Presse et revues
4 pages
Titre : Le Papillon : journal des dames, des salons, des arts, de la littérature, des théâtres et des modes, rédigé par une société d'hommes du monde, d'artistes et de gens de lettres ["puis" journal littéraire]
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1832-09-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32831927d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 527 Nombre total de vues : 527
Description : 11 septembre 1832 11 septembre 1832
Description : 1832/09/11 (N21). 1832/09/11 (N21).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58323739
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
(Epreuve. )
N° 21. — MARDI,. 11 SEPTEMBRE 1832.
Ce Journal paraît les Mardis et Sa-
medis. Le prix de l'Abonnement est de
6 fr. pour trois mois, 11 fr. pour six
mois, 20 fr- P°ur l'année, et 1 fr. de
plus par trimestre pour les départe-
mens. Tout ce gui concerne la rédac-
tion doit être adressé, franc de port,
au rédacteur enclicf, rue Longue, n°2.
On s'abonne chez MM. Goeury ,
place des Célestins; Louis Babeuf, rue
Saint-Dominique , n° 2 ; Baron , li-
braire , rue Clermont; Bohaire, li-
braire, rue Puits Gaillot, n° g; Bon-
nard et Royer-Dupré , papetiers, rue
de la Fromagerie; Mlle Felletas, au Ca-
binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DES SALONS, DES ARTS, DE LA LITTÉRATURE, DES THÉÂTRES ET DES MODES,
flfïiiflé par une Société ù'fomttus ïw montra, ïr'&rttstes 11 fre ®em ta lettres.
L'ANNEAU BRISÉ.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, a
dit un rimeur avoué des classiques ; et son vers est
passé en proverbe. Pourtant que de productions, que
de chefs-d'oeuvre littéraires pourraient, de nos jours,
donner un démenti au célèbre versificateur : sans éplu-
cher le théâtre de Seribe, si fertile en aimables in-
vraisemblances, je ne citerai pour exemple que l'un
des derniers caprices du Papillon: LA BÉRÉNICE.
Quelle est, parmi ses romantiques lectrices, celle
qui n'a pas un instant oublié le merveilleux de cette
Légende, pour partager les émotions de Louise, et lui
envier le magique talisman ? Cette historiette me remet
en mémoire une anecdote tragique et surtout fort tou-
chante dont j'ai été presque témoin oculaire, il y a
peu d'années.
Je fréqiientais alors les réunions qui avaient lieu le
jeudi soir, chez Mmc ***. Elles se composaient de jeunes
femmes charmantes, de littérateurs, d'arlistes, et la
conversation était souvent ramenée sur le jeune Fré-
déric, dont l'excellent naturel et la mélancolie parais-
saient inspirer un intérêt universel.
Depuis long-temps je brûlais du désir de le con-
naître, lorsqu'un soir il entra sans être annoncé. A
l'émotion qui se peignit tout à coup sur les visages, à
l'empressement avec lequel se levèrent les jolies cau-
seuses, je devinai sans peine le nom de l'anonyme.
C'était un jeune homme d'une trentaine d'années,
dont les manières affables, l'organe plein de douceur
et la modestie firent sur moi la plus vive impression.
Il causait peu, ne jouait point, et prenait rarement
part à une conversation générale. Celait dans un
cercle étroit, dans une intime causerie que son esprit
naïf déployait toutes ses grâces.
L'expression de sa physionomie décelait une douleur
profonde que tempérait à peine la douce égalité de
son humeur, Ifsouriait parfois cependant, mais son
visage se voilait presqu'aussitôt par une sombre tris-
tesse , comme s'il se fût reproché ces accès de gaîté
involontaires.
En général ses visites étaient courtes. Il disparais-
sait brusquement, et demeurait souvent plusieurs se-
maines sans revenir. J'avais remarqué, d'ailleurs , que
la durée de ses apparitions était subordonnée au genre
de conversation qui régnait à son arrivée. Jamais il ne
restait plus d'un quart d'heure lorsqu'un accès de
cette joie expansive si naturelle aux jeunes femmes et
aux artistes animait la soirée.
Une autre observation qui ne m'avait point échappé,
c'est que tous les frais d'amabilité tentés par les plus
rieuses pour le distraire, semblaient l'attrister da-
N° 21. — MARDI,. 11 SEPTEMBRE 1832.
Ce Journal paraît les Mardis et Sa-
medis. Le prix de l'Abonnement est de
6 fr. pour trois mois, 11 fr. pour six
mois, 20 fr- P°ur l'année, et 1 fr. de
plus par trimestre pour les départe-
mens. Tout ce gui concerne la rédac-
tion doit être adressé, franc de port,
au rédacteur enclicf, rue Longue, n°2.
On s'abonne chez MM. Goeury ,
place des Célestins; Louis Babeuf, rue
Saint-Dominique , n° 2 ; Baron , li-
braire , rue Clermont; Bohaire, li-
braire, rue Puits Gaillot, n° g; Bon-
nard et Royer-Dupré , papetiers, rue
de la Fromagerie; Mlle Felletas, au Ca-
binet littéraire, quai de l'Archevêché.
JOURNAL DES DAMES,
DES SALONS, DES ARTS, DE LA LITTÉRATURE, DES THÉÂTRES ET DES MODES,
flfïiiflé par une Société ù'fomttus ïw montra, ïr'&rttstes 11 fre ®em ta lettres.
L'ANNEAU BRISÉ.
Le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable.
Rien n'est beau que le vrai, le vrai seul est aimable, a
dit un rimeur avoué des classiques ; et son vers est
passé en proverbe. Pourtant que de productions, que
de chefs-d'oeuvre littéraires pourraient, de nos jours,
donner un démenti au célèbre versificateur : sans éplu-
cher le théâtre de Seribe, si fertile en aimables in-
vraisemblances, je ne citerai pour exemple que l'un
des derniers caprices du Papillon: LA BÉRÉNICE.
Quelle est, parmi ses romantiques lectrices, celle
qui n'a pas un instant oublié le merveilleux de cette
Légende, pour partager les émotions de Louise, et lui
envier le magique talisman ? Cette historiette me remet
en mémoire une anecdote tragique et surtout fort tou-
chante dont j'ai été presque témoin oculaire, il y a
peu d'années.
Je fréqiientais alors les réunions qui avaient lieu le
jeudi soir, chez Mmc ***. Elles se composaient de jeunes
femmes charmantes, de littérateurs, d'arlistes, et la
conversation était souvent ramenée sur le jeune Fré-
déric, dont l'excellent naturel et la mélancolie parais-
saient inspirer un intérêt universel.
Depuis long-temps je brûlais du désir de le con-
naître, lorsqu'un soir il entra sans être annoncé. A
l'émotion qui se peignit tout à coup sur les visages, à
l'empressement avec lequel se levèrent les jolies cau-
seuses, je devinai sans peine le nom de l'anonyme.
C'était un jeune homme d'une trentaine d'années,
dont les manières affables, l'organe plein de douceur
et la modestie firent sur moi la plus vive impression.
Il causait peu, ne jouait point, et prenait rarement
part à une conversation générale. Celait dans un
cercle étroit, dans une intime causerie que son esprit
naïf déployait toutes ses grâces.
L'expression de sa physionomie décelait une douleur
profonde que tempérait à peine la douce égalité de
son humeur, Ifsouriait parfois cependant, mais son
visage se voilait presqu'aussitôt par une sombre tris-
tesse , comme s'il se fût reproché ces accès de gaîté
involontaires.
En général ses visites étaient courtes. Il disparais-
sait brusquement, et demeurait souvent plusieurs se-
maines sans revenir. J'avais remarqué, d'ailleurs , que
la durée de ses apparitions était subordonnée au genre
de conversation qui régnait à son arrivée. Jamais il ne
restait plus d'un quart d'heure lorsqu'un accès de
cette joie expansive si naturelle aux jeunes femmes et
aux artistes animait la soirée.
Une autre observation qui ne m'avait point échappé,
c'est que tous les frais d'amabilité tentés par les plus
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