(Epreuv e.)
iy° so. — SAMEDI, 22 DÉCEMBRE 1832.
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JOURNAL DES DAMES,
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DES SALONS, DES ARTS, DE LA LITTÉRATURE, DES£, T.HÉATRES, -E^T,|. DEJ5 MOfJES,
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L'ILE-BARBE
€t la tour te la MU - 2Ukmante.
( DEUXIÈME AHTICLE. )
Aussitôt que les moines de l'Ile-Barbe furent en
possession du terrain cédé par le comte de Sathonay,
ils s'empressèrept de faire réparer un petit bâtiment
qui s'y trouvait déjà construit, et dont ils firent la de-
meure du péager. Bientôt après on vit surgir une haute
tour qui, dominant la Saône, ne permettait plus
aux traficans de se soustraire aux droits réclamés au
nom de l'abbaye. Elle fut appelée dans le pays la
Tour barbare, soit à cause du nom de l'île dont elle
dépendait, soit plus encore peut-être à cause des vexa-
tions auxquelles elle était destinée. Parmi les abbés
qui prirent le soin d'embellir cet endroit fût principa-
lement , Rigoud de Brossannes, connu sous le nom
deDom De'go, et célèbre en ces lieux par le déborde-
mens de ses moeurs. Il en fit un séjour de délices. Ce-
pendant u n e chose l'inquiétait, c'était la crainte que
les héritiers du comte de Sathonay, qui, ainsi que
nous l'ayons dit dans notre premier article, avaient le
droit de racheter cette propriété, ne vinssent le trou-
bler dans sa possession. Déjà elle était passée des mains
de Béatrix, héritière de Gxvy de Ferlay, son père, entre
celles d'Isabelle Allemand, filleule, de, Béatrix et sa
fille adoptive, lorsque l'abbé de l'Ile-Barbe essaya
d'obtenir l'aliénation absolue des terrains qu'il ne
possédait que par engagement. Un jour donc que la
charmante Isabelle, qu'on appelait déjà, dans le pays,
la belle Allemande, avait convié, sous le bon plaisir
de Béatrix, tous les seigneurs ses voisins, on vit se
présenter avec eux l'abbé de l'Ile-Barbe, persuadé
qu'il était de'capter plus facilement, au milieu du tu-
multe des fêtes, la bienveillance de la comtesse ; mais
celle-ci déjoua ses projets en évitant de se trouver seule
avec lui. L'hypocrite abbé s'aperçut bientôt .que l'oc-
casion ne lui était pas favorable, et, sans abandonner
son dessein, il chercha seulement d'autres détours
pour en atteindre le but.
Il s'était fait accompagner, ce jour-là, par son ne-
veu Christophe de Brossannes, riche héritier des terres
de Royedan, voisines de celle de Sathonay, et qu'il sa-
vait être passionnément amoureux d'Isabelle. Comme
toutes les conditions de fortune et de convenance
semblaient encourager Cette passion, il n'hésita pas à
demander, pour lui, à Béatrix, la main de sa fille,
adoptive, persuadé que cette union lèverait tous les
obstacles qu'on" pouvait lui opposer. Mais l'amour qui
se plaît aussi à traverser nos projets, avait déjà
obtenu le coeur d'Isabelle pour Edmond de Beaujeu,
issu deGuichard-le-Grand, et si leur mariage éprouva
quelque retard, il ne vint que du père d'Edmond quj
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