de M. Eu-
gène Schneider et de madame née
de Rafelis Saint-Sauveur, avec Mlle
Françoise de Ciirel, fille du vicomte
Paul de Curel et de la vicomtesse
néede Guitaut.
» »
Rentrant de Nice après trois mois
d'absence, l'aviateur italien I ega
trouva sa famille augmentée d'un
sixième enfant... un superbe négril-
lon. Il tua sa femme d'un coup de
revolver.
* +
Un brillant soleil illumina la jour-
née de dimanche dernier, mais le
vent étant froid, les promeneurs
désertèrent la plage pour parcourir
la forêt où fleurissent déj j les pre-
miers genêts. Ne vous amusez pas à
en faire des bouquets, mesdames ;
ils se faneront de suite et saliront
vos appartements. Cueillez plutôt
les branches du laurier-tin dont la
fleur se conservera jusqu'au diman-
che suivant ou imitez ces braves
femmes qui, préférant l'utile à l'a-
gréable, rentrent au logis avec un
fagot sur l'épaule. Cela leur vaut
mieux que de prendre le thé chez
Foulon.
»
Le domaine communal de Biscar-
rosse a produit, Tannée dernière,
pour 140.332 fr50 de résine. Ce n'est
pas là un revenu médiocre qu'a à
administrer le Conseil municipal de
la commune. Et notre pauvre com-
mune d'Arcachon n'a pas le sou. Il
faudra se résoudre à mettre la taxe
sur les étrangers.
*
« *
Coquette ne célébrera pas son
centenaire à Arcachon. La vieille
ânière qu'on voyait.trottiner depuis
soixante ans à côté de ses ânes, a
vendu tout son petit matériel, et,
comme elle devenait aveugle, elle
s'est retirée à Marmande, auprès
d'un de ses fils.
*
* *
La 2ma session de la Commission-,
arbitral; des loyers s'est ouverte à
Arcachon le lundi 17 mars sous la
présidence de notre éminent juge de
paix M. Broua. Au nombre des as-
sesseurs on remarquait Mlle Irène
Lafon, négociant à Mios.
•
* •
Dimanche dernier, à la messe de
11 h. 1/4 à l'église Notre-Dame, un
vicaire de la cathédrale de Cambrai
a charmé l'élégante assistance en
parlant de la charité que nous de-
vons exercer envers nos frères des
pays envahis. Il a fait un tableau
saisissant des souffrances endurées
à Cambrai pendant l'occupation al-
lemande. Que n'a«ton songé à faire
prêcher cet orateur merveilleux
pour les fêtes du 25 mars. Il aurait
soulevé l'enthousiasme dé son au-
ditoire.
Dans le salon d'un des plus
beaux chalets du Boulevard de la
Plage, la charmante Mme X..., af-
falée dans un fauteuil, semblait
en proie à un profond désespoir.
— Qu'avez-vous, Madame ? lui
demanda le jeune Arthur en en-
trant familièrement, comme chez
lui.
— Ah ï mon ami, gémit la déli-
cieuse Mme X... dont les charmes
étaient drapés d'un peignoir rose
tendre, je ne saisJii à quel saint
ni à quel diable me vouer ; figurez
vous que ma cuisinière visnt de
me jeter son tablier au nez et est
partie en claquant les portes par-
ceque je me suis permis de m'éton-
ner qu'elle eut payé un poulet
vingt francs. Ôr, j'ai quatre invi-
tés à dîner ce soir. Que faire? Que
devenir ?
— Ce qui m'étonne, Madame,
c'est que votre cuisinière n'ait pas
payé le poulet quarante francs.
Est-il truffé ?
— Je vous préviens, Monsieur,
que je ne suis nullement d'humeur
à entendre vos sottes plaisanteries.
— Eh bien, Madame, ne plaisan-
tons pas, et agissons. Que vous
faut-il ? Une cuisinière ? Je vais
vous en chercher une.
— Ah I mon ami, si vous pouviez
me rendre un tel service je vous
en aurais une reconnaissance éter-
nelle.
— Eternelle T Je n'en demande
pas tant. .
— Elle durera ce que vous vou-
drez . Partez vite. Il n'y a pas une
minute à perdre. Déjà quinze heu-
res T Allons I Dépéchez-vous.
— Madame, je pars, je me pré-
cipite, je vole et, dans deux heu-
res, trois au plus, je vous amène-
rai une cuisinière ou je suis un
homme déshonoré et je me passe-
rai ma canne à travers le corps.
Le jeune "Arthur courut tout
d'une traite à là pâtisserie Fou-
rière dont il est, comme on sait,
un des meilleurs clients.
— Madame, s'écria-t-il, en se
précipitant vers le comptoir où
trônait majestueusement la pa-
tronne, je viens vous demander
un grand service ; j'ai absolu-
ment besoin, tout de suite, d'une
cuisinière. Pouvez-vous me la
procurer 1? -
— J'en connais une, répondit la
pâtissière après quelques secon-
des de réflexion, mais elle estvièil-
i. t elle fume ; je dois vous en
prévenir.
— '3 -•.! :nport>', déclara le jeune
A Liu ; JOU.S n'avons pas le temps
di choisir. Veuillez l'envoyer de
suite à la villa des Colombes.
— C'est entendu, Monsieur ; «lie
va vous suivre.
Le jeune Arthur quitta la pâtis-
serie ivre de joie. Après avoir ren-
du un tel service à la belle mada-
me X... il ne pouvait pas douter
que celle-ci lui accorderait la ré-
compense promise et que l'heure
du berger sonnerait enfin pour lui
au cadran de l'amour.
Il se rendit chez le fleuriste Bru-
net où il fit«mplette d'an superbe-
bouquet de roses, puis s'arrêta
chez le coiffeur Pontani pour se
faire donner un coup de peigne et
un coup de fer aux moustaches.
Enfin, à petit pas, en homme qui
savoure par avance les joies du
triomphe, il regagna la villa des
Colombes.
Madame X... l'attendait avec
une légitime impatience.
— Ça y est, s'écria-t-il en entrant;
la cuisinière va arriver d'un mo-
ment à l'autre. Oh I voyez vous, je
suis un débrouillard, moi. Cepen-
dant, je dois vous prévenir que la
cuisinière est un peu vieille.
— Elle ne doit en avoir qus plus
d'expérience, observa madame X.
— On m'a dit qu'elle fumait.
— Si elle prisait, elle pourrait
éternuer dans les casserolles ;
mieux vaut qu'elle fume... "Vous
êtes un garçon bien gentil ; je vous
garde à diner.
Mme X... avait pris le bouquet
de roses qu'elle arrangeait dans
un vase lorsqu'une petite bonne
ébouriffée vint annoncer qu'une
cuisinière arrivait pour madame.
— Faites la entrer ici, ordonna
madame X...
— Ici ? Au salon ! fit la petite
bonne d'un air étonné.
— Mais oui, petite sotte. Croyez-
vous que je vais aller la recevoir
dans la cuisiné ? Allons, dépêchez-
vous... Elle est arrivée de La Tes-
te il y a huit jours, dit madame
X... à Arthur après le départ de la
petite bonne. Vous savez qu'un of-
ficier russe avait enlevé ma fem-
me de chambre.
— Ne s'appelait-elîe pas Char-
lotte? I
— En effet. '
— Alors, elle est devenue Char- I
lotte russe. ]
Tous deux se mirent à rire aux
éclats ; ils riaient encore lorsque
la petite bonne, ayant ouvert à
deux battants les portes du salon,
annonça : Voici la cuisinière.
Deux ouvriers en sueur poussé- i
rent jusque sur le seuil une masse f
de fonte rouillée qui empestait le
graillon. i
A cet aspect, Madame X... et Ar- c
thur demeurèrent ahuris. I
— Qu'est que c'est que ça? de- r
manda madame X... j j
— C'est la .cuisinière qu'un jeu- !
ne homme a prié madame Four- ■
riêre de vous, envoyer,, répondit
l|un des ouvriers. „
; ^ Remportez cette ordîiré, •'&
■ I cria Madame X... au comble de
l'exaspération. Monsieur, ajoutâ-
t-elle en se tournant vers Arthur,
vous n'êtes qu'un sot. Allez-vous
en et que je ne vous revoie jamais.
— Madame, balbutia Arthur, il
y a quiproquo ; ce n'est pas ma
fautes! le même mot désigne la
personne qui prépare les plats et
t l'appareildan?^egael^n-Ies -fait-
cuire.
— Vous n'êtes qu'un imbécile,
riposta madame X... de plus en
plus irritée. Sortez et ne remettez
jamais les pieds ici.
Le pauvre Arthur, honteux et
confus, prit sa canne et son cha-
peau, et s'en alla en poussant un
profond soupir.
— Augusline, ordonna madame
X... à la petite bonne, fermez les
portes et les fenêtres ; je n'y suis
pour personne ; je vais me cou-
cher. Vous direz que je suis mala-
de.
Ce fut ainsi, par suite d'une dé-
plorable méprise, que le jeune Ar-
thur vit échouer, sa candidature
au coeur de la belle madame X...
au moment même ou il croyait ob-
tenir le couronnement de sa flam-
me.
Et depuis ce jour néfaste, il erre
comme une âme en peine sur no-
tre plage en maudissant les appa-
reils et les femmes de cuisine qu'on
a le tort de confondre sous l'uni-
que vocable de : cuisinières.
Albert CHICHE.
«
Coirpesponctanee
Paris, 18 mars 1919.
Monsieur le Directeur,
Vous avez publié dans votre nu-
méro du 2 mars une lettré signée
Jules de Préçy. Cet honorable cor-
respondant vous écrivait qu'il fau- I
drait réunir les deux casinos dans
la même main en trouvant un en-
trepreneur de spectacles auquel la
ville d'Arcachon concéderait le
Palais mauresque pour une lon-
gue période moyennant un loyer
modique, cet entrepreneur se char-
geant d'y effectuer à ses frais les
réparations nécessaires.
Ayant pris connaissance de cet-
te lettre, j'ai chargé un architecte
de me fournir une estimation ap-
proximative de la dépense néces-
saire à la -restauration du Palais
mauresque. Cette dépense a été
évaluée par lui à cinquante mille '
francs environ.-
En possession de ce renseigne-
ment, j'offre à la Ville d'effectuer
cette dépense si elle consent à me
passer, un bail de dix ans, moyen-
nant un loyer annuel de cinq mil- '
le francs, en m'aecordant en outre |
la concession des: jeux. Je vous fe- J
rai connaître mon nom en temps '
utile.""-.' i
Recevez, Monsieur le Directeur,
aies salutations distinguées.. '
Un de vos abonués. '
; Alice ^ERVflfi
i Nous apprenons avec douleur
la mort d'Alice Kervan décèdée à
Bordeaux le 16 mars par suite
d'une opération.
Le corps de la divette a été ra-
mené à Arcachon où elle ne comp-
te que des amis.
" *~Elîe a prêté gracieusement s»h
concours artistique à toutes nos
sociétés et à toutes nos oeuvres
patriotiques et charitables.
Propriétaire à Arcachon de plu-
sieurs villas, elle venait se repo-
ser dans son superbe Cottage du
boulevard Deganne des fatigues
de sa vie artistique. Elle fut une
des reines de l'opérette et sa dispa-
rition laissera un grand vide dans
le monde artistique où sa grâce et
son talent étaient grandement ap-
. préciés.
FETE des PRIAS
La belle fête des marins sera '
célébré dans leur- antique sanc- I
tuaire lundi et mardi prochain.
Lundi 24 mars à huit heures 1/2
du soir, prière des marins, allocu-
tion, chants des vieux cantiques à
la Madone miraculeuse, bénédic-
tion. Des places seront réservées
aux marins dans la vieille chapel-
le.
Le lendemain matin, 25 mars, à
9 heures 3/4, procession à la croix,
défilé des Sociétés arcachonnaises
(si on n'a pas oublié comme l'an-
née dernière de les inviter) sermon
en plein air, bénédiction du Bassin
et retour à l'Eglise où une grand'
messe très solenuelle sera'chàn- I
tée. A quatre heures, bénédiction I
du Saint-Sacrement. I
* ■
Soirée patriotique
Le 26 mars, à 20 h. 1/2, au Grand-
Théâtre, soirée patriotique orga-
nisée par l'Union des grandes as-
sociations françaises pour la dé-
fense du Droit.
Au programme : L'âme françai-
se, conférence de M. Paul Loiseàu,
homme de lettres.
La Victoire en chantant, poëme
de M. Loiseau, avec chansons fil-
mées.
Choeurs et chants exécutés par
les élèves des cours couiplémen- -
taires de filles et de garçons. de
notre ville.
: : »'" ' .;• ]
Casino de la Plage ]
Nous sommes heureux d'annon- \
cer que le Bal travesti projeté j
pour la mircarjêrneiaura lieu-le a
Jeudi 27 Mars à 9 h. du soir. Cha- i
cun rivalise d'entrain pour l'or- i
ganisation de costumes inédits. j
Cette soirée est donc appelées- \
donner, .satisfaction,>,à la société, j
arcachonnaise qui la sollicite. <
■
I INFORMATIONS
Nous apprenons le prochain ma-
riage du lieutenant pilote aviateur
Jean Schneider, maître de forges,
décoré dé la Légion d'honneur et
delà croix degùerre, fils de M. Eu-
gène Schneider et de madame née
de Rafelis Saint-Sauveur, avec Mlle
Françoise de Ciirel, fille du vicomte
Paul de Curel et de la vicomtesse
néede Guitaut.
» »
Rentrant de Nice après trois mois
d'absence, l'aviateur italien I ega
trouva sa famille augmentée d'un
sixième enfant... un superbe négril-
lon. Il tua sa femme d'un coup de
revolver.
* +
Un brillant soleil illumina la jour-
née de dimanche dernier, mais le
vent étant froid, les promeneurs
désertèrent la plage pour parcourir
la forêt où fleurissent déj j les pre-
miers genêts. Ne vous amusez pas à
en faire des bouquets, mesdames ;
ils se faneront de suite et saliront
vos appartements. Cueillez plutôt
les branches du laurier-tin dont la
fleur se conservera jusqu'au diman-
che suivant ou imitez ces braves
femmes qui, préférant l'utile à l'a-
gréable, rentrent au logis avec un
fagot sur l'épaule. Cela leur vaut
mieux que de prendre le thé chez
Foulon.
»
Le domaine communal de Biscar-
rosse a produit, Tannée dernière,
pour 140.332 fr50 de résine. Ce n'est
pas là un revenu médiocre qu'a à
administrer le Conseil municipal de
la commune. Et notre pauvre com-
mune d'Arcachon n'a pas le sou. Il
faudra se résoudre à mettre la taxe
sur les étrangers.
*
« *
Coquette ne célébrera pas son
centenaire à Arcachon. La vieille
ânière qu'on voyait.trottiner depuis
soixante ans à côté de ses ânes, a
vendu tout son petit matériel, et,
comme elle devenait aveugle, elle
s'est retirée à Marmande, auprès
d'un de ses fils.
*
* *
La 2ma session de la Commission-,
arbitral; des loyers s'est ouverte à
Arcachon le lundi 17 mars sous la
présidence de notre éminent juge de
paix M. Broua. Au nombre des as-
sesseurs on remarquait Mlle Irène
Lafon, négociant à Mios.
•
* •
Dimanche dernier, à la messe de
11 h. 1/4 à l'église Notre-Dame, un
vicaire de la cathédrale de Cambrai
a charmé l'élégante assistance en
parlant de la charité que nous de-
vons exercer envers nos frères des
pays envahis. Il a fait un tableau
saisissant des souffrances endurées
à Cambrai pendant l'occupation al-
lemande. Que n'a«ton songé à faire
prêcher cet orateur merveilleux
pour les fêtes du 25 mars. Il aurait
soulevé l'enthousiasme dé son au-
ditoire.
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