176 LE MIRACLE FRANÇAIS EN ASIE
célébré la petitesse de ses pieds et de ses mains, la finesse de ses attaches, la gracilité de son corps, elle est demeurée pour eux un être énigmatique, un gentil animal aux félines caresses, mais fait de passivité, de mystère et de danger.
« Écrasé par la nature, angoissé par l'absence, déçu par l'amour, le poète cherche donc les Paradis artificiels. Et celui qui peut les lui fournir, le magicien qui peut l'y transporter, c'est l'opium. Les poètes n'ont pas seulement demandé à l'opium la vision du beau, mais aussi le soulagement, de leurs souffrances physiques et morales.
« De ce qui précède, ajoute l'auteur de l'article de la Revue indochinoise, on peut conclure qu'il existe une poésie francoannamite de langue française qui est jeune et vivante, mais qui n'est pas encore, à proprement parler, une poésie indochinoise. Elle n'a saisi de notre colonie et des races qui la peuplent, que les côtés extérieurs et, pour nombre d'entre eux, elle les a vus à travers son âme occidentale. De là, son objectivité : elle peint, elle décrit. Et, le plus souvent, de même que deux paysagistes n'interpréteront pas d'identique façon le même paysage, qu'ils lui prêteront un aspect qui ne vien pas des yeux mais du coeur, ainsi, nos poètes ont vu les homme et les choses de ce pays suivant le degré plus ou moins nos talgique de leur esprit.
« Sans doute, nous ne trouverons le littérateur indochinoi complet que dans un sang-mêlé comme Rudyard Kipling alors que notre longue occupation du pays, datant comm celle des indes de plus d'un siècle, aura créé une race nouvelle à la fois indochinoise par son atavisme et la form de certaines de ses conceptions et française par le goût di beau occidental et la clarté de l'analyse... »
Je souscrirais volontiers à cette conclusion qui s'accord avec celle qu'avait formulée Pierre Mille pour l'ensembl