Presse et revues
4 pages
Titre : Le Papillon : journal des dames, des salons, des arts, de la littérature, des théâtres et des modes, rédigé par une société d'hommes du monde, d'artistes et de gens de lettres ["puis" journal littéraire]
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1832-12-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32831927d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 527 Nombre total de vues : 527
Description : 15 décembre 1832 15 décembre 1832
Description : 1832/12/15 (N48). 1832/12/15 (N48).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5832397q
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
(Epreuve. )
N° 48. — SAMEDI, 15 DÉCEMBRE 1832.
Ce Journal paraît les Mardis et Sa-
medis. Le, prix de l'Abonnement est de
6 fr. pour trois mois, 11 fr. pour six
mois, 20 fr. pour l'anne'e, et 1 fr. de
plus par trimestre pour les départe-
mens. Tout ce gui concerne la rédac-
tion doit être adresse', franc de port,
au rédacteur en chef, rue Longue, n" 2.
On s'abonne chez MM. Gceury
place des Célestins; Louis Babeuf, rue
Saint-Dominique, n° 2;,Baron, li-
braire, rue Clermontj Êohaire, li-
braire, rue Puits G-aillot, ri°q; Bon-
nard et Royer-Dupré, papetiers, rue
de la Fromagerie; M"° Felletas, au Ca-
binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DES SALONS, DES ARTS^ DE LA LITTÉRATURE, DES THÉÂTRES ET DES MODES,
EiMjjé par une Bacihê Vtyommes ïm monbe, îr'&rttstw et ïr
UN COMBAT DE TAUREAUX
A NIMES.
Nous voici en face des siècles... A l'aspect de cet am-
phithéâtre immense dont la forme ovale frappe l'oeil
du voyageur, de ces blocs énormes de pierre que l'art
des machines parvint à entasser, à aligner symétri-
quement en gradins sur toute cette surface ; en voyant
ces arceaux innombrables, ces galeries élégantes,
cette arène disposée pour des jeux sanglans, on se de-
mande si ce fut ici la demeure des maîtres du monde;'
on cherche avidement les places désignées où le peu-
ple contemplait avec respect le voile des vestales, les
faisceaux des licteurs, la robe des consuls.
Ici fut seulement une colonie ; mais le peuple-roi
l'aimait par dessus toutes les autres; comptez les tem-
ples , les aqvieducs et les tours, vous verrez s'il se plai-
sait dans la cité de Nemausis. Agrippa s'assit dans cette
enceinte; il y ordonna des jeux en l'honneur d'Au-
guste , et le peuple reconnaissaut y exaltait jusqu'aux
cieux les princes de la jeunesse, héritiers futurs de l'em-
pire.
Ces souvenirs sont évanouis. L'édifice subsiste, mais
des fentes des gradins brisés s'échappe une végétation
robuste qui s'est dix-huit fois renouvelée avec les siè-
cles. Quelques arceaux portent la trace d'une fumée
noirâtre, et la courbe magnifique qui couronne le mo-
nument est interrompue à ce seul endroit. Qui porta
sur le noble édifice une main impie? Quel bras s'ar-
ma de la torche pour le détruire ? Les compagnons de
Charles-Martel attaquant avec le fer et la flamme les
Sarrazinsretranchés dans ce monument; il le fallait.
Ainsi les chrétiens sauvèrent l'avenir de la civilisa-
tion.
Revenons à notre époque. Une foule immense cou-
vre les marches du cirque. Les Arènes, voilà le nom
que ce peuple donne à l'amphithéâtre. Comme le
peuple ancien, il est avide de jeux et de fêtes ;' comme
lui il vient assistera de sanglantes solennités.
Sous la porte du couchant retentissent des mugis-
semens. Une étable contient six taureaux noirs aux
cornes aiguës. Us ont été cette nuit amenés des marais
de la Camargue dans la prison de l'amphithéâtre. Ce
jour est le second de leur captivité, et ils n'ont pris au-
cune nourriture. Le taureau de la Camargue ne se
nourrit point dans l'esclavage, il y mourrait plutôt. Sa
force et sa liberté, voilà sa vie ; et dans son île solitaire,
située entre deux branches du Rhône, il est indépen-
dant du joug que l'homme, avide de conquêtes, fait
peser sur tous les autres animaux.
La foule couvre l'arène; elle s'éclaircit tout à coup
pour se réfugier sous les balustrades qui se prolongent
autour du cirque, asile offert par la prévoyance des
uns à l'imprudence des autres. Tout fuit; le taureau
N° 48. — SAMEDI, 15 DÉCEMBRE 1832.
Ce Journal paraît les Mardis et Sa-
medis. Le, prix de l'Abonnement est de
6 fr. pour trois mois, 11 fr. pour six
mois, 20 fr. pour l'anne'e, et 1 fr. de
plus par trimestre pour les départe-
mens. Tout ce gui concerne la rédac-
tion doit être adresse', franc de port,
au rédacteur en chef, rue Longue, n" 2.
On s'abonne chez MM. Gceury
place des Célestins; Louis Babeuf, rue
Saint-Dominique, n° 2;,Baron, li-
braire, rue Clermontj Êohaire, li-
braire, rue Puits G-aillot, ri°q; Bon-
nard et Royer-Dupré, papetiers, rue
de la Fromagerie; M"° Felletas, au Ca-
binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DES SALONS, DES ARTS^ DE LA LITTÉRATURE, DES THÉÂTRES ET DES MODES,
EiMjjé par une Bacihê Vtyommes ïm monbe, îr'&rttstw et ïr
UN COMBAT DE TAUREAUX
A NIMES.
Nous voici en face des siècles... A l'aspect de cet am-
phithéâtre immense dont la forme ovale frappe l'oeil
du voyageur, de ces blocs énormes de pierre que l'art
des machines parvint à entasser, à aligner symétri-
quement en gradins sur toute cette surface ; en voyant
ces arceaux innombrables, ces galeries élégantes,
cette arène disposée pour des jeux sanglans, on se de-
mande si ce fut ici la demeure des maîtres du monde;'
on cherche avidement les places désignées où le peu-
ple contemplait avec respect le voile des vestales, les
faisceaux des licteurs, la robe des consuls.
Ici fut seulement une colonie ; mais le peuple-roi
l'aimait par dessus toutes les autres; comptez les tem-
ples , les aqvieducs et les tours, vous verrez s'il se plai-
sait dans la cité de Nemausis. Agrippa s'assit dans cette
enceinte; il y ordonna des jeux en l'honneur d'Au-
guste , et le peuple reconnaissaut y exaltait jusqu'aux
cieux les princes de la jeunesse, héritiers futurs de l'em-
pire.
Ces souvenirs sont évanouis. L'édifice subsiste, mais
des fentes des gradins brisés s'échappe une végétation
robuste qui s'est dix-huit fois renouvelée avec les siè-
cles. Quelques arceaux portent la trace d'une fumée
noirâtre, et la courbe magnifique qui couronne le mo-
nument est interrompue à ce seul endroit. Qui porta
sur le noble édifice une main impie? Quel bras s'ar-
ma de la torche pour le détruire ? Les compagnons de
Charles-Martel attaquant avec le fer et la flamme les
Sarrazinsretranchés dans ce monument; il le fallait.
Ainsi les chrétiens sauvèrent l'avenir de la civilisa-
tion.
Revenons à notre époque. Une foule immense cou-
vre les marches du cirque. Les Arènes, voilà le nom
que ce peuple donne à l'amphithéâtre. Comme le
peuple ancien, il est avide de jeux et de fêtes ;' comme
lui il vient assistera de sanglantes solennités.
Sous la porte du couchant retentissent des mugis-
semens. Une étable contient six taureaux noirs aux
cornes aiguës. Us ont été cette nuit amenés des marais
de la Camargue dans la prison de l'amphithéâtre. Ce
jour est le second de leur captivité, et ils n'ont pris au-
cune nourriture. Le taureau de la Camargue ne se
nourrit point dans l'esclavage, il y mourrait plutôt. Sa
force et sa liberté, voilà sa vie ; et dans son île solitaire,
située entre deux branches du Rhône, il est indépen-
dant du joug que l'homme, avide de conquêtes, fait
peser sur tous les autres animaux.
La foule couvre l'arène; elle s'éclaircit tout à coup
pour se réfugier sous les balustrades qui se prolongent
autour du cirque, asile offert par la prévoyance des
uns à l'imprudence des autres. Tout fuit; le taureau
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