Titre : Revue bibliographique : moniteur de l'imprimerie et de la librairie françaises : journal des publications nouvelles
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1862-03-20
Contributeur : Dupray de La Mahérie, Paul (1828-1911). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32856439n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 560 Nombre total de vues : 560
Description : 20 mars 1862 20 mars 1862
Description : 1862/03/20 (A1,N6). 1862/03/20 (A1,N6).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58348030
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Q-217
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
Frcmière Atuïie.
20 Mars 1862.
N° 6.
MONITEUR DE L'IMPRIMERIE ET DE LA LIBRAIRIE FRANÇAISES
ADmiNISTRATlON ET RÉDACTION
\: /7H> Rie d'Enghien
JOURNAL DES PUBLICATIONS NOUVELLES
PARAISSANT LE ÎO, LE 20 ET LE SO DE CHAQUE MOIS
Parii. — IUPMHKME PXRIHSHM. — DirpniT nz u MIHÉIIII! IT cie, Soulevai! Bonne-Nouvelle, ïfi (Impaaie dei Fillei-Dicu, 5|.— 388
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Paris
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TAISANT PROFITER DES PLUS FORTES REMISES ACCORDÉES AUX LIBRAIRES
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es Abonnés; MM. les Auteurs et Éditeurs sont invités à déposer deux exemplaires des
èdie, EN LES ouvrages qu'ils'publient aux bureaux de la REVUE, qui en rendra compte le
BRAIRES. plus promptement possible.
SOMMAIRE.
DE LA LITTÉRATURE EH PROVINCE, par M. Duprez , de Lyon. —
DOCUMENTS OFFICIELS. — SOCIÉTÉS SAVANTHS. — FAITS DIVERS.
— JURISPRUDENCE. — NKI-.ROLOGIB. — mbtlographie. — RE-
LIGION KT MORALE : Le Mois de ma Mère, d'Ed. Terwecoren;
Itctm Wuisighin, de Th. Bulgarin, par E. Delpech.—SCUNCHS :
Traité de Dynamoscopie, du docteur Collongues ; la Médecine
nouvelle, de M. Louis Lucas, par E. Hubert de Sainte-Croix.
HISTOIRB : Origines de l'Artillerie française, par M. Lorédan
Larchey.— La Misère au temps de la Fronde, de M. Alph.
Feillet, par Aimé Cournet. — D'une Erreur historique à
propos de saint Tintent Ue Paul, de M. Casimir Bousquet, par
H. Alkan.—Histoires héroïques des Français racontéesau Prince
impérial, de M. P. Christian, par L. Riga. — LITTÉRATURE :
Essais historiques, de Vitet, par Louis Lié*in. — Lucy Vernon,
de M. Félix Rocquain, par .Gustave Moreau. — Lectures à f A-
eadémie, de M. Ernest Legouvè. par Louis Liévin.— Un Ma-
riage entre mille, de M. Victor Poupin, par Rodolphe Martin.
— Po'étes et Artistes contemporains, de M. Alfred Nettement,
par Gustave Moreau. — L'Enthousiasme, de Mme Marie Gj'Ttz,
par A. Lrpage. — ENSEIGNEMENT; Monsieur Lesage, entretiens
Sun instituteur avec ses élèves, de M. À. Bourguin, par II, Al-
kan. — POÉSIES : Soirs d'Octobre, de M. Paul Juillerat, par
G. d'Olbreuse- — VENTES PS.BLIQ.UES. — RÉCLAMES. — CATA-
LOGUE. — ANNONCES.
DE LA LITTÉRATURE EN PROVINCE :
CE QU'ELLE A ÉTÉ — CE QU'ELLE EST — CE QU'ELLE
DOIT ÊTRE.
La formule qui résume l'article que je com-
mence, pourra sembler à quelques-uns entachée
d'ambitieuse prétention ; de fait, c'est là le vice
inhérent à toute protestation, et la littérature n'en
est point exempte, je l'avoue. J'accepte donc dès
l'abord ce reproche, quitte à montrer, par la suite,
qu'il peut être retourné contre ceux-là même dont
je le reçois. Quoi qu'il en soit, et sauf à me voir
condamner; une fois la lecture faite, je supplie
ceux auxquels il paraîtra bon de m'accorder quel-
qu'attention, de considérer dans le programme qui
m'est tracé, moins l'exagération apparente de la
forme, que l'amplitude réelle du fond. Qu'on ne
s'y trompe pas en effet : la matière est d'impor-
tance; elle touche par plus d'un pointaux grandes
questions de la vie intellectuelle et morale; elle
intéresse la pensée humaine, qui est une dans fout
son parcours, et ne peut affluer à telle ou telle par-
tie de l'organisation sociale, qu'au risque de,com-
promettre le Centre même que les circonstances
ont donné aux expansions desa vitalité. Peut-être
aussi va-t-il s'agir ici d'intelligences d'élite, d'ima-
ginations pleines de force et d'élan, d'éruditions
sans bornes, qui, reléguées le plus souvent au se-
cond plan, n'ont pour toute brigue que leur va-
leur et pour tout relief que leur obscurité. Leurs
oeuvres naissent pour mourir où elles sont nées;
leur .tombe, comme leur berceau, reste muette;
étroit est le cercle où elles ont été renfermées;
c'est sans règle ni route bien définies qu'elles y
accomplissent leurs révolutions obscures, et à les
voir de loin graviter ainsi avec leur masse confuse
et leur vague rayonnement, on les appellerait vo-
lontiers les nébuleuses de la littérature. C'est qu'en
effet la publicité est un horizon; la critique y
dresse son observatoire, et la renommée attend au
bas les noms des astres nouveaux pour les procla-
mer ; mais habitués que nous sommes aux gloires
bien et dûment constatées, nous restons sans re-
gard et sans voix pour ce qu'il faut chercher au-
delà des sphères convenues; notre discernement
est paresseux et de courte vue, et, s'il survient
quelque découverte, c'est le plus souvent au ha-
sard seul qu'en est due la révélation. Révélation
tardive, où le labeur d'une vie entière ne trouve-
rait jamais qu'une compensation insuffisante. Il
faut faire une part aux exigences de l'orgueil hu-
main ; les prophètes eux-mêmes —qu'on s'en sou-
vienne, — se refusaient à prêcher dans le silence
du désert. Or, de nos jours, que de prophètes et
que de déserts! Alors, que doit-on accuser? Est-ce
l'impuissance des uns? est-ce la malveillance des
autres, ou bien plutôt ne serait-ce pas un peu
d'indifférence chez tous? Car l'intelligence, en
s'absorbant en elle-même, peut se suffire et deve-
nir son propre écho. Reprendrez-yous aussi, me
dira-t-on, et cela, contre un prétendu monopole
littéraire, le thème usé des rancunes banales? et
pourquoi surtout se faire l'avocat d'une cause qui
ne veut pas être défendue? Si c'est ici le lieu d'une
profession de foi (j'entends parler littérature seu-
lement), et si j'avais [honneur d'être pris à partie
moi-même un seul instant, je répondrais : non,
quoi que témoigne le passé et que présage l'avenir,
je ne crois pas aux incompris : je crois aux incom-
préhensibles; le monopole littéraire, s'il a pu dans
le préseut arriver à une existence effective, est aux
mains de ceux qui le mettent en oeuvre un agent
de corruption dont la force se perd en s'étendant;
c'est un mal contre lequel, dans votre main comme
dans la mienne, je vois un remède, je pourrais
dire une arme; et quant à cette cause enfin de
l'intelligence en chartre privée et de ses produc-
tions en souffrance^ si elle ne veut pas être défen-
due, comme vous le dites, si se defendi vetat, c'est
que cette grande cause est cause gagnée.
Personne n'ignore aujourd'hui comment s'est
constituée la nationalité française, mais on n'ignore
pas non plus combien la tradition et les essais his-
toriques où elle s'est longtemps résumée, ont été
impuissants à "nous donner de cette constitution
même une idée nette et juste. Ce n'étaient que
catalogues de rois et bulletins de victoires, Je tout
bien confus: Gloire aux unes cependant et paix
aux autres ! Mais les coups d'épées sont des solu-
tions parfois; ils ne sont jamais des arguments.
Aussi la philosophie a-t^elle dû venir en aide à
l'histoire et dès lors la véritable voie a été. trouvée.
Les rois — je parle des rois du temps jadis — les
rois combattaient à leur profit, je ne dis pas à leurs
frais ; leurs intérêts satisfaits en même temps que
leurs instincts, peu importait qu'autour d'eux il y
eût abondance ou disette, lumière ou ténèbres.
Qu'on sache donc qu'ils ont été tantôt vainqueurs,
tantôt vaincus et tout sera dit pour eux. Mais en
dehors de leur action brutale, vivait le peuple, ce
peuple qui, serf ou affranchi, restait toujours atta-
ché à la glèbe, parce qu'il y trouvait tout ce que
réclamaient les appétits de ssn corps et les appétits
de son intelligence. Ce peuple, et dans la Gaule
des Césars et dans la Gaule des Mérovingiens, et
bien plus tard encore, a continué son oeuvre, oeu-
vre patiente, mystérieuse, s'ignorant elle-même
d'abord, puis acquérant la conviction de ses desti-
nées, se poussant à travers les hommes et leschoses,
les siècles et les générations, les conquêtes et les
asservissements, en un mot pliant quelquefois, mais
ne rampant jamais. Je laisse de côté toute question
politique : notre cadre ne le comporte pas. Mais en
a-t-il besoin et n'est-ce point assez que suivre la
pensée dans ses développements et la voir qui
devient peu à peu art et littérature? Les aperçus
nouveaux n'y manquent pas. Quand Home eut fait
de la Gaule une de ses provinces, elle y porta toute
sa civilisation ; mais le germe qu'avait déposé dans
cette terre vierge la vieille métropole, était un
germe corrompu, et les fruits devaient mûrir sans
cette pureté qui seule donne aux choses leur durée.
Toutefois quelle splendidevégétationintellectuelle!
si l'esprit fin des Gaulois avait pénétré dans tous
les raffinements de l'idée latine, sa haute et
puissante conception en avait embrassé tous les
gigantesques développements. La Gaule, fut en
quelque sorte pour Rome une seconde Grèce et
cette reine du monde eut la destinée singulière de
voir toujours ceux qu'elle avait vaincus par les
armes, la dominer dans les luttes plus glorieuses
de l'esprit: Bordeaux, Poitiers, Arles, Lyon et tant
d'autres que je pourrais nommer, lui deviennent
20 Mars 1862.
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DE LA LITTÉRATURE EH PROVINCE, par M. Duprez , de Lyon. —
DOCUMENTS OFFICIELS. — SOCIÉTÉS SAVANTHS. — FAITS DIVERS.
— JURISPRUDENCE. — NKI-.ROLOGIB. — mbtlographie. — RE-
LIGION KT MORALE : Le Mois de ma Mère, d'Ed. Terwecoren;
Itctm Wuisighin, de Th. Bulgarin, par E. Delpech.—SCUNCHS :
Traité de Dynamoscopie, du docteur Collongues ; la Médecine
nouvelle, de M. Louis Lucas, par E. Hubert de Sainte-Croix.
HISTOIRB : Origines de l'Artillerie française, par M. Lorédan
Larchey.— La Misère au temps de la Fronde, de M. Alph.
Feillet, par Aimé Cournet. — D'une Erreur historique à
propos de saint Tintent Ue Paul, de M. Casimir Bousquet, par
H. Alkan.—Histoires héroïques des Français racontéesau Prince
impérial, de M. P. Christian, par L. Riga. — LITTÉRATURE :
Essais historiques, de Vitet, par Louis Lié*in. — Lucy Vernon,
de M. Félix Rocquain, par .Gustave Moreau. — Lectures à f A-
eadémie, de M. Ernest Legouvè. par Louis Liévin.— Un Ma-
riage entre mille, de M. Victor Poupin, par Rodolphe Martin.
— Po'étes et Artistes contemporains, de M. Alfred Nettement,
par Gustave Moreau. — L'Enthousiasme, de Mme Marie Gj'Ttz,
par A. Lrpage. — ENSEIGNEMENT; Monsieur Lesage, entretiens
Sun instituteur avec ses élèves, de M. À. Bourguin, par II, Al-
kan. — POÉSIES : Soirs d'Octobre, de M. Paul Juillerat, par
G. d'Olbreuse- — VENTES PS.BLIQ.UES. — RÉCLAMES. — CATA-
LOGUE. — ANNONCES.
DE LA LITTÉRATURE EN PROVINCE :
CE QU'ELLE A ÉTÉ — CE QU'ELLE EST — CE QU'ELLE
DOIT ÊTRE.
La formule qui résume l'article que je com-
mence, pourra sembler à quelques-uns entachée
d'ambitieuse prétention ; de fait, c'est là le vice
inhérent à toute protestation, et la littérature n'en
est point exempte, je l'avoue. J'accepte donc dès
l'abord ce reproche, quitte à montrer, par la suite,
qu'il peut être retourné contre ceux-là même dont
je le reçois. Quoi qu'il en soit, et sauf à me voir
condamner; une fois la lecture faite, je supplie
ceux auxquels il paraîtra bon de m'accorder quel-
qu'attention, de considérer dans le programme qui
m'est tracé, moins l'exagération apparente de la
forme, que l'amplitude réelle du fond. Qu'on ne
s'y trompe pas en effet : la matière est d'impor-
tance; elle touche par plus d'un pointaux grandes
questions de la vie intellectuelle et morale; elle
intéresse la pensée humaine, qui est une dans fout
son parcours, et ne peut affluer à telle ou telle par-
tie de l'organisation sociale, qu'au risque de,com-
promettre le Centre même que les circonstances
ont donné aux expansions desa vitalité. Peut-être
aussi va-t-il s'agir ici d'intelligences d'élite, d'ima-
ginations pleines de force et d'élan, d'éruditions
sans bornes, qui, reléguées le plus souvent au se-
cond plan, n'ont pour toute brigue que leur va-
leur et pour tout relief que leur obscurité. Leurs
oeuvres naissent pour mourir où elles sont nées;
leur .tombe, comme leur berceau, reste muette;
étroit est le cercle où elles ont été renfermées;
c'est sans règle ni route bien définies qu'elles y
accomplissent leurs révolutions obscures, et à les
voir de loin graviter ainsi avec leur masse confuse
et leur vague rayonnement, on les appellerait vo-
lontiers les nébuleuses de la littérature. C'est qu'en
effet la publicité est un horizon; la critique y
dresse son observatoire, et la renommée attend au
bas les noms des astres nouveaux pour les procla-
mer ; mais habitués que nous sommes aux gloires
bien et dûment constatées, nous restons sans re-
gard et sans voix pour ce qu'il faut chercher au-
delà des sphères convenues; notre discernement
est paresseux et de courte vue, et, s'il survient
quelque découverte, c'est le plus souvent au ha-
sard seul qu'en est due la révélation. Révélation
tardive, où le labeur d'une vie entière ne trouve-
rait jamais qu'une compensation insuffisante. Il
faut faire une part aux exigences de l'orgueil hu-
main ; les prophètes eux-mêmes —qu'on s'en sou-
vienne, — se refusaient à prêcher dans le silence
du désert. Or, de nos jours, que de prophètes et
que de déserts! Alors, que doit-on accuser? Est-ce
l'impuissance des uns? est-ce la malveillance des
autres, ou bien plutôt ne serait-ce pas un peu
d'indifférence chez tous? Car l'intelligence, en
s'absorbant en elle-même, peut se suffire et deve-
nir son propre écho. Reprendrez-yous aussi, me
dira-t-on, et cela, contre un prétendu monopole
littéraire, le thème usé des rancunes banales? et
pourquoi surtout se faire l'avocat d'une cause qui
ne veut pas être défendue? Si c'est ici le lieu d'une
profession de foi (j'entends parler littérature seu-
lement), et si j'avais [honneur d'être pris à partie
moi-même un seul instant, je répondrais : non,
quoi que témoigne le passé et que présage l'avenir,
je ne crois pas aux incompris : je crois aux incom-
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le préseut arriver à une existence effective, est aux
mains de ceux qui le mettent en oeuvre un agent
de corruption dont la force se perd en s'étendant;
c'est un mal contre lequel, dans votre main comme
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l'intelligence en chartre privée et de ses produc-
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Personne n'ignore aujourd'hui comment s'est
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toriques où elle s'est longtemps résumée, ont été
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même une idée nette et juste. Ce n'étaient que
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tions parfois; ils ne sont jamais des arguments.
Aussi la philosophie a-t^elle dû venir en aide à
l'histoire et dès lors la véritable voie a été. trouvée.
Les rois — je parle des rois du temps jadis — les
rois combattaient à leur profit, je ne dis pas à leurs
frais ; leurs intérêts satisfaits en même temps que
leurs instincts, peu importait qu'autour d'eux il y
eût abondance ou disette, lumière ou ténèbres.
Qu'on sache donc qu'ils ont été tantôt vainqueurs,
tantôt vaincus et tout sera dit pour eux. Mais en
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peuple qui, serf ou affranchi, restait toujours atta-
ché à la glèbe, parce qu'il y trouvait tout ce que
réclamaient les appétits de ssn corps et les appétits
de son intelligence. Ce peuple, et dans la Gaule
des Césars et dans la Gaule des Mérovingiens, et
bien plus tard encore, a continué son oeuvre, oeu-
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cette terre vierge la vieille métropole, était un
germe corrompu, et les fruits devaient mûrir sans
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