N° 56.— SAMEDI, 12 JANVIER 4833;
Ce Journal paraît les Mardis et Sa-
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place des Célestins; Louis Babeuf., rue
Saint-Dominique , n° 2 ; Baron, li-
braire, rue Clermouti Bohaire , li-
braire, rue Puits-Gaillot, u° o; Bon-
Dard et Royer-Dupré, papetiers, rue
Romarin , n. 1 ; M"' Felletas, au Ca-
binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DE S SA L'.Ô'N S, DBS ARTS, DE LA LIT TER A t URË, DES THÉA TRES ET DES MODES,
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ïîeîïige par une Boiictê Vfyvmntë'&ximoriïie, V%xtïsies *fîrr#m Ùt idtxts.
UNE. EXCURSION . feîSl BRESSE.
(DEUXIÈME ÉEttftÉ. )
Je reprends, mon amie, la description du pays qui
m'entoure., yu de'la petite terrasse de 'la ïnaison oh
j'habiteayee cet atrii > ce jeune' poète, dot/t les fables
vous ont fait rêver quelquefois.
A mà;di'oite, au couchant, s'élève Môntïïtià, 'large
au sommet et dont la base rétrécie vient-finir en en-
tonnoir dans une vallée parée ;3e ruisseaux'; coteau
gracieux él riant,icbugé par mille haies couvertes de
fleurs : le lilas qrti corBÙiencë à'blânchiret-à s'étsili*
dre, comme une tête de vieillard; l'aubépine à l'odeur
suave; le troène .al la îleiir pyramidale, et le genêt
vert, aux bouquets jaunes, qui- annonce levoisinage
de la Bresse. ÇôtëàuOù passent sans cesse la bêche
et la charrue^ où rien n'est en friche, «ùle pré blan-r
chi de marguerites, la vigne aux pampres d'un vert
léger,'lë'frbméiit éclairciet le trèfle foncé -délassent le
regard par leurs nuances variées. Chaque'moisson qui
mûrit a sofa aspect particulifer, sa tehïté=à -farti, et
l'oii dirait, d'un immense parterre où .les 'fleurs aux
'mille nuances semblent disputer de beauté, sous le
Vent qui lès courbe. A gauche de Môniattiv^le-sommet
Couronné d'arbres, Rigne'ux avec son cldefaerpointu,
se dresse semblable à ùtié pyramide renversée, le co-
teau; de la Croiseité et la montagne de Fétan, venant
par une pente rapide , se joindre à sa base. Il borne
de ce côté l'horizon rapproché derrière lequel je peux
voir se coucher le soleil, rouge des feux du soir, et
long-temps"encore projeter dans l'air sa lueur d'incen-
die, ou, traversant le nuage noir qui découpe ses
rayons, renvoyer dans l'espace Une teinte brillante
et argentée sur laquelle se dessinent les chênes de la
montagne.
Entre ce coteau et lamontagne de Fétan coule la
-Toison, qui vient passer à quelques pas de'moi, et que
pourtant je ne verrai qu'en hiver, cachée qu'elle est
aujourd'hui par l'épais feiiillage des vernes et des
peupliers dont les mille détours indiquent le ruisseau;
j'entends ses eaux tomber sur les roues du petit
moulin qtii dessine son toit rougeâtre au travers des
arbres.
Nous avons suivi ce matin les sinuosités de la ri-
vière ; je connais peu de sites qui portent à l'ame plus
de poésie et de volupté. <3e n'est point ce délire de
grandes idées; ces hautes cascades; ces larges fentes
de rochers à pic Sous lesquels on se trouve .si petit,
qui vous émeuvent, vous brisent,'vottsiouttouiibillon-
rier d'hotoeurseV beautés et desurprises en plaisirs,
vous arrachent des larmes et les sèchent. Vous vivez
là, beaucoup, mais-trop vite; heureux le poète qui
peut peindre tout ce qu'il y a senti. 'J'ài:vui»ien-des
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