Presse et revues
9 pages
Titre : Le Franc-juge : revue de la littérature, de la musique, des beaux-arts et des théatres
Éditeur : impr. Beugnies (Bruxelles)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1839-05-30
Contributeur : Champein, Stanislas (1799-1871). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32777069z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44 Nombre total de vues : 44
Description : 30 mai 1839 30 mai 1839
Description : 1839/05/30 (A6,N43). 1839/05/30 (A6,N43).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k58104529
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-8839
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
i JEUDI 50 MAI
1839.
SIXIEME ANNEE.
N. 43.
RÉDIGÉ PAE IX. STANIS1AS CHAUSEX9I; , • ■ > K ...
AVEC LA. COLLABORATIOK DE . "
MM. ALEX. DUMAS, GUSTAVE PLANCHE, H. BERLIOZ, ALPHONSE ROYER, Bo» DE BAZANCOURT,
KASTNER, GUENOT LECOINTE , A. MONTHÉRY, etc. etcf
SALUT PARIS!
Ilaliam! Jtaliam!
VIRGILE.
Salut, terre promisé de la civilisation et de l'esprit,
qui, au lieu des fruits et des fleurs que produisait autre-
fois le sol saturnin, enfantes de prodigieux mohumens,
des artistes illustres, des hommes d'Etat et des dan-
seuses. Salut à toi, pays de toutes les gloires et de tous
les souvenirs !
Paris, je te donne une poignée de main.
~ ~Te*t^tîtfiëv Tfionvieux, aveo^luxe. et tes^ oripeaux,
rajeunis, et il ne sera pas qu'un de ces matins nous n'al-
lions renouveler connaissance, en déjeûnant tête-à-tête
aux Frères-Provençaux ou au Café Anglais, qui n'est
Anglais que de nom, celui-là., car je me flatte que la cui-
sine qu'on y déguste est un peu de notre patrimoine et
descend en ligne directe de feu Vatel.
Pour être Franc-Juge , vois-tu, on n'est ni cruel ni
peu délicat -, pour avoir habité Bruxelles, on n'a pas fait
un pacte à perpétuité avec la petermann, les pommes de
terre et le charabia. Au contraire. L'heure vient où on as-
pire de toutes ses forces après un horizon moins rétréci,
comme la gazelle de l'Ecriture-Sainte après une fontaine
d'eau claire. Admets, mon Paris bien-aimé , que ta es
le puits artésien où vont se rafraîchir mes lèvres brad-
antes , et je me résignerai à convenir que je suis la
gazelle.
Six ans de pèlerinage à Bruxelles m'ont appris à con-
naître un peu le monde, à moi, Aashévcrus de la lit-
térature et des arts ,• enfant prodigue du théâtre, qui,
riche seulement de mon expérience, fardeau qui me
pèse encore moins que le cynique bagage du philosophe
Bias, viens te demander, Paris mes amours, un rayon
de ton beau soleil, un parfum de tes jardins féeriques,
une bise de tes vallées ombreuses, un sourire de tes
femmes si jolies.
Tu me donneras, n'est-ce pas, une petite placé dans
tes fêtes, une stalle bien douillette £U Balcon de tes cir-
ques ; tu ne m'interdiras\pas, comme à un ribaud, l'en-
trée des salons de Petzold, d'Ignace Pleyel ou de Henri
Herz, et tu me permettras aux jours trois fois fastes de
la bonne musique et du bon goût, d'aller entendre aux-
Menus-Plaisirs les symphonies de Beethoven, rendues
à notre culte par le bâton religieux d'Hector Berlioz.
Si des pompes dorées du théâtre mes regards se re-
portent dans l'intimité si curieusement diverse de la lit—
" téràtar© / j'y retrouve des amis au eoeur constant „ de
grands artistes qui n'ont pas le mérite devenu commun
d'être oublieux, et qui m'ont reconnu et promis leur
concours lorsque je me suis présenté à leur entresol ou
que j'ai grimpé à leur sixième étage.
Plumes d'or !
Une seconde existence, mon Paris, va donc commen-
cer pour le FranC'Jugej ton serviteur. Un nouvel ordre
de siècles va sortir du chaos à l'adresse de ma robe
noire.
Et je n'ai que cela de noir, je te jure.
Fassent tes joyeux enfans, Paris adoré, leurs fils,
petits-fils, neveux , arrière-neveux ou collatéraux du
vaudeville, et par conséquent du Français né malin,
que mon avenir se brode de diamans^t de platine,
d'émeraudes et d'abonnemens sur fond uriur timbré de
comte ou de marquis.
Ça m'est égal.
J'aurais pu t'accabler d'un prospectus , t'étrangler
avec une profession de foi, Lutèce devenue Paris,
douairière métamorphosée en lion 5 il m'a semblé pré-
férable , en gai et sincère camarade, de te souhaiter le
bonjour, accompagné de mille autres choses très réjouis-
1839.
SIXIEME ANNEE.
N. 43.
RÉDIGÉ PAE IX. STANIS1AS CHAUSEX9I; , • ■ > K ...
AVEC LA. COLLABORATIOK DE . "
MM. ALEX. DUMAS, GUSTAVE PLANCHE, H. BERLIOZ, ALPHONSE ROYER, Bo» DE BAZANCOURT,
KASTNER, GUENOT LECOINTE , A. MONTHÉRY, etc. etcf
SALUT PARIS!
Ilaliam! Jtaliam!
VIRGILE.
Salut, terre promisé de la civilisation et de l'esprit,
qui, au lieu des fruits et des fleurs que produisait autre-
fois le sol saturnin, enfantes de prodigieux mohumens,
des artistes illustres, des hommes d'Etat et des dan-
seuses. Salut à toi, pays de toutes les gloires et de tous
les souvenirs !
Paris, je te donne une poignée de main.
~ ~Te*t^tîtfiëv Tfionvieux, aveo^luxe. et tes^ oripeaux,
rajeunis, et il ne sera pas qu'un de ces matins nous n'al-
lions renouveler connaissance, en déjeûnant tête-à-tête
aux Frères-Provençaux ou au Café Anglais, qui n'est
Anglais que de nom, celui-là., car je me flatte que la cui-
sine qu'on y déguste est un peu de notre patrimoine et
descend en ligne directe de feu Vatel.
Pour être Franc-Juge , vois-tu, on n'est ni cruel ni
peu délicat -, pour avoir habité Bruxelles, on n'a pas fait
un pacte à perpétuité avec la petermann, les pommes de
terre et le charabia. Au contraire. L'heure vient où on as-
pire de toutes ses forces après un horizon moins rétréci,
comme la gazelle de l'Ecriture-Sainte après une fontaine
d'eau claire. Admets, mon Paris bien-aimé , que ta es
le puits artésien où vont se rafraîchir mes lèvres brad-
antes , et je me résignerai à convenir que je suis la
gazelle.
Six ans de pèlerinage à Bruxelles m'ont appris à con-
naître un peu le monde, à moi, Aashévcrus de la lit-
térature et des arts ,• enfant prodigue du théâtre, qui,
riche seulement de mon expérience, fardeau qui me
pèse encore moins que le cynique bagage du philosophe
Bias, viens te demander, Paris mes amours, un rayon
de ton beau soleil, un parfum de tes jardins féeriques,
une bise de tes vallées ombreuses, un sourire de tes
femmes si jolies.
Tu me donneras, n'est-ce pas, une petite placé dans
tes fêtes, une stalle bien douillette £U Balcon de tes cir-
ques ; tu ne m'interdiras\pas, comme à un ribaud, l'en-
trée des salons de Petzold, d'Ignace Pleyel ou de Henri
Herz, et tu me permettras aux jours trois fois fastes de
la bonne musique et du bon goût, d'aller entendre aux-
Menus-Plaisirs les symphonies de Beethoven, rendues
à notre culte par le bâton religieux d'Hector Berlioz.
Si des pompes dorées du théâtre mes regards se re-
portent dans l'intimité si curieusement diverse de la lit—
" téràtar© / j'y retrouve des amis au eoeur constant „ de
grands artistes qui n'ont pas le mérite devenu commun
d'être oublieux, et qui m'ont reconnu et promis leur
concours lorsque je me suis présenté à leur entresol ou
que j'ai grimpé à leur sixième étage.
Plumes d'or !
Une seconde existence, mon Paris, va donc commen-
cer pour le FranC'Jugej ton serviteur. Un nouvel ordre
de siècles va sortir du chaos à l'adresse de ma robe
noire.
Et je n'ai que cela de noir, je te jure.
Fassent tes joyeux enfans, Paris adoré, leurs fils,
petits-fils, neveux , arrière-neveux ou collatéraux du
vaudeville, et par conséquent du Français né malin,
que mon avenir se brode de diamans^t de platine,
d'émeraudes et d'abonnemens sur fond uriur timbré de
comte ou de marquis.
Ça m'est égal.
J'aurais pu t'accabler d'un prospectus , t'étrangler
avec une profession de foi, Lutèce devenue Paris,
douairière métamorphosée en lion 5 il m'a semblé pré-
férable , en gai et sincère camarade, de te souhaiter le
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