Presse et revues
4 pages
Titre : Le Papillon : journal des dames, des salons, des arts, de la littérature, des théâtres et des modes, rédigé par une société d'hommes du monde, d'artistes et de gens de lettres ["puis" journal littéraire]
Éditeur : [s.n.] (Lyon)
Date d'édition : 1832-07-17
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32831927d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 527 Nombre total de vues : 527
Description : 17 juillet 1832 17 juillet 1832
Description : 1832/07/17 (N5). 1832/07/17 (N5).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Rhône-Alpes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58323591
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
N° 5.—MARDI 17 JUILLET 1832.
Ce Journal parait les mardis et samedis.
Le prix de l'abonnement est de 6 fr. pour
trois mois, 11 tr. pour six mois, et 20 fr.
pour l'année. Tout ce qui concerne la ré-
daction doit être adressé, franc de port, au
rédacteur en chef, cliez M. Goeury, au Ca-
binet littéraire, place des Céle6lins, n° 2.
On s'abonne au bureau du Journal, chez
MM. Louis Babeuf,'rue Saint-Dominique,
n° 2; Baron, libraire, rue Clermont, n. 5 ;
Bohairë, libraire, rue Puits-Gaillot, n° 9;
Bonnard et Royer-Dupré, papetiers, rue
de la Fromagerie, n° S ; MI,e Felletas, au
Cabinet littéraire, quai de l'Archevêché.
Journal oe# w&me#,
tarJ^lw®, tas 9xt»t ta:l» %Utit9Autzt te Sfâto, tt tas jf&ota*,
RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ
D'HOMMES DU MONDE, D'ARTISTES ET DE GENS DE LETTRES.
UNE PIERRE DE LA BASTILLE.
Je sonnai.— « Apporte-moi de quoi e'crire une lettre »,
dis—je au domestique qui accourut.
Le domestique sortit. L'instant d'après il revint en ap-
portant une plume et du papier.
— ce S'il plaisait à Monsieur, me dit-il, un pauvre dia-
ble attend à sa porte, qui désire lui vendre un encrier. »
— ce Pourquoi donc tant de cérémonie, Guillaume? Tu
sais bien qu'il me faut un encrier. »
Un homme entra; il portait de ses deux mains une
lourde et épaisse machine en pierre de taille, qu'il posa
gravement sur mon bureau. Cette pierre avait la forme
d'une tour, avec les créneaux, les cercles de fer, les pe-
tites fenêtres e'troites et oblongues d'une tour; tout au
bas, et dans un trou qui représentait les fossés fangeux,
l'encre flottait, image trop réelle de la limpidité des eaux
du fossé.
ce Qu'est-ce que cela, Guillaume? m'écriai-je. Qui vous
a permis cette mauvaise plaisanterie , Monsieur?» Guil-
laume ne me répondit pas.
L'homme qui avait apporté la machine, prit la parole :
ce Monseigneur, me dit-il, ceci n'est pas une plaisanterie ;
il y a déjà long-temps que nous ne plaisantons plus, nous
autres du faubourg. L'encrier que voilà, si informe , et
dont la masse épaisse jettera une ombre si triste .'sur vos
pensées de gentilhomme, regardez-le avec respect: je T'ai
façonne de mes propres mains avec une pierre de la Bas-
tille , après avoir renversé la. Bastille! »
A ces mots je regardai mon encrier avec un muet étorit
nement.
L'ouvrier s'approcha de son ouvrage, il le contempla
avec satisfaction, puis il reprit : ce J'ai fait ce que j'ai pu,
voyez-vous, Monseigneur; je ne suis pas très habile ma-
çon; il peut se faire que cette tour ne soit pas positive-
ment une tour, et vous comprendrez facilement que, bien
que j'aie voulu figurer la Bastille , la vraie Bastille étai-
plus belle. Néanmoins vous pardonnerez à l'ouvrage en
faveur de l'ouvrier. Ce que je puis vous assurer, c'est que
la pierre que voilà a été tirée du bon endroit. Telle que
vous la voyez, elle appartient à la plus triste des quatre
tours , à la tour de la Liberté. Aussi, remarquez, je vous
prie, comme la pierre est noire , comme elle suinte en-
core ! J'ai eu beau y passer la lime. "' ''
et à l'air , cette pierre est restée 1
comme la pierre d'une tombe d'églisi
être à la qualité de votre encre, mais
beaucoup à la valeur de l'encrier. A c
sort d'un cachot, et d'un bon cachol
core la trace d'un anneau de fer qu
coin-là !.... Vous possédez vraiment ut
de la Bastille, Monseigneur! »
Cet homme aurait pu pai-ler jusqu'au le arîftmri e
l'écoutais paâ ; je me promenais dans l'a ar_ ' *"
Ce Journal parait les mardis et samedis.
Le prix de l'abonnement est de 6 fr. pour
trois mois, 11 tr. pour six mois, et 20 fr.
pour l'année. Tout ce qui concerne la ré-
daction doit être adressé, franc de port, au
rédacteur en chef, cliez M. Goeury, au Ca-
binet littéraire, place des Céle6lins, n° 2.
On s'abonne au bureau du Journal, chez
MM. Louis Babeuf,'rue Saint-Dominique,
n° 2; Baron, libraire, rue Clermont, n. 5 ;
Bohairë, libraire, rue Puits-Gaillot, n° 9;
Bonnard et Royer-Dupré, papetiers, rue
de la Fromagerie, n° S ; MI,e Felletas, au
Cabinet littéraire, quai de l'Archevêché.
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RÉDIGÉ PAR UNE SOCIÉTÉ
D'HOMMES DU MONDE, D'ARTISTES ET DE GENS DE LETTRES.
UNE PIERRE DE LA BASTILLE.
Je sonnai.— « Apporte-moi de quoi e'crire une lettre »,
dis—je au domestique qui accourut.
Le domestique sortit. L'instant d'après il revint en ap-
portant une plume et du papier.
— ce S'il plaisait à Monsieur, me dit-il, un pauvre dia-
ble attend à sa porte, qui désire lui vendre un encrier. »
— ce Pourquoi donc tant de cérémonie, Guillaume? Tu
sais bien qu'il me faut un encrier. »
Un homme entra; il portait de ses deux mains une
lourde et épaisse machine en pierre de taille, qu'il posa
gravement sur mon bureau. Cette pierre avait la forme
d'une tour, avec les créneaux, les cercles de fer, les pe-
tites fenêtres e'troites et oblongues d'une tour; tout au
bas, et dans un trou qui représentait les fossés fangeux,
l'encre flottait, image trop réelle de la limpidité des eaux
du fossé.
ce Qu'est-ce que cela, Guillaume? m'écriai-je. Qui vous
a permis cette mauvaise plaisanterie , Monsieur?» Guil-
laume ne me répondit pas.
L'homme qui avait apporté la machine, prit la parole :
ce Monseigneur, me dit-il, ceci n'est pas une plaisanterie ;
il y a déjà long-temps que nous ne plaisantons plus, nous
autres du faubourg. L'encrier que voilà, si informe , et
dont la masse épaisse jettera une ombre si triste .'sur vos
pensées de gentilhomme, regardez-le avec respect: je T'ai
façonne de mes propres mains avec une pierre de la Bas-
tille , après avoir renversé la. Bastille! »
A ces mots je regardai mon encrier avec un muet étorit
nement.
L'ouvrier s'approcha de son ouvrage, il le contempla
avec satisfaction, puis il reprit : ce J'ai fait ce que j'ai pu,
voyez-vous, Monseigneur; je ne suis pas très habile ma-
çon; il peut se faire que cette tour ne soit pas positive-
ment une tour, et vous comprendrez facilement que, bien
que j'aie voulu figurer la Bastille , la vraie Bastille étai-
plus belle. Néanmoins vous pardonnerez à l'ouvrage en
faveur de l'ouvrier. Ce que je puis vous assurer, c'est que
la pierre que voilà a été tirée du bon endroit. Telle que
vous la voyez, elle appartient à la plus triste des quatre
tours , à la tour de la Liberté. Aussi, remarquez, je vous
prie, comme la pierre est noire , comme elle suinte en-
core ! J'ai eu beau y passer la lime. "' ''
et à l'air , cette pierre est restée 1
comme la pierre d'une tombe d'églisi
être à la qualité de votre encre, mais
beaucoup à la valeur de l'encrier. A c
sort d'un cachot, et d'un bon cachol
core la trace d'un anneau de fer qu
coin-là !.... Vous possédez vraiment ut
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