N° 53. — MARDI, 1er JANVIER 1833.
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nard et Royer-Dupré, papetiers, rue
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binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DES SALONS, DES ARTS, DE LÎS LITTÉRATURE, DES THÉÂTRES ET DES MODES,
Eéîrigé par une Bociéié ïr1$jjjmmfô ïm moxùe f VRvtistes et ïre Qbens lie lettrée.
LE JOUR DE L'AN.
Je vous souhaite une bonne année ,
une parfaite santé , une heureuse éter-
nité, accompagnée de plusieurs autres,
et le paradis à la fin.
( Ce qu'on appelle le peuple. )
Monsieur ou Madame , voulez-vous
me permettre de vous présenter mes
souhaits et mes hommages.
( Ce qu'on appelle le beau monde. )
- Or, mes amis, bénissons Dieu,
Qui mit chaque chose en son lieu :
Celles-ci sont pour l'an trois mil....
Ainsi soit-il.
' ( BÉRANGEE. )
Courez, courez, gente solte et absurde, courez ! Le
vent est aux étrennes et aux cadeaux; la main de la
fortune est ouverte ; courez ! l'occasion est belle, la
curée sera bonne; courez donc! Votre visage dé cir-
constance, vos souhaits de convention, vos baisers
d'obligation, tout cela est de mode aujourd'hui, jus-
qu?aux saluts et aux courbettes; demain, il serait trop
tard ! Aujourd'hui, on vous écoulera, on vous saluera,
on vous récompensera ; mais demain, on vous tour-
nera le dos : courez , courez donc vite !
Hier, la foule s'arrêtait avide, la "bouche béante.
devant les étalages; elle était là immobile, comme
fascinée à la vue de ces brillans hochets qui peut-être
feront chanceler plus d'une austère vertu : la jeune
fille au modeste tablier soupirait en passant, et peut-
être ce soupir renfermait-il tout un avenir de femme !
D'autres, plus heureuses, regardaient avec assurance
les objets qu'elles imposeront à l'amour, tandis que
la petite maîtresse, penchée sur son ottomane, dans
son élégant boudoir où pénètre ce demi-jour si favo-
rable à la coquetterie, attend dans l'anxiété et frémit
au moindre bruit, car cet amant si passionné d'hier
ne la quittera-il pas aujourd'hui, afin d'esquiver les ca-
deaux du jour de l'an. Ici la crainte, là l'espérance,
ainsi va le monde.
Aujourd'hui, tout se meut. Oh ! comme ils se pres-
sent, comme ils se croisent, comme ils sillonnent les
rues et les places publiques ! On dirait, à voir leur em-
pressement, qu'ils sont poursuivis par le monde et ses
ennuis, ou qu'ils veulent [échapper à quelque créan-
cier impitoyable, ou bien qu'il leur tarde d'avoir jeté
à la tête des idoles qu'ils encensent, leurs souhaits ,
leurs complimens, leurs flatteries de convention, et
de quitter leur masque de bonne foi, si mince que
l'hypocrisie perce de toutes parts au travers.
Voyez sur ces physionomies cet air de jubilation
et de triomphe! Oh ! la journée a été bonne pour ceux-
là ! Voyez, leurs épaules sont encore voûtées, ils per-
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