270 LE MIRACLE FRANÇAIS EN ASIE
projets ont été discutés et la question reste jusqu'à nouvel ordre réglée par des arrêtés du gouverneur général. Ce sont, pour le Tonkin, les arrêtés du 1er octobre 1885 qui a institué le livret d'ouvrier, du 17 août 1896 sur la main-d'oeuvre agricole et du 26 août 1899 étendu au Cambodge en 1902. La difficulté est de trouver une législation qui, sans léser les droits des indigènes, garantisse cependant aux colons la fidélité des engagements pris et le moyen de faire sanctionner rapidement les multiples infractions dont l'indigène se rend journellement coupable vis-à-vis de son engagiste.
Les colons indochinois se sont toujours plaints de la réglementation de la main-d'oeuvre et prétendent que ces arrêtés n'ont rien fait pour eux dans le sens utile, en particulier, pour remédier aux vols fréquents dont ils sont victimes et que la complication de notre appareil judiciaire ne parvient pas à réprimer. C'est pour leur donner satisfaction qu'a été pris un décret du 20 janvier 1910 qui assimile aux détournements prévus par l'article 408 du code pénal les détournements d'avances ou salaires, effets, marchandises, instruments agricoles, bétail, etc. commis en n'exécutant pas le travail en vue duquel étaient faites ces avances. Mais ce décret luimême est considéré par les colons comme insuffisant. En réalité, la question est fort complexe et touche de près à la politique indigène. Il est certain que là où les textes demeurent impuissants, le temps et le progrès des moeurs donneront d'utiles améliorations.
L'Indochine, encore que seuls les deux deltas soient véritablement peuplés, est une colonie privilégiée au point de vue de la main-d'oeuvre indigène. A cette main-d'oeuvre indigène, colons et industriels peuvent, d'ailleurs, ajouter celle à provenir de l'immigration asiatique dont j'ai indiqué plus haut le fonctionnement et l'organisation. Ajoutons que