Presse et revues
4 pages
Titre : La Lumière : journal non politique... : beaux-arts, héliographie, sciences
Auteur : Société héliographique (France). Auteur du texte
Éditeur : Société d'héliographie (Paris)
Éditeur : A. GaudinA. Gaudin (Paris)
Éditeur : M.-A. GaudinM.-A. Gaudin (Paris)
Date d'édition : 1857-11-07
Contributeur : Monfort, Benito R. de (18..-18..). Directeur de publication
Contributeur : Gaudin, Alexis (1816-1894). Directeur de publication
Contributeur : Lacan, Ernest (1829-1879). Rédacteur
Contributeur : Gaudin, Marc-Antoine (1804-1880). Rédacteur. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32809606x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 3408 Nombre total de vues : 3408
Description : 07 novembre 1857 07 novembre 1857
Description : 1857/11/07 (A7,N45). 1857/11/07 (A7,N45).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5855668h
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, V-3100
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
SEPTIÈME ANNÉE — N* h5.
SAMEDI 7 NOVEMBRE 1857
LA
BEVUE DE L4 PHOTOGRAPHIE
BEAUX-ARTS. — HÉLIOGRAPHIE. — SCIENCES.
JOURNAL HEBDOMADAIRE PARAISSANT LE SAMEDI.
feUBEAUX, « PARIS, 9, RUE DE LA PERLE.
1 - .■;•''-.'■• ■ ^1
1 an, 20 fr.; 6 tapis, 12 fr.; 3 ftoiS; J fr.-
BUREÂUX, A LONDRES, 26, SK1KNER STREET. SNOWHIL?.
ABONNEMENTS : Paris, 1 an, 20 fr.; 6 tapis, 12 fr.; 3 flioiS; j fr.—Départements, 1 an, t" fr.; 6 mois, 13 fr.; 3 mois, 8 fr.—Étranger, 1 an, 25 fr.; 6 mois, 15 fr.; 3 mois, 10 f.
Pour la Rédaction, écrire franco au R^éacteur en chef, M. ERNEST LACAN, 3, rue du Dôme, avenue de Saînt-Cloud (barrière de l'Étoile).
SOMMAIRE.
ibïVUE photographique. — LA BRETAGNE au stéréoscope.
— LA PHOTOGRAPHIE en province : La tour Magne;
là! Maison. carrée ; la fontaine de Pradier; le temple de
-•' Diane; le pont du Gard, photographies de M. Crespon fils,
par M. H. H. — OBSERVATION d'un phénomène stéréos-
copique, par M. A. CIMA. — SCIENCES : Des rayons ul-
tra-violets, calorifiques et lumineux du spectre, par
t/L GUILLEMIN. — CHRONIQUE, par M. LA GAVINIE. —
SÛR LA SÉPARATION de l'iode, du brome et du chlore,
' et les degrés relatifs d'affinité de ces substances pour l'ai"
;;£erit, par M. FHBLD.
BEVUE PHOTOGRAPHIQUE.
LA BRETAGNE AU STÉRÉOSCOPE
Dans un précédent article, nous suivions la
photographie au delà des landes de Gascogne,
et nous signalions ses traces jusqu'au pied des
Pyrénées ; aujourd'hui nous la trouvons en pleine
Bretagne,,, .explorant les sites, pittoresques de ce
pays qui a su conserver, en dépit des chemins
de.fer et du télégraphe électrique, l'originalité de
.son caractère et de ses moeurs. MM. Alexis Gau-
duï et frère viennent, en effet, de mettre en
vente une collection de deux cent trente-trois
sujets stéréoseopiques reproduisant des monu-
ments, des points de vue historiques ou artisti-
ques, des types, des scènes de moeurs, des cos-
tumes empruntés au vieux pays des druides et
de la chouannerie. ,
Ce qui nous a frappé tout d'abord dans ces
êpeuves, c'est le sentiment artistique que révèle
la composition du sujet ou le point de vue
choisi par l'auteur. Un peintre n'aurait qu'à co-
pier pour faire de chacune de ces épreuves un
ravissant tableau.
Dans la première série qui vient d'être pu-
bliée, le photographe nous conduit de Vannes
à Morlaix en suivant le littoral. Le trajet est
court, mais les souvenirs historiques, les monu-
ments curieux, les sites pittoresques ne man-
quent pas sur la route, et l'intérêt qu'on y prend
fait que le voyage se prolonge singulièrement.
Ainsi, j'aimerais à rêver longtemps au bord
de cette petite rivière qui coule au pied des
murs de Vannes, et que le photographe a repro-
duite sous un aspect si attrayant dans l'épreuve
qui'porte le n° %\ j'aurais sur mon front l'om-
bre des grands arbres, à mes pieds l'eau pai-
sible qui glisse lentement à travers les joncs et
les nénuphars; tandis que ma pensée s'en irait
vagabonder de souvenir en rêve et d'espérance
en pïojet, le naufrage d'un brin d'herbe ou les
voyages nautiques d'un insecte occuperaient
mes yeux; et si de tristes pensées venaient as-
sombrir mon esprit, le clocher dont on aper-
çoit .la flèche là-bas au-dessus des arbres suffi-
rait pour me rappeler que toute douleur finit
au ciel et que Dieu est toujours là.
J'aimerais encore m'arrêter devant ces petites
filles sourdes et muettes, groupées sur le seuil
du couvent de la Chartreuse, près d'Auray, et
qui ont fourni au photographe le sujet d'un si
touchant tableau. Sous ces petits béguins de
toile il y a de frais visages qui sourient au
soleil et à la vie. Pauvres enfants ! leurs lèvres
roses ne laissent passer que des sons qui res-
semblent à des cris" de douleur, et tout est si-
lence autour d'elles»
Pour peu qu'on ait l'imagination vive, on se
croirait transporté au fin fond de l'Amérique,
en voyant l'épreuve n° 17. La scène se passe
dans une clairière entourée de tous côtés par
d'épais taillis et par de hautes futaies qui
pourraient fort bien appartenir à une forêt
vierge, s'il en existait eripore. Dans l'espace dé-
couvert se dressent des huttes à toiture de
chaume. Des hommes à inines farouches se li-
vrent, autour de Ges habitations, à un travail
mystérieux; d'autres dorment étendus sur
l'herbe. Sont-ce des boucaniers qui se livrent à
leur sauvage industrie? C'est tout simplement
une tannerie à Hennebont; seulement, c'est une
tannerie admirablement située, je vous assure.
A Quimperlé, l'auteur a eu soin de faire une
vue de la grande rue afin de donner une idée du
caractère original des bonnes vieilles villes bre-
tonnes. Un artiste trouvera un charme vérita-
ble à ces masures dont la construction semble
remonter au moyen âge, avec leurs étages su-
périeurs qui surplombent, leurs poutres sail-
lantes et leurs toits élevés ; mais je voudrais
bien savoir ce qu'en penserait un gamin de
Paris.
Je ne connais pas le pont de Quimperlé, mais
l'épreuve qui le représente me donne grand en-
vie de le connaître. Le point de vue auquel la
vieille arche sert de cadre est vraiment magi-
que. C'est un luxe de soleil et de verdure à
guérir le spleen le plus invétéré, et l'on se
prend à désirer le sort de ces enfants joufflus
qui barbotent en plein courant sous l'arche
profonde , loin du bruit des villes [et des agi-
tations de la foule.
Partout où il a rencontré une antique église,
un calvaire ou même une croix de pierre au
bord du chemin, l'auteur s'est arrêté, et il a re-
produit ces pieux monuments. Au Faouèt, à
Ménéhom, à Pleyben, les sujets de cette nature
ne lui manquaient pas. Dans cette dernière
ville il a pu même saisir presque instantané-
ment une scène pleine d'intérêt et d'originalité,
la procession du 1er août, jour du pardon.
La- variété que l'auteur a mise dans cette
collection montre qu'il est également habile
dans tous les genres. Ainsi l'entrée du port mi-
litaire de Brest, la vue du port de Landernau,
et celle prise du fond de la baie à Douarnenez,
sont des marines d'un effet saisissant. Enfin,
pour que son oeuvre soit complète, le photogra-
phe a voulu offrir aux artistes des types et des
costumes pris sur nature, et nous dire qu'il a
admirablement choisi et groupé ses modèles.
Il y aurait des volumes à écrire sur cette in-
téressante collection; malheureusement nous
ne disposons que d'un espace bien restreint. Il
nous reste toutefois assez de place pour ajouter
que le voyage en Bretagne est une des oeuvres
les plus remarquables et les plus complètes que
l'on ait publiées
E. L.
LÀ PHOTOGRAPHIE EN PROVINCE.
Nîmes, 2 novembre 1857.
La tour Magne; — la Maison carrée; —> la fontaine d&
Pradier; — le temple de Diane; — le pont du Gard
photographies par M. CRESPOK fils.
Monsieur le rédacteur,
Je me félicitais, dans ma dernière lettre, d'avoir
retrouvé des travaux photographiques sérieux ; j'é-
prouve ici la même satisfaction. Il est vrai que je
suis dans une ville où l'objectif ne demande qu'a'
faire des merveilles. Je ne ferai pas l'injure aux lec-
teurs de la Lumière de leur décrire pour la mille et
unième fois la ville de Nîmes, si riche d'antiquités de
toutes sortes; mais je vais tâcher de leur expliquer
quel parti un photographe exercé, M. Crespon fils, a
su tirer de sa présence dans cette ville. Je n'en veux
d'autre preuve que la photographie de la fameuse
tour Magne, qui a été également reproduite, et d'une
manière si remarquable, par M. Baldus.
Il faut être un artiste consommé pour bien repré-
senter cette tour octogone de 30 mètres de haut,
située à l'endroit le plus élevé de la ville, où elle ser-
vait à l'éclairage des navires qui s'approchaient de la
cité, bien moins éloignée de la mer du temps des
Romains qu'aujourd'hui.
M. Crespon a aussi photographié la Maison carrée,
monument de l'antiquité le mieux conservé, et cer-
tainement, sinon le plus beau, au moins un des plus
beaux qui soient en Europe. On prétend que c'est un
temple élevé par l'empereur Adrien à l'impératice
Plautine. On voit d'abord un massif de pierres éle-
vée de quatre mètres au-dessus du pavé ; sur ce
massif est une colonnade magnifique, d'un goût ex-
quis, et dont la colonnade de la Madeleine ne peut
donner qu'une idée très-imparfaite. On peut repro-
cher à cette vue le défaut de perspective que l'on
critique sans cesse, et qu'évitent si peu d'artistes.
M. Crespon a mieux réussi la fontaine de Pradier;
la ville de Nîmes domine les quatre cours d'eau du
pays. Le même défaut s'y retrouve pourtant encore;
la statue, très-bien venue du reste, se renverse ; le
Var, vu de face, pourrait être plus ferme de des-
• sin, et les Arènes, au fond, nese détachent peut-être-
SAMEDI 7 NOVEMBRE 1857
LA
BEVUE DE L4 PHOTOGRAPHIE
BEAUX-ARTS. — HÉLIOGRAPHIE. — SCIENCES.
JOURNAL HEBDOMADAIRE PARAISSANT LE SAMEDI.
feUBEAUX, « PARIS, 9, RUE DE LA PERLE.
1 - .■;•''-.'■• ■ ^1
1 an, 20 fr.; 6 tapis, 12 fr.; 3 ftoiS; J fr.-
BUREÂUX, A LONDRES, 26, SK1KNER STREET. SNOWHIL?.
ABONNEMENTS : Paris, 1 an, 20 fr.; 6 tapis, 12 fr.; 3 flioiS; j fr.—Départements, 1 an, t" fr.; 6 mois, 13 fr.; 3 mois, 8 fr.—Étranger, 1 an, 25 fr.; 6 mois, 15 fr.; 3 mois, 10 f.
Pour la Rédaction, écrire franco au R^éacteur en chef, M. ERNEST LACAN, 3, rue du Dôme, avenue de Saînt-Cloud (barrière de l'Étoile).
SOMMAIRE.
ibïVUE photographique. — LA BRETAGNE au stéréoscope.
— LA PHOTOGRAPHIE en province : La tour Magne;
là! Maison. carrée ; la fontaine de Pradier; le temple de
-•' Diane; le pont du Gard, photographies de M. Crespon fils,
par M. H. H. — OBSERVATION d'un phénomène stéréos-
copique, par M. A. CIMA. — SCIENCES : Des rayons ul-
tra-violets, calorifiques et lumineux du spectre, par
t/L GUILLEMIN. — CHRONIQUE, par M. LA GAVINIE. —
SÛR LA SÉPARATION de l'iode, du brome et du chlore,
' et les degrés relatifs d'affinité de ces substances pour l'ai"
;;£erit, par M. FHBLD.
BEVUE PHOTOGRAPHIQUE.
LA BRETAGNE AU STÉRÉOSCOPE
Dans un précédent article, nous suivions la
photographie au delà des landes de Gascogne,
et nous signalions ses traces jusqu'au pied des
Pyrénées ; aujourd'hui nous la trouvons en pleine
Bretagne,,, .explorant les sites, pittoresques de ce
pays qui a su conserver, en dépit des chemins
de.fer et du télégraphe électrique, l'originalité de
.son caractère et de ses moeurs. MM. Alexis Gau-
duï et frère viennent, en effet, de mettre en
vente une collection de deux cent trente-trois
sujets stéréoseopiques reproduisant des monu-
ments, des points de vue historiques ou artisti-
ques, des types, des scènes de moeurs, des cos-
tumes empruntés au vieux pays des druides et
de la chouannerie. ,
Ce qui nous a frappé tout d'abord dans ces
êpeuves, c'est le sentiment artistique que révèle
la composition du sujet ou le point de vue
choisi par l'auteur. Un peintre n'aurait qu'à co-
pier pour faire de chacune de ces épreuves un
ravissant tableau.
Dans la première série qui vient d'être pu-
bliée, le photographe nous conduit de Vannes
à Morlaix en suivant le littoral. Le trajet est
court, mais les souvenirs historiques, les monu-
ments curieux, les sites pittoresques ne man-
quent pas sur la route, et l'intérêt qu'on y prend
fait que le voyage se prolonge singulièrement.
Ainsi, j'aimerais à rêver longtemps au bord
de cette petite rivière qui coule au pied des
murs de Vannes, et que le photographe a repro-
duite sous un aspect si attrayant dans l'épreuve
qui'porte le n° %\ j'aurais sur mon front l'om-
bre des grands arbres, à mes pieds l'eau pai-
sible qui glisse lentement à travers les joncs et
les nénuphars; tandis que ma pensée s'en irait
vagabonder de souvenir en rêve et d'espérance
en pïojet, le naufrage d'un brin d'herbe ou les
voyages nautiques d'un insecte occuperaient
mes yeux; et si de tristes pensées venaient as-
sombrir mon esprit, le clocher dont on aper-
çoit .la flèche là-bas au-dessus des arbres suffi-
rait pour me rappeler que toute douleur finit
au ciel et que Dieu est toujours là.
J'aimerais encore m'arrêter devant ces petites
filles sourdes et muettes, groupées sur le seuil
du couvent de la Chartreuse, près d'Auray, et
qui ont fourni au photographe le sujet d'un si
touchant tableau. Sous ces petits béguins de
toile il y a de frais visages qui sourient au
soleil et à la vie. Pauvres enfants ! leurs lèvres
roses ne laissent passer que des sons qui res-
semblent à des cris" de douleur, et tout est si-
lence autour d'elles»
Pour peu qu'on ait l'imagination vive, on se
croirait transporté au fin fond de l'Amérique,
en voyant l'épreuve n° 17. La scène se passe
dans une clairière entourée de tous côtés par
d'épais taillis et par de hautes futaies qui
pourraient fort bien appartenir à une forêt
vierge, s'il en existait eripore. Dans l'espace dé-
couvert se dressent des huttes à toiture de
chaume. Des hommes à inines farouches se li-
vrent, autour de Ges habitations, à un travail
mystérieux; d'autres dorment étendus sur
l'herbe. Sont-ce des boucaniers qui se livrent à
leur sauvage industrie? C'est tout simplement
une tannerie à Hennebont; seulement, c'est une
tannerie admirablement située, je vous assure.
A Quimperlé, l'auteur a eu soin de faire une
vue de la grande rue afin de donner une idée du
caractère original des bonnes vieilles villes bre-
tonnes. Un artiste trouvera un charme vérita-
ble à ces masures dont la construction semble
remonter au moyen âge, avec leurs étages su-
périeurs qui surplombent, leurs poutres sail-
lantes et leurs toits élevés ; mais je voudrais
bien savoir ce qu'en penserait un gamin de
Paris.
Je ne connais pas le pont de Quimperlé, mais
l'épreuve qui le représente me donne grand en-
vie de le connaître. Le point de vue auquel la
vieille arche sert de cadre est vraiment magi-
que. C'est un luxe de soleil et de verdure à
guérir le spleen le plus invétéré, et l'on se
prend à désirer le sort de ces enfants joufflus
qui barbotent en plein courant sous l'arche
profonde , loin du bruit des villes [et des agi-
tations de la foule.
Partout où il a rencontré une antique église,
un calvaire ou même une croix de pierre au
bord du chemin, l'auteur s'est arrêté, et il a re-
produit ces pieux monuments. Au Faouèt, à
Ménéhom, à Pleyben, les sujets de cette nature
ne lui manquaient pas. Dans cette dernière
ville il a pu même saisir presque instantané-
ment une scène pleine d'intérêt et d'originalité,
la procession du 1er août, jour du pardon.
La- variété que l'auteur a mise dans cette
collection montre qu'il est également habile
dans tous les genres. Ainsi l'entrée du port mi-
litaire de Brest, la vue du port de Landernau,
et celle prise du fond de la baie à Douarnenez,
sont des marines d'un effet saisissant. Enfin,
pour que son oeuvre soit complète, le photogra-
phe a voulu offrir aux artistes des types et des
costumes pris sur nature, et nous dire qu'il a
admirablement choisi et groupé ses modèles.
Il y aurait des volumes à écrire sur cette in-
téressante collection; malheureusement nous
ne disposons que d'un espace bien restreint. Il
nous reste toutefois assez de place pour ajouter
que le voyage en Bretagne est une des oeuvres
les plus remarquables et les plus complètes que
l'on ait publiées
E. L.
LÀ PHOTOGRAPHIE EN PROVINCE.
Nîmes, 2 novembre 1857.
La tour Magne; — la Maison carrée; —> la fontaine d&
Pradier; — le temple de Diane; — le pont du Gard
photographies par M. CRESPOK fils.
Monsieur le rédacteur,
Je me félicitais, dans ma dernière lettre, d'avoir
retrouvé des travaux photographiques sérieux ; j'é-
prouve ici la même satisfaction. Il est vrai que je
suis dans une ville où l'objectif ne demande qu'a'
faire des merveilles. Je ne ferai pas l'injure aux lec-
teurs de la Lumière de leur décrire pour la mille et
unième fois la ville de Nîmes, si riche d'antiquités de
toutes sortes; mais je vais tâcher de leur expliquer
quel parti un photographe exercé, M. Crespon fils, a
su tirer de sa présence dans cette ville. Je n'en veux
d'autre preuve que la photographie de la fameuse
tour Magne, qui a été également reproduite, et d'une
manière si remarquable, par M. Baldus.
Il faut être un artiste consommé pour bien repré-
senter cette tour octogone de 30 mètres de haut,
située à l'endroit le plus élevé de la ville, où elle ser-
vait à l'éclairage des navires qui s'approchaient de la
cité, bien moins éloignée de la mer du temps des
Romains qu'aujourd'hui.
M. Crespon a aussi photographié la Maison carrée,
monument de l'antiquité le mieux conservé, et cer-
tainement, sinon le plus beau, au moins un des plus
beaux qui soient en Europe. On prétend que c'est un
temple élevé par l'empereur Adrien à l'impératice
Plautine. On voit d'abord un massif de pierres éle-
vée de quatre mètres au-dessus du pavé ; sur ce
massif est une colonnade magnifique, d'un goût ex-
quis, et dont la colonnade de la Madeleine ne peut
donner qu'une idée très-imparfaite. On peut repro-
cher à cette vue le défaut de perspective que l'on
critique sans cesse, et qu'évitent si peu d'artistes.
M. Crespon a mieux réussi la fontaine de Pradier;
la ville de Nîmes domine les quatre cours d'eau du
pays. Le même défaut s'y retrouve pourtant encore;
la statue, très-bien venue du reste, se renverse ; le
Var, vu de face, pourrait être plus ferme de des-
• sin, et les Arènes, au fond, nese détachent peut-être-
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