Titre : La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences
Auteur : Société héliographique (France). Auteur du texte
Éditeur : Société d'héliographie (Paris)
Éditeur : A. GaudinA. Gaudin (Paris)
Éditeur : M.-A. GaudinM.-A. Gaudin (Paris)
Date d'édition : 1859-05-21
Contributeur : Monfort, Benito R. de (18..-18..). Directeur de publication
Contributeur : Gaudin, Alexis (1816-1894). Directeur de publication
Contributeur : Lacan, Ernest (1829-1879). Rédacteur
Contributeur : Gaudin, Marc-Antoine (1804-1880). Rédacteur. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32809606x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3408 Nombre total de vues : 3408
Description : 21 mai 1859 21 mai 1859
Description : 1859/05/21 (A9,N21). 1859/05/21 (A9,N21).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5856500w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-3100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
21
NEUVIEME ANNEE — N<> 21
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LA LUMIERE
REVU
SAMEDI, 21 MAI 1859»
•?\ J
,C.^.y BEAUX-ARTS
HÉLIOGRAPHIE
SCIENCES
JOURNAL HEBEOMADAIRE PARAISSANT LE SAMEDI
BUHE4UK, A PARIS, 9, BUE DE LA PERLE.
BUREAUX, A LONDRES, 26, SK1NKER STREET, SXCW hILL.
», 22 fr.;
, 13 fr.; 3 mois, 8 fr. — ÉTRANGER, 1 an, 25 fr.; 6mois, 15 fr.; 3 mois, 10 fr.
ABONNEMENTS : PARIS, 1 an, 20 fr.; 6 mois, 12 fr.; 3 mois, "7 fr. — DÉPARTEMENTS, 1 au, 22 fr.; C mois, 13 fr.; 3 mois, 8 fr. — ETRANGER, 1 an, 25 fr.;
Pour la Rédaction, écrire franco au Rédacteur en chef, M. EBSEST tACAN, 86, avenue de Saint-Cloud (barrière de l'Étoile).
SOSVifViAîRE.
TA PHOTOGRAPHIE et la guerre. Lettres d'Italie. Cor-
respondance du journal la Lumière. Lettre de M. BEHAROY.
— NOtfVÉAO PROCÉDÉ pour obtenir des épreuves noires
sans sels d'argent ni d'or, par M. NIEPCE DE SMNT-VICTOR.
UN APERÇU photograplnco-culinaire. —ECLAIRAGE
FLECTRIQUÈ. Nouvelle pile à un seul liquide et à insuffla-
lion d'air de M. Grenet, par M. A. T. L. — CHRONIQUE,
par M. LA GAVIKIK. — EXPLICATION déduite de l'expé-
rience de divers phénomènes de vision concernant la per
snective par M. CHEVREDL (suite). — ÉCLAIRAGE par
le gaz portatif. — EXPOSITION des couvres d'Ary
Schefler.
La Photographie cl la Guerre.
LETTRES D'ITALIE.
CoRRBSroxDAACE BU JOURNAL la Lumière.
Ausânoment où l'attention de tous les esprits
se porte sue le jfchéâtre de la guerre, il nous a
paru indispensable d'ouvrir, nous aussi, une
correspondance régulière qui, en signalant les
travaux de la photographie dans nos camps ,
fera connaître les scènes les plus intéressantes
du grand drame qui se prépare. Nous avons eu
la bonne fortune de voir accepter cette mission
par deux photographes distingués qui suivent
en ce moment les opérations de nos armées, et
nous commençons dès aujourd'hui la publica-
tion de cette correspondance par la lettre que
l'un d'eux, M. Berardy, nous adresse de Pon-
Icdecimo :
A M. ËKNEST LACAS. >
15 mai 1839.
A part les cochers de fiacre et les marchands de
parapluie, il n'est personne sur la terre qui aime les
mauvais temps. Par moments, on peut bien désirer
une petite pluie; mais du mauvais temps, toujours
du mauvais temps, c'est à frissonner d'horreur rien
que d'y penser. Or, c'est ce que j'éprouve en ce mo-
ment, moi pauvre diable, que la fatalité a poussé à
m'attacher aux pas de notre armée. J'en suis encore
à chercher le beau ciel de l'Italie, car, depuis mon
départ de Marseille, je n'ai rencontré partout que de
l'eau, et toujours de l'eau. Combien je plains le sort
de mes frères en photographie, si le temps que nous
avons ici règne à Paris. C'est que le photographe
n'est pas ce qu'un vain peuple pense. Papillon que
la lumière attire, il ne vit en quelque sorte que de
lumière. Lui,,cet, être incomparable, assez robuste
pour se cbriiplai're au milieu des poisons les plus
subtils, et assez délicat pour ne respirer que des
vapeurs éthérées, il est inquiet devant un nuage ; il
tombe de faiblesse au moindre brouillard, et se meurt
dès qu'il pleut. Tous ces symptômes alarmants sont
la conséquence forcée d'une maladie dont il est fata-
lement atteint. Cette maladie, qui lui est spéciale,
était inconnue autrefois; elle n'est apparue sur la
terre qu'avec la photographie. C'est une espèce de
monomanie dont je subis les accès eu ce moment, et
que j'appellerai héliophylie. La médecine est impuis-
sante contre elle, et la présence seule d'un soleq
radieux la guérit de suite. C'est donc du bout des
nerfs et l'âme assombrie que je vous écris ces quel-
ques lignes dé souvenir. Cependant le tableau qui
ss déroule devant moi est ass|z pittoresque. De ma
fenêtre, ou plutôt de notre ifenêtre, car j'ai depuis
hier deux officiers de zouaves pour camarades de
chambrée ; de notre fenêtre,' dis-je, j'aperçois les
derniers contreforts des Apennins du cbtr.de la plaine
d'Alexandrie. Celle-ci s'étend a perte de vi:r\ et n'est
bornée à l'horizon que par les* cîrnes neigeuses des
Alpes, qui décrivent un vaste icmi-cercle et dispa-
raissent pour moi vers la gauche, cachées qu'elles
sont par une de ces mille montagnes dont le sol est
hérissé depuis Gênes jusqu'ici. La route gravit lente-
ment cette montagne, tantôt apparente, tantôt ca-
chée par quelque vaste repli; du terrain. On n'y
aperçoit rien encore, mais on entend au loin dos re-
frains de notre pays, et bientôt on y voit serpenter
une longue coloune de nos braves soldats. C'est toute
une brigade, qui nous a quittés à l'aube du jour,
après avoir passé une nuit spus la tente dans le lit
du torrent qui baigne notre maison, torrent qui,
presque a sec hier, roule ses eaux avec fracas au-
jourd'hui, et sera un fleuve demain, si le mauvais
temps continue. Espéions que non, car je ne prends
pas mon mal en patience, et suis loin d'avoir là-des-
sus la philosophie de nos tourlourous, qui, trempés
jusqu'à l'échiné, et chargés comme des bêtes de
somme, barbottent et chantent sous la pluie comme
de vrais canards.
Malgré l'accueil cordial des habitants, c'est à peine
si on trouve à manger dans ce pays, où il ne pousse
que des pierres, mais quelles pierres ! En revanche,
il y a du vin ; il n'est pas fameux, il est vrai, mais à
la guerre comme à la guerre. Il paraît du reste
que tout le monde n'est pas de mon avis là-dessus,
car j'entends au-dessous de moi les éclats bruyants
de nos soldats qui sablent le vin du crû qui leur est
offert par quelques vieux habitants du pays, médaillés
de Sainte-Hélène. Mon arrivée en leur pays, qui a
coïncidée avee_celle de nos premières colonnes, a été
pour ces braves gens un bien grand sujet d'ôtonne
ment. Mes appareils leur semblaient de nouveaux
engins de guerre, et il n'est sorte de questions dont je
n'aie été assailli. Je crois que mes relations avec le
premier pharmacien de l'endroit, auquel j'étais par-
ticulièrement recommandé, et qui possède la meil-
leure speciera (pharmacie) de tous les environs, ont
dû contribuer quelque peu à me faire passer pour un
médecin. Toujours est-il que lorsque je sors, en
opérateur, bien entendu, je suis escorté d'une foule
nombreuse. Celle-ci se prête complaisamment à mes
caprices, et je fais poser qui à droite, qui à gauche,
tel groupe d'une façon, tel groupe d'une autre, de
manière à orner et animer à mon choix les sites dont
je prends la vue. J'ai entre autres parfaitement réussi
de la sorte un pont sous lequel passe le torrent dont
je vous ai parlé. Ce pont très -arqué, fait d'une seule
mais immense arche, repose sur de magnifiques ro-
chers baignés dans l'eau. Les deux rives qu'il réunit
sont à pic et surchargées de maisons très-pittores-
ques, ayant à chaque étage de ces grands balcons ou
plutôt de ces terrasses où se passe toute la vie ita-
lienne. Pont et maisons sont surchargés de gens dans
tous les costumes et dans toutes les postures, occupés
à contempler le campement que sont entrain de pré-
parer nos soldats dans le lit même du torrent, et juste-
ment dans l'axe de l'arche du pont. Ce camp présente,
sous cette arche, un fond de perspective d'autant plus
saisissant que les tentes ressortent admirablement
en blanc'sur le fond noir des collines abruptes qui
terminent l'horizon à peu de distance. ^Charrettes,
caissons, fourgons, faisceaux d'armes, soldats en tenue
de route, soldats débraillés, rien n'y manque. Il y a
même dans un coin une distribution de pains qui ne
laisse.pas que d'être très-animée. Je suis d'autant
plus enchanté de mon succès que je n'étais pas installé
pour une réussite quelconque, et que c'est par un coup
de soleil entre deux ondées, qu'à la sollicitation de
mon estimable droguiste et du non moins estimable
curé de l'endroit j'ai mis à contre-coeur la" main à
la pâte. Vous trouverez ces deux graves personnages
à la droite du tableau. C'est vous dire assez qu'au
premier moment de répit je tirerai un positif de mon
épreuve pour vous en faire hommage. Mon collodion
Bertoch a fait merveille, deux secondes de pose au
plus ; en un mot, une pose instantanée. Pourquoi
donc faut-il qu'il pleuve tant? On dit que l'ennemi
en est encore plus contrarié que nous. S'il pouvait
pleuvoir pour lui et faire beau pour nous! Quoi qu'il
en soit, demain je décampe ; je pars avec mes deux
camarades de chambrée. Je les fais profiter du vetu-
rino qui doit transporter tout mon bazar à Alexan-
drie. De là je vous écrirai plus longuement. Je n'ai
rien fait à Gênes, votre maison Gaudin regorgeant
de vues de cette ville ainsi que de celles de toutes
les cités italiennes que parcourent les touristes. La
saison et le bon vouloir de nos généraux aidant, je
vous promets des choses que l'on n'aura pas encore
vues et que l'on ne reverra jamais.
Je vous serre cordialement la main.
BÉIIARDV.
NOUVEAU PROCÉDÉ
ROUIV OBTENIR DES ÉPREUVES NOIRES, SANS SELS
D'ARGENT NI D'OR.
On prend pour cela une épreuve rouge, obtenue
comme je l'ai dit dans ma communication faite à
l'Académie des sciences, le 12 avril 1859, et que je
vais rappeler ici.
On prépare le papier avec une solution d'azotate
d'uraneà 10 pour <00 ; il suffit de laisser le papier
quinze à vingt secondes sur cette solution et de
le laisser sécher dans l'obscurité ; si on le fait sé-
cher au feu il devient plus sensible à !a lumière. On
peut préparer ce papier plusieurs jours d'avauce.
L'exposition dans le châssis varie, selon l'intensité de
la lumière et la force du cliché, de huit à dix minutes
au soleil, et d'une à deux heures par un temps très-
sombre.
Au sortir du châssis, on lave le papier pendant
quelques secondes dans de l'eau chaude, puis on le
plonge dans une solution de prussiate rouge de po-
tasse à 2 pour 100 : après quelques minutes l'épreuve
se développe avec une belle couleur rouge de sau-
NEUVIEME ANNEE — N<> 21
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LA LUMIERE
REVU
SAMEDI, 21 MAI 1859»
•?\ J
,C.^.y BEAUX-ARTS
HÉLIOGRAPHIE
SCIENCES
JOURNAL HEBEOMADAIRE PARAISSANT LE SAMEDI
BUHE4UK, A PARIS, 9, BUE DE LA PERLE.
BUREAUX, A LONDRES, 26, SK1NKER STREET, SXCW hILL.
», 22 fr.;
, 13 fr.; 3 mois, 8 fr. — ÉTRANGER, 1 an, 25 fr.; 6mois, 15 fr.; 3 mois, 10 fr.
ABONNEMENTS : PARIS, 1 an, 20 fr.; 6 mois, 12 fr.; 3 mois, "7 fr. — DÉPARTEMENTS, 1 au, 22 fr.; C mois, 13 fr.; 3 mois, 8 fr. — ETRANGER, 1 an, 25 fr.;
Pour la Rédaction, écrire franco au Rédacteur en chef, M. EBSEST tACAN, 86, avenue de Saint-Cloud (barrière de l'Étoile).
SOSVifViAîRE.
TA PHOTOGRAPHIE et la guerre. Lettres d'Italie. Cor-
respondance du journal la Lumière. Lettre de M. BEHAROY.
— NOtfVÉAO PROCÉDÉ pour obtenir des épreuves noires
sans sels d'argent ni d'or, par M. NIEPCE DE SMNT-VICTOR.
UN APERÇU photograplnco-culinaire. —ECLAIRAGE
FLECTRIQUÈ. Nouvelle pile à un seul liquide et à insuffla-
lion d'air de M. Grenet, par M. A. T. L. — CHRONIQUE,
par M. LA GAVIKIK. — EXPLICATION déduite de l'expé-
rience de divers phénomènes de vision concernant la per
snective par M. CHEVREDL (suite). — ÉCLAIRAGE par
le gaz portatif. — EXPOSITION des couvres d'Ary
Schefler.
La Photographie cl la Guerre.
LETTRES D'ITALIE.
CoRRBSroxDAACE BU JOURNAL la Lumière.
Ausânoment où l'attention de tous les esprits
se porte sue le jfchéâtre de la guerre, il nous a
paru indispensable d'ouvrir, nous aussi, une
correspondance régulière qui, en signalant les
travaux de la photographie dans nos camps ,
fera connaître les scènes les plus intéressantes
du grand drame qui se prépare. Nous avons eu
la bonne fortune de voir accepter cette mission
par deux photographes distingués qui suivent
en ce moment les opérations de nos armées, et
nous commençons dès aujourd'hui la publica-
tion de cette correspondance par la lettre que
l'un d'eux, M. Berardy, nous adresse de Pon-
Icdecimo :
A M. ËKNEST LACAS. >
15 mai 1839.
A part les cochers de fiacre et les marchands de
parapluie, il n'est personne sur la terre qui aime les
mauvais temps. Par moments, on peut bien désirer
une petite pluie; mais du mauvais temps, toujours
du mauvais temps, c'est à frissonner d'horreur rien
que d'y penser. Or, c'est ce que j'éprouve en ce mo-
ment, moi pauvre diable, que la fatalité a poussé à
m'attacher aux pas de notre armée. J'en suis encore
à chercher le beau ciel de l'Italie, car, depuis mon
départ de Marseille, je n'ai rencontré partout que de
l'eau, et toujours de l'eau. Combien je plains le sort
de mes frères en photographie, si le temps que nous
avons ici règne à Paris. C'est que le photographe
n'est pas ce qu'un vain peuple pense. Papillon que
la lumière attire, il ne vit en quelque sorte que de
lumière. Lui,,cet, être incomparable, assez robuste
pour se cbriiplai're au milieu des poisons les plus
subtils, et assez délicat pour ne respirer que des
vapeurs éthérées, il est inquiet devant un nuage ; il
tombe de faiblesse au moindre brouillard, et se meurt
dès qu'il pleut. Tous ces symptômes alarmants sont
la conséquence forcée d'une maladie dont il est fata-
lement atteint. Cette maladie, qui lui est spéciale,
était inconnue autrefois; elle n'est apparue sur la
terre qu'avec la photographie. C'est une espèce de
monomanie dont je subis les accès eu ce moment, et
que j'appellerai héliophylie. La médecine est impuis-
sante contre elle, et la présence seule d'un soleq
radieux la guérit de suite. C'est donc du bout des
nerfs et l'âme assombrie que je vous écris ces quel-
ques lignes dé souvenir. Cependant le tableau qui
ss déroule devant moi est ass|z pittoresque. De ma
fenêtre, ou plutôt de notre ifenêtre, car j'ai depuis
hier deux officiers de zouaves pour camarades de
chambrée ; de notre fenêtre,' dis-je, j'aperçois les
derniers contreforts des Apennins du cbtr.de la plaine
d'Alexandrie. Celle-ci s'étend a perte de vi:r\ et n'est
bornée à l'horizon que par les* cîrnes neigeuses des
Alpes, qui décrivent un vaste icmi-cercle et dispa-
raissent pour moi vers la gauche, cachées qu'elles
sont par une de ces mille montagnes dont le sol est
hérissé depuis Gênes jusqu'ici. La route gravit lente-
ment cette montagne, tantôt apparente, tantôt ca-
chée par quelque vaste repli; du terrain. On n'y
aperçoit rien encore, mais on entend au loin dos re-
frains de notre pays, et bientôt on y voit serpenter
une longue coloune de nos braves soldats. C'est toute
une brigade, qui nous a quittés à l'aube du jour,
après avoir passé une nuit spus la tente dans le lit
du torrent qui baigne notre maison, torrent qui,
presque a sec hier, roule ses eaux avec fracas au-
jourd'hui, et sera un fleuve demain, si le mauvais
temps continue. Espéions que non, car je ne prends
pas mon mal en patience, et suis loin d'avoir là-des-
sus la philosophie de nos tourlourous, qui, trempés
jusqu'à l'échiné, et chargés comme des bêtes de
somme, barbottent et chantent sous la pluie comme
de vrais canards.
Malgré l'accueil cordial des habitants, c'est à peine
si on trouve à manger dans ce pays, où il ne pousse
que des pierres, mais quelles pierres ! En revanche,
il y a du vin ; il n'est pas fameux, il est vrai, mais à
la guerre comme à la guerre. Il paraît du reste
que tout le monde n'est pas de mon avis là-dessus,
car j'entends au-dessous de moi les éclats bruyants
de nos soldats qui sablent le vin du crû qui leur est
offert par quelques vieux habitants du pays, médaillés
de Sainte-Hélène. Mon arrivée en leur pays, qui a
coïncidée avee_celle de nos premières colonnes, a été
pour ces braves gens un bien grand sujet d'ôtonne
ment. Mes appareils leur semblaient de nouveaux
engins de guerre, et il n'est sorte de questions dont je
n'aie été assailli. Je crois que mes relations avec le
premier pharmacien de l'endroit, auquel j'étais par-
ticulièrement recommandé, et qui possède la meil-
leure speciera (pharmacie) de tous les environs, ont
dû contribuer quelque peu à me faire passer pour un
médecin. Toujours est-il que lorsque je sors, en
opérateur, bien entendu, je suis escorté d'une foule
nombreuse. Celle-ci se prête complaisamment à mes
caprices, et je fais poser qui à droite, qui à gauche,
tel groupe d'une façon, tel groupe d'une autre, de
manière à orner et animer à mon choix les sites dont
je prends la vue. J'ai entre autres parfaitement réussi
de la sorte un pont sous lequel passe le torrent dont
je vous ai parlé. Ce pont très -arqué, fait d'une seule
mais immense arche, repose sur de magnifiques ro-
chers baignés dans l'eau. Les deux rives qu'il réunit
sont à pic et surchargées de maisons très-pittores-
ques, ayant à chaque étage de ces grands balcons ou
plutôt de ces terrasses où se passe toute la vie ita-
lienne. Pont et maisons sont surchargés de gens dans
tous les costumes et dans toutes les postures, occupés
à contempler le campement que sont entrain de pré-
parer nos soldats dans le lit même du torrent, et juste-
ment dans l'axe de l'arche du pont. Ce camp présente,
sous cette arche, un fond de perspective d'autant plus
saisissant que les tentes ressortent admirablement
en blanc'sur le fond noir des collines abruptes qui
terminent l'horizon à peu de distance. ^Charrettes,
caissons, fourgons, faisceaux d'armes, soldats en tenue
de route, soldats débraillés, rien n'y manque. Il y a
même dans un coin une distribution de pains qui ne
laisse.pas que d'être très-animée. Je suis d'autant
plus enchanté de mon succès que je n'étais pas installé
pour une réussite quelconque, et que c'est par un coup
de soleil entre deux ondées, qu'à la sollicitation de
mon estimable droguiste et du non moins estimable
curé de l'endroit j'ai mis à contre-coeur la" main à
la pâte. Vous trouverez ces deux graves personnages
à la droite du tableau. C'est vous dire assez qu'au
premier moment de répit je tirerai un positif de mon
épreuve pour vous en faire hommage. Mon collodion
Bertoch a fait merveille, deux secondes de pose au
plus ; en un mot, une pose instantanée. Pourquoi
donc faut-il qu'il pleuve tant? On dit que l'ennemi
en est encore plus contrarié que nous. S'il pouvait
pleuvoir pour lui et faire beau pour nous! Quoi qu'il
en soit, demain je décampe ; je pars avec mes deux
camarades de chambrée. Je les fais profiter du vetu-
rino qui doit transporter tout mon bazar à Alexan-
drie. De là je vous écrirai plus longuement. Je n'ai
rien fait à Gênes, votre maison Gaudin regorgeant
de vues de cette ville ainsi que de celles de toutes
les cités italiennes que parcourent les touristes. La
saison et le bon vouloir de nos généraux aidant, je
vous promets des choses que l'on n'aura pas encore
vues et que l'on ne reverra jamais.
Je vous serre cordialement la main.
BÉIIARDV.
NOUVEAU PROCÉDÉ
ROUIV OBTENIR DES ÉPREUVES NOIRES, SANS SELS
D'ARGENT NI D'OR.
On prend pour cela une épreuve rouge, obtenue
comme je l'ai dit dans ma communication faite à
l'Académie des sciences, le 12 avril 1859, et que je
vais rappeler ici.
On prépare le papier avec une solution d'azotate
d'uraneà 10 pour <00 ; il suffit de laisser le papier
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le laisser sécher dans l'obscurité ; si on le fait sé-
cher au feu il devient plus sensible à !a lumière. On
peut préparer ce papier plusieurs jours d'avauce.
L'exposition dans le châssis varie, selon l'intensité de
la lumière et la force du cliché, de huit à dix minutes
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