Titre : Journal des mines : organe spécial de l'industrie minière et métallurgique en France et à l'étranger... / directeur : Henri Cozic
Éditeur : Imprimerie de Paul Dupont (Paris)
Date d'édition : 1904-02-21
Contributeur : Cozic, Henri. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328000737
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 février 1904 21 février 1904
Description : 1904/02/21 (A51,N8). 1904/02/21 (A51,N8).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5800038c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, FOL-V-1230
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/11/2010
LE NUMÉRO : 30 CENTIMES CINQUANTE-ET-UNIÈME ANNÉE N° 8 DIMANCHE 21 FÉVRIER 1904^
NOTES HEBDOMADAIRES l
: f
Itlufl* Japonais. — Lies Ta r tarins
du. "Valou. — Une note russe. —
Pas de complications. — Lia j
guci'i'c sera courte. — Dans les
Italkans. — Pessimisme d'astro-
logue.
Pas de nouvelles. J'entends, pas de ,
nouvelles certaines, auxquelles on puisse
ajouter foi. Quant aux dépêches fantai-
sistes, elles abondent. Les agences an-
glaises, on le sait, pratiquent en gros ce
genre d'importation.
Les Japonais aussi nous informent
abondamment. Ils annoncent des succès
quotidiens ; chaque matin, ils coulent
un cuirassé russe. S'ils n'ont pas encore
mis la main sur Port-Arthur, c'est qu'ils
n'ont pas voulu. On voit que ces faux
barbares n'ont pas seulement pris aux
nations civilisées leur télégraphe, leur
téléphone et leurs engins de guerrelesplus
perfectionnés, mais encore cet art du
bluff qui est fort en honneur chez quel-
ques-unes d'entre elles.
Ces rodomontades, malheureusement,
impressionnent encore les marchés et
troublent le monde des affaires. Nous ne
devrions pourtant pas oublier qu'il y a
des Tartarins aux bords du Yalou, tout
autant qu'aux bords de la Garonne, et que
d'ailleurs, Yaloù signifie, en bon japonais,
canard vert. C'est du moins ce que m'a
affirmé un japonisant de marque.
La vérité est que l'on ne sait encore
rien, avec certitude, sur les événements
des derniers jours. Il est vraisemblable
d'ailleurs que la situation respective des
deux adversaires n'a pas changé. Les Ja-
ponais débarquent en Corée .leurs troupes
par petits paquets, et leurs manifesta-
tions navales devant Port-Arthur n'ont
:d'autre objet que de détourner l'atten-
tion des Russes. Ceux-ci, lentement, mé-
thodiquement, gardant une sorte de solen-
nité tragique qui contraste singulièrement
avec l'agitation grimaçante et turbulente
des petits soldats du Mikado, mobilisent
leurs innombrables régiments, ache-
minent vers la Mandchourie leurs masses
formidables. Nous lisons dans une note
officielle que publie la presse russe :
« Un certain temps est nécessaire
pour porter au Japon des coups dignes de
, la Russie et pour infliger un châtiment
mérité à la nation qui a insolemment pro-
voqué la lutte ». Ceci n'est pas une fanfa-
faronnade ; c'est le langage, c'est l'at-
! titude d'un géant très calme, sûr de
J sa force, qui sait qu'il dépendra de
lui de terminer la querelle, quand il lui
plaira de donner le coup de massue dé-
2 cisif.
Nous ne sommes pas de ceux qui croient
aune longue guerre. Il s'écoulera peut-
s être quelques semaines avantle choc final.
Mais quand le colosse se décidera à abattre
e- son poing, vous verrez que tout ira vite et
s bien. D'ici là, nous exhortons à la patience
x ceux qui s'attendaient à lire, chaque ma-
x tin, dans leur journal, le récit de quelque
tr affreux carnage. Leur sensibilité, pendant
ls quelques jours, sera privée de ces savou-
u reuses secousses.
*~ Le fait qui domine les événements
de cette semaine, c'est l'unanimité des
■'» puissances à affirmer leur volonté de rester
^ neutres. La France, à son tour, a déclaré
le qu'elle n'interviendrait pas. De son côté,
a, l'Angleterre, dont le coeur japonise, mais
^ qui n'est pas, on le sait, un peuple senti-
ae mental, prodigue, à cet égard, des assu-
LS» rances formelles, dont il n'y a aucune
1 a raison de suspecter la sincérité. L'Alle-
magne, qui se réserve peut-être de jouer
're un rôle important, quand viendra l'heure
L^s du règlement, restera, jusqu'à ce moment,
^e spectatrice impartiale.
es Bref, notre opinion se résume ainsi : le
a" conflit restera localisé, tout danger de
,es complication paraît écarté, l'issue du
a~ conflit n'est pas douteuse, et la guerre
>nt gera courte.
in~ *
iè- • ■ * *
3ii- La question macédonienne est remise
3nt sur le tapis,-(les porteurs de fonds turcs
rite même de rente italienne s'en sontaperçu)
3nt La Turquie ne va-t-elle pas se dérober i
la réalisation des réformes si difficile-
ment obtenues d'elle par la Russie et
l'Autriche ? Ne va-t-elle pas profiter de
ce que le tzar est occupé au Japon pour
manquer à ses engagements ? Que feront
l'Autriche, et l'Italie, qui guette l'Albanie,
et l'Angleterre qui, dit-on, ne se désinté-
resse pas du problème balkanique? En-
fin la Bulgarie et la Serbie n'iront-elle
pas au secours de leurs frères de Macé-
doine ?
Pendant que les stratégistes en chambre
piquent hardiment leurs petits drapeaux
sur la carte d'Extrême-Orient, les diplo-
mates de café bouleversent, à propos des
" Balkans, l'échiquier européen. Ne trou-
blons pas ces jeux inoffensil's.
Sans doute le problème est compliqué ;
3 mais rien ne justifie, en ce moment, les
t prévisions pessimistes. La Russie ne
B paraît nullement disposée à se décharger
sur l'Autriche du soin d'exiger l'applica-
e tion du programme de Muerzsteg ; l'An-
■' gleterre déclare qu'elle n'a aucunement
[" l'intention d'intervenir ; la Bulgarie et
la Serbie protestent de leur dévouement
à la Russie ; à Tienne, le comte Golu-
!S chowski, ministre des Affaires Etran-
'v, gères, a affirmé aux Délégations que les
,e complications d'Extrême-Orient n'amè-
f' neraient aucune modification dans les
l.s Balkans ; enfin, l'ambassadeur de Tur-
1_ quie à Paris a communiqué à la
1_ Presse la note suivante : « L'ambassade
ie impériale ottomane croit devoir mettre le
e" public en garde contre les informations
er tendancieuses répandues depuis quelques
Le iours, en ce qui concerne la situation des
tt
' provinces européennes de l'Empire ; elle
est autorisée à déclarer que l'oeuvre des
réformes entreprises par le gouverne-
ment impérial se poursuit de la manière
; la plus régulière, que celui-ci est résolu
e à la mener abonne fin et qu'aucun trouble
n'est venu en retarder l'application. »
Voilà, n'est-il pas vrai, un ensemble
se de faits et de déclarations qui paraît ras-
ÎS, surant. Mais allez donc empêcher de
a), froncer le sourcil, ceux dont la spécialité
à est d'annoncer les catastrophes ! Il y a
NOTES HEBDOMADAIRES l
: f
Itlufl* Japonais. — Lies Ta r tarins
du. "Valou. — Une note russe. —
Pas de complications. — Lia j
guci'i'c sera courte. — Dans les
Italkans. — Pessimisme d'astro-
logue.
Pas de nouvelles. J'entends, pas de ,
nouvelles certaines, auxquelles on puisse
ajouter foi. Quant aux dépêches fantai-
sistes, elles abondent. Les agences an-
glaises, on le sait, pratiquent en gros ce
genre d'importation.
Les Japonais aussi nous informent
abondamment. Ils annoncent des succès
quotidiens ; chaque matin, ils coulent
un cuirassé russe. S'ils n'ont pas encore
mis la main sur Port-Arthur, c'est qu'ils
n'ont pas voulu. On voit que ces faux
barbares n'ont pas seulement pris aux
nations civilisées leur télégraphe, leur
téléphone et leurs engins de guerrelesplus
perfectionnés, mais encore cet art du
bluff qui est fort en honneur chez quel-
ques-unes d'entre elles.
Ces rodomontades, malheureusement,
impressionnent encore les marchés et
troublent le monde des affaires. Nous ne
devrions pourtant pas oublier qu'il y a
des Tartarins aux bords du Yalou, tout
autant qu'aux bords de la Garonne, et que
d'ailleurs, Yaloù signifie, en bon japonais,
canard vert. C'est du moins ce que m'a
affirmé un japonisant de marque.
La vérité est que l'on ne sait encore
rien, avec certitude, sur les événements
des derniers jours. Il est vraisemblable
d'ailleurs que la situation respective des
deux adversaires n'a pas changé. Les Ja-
ponais débarquent en Corée .leurs troupes
par petits paquets, et leurs manifesta-
tions navales devant Port-Arthur n'ont
:d'autre objet que de détourner l'atten-
tion des Russes. Ceux-ci, lentement, mé-
thodiquement, gardant une sorte de solen-
nité tragique qui contraste singulièrement
avec l'agitation grimaçante et turbulente
des petits soldats du Mikado, mobilisent
leurs innombrables régiments, ache-
minent vers la Mandchourie leurs masses
formidables. Nous lisons dans une note
officielle que publie la presse russe :
« Un certain temps est nécessaire
pour porter au Japon des coups dignes de
, la Russie et pour infliger un châtiment
mérité à la nation qui a insolemment pro-
voqué la lutte ». Ceci n'est pas une fanfa-
faronnade ; c'est le langage, c'est l'at-
! titude d'un géant très calme, sûr de
J sa force, qui sait qu'il dépendra de
lui de terminer la querelle, quand il lui
plaira de donner le coup de massue dé-
2 cisif.
Nous ne sommes pas de ceux qui croient
aune longue guerre. Il s'écoulera peut-
s être quelques semaines avantle choc final.
Mais quand le colosse se décidera à abattre
e- son poing, vous verrez que tout ira vite et
s bien. D'ici là, nous exhortons à la patience
x ceux qui s'attendaient à lire, chaque ma-
x tin, dans leur journal, le récit de quelque
tr affreux carnage. Leur sensibilité, pendant
ls quelques jours, sera privée de ces savou-
u reuses secousses.
*~ Le fait qui domine les événements
de cette semaine, c'est l'unanimité des
■'» puissances à affirmer leur volonté de rester
^ neutres. La France, à son tour, a déclaré
le qu'elle n'interviendrait pas. De son côté,
a, l'Angleterre, dont le coeur japonise, mais
^ qui n'est pas, on le sait, un peuple senti-
ae mental, prodigue, à cet égard, des assu-
LS» rances formelles, dont il n'y a aucune
1 a raison de suspecter la sincérité. L'Alle-
magne, qui se réserve peut-être de jouer
're un rôle important, quand viendra l'heure
L^s du règlement, restera, jusqu'à ce moment,
^e spectatrice impartiale.
es Bref, notre opinion se résume ainsi : le
a" conflit restera localisé, tout danger de
,es complication paraît écarté, l'issue du
a~ conflit n'est pas douteuse, et la guerre
>nt gera courte.
in~ *
iè- • ■ * *
3ii- La question macédonienne est remise
3nt sur le tapis,-(les porteurs de fonds turcs
rite même de rente italienne s'en sontaperçu)
3nt La Turquie ne va-t-elle pas se dérober i
la réalisation des réformes si difficile-
ment obtenues d'elle par la Russie et
l'Autriche ? Ne va-t-elle pas profiter de
ce que le tzar est occupé au Japon pour
manquer à ses engagements ? Que feront
l'Autriche, et l'Italie, qui guette l'Albanie,
et l'Angleterre qui, dit-on, ne se désinté-
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fin la Bulgarie et la Serbie n'iront-elle
pas au secours de leurs frères de Macé-
doine ?
Pendant que les stratégistes en chambre
piquent hardiment leurs petits drapeaux
sur la carte d'Extrême-Orient, les diplo-
mates de café bouleversent, à propos des
" Balkans, l'échiquier européen. Ne trou-
blons pas ces jeux inoffensil's.
Sans doute le problème est compliqué ;
3 mais rien ne justifie, en ce moment, les
t prévisions pessimistes. La Russie ne
B paraît nullement disposée à se décharger
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e tion du programme de Muerzsteg ; l'An-
■' gleterre déclare qu'elle n'a aucunement
[" l'intention d'intervenir ; la Bulgarie et
la Serbie protestent de leur dévouement
à la Russie ; à Tienne, le comte Golu-
!S chowski, ministre des Affaires Etran-
'v, gères, a affirmé aux Délégations que les
,e complications d'Extrême-Orient n'amè-
f' neraient aucune modification dans les
l.s Balkans ; enfin, l'ambassadeur de Tur-
1_ quie à Paris a communiqué à la
1_ Presse la note suivante : « L'ambassade
ie impériale ottomane croit devoir mettre le
e" public en garde contre les informations
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Le iours, en ce qui concerne la situation des
tt
' provinces européennes de l'Empire ; elle
est autorisée à déclarer que l'oeuvre des
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ment impérial se poursuit de la manière
; la plus régulière, que celui-ci est résolu
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n'est venu en retarder l'application. »
Voilà, n'est-il pas vrai, un ensemble
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