342 LE MIRACLE FRANÇAIS EN ASIE
colonies continuent à être faites pour la métropole, mais la métropole place son intérêt dans la prospérité de ses colonies qu'elle veut, dans ce but, vivantes et agissantes. »
Quant à l'autonomie politique, elle n'est pas moins souhaitable. Cette conception, comme le remarquait M. de Caix en 1909, peut effrayer certains qui y verront le prélude des révoltes futures, des revendications tendant à la séparation de la mère-patrie. Ces craintes sont vaines. M. Albert Sarraut, dans l'exposé des motifs du projet de loi qu'il a déposé sur le bureau de la Chambre des députés le 12 avril 1921, en a établi avec un sens politique profond, l'absolue inanité. Qu'on lise, pour s'en convaincre, ces très belles pages :
« Combien d'années s'écouleront donc avant que les races plus ou moins attardées dont nous avons assumé la tutelle soient capables de dégager de leur masse amorphe « un sens de nation », avec la volonté et la capacité de se diriger ellesmêmes, sans aide ni guide, à travers les écueils de plus en plus nombreux de la vie internationale et de la concurrence des peuples modernes ? Nous avons tout de même sur elles, il ne faut pas l'oublier, des siècles d'avance, de longs siècles au cours desquels, lentement et douloureusement, par l'effort prolongé de la recherche, de l'invention, de la méditation, d'un progrès intellectuel avantagé par l'influence même de notre climat tempéré, s'est constitué le patrimoine magnifique de science, d'expérience, de supériorité morale qui nous confère le titre éminent à la protection et à la direction des races en retard sur nous. Cette avance séculaire, pense-t-on sérieusement qu'il suffise d'un bond, si haut soit-il, pour la regagner ? Les utopistes seuls ou les théoriciens de l'abstrait peuvent le prétendre. Plus réaliste et plus positif, l'esprit de nos protégés eux-mêmes ne se leurre pas d'une telle illusion. Loin de désirer l'indépendance, les plus intelligents d'entre